dimanche 29 juillet 2012

Georgia The Enchantress



ENGLISH :

Georgia The Enchantress

To Ilia Chavtchavadze

Georgia , you enchantress, fill the torrid cup
With the lustful blood of your fiery vines
And with the azure liquid of your happy skies!
Majestic Georgia, friend of plain spoken  snows!

Translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges - July 2012

SADEGH HEDAYAT, LE GENIE IRANIEN


ODE A SADEGH HEDAYAT, LE GENIE IRANIEN

A toi, mon frère aimé, toi qui, plongé dans la plus profonde solitude et la plus atroce misère au milieu d’une ville folle et opulente comme Paris, t’es suicidé en 1951 !

« Si, de tout temps, sages et saints furent obscurs et pauvres,
Pourquoi pas nous, les isolés et les candides ? »

            Pao Tchao (421-463)

I.

Aujourd’hui, mon frère, Ami des dieux,
Tu es venu tôt le matin frapper à la porte de mon âme !

Toi, ange crépusculaire,
Qui as connu les abîmes de la souffrance rédemptrice !

Toi qui es né sous les splendide étoiles de l’Iran,
Pays si cher à mon cœur ! Toi qui as cru divine
L’illusion douloureuse !

As-tu connu, dans le vertige du vide, l’exacerbation de toi
Et la malédiction silencieusement revendiquée ?

Toi seul, en attente, debout dans ta chambre livide
Où, devant la fenêtre froide la neige de satin
Etend la profusion de sa blancheur !

II.

Longues sont les nuits d’hiver,
Personne à qui parler, personne avec qui se taire !

Sous les paupières de nacre mince fleurissent
Les roses d’Ispahan, les pêchers de Chiraz,
Les élégants cerisiers et les lis odorants d’Ispahan !

Des fleurs nouvelles à l’éclat éblouissant
Envahissent la citadelle taciturne de tes prunelles !

Là, bleuissent les syllabes d’eau neigeuse de ta patrie,
Tombent les pétales des orchidées sur les sentiers
Où pousse la douce achillée !

III.

Ô exubérance des étés de ton enfance,
La gaze violette des soirées voluptueuses,
Tes mots qui se mêlent au suave gazouillis des ruisseaux
Et tout ton cœur qui tient dans un soupir !

Et cette aisance des alouettes,
Cette somptueuse souplesse des blés mûrs !

Et les étoiles filantes, panthères impériales,
Sautant allègrement d’une colline à l’autre,
Les vertueuses cigognes, sentinelles aux yeux fixés sur le futur
Et les souvenirs délicats de Cima da Conegliano
Dans les riches méandres de ta mémoire !

IV.

Oui, Ami du ciel de Téhéran,
Celui qui a cru à la splendeur du Verbe,
Même mort, ne peut perdre le verbe.
Et sa parole parfumée, vivante à jamais,
Renferme en elle mille notes florales et fruitées
De rose, de jasmin, de lis sauvage,
De violette printanière, de coriandre,
De feuille de figuier de Tabriz,
D’olive noire, de melon vert de Mashhad
Et d’abricot de Zahedan !...

Ah, comme l’excellence de toute chose se niche dans les détails !

Comme saint Jérôme, Sadegh,
Je crois, mon ami, que

« Qui meurt dans la certitude
De vivre en Dieu éternellement
Ne meurt pas »

V.

Des oiseaux affamés comme toi, mon ami ange,
À grand bruit s’engouffrent
Dans le somptueux palais de tes pensées
Pour y chercher abondance et chaleur.

VI.

Où sont à présent ta souriante patrie,
La ronde joyeuse des saisons,
Les pavillons d’azur de l’air matinal ?

Toi, cœur comblé de tous les dons du chagrin,
Pupilles taries par les pleurs, doigts emplis de rêves !

Comme le vendangeur qui ramasse le raisin en deux fois,
Une moitié en début de vendanges
Pour la nervosité du vin,
L’autre moitié à la fin
Pour son velouté et sa puissance,
Ainsi tu écrivais, en t’y reprenant par deux fois.
Et tes mots avaient la belle ampleur des vins transparents !

VII.

Ah, ami,
Qui, qui a entamé le noyau solennel
De ton âme d’une manière irrévocable ?

C’est toi, toi le génie,
Qu’essaie de chanter mon ode
Lente et fulgurante,
Volubile et silencieuse,
Désinvolte et grave, 

Pour rendre plus blanc encore que l’églantine
Ton nom délicieux, ton nom qui colle à mes lèvres
Avec l’eau saignante du crépuscule
Quand la brise rose caresse tes mains chargées de fleurs !

Puissent les hirondelles poser
Leur signature d’août
Sur ta tombe !

Puissent tes mots sentir toujours le chèvrefeuille
Et ma main posée sur la petite veine
De la tempe flamboyante de ton visage d’albâtre
Te dire que je t’aime !

            Athanase Vantchev de Thracy

Paris, juillet 2012  
Glose :
Sadegh Hedayat (en persan : صادق هدایت) – Téhéran 1903 - Paris 1951 : écrivain et traducteur iranien de génie. Hedayat est considéré comme l'un des plus grands écrivains de l'Iran moderne. Il est contemporain des écrivains iraniens Houshang, Golshiri, Mohammas Ali Jamalzadeh et Sadegh Chubak.
Sadegh Hedayat est surtout célèbre pour son roman La Chouette aveugle paru en français en 1953. Auteur d'une littérature crépusculaire et insolite, hanté par ses démons et vivant en marge de la société, il porte un regard désespéré, teinté d'une ironie impitoyable, sur l'absurdité du monde et l'inguérissable folie de l'âme humaine.
« Pessimiste incurable », grand amateur de vodka et d'opium, Hedayat se suicide dans la misère et l'extrême solitude en avril 1951 dans son appartement de la rue Championnet, à Paris. Il repose au cimetière du Père-Lachaise.
Achillée (n.f.) - Achillée millefeuille (Achillea millefolium) : plante herbacée vivace de la famille des Astéracées. L’achillée possède plusieurs noms vernaculaires : Herbe de la Saint-Jean, Herbe de Saint-Joseph, Herbe à dinde, Herbe au charpentier, aux cochers, aux militaires, Herbe aux coupures, Saigne-nez, Sourcil de Vénus.
Selon Pline, naturaliste romain du premier siècle après J.-C., son nom lui vient d’Achille, héros de la mythologie grecque, qui s'en servit pour guérir ses blessures.
Cima da Conegliano, Giovanni Battista Cima (1459-1517) : merveilleux peintre italien de la Renaissance. Il appartient à l’école vénitienne.

Chiraz, Ispahan, Téhéran, Tabriz, Mashhad, Zahedan : villes d’Iran.

lundi 23 juillet 2012

GEORGIE MAGICIENNE


GÉORGIE MAGICIENNE

À Ilia Tchavtchavadzé

Géorgie magicienne, remplis la coupe torride
Du sang concupiscent de tes vignes de feu
Et de l’azur liquide de ton ciel heureux !
Géorgie majestueuse, amie des neiges candides !

            Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 22 juillet 2012

Glose :

Ilia Tchavtchavadzé (en géorgien ილია ჭავჭავაძე - 1837-1907 : grande figure de la nouvelle littérature géorgienne, célèbre bienfaiteur public, juriste, dirigeant du mouvement national de libération de la Géorgie (1861-1907) canonisé par l'Eglise orthodoxe géorgienne sous le nom de saint Élie le Juste.

Il est l'auteur de nombre de remarquables œuvres de littérature géorgienne (L'ermite, Le Fantôme, Est-ce que l'Humain est un Homme ?, La Veuve d'Otarashvili, Kako le Voleur, etc.) et d'importants articles dans la presse. À partir de 1863, Ilia Tchavtchavadzé devient le fondateur et le rédacteur-en-chef des périodiques public et politique : Sakartvélos Moambé (1863-1877) et Ivéria (1877-1905). Il fut aussi le fondateur et dirigeant de plusieurs organisations publiques, de culture et d'éducation (Société pour la diffusion de la littérature parmi les Géorgiens, Banc de la noblesse, Société d'art dramatique, Société historico-ethnographique de Géorgie, etc). Il fut aussi un traducteur de littérature britannique. Ses principales œuvres littéraires ont été traduites et publiées en français, anglais, allemand, polonais,ukrainien, biélorusse, russe, etc. Entre 1906 et 1907, il fut membre du Conseil d'État (Gosudarstvennaya Duma) de l'Empire Russe. Son grand éclectisme l'amena à être aussi membre du Comité Caucasien de la Société Géographique de Russie, de la Société d'Ethnographie et d'Anthropologie de l’Université de Moscou, de la Société des Orientalistes de Russie, de la Société littéraire Anglo-Russe (Londres), etc.

vendredi 20 juillet 2012

GEORGIEN (sept poèmes en français et en georgien)


Athanase Vantchev de Thracy
ატანას ვანჩევ დე ტრასი



Insimulable clarté (le traducteur n'a traduit que le début du poème)
INSIMULABLE CLARTÉ

A Stoyan Bakardjiev

« Amor é uma luz que não deixa escurecer a vida »

(« L’amour est une lumière qui ne permet pas à la vie de sombrer »)

Camilo Castelo Branco

I.

Tu ne contemples plus la ville limpide,
Les cerceaux lumineux des hirondelles
Dont les nids d’une élégance sereinement attique,
Servent d’ornements somptueux
Aux ocres murs de ta toute modeste maison.

Tu n’entends plus la musique des platanes
Aux feuilles si tendres qu’elles laissent transparaître
Les épiphanies des printemps,
Ni sens les immaculées, les incorruptibles vibrations
De l’émotion et de l’antique mémoire
De l’éternel ciel thrace.

Tes bras vigoureux à la piété filiale incomparable,
Ne portent plus, tel un vase sacré de cristal plein de myrrhe,
Serré contre ton souffle,
Le corps à jamais transi de ta très vieille mère !

II.

Il est bien loin le temps où, enfant,
Tu jouais au ballon avec l’insouciance d’une mésange
Dans cette rue embellie
Par les mains rêveuses des paveurs !

Toi, Ami aimé,
Ami de mon âme que je vois penché,
Au milieu de la nuit,
Sur le livre volumineux
Que les Anges de la transparence
T’avaient prié de traduire en bulgare.

III.

Ah, mon Ami, il est si triste de savoir
Que ta chaude voix où on entendait couler
La douloureuse anxiété des nuits,
N’habite plus la maison,
Que les lilas que tu aimais tant,
Que tu avais plantés en chantant
Sont toujours là
A attendre la délicate mélodie de tes pas !

Toi, vivant au fond même du cœur de la mort !

IV.

Le soir tombe dans l’âme
Avec la douceur vertigineuse de l’été diaphane !

Ainsi descend des cimes la neige
Devenue fleuve sous la tendresse de la brise
Vers les étreintes vibrantes des vagues de la mer !

V.

Une femme vêtue de noir, seule, à genoux,
Prie à l’intention de tous les siens endormis dans la paix
Devant l’icône de la Sainte Mère de notre Dieu et Seigneur
Dans la petite chapelle où règne déjà
La prudence de l’air nocturne.
Mes mains tâchent de saisir la chaleur safranée
De ses mots, serrant fort le cierge
Dont les gouttes de cire brûlent la peau.

VI.

Quelque part une jeune voix se lève
Et appelle le chœur des étoiles.

Je sors, je marche le corps empli de larmes,
La nuit vient de naître sur mon visage !

Je sais, c’est le dernier tournant de ma vie !
Je sanglote ton nom
Devenu enfin toi-même !

J’embrasse ton visage ouvert à mon affection
Comme une saison immortelle !

Paris, le 13 octobre 2008

Stoyan Bakardjiev était le plus brillant traducteur bulgare. Il avait consacré toute sa vie à la traduction des plus grands poètes du monde. Mon ami, le poète Radko Radkov et moi lui rendions de temps en temps des visites à Pazardjik, ville magique au coeur de la Thrace située à quelque quarante kilomètres de Plovdiv. Pendant des années, cet être merveilleux, cet immense érudit, soigna avec une incroyable tendresse filiale sa vieille mère paralysée. Nos rencontres étaient des fêtes de l’âme. La dernière fois que je l’ai vu, il m’a dit, souriant, calme, serein : « Athanase, ma cigale, nous ne nous verrons plus dans ce monde. Je t’attendrai au paradis des poètes sous un pommier en fleur ! ». J’éclatai soudain en pleurs ! Tout mon corps fut pris d’un violent tremblement. J’étais frappé en plein visage par une tristesse suffocante. En chemin vers Sofia, je n’ai pas arrêté de pleurer ! Je ne l’ai plus revu. Il est mort deux mois plus tard.

Ce soir, j’ai cherché dans Internet une note sur lui. Pas un mot ! Pas un mot sur cet homme qui a donné tant de joie à des milliers de Bulgares. Mon cœur a de nouveau pleuré. Se peut-il que personne de l’Union des traducteurs bulgares n’ait pensé à publier un article sur lui ?

Ami, que ce poème te dise tout l’amour que je te portais, que je te porte, que je porterai jusqu’à la tombe.

Insimulable (adj.) : du verbe simuler, du latin simulare, « faire paraître comme réel, effectif (ce qui ne l’est pas). Qu’on ne peut pas simuler.

Camilo Castelo Branco (1825-1890) : un des plus grands poètes et écrivains classiques portugais. La vie agitée de Camilo, comme on l'appelle affectueusement, a été aussi riche en événements et aussi tragique que celle de ses personnages : fils naturel d'un père noble et d'une mère paysanne, il resta très tôt orphelin. Marié à seize ans avec Joaquina Pereira, il connut d'autres passions tumultueuses, dont l'une le mena en prison : celle pour Ana Plácido qui devait devenir sa compagne. Fait vicomte de Correia-Botelho en 1885, pensionné par le gouvernement, il connut cependant une fin de vie des plus pénibles : perclus de douleurs et devenu aveugle, il finit par se suicider.

À travers son œuvre très féconde (262 volumes), Castelo Branco s'est intéressé à presque tous les genres : poésie, théâtre, roman historique, histoire, biographie, critique littéraire, traduction. On y retrouve le tempérament et la vie de l'auteur : la passion fatale s'y lie au sarcasme, le lyrisme à l’ironie, la morale au fanatisme et au cynisme, la tendresse au blasphème.

Camilo Castelo Branco, cherchant les sources nationales, écrivit qu'il avait « déserté les drapeaux des maîtres français » pour retourner à la description des usages et coutumes portugais. Il traduisit Chateaubriant, et essaya d'écrire une version portugaise de La Comédie humaine.

Cet écrivain à l'imagination vive, au style communicatif, naturel et coloré, au vocabulaire riche et nuancé, est resté un maître incontestable de la langue portugaise. Amour de perdition, publié en 1862, est, d'après le grand Miguel de Unamuno, le plus grand roman d'amour de la Péninsule Ibérique. Écrit en 1840, lorsque Camilo était en prison pour ses amours avec une femme mariée, il relate la passion clandestine de deux jeunes gens, Simão et Teresa, passion à laquelle s'ajoute l'amour de Mariana, une fille du peuple qui s'éprend de Simão, tout en continuant à lui servir de messagère auprès de Teresa.




განუმეორებელი სინაზე

რამ ჩატია ჩემს სულში ეს ამდენი დაისი,
გამჭვირვალე ზაფხულის თავბრუდამხვევ სინაზით!
ასე მთიდან ეშვება თოვლი, მერე ქარების მსუბუქ ფერებ-ფერებით
გარდაქმნილი მდინარედ
ზღვის მთრთოლარე ტალღებთან შეყრად მიეშურება!




Muguets


A Norton Hodges

Les fines clochettes des muguets
Sur la nappe ruisselante de la table –
Un oiseau dehors embaume le jour
De son chant pénétrant.
Âme, je pense
A tous ceux qui sont chers à mon cœur !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 2 mai 2008
Glose :

Norton : prénom d’origine anglo-normande. C’est la forme anglicisée du nom normand Norville qui signifie « la Ville du Nord ». Il a été probablement pris par son porteur original du nom de son domicile et utilisé avec le préfixe de la signification "de". On le trouve dans des actes anciens sous diverses variantes :  Norville, Nortown, Nortone, Nortun et Norton.
Muguet (n.m.) : le nom latin de la plante, Convallaria majalis (du mot latin convallis, « vallée » et majalis, « lis de mai ») indique qu'elle pousse en mai dans les vallées. On l'appelle d'ailleurs parfois lys des vallées, formulation que l'on retrouve dans son nom anglais « lily of the valley ». Quant à son nom français, connu dans les textes depuis 1200 sous la forme mugue ou musguet, c'est un dérivé du mot latin muscus, « musc », en raison du parfum de la fleur.

შროშანები

გარდამოფენილს მაგიდას სუფრას
შროშანათა ზარები შვენის.
გარეთ ჩიტი დღის მდუმარებას
სულში ჩამწვდომი სიმღერით ავსებს.
სიმშვიდით ვტკბები
და ვიხსენებ ყველას,
ვინც კი მეძვირფასება.



La vie savance

La vie s’avance ! Et tu n’es plus qu’une trace de lumière,
Un mince stylet qui creuse la mémoire,
Ainsi, emporte-moi parmi tes paupières
Comme un soupir, comme une blessure dans l’ocre du soir.
Un peu de mort ! Et Hölderlin pour vivre
Quand tout se tait et les seigneurs délirent,
Quand sur les lits descend le souvenir
Et lentement le cri se change en livre.

Athanase Vantchev de Thracy


ხოლო ცხოვრება გადის

ცხოვრება გადის! მხოლოდ შენ ხარ სინათლის სხივი –
ხსოვნის მადანი გაუკაწრავს თითქოს სატევარს,
ერთსღა გთხოვ ახლა – დაბინდულის ფერებით ცივით,
მაგ შენს თვალებში, ამ ჭაღარა სევდის ჩატევას.





Versailles
LA LANGUE EBLOUISSANTE (VERSAILLES)

Nous aimions les bals, Versailles, le raffinement,
Cette langue éblouissante qui suggérait sans dire,
Les rires vêtus de soie, les transparents sourire,
La volupté cachée dans les satins du temps !

Athanase Vantchev de Thracy

ვერსალი
გვიყვარდა ვერსალი მეჯლისთა ნატიფთა,
ნართაულ ნათქვამთა ელვარე სიტყვები,
სიცილთა შრიალი, ღიმილთ სიტკბოება,
ფარჩებში ჩაფლული ვნებანი რაყიფთა!





Epigraphe
(Les lys de la vallée)
Passager, ici repose Athanase –
La rosée du matin est son linceul,
Les lys de la vallées son tombeau,
Sa vie était un poème,
Poème elle restera pour l’éternelle !


Paris, le 2 mai 2008
Glose :
Linceul (n.m.) : du latin linteolum, « petit linge », lui-même de  linteum : « toile de lin ». Synonyme : suaire (n.m.) – du latin sudarium, « linge pour essuyer la sieur ». Le plus célèbre est le Saint-Suaire, le linge dans lequel fut enveloppé le corps de notre Seigneur Jésus le Christ.


შროშანნი ღელეთა

აქ ატანასი განისვენებს. გამვლელო, შესდექ!
ღელეთ შროშანთა სამარეში დაუფლავთ იგი
დილის ცვარ-ნამის სუდარაში გამოწყობილი.
ხოლო ცხოვრება მისი იყო ერთი პოემა
და პოემად დარჩება კიდეც უკუნისამდე!







PALMYRE




Je t’aime ! Les mots sont tristes comme un immense départ           
Qui doublement sépare le cœur de l’infini !
Je t’aime avec la brise, avec le doux bruit
Des coccinelles qui marchent vers l’ombre du soir !


Je t’aime avec l’aurore qui tremble dans tes yeux,
Avec l’éternité parmi tes cils de lin !
Je t’aime avec les pleurs, avec le temps serein
Des âmes de lumière, de l’air vertigineux !


Je t’aime avec l’abîme dément de l’insomnie,
Avec les caravanes qui veillent sur mon délire,
Avec la force de l’eau et la fureur d’un cri !


Je t’aime ! Ô grande nuit, renverse sur ma Palmyre
Les océans de feu, les myriades de chants,
Les lacs de la tendresse dans l’ambre de son sang !


Glose :

Palmyre : du grec palmura, traduisant l’antique terme tadmor, « cité des
palmiers ». Oasis du désert de Syrie, capitale de la Palmyrène. Mentionnée dès le III
millénaire av. J.-C., Tadmor subit l’influence des Amorites, des Araméens, puis des
Arabes. Elle s’hellénisa après la conquête d’Alexandre le Grand, puis, au Ier siècle,
entra dans l’orbite de Rome. De 260 à 272 ap. J.-C., sous le règne d’Odenath, puis de
sa femme Septima Zenobia (Zénobie), Palmyre devint une véritable puissance. C’est
une des plus belles cités antiques ! La plupart de ses monuments sont bien conservés :
sanctuaire du dieu Bel (peut-être un ancien dieu Bôl), rue bordée d’arcades et arche
monumentale, théâtre, caveaux (hypogées) et tours funéraires.



პალმირა



მიყვარხარ! სიტყვებს სევდა ავსებს, ვით განშორება,
გულს შორეული ჭორომების ნიშანი აზის.
მიყვარხარ! შენი ნიავი და შრიალი ნაზი
ჭიჭინობელთა, საღამოს ბინდს მიეშურება.

მიყვარხარ, როცა განთიადი აანთებს თვალებს,
ააწამწამებს მათ სიღრმეში უსასრულობას.
ცრემლთა ნაკადი და ამინდის უსუსურობა,
შენი სინათლე, შენი სუნთქვა თავბრუს დამახვევს.

მიყვარხარ! ძილი დაუკარგავთ ღამის ზმანებებს,
მოგონებათა ქარავანი თავს არ მანებებს,
ლამის წამლეკა წყლის ძალით და ზახილის ძალით!

ჩემი პალმირის შენ განახვნე კარნი მარმაში,
აღმოთქვი ღამე, დიდებული მეფურის ძილით,
ცეცხლის სიმღერა ჩააქსოვე სისხლის ქარვაში.




Cette nuit, je ne peux pas dormir

CETTE NUIT JE NE PEUX PAS DORMIR

A Dalibor

« Tu es mon ivresse
De toi je n’ai point dessoûlé
Je ne puis dessoûler
Je ne veux point dessoûler »


Nazim Hikmet

Non, mon Ami, cette nuit,
Cette grande, cette pure nuit d’été
Je ne peux pas dormir !



Toutes ces étoiles, mon Ami,
Toutes ces étoiles qui enivre mon âme,
Tout ce silence,
Tout ce silence
Plein de la lumière liquide de tes yeux
Tremblent au bout de mes cils !



Cette nuit,
Cette nuit où chaque nid
Est une barque scintillante de bonheur,
Je ne peux pas dormir,
Ô mon Ami !



Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 16 janvier 2008

Glose :

Nazim Hikmet Ran (Salonique 1901 - Moscou 1963) : un des plus grands poètes turcs. Son grand-père paternel, Nâzim Pacha, était le gouverneur de Salonique, libéral et poète. Son père, Hikmet, était diplômé du lycée de Galatasaray (qui s'appelait alors Mekteb-i Sultani). Sa mère, linguiste et pédagogue, était la fille d'Enver Pacha. Elle parlait français, jouait du piano et peignait.
Marxiste, il passa quelque 13 années en prison et baptisa la poésie le plus sanglant des arts. Ses écrits sont une critique acerbe de la société. Il est le premier écrivain turc à avoir évoqué le génocide arménien. Au début des années 30, Nazim Hikmet proclama que l'artiste est l'ingénieur de l'âme humaine. Durant la guerre d'indépendance, il rejoignit Atatürk en Anatolie, et travailla ensuite comme enseignant à Bolu. Il étudia la sociologie à l'université de Moscou (1921-1928) et devint membre du parti communiste turc dans les années vingt. En 1938, il fut condamné à 28 ans et 4 mois de prison pour « activités anti-nazies et anti-franquistes ». Il passa les douze années suivantes en prison, période pendant laquelle il se maria en deuxièmes noces avec Münevver Andaç.
Nazim Hikmet reçut le Prix International de la Paix en 1955. Déchu de la nationalité turque, il termina sa vie en exil comme citoyen polonais. Il mourut d'une crise cardiaque à Moscou.



მე ამ ღამით ვერ დავიძინებ

დალიბორას

„თრობა ხარ ჩემი,
მე ვეღარასდროს გამოვფხიზლდები,
მე არ ძალმიძს გამოფხიზლება,
მე არ მინდა გამოფხიზლება.“

ნაზიმ ჰიქმეთი

არა, ძვირფასო, ამ ნათელ ღამით,
ამ თავანკარა ზაფხულის ღამით
ვერ დავიძინებ!
ეს ვარსკვლავები, ჩემო ძვირფასო,
ეს ვარსკვლავები დამათრობელი,
და ეს სიჩუმე,
ეს სიჩუმე,
შენი თვალების ელვარებით განათებული,
ჩემს წამწამებზე ჩამომსხდარან და ციმციმებენ.
ამ ნაზი ღამით,
როცა ჩიტის ყოველი ბუდე
ბედნიერებით სავსე ნავია,
მე ვერაფრით ვერ დავიძინებ,
ვერა, ძვირფასო!




Traduit par Paata Natsvlichvili

თარგმანი პაატა ნაცვლიშვილისა

Georgien (Sept poèmes en georgien)



Athanase Vantchev de Thracy
 ატანას ვანჩევ დე ტრასი


Insimulable clarté

განუმეორებელი სინაზე

რამ ჩატია ჩემს სულში ეს ამდენი დაისი,
გამჭვირვალე ზაფხულის თავბრუდამხვევ სინაზით!
ასე მთიდან ეშვება თოვლი, მერე ქარების მსუბუქ ფერებ-ფერებით
გარდაქმნილი მდინარედ
ზღვის მთრთოლარე ტალღებთან შეყრად მიეშურება!


Muguets

შროშანები

გარდამოფენილს მაგიდას სუფრას
შროშანათა ზარები შვენის.
გარეთ ჩიტი დღის მდუმარებას
სულში ჩამწვდომი სიმღერით ავსებს.
სიმშვიდით ვტკბები
და ვიხსენებ ყველას,
ვინც კი მეძვირფასება.

La vie savance

ხოლო ცხოვრება გადის

ცხოვრება გადის! მხოლოდ შენ ხარ სინათლის სხივი
ხსოვნის მადანი გაუკაწრავს თითქოს სატევარს,
ერთსღა გთხოვ ახლადაბინდულის ფერებით ცივით,
მაგ შენს თვალებში, ამ ჭაღარა სევდის ჩატევას.



Versailles

ვერსალი
გვიყვარდა ვერსალი მეჯლისთა ნატიფთა,
ნართაულ ნათქვამთა ელვარე სიტყვები,
სიცილთა შრიალი, ღიმილთ სიტკბოება,
ფარჩებში ჩაფლული ვნებანი რაყიფთა!


Epigraphe (Les Lys de la vallée)

შროშანნი ღელეთა

აქ ატანასი განისვენებს. გამვლელო, შესდექ!
ღელეთ შროშანთა სამარეში დაუფლავთ იგი
დილის ცვარ-ნამის სუდარაში გამოწყობილი.
ხოლო ცხოვრება მისი იყო ერთი პოემა
და პოემად დარჩება კიდეც უკუნისამდე!




Palmyre

პალმირა

მიყვარხარ! სიტყვებს სევდა ავსებს, ვით განშორება,
გულს შორეული ჭორომების ნიშანი აზის.
მიყვარხარ! შენი ნიავი და შრიალი ნაზი
ჭიჭინობელთა, საღამოს ბინდს მიეშურება.

მიყვარხარ, როცა განთიადი აანთებს თვალებს,
ააწამწამებს მათ სიღრმეში უსასრულობას.
ცრემლთა ნაკადი და ამინდის უსუსურობა,
შენი სინათლე, შენი სუნთქვა თავბრუს დამახვევს.

მიყვარხარ! ძილი დაუკარგავთ ღამის ზმანებებს,
მოგონებათა ქარავანი თავს არ მანებებს,
ლამის წამლეკა წყლის ძალით და ზახილის ძალით!

ჩემი პალმირის შენ განახვნე კარნი მარმაში,
აღმოთქვი ღამე, დიდებული მეფურის ძილით,
ცეცხლის სიმღერა ჩააქსოვე სისხლის ქარვაში.



Cette nuit, je ne peux pas dormir

მე ამ ღამით ვერ დავიძინებ

დალიბორას

თრობა ხარ ჩემი,
მე ვეღარასდროს გამოვფხიზლდები,
მე არ ძალმიძს გამოფხიზლება,
მე არ მინდა გამოფხიზლება.“

ნაზიმ ჰიქმეთი

არა, ძვირფასო, ამ ნათელ ღამით,
ამ თავანკარა ზაფხულის ღამით
ვერ დავიძინებ!
ეს ვარსკვლავები, ჩემო ძვირფასო,
ეს ვარსკვლავები დამათრობელი,
და ეს სიჩუმე,
ეს სიჩუმე,
შენი თვალების ელვარებით განათებული,
ჩემს წამწამებზე ჩამომსხდარან და ციმციმებენ.
ამ ნაზი ღამით,
როცა ჩიტის ყოველი ბუდე
ბედნიერებით სავსე ნავია,
მე ვერაფრით ვერ დავიძინებ,
ვერა, ძვირფასო!


Traduit par Paata Natsvlichvili

თარგმანი პაატა ნაცვლიშვილისა