mercredi 27 juin 2012

VOTRE NOM ENCLOS DANS MA VOIX



VOTRE NOM ENCLOS DANS MA VOIX

À Alejandro Nojaev

Je pense à vous, Alejandro,
Aux vénérables causes,
À l’air rédempteur
Simple, bon, pur,
Grave,
Charitable,
Naturel et juste !

À cette mésange
Qui joue avec le crépuscule,
Pieuse,
Bienveillante,
Ferme dans son chant,
Délicieuse dans l’accomplissement
De son devoir !

Et moi, plongé dans le parfum solennel
Des années et des saisons,
Entouré d’objets fugitifs,
Noyé dans ce fleuve de matière,
Moi,
Petit,
Instable,
Ephémère,
J’ose vouloir aimer,
J’ose désirer être immortel
Et éthéré comme les dieux !

Ah, Alejandro,
Je voudrais tant que tout en moi
Soit conforme à la précise intelligence,
Que tout mon cœur se délecte
De l’inépuisable bonté des choses éternelles.

Comme Hipparque,
L’astronome et mathématicien grec,
Je voudrais goûter à l’extatique limpidité des équinoxes
Et, à minuit, protégé des voiles de la brise,
Dresser le premier catalogue des étoiles.

Je pense à vous Alejandro, à vous, à moi, à nous,
Nous, ruisselantes,
Immuables,
Vibrantes et
Tendres parcelles infimes
Du Destin !

            Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 26 juin 2012

Glose :

Hipparque (vers 190 av. J.-C. – vers 120 av. J.-C.) : célèbre astronome, mathématicien et géographe grec. Célébré par l’astronome Ptolémée (vers 90 ap. J.-C. – 168 ap. J.-C.) qui disposait de ses textes, et bien connu dans l’Antiquité où il est cité par divers auteurs, il tomba dans l'oubli au Moyen Âge. Hipparque découvrit la précession des équinoxes et réalisa le premier catalogue des étoiles. La précession est le nom donné au changement graduel d'orientation de l'axe de rotation d'un objet.

CONFITEOR TIBI DOMINE (en anglais)


ENGLISH :
Confiteor Tibi Domine
For Michel-Richard Delalande

I.

O God, there will be no peace
Until intimate prayers for the dead have been spoken!
Until the invocations that gushed from my soul, O God,
Have entered into the hearts of flowers
And penetrated down to the secret of their warm roots,

Until, O God, my tears have watered
The nests of their beloved names built beneath the syllables of the wind,
Where in the spaces that separate them
Grow trees
Of a fascinating beauty!

O prayers all
Of dew!

II.

O God, there will be no peace
Until my heart has prostrated itself
Upon the moss-covered flagstones of my own kind!

III.

Come, sweet shadows,
Undress fresh water,
Place the bouquets of my nostalgias
Upon its sleeping breast.

My love, become spring
So that in the tracks of the lives of the dead
There will spring up the white satin of snowdrops
And the golden silk of primroses.

Breeze, make the sweet dew flow
From the calyxes of the hawthorn onto the locks of the nasturtiums.

IV.

May your words, O God,
Marble the whole valley where my ancestors sleep!

Lord,
I know
That an invisible thread unites all lives,
That words, lighter than the wings of dragonflies,
Revolve around the silent columns of souls
Beneath the gentle rain that is the fruit of the years!

Note: Written while listening to the marvellous music of Delalane

Translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy 26/27.06.12 by Norton Hodges

Confiteor tibi Domine (en anglais)


ENGLISH :
Confiteor Tibi Domine
For Michel-Richard Delalande

I.

O God, there will be no peace
Until intimate prayers for the dead have been spoken!
Until the invocations that gushed from my soul, O God,
Have entered into the hearts of flowers
And penetrated down to the secret of their warm roots,

Until, O God, my tears have watered
The nests of their beloved names built beneath the syllables of the wind,
Where in the spaces that separate them
Grow trees
Of a fascinating beauty!

O prayers all
Of dew!

II.

O God, there will be no peace
Until my heart has prostrated itself
Upon the moss-covered flagstones of my own kind!

III.

Come, sweet shadows,
Undress fresh water,
Place the bouquets of my nostalgias
Upon its sleeping breast.

My love, become spring
So that in the tracks of the lives of the dead
There will spring up the white satin of snowdrops
And the golden silk of primroses.

Breeze, make the sweet dew flow
From the calyxes of the hawthorn onto the locks of the nasturtiums.

IV.

May your words, O God,
Marble the whole valley where my ancestors sleep!

Lord,
I know
That an invisible thread unites all lives,
That words, lighter than the wings of dragonflies,
Revolve around the silent columns of souls
Beneath the gentle rain that is the fruit of the years!

Note: Written while listening to the marvellous music of Delalane

Translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy 26/27.06.12 by Norton Hodges

vendredi 22 juin 2012

CONFITEOR TIBI DOMINE


CONFITEOR TIBI DOMINE

A Michel-Richard Delalande

I.

Ô mon Dieu, il n’y aura de paix
Qu’une fois dites les intimes prières pour les morts !
Un fois les invocations jaillies de mon âme, mon Dieu,
Entrées dans le cœur des fleurs
Et descendues jusqu’au secret de leurs chaudes racines,

Une fois, mon Dieu, que mes pleurs auront arrosé
Les nids des noms aimés bâtis sous les syllabes du vent,
Là où dans les intervalles qui les séparent
Poussent des arbres
D’une beauté fascinante !

Ô prières toutes
De rosée !

II.

Ô mon Dieu, il n’y aura de paix
Qu’une fois mon cœur prostré
Sur les dalles moussues de miens !

III.

Venez, ombres suaves,
Déshabillez l’eau fraîche,
Déposez les bouquets de mes nostalgies
Sur sa poitrine endormie.

Mon amour, fais-toi printemps
Pour que dans les traces de la vie des défunts
Jaillissent le satin blanc des perce-neige
Et la soie d’or des primevères.

Brise, fais que des calices des aubépines
Coule la suave rosée sur leur cheveux de capucines.

IV.

Puissent tes paroles, mon Dieu,
Moirer toute la vallée où dorment mes ancêtres !

Seigneur,
Je sais
Qu’un fil invisible unit toutes les vies,
Que les paroles, plus légères que les ailes des libellules,
Gravitent autour des colonnes silencieuses des âmes
Sous la douce pluie fruitière des années !

            Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 20 juin 2012

J’ai écrit ce poème en écoutant la merveilleuse musique de Delalane.

Glose :

Confiteor tibi Domine – Je confesse, Seigneur.

Michel-Richard Delalande (1657-1726) : violoniste, organiste, compositeur. Quinzième enfant d'un maître tailleur. De 1667 à 1672, il chante dans les chœurs de Saint-Germain-l'Auxerrois (Paris), dirigés par François Chaperon. À partir de 1672, il fait une courte carrière de violoniste. Il est ensuite actif comme organiste.  Vers la fin des années 1670 et le début des années 1680, il obtient des services dans quatre églises de Paris : Saint-Gervais (intérim entre Charles et François Couperin de 1671 à 1686), Petit-Saint-Antoine, Saint-Paul et, en 1682, à Saint-Jean-en-Grève. Il compose des intermèdes pour les tragédies du collège des jésuites de Paris.
En 1680, François Chaperon, qui a obtenu des fonctions à la Sainte-Chapelle, fait appel à lui pour participer aux Ténèbres de la Semaine Sainte. Il est professeur de clavecin de plusieurs princesses à la cour : les soeurs de Louis XIV, Madame de Montespan, Mademoiselle de Nantes, Mademoiselle de Blois.
Grâce à elles, il donne ses premières musiques profanes à la cour : 1682, La sérénade ; 1683, Les fontaines de Versailles et Le concert d’Esculape. La même année, il est sous-maître pour un quartier à la chapelle royale et obtient un second quartier en  1693, le troisième en 1704, enfin le quatrième en 1714. En 1684, il épouse Anne Rebel. En 1685, il compose l'Épithalame pour le mariage du duc de Bourbon et de Mademoiselle de Nantes. En 1686, son Ballet de la jeunesse remplace Armide de Lully pour les réjouissances du carnaval. De 1689 à 1719, il est surintendant de la musique de la chambre du roi, en 1690, compositeur de la chambre.
En 1722 son épouse décède. La même année le régent, Philippe d'Orléans, le gratifie de l'ordre de Saint-Michel.

 


dimanche 10 juin 2012


JE REGARDE VOTRE VISAGE

A Alikhan Nojaev

Je regarde votre visage
Tout tissée de perce-neige sauvages,
J’admire
Vos yeux où la tendresse
A fait fleurir des allées d’iris bleus.

Vous souriez
Comme sourit le bouton de rose
Sous la main délicate de l’aurore.

Le jour tremble à la pointe
De vos cils
Et le monde semble si précis
Dans son aveuglante et diffuse beauté !

C’est la merveilleuse géométrie
De la clarté,
La douce algèbre de l’éblouissement !

Tout est silence dans nos cœurs,
Et nos âmes d’enfant
Comprennent, sans effort,
Subitement,
La haute grammaire des subtiles caresses !

Non, non, mon Ami,
La lumière de nos mots
Empêchera aujourd’hui Atropos
De couper le fil fleuri
De nos vies !...

Athanase Vantchev de Thracy

Haskovo, Bulgarie, le 10 juin 2012

Je dédie ce poème à mon jeune Ami, Alejandro Nojaev, fils de la fière Tchétchénie.

Glose :

Atropos : une des trois Parques : Clotho (Κλωθώ / Klôthố), « la Fileuse »,
Lachésis (Λάχεσις / Lákhesis), « la Répartitrice », elle enroule le fil de notre existence, Atropos (Ἄτροπος, « l'Implacable », la Parque qui coupe le fil de la vie.





Les Parques (du latin parcae) sont, dans la religion romaine, les divinités maîtresses de la destinée humaine, de la naissance à la mort. Elles sont généralement représentées comme des fileuses mesurant la vie des hommes. Il semble qu'au départ les Romains ne connaissaient qu'une Parque, Parca Maurtia, qui symbolise la destinée ainsi qu'une déesse appelée Neuna Fata qui est associée à la naissance et qui donnera la Parque Nona. C'est sous l'influence des Moires grecques, qui président respectivement à la naissance, au déroulement de la vie puis à la mort, que les romains adopteront l'idée de trois Parques appelées Nona, Decima et Morta.


Elles étaient trois sœurs, filles de Nyx (Νύξ, la Nuit) ou de l'Érèbe, ou bien de Jupiter et de Thémis, ou, selon quelques poètes, filles de la Nécessité et du Destin. L'obscurité de leur naissance indique qu'elles ont exercé leurs fatales fonctions dès l'origine des êtres et des choses. Elles sont aussi vieilles que la Nuit, que la Terre et le Ciel. Elles se nomment Clotho, Lachésis et Atropos (respectivement Nona, Decima et Morta en latin, bien que leurs noms grecs semblent plus utilisés), et habitent un séjour voisin de celui des Heures, dans les régions olympiques, d'où elles veillent non seulement sur le sort des mortels, mais encore sur le mouvement des sphères célestes, et l'harmonie du monde.