ALBANIE
A Arviol Lika
« L’amour est libre comme une main sur le sable »
Primo Shllaku
Ma tendre Albanie, pays des aigles clairs,
Montagnes vertigineuses, vallées énigmatiques,
Autel illyrien où les seigneurs auliques
Sont morts en défendant tes fanions fiers !
Agron, roi antique, tu peux dormir heureux,
Tes fils ont sauvegardé les limes de ton pays,
Bénis soient saint Paul et l’âme de saint Asti
Pogron et Skanderbeg, Bushati, prince des preux !
J’aime ton ciel vierge, la mer Adriatique,
Tes cimes où dort l’azur, tes lacs et tes forêts,
Les blancs voiliers qui ornent la mer Ionique,
L’arôme de tes fruits, tes hommes, tes chants de paix !
Et le soir venu, sous le murmure des vents
Epris de ta beauté, je sens vibrer ton sang !
Athanase Vantchev de Thracy
Marrakech, le 28 juin 2010
Glose :
Albanie : Superficie : 28 748 km2, population : 3 619 778 habitants en 2008, capitale : Tirana.
Les Albanais descendent des Illyriens, peuple indo-européen qui s'est installé dans la région de la côte dalmate au XXe siècle av. J.-C. au nord, au moins jusqu'à Save, à l'est jusqu'à la Morava du Sud, et dans le cours supérieur du Vardar. Le texte le plus ancien mentionnant l'existence des Illyriens remonte à Hérodote, au milieu du Ve siècle av. J.-C.
Un royaume illyrien s’est ainsi étendu de la côte dalmate aux régions côtières de l’Albanie actuelle (incluant la Croatie actuelle, le Monténégro, la Bosnie et le Kosovo) et a atteint l’apogée de sa puissance sous les règnes du roi Agron, et de sa fille, la régente Teuta (dont la capitale Shkodër ou Shkodra, (Scutari en italien), était situé au nord de l'Albanie) au milieu du IIIe siècle av. J.-C. Ce royaume est devenu une forte puissance maritime, mettant ainsi en danger le commerce de la République romaine. En conséquence, en 168 av. J.-C., Rome conquiert l’Illyrie, qui reste sous son autorité pendant plus de cinq siècles. La région est christianisée du Ier siècle au IIe siècle notamment par saint Asti et saint Paul, et demeure majoritairement catholique durant 18 siècles. L'Illyrie devient un centre important reliant Rome et Byzance par la Via Egnatia.
Le nom d'Albanoï apparaît pour la première fois au IIe siècle, dans un texte du géographe Ptolémée. Ce nom réapparaît ensuite régulièrement, à partir du Xe siècle, sous la plume des chroniqueurs byzantins.
À la suite du partage de l’Empire romain en 395, l’Albanie est intégrée à l’Empire d’Orient (Byzance). Les provinces illyriennes sont dévastées par des tribus nomades, les Goths au IVe siècle et les Huns au Ve siècle, les Slaves au VIe siècle et les Bulgares au VIe et VIIe siècles. Craignant d’être submergés, les Albanais, migrent vers le sud et se concentrent dans les régions montagneuses escarpées correspondant au nord de l'Albanie actuelle (presque 3 000 mètres d'altitude) où ils restent sous la tutelle théorique de l’Empire byzantin.
Conquête ottomane
À la fin du XVe siècle, l’Albanie fut conquise par les Ottomans, en dépit d’une farouche résistance nationale rassemblée derrière le seigneur Georges Kastriot Skanderbeg (1403-1468), fils du prince d'Epire Gjon Kastrioti (Jean Castriote). Pendant près d’un quart de siècle, ce héros national - salué par les papes Nicolas V et Pie II du nom de « champion du Christ » - infligea de rudes défaites aux troupes turques, sans pouvoir toutefois les chasser définitivement. Après la mort de Skanderbeg, les provinces albanaises retombèrent dans leurs déchirements féodaux, et le sultan Murat II acheva d’abattre ce "rempart papiste".
De nombreux Albanais fuirent alors vers l’Italie, formant la communauté des Arbërresh, qui existe encore aujourd'hui.
L’histoire de l’Albanie sous l'occupation ottomane, du XVIe jusqu’à 1912, fut marquée par une succession de révoltes qui échouèrent toutes dans le sang ; les plus célèbres furent celle des Bushati à Shkodra (1796), et celle d’Ali Pacha (1822), en Epire. Au cours des XVIe et XVIIe siècles, le pays s’islamisa, peut-être à cause des réductions fiscales accordées aux convertis. Certains d'entre eux devinrent par la suite des soldats ou des fonctionnaires de l’Empire ottoman (on compte notamment plusieurs vizirs et cinq grands vizirs albanais).
La conclusion de la guerre russo-ottomane de 1877-1878 annonça le réveil du sentiment national albanais. En effet, le traité de paix cédait aux états balkaniques victorieux la totalité du pays : le Sud aux Grecs, le Nord aux Serbes et l’Est aux Bulgares. Pour faire face à ce démembrement, les représentants des diverses communautés albanaises se réunirent à Prizren et décidèrent de créer une ligue armée dans le but de se défendre et d’obtenir l’autonomie. Connue sous le nom de Ligue de Prizren, cette union fut dissoute par les puissances européennes mais demeura une étape importante vers l'indépendance.
Indépendance
Indépendante depuis 1912, l'Albanie attendra 1918 pour être fixée dans ses frontières actuelles, alors que la moitié de ses terres est partagée entre le Monténégro, la Serbie, la Macédoine et la Grèce. Elle connaît alors une courte période démocratique (marquée notamment par Fan Noli), avant d'être soumise à un régime autocratique du Président Ahmed Bey Zogu, qui se proclame ensuite roi des Albanais. Cependant, nul ne peut nier les efforts de Zogu pour moderniser l'Albanie. Ainsi, sous son régime, est promulgué un Code Civil, d'après le code suisse, une Banque Nationale est créée, la reforme agraire donne de la terre aux paysans et la presse connaît un essor pendant les années 1920–1930.
En 1939, le pays est occupé par l’Italie; la couronne du Royaume d'Albanie passe alors au roi Victor-Emmanuel III. L’Albanie devient un protectorat italien. La résistance albanaise s'organise autour du Parti communiste d'Albanie, sous la direction d'Enver Hoxha et en liaison avec le mouvement de Tito en Yougoslavie. Le 16 septembre 1942, la première Conférence de libération nationale, à Peza, regroupe les communistes, les monarchistes, les nationalistes républicains du Balli Kombëtar et le mouvement des frères Kryeziu. Cette conférence donne naissance au Mouvement de Libération National - LNÇ (MLN ou en albanais LNÇ, Levizje Nacional Çlirimtare) dirigé par huit membres dont Enver Hoxha et Abaz Kupi. Ce dernier, exclu du MLN en novembre 1943 quand le mouvement passe sous le contrôle exclusif des communistes, fonde le parti de la Légalité (Legaliteti), fidèle au roi.
Dès avril 1943 le SOE (Special Operations Executive - en français : Direction des opérations spéciales) parachute des équipes pour encadrer les maquis de résistance, au départ sans considération politique. La Première brigade de partisans de Mehmet Shehu, celle qui assurera la reconquête du pays à l'automne 1944, est d'ailleurs instruite par Neil McLean, David Smiley et Julian Amery. À partir de la fin 1943, les Britanniques vont essentiellement soutenir la résistance nationaliste et royaliste, comme en Yougoslavie.
La période communiste
L'Albanie connaît un gouvernement communiste stalinien après sa libération totale en novembre 1944. En effet, le leader communiste stalinien Enver Hoxha devient Président d'une république populaire proclamée le 11 janvier 1946 et s'installe, de fait, en dictateur du pays. L'Albanie est dès lors coupée du reste du monde jusqu'en 1990 avec la chute du régime. L'Albanie est cependant reconnue par la France du général de Gaulle dès janvier 1946. La France sera d'ailleurs l’un des seuls pays occidentaux, avec l'Italie, l'Autriche et la Suisse, à entretenir des relations diplomatiques avec l'Albanie communiste.
La Grande-Bretagne et les États-Unis tenteront en 1949–1951, en pleine Guerre froide, de renverser le régime communiste en infiltrant des commandos de réfugiés politiques albanais. Ce projet Valuable échouera du fait de la trahison de l'agent double Kim Philby.
La transition du communisme au capitalisme s’est avérée extrêmement difficile pour la population : des gouvernements faibles et parfois corrompus ayant dû faire face à un très fort taux de chômage (estimé à 40 % après la crise économique de 1989–1992), un chaos consécutif à l’effondrement d’un système frauduleux d’envergure nationale d’investissement pyramidal (mars 1997), une grande insécurité et d’importants mouvements d’émigration (principalement vers la Grèce et l’Italie) puis d’immigration suite au conflit du Kosovo voisin, en 1998-1999.
Primo Shllaku (né en 1947) : un des plus grands poètes contemporains albanais.
lundi 28 juin 2010
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