vendredi 22 mai 2009

SPATHIPHYLLUM

SPATHIPHYLLUM

A ma mère

« Ecrire, c’est entendre très fort,Continuer à entendre ce qu’on a déjà entendu. »

Antonio Lobo Antunes

I.

Ces jours-là s’en sont allés à jamais,
Pluie des pupilles
Sur la nappe brodée
Par tes mains endormies
Dans le sourire du matin !

Neuf jours de prières
Pour que ton âme quitte la maison !

Neuf jours pour qu’elle
Se détache en paix de ce monde !

Ô mon frère,
Ne dévoile pas encore les miroirs !

II.

Adieu, mère !
Les ressacs de ta voix
Viendront longtemps frapper
Mon oreillers silencieux.

Ne resteront que les marais
De sel gris dans mes yeux.

Mère Céleste,
Médiatrice parfaite,
Parfaite rédemptrice,
Accueille ma douleur dans tes bras !

III.

Je resterai ici,
Fantôme appuyé à la vitre
Pour faire de mes doigts de cire
Des guirlandes avec les pétales
Des heures mortes.

Alors que dehors,
Les fourmis laborieuses
Continueront à emporter des grains de lumière
Dans leurs palais d’ombre profonde !

Athanase Vantchev de Thracy

Saint-Germain-en-Laye, le 22 mai 2009

Glose:

Spathiphyllum (n.m.) : plante de la famille des Aracées appelée aussi fleur de lune ou faux arum, Les Canadiens la connaissent comme Lis de la paix, les anglophones la nomment Peace lily ou Spath flower. Vivace, herbacée, rhizomateuse. Le genre Spathiphyllum regroupe des plantes acaules renommées pour leurs feuilles vernissées et leurs inflorescences blanches semblables à celles des anthuriums. Aujourd'hui, on cultive surtout des hybrides. Ces plantes présentent toutes de courts rhizomes souterrains d'où jaillissent des touffes de feuilles. Celles-ci sont lancéolées ou elliptiques, vert foncé, à pétioles engainés. Le spathiphyllum vit de nombreuses années si les conditions de culture lui conviennent.

António Lobo Antunes (né en 1942) : écrivain portugais qui obtient le Prix Camoes en 2007. Issu de la grande bourgeoisie portugaise, il suivra les traces de son père, célèbre neurologue d'origine brésilienne. Il fait des études de médecine et se spécialise en psychiatrie. À l'âge de treize ans, il commence à écrire pour des « raisons matérielles » comme il le prétend (il s'agit en fait de se procurer de l'argent de poche en attendrissant une très pieuse grand-mère d'origine allemande) des petits sonnets à Jésus. Il se passionne pour la littérature française (notamment Louis Ferdinand Céline que son père lui propose de lire à 14 ans et avec qui il aurait entretenu une correspondance), bien qu'il se reconnaisse pour maître William Faulkner.

Son expérience pendant la guerre d’Angola de 1971 à 1973 en tant que médecin, lui inspire directement ses trois premiers romans : Mémoire d’’éléphant, Le cul de Judas, et Connaissance de l'Enfer qui le rendent immédiatement célèbre dans son pays. Depuis 1985, il se consacre exclusivement à l'écriture.

REMEDES MAGIQUES (French)

REMÈDES MAGIQUES

« C’est ainsi et en termes voisins que se lamentaient
ceux qui assistaient à la mise au tombeau des deux nobles corps. »

Extrait de l’épopée byzantine Diogénis Akritas

I.

« Terre, ébranle-toi !
Univers, lance des plaintes !
Soleil, enténèbre-toi et cache tes rayons !
Lune, obscurcis-toi, voile ton flambeau !
Vous tous, éteignez-vous, signaux lumineux des étoiles ! »

Bruit de nard !
Ici, dans le calme de la maison,
Toutes ces choses qui vivent et se taisent !

Et cette lueur de la lune
Qui fait bouger les fleurs
Et chanter le littoral !

Ô chair calme de la nuit
A l’odeur de sauge et de menthe !

II.

Salma,
Il est minuit,
Les oiseaux de la mer mortelle
Ont poussé leurs derniers cris.
C’est l’heure favorable, ma fille,
Le moment propice !

Viens, ma servante,
Tiens-toi à mes côtés.
Aide-moi, ma fidèle,
A préparer les remèdes !

Je sens la brûlure des draps,
Les courants marins du désir !
L’haleine de cédrat monte
Dans mes narines !

Quelles sont ces gouttes de sang oubliées
Sur les lits blancs ?

III.

Mon amant !
Ah, la douce rondeur de ce mot !
Cette tristesse à la finesse de dentelles !

Je veux lui rendre
La folle ardeur de la jeunesse,
Je veux multiplier les fleurs de sa semence !
Qu’il tremble comme les feuilles du jujubier
Sous la brise scintillante de l’Arabie
A l’approche de qui est désirable pour tout homme !

A quoi me sert-elle la perfection de son visage
Si la palpitation de sa chair ne s’affole
Quand il voit l’incendie sauvage
Consumer mon cœur agonisant ?

Ah, ma Salma,
Il faut qu’il brûle dès qu’il approche le feu de mes cuisses !
Qu’il vienne, ma Salma,
Qu’il étanche sa soif avec la mienne.

IV.

Que je fourbisse son âme charnelle,
Que je l’exempte du poids quotidien des soucis !

Que je lui rende la verte vigueur du printemps,
Que je ressente, flamboyante,
Le goût de l’émerveillement au toucher
De ses doigts !
Que comme les merles,
Il apporte à ma bouche la musique de l’air parfumé !

Qu’entrelacés, nous nous perdions dans les replis
Des innombrables calendriers du ciel !

V.

Donne-moi, ma douce,
Le sachet de minuscules perles
Et le petit mortier d’airain thrace !
Ecrase-les en invoquant
Les djinns qui veillent sur l’amour,
Pilonne-les, comme ça, en riant,
Réduis-les en poudre très fine !

Bon, et maintenant, ma fille,
Donne-moi le vase d’huile odorante
Et le pot de miel grec
Où dorment les pétales luisants du soleil !
Que je mélange leurs corps bienfaisants,
Que le feu fasse écumer mon remède !

VI.

Mets des amandes de Syrie
Dans cette coupe bien étamée,
Ajoutes-y des pignons de Liban,
Verse de l’oxymel du Chypre,
Bats, fouette, mélange tout !

Où ai-je mis la vésicule biliaire du loup !
Oui, là, tends-moi le pot en grès,
C’est ça ! Je veux le réduire en bouillie
Et demain, avant le rapprochement,
Je vais badigeonner, de ce fin pinceau
A poils de blaireau, nos deux chairs :

Qu’elles flambent, qu’elles se fassent braises,
Ouragan de flammes, montagne de feu !

Ah, que pâlisse de jalousie
L’année qui mord sa queue de scorpion !

VII.

Encore, ma Salma,
Réduis en farine les grains d’oignon de Bagdad,
Passe-les au tamis d’Yémen,
Mélange-les doucement, délicatement,
Ma fille, là, comme ça,
Avec l’épaisse mélasse amère d’Egypte !

Qu’il en mange à jeun,
Que sa langue s’emplisse de lumière,
Que des mots tendres coulent de sa bouche
Comme d’une fontaine
Des villages des montagnes !

Ô éclairs des rêves,
Brumes des pensées,
Paroles inconnues qui tracent
Les contours des baisers !

VIII.

Moi, je prendrai de la graisse
De la bosse du chameau,
Je la ferai fondre sur le feu doux, très doux,
J’enduirai, en le caressant de mes mains de lis,
Son corps de cet onguent merveilleux !

Oui, Salma,
Il en tressaillira de désir !
Oui, cette pommade exacerbera
Son penchant pour l’acte de la chair !
Ah, comme je le veux robuste, grand et ferme !
Ah, ma Salma,
Qu’il s’avance, qu’il se hâte,
Qu’il prenne en haletant
Ce qui est le plus intime en moi !

IX.

- Maîtresse, n’oublie pas
Le lait d’ânesse !

- Non, ma servante ! Non !

J’ai rempli mes tiroirs de santal de mille miracles :
Noix d’Abyssinie, noix muscade, piment de Perse,
Grains de tamarin, aristoloche, fleurs de girofle,
Cévadille, cannelle mekkoise,
Cardamome et brassées de pariétaire !

Ici, dans ce coffret d’ébène,
Don de l’heureuse Afrique,
Je garde toutes mes médecines magiques :

Rhizome de gingembre indien, benjoin,
Ail et feuilles de frêne,
Pommade de baumier de Judée,
Uve de lis,
Cérat, crème, embrocation,
Populeum et pâte!

X.

Ah, puisse-t-il mon amour
S’enraciner dans son regard !
Puisse-t-il rafraîchir la combustion de mon corps,
Ma chair en proie de convulsions !

Non, non, ma servante,
Je n’ai pas besoin de trèfle en infusion
Ni de chou pommé, ni de résine !

XI.

- J’ai là, Maîtresse,
Dans ces bocaux en verre de Damas,
Le cinnamome et la myrrhe rouge
Diluées dans de l’eau de notre puits,
Du curry, de cubèbe d’Inde !

Ah, ma Salma, toutes ces épices enragées !
J’ai rêvé de rose sèche,
Présage de bonheur,
Et de jasmin nouvellement éclos
Présage, ma Salma,
De réussite,
De la coriandre
D’une blancheur semblable
A celle du sable d’Oman
Et de la bigarade !...

XII.

Va chercher le vieux Nabil,
Qu’il vienne de suite,
Qu’il m’apprenne, à la lueur
De cette lampe précieuse d’Iraq,
Les formules des magies des Amalécites !
Des incantations, des charmes,
Des vénéfices nombreux,
Des sortilèges divers !

Ah, Salma, ma fille,
Je veux que nos souffles se rencontrent
Et tombent dans nos cœurs
Comme des tisons ardents!

Glose :

Diogénis Akritas : célèbre épopée byzantine. Diogénis Akritas est un héros des confins, le Métis des frontière, l’invincible héros à la force surhumaine. Il a durablement fait rêver les Byzantins et continue jusqu’à nos jours à émouvoir dans la mémoire des Grecs le sens de leur identité.

« Terre, ébranle-toi… » : extrait de l’épopée Diogénis Akritas.

Cedrat (n.m.) : agrume. C'est le fruit du cédratier, un arbre de la famille des Rutacées. Proche du citron, le cédrat est un fruit ovale et verruqueux qui peut mesurer jusqu'à 25 cm de long et peser 4 kg. Sa chair verte ou jaunâtre est acide et peu juteuse, mais son odeur est très agréable. Trop amer, le cédrat est rarement utilisé frais. Il est surtout vendu confit et utilisé en pâtisserie, en confiserie ou à des fins décoratives. Il est également transformé en confiture et en liqueurs. Les zestes d'écorces sont employés en pâtisserie industrielle.


Jujubier (n.m.) : plante de la famille des Rhamnacées, originaires des pays tropicaux et subtropicaux de l'ancien et du nouveau monde. Ce sont des arbres ou arbustes souvent épineux dont plusieurs espèces produisent des fruits comestibles, les jujubes.

Oxymel (n.m.) : du grec oxus / ’οξύς, « acide » et meli / μέλι, « miel ». Mélange de miel, de vinaigre, d’eau et d’épices.

Mélasse (n.f.) : sirop très épais et très visqueux constituant un résidu du raffinage du sucre extrait de la canne à sucre. Ne pas confondre avec la bagasse : résidu fibreux de la canne à sucre qu'on a passée par le moulin pour en tirer le suc. Elle est composée principalement par la cellulose de la plante. Ce terme désigne également les tiges de la plante qui fournit l’indigo, quand on les retire de la cuve après la fermentation.

Tamarin (n.m.) : de l'arabe tamar hindi / تمر هندي , « datte indienne ». Fruit du tamarinier (Tamarindus indica). C'est un fruit tropical provenant d'Inde. Sa présence est attestée dans l'île de la Réunion dès 1711. On le trouve aussi aux Antilles. Il est maintenant consommé un peu partout dans le monde. Il est formé de gousses de couleur marron dont la forme rappelle un haricot, à l'intérieur de laquelle la pulpe entoure plusieurs graines. La saveur de sa chair acidulée est très agréable. Il est consommé en jus, en pâte de fruits et est un ingrédient classique de la cuisine indienne. On se le procure maintenant facilement en France dans la plupart des grandes surfaces.

Aristoloche - Aristolochis clematitis (n.f.) du grec aristos / ’άριστος, « excellent » et lokhos / λόχος, « accouchement », ce qui donne « meilleur accouchement » par référence aux vertus particulièrement bénéfiques que la plante aurait sur la parturition. Plantes herbacées de la famille des Aristolochiacées.
Benjoin (n.m.) : autrefois également storax. C’est le baume, ou la résine de diverses plantes du genre Styrax. On trouve le styrax originaire d’Indochine (Styrax tonkinensis), le styrax originaire ‘Indonésie (Styrax benzoin) et le styrax originaire de Turquie (Styrax Officinalis), aussi appelé Aliboufier. Commercialement, ces résines sous souvent vendues sous les noms suivant, par ordre de provenance: benjoin de Siam ou du Laos, benjoin de Sumatra, et Storax. Le benjoin de Siam a une couleur jaune-brune, le benjoin de Sumatra a une couleur gris-foncé, et le Storax a une couleur noire.
Le nom de benjoin vient probablement, via l’italien, de l’arabe lubān jāwī ou « encens javanais ».
Cévadille - Sabadilla (n.f.) : plante de la famille des Colchicacées. On en prépare un remède recommandé contre les éternuements et le rhume des foins.

Cardamome - Elettaria cardomumum (n.f.) : plante vivace à rhizome. plante vivace à rhizome. Comme le gingembre et le curcuma, la cardamome appartient à la famille des Zingibéracées et à l'instar du poivre, elle trouve ses origines à Malabar. Cette épice, originaire est connue en Europe depuis très longtemps. Les Arabes l'utilisent pour aromatiser leur café, les Indiens avec les currys et les Scandinaves avec les marinades et les conserves au vinaigre. On trouve la cardamome sous deux présentations : soit en poudre, soit en capsule entière. Il est de loin préférable d'acheter la cardamome en capsule car son arôme étant très volatil, elle supporte mal d'être stockée. La meilleure cardamome est originaire de l'Inde (cardomome verte) mais d'autres espèces sont très proches : Amomum krervanh originaire de Thaïlande et Amomum compactum qui vient d'Indonésie. La cardamome noire Amomum subulatum possède quant à elle un goût plus prononcé et un peu camphré. Elle se prête mieux à une cuisine plus rustique. La cardamome fait partie de la pharmacopée classique de l'Inde et de la Chine où elle est prescrite contre les problèmes de digestion.

Pariétaire – Parietaria officinalis (n.f.) : plante herbacée, vivace, de la famille des Urticacées. Souvent accrochée aux vieux murs, étalant ses tiges rousses, elle a reçu de nombreux noms vernaculaires évocateurs : perce-muraille, casse-pierre, espargoule ou gamberoussette. Elle est couverte de poils non urticants mais son pollen est une des sources d’allergènes les plus importantes du Midi. Parietaria désignait déjà en latin une plante croissant sur les murs, peut-être une pariétaire. Le terme était une substantification au féminin de l’adjectif parietarius «de mur», dérivé de paries, parietis «paroi». Officinalis : officinal, c'est-à-dire en vente dans les officines des pharmaciens. Le terme vient du latin officina « atelier, officine ».

Uve (n.f.) : du latin uva, « grappe de raisin », de même radical que uvere, « être plein d'humidité ». Pommade de blanc de plomb.

Cérat (n.m.) : pommade à base de cire et d'huile qui sert, en dermatologie, d'excipient (toute substance autre que le principe actif dans un médicament), pour diverses substances médicamenteuses et de base pour des préparations cosmétologiques.

Embrocation (n.f.) : ce terme désigne à la fois la préparation et le geste qui permettent d'appliquer un mélange à base d'huile directement sur une partie malade de la peau.
Populeum (n.m.) : pommade calmante, dans la composition de laquelle entre des germes de peuplier noir et autres substances. Onguent populéum.

Cinnamome (n.m.) : nom donné par les anciens à une substance aromatique produite par un arbrisseau qui croissait sur les bords de la mer Rouge et que l'on croit être la cannelle. Quelques auteurs disent que c'était la myrrhe. Pour les Botanistes ce mot désigne un genre des Laurinées Laurus cinnamomum qui fournit la cannelle.

Myrrhe (n.f.) : du latin murra ou myrrha, lui-même emprunté au grec. Gomme-résine aromatique produite par l’arbre à myrrhe (Commiphora myrrha ou Commiphora molmol). Une gomme à peu près similaire, le baume de La Mecque, est produite par Commiphora opobalsamum. Elle pouvait être un des multiples constituants de la thériaque de la pharmacopée maritime occidentale au XVIIIe siècle. La thériaque, appelée therion / θηριον par les Grecs est un célèbre contrepoison décrit pour la première fois par Andromaque, médecin de Néron)
Curry (n.m.) : le curry (ou cari) est une préparation d’épices très répandue dans la cuisine indienne. On le trouve sous forme de poudre ou de pâte. Selon sa composition, il peut être très doux ou très fort (pimenté), mais il est généralement très parfumé. Il ne faut pas confondre la préparation d'épices avec la feuille de curry ou caloupilé qui vient de l'arbuste Murraya koenigii et qui par ailleurs peut rentrer dans la composition de certains curry. Ingrédients : gingembre, ail, oignon, coriandre, cardamome verte ou noire, cumin, de la casse ou de la cannelle, curcuma, piment, poivre, fenouil, fenugrec, cubèbe, clou du girofle (souvent grillé pour en extraire l’arôme), sel moutarde, etc.

Cubèbe – Piper cubeba (n.m.) : épice originaire d’Inde. Elle porte aussi le nom de cubèche, embèbe, poivre à queue, poivre de Java ou encore poivre du Kissi. L'épice est obtenue à partir des baies, récoltées avant maturité, séchées et moulues. De la même famille du poivre, son goût est généralement plus fort. Son emploi est fréquent dans les poudres de curry.

Amalécites : tribu de nomades édomites mentionnée dans la Bible, descendants d’Amalek, et qui occupaient un territoire correspondant au sud de la Judée, entre l’Idumée, l’Egypte et le désert de Sinaï.

Selon la Bible, ils furent toujours acharnés contre les Hébreux, qui à leur tour les regardaient comme une race maudite. Dieu ordonna à Saül de les exterminer. Ce roi leur déclara la guerre et les défit. Mais il pardonna à Agag, leur roi : cela lui fit perdre sa couronne, qui fut donnée à David. Par la suite, ainsi que le raconte le livre d’Esther, les exilés du premier Temple auront à pâtir des volontés génocidaires d’Hamam, fils de Hamedata, descendant d’Agag, le roi des Amalécites.
Dans le judaïsme, les Amalécites représentent l'ennemi archétypal des Juifs.

mercredi 20 mai 2009

ET TOUTE UNE VIE ECRITE SUR LES VISAGES

ET TOUTE UNE VIE ECRITE SUR LES VISAGES

A Dimitar Dimitrov

« De tous les ridicules de ce monde,
le plus grand est d’être affairé,
d’être un homme pressé d’agir »

Kierkegaard


Marcher pieds nus dans l’herbe printanière
De la Thrace !
Mon lieu est ici,
Parmi le chœurs joyeux des oiseaux :

Linottes à bec jaune,
Bouvreuils pivoine,
Pinsons du Nord,
Moineaux friquets, sitelles, grimpereaux, mésanges,
Grives, merles, rouges-queues !

J’aime ces jours qui portent
Des iris pâles dans leurs cheveux !
Ces nuits de jade où ma main
Devient soudainement la maison
Des étoiles
Et des nids.
Ce monde
Au mouvement calme et perpétuel !

Ma vie ? Ô mon Ami,
Je l’ai tissée de musique et de rêves,
Je l’ai ouverte à l’univers
Et offerte à l’absolu !

Oui, mon Ami,
Mon lieu est ici !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 20 mai 2009

Je dédie ce poème à l’ami cher à mon cœur, Dimitar Dimitrov, que j’ai connu lors de mon service militaire à Harmanli, petite ville située non loin de Haskovo, ma ville natale. Notre sereine amitié dure plus de 50 ans.

Glose :

Søren Aabye Kierkegaard (1813-1855) : écrivain et philosophe danois. Il naquit dans une famille de 7 enfants, d’un père ayant fait fortune dans le commerce de bonnetier et appartenant à une communauté piétiste très fervente qui lui vaut, selon ses propres dires, « une éducation chrétienne stricte et austère qui fut, à vues humaines, une folie ».

En 1821, il entre à la Borgerdydsskole (en danois, « l’école de la vertu civique »), une école privée très élitiste où il se fait remarquer par son intelligence hors du commun et, en 1831, l’année de la mort de Hegel, il commence ses études de théologie à l’Université de Copenhague. De 1819 à 1834, la tragédie du destin fait que sa mère, puis ses trois sœurs aînées et deux de ses frères meurent tour à tour, soit de maladie soit accidentellement, sans jamais dépasser l’âge de 33 ans, ce qui l’amène à croire qu’il ne dépassera pas lui non plus l’âge du Christ. Plongé dans la mélancolie, qui est accentuée par la mort de son père en 1838, il est à 25 ans, avec son frère Peter, le seul survivant de la famille. Lors d’un dîner chez des amis communs, un soir du mois de mai 1837, il rencontre la jeune Régine Olsen, dont il s’éprend. En 1840, il la demande même en mariage, ce qu’elle accepte, mais il rompt brutalement avec elle un an plus tard, après lui avoir renvoyé son anneau de fiançailles. La même année, il soutient sa thèse de doctorat sur Le concept d’ironie constamment rapporté à Socrate et, le cœur brisé, s’exile à Berlin où il suit les cours de Schelling, dont il revient déçu.

Vivant de la fortune de son père et affirmant n’avoir « pas le temps de [se] marier », il publie en 1843 son premier grand livre, Ou bien... Ou bien..., sous le pseudonyme de Victor Eremita et,[] renonçant à être pasteur, s’engage dans une intense production philosophique, dont les titres les plus remarquables, tous signés d’un pseudonyme différent, sont Le concept d’angoisse (1844), Stades sur le chemin de la vie (1845) ou Post-scriptum définitif et non scientifique aux Miettes philosophiques (1846).

Après avoir atteint l’âge inattendu de 34 ans, il donne à son œuvre d’écrivain un tour nettement plus religieux, soucieux de défendre le christianisme véritable contre l’Église officielle, avec des ouvrages comme la longue série des Discours édifiants, La maladie à la mort, parfois traduit sous le titre Traité du désespoir, (1849) et L’École du christianisme (1850).

lundi 11 mai 2009

La main qui tremble à peine

LA MAIN QUI TEMBLE A PEINE

« Cras vives ? hodie iam vivere, Postume, serum est :
Ille sapit quisquis, Postume, vixit heri. »

(« Tu veux vivre demain ? mais c’est déjà trop tard !
Avoir vécu hier, voilà la vraie sagesse. »)

Martial

I.

La vigne fleurit, ô mon âme,
Et l’herbe argentée recouvre
Les élégants talus des champs verdoyants,
L’or de l’aube coule sur les grêles sentiers.

Le temps se promène,
Souple et vaporeux,
Parmi les sourires des glycines.

L’amicale fenêtre
Referme et ouvre le monde
Sur le ruissellement de la vie,
Sur l’inépuisable,
L’éternelle genèse
Des heures et des mots !

II.

Voici venue la nuit !
Toi seul
A côté de la lampe accueillante,
Ton ombre fleurant le cinnamome
Bouge et fait chanter
L’innocente blancheur
Du mur taciturne !

III.

Doucement, comme dans un conte féerique,
De la clarté vacillante du silence
Surgit le corps du poème
Là,
Juste à côté
Du vase orné
De tulipes !

Et,
De nouveau,
Tu es seul avec toi-même,
Toi, fait pour toi-même !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 9 mai 2009

Glose :

Marcus Valerius Martialis ou Martial (40 – 104) : poète latin originaire d’Hispanie, réputé pour ses Epigrammes. Martial naît le 1er mars 40 dans une petite ville de Tarraconaise, au nord de l’Hispanie, à Bilbilis, dans un milieu plutôt aisé. En 64, lorsqu'il quitte sa région pour Rome, où il espère trouver la fortune par le biais d'une activité d'écrivain. Il s'installe dans le Subure, un quartier populaire et de mauvaise réputation, situé au nord des Forums. Il cherche d'abord à s'adresser à la communauté ibérique, parmi laquelle il trouve Sénèque et Lucain, dont il devient client. C'est le début d'une vie de bohème, reposant entièrement sur le soutien de ses patrons, pratique assez courante à l'époque.

L'année suivante, en 65, la conspiration menée contre Néron, dont Pison est la principale figure, est découverte et échoue. S'ensuit une longue période de répression, dont Sénèque et Lucain seront les victimes. Durant cette période, Martial se montre discret et trouve refuge notamment auprès de Quintilien et de Pline le Jeune. Grâce à son talent littéraire, il compose des poèmes pour ses « patrons », que ces derniers font passer pour les leurs, ce qui va d'ailleurs pousser Martial à s'attaquer à eux dans son œuvre.

Domitien fait de lui un tribun militaire et un chevalier : il acquiert alors une certaine aisance et publie, en 84, les Xenia et les Apophoreta. Il devient ensuite propriétaire de deux villas, l'une à Nomentum et l'autre sur le Quirinal. Aidé par Pline le Jeune qui lui paie le voyage, il retourne en Tarraconaise, dans sa ville natale, en 98, dans une maison offerte par une admiratrice, Marcella. Martial meurt en 104, dans le regret de sa vie à Rome.

Cinnamome – Cinnamomum zeylanicum - (n.m.) : arbre de la famille des lauriers, à laquelle appartiennent le cassier et le camphrier. Il abonde à Sri Lanka et à Java. Le cinnamome atteint une hauteur maximale d’environ 9 m, son écorce est lisse et cendrée, et ses branches s’étalent largement. Ses feuilles persistantes en forme de fer de lance, vertes au-dessus, mais blanches en dessous, mesurent entre 20 et 23 cm de long et quelque 5 cm de large. Ses petites fleurs blanches ou tirant sur le jaune poussent en bouquets. L’écorce extérieure est presque inodore et n’a que peu de valeur. Le cinnamome commercialisé vient de l’écorce intérieure, plus sombre. On extrait aussi une huile aromatique de l’écorce.

Le cinnamome faisait partie des meilleurs parfums qui entraient dans la préparation de l’huile d’onction sainte (Ex, XXX, 23). On en aspergeait les lits (Pr, VII, 17).

samedi 9 mai 2009

HEDONIE (French)

HÉDONIE

(‘ηδονή)

« Κότερα ’αληθηϊη χρήσομαι ’ή ‘ηδονή »

(Parlerai-je franchement ou en vue de te plaire »)

Hérodote, VII, 101

Oui, mes Amis,
Le vin a affiné mon intimité,
Il a fait vibrer de plaisir
Ma tête à son point extrême,
Il a étanché l’incendie de ma soif
Avec son eau de soleil,
Allumé mes ardeurs,
Ravi mon sang
Avec douceur et souplesse !

J’ai rompu pour mon déjeuner
Un petit pain d’orge et de miel,
Et ma cruche de vin lampée…

Muse vêtue de fines feuilles de vignes,
Muse couronnée du suave serpolet,
Laisse couler le filet de joie fraîche
Dans ma chair palpitante,
Porte en haut et en bas,
A droite et à gauche
La flamme ondoyante du désir.

Plie le corps devenu
Mélodie du tarin des aulnes,
Cantabile du sizerin flammé,
Récitatifs du cochevis huppé,
Mélopée du coucou des bois !

J’ai rompu pour mon déjeuner
Un petit pain d’orge et de miel,
Et ma cruche de vin lampée…

Rythme, assonance, balancement,
Danse buissonnante et cadence folle !

Ô beauté insurclassée
Des splendides, des divins
Vignobles de France !

Or, émeraude, rubis, topaze,
Feux liquides des racines,
Ventre prodigue, veines vertigineuses
De ma terre !

Ton secret scellé à l’esprit,
Apparaît dans sa belle évidence
Quand toi, ô flamme ambrosiaque,
Embrase les palais de la chair !

J’ai rompu pour mon déjeuner
Un petit pain d’orge et de miel,
Et ma cruche de vin lampée…

Toi, vin de France,
Exaltation chevaleresque,
Bienveillance magnanime,
Intrépidité munificente,
Âme aumônieuse !

Vin réconfortant,
Roboratif, tonique, fortifiant
Qui rafraîchis
La prairie des cellules !
Fils chéri de Dionysos,
Fais frémir les parties chaudes
De mon corps !

J’ai rompu pour mon déjeuner
Un petit pain d’orge et de miel,
Et ma cruche de vin lampée…

Coulées savoureuses des liqueurs
Blanches, roses, rouges, flamboyantes,
Recouvrez de roses éclatantes
Les sinueux sentiers des soucis,
Noyez les noueuses afflictions
Dans le lumineux bouillonnement
Du ciel !

Vin de France,
Comme j’aime ta perfection accomplie,
Ton regard sémillant, ton sourire malicieux !

Comme j’écoute, envoûté, tes délires
De Maître suprême de l’amour !
Immerge-moi dans les flots des chansons,
Roule-moi dans la bleue clarté des mots purs,
Jette dans l’incendie des délices
Hommes et femmes,
Nymphes, ondines, dieux et déesses !

J’ai rompu pour mon déjeuner
Un petit pain d’orge et de miel,
Et ma cruche de vin lampée…

Heures gravées de lettres d’or
Sur les collines soyeuses de ma France !
Emotions et tremblements,
Ebranlements des membres,
Râles, secousses, séismes,
Assaisonnements des étreintes
De paroles excitantes,
Harmonie et mouvement voluptueux,
Eclats et concupiscence,
Accomplissements !

Ô vins de ma France,
Abondance, volubilité, profusion,
Vins luxuriants,
Et vous, vins discrets, vins taciturnes,
Poèmes des poèmes,
Lumières des lumières,
Saveurs des saveurs !

J’ai rompu pour mon déjeuner
Un petit pain d’orge et de miel,
Et ma cruche de vin lampée…

C’est toi que j’exalte
Douce et noble famille des mistelles
Où le soleil devient sang
Et le sang - rosée et soleil
Aubes rustiques et ondes agitées :

Pineau des Charentes,
Floc de Gascogne,
Ratafia de Champagne,
Macvin du Jura,
Pommeau de Normandie,
Carthagène de Languedoc,
Cataroise de Béziers,
Pinot d’Alsace…

A force de dire vos noms sacerdotaux
Ma langue devient buisson ardent,
Ma mémoire - mousse légère,
Ma gorge – fougère sauvage !

Pulchritudo et Salubritas,
Beauté et Santé !

J’ai rompu pour mon déjeuner
Un petit pain d’orge et de miel,
Et ma cruche de vin lampée…

Paris, le 8 mai 2009

Glose :

Hédonie (n.f.) : du grec ancien ‘ηδονή, « plaisir, jouissance, agrément », « plaisir des sens », « qualité sensible d’un objet ». Anhédonie (n.f.) : du préfixe privatif an, « sans, privé de » et hédonie - symptôme médical retrouvé dans certaines pathologies psychiatriques et parfois chez le sujet exempt de trouble. Il caractérise l'incapacité d'un sujet à ressentir des émotions positives lors de situations de vie pourtant considérées antérieurement comme plaisantes. Cette incapacité est fréquemment associée à un sentiment de désintérêt diffus. L'anhédonie, perte de la capacité à ressentir des émotions positives, est fréquemment observée au cours de la dépression et de la schizophrénie.

Tarin – Carduelis spinus (n.m.) : oiseau de la famille des Fringillidés, de l’ordre Passériformes. Petit oiseau assez voisin du chardonneret au plumage vert jaune vif.

Cantabile (n.m.) : mélodie vocale.

Sizerin flammé – Carduelis flammea (n.m.) : petit oiseau de la famille des Fringillidés, de l’ordre des Passériformes. Le sizerin flammé a une calotte rouge très marquée, la poitrine carminée et une tache noire sous le bec. Ce dernier est jaune paille. Le dessus est gris brun, le dessous blanchâtre, les flancs et le derrière sont tachetées longitudinalement.

Cochevis huppé – Galerida cristata (n.m.) : petit oiseau de la famille des Alaudidés, de l’ordre des Passériformes. Le cochevis huppé ressemble à l’alouette des champs, tant par la taille que par la couleur. Il s'en distingue cependant par un corps plus trapu, une queue plus courte, des ailes plus larges, un bec plus long et arqué et surtout par une huppe effilée qu'il porte au sommet du crâne, et qu'il peut rétracter et redresser. Le cochevis présente un manteau et un dessus brun gris moins fortement moucheté que la plupart des alouettes. Le dessous et les parties inférieures sont chamois sableux avec de fortes marques au niveau de la poitrine.

Pineau des Charentes : le pineau des Charentes est une mistelle (de l’italien misto, « mélangé ») , une boisson alcoolisée de type « vin de liqueur de qualité produit dans une région déterminée » (VLQPRD) au niveau européen et « vin de liqueur d'appellation d'origine contrôlée » (VLAOC) en France, obtenue par mélange de moût, c'est-à-dire de jus de raisin, et d'eau-de-vie de cognac. Cette boisson est produite dans une région qui contient une partie de la Charente-Maritime et de Charente. Sa fabrication est autorisée uniquement par les bouilleurs de cru individuels ou les coopératives de producteurs, avec le fruit de leur récolte, dans le respect des usages locaux.

Floc de Gascogne : du mot gascon floc, « bouquet de fleurs ». C’est une mistelle née au XVIe siècle d’une recette gasconne, et élaborée avec du raisin en cours de fermentation, appelé « moût », et de l’armagnac jeune. Il existe deux variétés :

Le blanc, cépage : Colombard, Ugni blanc et Gros Manseng.
Le rosé (ce dernier étant en fait de couleur rubis), cépages : Cabernet franc, Cabernet Sauvignon, Merlot.

Ratafia (ou ratafiat) de Champagne : de l’expression latine rata fiat, « que le traité soit ratifié ». Mistelles produites dans plusieurs régions de France, qui ne sont pas commercialisés la plupart du temps. Deux régions produisent des mistelles réputées avec l'appellation ratafia : la Champagne et la Bourgogne :

Ces ratafias sont parfois classés dans les apéritifs à base de vin, à tort, puisque aucune fermentation du raisin n'est opérée.
Le ratafia de Champagne est élaboré avec du raisin de l’appellation « Champagne » ou « coteaux champenois » et un quelconque alcool neutre (les meilleurs utilisent de la fine ou du marc de Champagne).
En Bourgogne, le ratafia est confectionné avec du marc de Bourgogne et du jus de raisin ; le ratafia de cidre du pays d’Othe est fait avec du jus de pommes et de l’eau-de-vie de cidre.

Macvin du Jura : de la combinaison des mots marc et vin. Cette appellation date de 1991 et concerne l'ensemble du vignoble jurassien. C'est un vin de liqueur. Il est issu d'une eau de vie de raisin. L'assemblage est en effet obligatoirement composé d'1/3 de marc et de 2/3 de moût de raisin rouge ou blanc. Les cépages autorisés sont le Savagnin, le Trousseau, le Poulsard, le Pinot Noir et le Chardonnay. Il est élevé pendant 12 mois en fûts de chêne et doit comporter 16 à 22 degrés d'alcool.

Pommeau de Normandie : alcool de type mistelle obtenu par l’assemblage de jus de pommes non fermenté et de calvados. On obtient le pommeau en mélangeant environ deux tiers de moût de pommes et un tiers de calvados de 2 ans ou plus. L’alcool contenu dans le calvados empêche la fermentation du jus, donnant ainsi un alcool plus sucré. Le pommeau acquiert ensuite sa couleur ambrée et son arôme au contact du bois du tonneau où il vieillit plusieurs mois.

Carthagène (ou cartagène) de Languedoc : de l’espagnol cartagena, lui-même de Carthage, mot punique qui signifie « ville nouvelle ». Boisson alcoolisée de type mistelle typique du Languedoc. Elle est issue de l'assemblage de 80 % de moût de raisin frais et de 20% d'eau de vie de vin. La proportion varie légèrement en fonction du degré de l'eau de vie. Le mélange doit titrer 16° d'alcool au minimum pour éviter une fermentation du produit.

Cataroise de Béziers : produit traditionnel de Béziers. Certains la consomment à l'apéritif, d'autres la privilégient au dessert, d'autres dans le melon ou sur le foie gras. C'est un apéritif vieilli de longues années en fûts de chêne à base d'eau-de-vie de vins et de jus de raisins.

vendredi 8 mai 2009

Quelle réponse donner (en tamazight - langue des Berbères)

Mon Ami, le Poète berbère M'hames Alilouch a traduit mon poème "Quelle réponse donner" en tamazight. Merci, M'hamed!

TAMAZIGHT (langue des Berbères)

MATTA URAR AKKAGH…

A Ahmed Arabi

« Was aber bleibet,stiften die Dichter »
(“ Maca or da d ittqqima xs adlis n umdyaz”)

Hölderlin

I.
A Ahmed inw irwan, arbanw aqbayli,
Matta urar akkagh
I tàurrma nnek itkarn s tusna iséfan?

Mayd igan amur nnek g usid n rebbi
G usid axatar n tudert?

Zund kiy, oyma awssar n tbrdin n ighariwn nnegh.
Da teddugh ger tillas n sin izmzen
Ar tworoggh tiàzzéit n iàrrimn n ighrman nnegh
I tihéli irwan n trbatin nnegh
Ig das tagart!

Zund wink, ulinw da ittergigi
Adday yizéir iyidar nnegh iqburn
Iktéu atéu n lfrhé amnzu n ddilyat nnegh

Zund key da ttarmgh ad ghdgh , bla mmegh
Asif n talaxt n tudert nnegh!

II.

Ah, maradak inigh?
Ad ak inigh
Da ttirigh tudert iwhenn iséfan
Urar n wurgh n tizwa
Abda ittazlan
G tàurma izdin
N yidéan d wussan , n izmzn d isggasn!

Ad ksgh , s nniyt irséan
Itmunn s taman uqbu n usklu axatar
Tasurift ur irséin , ifssusn ihérran
Udm nna mehéra d iffghn g gidé
N tafuyt ilggaghn n sbahé
Tujjut ittuyassen I tifawt d ittalin
Ar lmxanjij iqqurn
N izeghran iffern n tudern taqburt!

III.

Ah, mas traragh?
Rar
Ad ttrargh g ifsti ingin n tgerst
Séfiyt n tfsut
D tihéli iddgh n tàzzéit isdhacn
N wurtan d yusan n tmazirt nnegh!

Ad
Umngh s tzmmar n ihérgi
I wzikrirn ur itsbarn
N wakal nnegh isggasn iàtan

Ad
Kulci imghar, kulci ighal, kulci inwa,
Tfurn yan nn iddan ur itxwwadén
D yan umghrad ittuhyyan seg tizwiri!

Ad
Tihéli n nniyt
Da tssiddi g mmatta wazy I wadèu kulci

IV.

Iyyih, arbanw aqbayli
Da ttamngh, da tqrragh
Kollo tighawsiwin ihyyan
Hat mchabbakent
G tatséa iffern n id kkuc n dduniyt!

D maytoskarn, amzyaro
Xs adday d iffegh g wancucn ittirirn,
Da ikkat , zwar
Tamzzéuxt issiflidn
N imdyazn issuddan!

V.

Da ttamngh, righ ad amnegh, ayamddakkel
Hat nga kollo
Imkinna inna Platon, amddakkkel n wadéutn,
Azéyin I uhémmar n ufgan,

Έπέκεινα τής ουσιάς !
Epékeina tes ousiàs !

Hat, zund ismziyn ixatarn n Tabriz,
Da àmmugh ig da teqqajgh timdyazin
Luqnna da iddal utfll s tamllins
Tiwririn imsasan
N tsktit inw

Ad qqimn iwaliwn n tayri ur ityannan
Qqimn xf ighf n yils
N imttin nnegh

Traduit en tamazight par M’hamed Alilouch (iyider Nkob).
Ass n 06/05/2009.

jeudi 7 mai 2009

HELIOTROPES (anglais)

Mon ami, le grand poète anglais Norton Hodges, a traduit mon poème "Héliotropes". Je le remercie de tout mon coeur.

Heliotropes

To Jose Gorostiza

‘Crystal grains, pure dews’

Père Martial de Brives
It’s a fine day that comes
with white camellias
on its heart!

Shining turtledoves
fly back and forth
like pages of happiness
turning in my mind!

Listen! I can hear their silken wings!

Oh, how I love
the sweet roundness
of morning words,
like the drops
of blood inheliotropes!

Athanase Vantchev de Thracy

Traduit en anglais par Norton Hodges
Translated into French by Norton Hodges

mercredi 6 mai 2009

DEVOTIO

DEVOTIO

A Cristina Castello

« Se miscet viris neque cernitur ulli »
(« Il se mêle à la foule et n’est visible pour personne »)

Virgile,
Enéide, 1, 440

Je pose doucement mes mains
Sur la face
De tous les êtres égarés de la Terre!

Des pétales blancs
Ornent la sollicitude de mes doigts !

Dans leur cœur dévasté
De pourpres cicatrices sauvages,
Dans leur chair lamellée par la glaciale indifférence
Et les ornières des blessures,
Je répands avec un infini ménagement
La brûlante affection de mon cœur !

Poésie incandescente des yeux
Qui caressent, qui veulent caresser
D’autres yeux !

Je n’ai autre trésor à leur offrir
Que la grâce rayonnant de ce jour d’avril,
Que le transparent parfum d’un geste adelphal !

Infimes annotations de l’aurore,
Voix entrées dans le fleuve d’une sollicitude
Aussi vraie et suave que le suc de figues mûres !

J’accueille dans ma chétive, dans ma chaste hutte
Les pérégrinations fiévreuses
De toutes les lèvres gercées !

Amour sur amour,
Clarté sur clarté,
Encore,
Encore de clarté !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 6 mai 2009

Glose :

Devotio : mot latin qui signifie “dévouement, attachement sans réserve ».

Adelphal, adelphale (adj.) : du grec ancien’αδελφός / adelphos, « frère ». Fraternel, fraternelle.

mardi 5 mai 2009

LA NATURE SE DENATURE (poème de M. Mouloudi)

Mon ami, le poète algérien Moustapha MOULOUDI, a eu la bonté de me dédier ce poème. Je lui suis profondément reconnaissant!

LA NATURE SE DENATURE

A Athanase Vantchev de Thracy

La nature se dénature,
L’humain devient bougie.
Partout, que de blessures,
De chaudes larmes pour la vie!
Plus de miroir, point d’image !
Humble, aux rêves jadis perdus,
A présent, solitaire sans bagage,
Entre quatre murs, inconnu.

La nature se dénature,
Vie de chien, vie de rat,
A chaque vers, sa tournure,
Point d’amour, point d’éclat.
A chaque nuit, ses larmes,
A chaque jour, ses peines,
Beauté n’est pas charme,
Le roi a perdu sa reine.
A chaque mois, sa mesure,
A chaque année, son poids,
Le patient cède à l’usure,
Se cache derrière la foi.

La nature se dénature,
L’humain n’est plus humain,
Demain, coin sombre du futur,
Le désespoir n’aura plus faim.
L’indifférence devient culture,
Partout, que de conflits,
Le corps s’offre à la suture,
Ensemble, prions le Saint-Esprit.

Mustapha Mouloudi

Algérie

lundi 4 mai 2009

AMBIGUAE MARIS VIAE

AMBIGUAE MARIS VIAE

A Jaime Siles

Entre nous,
Ces choses de toujours, sombres, lourdes, tapies :
Plaies, amertumes,
Solitudes, poussières, nostalgies !

Je veux fermer
Les rideaux déchirés des disputes,
Je veux
Des affections qui cachent de grands besoins
D’illumination, de présence !

Non,
Je ne veux pas
De cette tristesse en basse
Dans le gémissement
Des premières feuilles
Qui habillent les corps élancés des peupliers,

Ni
De ce sourd enfermement de soi en soi !
Moi qui connais si profondément
L’indispensable pesanteur de l’amitié !

Je veux
Des mots vrais, taillés dans le vif de la chair,
Des aubes irrésistibles dans chaque syllabe
Fleurie sur nos lèvres !

Non,
Je ne veux pas
De ces petites taches de finitude
Que font les larmes sur le papier jaune
Des lettres très anciennes !

Âme, âme,
Je ne veux pas d’hivers froids dans mon sang
Ni de draps mortuaires étalés sur les vieux miroirs!

Je ne veux pas de ces accents d’angoisse dans la langue
Ni de traces rouges sur les dalles
Dans l’humble église de cette journée virginale !

Le printemps est entré dans mes blessures,
Il a posé sur mon cœur un parfum de joie,
Un dévorant désir de perfection et de chant !

Athanase Vantchev de Thracy

Saint-Germain-en-Laye, le 4 mai 2009

Glose :

Ambiguae maris viae : vers d’Ovide qui signifie « les routes périlleuses de la mer ».

Jaime Siles (né à Valence, 1951) : un des plus grands poètes contemporains espagnols, essayiste, traducteur. Diplômé de l’Université de Salamanque, il enseigne actuellement les lettres classiques à l’Université de Valence.

vendredi 1 mai 2009

VERUM BONUM

VERUM BONUM

A Marco Antonio Campos

Soudain, tout est devenu silencieux,
Le jour est entré
Dans le cœur
Palpitant, dans le sang flottant
Des arbres du minuscule jardin !

Ah, qu’elle est douce à ma pensée
La réplication
Illimitée du savoir,
La substance absolument,
Infiniment infinie de Dieu.

Tu poses ta tête transparente,
La lumière de tes cheveux de soie
Sentant le muguet,
Sur mon épaule !

Oui, je sais, mon amour,
Je ne suis pas le premier
A marcher parmi les ombres
Frêles des années !

Je sais, mon amour,
Que tout est violent et tendre
Comme nos vies !

Je sais
Qu’il est impossible à l’ange
De ne pas vibrer
Et aimer !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, ce Premier mai, Anno Gratiae MMIX

Glose :

Verum bonum : expression latine qui signifie « le vrai bien ».

Marco Antonio Campos (né en 1949) : poète, narrateur, essayiste et traducteur mexicain. Il a publié plusieurs recueils de poésie dont Muertos y disfraces, Una seña en la sepultura, Los adioses del forastero et Viernes en Jerusalén. Il a traduit des recueils de poésie de grands poètes tels que Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud et Emile Nelligan. Il a obtenu plusieurs prix dont le prix Nezahualcólt, le prix Casa de América ainsi que la médaille d’honneur présidentielle internationale Pablo Neruda.