lundi 28 juin 2010

LA FOI (eb espagnol)

LA FE

A Kram Ngoy

Fe, fe de luz,
cargada de rosas blancas
¡ Mi inocencia!

Agua dulce de mi vida,
¡ Mi río vivo!

Fe
que me purificas,
me eres querida,
me trasladas!

Velas sobre mí
cuando las aves de la tristeza
vienen por la noche para picotear
los granos olorosos
de mi memoria!

Tú,
medida del tiempo,
morada discreta
de felicidad!

Alma, levántate,
pon tu vestido de poesía
y marcha hacia la Flor pura!


Athanase Vantchev de Thracy

Marrakech, el 26 de junio de 2010
Glosa:

Kram Ngoy (1865-1936): poeta clásico camboyano. He aquí lo que ha dicho sobre él Keng Vansak en la Revista francesa, N ° 206, enero de 1968:

" Es él tradición de realismo crítico y constructor que permitió el nacimiento de un gran poeta nacional khmer al siglo de la represión colonial. Es nuestro Kram Ngoy verdadero poeta popular y patriota. Los versos naturalmente fluían de su boca en forma de cantos que él mismo acompañaba con su guitarra monocorde. Esta guitarra, la llevaba con él a todas partes, rimando sus poemas que brotaban de su corazón compasivo y de su conciencia dolorosa. En efecto, veía las malas acciones del poder colonial contra el cual no podía hacer gran cosa.
Entonces, de pueblo en pueblo, de pagoda en pagoda, de casa en casa, cantaba la miseria, la pobreza y sobre todo el peso de los impuestos (hasta sobre un puñado de arroz) que los administradores coloniales hacían llover sobre la espalda de los campesinos de Khmers. Y esto sin ningún odio, pero con un grito vibrante de dolor delante de la inercia, la pereza, la ignorancia y la falta de solidaridad de sus propios compatriotas. No podía creer que Khmers viviendo sobre su suelo se dejaba dominar y notificar por los comerciantes ricos y chinos, los cuales " llegaban de China con los pantalones sobre las rodillas ". Todo esto " por culpa de los Khmers mismo que, por pasividad, se contentaban con comprar todo sin producir nada ". Lloraba delante del embrutecimiento de sus compatriotas a causa de las supersticiones y creencias absurdas mantenidas por personas interesadas. Sufría de ver a los monjes mismos reñirse en nombre del nuevo o en nombre del antiguo Dharma y esto para la misma doctrina de Buda.Exhortaba a sus compatriotas a la concordia, al trabajo, al estudio, a la conciencia, y sobre todo a la unión nacional con el fin de resistir mejor a las dificultades de la vida y a la rapacidad de los extranjeros.
Todos sus cantos fueron objeto de una colección de poemas. Encontraron eco en la Sra. Susana Karpelès, directora del Instituto budista de Pnom-Penh. Aceptó hacerlos publicar y en recompensa a nuestro poeta, le dio una piastra.

Era poco, pero enorme por el significado de tal gesto casi histórico que mostraba que los franceses no eran todos los colonialistas, sino que existía bien entre ellos los defensores sabios de la cultura nacional khmére "

Traduit en espagnol par Janice Montouliu

ALBANIE

ALBANIE

A Arviol Lika

« L’amour est libre comme une main sur le sable »

Primo Shllaku

Ma tendre Albanie, pays des aigles clairs,
Montagnes vertigineuses, vallées énigmatiques,
Autel illyrien où les seigneurs auliques
Sont morts en défendant tes fanions fiers !

Agron, roi antique, tu peux dormir heureux,
Tes fils ont sauvegardé les limes de ton pays,
Bénis soient saint Paul et l’âme de saint Asti
Pogron et Skanderbeg, Bushati, prince des preux !

J’aime ton ciel vierge, la mer Adriatique,
Tes cimes où dort l’azur, tes lacs et tes forêts,
Les blancs voiliers qui ornent la mer Ionique,

L’arôme de tes fruits, tes hommes, tes chants de paix !
Et le soir venu, sous le murmure des vents
Epris de ta beauté, je sens vibrer ton sang !

Athanase Vantchev de Thracy

Marrakech, le 28 juin 2010

Glose :

Albanie : Superficie : 28 748 km2, population : 3 619 778 habitants en 2008, capitale : Tirana.

Les Albanais descendent des Illyriens, peuple indo-européen qui s'est installé dans la région de la côte dalmate au XXe siècle av. J.-C. au nord, au moins jusqu'à Save, à l'est jusqu'à la Morava du Sud, et dans le cours supérieur du Vardar. Le texte le plus ancien mentionnant l'existence des Illyriens remonte à Hérodote, au milieu du Ve siècle av. J.-C.

Un royaume illyrien s’est ainsi étendu de la côte dalmate aux régions côtières de l’Albanie actuelle (incluant la Croatie actuelle, le Monténégro, la Bosnie et le Kosovo) et a atteint l’apogée de sa puissance sous les règnes du roi Agron, et de sa fille, la régente Teuta (dont la capitale Shkodër ou Shkodra, (Scutari en italien), était situé au nord de l'Albanie) au milieu du IIIe siècle av. J.-C. Ce royaume est devenu une forte puissance maritime, mettant ainsi en danger le commerce de la République romaine. En conséquence, en 168 av. J.-C., Rome conquiert l’Illyrie, qui reste sous son autorité pendant plus de cinq siècles. La région est christianisée du Ier siècle au IIe siècle notamment par saint Asti et saint Paul, et demeure majoritairement catholique durant 18 siècles. L'Illyrie devient un centre important reliant Rome et Byzance par la Via Egnatia.

Le nom d'Albanoï apparaît pour la première fois au IIe siècle, dans un texte du géographe Ptolémée. Ce nom réapparaît ensuite régulièrement, à partir du Xe siècle, sous la plume des chroniqueurs byzantins.

À la suite du partage de l’Empire romain en 395, l’Albanie est intégrée à l’Empire d’Orient (Byzance). Les provinces illyriennes sont dévastées par des tribus nomades, les Goths au IVe siècle et les Huns au Ve siècle, les Slaves au VIe siècle et les Bulgares au VIe et VIIe siècles. Craignant d’être submergés, les Albanais, migrent vers le sud et se concentrent dans les régions montagneuses escarpées correspondant au nord de l'Albanie actuelle (presque 3 000 mètres d'altitude) où ils restent sous la tutelle théorique de l’Empire byzantin.

Conquête ottomane

À la fin du XVe siècle, l’Albanie fut conquise par les Ottomans, en dépit d’une farouche résistance nationale rassemblée derrière le seigneur Georges Kastriot Skanderbeg (1403-1468), fils du prince d'Epire Gjon Kastrioti (Jean Castriote). Pendant près d’un quart de siècle, ce héros national - salué par les papes Nicolas V et Pie II du nom de « champion du Christ » - infligea de rudes défaites aux troupes turques, sans pouvoir toutefois les chasser définitivement. Après la mort de Skanderbeg, les provinces albanaises retombèrent dans leurs déchirements féodaux, et le sultan Murat II acheva d’abattre ce "rempart papiste".

De nombreux Albanais fuirent alors vers l’Italie, formant la communauté des Arbërresh, qui existe encore aujourd'hui.

L’histoire de l’Albanie sous l'occupation ottomane, du XVIe jusqu’à 1912, fut marquée par une succession de révoltes qui échouèrent toutes dans le sang ; les plus célèbres furent celle des Bushati à Shkodra (1796), et celle d’Ali Pacha (1822), en Epire. Au cours des XVIe et XVIIe siècles, le pays s’islamisa, peut-être à cause des réductions fiscales accordées aux convertis. Certains d'entre eux devinrent par la suite des soldats ou des fonctionnaires de l’Empire ottoman (on compte notamment plusieurs vizirs et cinq grands vizirs albanais).

La conclusion de la guerre russo-ottomane de 1877-1878 annonça le réveil du sentiment national albanais. En effet, le traité de paix cédait aux états balkaniques victorieux la totalité du pays : le Sud aux Grecs, le Nord aux Serbes et l’Est aux Bulgares. Pour faire face à ce démembrement, les représentants des diverses communautés albanaises se réunirent à Prizren et décidèrent de créer une ligue armée dans le but de se défendre et d’obtenir l’autonomie. Connue sous le nom de Ligue de Prizren, cette union fut dissoute par les puissances européennes mais demeura une étape importante vers l'indépendance.

Indépendance

Indépendante depuis 1912, l'Albanie attendra 1918 pour être fixée dans ses frontières actuelles, alors que la moitié de ses terres est partagée entre le Monténégro, la Serbie, la Macédoine et la Grèce. Elle connaît alors une courte période démocratique (marquée notamment par Fan Noli), avant d'être soumise à un régime autocratique du Président Ahmed Bey Zogu, qui se proclame ensuite roi des Albanais. Cependant, nul ne peut nier les efforts de Zogu pour moderniser l'Albanie. Ainsi, sous son régime, est promulgué un Code Civil, d'après le code suisse, une Banque Nationale est créée, la reforme agraire donne de la terre aux paysans et la presse connaît un essor pendant les années 1920–1930.

En 1939, le pays est occupé par l’Italie; la couronne du Royaume d'Albanie passe alors au roi Victor-Emmanuel III. L’Albanie devient un protectorat italien. La résistance albanaise s'organise autour du Parti communiste d'Albanie, sous la direction d'Enver Hoxha et en liaison avec le mouvement de Tito en Yougoslavie. Le 16 septembre 1942, la première Conférence de libération nationale, à Peza, regroupe les communistes, les monarchistes, les nationalistes républicains du Balli Kombëtar et le mouvement des frères Kryeziu. Cette conférence donne naissance au Mouvement de Libération National - LNÇ (MLN ou en albanais LNÇ, Levizje Nacional Çlirimtare) dirigé par huit membres dont Enver Hoxha et Abaz Kupi. Ce dernier, exclu du MLN en novembre 1943 quand le mouvement passe sous le contrôle exclusif des communistes, fonde le parti de la Légalité (Legaliteti), fidèle au roi.

Dès avril 1943 le SOE (Special Operations Executive - en français : Direction des opérations spéciales) parachute des équipes pour encadrer les maquis de résistance, au départ sans considération politique. La Première brigade de partisans de Mehmet Shehu, celle qui assurera la reconquête du pays à l'automne 1944, est d'ailleurs instruite par Neil McLean, David Smiley et Julian Amery. À partir de la fin 1943, les Britanniques vont essentiellement soutenir la résistance nationaliste et royaliste, comme en Yougoslavie.

La période communiste

L'Albanie connaît un gouvernement communiste stalinien après sa libération totale en novembre 1944. En effet, le leader communiste stalinien Enver Hoxha devient Président d'une république populaire proclamée le 11 janvier 1946 et s'installe, de fait, en dictateur du pays. L'Albanie est dès lors coupée du reste du monde jusqu'en 1990 avec la chute du régime. L'Albanie est cependant reconnue par la France du général de Gaulle dès janvier 1946. La France sera d'ailleurs l’un des seuls pays occidentaux, avec l'Italie, l'Autriche et la Suisse, à entretenir des relations diplomatiques avec l'Albanie communiste.

La Grande-Bretagne et les États-Unis tenteront en 1949–1951, en pleine Guerre froide, de renverser le régime communiste en infiltrant des commandos de réfugiés politiques albanais. Ce projet Valuable échouera du fait de la trahison de l'agent double Kim Philby.

La transition du communisme au capitalisme s’est avérée extrêmement difficile pour la population : des gouvernements faibles et parfois corrompus ayant dû faire face à un très fort taux de chômage (estimé à 40 % après la crise économique de 1989–1992), un chaos consécutif à l’effondrement d’un système frauduleux d’envergure nationale d’investissement pyramidal (mars 1997), une grande insécurité et d’importants mouvements d’émigration (principalement vers la Grèce et l’Italie) puis d’immigration suite au conflit du Kosovo voisin, en 1998-1999.

Primo Shllaku (né en 1947) : un des plus grands poètes contemporains albanais.

dimanche 27 juin 2010

ET CE M'EST GRANDE JOIE

ET CE M’EST GRANDE JOIE

A Ali


“ We are thine, O Love, being in thee and made of thee...”

(« Nous sommes tiens, ô Amour, étant en toi et faits par toi »)

Lascelles Abercrombie,
Hymn to Love


Tu danses avec l’herbe,
Tu danses avec les nuages,
Tu danses,
Tu danses,
Mon Ami !

Toi, le fils attique de mes poèmes,
Enfant aimé de mes paroles
Qui dissipent
La douleur des jours,
L’angoisse des nuits !

Œuvre de musique est mon cœur,
Mon Ami,
Mon chant frémit
Au toucher furtif de la Beauté,
A la suave mélodie
Du chant de l’été !

Comme les fleurs se dressent
Quand l’aube irisée
Se penche sur leurs calices !...

Ô Poésie,
Toi seule nous dis l’absolu
De nos êtres
Et leur parfum encore sans mélange !

Si belle est cette journée de juin
Dans sa douce façon d’apparaître !
Si beaux les mots -
Temps et altitude
De la grâce !

Athanase Vantchev de Thracy

Marrakech, ce dimanche 27 juin 2010

Glose :

Lascelles Abercrombie (1881-1938) : un des grands noms de la poésie anglaise. Il faisait partie du groupe des poètes de Dymock. Les poètes anglais de la Grande Guerre occupent une place tout à fait éminente dans l'histoire de la poésie britannique, tant par la matière dont ils traitent que par la qualité de leurs écrits.

Parmi les grands noms qui s'y rattachent se trouvent Rupert Brooke, Wilfred Owen, Siegfried Sassoon, John McCrae, David Jones ou Robert Graves.

À la différence des poésies écrites jusque là sur la guerre, souvent empreintes de lyrisme, comme Salisbury Plain, de Wordsworth ou La charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade), de Tennyson, ces poèmes de la Première Guerre mondiale sont l'œuvre de patriotes combattant au front, souvent avec un courage remarquable, mais dont le patriotisme ne masque ni la folie du conflit auquel ils participent, ni leur amertume face à l'immense gâchis qui en résulte.

Lascelles Abercrombie étudia à l'université de Manchester. Avant la Première Guerre mondiale, il résida pendant un temps à Dymock dans le Gloucestershire, dans une communauté où vivaient aussi Rupert Brooke et Edward Thomas. En 1922, il fut nommé professeur d'anglais à l'université de Leeds. En 1929, il partit à l'université de Londres, et en 1935, il obtint un poste de professeur à Oxford. Il a écrit de nombreuses critiques sur la poésie. Il était le frère de l'architecte Patrick Abercrombie.

samedi 26 juin 2010

LA FOI

LA FOI

A Kram Ngoy



Foi, foi de lumière,
Tu as chargé de roses blanches
Mon innocence !

Eau douce de ma vie,
Ma rivière vive !

Foi
Qui me purifies,
Me portes,
Me chéris
Me rends à moi !

Tu veilles sur moi
Quand les oiseaux de la tristesse
Viennent la nuit picorer
Les grains odorants
De ma mémoire !

Toi,
Mesure du temps,
Demeure discrète
De la félicité !

Âme, lève-toi,
Mets ta robe de poésie
Et marche vers la Fleur pure !


Athanase Vantchev de Thracy

Marrakech, le 26 juin 2010

Glose :

Kram Ngoy (1865-1936) : poète classique cambodgien. Voilà ce que dit de lui Keng Vansak dans la Revue française, N° 206, janvier 1968 :

« C'est la tradition de réalisme critique et constructeur qui a permis l'éclosion d'un grand poète national khmer au siècle de la répression coloniale. C'est notre Kram Ngoy véritable poète populaire et patriote. Les vers coulaient naturellement de sa bouche sous forme de chants qu'il accompagnait lui-même de sa guitare monocorde. Cette guitare, il la promenait partout avec lui, rythmant ses poèmes qui jaillissaient de son coeur compatissant et de sa conscience douloureuse. En effet, il voyait les méfaits du pouvoir colonial contre lequel il ne pouvait pas grand-chose.

Alors, de village en village, de pagode en pagode, de maison en maison, il chantait la misère, la pauvreté et surtout le poids des impôts (même sur une poignée de riz) que les administrateurs coloniaux faisaient pleuvoir sur le dos des paysans khmers. Et cela sans aucune haine, mais avec un cri vibrant de douleur devant l'inertie, la paresse, l'ignorance et le manque de solidarité de ses propres compatriotes. Il ne pouvait croire que les Khmers vivant sur leur sol se laissaient dominer et exploiter par les riches commerçants chinois, lesquels " arrivaient de Chine juste avec un pantalon sur les genoux ". Tout cela " par la faute des Khmers eux-mêmes qui, par passivité, se contentaient de tout acheter sans rien produire ". Il pleurait devant l'abrutissement de ses compatriotes à cause des superstitions et des croyances absurdes entretenues par des personnes intéressées. Il souffrait de voir les religieux eux-mêmes se disputer au nom du nouveau ou de l'ancien Dharma et cela pour la même doctrine de Bouddha... Alors il exhortait ses compatriotes à la concorde, au travail, à l'étude, à la prise de conscience, et surtout à l'union nationale afin de mieux résister aux difficultés de la vie et à la rapacité des étrangers.

Tous ses chants ont fait l'objet d'un recueil de poèmes. Ils ont trouvé écho chez Mlle Suzanne Karpelès, alors directrice de l’Institut bouddhique de Pnom-Penh. Elle a accepté de les faire publier et en récompense à notre poète, elle lui a donné une piastre.

C'était peu, mais énorme par la signification d'un tel geste presque historique qui montrait que les Français n'étaient pas tous des colonialistes, mais qu'il existait bien parmi eux de savants défenseurs de la culture nationale khmère. »

vendredi 25 juin 2010

CODES

CODES

A Jorge Amado

« Fire in the heavens, and fire along the hills...”

(“Feu dans le ciel et feu le long des collines… »)

Christopher John Brennan

Jorge,
Jorge,
De nouveau les pêches
Mûrissent sous le soleil
Qui déverse son âme
Dans leur âme.

Un frêle oiseau, ami fidèle
Des fruits gorgés de lumière,
Chante et sautille à l’ombre
Des tendres feuilles de velours.

Dans sa voix,
Dans sa gorge minuscule
Danse la terre entière.

Ciel et abeilles,
Fleurs et fontaines
Etalent l’ondoyant voile
De leur joie sur le corps
Gracieux du matin.

Ah, Jorge,
Jorge,

Tous ces codes, ces signes,
Ces symboles,
Toutes ces clefs de sens
Qui nous échappent !

Athanase Vantchev de Thracy

Marrakech, le 25 juin 2010

Glose :

Jotge Amado (1912 – 2001) : un des plus grands écrivains du XXe siècle. Amado est né à Ilhéus dans l'État de Bahia (Brésil).Fils de João Amado de Faria et de D. Eulália Leal, Jorge Amado arriva en 1931 à Rio de Janeiro pour étudier le droit. Son œuvre, traduite en 40 langues, montre le plus souvent les bas-fonds des communautés noires et mulâtres de la province de Bahia où il a presque toujours vécu, si ce n'est, au début des années 1950, trois années d'exil politique à Paris et Prague.

Il est lauréat du Prix Lénine pour la paix en 1951 et du Prix Camões en 1994.

Christopher John Brennan (1870-1932) : célèbre poète australien, né le 1er novembre 1870 à Sydney où il mourut. Il a fait ses études au Saint Ignatius College, Riverview, à l’Université de Sidney et à l’Université de Berlin. Il fut disciple des symbolistes français.

jeudi 24 juin 2010

ATTACHEMENT

ATTACHEMENT

(φιλοστοργία)

« Brevitatis causa »


Je vous aime,
Et mon cœur le sait bien !

Face à la lune,
Face à la nuit,
Âmes en errance
Cherchant leur corps de jadis !

Le même temps
Dans tout :
Les fleurs, les rivières,
Les fruits,
Les yeux,
Le marbre,
Les sentiers !

Et ce dense,
Ce lourd tissu du langage
Qui attache l’intuition éloquente
Au monde
Des silences quotidiens !

Fleurs odorantes des pommiers,
Plumes de rouge-gorge
Glissant sur l’eau lisse
De la source !

Jours,
Jours,
Jours
Habituels,
Intimes,
Indéfinis !...


Athanase Vantchev de Thracy

Marrakech, le 24 juin 2010


Glose :

Brevitatis causa : expression latinen qui signifie « Dit brièvement ».

mercredi 23 juin 2010

LE VASE GREC

LE VASE GREC

A Boris Khmelnitsky

« Когда я ночью жду её прихода
Жизнь кажется висит на волоске… »

(« Quand la nuit j’attends son arrivée,
Ma vie semble suspendue à un cheveu… »

Anna Akhmatova
Muse

Ami,
Ce vase que je tiens
Avec tant de précaution fiévreuse
Dans mes mains,
Pourquoi m’émeut-il si fort ?

Quels furent les doigts agiles,
Les paumes appliquées
Qui ont fait surgir de la glaise aveuglement lourde
La légèreté de sa suprême élégance ?

Quel rêve de beauté
Ont-ils poursuivi,
Vers quelles origines
Tendaient leur extatique patience ?

Vase né de l’obscurité de la terre,
Toi qui as immortalisé la passion
D’une âme éthérée,
Le feu aérien d’un corps parcouru de frissons,
L’eau lustrale de deux yeux épris d’absolu,
La célébration d’une pensée avant la pensée !...

Vase,
Poème avant le poème,
Aube qui se donne aux palpitations du sang,
Tu es le chant immobile d’un cœur
Au raffinement vertigineux,
L’évidence rayonnante
De l’esprit attique !

Est-ce vous doigts tendres et souples,
Paumes brûlantes,
Qui avez peint sur sa face
La nudité solaire de l’éphèbe grec
Dont le vêtement flottant
Est la lumière même ?
Comme me fait trembler
Toute cette splendeur
Qui lie le souffle du simple quotidien
A la plus haute beauté,
A l’éclat sacré de l’être humain !....

Athanase Vantchev de Thracy

Marrakech, le 23 juin 2010.

Je dédie ce poème à la mémoire de l’Ami, à l’extraordinaire acteur Boris Khmelnitsky.


Glose :

Boris Alexandrovitch Khmelnitsky (Александрович Хмельницкий) – (1940-2008) : acteur de théâtre et cinéma russe. Il travailla longtemps au Théâtre Taganka à Moscou. Au cinéma, il est connu pour de nombreux rôles dans des films soviétiques d'aventure. Khmelnitsky joue Robin des bois, Prince Igor, le Capitaine Grant et beaucoup d'autres personnages. Le dernier film auquel il participa en 2008 fut sur Taras Boulba de Vladimir Bortko. Boris Khmelnitsky a reçu la décoration d’Artiste du peuple de l’URSS.

Il épousa l'actrice Marianna Vertinskaïa en 1975 et en divorça en 1981 ; ils eurent une fille, Daria Khmelnitskaïa.

Anna Akhmatova (Анна Ахматова) – (1989-1966) : nom de plume d'Anna Andreïevna Gorenko (Анна Андреевна Горенко), une des plus importantes poétesse russes du XXe siècle. Egérie des acméistes, surnommée la « reine de la Neva » ou « l'Âme de l'Âge d'Argent », Anna Akhmatova demeure aujourd'hui encore l'une des plus grandes figures féminines de la littérature de son pays.

L'œuvre d'Akhmatova se compose aussi bien de petits poèmes lyriques, genre qu'elle contribua à renouveler, que de grandes compositions poétiques, comme Requiem, son sombre chef-d'œuvre sur la terreur bolchevique. Les thèmes récurrents de son œuvre sont le temps qui passe, les souvenirs, le destin de la femme créatrice et les difficultés de vivre et d’ écrire dans l'ombre d’une Russie rouge.

mardi 22 juin 2010

ET NOUS NOUS EFFACONS

ET NOUS NOUS EFFAÇONS…

A Vladimir Vysotsky

« До свиданья, друг мой, до свиданья.
Милый мой, ты у меня в груди.
Предназначенное расставанье
Обещает встречу впереди. »

(« Au revoir, mon ami, au revoir, mon très cher,
Tu vis, tu respires à jamais dans mon cœur,
Le destin accompli par la main du Seigneur
Nous promet des rencontres plus fastes et plus claires. »

Sergueï Essenine,
Au revoir, mon ami, au revoir, mon très cher


« Frères humains qui après nous vivez,
N'ayez pas vos cœurs durcis à notre égard,
Car si vous avez pitié de nous, pauvres,
Dieu aura plus tôt miséricorde de vous… »

François Villon,
Ballade des pendus

I.

Ô poésie, toi qui viens à l’âme la nuit
Pour alléger la sinistre,
La poisseuse pesanteur du monde,
Tapisse de roses royales
Le silence éploré de mon cœur !

Mets ton ultime baiser
Sur les lèvres bleuies du poète,
Ton page étoilé, ton prince solaire.

Et vous, libellules, sœurs
De la nuit à la pureté fastueuse,
Approchez, je vous prie,
Emplissez de blanche lumière
Les mains à jamais jointes de l’Ami,
Faites-le respirer, libellules, faites-le chanter
Dans la sonore éternité
De ma poésie !

II.

Et toi, Ange de l’Aube,
Ange de la rosée et des larmes,
A présent qu’il dort
Dans le lit somptueux de ses chants,
Pose tes lèvres divines sur les lèvres bleues du poète,
Ton Frère en musique,
Ton Compagnon vêtu
Des sept couleurs de l’arc-en-ciel !

Fais-le, Ange,
Fais-le osciller
Jusqu’aux deux extrémités de son être.

III.

Pluies lyriques des âmes pures,
Vous qui buvez toujours le vin
De la lumière suave des rêves
Restez sans trêve assoiffés de baisers !

Tard, il est trop tard, ma Russie !
Réveille-toi, prends-le sur ton cœur millénaire
Toi, reine des neiges éblouissantes
Toi, ma Russie qu’il aimait tant !

Ô poèmes, petites barques fragiles
Que porte sur ses eaux mouvementées
Le fleuve incessant de la vie,
Des vies !

IV.

Ce voile léger du silence
Flottant sous le souffle invisible de la brise
Comme une révélation tangible d’un dieu caché
Derrières les formes, les sons et les mots,
Et désireux d’en boire toute la beauté.

Et cette Poésie flamboyante,
Chatoiement impérissable de l’âme,
Rayonnante dans son essentielle mobilité,
Planant sur son visage enfin accalmi
En signe palpable, en symbole céleste
D’élection !

V.

Et vient le vent du soir
Pour démêler les nœuds de tes cheveux rebelles
Comme un souffle de Dieu
Pour tendre le tissu blanc de l’éternité
Sur cette voix rédimée,
Pour surprendre l’évidence séraphique
Qui nous habite.

VI.

Toi, Volodia, toi qui savais,
En ta saignante intimité,
Que toute poésie
Est un aérien ordonnancement du monde,
Un avancement irrésistible du cœur qui sait aimer
Vers la résurrection
De la haute lumière
Qui vient d’un absolu
En nous semé dès l’origine !

Que de soupirs, de cris, de révoltes, de pleurs,
D’amour, d’inquiétude, d’enthousiasme
Dans la claire toile de tes chants
Que ta voix, déesse simple du quotidien, a tissée.


VII.

Toi qui, en te perdant dans le tissage de la miséricorde
Retrouvais spontanément les secrets du Ciel
Tissant le sens sacré
De l’existence !

Adieu, Ami,
Ainsi, à l’heure choisie par l’Ange,
Nous nous effaçons pour rejoindre
L’Arbre de la Vie sans mort
Ni souillure !

Attends-moi, là,
Debout, tendre, léger, souriant
A l’ombre de ses branches immortelles !...

Volodia,
Volodia,

Dehors, bleues et éthérées,
Ondoient les cimes gracieuses
Des bouleaux et des sapins
Russes !


Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 2 septembre 1980

Je dédie ce poème à l’ami, au poète, au compositeur, au barde de l’âme russe.

Je me suis permis d’adapter librement les célèbres vers d’Essenine.

Glose :

Vladimir Vysotsky (Влади́мир Семёнович Высо́цкий) - (1938-1980) : le plus célèbre poète et chanteur russe de la seconde moitié du XXe siècle.

Sergueï Alexandrovitch Essénine (Сергей Александрович Есенин) – (1895-1925) : un des plus grands poètes russe qui met fin à ses jours le 28 décembre 1925 à Leningrad.

François de Montcorbier dit Villon, né en 1431 à Paris, disparu en 1463, est un poète français de la fin du Moyen Âge. Il est probablement l'auteur français le plus connu de cette période. Les romantiques en firent le précurseur des poèmes maudits. Le poète choisira son pseudonyme à partir du nom du chanoine Guillaume Villon, professeur de droit ecclésiastique à Paris, qui le prit en charge alors qu'il était jeune orphelin.

Les seules sources contemporaines dont nous disposons concernant Villon sont, outre ses propres écrits littéraires, six documents administratifs relatifs à ses procès. Ainsi, il faut soigneusement séparer les faits établis avec une quasi-certitude de la « légende Villon » à laquelle il a lui-même largement contribué en se mettant en scène dans ses œuvres.

lundi 21 juin 2010

L'ARBRE FLEURI

L’ARBRE FLEURI

A Kevin

« Ni hual acic ye nican Ihuiya
Ye ni Yoyontzin Ehuaya
Zan ni kochiyee lehuiya »

(Ici je suis venu,
Je suis Yoyontzin,
Et n’ai que le désir ardent de fleurs. »

Nezalhualcoyotl

Vous étiez, mon Prince, le chantre Yoyontzin,
Le roi, le guerrier, le fils, l’ami des dieux,
Le buisson fleuri, la turquoise des cieux,
La vie des mots blessés, la clef de mon destin.

Athanase Vantchev de Thracy

Marrakech, ce lundi 21 juin 2010

Glose :

L’Arbre fleuri (Xochicuabuitl en nahuatl) est un arbre mythique d’où se répand dans le monde « le rayon du chant ». Autour de lui volent et chantent les âmes des poètes morts. Immortelles, ces âmes viennent y boire le miel de la divine poésie. L’Arbre fleuri symbolise également l’union des poètes de tous les temps.

Nezahualcoyotl (1402-1472 ap. J.-C.) : dirigeant (tlatoani) de la ville de Texcoco de 1431 à 1472, capitale de la seigneurie d’Acolhuacan située dans la vallée de Mexico au Mexique. Egalement poète, architecte et philosophe reconnu, il fut une des personnalités les plus importantes de la Mésoamérique postclassique. Il fut incinéré avec ses habits de prince, insignes et pierres précieuses. Son nom signifie littéralement « coyote affamée » en nahuatl. Il fut surnommé Yoyontzin, « vénérable qui va l’amble ». Sa poésie, simple et raffinée fait de lui un des plus grands chantres précolombiens de l’Amérique.

vendredi 11 juin 2010

MAHMOUD DARWICH

MAHMOUD DARWICH

« Il n'y a d'amis, d'épouses, de pères et de frères que dans la patrie.
L'exilé partout est seul. »

Félicité de Lamennais
Extrait de Paroles d'un croyant

Tu es la Palestine, la brise dans ses vergers,
Ses yeux illuminés par les ressacs du cœur,
Tu es sa terre en feu, son sang, sa haute douleur,
Le tems sans temps du sang, la rage des êtres vrais !

Toi qui pour patrie, n’avait que ton génie,
Les feuilles des peupliers et le soleil des mots,
La mémoire des dieux, les cris des oiseaux,
Les vieux oliviers et l’incessante nuit,

Tes pleurs nourris de sel, ta chair blessé d’amour,
Tes mains qui veulent saisir l’arôme des pommiers
Et caresser la face de l’histoire qui tait

Les cicatrices de l’âme, le livre des vautours !
Ô Palestine meurtrie, accueille dans clarté
L’Archange du Verbe céleste, le Guide des égarés !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 12 juin, Anno Domini MMX

J’ai écrit ce poème à l’occasion de l’inauguration de la Place Mahmoud Darwich à Paris qui aura lieu le lundi 14 juin 2010, à 9h15. Je porte une véritable admiration à sa vie et à son œuvre. Paix et Lumière à ton âme, Ami et Frère !

Site poétique : http://www.athanase.org

Glose :

Mahmoud Darwich (en arabe : محمود درويش) – (1941 -2008) : le plus grand poète palestinien de tous les temps.

Engagé corps et âme dans la lutte de son peuple, il n'a pour autant jamais cessé d'espérer la Paix. Mahmoud Darwich était le président de l'Union des écrivains palestiniens. Il est l’auteur de vingt volumes de poésie et de sept livres en prose. Il fut le rédacteur de plusieurs publications, comme Al-jadid - (الجديد - Le nouveau), Al-fajr (الفجر - L'aube), Shu'un filistiniyya (شؤون فلسطينية - Affaires palestiniennes) et Al-Karmel (الكرمل).

Il est reconnu internationalement pour sa poésie profondément marquée par sa nostalgie de la patrie perdue. Ses œuvres lui ont valu d’innombrables récompenses. Elles ont été traduites dans plusieurs langues !

Après avoir reçu les honneurs à Amman en Jordanie où sa dépouille était arrivée des États-Unis, il a eu des obsèques nationales à Ramallah en présence de nombreux dignitaires palestiniens dont le président de l'autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Il est enterré dans un lopin de terre près du palais de la Culture de Ramallah.


Hugues Félicité Robert de Lamennais (1782- 1854) : issu d'une famille pieuse de petite noblesse bretonne, il fut ordonné prêtre en 1816. Philosophe chrétien, connu pour être un personnage ultramontain, Lamennais peut être considéré comme le précurseur du catholicisme libéral, du catholicisme social, ainsi que de la démocratie chrétienne.

Il commença par traduire L'Imitation de Jésus-Christ, célèbre œuvre de dévotion de Thomas a Kempis. Dans son livre Essai sur l'indifférence en matière de religion, écrit de 1817 à 1823, il critiqua l'université napoléonienne et le gallicanisme. Il fut dit de cet ouvrage qu'il « réveillerait un mort ». Ce fut un immense succès de librairie.

En 1825, il publia De la religion considérée dans ses rapports avec l'ordre politique et civil. Il rencontra Auguste Comte cette même année.

En 1828, il fonda la Congrégation de Saint-Pierre, destinée à former un clergé savant, capable de répondre aux attaques des philosophes, de mieux comprendre son temps et de rétablir l'autorité du pape en France. En 1829, il publia Les progrès de la révolution et de la guerre contre l'Eglise.

En 1830, il fonda, avec Montalembert et Lacordaire, le journal l'Avenir, plaidant pour la liberté de l'enseignement et la séparation de l'Église et de l'État.

En 1831, révolté par la condamnation du soulèvement de la Pologne, il s'opposa au pape Grégoire XVI. Il considérait que le pape voulait défendre davantage les princes que le peuple. Le pape condamna son journal en 1832 par l'encyclique Mirari vos.

En 1834, il publia ses Paroles d'un croyant, ouvrage lyrique, rempli de violence et de plaintes, qui marqua sa rupture avec l'Église (encyclique Singulari nos). Dans cet ouvrage, il constatait et déplorait le « désenchantement » du monde, et lançait un appel pressant à la liberté de l'Église, à partir duquel, il commença à développer les tendances socialistes et démocratiques du message évangélique.

En 1837, il publia le Livre du peuple, véritable ouvrage de combat. Il se lia d'amitié avec le patriote canadien Louis-Joseph Papineau lors du voyage de celui-ci en France. Il continua de prendre le parti du peuple, et en 1841, après avoir attaqué le gouvernement royal, il fut condamné à un an de prison. Par la suite, après avoir fondé le journal Le Peuple, il continua à professer un libéralisme populaire. Entre 1841 et 1846 il écrivit Esquisse d'une philosophie, dans lequel il développa sa conception d'un christianisme sans Église, capable de regrouper les masses pour les conduire au progrès par la charité. En 1848, il se fit élire député à l'Assemblée constituante, mais suite au coup d'État du 2 décembre 1851, il se retira dans sa propriété de la Chesnaie en Bretagne.