lundi 30 août 2010

LIVRES DES FLEURS MAGIQUES - 10 POEMES

LIVRE DES FLEURS MAGIQUES

1.

L'ECUME DES ROSES DENTELLES

L'écume des roses dentelles, les rires en filigrane,
Le détachement des gestes, les lèvres héraldiques,
Des poses ensorcelantes et des portraits antiques,
L'oubli du temps qui passe comme le soupir d'une aile!

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, août 2010

2.

MANCENILLIERS

Si vénéneux les luxuriants mancilliers de Martinique
Si belles et élégantes leurs feuilles densément vertes
Sur la flottante soie tendrement bleue du ciel!

Un oiseau iconnu chante,
Ô ma vie devenue poème incessant!


Mancenillier - Hippomane mancinella – (n.m.) : petit arbre de la famille des Euphorbiacées des régions équatoriales sèches et sableuses d'Amérique. Le terme de mancenillier dérive de l'espagnol manzanilla, « etite pomme » en raison de la forme de son fruit. Ce petit arbre de 5 à 10 m de haut (jusqu'à 25 m en situation abritée), possède le port d'un poirier et une écorce grise assez lisse. Blessé, il produit une sève blanchâtre extrêmement vénéneuse.

Ses feuilles sont luisantes, ovales et elliptiques, de 3 à 20 cm de long. La floraison a lieu en février-mars puis en août-novembre. Le fruit est une drupe de 3 cm de diamètre ressemblant à une petite pomme verte. Ce fruit très toxique exhale pourtant une odeur agréable de citron et pomme reinette.

3.


JE POSE MON REGARD EMU

Je pose mon regard ému
Sur les luisants bouquets
De poivrons rouges -

Mon coeur de lune
S'emplit de joie soyeuse!

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, août 2010

4.


LES AMARYLLIS DE BOULOURIS

Amaryllis de Boulouris,
Larmes lumineuses de Marie
Sur le vert visage de l'herbe d'août -

Mes mains s'oublient dans leur parfum!

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 15 août 2010

Glose:

Amaryllis (n.f.): plante de la famille des Liliacées. D'une croissance rapide, les fleurs magnifiques de cette plante sont appréciées pour leur grande taille et leur couleur blanche, rose ou rouge vif.

La légende dit que l'amaryllis est la fleur préférée de la Vierge.

5.

DIGITALES POURPRES

Digitales pourpres,
Inexprimable frénésie
De l'esprit et des sens,

Majestueux flambeaux illuminant
Le calme discret du jardin -

A petits coups, à petits traits
La vie nous sépare de la vie!

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 28 août 2010

Glose:

Digitale pourpre – Digitalis purpurea – (n.f.) - plante de la famille des Scrophularicées.
Elle est très toxique car elle contient notamment des sucres complexes qui ralentissent et renforcent les battements des muscles cardiaques.

Le terme digitale provient du latin digitus, « doigt », car on peut enfoncer son doigt dans sa fleur.
La digitale pourpre possède de nombreux noms : digitale pourpre, digitale commune, grande digitale, gants de Notre-Dame, gantelée, gantière, queue de loup, pavée, dé de Notre-Dame, gandio, péterolle, gobe-mouche, etc.

6.

PERVENCHE DE MADAGASCAR

Humbles pervenches de Madagascar,
Grêles , délicates étoiles,
Âmes scintillantes
Sur les riches tafetas barrés rose
Et brochés bleu pâle
Du matin.

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, août 2010

Glose:

Pervenche de Madagascar – Catharanthus roseus – (n.f.) : plante herbacée pérenne originaire et endémique de Madagascar appartenant à la famille des Apocynacées qui peut atteindre 1 m de hauteur. Les feuilles, disposés en paire opposées, sont entières, ovales à oblongues, 2,5 à 9 cm de long et 1 à 3,5 cm de large, vert brillant, glabre, avec une nervure médiane pâle et un court pétiole de 1 à 2 cm de long. Les fleurs sont de couleur blanche à rose foncé avec un centre rouge sombre.
Elle est aussi appelée en créole kaka poul ou zèb a sosyé aux Antilles françaises; guillemette, rose amère, vinca à La Réunion; saponaire, pervenche à l'Ile Maurice.
Synonymes scientifiques :
• Vinca rosea L.
• Lochnera rosea (L.) Reichenb. ex Spach
• Ammocallis rosea (L.) Small



Taffetas (n.m.) :tissu d'armure toile en soie. Ce mot est réputée venir d'un mot persan taftâ désignant littéralement « ce qui est tissé ». On trouve ainsi l'expression « armure taffetas » en confection pour désigner une armure de toile (tissée selon le principe : un fil pris, un fil laissé).
Les taffetas se distinguent selon leurs motifs, ou les couleurs de fils utilisés dans leurs chaînes et leurs trames. On distingue :
• taffetas barré
• taffetas broché
• taffetas caméléon
• taffetas chiné
• taffetas damier
• taffetas de laine
• taffetas prismatique
• taffetas prussienne

7.

SI BELLES LES FLEURS DE L'ACONIT NAPEL

Si belles les fleurs bleues et violette
De l'aconit

Et si mortelles!

Comme une très vieille lettre
Retrouvée au hasard
Et qui remue dans le coeur
Toute la vénéneuse tristesse
Des jours endormis à jamais!

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, août 2010

Glose :

Aconit napel – Aconitum napellus ou casque-de-Jupiter – (n.m.) : plante de la famille des Ranunculacées.



Noms communs : capuce de moine, capuchon, coqueluchon, gueule de loup, napel, pistolet, sabot du pape, tue-loup bleu.


L'aconit est extrêmement toxiques, pouvant facilement entraîner la mort. On considère qu'une ingestion de 2 à 3 g de racine est suffisante pour entraîner la mort.Feuilles : grandes d'un vert sombre découpées en segments très étroits. Floraison : de juillet à octobre. Habitat : les endroits humides comme les berges des torrents, les bords des sentiers rudéralisés (du latin rudus, ruderis, « décombre »), les environs des cabanes de bergers et des reposoirs à bestiaux.

8.

LES IFS

La beauté sacrée des ifs millénaires,
Leur vénérable longévité,
Les arilles rouge vif et charnues
Parmi le vert luxuriant des feuilles,
Etonnent,
Autant que l'oubli qui fait saigner
Les croix sur les tombeaux,
Mes hôtes japonais!

Frères de l'Empire des cerisiers,
Puis-je comme vous
Vivre dans la lumière des fleurs
Et mourir dans leurs couleurs?


Athanase Vantchev de Thracy

Paris, août 2010

Glose:

If - Taxus baccata - (n.m.) : arbre de la famille des Taxacées. Très longévif, poussant lentement, c’est un arbre qui se prête bien à la taille.Le mot if remonte à un mot gaulois *ivos ou *īvos, d'un étymon celtique qui donne aussi ivin en breton, ywen en gallois
Un peuplement d'ifs est appelé ivaie. Ces peuplements sont devenus rares. Ils sont protégés en Europe. Les ivaies sont parfois ripicoles et certaines étaient ou sont encore des bois sacrés. Ripicole (adj.invariant en genre) : du latin ripa, « rive ». Vivant sur le bord d'eaux douces.
L’if est une espèce dioïque (masculin et féminin identiques ) : les fleurs des pieds mâles, jaunâtres produisent un pollen jaune au printemps. Les fleurs des pieds femelles sont verdâtres et forment des fruits charnus, rouge vif, les arilles. La chair du fruit n'est pas toxique. Sucrées, elles sont consommées par les oiseaux qui en rejettent la graine, ce qui contribue à la diffusion et la reproduction de l'espèce.L'if peut vivre plus de 1 000 ans.
La graine, toxique comme tout le reste de la plante, n'est pas digérée par les animaux.

9.

COMME DE L'ECUME

Comme de l'écume
De la mer Ionienne,
Les fleurs étincelante
Des aubépines -

Mille abeilles
S'y baignent
En chantant.

Ô tranquillité des choses
Et des êtres!

Tranqillité!

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, août 2010

10.

L'ARMOISE DE CHINE

L'armoise de Chine
Balance gracieusement ses branches
Au vent qui se lève,
A la nuit tombante,
De la mer.

Je la caresse,
Elle, calme dans sa paix féodale,
Je la remercie, en prince errant,
D'avoir purifié,
Comme une soeur aimante,
Mon sang abîmé en mille et un sortilèges
Et tous les carrefours
De ma tristesse!

Ô mon ami Chanhui,
Si chère est au coeur, cette reine d'or!
Athanase Vantchev de Thracy

Paris, août 2010

Glose:

Armoise annuelle - Artemisia annua - (n.f.) : du nom de la déesse grecque de la chasse Artémis. Son nom chinois est qinghao (青蒿)). C'est une plante originaire de Chine.

L'armoise annuelle est utilisée par les herboristes chinois depuis l'Antiquité dans le traitement de nombreuses maladies, telle que des dermatites ou la malaria. En effet la plante contient de l'artémisinine (qinghaosu (青蒿素) qui s'est révélée efficace à titre curatif et non préventif contre des formes graves de paludisme (en particulier contre Plasmodium falciparum devenu en de nombreux endroits résistants aux médicaments classiques). C'est donc une alternative simple à la portée des populations soumises à ce fléau.

vendredi 27 août 2010

LES MANIERES SPLENDIDES

LES MANIERES SPLENDIDES

Les manières splendides, les fleurs et les satins,
Le clavecin qui dit notre amour, Madame,
L’épée de l’air doré qui fait saigner nos âmes
Et rend plus pur encore ce soir aérien !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 27 août 2010

VOS MAINS SUR LES SATINS

VOS MAINS SUR LES SATINS

Vos mains sur les satins et vos chagrins d’azur
Habillent de roses Astrées le corps de mes poèmes,
Promontoires de feu, mes lèvres qui vous aiment
Et qui vous changent en vers véloces, légers et purs.

Athanase Vantchev de Thracy

Saint-Germain-en-Laye, le 22 août 2010

Glose :

Rose Astrée (n.f.) : fleur du Rosier Astrée - plante compacte aux larges fleurs bien pleines, rose pâle à l'extérieur, avec des nuances de jaunes à l'intérieur. Le bord des pétales est souligné par un léger liseré rose.

Astrée : dans la mythologie grecque, Astrée ou Astrapé est la fille de Zeus et Thémis (ou d'Astréos et d'Éos selon les versions). Elle et sa mère sont la personnification de la Justice. Astrée est la dernière des immortelles à vivre parmi les humains durant l'Âge d'Or. Quand l'humanité est devenue corrompue à l'Âge de Bronze, elle quitta la Terre et Zeus la plaça dans le Ciel sous la forme de la constellation de la Vierge, tandis que la Balance de la Justice (son principal attribut) devint la constellation de la Balance.

SA CHEVELURE ARDENTE

SA CHEVELURE ARDENTE

Sa chevelure ardente, ses lèvres levantines,
Son pas de violette sur le platine du jour,
Les flèches des cathédrales, les astres de velours
Ses grandes prunelles de feu et d’ombres léonines.

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 27 août 2010

PAR VOUS, MADEMOISELLE…

PAR VOUS, MADEMOISELLE…

Par vous, Mademoiselle, ce livre refleurit,
Comme sous l’exquis poème du vent printanier
S’épanouit le cœur et plie le prunier
Aux bras de l’air rempli de chants, d’amour, de vie !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, août 2010

LES VIRGULES SUBTILE

LES VIRGULES SUBTILES

Les virgules subtiles, vertige de nudité,
Embrassent de leur silence l’arôme sacral des mots,
Elles rient, zébrant le temps de leurs fragiles cristaux,
Amarres et gouvernails du cœur émerveillé.

Athanase Vantchev de Thracy

Saint-Germain-en-Laye, le 26 août 2010

LES VIRGULES SUBTILE

LES VIRGULES SUBTILES

Les virgules subtiles, vertige de nudité,
Embrassent de leur silence l’arôme sacral des mots,
Elles rient, zébrant le temps de leurs fragiles cristaux,
Amarres et gouvernails du cœur émerveillé.

Athanase Vantchev de Thracy

Saint-Germain-en-Laye, le 26 août 2010

ET TU AS PEUR DE TOI

ET TU AS PEUR DE TOI

Et tu as peur de toi, de la fête pipée,
Des ombres qui grandissent en livres douloureux,
De la ruine de l’air, du vide, des hauts lieux
Où se termine, ténue, ta vie désenchantée.

Athanase Vantchev de Thracy

Saint-Germain-en-Laye, le 25 août 2010

lundi 23 août 2010

O VITAM INEXORABILEM (en espagnol)

O VITAM INEXORABILEM

A Oliver Pecqueraux

" Oh brota su lengua
esconde paisajes-
el extranjero. "
Horimoto Gin


Más allá de
el silencio multicolor de las flores
y la inmovilidad verde de la hiedra
fluyen las horas,
los días, los meses,
los años!

Y nuestra vida, Oliver,
nuestra vida
lentamente se hace carta póstuma
de fuego púrpura!


Athanase Vantchev de Thracy

París, el 20 de agosto de 2010

Le dedico este pequeño poema a Oliver, el hijo de mis amigos Jacqueline Page y Stéphane Pecqueraux quien cumplirá 18 años el 19 de setiembre del 2010.

Glosa:

Horimoto Gin (nacido en 1942): uno de los grandes maestros japoneses contemporáneos del haïku.

Traduit en espagnol par la poétesse uruguayenne Janice Montouliu

samedi 21 août 2010

O VITAM INEXORABILEM

O VITAM INEXORABILEM

A Oliver Pecqueraux

"O bout de sa langue
il cache des paysages -
l'étranger."
Horimoto Gin


Par-delà
Le silence multicolore des fleurs
Et l’immobilité verte du lierre
S’écoule les heures,
Les jours, les mois,
Les années !

Et notre vie, Oliver,
Notre vie
Qui devient lentement lettre posthume
De feu pourpe !


Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 20 août 2010

Je dédie ce petit poème à Oliver, le fils de mes amis Jacqueline Page et Stéphane Pecqueraux qui aura, le 19 septembre 2010, 18 ans.

Glose :

Horimoto Gin (né en 1942) : un des grands maîtres contemporains japonais du haïku.

LE BONHEUR

LE BONHEUR

A Boris Novikov

« Le bonheur n'est pas le fruit de la paix, le bonheur c'est la paix même. »

Alain
Extrait des "Propos sur le bonheur"


Boris, mon Ami,
Tu me demandes ce qu’est le bonheur.
Que te dire, Boris, mon Ami ?

Le bonheur c’est un splendide, un lumineux paysage
Qui vibre en toi et emplit tes prunelles d’enfant
De joyeuse clarté.

Le bonheur, Boris,
C’est l’eau vive des ruisseaux et toi, mon Ami, devenu
Un et même chant, une et même félicité,
C’est la simple, la gracieuse musique champêtre
Qui s’unit, un jour d’été,
A la mélodie délicate de ton cœur.

Le bonheur, mon Ami,
Ce sont des hommes qui sont toi, et toi,
Qui es ces hommes
Unis dans la suavité et la plénitude
De l’amour !

Le bonheur, Boris, c’est t’oublier,
Te perdre dans le bonheur
De ceux que tu aimes,

C’est devenir les cordes de la lyre sur laquelle
Courent les doigts de leur âme !

Le bonheur, c’est toi-même, mon Ami !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 21 août 2010

Glose :

Alain, de son vrai nom Emile-Auguste Chartier (1868-1951) : philosophe, écrivain et journaliste français. Il utilisa différents pseudonymes entre 1893 et 1914, tels Criton (1893), Quart d'œil ou encore Philibert, pour signer différentes chroniques dans « La Dépêche de Lorient » (jusqu'en 1903) puis dans « La Dépêche de Rouen et de Normandie » et ses pamphlets dans « La Démocratie Rouennaise ».

lundi 16 août 2010

SI MOHAND U M'HAND

Si Mohand U M'hand

Passez, vents doux d'Afrique sur ce pays béni
Où gît , couvert de thym le coeur de Si Mohand,
Sa langue de romarin s'enivre à présent
Du chant des alouettes, des hymnes de la nuit.

Il fut l'intime délice, l'âme vive de Kabylie,
La lyre de ses matins, la harpe de ses soirs,
La route qui ne finit jamais sans avoir
Rempli d'éternité les courbes de ses rêveries.

Ô vagabond des dieux, tes pas ont adoré
La liberté des ailes, la volonté des sources,
L'éclat de l'Orion, les étoiles de l'Ourse,

La solennelle beauté des cimes et des vallées!
Ô temps laborieux, recouvre de gloire
Son nom de lumière, son peuple d'espoir!

Athanase Vantchev de Thracy

Saint-Germain-en-Laye, le 16 août 2010

Glose:

Si Mohand U M'Hand : poète et philosophe kabyle de la tribu des At Yiraten de Kabylie ( Algérie ), né entre 1840 et 1845 à Icheraiouen (Icereiwen), l'actuelle Larbaa Nath Irathen (caserne), et mort le 28 décembre 1905 à Michelet .

Déraciné et seul, Si Mohand devint un poète errant. Il emprunta à ses malheurs les thèmes de l' exil , de l' amour de sa terre natale, de l'amour de son peuple et de son tragique destin . Le poète des routes aurait juré de ne jamais répéter deux fois le même poème.Seule la fidèle mémoire des Berbères de son pays a permis de conserver son oeuvre.

En 1871, lors de l'insurrection, la famille s'est engagée aux côtés de Cheikh El Mokrani contre la colonisation de la Kabylie. Son père, Mehand Améziane, fut exécuté à Fort-National, son oncle, Arezki, déporté en Nouvelle-Calédonie et leurs biens confisqués au profit de l'Etat. Sa famille ruinée et presque anéantie se dispersa dans les quatre coins du monde. La mère du poète se retira dans la nouvelle Chéraïouia avec son jeune fils Méziane.C'est alors que commença la vie de vagabond de Si Mohand, errant de village en village, de ville en ville. Son frère aîné Akli s'enfuit à Tunis avec l'essentiel des ressources de la famille.

Si Mohand passa quelque 30 ans d'errance entre la Kabylie et la région de Bône (Annaba) où de nombreux Berbères travaillaient comme ouvriers agricoles ou comme mineurs. Un autre de ses oncles, Hend N'Aït Saïd , était installé dans les faubourgs de Bône.

Si Mohand mourut en 1906 à l'hôpital des Soeurs Blanches de Michelet et fut enterré au sanctuaire de Sidi Saïd Ou Taleb.

dimanche 15 août 2010

LES METAUX RARES

LES METAUX RARES

A Radko Radkov

« Siqua uidebuntur casu non dicta Latine,
in qua scribebat, barbara terra fuit.
Dicite, lectores, si non graue, qua sit eundum,
quasque petam sedes hospes in urbe liber. »

(« Si par hasard quelques mots semblent n'être pas latins,
c'est qu'il écrivait chez un peuple barbare.
Dites-moi, lecteurs, si cela ne vous importune pas,
quel chemin je dois prendre, et, pauvre étranger,
vers quel asile diriger mes pas. »)

Ovide, Tristes, livre III

I.

Ô mon cher Radko, mon Ami,
Toi, Poète de génie et Prince des errants,
Amoureux de la Très Sainte Vierge Portaïssa,
Des gitans amis des routes, des amants joyeux,
Des filles aux cheveux d'or et des tavernes
Où règne sans partage
La vineuse obscurité!

Ô Radko,
Toi qui voulais vivre la mort
Et mourir de vie!

Toi qui adorais
Le soleil de la gloire
Et voguais sous la lune
Des âms anonymes !

Qu'importe à présent que tout est fini,
La Fleur de l'Amitié
Ne peut pas mourir!

Ô Ami, sache que sont puissants
Et sans nombre
Les liens
Qui nous unissent à l'éternité!

II.

Ô choses incertaines qui nous entourent de toutes parts,
Troubles consolations, délires somptueux
Et désespoirs homériques!
Et

Grâce inespérée un jour de grand deuil,
Vérité que tout le monde tient pour mensonge !

Toi, Ami,
Génie qui débordais de lui-même!

Toi qui avançais dans la vie sans masque
Pour cacher tes joies et tes larmes.

Mais telle est la vie
De ceux que les dieux ont prédestiné à leur appartenir!

Et puis...

Puis tout est bref comme une hémorragie
Ou un suicide,
Et beau
Comme une inespérée trouvaille horacienne.

Et jamais le printemps ne trompera
L'espoir des bourgeons!

III.

Ô vous, héros, saints, génies,
Témoins immortels
De l'irrémédiable amour du Ciel !
Vous, métaux précieux
Antimoine, béryllium, cobalt,
fluorine, gallium, germanium,
graphite, indium, magnésium,
niobium, platine, terres rares,
tantale et tungstène.


IV.


Ô amour, tu es trop grand pour moi seul!

Ô vous, poètes aimés qui dialoguez dans mon âme!

Candeur, spontanéité, ferveur !
Souffle, frémissement, fascination des sens !

Mélodies des pinsons,
Parfums qui nous liez
A la vie!


V.

Je ne suis pas l’enfant, Radko, mon Ami,
Je suis l’enfance
Qui marche dans les chemins des mots-étoiles,
Je suis l'ombre,
La résonance, l'écho,
Les tendresses de soie grège des
Chantres célestes!

Comment puis-je être
Si je n’existe pas en moi,
C’est-à-dire en Dieu ?

VI.

En Dieu nous nous réunisson avec nous-même,
En Dieu nous retrouvons le centre autour duquel,
En cercle magique,
Nous avons tourné toute notre vie !

Nous, soupir de lumière,
Labyrinthe de souffrances,
Nous pour qui les oiseaux chantent
Tous les matins!

VII.

Faire entrer dans le royaume de mes chants
Toute la terre,
Devenir l’humanité entière
Et cette France,
Ce pays de vigne de velours
Et de pommiers de tulle,
Cette France collée à mon coeur !

Et là, encore plus proche de la chair, la Bulgarie
Des Odrysses et des Idomiens!
Comme la rose de Jéricho
Je la plonge dans mon sang
Pour lui redonner vie,
J'ouvre mes bras
Pour saisir la plénitude
De sa présence!

L'air se meut, plie,
S'allonge,
Bat contre mes tempes
Qui cherchent les mots les plus suaves
Pour dire ma tendresse
A tous ceux que j'aime!

VIII.

Ô vous dieux à qui j’ai toujours fait appel
En toute confiance !

IX.

Ah, Radko,
Comme nous avons peur de nous-mêmes,
Nous, empires de vies superposées,
Vies de seigneurs et d’esclaves !

Comme scintille parmi les feuilles émeraude en été
La lune radieuse!

Nous anges, saltimbanques, acribate et pitres !
Ruine d'un soir,
Elévation d'un jour!

Nous qui assistons
Comme étrangers à notre vie!

Nous, hors de Dieu
Êtres irréels, posthumes, vagabonds,
Être sans être!

X.

Ami,

Je veux être la délicatesse raffinée,
La profondeur lumineuse,
La prodigieuse mémoire
Des âmes pures!

Athanase Vantchev de Thracy

Saint-Germain-en Laye, ce dimanche 15 août, Fête de l'Assomption de la Très Sainte Vierge, ma céleste Protectrice.

Radko Radkov, le Poète des Poètes, né le 31 janvier 1940, nous a quitté le 1 septembre 2009!

Glose:

La Vierge Portaïssa : La Vierge Porte du Ciel. Marie Porte du Ciel est une Hodégétria, c’est-à-dire « Celle qui montre le chemin » du salut. La première partie du mot Portaïssa est suffisamment évocatrice par elle-même, quand à la seconde, elle n’est qu’un simple suffixe souvent employé pour préciser un rapport spécifique à la personne représentée. La Mère de Dieu a une relation tout a fait spéciale à la « Porte du Ciel ». Elle est celle qui la garde, mais non pour limiter l’accès ; au contraire, sa garde se fait tout accueil, facilitant même le passage, quels que soient les obstacles qui empêcheraient l’homme de se tourner vers Dieu. Elle est celle qui fait franchir la porte, également en permettant au Verbe divin de s’incarner parmi les hommes.

Horacien, horacienne (adj.) : appartenant au génie du poète latin Horace (65 – 8 av. J.-C.)

Odrysses : une union de tribus thraces entre le Ve et le IIIe siècle av. J.-C.Cette union occupait en grande partie l'actuelle Bulgarie, le sud-est de la Roumanie, le nord-ouest de la Grèce et la partie européenne de l'actuelle Turquie. Le roi Seuthès III décida plus tard le transfert de la capitale de l'union à Seuhopolis (aujourd'hui Kazanlak, en Bulgarie). La ville natale du poète, Haskovo, se trouve à 50 km de Kazanlak.

Idomiens: tribu thrace habitant les bords du fleuve actuel de la Strouma en Bulgarie.

samedi 14 août 2010

Non, je ne veux pas chanter l'éloge (en anglais))

NO I WON'T SING IN PRAISE

To Norton Hodges



Norton, my friend, you know

There’s no point in darkness trying

To lull my soul into complicity

With its sweet caresses!



My soul is too familiar with the beauty

Of infinite light

Because I’ve been tasting its wonderful gifts

Ever since my fortunate childhood blessed with love!



I’ve heard the song of the seraphim

Floating in the transparent air

Of my young nights

I’ve drunk cool breezes with delight,

I’ve clutched to my heart the Faith

With the shining face!



No, Norton, my Friend,

I can’t, I won’t

Sing in praise

Of nothingness!



Translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges

14.08.10

mercredi 11 août 2010

LE ROYAUME D'AWSÂN

LE ROYAUME D’AWSÂN


Roi, redis-moi que notre Royaume
Sera encore longtemps ami de la Beauté,
Que le ciel aimera nos corps entrelacés,
Plus sveltes que le silence, plus doux que l’âme des baumes.

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 11 août 2010

Glose :

Royaume d'Awsân, situé sur le territoire de l’actuel Yémen, est attesté par une inscription de la fin du V s. av. J.-C. Il semble que ce soit l'utilisation par les caravaniers de l'encens d'une nouvelle passe dans la montagne pour éviter les sables du désert, qui ait fait la fortune des rois d'Awsân. Vers les années 1930, un hindou, Kayki Muncherjee, constitua une riche collection comportant, à côté de pièces antiques de provenance sabéenne ou qatabanite, une série de statues de "rois d'Awsân" ainsi que de très beaux bijoux et cachets-sceaux, en or et en pierres semi-précieuses, provenant sans doute de sépultures royales violées. Yémen a vu sur son sol les royaumes d’Awasân, de Saba, de Qataban, de Ma’în, de Hadramaout et de Himyar.

Le premier véritable royaume du Yémen est le Premier Royaume sabéen de Marib (vers 1500 av. J.-C.). Selon les spécialistes, l'épisode biblique de la visite de la Reine de Saba à Jérusalem pour voir le Roi Salomon (fin du Xe siècle av. J.-C.), tendrait à montrer la puissance du Royaume de Saba. Encore faut-il être prudent, car l'identification du Royaume de Sabé à celui du Royaume de Saba n'est pas certaine, puisque la première réelle mention du Royaume de Saba provient des inscriptions assyriennes de 750 av. J.-C. Le véritable Royaume « historique » de Saba date de 716 av. J.-C., soit plus de trois siècles après le règne de Salomon, lorsque le Mukkarib (monarque) Yâthiamar, Roi de Saba, paie tribut à l'Assyrien Sargon II. Déjà, des forces centrifuges semblent menacer l'unité du royaume puisque vers 700 av. J.-C., Karibîl Watar, fils de Dhamar'alî, lance deux campagnes contre la ville de Nashan pour réduire les velléités d'indépendance de celle-ci. Il réclame l'aide de la cité d'Haram et de Dekaminahû. Puis, de 689 à 681 av. J.-C., il fonde, après avoir détruit le Royaume d'Awsân, l'Empire Sabéen avec pour capitale Maryab (ou Mareb). Il s'agit du premier État yéménite unifié réellement attesté.

Cet empire subit une attaque du Royaume de Hadramaout qui, au milieu du VIe siècles av. J.-C., établit une brève domination. Il doit faire aussi face à la pénétration d'une nouvelle tribu étrangère (peut-être d'origine arabe), celle de Ma'în. Le Royaume de Ma’în, très commerçant, finit par reconnaître la suzeraineté du Royaume de Saba.

Au Ve siècle av. J.-C., Saba entre dans une violente guerre, qui voit le triomphe de son rival, le Royaume de Qataban. Ce dernier établit son empire et éclipse durablement Saba (de 500 à 110 av. J.-C.). Au cours de cette domination, Saba réussit à vassaliser, vers 200 av. J.-C., une nouvelle tribu d’émigrés arabes, celle d'Amîr. Avec le déclin progressif de Qataban, Saba reprend son influence et, au IIe siècle av. J.-C., impose peu à peu son pouvoir. Avec la disparition en 120 av. J.-C. du royaume de Ma'in, c'est l'ensemble du Jawf (le sud de l’Arabie Saoudite d’aujourd’hui) qui est sous le contrôle de Saba. L'aristocratie sabéenne s'approprie les régions de Nashan, Nashq et Manhiyat. Le reste est abandonné aux tribus nomades.

La chute de Qataban déclenche une lutte acharnée entre Saba et Hadramaout qui, au début du Ier siècle ap. J.-C., se lance dans une politique hégémonique et écrase Saba. Saba se doit de reconnaître la domination de Hadramaout. Ce n'est que vers l’an 100 que date la restauration du Royaume de Saba. Cependant ce redressement ne résiste pas à une nouvelle puissance montante, celle du Royaume de Himyar qui conquiert une grande partie de l’Arabie Saoudite d’aujourd’hui et établit à son tour son Empire de 230 à 532 ap. J.-C. Saba sombrera peu à peu.

dimanche 8 août 2010

COMME CLAIR, TON CORPS

COMME CLAIR, TON CORPS

Comme, clair, ton corps de marbre
Brille sous la lune de satin blanc !

Perce-neige jeté sur le lit cramoisi,
Orchidée oubliée par la main d’un dieu distrait
Dans cette chambre remplie de silence mélodieux !

Je n’ose pas t’approcher
Ni murmurer au lys de ton oreille
Les mots que mon sang
Forge de mille petits frissons :

Âme, dors sur le cœur
De la grande quiétude,
Repose-toi, lueur suspendue,
Entre le soupir et le rêve !

Dors, demain tu connaîtras
La clarté d’une nouvelle aube,
Et la douceur soyeuse
D’une autre étreinte !

Mais à présent, dors !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 8 août 2010

NON, NE M’ECRIS PAS, ÂME

NON, NE M’ECRIS PAS, ÂME

Non, ne m’écris pas, âme,
Non, ne fais pas refleurir
L’arbre enchanteur de l’amour !

Ta mémoire, ton regard
D’ange lilialement pâle,
Tes joies enfantines
Qui sentaient la campagne spacieuse,
Le serpolet et la menthe sauvage,
Font encore défaillir mon cœur
D’émoi.

Âme aimée, je veux que tu vives en moi,
Plus pur encore, plus sereine, plus radieuse
Et plus belle
Que le jour divin où,
Changé en heureuse lumière,
Je me suis endormi
Dans le clair calice
De ton sourire suave comme un vers
Amoureux grec !

Non, ne m’écris pas, âme !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 8 août 2010

Glose :

Lilial,e (adj.) : Qui tient du lis, qui en a la pureté et la blancheur.
Serpolet - Thymus serpyllum (n.m.) : sous-arbrisseau de la famille des Lamiacées appartenant au genre Thymus. C'est une plante aromatique basse, qui ne dépasse pas 10 cm de hauteur, mais s'étend sur 50 cm de largeur ; elle est tapissante, aux tiges radicantes, aux très petites feuilles opposées ovales ou lancéolées, aux courtes hampes florales.

vendredi 6 août 2010

QU'IMPORTE QUE

QU’IMPORTE QUE

Qu’importe que, de toute part,
La nuit descend sur nos âmes !

Qu’importe que, fanées,
Les fleurs dans le vase bleu
Inclinent leur tête gracieuse
Sur nos corps !

N’avons-nous pas gardé en nos cœurs
La lumière des premiers jours de l’amour,
La splendeur de cet été plein de pudeur où,
Lumineux, pareil à une vision vaporeuse,
Tu vins à moi murmurant :

Je t’aime !

A présent, qui peut séparer
Le parfum de ta voix
De la douce fragrance
De la mienne ?

Qui ?

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 6 août 2010

SI INTENSEMENT

SI INTENSEMENT

Si intensément, et comme familièrement,
Est la lumière de ce soir !

Si singuliers les gestes
De ton corps de cristal !

Parfois c’est dans un presque bonheur
Que je rêve à toi
Et tends, à demi évanoui,
Ma main devenue printemps et frisson
Vers ton visage !

Solitude, fais résonner sa voix
Claire comme la suavité des roses,
Dans l’air mauve du jardin !

Ressuscite-le, amour,
Donne-lui à nouveau chair et sourire,
Fais-le vivre,
Fais-le vibrer à jamais
Dans mon poème !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 6 août 2010

jeudi 5 août 2010

LES LARMES DU GURKHA

LES LARMES DU GURKA

Jeune Gurkha,
Vaincu,
Tu as mis ton cœur,
Palpitant comme un champ de pivoines,
Sur la balance humide
De tes larmes !

Et il était plus léger
Que le poids de leur sel,
Plus translucide
Que le regard des moines
Du Népal !

De ses doigts,
Induits de parfums sacrés,
L’air du soir
S’est mis à tracer
L’ovale enfantin de ton visage
Et à appliquer du carmin sur ta bouche !

Puis, ce fut le silence
Des oiseaux
Qui étaient morts en route
Et qui, avec une élégance parfaite
Emplissaient les urnes funéraires
De l’aérienne pesanteur
De leurs corps d’azur !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 5 août 2010

Glose :

Les Gurkhas sont des membres du clan rajput Khasi de l'Inde du Nord qui, au XVIe siècle, chassés par les musulmans, ont émigré du Rajasthan vers le territoire actuel du Népal. Leur langue, le gurkhalî, un dialecte indo-européen proche de l'hindî, est devenue la langue commune du Népal sous le nom de népalî ou népalais.

D'après la légende, au cours du VIIIe siècle, le jeune prince Bappa Rawal, né Kalbhoj, fondateur de la dynastie de Mewar, alors qu'il chassait avec des amis dans les jungles du Rajasthan, aurait découvert le saint guerrier Gurû Gorkhanath (en fait le philosophe Goraknâth ou Gorakshanâtha, qui vécut entre le Xe et le XIVe siècle) plongé dans une profonde méditation.

Il décide alors de rester auprès du saint et de le protéger durant sa méditation. Lorsque celui-ci revient au monde, il est touché par la dévotion du jeune prince. Pour le remercier, il lui offre la dague Kukri, et lui dit que, dorénavant, lui et ses hommes seront connus dans le monde entier pour leur bravoure et les Gurkhas, c'est-à-dire disciples de Gorkhanath. Il donne comme mission aux Gurkhas de stopper l'avance des envahisseurs musulmans qui sont en train de s'emparer de l'Inde blanche, c'est-à-dire de l'Afghanistan, appelée Qandahār à cette époque, qui est alors un royaume hindou et bouddhiste.

Certaines légendes prétendent que Bappa Rawal a poursuivi ses campagnes militaires jusqu'à conquérir l'Iran et l'Irak avant de se retirer pour une vie d'ascèse au pied du mont Meru.

En 1559, quelques-uns des Gurkhas, descendants de Bappa Rawal, et conduit par leur chef Dravya Shâh émigrent vers l'est et se découpent un petit royaume sur le territoire du Népal actuel, à 80 km au nord-ouest de Katmandou. Ils donnent à ce territoire le nom de Gorkha (le District de Gorkha) en l'honneur de leur saint patron. En 1769, sous la conduite du maharaja Prithivî Nârâyan Shâh, qui règne jusqu'en 1775, ils s'emparent de la majorité du territoire actuel du Népal, alors dirigé par les Malla, et s'installent à Katmandou où ils font de l'hindouisme la religion d'État.

En 1788, puis en 1791, les Gurkhas envahissent le Tibet et pillent le monastère de Tashilhunpo à Shigatse. En 1792, le Tibet demande l'aide de la Chine pour se défaire de ses envahisseurs.

Les Gurkhas et la conquête anglaise

À partir de 1814, ils tentent d'agrandir leur territoire au sud et s'opposent aux intérêts de la Compagnie anglaise des Indes orientales, ce qui entraîne la guerre anglo-gurkha (1814–1816). Défaits, ils signent le traité de Saugali en novembre 1815, se rebellent à nouveau et sont écrasés à Makwanpur en 1816. Durant cette guerre, les Britanniques sont si impressionnés par leur vaillance qu'ils vont bientôt les recruter régulièrement, avec la permission du premier ministre d'alors, Shree Teen Maharajah Jung Bahadur Rana (père du Népal moderne), comme mercenaires organisés en régiments de Gurkhas au sein de l'armée de la compagnie.

Les Gurkhas sont alors classés en deux catégories : les Gurkhas Thâkur/Rajput, qui se considèrent comme les descendants des Gurkhas originaux et qui n'acceptent de servir qu'en tant qu'officiers et les Gurkhas tibéto-mongols qui acceptent de commencer leur carrière comme simples soldats. L'un des premiers Thâkur/Rajput, le général Narendra Bir Singh, des Gurkha Rifles, deviendra même l'aide de camp de Mountbatten. Après l'indépendance des Indes, les Gurkhas Thakur/Rajput refusent de servir dans l'armée britannique mais autorisent les tibéto-mongols à y servir.

D'après les lois internationales, les Gurkhas intégrés aujourd'hui dans l'armée britannique ne sont pas considérés comme des mercenaires mais comme soldats entièrement intégrés à cette armée, constitués en une brigade de Gurkhas, et soumis aux lois et règlements qui régissent tout soldat britannique. Un système équivalent régit les Gurkhas servant dans l'armée indienne.

CONTEMPLATION AMOUREUSE

CONTEMPLATION AMOUREUSE

Alors que tu dors encore,
Mon Adonis de saphir,
Le soleil s’élance
Dans les cieux
Comme un beau cavalier de feu !

D’un regard émerveillé,
D’un silence frissonnant d’émotion,
Je caresse les soyeux contours
De ton visage à la blancheur
De pétale de pommier.

Et je sais, mon enfant,
Que ce que tu es,
Tu le seras pour l’éternité.

Je sais que personne et rien
Ne saura en aucune façon
Détruire ta beauté
Imprimée sur le voile flottant
De mon âme !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 5 août 2010

mercredi 4 août 2010

EPIGRAPHE SUR LA TOMBE D’UN POETE

EPIGRAPHE SUR LA TOMBE D’UN POETE

Embrasse, pluvieux vent d’ouest,
Cette stèle illisible !

Chantez, frêles mésanges
Cachées dans le doux feuillage
Des saules pleureurs.

Ici gît Athanase le Poète,
Son verbe était beau comme
Le cœur des roses,
Et son âme, plus mélodieuse et légère
Que l’eau transparente
Des ruisseaux !

Embrassez, herbes libres et joyeuses,
Embrassez
Son claire souvenir
Flottant ce soir
Sur lèvres tremblantes
De l’été !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 4 août, 2010

NON, JE NE CHANTERAI POINT L'ELOGE

NON, JE NE CHANTERAI POINT L’ELOGE

A Norton Hodges

Ami Norton, Ami,
En vain les ténèbres essaient
De leurs douces caresses
D’amadouer mon âme !

Elle, qui connaît la beauté
De la lumière infinie
D’avoir goûté ses merveilleux bienfaits
Depuis la plus belle et tendre enfance !

J’ai entendu le chant des séraphins
Flotter dans le ciel transparent
De mes jeunes nuits,
J’ai bu, enchanté, la fraîcheur des brises,
J’ai serré contre mon cœur la Foi
A la face rayonnante !

Non, Norton, mon Ami,
Je ne peux pas, je ne veux pas
Chanter l’éloge
Du néant !

Paris, le 4 août 2010

dimanche 1 août 2010

NON, LE MARIAGE N'AURA PAS LIEU

NON, LE MARIAGE N’AURA PAS LIEU

Non, Mélisende, tu n’auras pas pour mari
L’empereur de Byzance Manuel Comnène !

En vain ta mère,
La comtesse Hodierne de Tripoli
Et ton cousin,
Baudouin, Roi de Jérusalem,
S’empressent d’apprêter
Ton magnifique trousseau !

A quoi bon tous ces atours
Et tous ces grands ornements :

Robes resplendissantes,
Riches draps de soie,
Vêtements écarlates et pers,
Verts et brunets !

En vain, Mélisende,
Ces couronnes d’or
Ornées d’une montagne de pierres précieuses,
Ces admirables ceintures,
Ces fastueux colliers, fermaux et anneaux,
Toute cette profusion
De joyeux de grand prix
Pour rendre encore plus beaux
Ton col radieux et tes délicates oreilles !

Il te faudra, Mélisende,
Un nombre impressionnant de nefs
Pour transporter les vases d’or et de vermeil,
La vaisselle en fin argent,
Les chaudières finement ciselées,
Les coûteuses selles de cuir
Et les couvertures incomparables
Rehaussées de fil d’or et d’argent.

Le cœur du Kir Manuel a frémi
Pour une autre,
La princesse Marie d’Antioche,
L’enfant chérie
De Constance et Raymond de Poitiers !

Marie à la beauté éblouissante,
Regard d’aurore
Doux sourire d’aubépine,
Corps à la souplesse de roseau,
Bras plus blancs que les neiges du Caucase,
Petits pieds plus charmants
Que les tourterelles de Cappadoce.

Non, ne pleure pas, Mélisende,
Ne vivons-nous tous pour mourir ?

Vaine est, Mélisende, la vie humaine,
Vains les lits enguirlandés de mauves et de roses
Où dort, tristement souriant,
La douce lumière du matin.

Tout ici-bas est pareil à la tombe,
Tout se termine dans la désolation du désert,
Tout s’évanouit dans la grande solitude,
Le soleil, les arbres, les oiseaux, les vignes,
La généreuse et libre brise matinale !

Qu’importe à présent que tout est fini pour toi ?

Oui, qu’importe ?

Là où dormiront les corps de tous les hommes,
Le mouton paisible et la chèvre joueuse
Viendront brouter, insouciants,
L’herbe laiteuse de l’été !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 31 juillet 2010

Paris est désert. Une chaleur étouffante règne dans les rues. Seul, pensant à tous mes morts, j’ai composé ce poème.

Comment peuvent-ils vivre sans la Foi tant d’êtres humains ?

Glose :

Mélisende : prénom très répandu au Moyen Âge français, du germanique Amalasuintha, lui-même composé de deux éléments : amal, « travail, labeur » et swinþ, « force ». Amalasuintha était le prénom de la sixième reine des Ostrogoths. Mélisende était également le prénom de la reine de Jérusalem, fille de Baudouin II.


Manuel Ier Comnène : empereur de Byzance ;

Les six empereurs de la dynastie des Comnènes sont :
• Isaac Comnène, 1057-1059
• Alexis I Comnène, 1081-1118
• Jean II Comnène, 1118-1143
• Manuel Ier Comnène, 1143-1180
• Alexis II Comnène, 1180-1183 ;
• Andronic Ier Comnène, 1183-1185.

Hodierne de Jérusalem, comtesse de Tripoli : mère du comte de Tripoli Raymond III (1152- 1187) marié (1174) à Eschive de Bures, sœur d’Elinard de Bures, prince de Galilée.

Baudouin III, roi de Jérusalem (1131-1163) :

Le royaume de Jérusalem (1099 – 1187) :

1099 - 1100 : Godefroy de Bouillon (sous le titre d'avoué du Saint-Sépulcre)
1100 - 1118 : Baudouin Ier de Boulogne († 1118), comte d'Édesse, frère du précédent (le premier à régner sous le titre de roi de Jérusalem)
marié en premières noces à Godehilde de Tosny († 1097)
marié en secondes noces à Arda, arménienne, qu'il répudia
marié en troisièmes noces (1113) à Adélaïde de Savone dont il dut se séparer en 1117.
1118 - 1131 : Baudouin II de Bourcq († 21 août 1131), comte d'Édesse, cousin du précédent
marié à Morfia de Malatya
pendant une captivité de Baudouin II :
1123 : régence de Eustache Ier de Sidon
1123 - 1124 : régence de Guillaume Ier de Bures
1131 - 1143 : Mélisende de Jérusalem (1101 - 1161), fille de Baudouin II
en compagnie de son époux Foulque V, comte d'Anjou, avec qui elle s'est mariée en 1129
1143 - 1162 : Baudouin III (1131 - 1163) fils de Foulque d'Anjou et de Mélisende
marié (1158) à Théodora Comnène
1143 - 1152 : régence de Mélisende de Jérusalem
1162 - 1174 : Amaury Ier (1136 - 1174) frère de Baudoin III
marié en premières noces (1158) à Agnès de Courtenay, dont il se sépara en 1162
marié en secondes noces (1167) à Marie Comnène (1154 - 1217)
1174 - 1185 : Baudouin IV le Lépreux (1161 - 1185), fils d'Amaury Ier et d'Agnès de Courtenay
1185 - 1186 : Baudouin V (1177 - 1186), fils de Guillaume de Montferrat et de Sibylle de Jérusalem, fille d'Amaury Ier. Il règne sous la régence de Raymond III, comte de Tripoli.
1186 - 1190 : Sibylle (1159 - 1190)
en compagnie de son époux Guy de Lusignan (1160 - 1194)

Jérusalem tombe aux mains de Saladin le 20 septembre 1187. Le nom de royaume de Jérusalem restera l'appellation officielle du royaume croisé de Terre Sainte, que le titulaire règne ou pas sur la ville sainte (elle sera effectivement incluse dans le royaume de 1229 à 1244).

Pers (adj.) : du latin classique persicus, « persan ». Couleur entre le bleu et le vert. Athéna : la déesse aux yeux pers.

Fermail (n.m. / pl. fermaux) : du verbe fermer. Agrafe, attache de manteau, de ceinture, etc. Fermoir de livre.

Raymond de Poitiers : né en 1115, mort le 29 juin 1149, prince d'Antioche de 1136 à 1149, second fils de Guillaume IX de Poitiers, duc d'Aquitaine et comte de Poitiers. Il épousa en 1136 Constance, âgée de 10 ans, fille et héritière de Bohémond II, prince d'Antioche et d'Alix de Jérusalem.