jeudi 31 octobre 2013

Naim Frashëri ( en russe)






Наим Фрашери

«Дыши...
Из книг и слов рождаются химеры,
а из химер, порой, рождается союз».

Джалаль ад-Дин Мухаммад Руми


Милая Албания,
Уж осень полнится обилием плодов,
Дарами щедрыми заботливого лета!

Ветер несёт раны страны
Над желтеющими долинами
И луна свивает уютное гнёздышко
В причёсках девушек скиптар!

Наим, мой Брат, мой Друг!
Слова твои подобны
Сверкающим дождинкам,
И оседают на губах,
Что грезят о свободе и любви!

Бури поселились
В твоих бережных объятьях,
И рушат утёсы ненависти
На наших устах!

Светлая Албания и ты,
Как два сияния в одной душе,
Два головокружения в едином сердце!

Твоя воздушная мысль
Вобрала всю воду тёплых морей,
Всю красоту утёсов,
И мрачные тайны
Бездонных глубин Господа!

О, чудесные контуры
Бесконечности,
Голубь, что чертит своими крыльями
Нежный алфавит любви!

Друг моих суровых ночей,
Твой голос исцеляет боль
Плачущих сердец,
Что так отдалились
От наших поцелуев!

Читаю твою книгу. Строк лазурь,
Они теперь всегда стоят перед глазами,
Те строки страстью полнятся,
Что некогда, старательной рукой,
Ты вывел под диктовку
Божественного Ангела Познанья!

Албания, грустишь ли ты
Видя, как расцветают на твоей скромной мантии
Чудесные цветы иллирийских земель?

Улыбнись, мой Брат, царству Красоты.
Не бойся, Фрашери, Товарищ мой,
В сиянии Веры
Мы умираем в жизни,
Но жизнь продолжается,
И неизбывная нежность твоего народа
Покрывает розами твою память,
Хранит бесценное сокровище
Твоих поэм!

Париж, 30 сентября 2013 года
  


Visar Zhiti



VISAR ZHITI

« Lumière éteinte de la lampe d’argent,
Spirales d’encens envolées »

            Kouan Han-k’ing

Visar, mon Ami illyrien,
Homme fin et clair,
Comme est envoûtante
L’harmonie concertée
De ta poésie qui lie si adroitement
Musique et sens !

J’entends la fuite du sable
Sous tes pieds et dans ton âme !

Comme tes ancêtres
Qui se sont perdus dans le cœur du temps,
Eux dont les regards perçants
Et les lèvres assoiffées de tendresse
Ont aimé la chaude beauté
Du vent malicieux,
Tu chéris la peau nacrée de ta patrie !

Toi qui as fait de la souffrance
La plus douce des sérénités
Toi qui as conté tes errances bouleversantes
Et chanté toutes les cicatrices des choses
Comme Giulio Romano
A peint à Mantoue
Le cadastre chantant du ciel. 

Nous, pauvres Œdipe,
Nous arrivons toujours
Au carrefour de l’irréparable !

Défis, sermons,
Aventures, combats rêvés,
Irréelles victoires,
Tu as su faire apparaître
La splendeur de l’univers
Dans la flamboyance de tes mots.

Visar, mon Ami, comme moi,
Sacrifie un coq à Asclépios,
Au dieu qui seul fait guérir de la vie !


            Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 11 octobre 2013

Glose :

Kouan Han-k'ing (milieu du XIIIe siècle) : l'un des premiers et des plus grands dramaturge de la dynastie chinoise des Yuan (1279 - 1368)

Giulio Pippi de’ Jannuzzi, dit Giulio Romano et connu aussi en France sous le nom francisé de Jules Romain (Rome vers 1499 – Mantoue 1546) : peintre, architecte et décorateur italien, l'un des premiers artistes maniéristes de la Renaissance, l’élève favori de Raphaël.

Œdipe (en grec ancien Οἰδίπους / Oidípous, littéralement « pieds enflés ») est un héros de la mythologie grecque. Il fait partie de la dynastie des Labdacides, les rois légendaires de la ville de Thèbes. Fils de Laïos et de Jocaste, Œdipe est principalement connu pour avoir résolu l'énigme du sphinx et s'être rendu involontairement coupable de parricide et d'inceste.
Asclépios (en grec ancien Ἀσκληπιός / Asklêpiós, en latin  Aesculapius) est dans l'épopée homérique un héros thessalien puis, à l'époque classique, le dieu de la médecine. Fils d'Apollon, il meurt foudroyé par Zeus pour avoir ressuscité les morts avant d'être placé dans le ciel sous la forme de la constellation du Serpentaire.
Il correspond à l'Esculape romain, dont le nom est une traduction en alphabet latin du dieu grec, et à l'Imhotep égyptien. Son attribut principal est le bâton d’Asclépios autour duquel s'enroule un serpent, aujourd'hui symbole de la médecine.
Son principal lieu de culte est situé à Épidaure, où il guérit les pèlerins par incubation. Il est invoqué dans le serment d’Hippocrate aux côtés de son père Apollon et de ses filles Hygie et Panacée. Il est l'ancêtre mythique des Asclépiades, une dynastie de médecins exerçant à Cos et Cnide dont Hippocrate est le plus illustre membre. Incubation (n.f.) : terme à l'origine scientifique introduit avant le XVIe qui dérive du latin incubare, littéralement « poser dessus », dont dérive aussi son synonyme populaire plus ancien « couvaison », acte des oiseaux qui réchauffent leurs œufs, entre la ponte et l’éclosion. De cet acte, de nombreux sens dérivent, tant biologique, sociologique que religieux.





lundi 21 octobre 2013

Manlio Argueta (français - anglais)

MANLIO ARGUETA

« L'enfance, c'était, dans la nuit, penser au jour qui viendrait,
mamans malades, et papas qui ne venaient jamais,
frères qui s'en allaient, vous oubliant bientôt
à mesure qu'ils ne revenaient plus chez nous. »


Manlio Argueta

Frère, tu es resté magnanime
Dans toutes les cruelles circonstances
De ta vie orphique !

L’insensée et violente vanité
N’a jamais pu crucifier
Ton cœur de pur diamant !

Toi,
L’homme allégrement innocent
Et obstinément heureux !

Toi,
Qui avances par béances successives
Vers l’essentiel !

Ce soir, ému jusqu’aux larmes,
Incroyablement dilaté par notre proximité,
Je lis tes vers
Et ferme la porte
Pour que l’austère vent d’octobre
N’entre pas dans la maison.

Oh, comme tout ce que ton âme émerveillée,
Etrangère à toute sourde violence,
Touche de son regard vierge
Devient plaisant, nostalgique, élevé !

Tu as des secrets impalpables,
Des tiges de tournesol pour sabre,
Des raisins d’ambre pour dire ta
Périlleuse tendresse !

Suspendu dans la splendeur impériale des jours
Tu rends plus acceptable, plus accueillante
Ma pauvreté dans sa pure et vibrante quiétude !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 5 octobre 2013



Glose :

Manlio Argueta (né à San Miguel, Salvador, en 1935) : poète, écrivain et critique littéraire salvadorien. Il commence à écrire de la poésie à l’âge de treize ans. Il cite Pablo Neruda et García Lorca comme ses premières influences poétiques. En 1956, il remporte le Grand Prix National de Littérature. En raison de ses écrits critiquant le gouvernement, il est contraint à l’exil au Costa Rica (1972). Il regagne le Salvador au début des années 1990. Manlio Argueta est Directeur de la Bibliothèque Nationale du pays.  Son roman « Un jour comme tant d’autres » a été publié en France (l’Harmattan).

Manlio Argueta

‘Childhood for me meant nights spent thinking about the coming day, sick mothers, absent fathers, departed brothers who soon forgot you as they never again returned home.’
Manlio Argueta

Brother, you remained magnanimous
Despite the many cruel circumstances
Of your Orphic life!

Senseless and violent pride
Could never crucify
Your heart of pure diamond!

You,
A man cheerfully innocent
And obstinately happy!

You,
A man who pushes on through your wounds
Towards the essential!

Tonight, moved to tears,
Tears that more readily because we are so near in spirit,
I read your verse
And close the door
To stop the harsh October wind
Entering the house.
Oh, how everything that your wonderstruck soul,
Alien to all tacit violence,
Touches with its innocent eyes
Becomes droll, nostalgic, noble!

You have secrets that can’t be touched,
Sunflower stalks for a sabre,
Yellow grapes to speak of
Your vulnerable tenderness!

Aloft in the imperial splendour of days
You render my poverty more acceptable,
More welcoming in its pure and vibrant quietness!

Translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges

lundi 14 octobre 2013

Exaltataion ecclésiale - Desmond Egan (en anglais)

ENGLISH :

Ecclesial Exaltation

For Desmond Egan

You, my closest neighbour,
You exceed my liveliest hope,
You are present to me as if it were myself.

I’d like to give you the fine fruits of my orchard,
The luxuriant flowers from my garden,
The song of the blue tits that adorns the blue morning sky,
The house of my grandparents,
The ethereal country home of my childhood.

You preside over this day,
Part of the dynasty of love.
The sumptuous citadel
Where the scrolls are kept
Of all the hymns exalting Life!

Even without seeing you, I recognise your breath,
You who are the circle of taciturn knowledge,
The elegant line joining
Heart with heart!

I mould my face to yours,
I surround your name with balm,
I close over your words
Like a flower closes in on itself.

For,
Within the weaving
Of great new beginnings,
You, my impalpable cousin, are
The long road of the soul
Which ends in the soul itself!


Translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges

Lionel Ray (en anglais)

Lionel
Ray

‘Man has no need of anything except his feet in order to trip over…for everyone carries the same miserable stumbling block inside themselves.’
Heinrich von Kleist

Voices that make the soul rejoice,
Lines of an autumnal sadness
Shot through with lightning flashes of tenderness and grace,
Delicate music
That puts the heart in fiery disorder!

And this wandering life,
A life of nostalgia and mauve madness
Which jumps at the throat of any soul
Hunched over your poems!

Doric structure,
Plaintive undulating verses
Wedded in silence to the perfection of your dreams,
The green channels of your blood
Full of frail convolutions
And a purple desire for the beyond!

I think of you,
Of your loving hands –
Skilful embroiderers of cross stitch!

Beneath your velvet eyelids
The glorious tree of France grows
And in the deep night of your body
Still living and vigorous, shine
The immense stars
Of the Midi’s skies, heavy, light, broken!

No, my Friend, Roman theatres
Are not places where nothingness dwells!


Translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges

Peter Poulsen (en anglais)

Peter Poulsen

A sorrow never complete,
A despair never absolute!

The apple blossoms
In the modest orchards of the North
Know nothing of how women wielded the noble kaiken dagger
But, smiling, celebrate
Their innocent nuptials
With the floating purity of the sky.

O Poet of disquiet,
Emancipator of the spirit,
How difficult it is to pass through
The tortuous labyrinth
Of memory, our infinity!

We like to walk, Peter,
On the high ground of repentance
And live beyond the horizons
Of the calendar!

We move forward towards the brightness of the gods
With the days which question
The wisdom of the thistles
That grow on both sides
Of the road,
While the melodious swallow
Discretely espouses the cause
Of exhausted souls.

Peter, my Friend,
It’s not true
That there is no hope
In Sophocles’ tragedies!

Translated into English by Norton Hodges

Tua Forsström (en anglais)


ENGLISH :


Tua Forsström

‘One stray look and you’ll fall
Into a strange country, the strangeness will fall
Through you, just as I fell out of
The world’s confines, and am still falling.’

Jyrki Kiiskinen

Finland of snowdrops,
Finland of sparkling slender
Birch trees!

And you, Tua, small frail and radiant fairy
Among the dewy grasses of morning!

How vast are the blue spaces
Of your soul!
How well you know the art of filling your eyes
With crystalline joy
And the freshness of wild strawberries!

I can hear the rhythm of
Your Gothic words
By the Finnish lakes
That caress with clear waters
The chivalrous face of the sun!

And all around your laughing eyes
There reigns, like a passion
Which exists far beyond itself,
The passion of your inner world !

Your slow descent
Into the very depth of the heart
Makes my fingers tremble!

I hear the feverish incantation of the forests,
And words of celebration
Made holy and vertiginous!

Your lines wear fine red dresses,
Your syllables are deep ruby,
And your Finnish consonants are like crimson raspberry canes
Extolling the overwhelming clarity
Of the North’s endless daylight dressed in
Vast silent water lilies!

Translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges

L'esthétique de la liberté - Fatos Arapi (en anglais)


The Aesthetic of Liberty
For Fatos Arapi

‘There is no other dwelling place except here,
Watching dawn break, that is apart from death’
Piero Bigongiari

Your words blaze with virtuosity
In the calm air of Vlora,
That city set upon the open waters
Of the Adriatic Sea
With a face as loyal as a crystalline dawn!

And it is the coherent Beauty of this sea coast
That neither human renunciation nor happenstance
Have been able to make any less striking!

The bewitching music of your verse,
Is like a lamp lit in the great night
Of the heart’s intense solitude!

And your soul woven with brightness,
Is a kingdom promising great flowering,
Winning compassion and
Pharaonic generosity!

You are the Illyrian singer
Who has carved the happiness
Of faith out of horror
And adorned the name of your homeland
With the words absolute and infinite!

Your writings, all ardour,
Are continents of light
That stand against the inconstant  darkness of our times!...

And today you are singing
Through these, my loving precepts!

Friend of the waves,
Don’t let the tears of an innocent god
Fall upon our wounds!


Translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy

vendredi 11 octobre 2013

Peter Poulsen



PETER POULSEN


Une douleur jamais pleine,
Un désespoir jamais absolu ! 

Les fleurs des pommiers
Des modestes vergers du Nord
Ignorent la noble frappe du kaïken
Et fêtent, souriantes,
Leurs noces innocentes
Avec la flottante virginité du ciel.

Ô Poète inquiéteur,
Emancipateur de l’esprit,
Comme il est difficile de parcourir
Les sinueux labyrinthes
De notre infinie la mémoire !

Nous aimons marcher, Peter,
Dans les hauteurs de la repentance
Et vivre au-delà des horizons
Du calendrier !

Nous avançons vers la clarté des dieux
Avec les jours qui interrogent
La sagesse des chardons
Qui poussent des deux côtés
De la route,
Pendant que l’harmonieuse hirondelle
Épouse discrètement la cause
Des âmes éreintées.

Peter, mon Ami,
Il n’est pas vrai
Qu’il n’y a plus d’espoir
Dans les tragédies de Sophocle !

            Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 10 octobre 2013

Glose :

Peter Poulsen (né le 29 Juillet 1940) : écrivain et poète danois.  Il a traduit plusieurs auteurs étrangers dont Fernando Pessoa, le prince Henrik, Jorge Luis Borges et Charles Baudelaire.

Peter Poulsen a fait des études littéraires à l'Université de Copenhague. Il a passé quelques années au Brésil.

En 1966, il débute dans la poésie. En 1991, il épouse l’écrivain et traducteur Vibeke Eskesen.

Kaïken (n.m.) : petit sabre japonais, plus petit que le tantô, qui s'apparente plutôt à un couteau de par sa taille (environ 15 cm). Il était porté par les femmes de samouraïs,  soit dans les manches de leur kimono, soit passé dans leur obi. 
Outre son rôle de défense de celle qui le détenait, le kaiken portait en lui deux valeurs symboliques dont une particulièrement décisive : il était généralement offert par le mari, ou la famille du mari à l'occasion du mariage et marquait le lien indéfectible de l'épouse à son époux. Le perdre ou s'en séparer était significatif de déshonneur avec les conséquences que l'on connaît dans la civilisation japonaise féodale. Par ailleurs, le kaiken servait d'arme au suicide de l'épouse par perforation de la carotide dès lors que son mari, frappé d'infamie ou de déshonneur devait se donner le seppuku. Le kaiken rappelait ainsi à l'épouse sa dépendance à son époux. Il avait donc auprès de la femme un rôle similaire au wakizashi pour le samouraï.
Le kaïken-jutsu désigne l'art martial japonais consistant à manier les couteaux. Le kakushi désigne l'art de manier les armes cachées, comme les kaiken et les shuriken.
Sophocle (en grec ancien Σοφοκλῆς / Sophoklễs), né à Colone en 495 av. J.-C. – mort en 406 av. J.-C. L’un des trois grands tragiques grecs avec Eschyle (526-456) et Euripide (480-406). Il est l'auteur de cent vingt-deux pièces, mais dont seules sept nous sont parvenues.

jeudi 10 octobre 2013

Tua Forsström (en anglais)




ENGLISH :

Tua Forsström

‘One stray look and you’ll fall
Into a strange country, the strangeness will fall
Through you, just as I fell out of
The world’s confines, and am still falling.’

         Jyrki Kiiskinen

Finland of snowdrops,
Finland of sparkling slender
Birch trees!

And you, Tua, small frail and radiant fairy
Among the dewy grasses of morning!

How vast are the blue spaces
Of your soul!
How well you know the art of filling your eyes
With crystalline joy
And the freshness of wild strawberries!

I can hear the rhythm of
Your Gothic words
By the Finnish lakes
That caress with clear waters
The chivalrous face of the sun!

And all around your laughing eyes
There reigns, like a passion
Which exists far beyond itself,
The passion of your inner world !

Your slow descent
Into the very depth of the heart
Makes my fingers tremble!

I hear the feverish incantation of the forests,
And words of celebration
Made holy and vertiginous!

Your lines wear fine red dresses,
Your syllables are deep ruby,
And your Finnish consonants are like crimson raspberry canes
Extolling the overwhelming clarity
Of the North’s endless daylight dressed in
Vast silent water lilies!

Translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges

mercredi 9 octobre 2013

Exaltation ecclésiale (en anglais)



ENGLISH :

Ecclesial Exaltation

For Desmond Egan

You, my closest neighbour,
You exceed my liveliest hope,
You are present to me as if it were myself.

I’d like to give you the fine fruits of my orchard,
The luxuriant flowers from my garden,
The song of the blue tits that adorns the blue morning sky,
The house of my grandparents,
The ethereal country home of my childhood.

You preside over this day,
Part of the dynasty of love.
The sumptuous citadel
Where the scrolls are kept
Of all the hymns exalting Life!

Even without seeing you, I recognise your breath,
You who are the circle of taciturn knowledge,
The elegant line joining
Heart with heart!

I mould my face to yours,
I surround your name with balm,
I close over your words
Like a flower closes in on itself.

For,
Within the weaving
Of great new beginnings,
You, my impalpable cousin, are
The long road of the soul
Which ends in the soul itself!


Translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges

Tua Forsström



TUA FORSSTRÖM

« Un seul regard égaré et tu tomberas
en terre étrange, l'étrange chutera
à travers toi, comme j'ai chuté
des confins du monde, et chute encore. »

Jyrki Kiiskinen


Cette Finlande des perce-neige,
Cette Finlande des bouleaux étincelant
De sveltesse !

Et toi, Tua, petite fée frêle et rayonnante
Parmi les herbes humides du matin !

Comme sont vastes les espaces bleus
De ton âme !
Comme tu sais remplir ton regard
De joie cristalline
Et d’émerveillement de fraises de bois !

Je t’entends scander
Les mots gothiques de tes poèmes
Près des lacs de Finlande
Qui caressent de leurs eaux transparentes
Le visage chevaleresque du soleil !

Et tout autour de tes yeux rieurs
Règne comme une passion
Qui existe au-delà de son être,
Une passion en elle-même !

Cette lente descente
Au tréfonds du cœur
Fait frémir mes doigts !

Fiévreuse incantation des forêts,
Sacralisation vertigineuse
Des mots en fête !

Des vers en robe d’un beau rouge,
Rubis profond des syllabes,
Et vous, pourpres framboisiers des consonnes finnoises
Qui exaltent la bouleversante limpidité
De ce jour perpétuel du nord vêtu de
Grands et taciturnes lis d’eau !

            Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 8 octobre 2013

Glose :

Tua Forsström ( né le 2 Avril 1947 à Porvoo, Uusimaa de l'Est ) : poétesse finlandaise qui écrit en suédois. Elle a reçu le Grand Prix de littérature du Conseil nordique en 1998.

Jyrki Kiiskinen (né en 1963 à Helsinki) : poète et écrivain finlandais. Jyrki Kiiskinen a travaillé de 1991 à 1994 comme rédacteur en chef de la revue littéraire Nuori Voima (Jeune Force), creuset du renouveau littéraire de la Finlande. Il a ensuite dirigé la revue internationale Books from Finland de 1995 à 2000. Après cinq recueils de poèmes, trois romans et plusieurs livres pour enfants, il figure aujourd’hui parmi les écrivains de tout premier rang de sa génération avec le Prix Eino Leino 1992, le Prix K. Jäntti 1994, et le très prestigieux Prix de l’Ours Dansant en 2000.









Lionel Ray



LIONEL RAY

« Il n'est pas besoin à l’homme d’autre chose que ses pieds pour qu’il trébuche… car sa misérable pierre d’achoppement, chacun la porte en soi ».

            Heinrich von Kleist


Des voix qui font exulter l’âme,
Des vers d’une tristesse automnale
Traversés d’éclairs de tendresse et de grâce,
Musique délicate
Qui met en fougueux désordre le cœur !

Et cette vie d’errance,
De nostalgie et de démence mauve
Qui bondit à la gorge de l’âme
Penchée sur tes poèmes!

Structure dorique,
Dolent ondoiement des strophes
Qui épousent en silence la perfection de tes rêves,
Les verts canaux de ton sang
Pleins de frêles sinuosités
Et de pourpre envie d’ailleurs !

Je pense à toi,
À tes mains amoureuses –
Habiles brodeuses au point de croix !

Sous tes paupières de velours
Pousse l’arbre splendide de la France
Et dans la nuit profonde de ton corps
Brillent, encore vivantes et vigoureuses,
Les immenses étoiles
De la lourde légèreté du ciel fracturé du Midi !

Non, mon Ami, les théâtres romains
Ne sont pas la demeure du néant !

            Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 7 octobre 2013


Glose :
Lionel Ray, né Robert Lorho (1935) : remarquable poète et essayiste français. Il passe son enfance à Mantes-la-Jolie, sa ville natale.
Après avoir publié quelques recueils sous son vrai nom, Robert Lorho, agrégé de langue et littérature françaises, professeur de khâgne au lycée Chaptal, prend, en 1970, le pseudonyme de Lionel Ray. Aragon présente ses poèmes dans Les Lettres françaises. Il publie l'essentiel de son œuvre aux éditions Gallimard. Lauréat de prix tels que le Prix Goncourt de la Poésie, le Prix de la Société des gens de lettres, Prix de poésie Pierrette Micheloud, etc., Lionel Ray est président de l'Académie Mallarmé.
Bernd Heinrich Wilhelm von Kleist (1777-1811) : un des plus grands génies de la littérature allemande.





  

dimanche 6 octobre 2013

Manlio Argueta



MANLIO ARGUETA

« L'enfance, c'était, dans la nuit, penser au jour qui viendrait,
mamans malades, et papas qui ne venaient jamais,
frères qui s'en allaient, vous oubliant bientôt
à mesure qu'ils ne revenaient plus chez nous. »

            Manlio Argueta

Frère, tu es resté magnanime
Dans toutes les cruelles circonstances
De ta vie orphique !

L’insensée et violente vanité
N’a jamais pu crucifier
Ton cœur de pur diamant !

Toi,
L’homme allégrement innocent
Et obstinément heureux !

Toi,
Qui avances par béances successives
Vers l’essentiel !

Ce soir, ému jusqu’aux larmes,
Incroyablement dilaté par notre proximité,
Je lis tes vers
Et ferme la porte
Pour que l’austère vent d’octobre
N’entre pas dans la maison.

Oh, comme tout ce que ton âme émerveillée,
Etrangère à toute sourde violence,
Touche de son regard vierge
Devient plaisant, nostalgique, élevé !

Tu as des secrets impalpables,
Des tiges de tournesol pour sabre,
Des raisins d’ambre pour dire ta
Périlleuse tendresse !

Suspendu dans la splendeur impériale des jours
Tu rends plus acceptable, plus accueillante
Ma pauvreté dans sa pure et vibrante quiétude !

            Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 5 octobre 2013



Glose :

Manlio Argueta (né à San Miguel, Salvador, en 1935) : poète, écrivain et critique littéraire salvadorien. Il commence à écrire de la poésie à l’âge de treize ans. Il cite Pablo Neruda et García Lorca comme ses premières influences poétiques. En 1956, il remporte le Grand Prix National de Littérature. En raison de ses écrits critiquant le gouvernement, il est contraint à l’exil au Costa Rica (1972). Il regagne le Salvador au début des années 1990. Manlio Argueta est Directeur de la Bibliothèque Nationale du pays.  Son roman « Un jour comme tant d’autres » a été publié en France (l’Harmattan).

L'esthétique de la liberté



L’ESTHÉTIQUE DE LA LIBERTÉ

À Fatos Arapi

« Il n’est d’autres demeures que dans l’angle
De cette aube qui s’ouvre, hors de la mort. »

            Piero Bigongiari

Quelle virtuose flambée de mots
Dans l’air paisible de Vlora
Posée sur les eaux candides
De l’Adriatique, la mer
Au visage loyal d’une aube cristalline !

Et cette aquatique cohésion de la Beauté
Qu’aucune démission, aucune vicissitude
N’ont jamais pu dévier !

La musique envoûtante de tes vers,
Lampe allumée dans la grande nuit
De la véhémente solitude du cœur !

Et ton âme tissée de clarté,
Royaume de promesses de floraison,
De clémence enchanteresse et
De générosité pharaonique !

Toi, chantre illyrien
Qui a su de l’épouvante
Créer le bonheur de la foi
Et orner le nom de ta patrie
D’absolu et d’infini !

Ta parole toute d’ardeur,
Continent de lumière
Opposé à l’ondoyante obscurité du temps !...

Aujourd’hui tu chantes
À travers mes dits d’amour !

Ami des vagues,
Ne permets pas qu’un dieu innocent
Verse des larmes sur nos blessures !


            Athanase Vantchev de Thracy

Le 5 octobre 2013

Glose :

Fatos Arapi (né en 1929) : une des grandes figures de la littérature albanaise. Il termine ses études primaires et secondaires dans sa ville natale de Vlora. Fatos Arapi continue sa formation à la Faculté de mathématiques et économie de Sofia, en Bulgarie. Il a travaillé des nombreuses années comme journaliste et chargé de cours à la Faculté d'Histoire et de Philologie de Tirana.

Piero Bigongiari (1914-1997) : un des grands poètes italiens du XXe siècle.

Exaltation ecclésiale -Desmond Egan



EXALTATION ECCLÉSIALE

À Desmond Egan

Toi, mon plus proche voisin,
Tu es plus que ma vive espérance,
Tu es ma transparente présence à moi-même !

Je veux t’offrir les beaux fruits de mon verger,
Les fleurs exubérantes de mon jardin,
Le chant des mésanges qui embellit l’azur du matin,
La maison de mes grands-parents,
Pavillon éthéré de mon enfance.

Tu es le Topique du jour,
La dynastie de l’amour,
La somptueuse citadelle
Où on garde les rouleaux
De tous les cantiques qui exaltent la Vie !

Sans te voir, je reconnais ton haleine,
Toi, le cercle du taciturne savoir,
La ligne élégante qui unit
Les cœurs aux cœurs !

Sur toi je modèle ma face,
J’entoure ton nom de baume,
Je me referme sur ta parole
Comme la fleur se referme sur elle-même.

Car,
Dans le tissage
Des grands recommencements,
Tu es, mon voisin impalpable,
La longue route de l’âme
Qui dans l’âme se termine !

            Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 4 octobre 2013

Glose :

Desmond Egan (né en 1936) : un des plus grands poètes contemporains irlandais. Il est né à Athlone, petite ville située dans les Midlands, au cœur de l’Irlande. Après ses études à l'University College de Dublin, il devient enseignant. En 1972, il fonde la Goldsmith Press, qui édite principalement de la poésie d'auteurs irlandais. Depuis plus de vingt ans, il se consacre entièrement à la poésie et a publié plus d’une quinzaine de recueils. Traduit en plusieurs langues (russe, japonais, grec, suédois, italien, néerlandais, tchèque…), il a reçu entre autres prix celui de la « National Poetry Foundation of America ». Il est régulièrement invité à faire des conférences et des lectures de ses ouvrages dans de nombreux pays.


Topique (n.f.) : du grec ancien τόπος / topos, « lieu ». Relatif à un lieu donné : divinté topique - qui règne sur un lieu, le protège. Qui se rapporte exactement à la chose dont il s’agit..


samedi 5 octobre 2013

Ignis Fatuus (en anglais)




ENGLISH :

Ignis Fatuus

For Thomas Thidholm

Calmer than the sand
Beneath the waters of the sleeping sea
Is this October evening!

Night slowly asserts
Its vital privilege
And quietude draws the curtains
Of my window.

Poems leave my body bewitched
By the roadside.

Suddenly, a vibrant voluptuousness
Takes hold of the air and the lanes
Battened with laurel petals.

But I know,
Dried flowers
Will recreate the beauty of summer.

Passionate questioning
Makes the soul’s limits so imprecise.

I move forward, I stop,
I open my heart
To hear God
Who is silent so as to become song!


Translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges