lundi 27 avril 2009

BAISERS ET ACCOLEMENTS

BAISERS ET ACCOLEMENTS

A Abdeljalil Boukrâa

« Alors mon amant me renversera »

Nafzaoui,
La Prairie enchantée

Nafzaoui, mon Prince, le Maître vénéré,
A exalté l’ardeur du cœur et de la chair,
L’effervescence du sang, leurs fulgurants éclairs,
L’intense conjonction des corps entrelacés !

Athanase Vantchev de Thracy

Saint-Germain-en-Laye, le 27 avril 2009

Je dédie ce quatrain à mon fidèle ami tunisien Abdeljalil Boukrâa.

Glose :

Abou-Abdallah Mouhammad Al-Nafzawi ou Nafzaoui (XVe siècle) : Amazighe (Berbère) de la tribu des Nafzâwa qui vivait dans le sud de la Tunisie. On ne sait pas grand-chose de la vie de cet illustre auteur, sinon qu’il vivait vers 1420 et que ses œuvres connurent un immense succès. C’est sur la demande du vizir du sultan Abd al-‘Aziz Abou-Fâris qui régna de 1394 à 1434 qu’il composa sa fameuse Prairie parfumée où s’ébattent les plaisirs. Le sultan appartenait à la dynastie berbère Masmouda des Hafsides qui commença par être alliée aux Almohades qui ont régné sur le Maghreb et l’Espagne musulmane de 1147 à 1269. Devenue la dynastie régnante de l'Ifriqiya (1230-1574), elle étendit son pouvoir sur le nord-est de l'Algérie (Bougie, l'actuelle Béjaïa), la Tunisie (Tunis) et une petite partie du nord-ouest de la Libye. La Prairie parfumée, écrite en langue arabe, est une étude magistrale sur les choses de l’amour. Nafzaoui estimait avoir été en son temps « le seul qui parle avec compétence sur ce sujet ». Le vizir, Mouhammad, fils de ‘Awâna, al-Zawâwî était également d’origine berbère.

dimanche 26 avril 2009

NUIT MYSTIQUE (en espagnol)

Mon ami, le grand poète Pedro Vianna, a eu la gentillesse d'aimer et de traduire ce poème. Je lui suis infiniment reconnaissant.


NOCHE MÍSTICA

« Sustentadme con frascos, corroboradme con manzanas, porque estoy enfermo de amor »

Cántico de los cánticos, II, 5

Pienso claramente
Y todo es obscuro en derredor, ¡oh alma mía!
Esta noche de inteligencia
Este ver lo que no se puede ver,
El abrazo espiritual tan esperado
Las bodas patéticas de los amantes.

Altos muros de esmeralda
Se alzan quitando el aliento
En torno al corazón exaltado
Y la piedra que recibió la luz
Que nunca tiene ocaso
Abruma mi memoria amorosa.

Arrebato, tensión, impulso
Dichosa infusión de la eternidad
En las pupilas.

Noche de los sentidos, noche del espíritu,
Tinieblas deslumbrantes,
Luz de luz,
¡Luz!

¡Oh! theia nux
¡Oh! noche divina
Tal como la conoció
San Narciso de Jerusalén,
Noche en que amar y conocer
Ya no son más que una sola
Y misma cosa

Sola y misma cosa,
¡Oh Dios mío!

Athanase Vantchev de Thracy

Saint-Germain-en-Laye, en este Domingo 1° de abril, Anno Domini MMVII

¡Oh! theia nux: expresión griega que significa “divina noche”

Glose:

San Narciso o Narcisco de Jerusalén (siglo II después de J.-C.): al parecer, Narciso, de origen desconocido, sucedió al obispo Dolichianus, hacia el año 185. Ya sería un anciano, octogenario según la tradición. Se le ve, en el último decenio del siglo, junto con Teófilo de Cesárea, reuniendo un sínodo de obispos palestinos para reafirmar su apego a la tradición cuartodecimana frente a las pretensiones del papa Víctor, quien hubiera querido imponer a toda la cristiandad la celebración dominical de la Pascua. Un texto corto citado por Eusebio, donde se trata de un acuerdo permanente entre Palestinos y Alejandrinos sobre aquel tema, tal vez sea un fragmento de la respuesta de Narciso y sus colegas a Víctor.

Por lo demás, su vida está atestada de leyendas.

El milagro del aceite:

Narciso fue sin duda un obispo popular. Se le atribuyó numerosos milagros. Cierto año, con gran desespero de los fieles, llegó a faltar el aceite para iluminar el santuario para la vigilia de la Pascua. Narciso encargó a los diáconos que fueran a sacar agua, se puso en oración, y después, « con sincera fe en el Señor », dijo que vertieran el agua en las lámparas. En seguida se cambió ésta en aceite. En tiempos de Eusebio, todavía se conservaba en Jerusalén un poco de este aceite milagroso para atestiguar las virtudes del santo obispo.


Es muy probable que la leyenda tenga un origen local, puesto que la costumbre de quemar el aceite consagrado en las lámparas parece ser, por lo menos en aquella época, propia de las Iglesias palestinas.

En las Iglesias orientales, a Narciso se le honra como santo. A su vez, el martirologio romano, le acogió en la fecha del 29 de octubre.

Traducido del francés, en colaboración estrecha, por
Pedro Vianna y Denise Peyroche

samedi 25 avril 2009

REMINISCENCE

REMINISCENCE

A Kevin

“Avant de nous promener sur les routes,… il faut nous envelopper d’éternel”

Andeé Dhôtel

En vain aux hypogées je cherche votre image,
Travée après travée, sculpture après sculpture,
Le temps a effacé vos traits sur les moulures
De ses baisers impurs, de sa fureur sauvage !

Athanase Vantchev de Thracy

Saint-Germain-en-Laye, ce samedi 25 avril, Anno Domini MMIX

Glose :

Hypogée (n.m.) : du grec hupo , « sous » et gê, « terre ». Il s'agit de sépultures souterrainescreusées dans la roche, sans éléments visibles à la surface en dehors des escaliers d'accès. Ils sont composés d'une galerie principale et de deux courtes travées latérales donnant au plan de construction la forme de T renversé. Les murs sont percés de loculi (compartiments ou cellules funéraires) individuels réservés aux différents défunts de la famille. Les personnages importants sont inhumés dans des sarcophages monumentaux surmontés de leurs statues, placés dans des grandes niches creusées dans la roche et souvent situés au fond des travées latérales.

A Palmyre (Syrie), après 128 ap. J.-C., la construction des tours-cimetières cessa de façon inexpliquée. Celles-ci furent remplacées par les hypogées déjà connus dès l'an 80 ap. J.-C. André

Dhôtel (1900-1991) : poète et écrivain français, auteur d’une œuvre particulièrement abondante. Après une licence en philosophie, il devint enseignant et connut plusieurs affectations dont, entre 1924 et 1928, un poste de professeur à L’Institut supérieur d’études françaises d’Athènes qui lui permit de découvrir la Grèce. De retour en France, il publia ses premiers textes poétiques et ses premiers récits en 1928. En 1932, il épousa Suzanne Laurent et vit naître son fils François en 1933. En 1943, nommé à Coulommiers où il restera jusqu'à la fin de sa carrière, il débuta sa vraie carrière littéraire avec les publications de "Le Village Pathétique" et "Nulle Part". En 1955, le prix Femina couronna "Le Pays où l'on n'arrive jamais". Il reçoit aussi le Prix de Littérature pour la jeunesse en 1961, année où il quitte définitivement l'enseignement. En 1974, il reçoit le Grand Prix de Littérature de l’Académie Française et, en 1975, le Prix National des Lettres.

mardi 21 avril 2009

HELIOTROPES

HELIOTROPES

A José Gorostiza

“Grains de Cristal, pures Rosées”

Le père Martial de Brives

Le jour est beau qui porte des camélias blancs
Sur son cœur !

Des tourterelles luisantes
Passent et repassent,
Telles des pages de bonheur,
Dans mon esprit !

J’entends le soyeux bruit de leurs ailes !

Ah, comme j’aime la douce rondeur
De mots du matin,
Les gouttes de sang
Des héliotropes !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 20 avril 2009

Glose :

Héliotrope (n.m.) : du grec héliotropion / ‘ηλιοτρόπιον, « tournesol », « sorte de pierre précieuse ». Quartz microcristallin. Synonyme : jaspe sanguin, pierre des martyrs, jaspe vert, pierre de sang. L’héliotrope est une pierre d’un vert sombre uniforme contenant des taches rouges d’oxyde de fer ressemblant à des gouttes de sang. Des pouvoirs magiques lui furent attribués au Moyen Âge car ses taches rouges faisaient penser à des gouttes de sang du Christ.

José Gorostiza (1901-1973) : poète mexicain. Maître de la perfection formelle. Il a appartenu au fameux groupe des Contemporains (1928-1931). Gorostiza fut professeur de littérature mexicaine à la Faculté de Philosophie et de Lettres modernes à l'Université du Mexique (1929) ; de l'Histoire moderne à l'École Normale Supérieure (1932) ; chef du département des Beaux Arts au Ministère de l’Education Nationale.

Le père Martial de Brives (vers 1600 – avant 1653) : moine capucin et poète religieux. Son Parnasse séraphique (1660) contient de très beaux poèmes baroques.

LA TISSANDERIE DE L'AUBE - le bon texte

LA TISSANDERIE DE L’AUBE
(fantaisie)

A José Hierro

« Mother, mother, mother, what am I ?”

("Mère, mère, mère, que suis-je?”)

Ted Hughes

De nouveau les tomates poussent dans la cour
Et la menthe odorante et le doux persil.

Ah, chère Annette, viens danser !

Ma pensée court, se remplit de miel,
Envolées bleues des mots somptueux
Posées sur le lac de ma langue.

Ah, chère Annette, viens danser !

L’air sent le chèvrefeuille et l’anis frais,
Dans la grande tissanderie de l’aube amoureuse !

Ah, chère Annette, viens danser !

Hâte-toi, cœur, cours vers moi
Par l’allée d’hibiscus et de hauts perseas.

Ah, chère Annette, viens danser !

Le rire de ta gorge dans l’herbe insoumise
Roule comme les grains rouges des grenades.

Ah, chère Annette, viens danser !

Fais-moi, fée, boire ta voix
Dans l’ordre lacté du printemps
A l’heure sonore des pinsons !

Ah, chère Annette, viens danser !

Je veux caresser le vent endormi
Sur la prairie de ton corps joyeux,
Je veux embrasser les vertes ancolies
De tes poignets couverts de rosée !

Ah, Annette, viens danser!

Non, non, il n’y a pas
De sombres fêlures dans nos âmes !
Non, non !... Nous sommes plus vifs
Et plus entiers que la roue des rayons !

Ah, Annette, viens danser!

Comme les corbeaux sacrés d’Amérique,
Comme les corbeaux devins du Japon
Nos baisers volent vers le soleil,
Dans le comté des romarins drus,
Au marquisat des étoiles blanches !

Ah, Annette, viens danser!

Athanase Vantchev de Thracy

Paris le 17 avril 2009

Glose :

Tissanderie (n.f.) : du verbe tisser, lui-même du latin texere, « fabriquer par tissage ». Atelier, usine de tissage.

José Hierro del Real, alias José Hierro (1922-2002) : poète qui appartient à la littérature espagnole de l'après franquisme.

Ted Hughes de son vrai nom Edward James Hughes (1930-1998) : unanimement considéré comme l'un des plus grands poètes anglais du XXe siècle. Il a été Poet Laureate, c'est-à-dire poète officiel de la Reine, de 1984 jusqu’à sa mort. Il est aussi connu par son mariage (1956-1963) avec la poétesse américaine Sylvia Plath (1932-1963) au sens où il a souvent été accusé, par les critiques, d'être à l'origine du suicide de son épouse en 1963 ainsi que du suicide de sa maîtresse Assia Wevill (1927-1969) en 1969.

Hibiscus (n.m.) : du grec ἱϐίσκος / hibískos, « guimauve ». Plante à fleurs annuelles ou vivaces qui comporte plus de 30 000 variétés. L’hibiscus fait partie de la famille des Malvacées. Ce sont des plantes connues depuis la plus haute antiquité : elles étaient cultivées en Égypte et en Asie du Sud-Est pour leur caractère ornemental, mais aussi pour leurs fruits comestibles. Importées en Europe au XIIe siècle par les Maures d'Espagne, certaines espèces furent ensuite introduites en Amérique au XVIIe siècle par les esclaves.

Persea (n.m.) : arbre appartenant à la famille des Lauracées représentée par plus de 150 espèces à feuillage persistant. L'espèce la plus connue est l’avocatier.

Corbeau (n.m.) : du bas latin corvus, lui-même du grec κόραξ / korax. Dans les tribus amérindiennes, le corbeau est un être primordial dont la mission est d’organiser et civiliser le monde. Le corbeau au Japon est le symbole de l’amour familial. Il est également considéré comme un oiseau de bonne augure. Hugin et Munin, deux grands corbeaux, étaient, dans les mythologies nordiques, les messagers des dieux.

LA TISSANDERIE DE L'AUBE

LA TISSANDERIE DE L’AUBE

"Mother, mother, mother, what am I ?"

("Mère, mère, mère, que suis-je?”)

Ted Hughes

De nouveau les tomates poussent dans la cour
Et la menthe odorante et le doux persil.

Ah, chère Annette, viens danser !

Ma pensée se remplit de miel
Et les envolées bleues des mots
Viennent se poser sur ma langue.

Ah, chère Annette, viens danser !

L’air sent le chèvrefeuille blanc et le tendre anis,
Dans la grande tissanderie de l’aube rose.

Ah, chère Annette, viens danser !

Hâte-toi, cours vers moi
Par l’allée d’hibiscus et de perseas.

Ah, chère Annette, viens danser !

Fais rouler ton rire dans l’herbe jeune
Comme des grains gorgés d’azur des grenades.

Ah, chère Annette, viens danser !

Fais-moi entendre l’ordre clair de ta voix,
Ô toi tige lactée du printemps !

Ah, chère Annette, viens danser !

Je voudrais caresser
Le vent endormi sur ton corps,
Les clochettes d’argent à tes poignets.

Ah, Annette, viens danser.

Non, il n’y a pas de fêlures dans nos êtres !
Non, nous sommes plus entiers que le ciel !

Ah, Annette, viens danser.

Comme les corbeaux sacrés d’Amérique
Comme les corbeaux devins du Japon
Nos baisers s’envoleront vers le soleil,
Dans le marquisat des romarins sauvages,
Dans le pays des étoiles blanches !

Ah, Annette, viens danser.

Paris le 17 avril 2009

Athanase Vantchev de Thracy

Glose :

Tissanderie (n.f.) : du verbe tisser, lui-même du latin texere, « fabriquer par tissage ». Atelier, usine de tissage.

Ted Hughes de son vrai nom Edward James Hughes (1930-1998) : unanimement considéré comme l'un des plus grands poètes anglais du XXe siècle. Il a été Poet Laureate, c'est-à-dire poète officiel de la Reine, de 1984 jusqu’à sa mort. Il est aussi connu par son mariage (1956-1963) avec la poétesse américaine Sylvia Plath (1932-1963) au sens où il a souvent été accusé, par les critiques, d'être à l'origine du suicide de son épouse en 1963 ainsi que du suicide de sa maîtresse Assia Wevill (1927-1969) en 1969.

Hibiscus (n.m.) : du grec ἱϐίσκος / hibískos, « guimauve ». Plante à fleurs annuelles ou vivaces qui comporte plus de 30 000 variétés. L’hibiscus fait partie de la famille des Malvacées. Ce sont des plantes connues depuis la plus haute antiquité : elles étaient cultivées en Égypte et en Asie du Sud-Est pour leur caractère ornemental, mais aussi pour leurs fruits comestibles. Importées en Europe au XIIe siècle par les Maures d'Espagne, certaines espèces furent ensuite introduites en Amérique au XVIIe siècle par les esclaves.

Persea (n.m.) : arbre appartenant à la famille des Lauracées représentée par plus de 150 espèces à feuillage persistant. L'espèce la plus connue est l’avocatier.

Corbeau (n.m.) : du bas latin corvus, lui-même du grec κόραξ / korax. Dans les tribus amérindiennes, le corbeau est un être primordial dont la mission est d’organiser et civiliser le monde. Le corbeau au Japon est le symbole de l’amour familial. Il est également considéré comme un oiseau de bonne augure. Hugin et Munin, deux grands corbeaux, étaient, dans les mythologies nordiques, les messagers des dieux.

mercredi 15 avril 2009

SIRIUS

SIRIUS

A mon ami d’enfance, Ivan, aujourd’hui décédé

« D’où vient qu’en cette nuitée
Tout le ciel en feu reluit… »

Denisot

Tu es, ô mon Ami Ivan,
L’étoile Sirius qui pose sur mes épaules
Le changeant manteau des saisons !

Tu es l’automne abondant
Qui offre une pomme suave
A la soif limpide de nos bouches !

Tu es, ô mon Ami endormi,
L’eau vive qui lutte désespérément
Contre l’étreinte glaciale de décembre !

Toujours tu es la rue des voix que j’aime,
L’escalier bleu des yeux
Qui monte au-delà du ciel !

Tu es le frémissement
Dans ma mémoire brûlante,
Le livre splendide des couleurs printanières !

Avec le Christ,
Tu es une part du vrai visage de ma vie !

Tu es, ô mon Ami évanoui,
Tu es, comme la Poésie des grands génies de jadis,
La lumière avec laquelle je parle

Seul à seul !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, ce mercredi 15 avril, Anno Domini MMIX

Je dédie ce poème à mon ami Ivan Kostov, mort jeune de tuberculose. Son doux visage hante encore mes nuits.

Glose :

Sirius est l’étoile principale de la constellation du Grand Chien (Alpha Canis Majoris). Vue de la Terre, Sirius est l’étoile la plus brillante du ciel après le Soleil. Les astronomes antiques, tels Ptolémée, ont décrit Sirius comme une étoile rouge, comparant sa couleur à celle d'autres étoiles aujourd'hui visiblement rouges.

Nicolas Denisot dit le Comte d’Alsinois (1515-1559) : poète français de la Pléiade. Il jouissait de l’amitié de Pierre de Ronsard, Jacques Peletier du Mans, Jacques Tahureau et Rémy Belleau.

Nicolas Denisot descendait d'une « ancienne et illustre famille du Perche » fixée de longue date à Nogent-le-Rotrou. D'aucuns avancent que l'origine de la famille était anglaise, se référant à un parent de Nicolas, Philippe Denisot, qui se nommait aussi Adison ou Adamson. Cette famille est attestée à Nogent dès le XVe siècle, puisque Jehan Denisot, l'ancêtre commun, avait épousé Hélène Durand à Nogent. A cette époque la famille possédait le manoir de Poix.

Nicolas naquit au Mans où demeurait sa famille. Jehan Denisot l'Ancien, son père, était "licencié en loix". Jeune avocat, il avait quitté Nogent, sa ville natale, pour s'installer dans la capitale mancelle où il se maria deux fois. Il devint ensuite bailli d’Assé-le-Riboul. Jean l'aîné de ses fils, né de Simone Moreau qui mourut peu après, était donc le demi-frère de Nicolas. Jean suivit les traces de son père, fit une carrière d'avocat et fut nommé par la suite procureur au Mans. François, né du second mariage et l'aîné de Nicolas, fut homme d'église. Il pratiqua aussi la poésie et nous laissa quelques pièces. On sait qu'il fut abbé de La Périne et ensuite prieur d'Assé-le-Riboul.

Dès l'enfance, Nicolas s'était lié d'amitié avec Jacques Peletier du Mans, de deux ans son cadet et orphelin de mère. D'une remarquable intelligence, Peletier fut, plus tard, surnommé le Docte. Cette amitié, riche tant au point de vue affectif que culturel, eut probablement une influence bénéfique sur notre poète.

Quant à son pseudonyme de comte d'Alsinois, il le prit assez rapidement comme nom de plume : c'était la mode et Nicolas sacrifia à l'usage.

mardi 14 avril 2009

IL NEIGE DES FLEURS BLANCHES

IL NEIGE DES FLEURS BLANCHES

A José Luis Rivas

Il neige des fleurs blanches
Sur le tapis émeraude des prairies !

Tu ris
Et ta bouche d’aube rose
Est un enchantement indescriptible.

Au loin,
Comme une biche enjouée,
Court à travers la forêt réséda
L’air ornée de muguets !

Heureuses, nos âmes jouent
Avec les ombres lilas des buissons
Et écoutent la vie
Respirer au cœur des pierres !

Cette vie qui vibre
Jusqu’aux commissures des lèvres
Noyées de lumière fraîche.

A peine prononcés, nos mots s’évanouissent !
Reste, à peine palpable,
La trace légère d’une pensée !

Paris, le 14 avril 2009

Glose :

José Luis Rivas (né en 1950) : poète mexicain, traducteur de T.S. Eliot et Saint-John Perse. A publié Tierra nativa (1982) et Asunciόn de las islas (1992).

lundi 13 avril 2009

La face visible des mots (en tamazight - langue des Berbères du Maroc)

Mon ami, le poète berbère du Maroc M'hamed Alilouch, a traduit ce poème en tamazight (la langue des Berbères du Maroc). Qu'il en soit remercié!


TASGA ISSUDDAN N IWALIWN

I Loïc Toupin
« Angelicos testes »
(« Annaygh ayt rebbi dda igan imyisatn )

La Messe, Introït

Sawel yat tutlayt tayldit,
Qqim g taman théli iséfan

Ddu s lhéil, s lhéil kigan
Afella n séfiyt n iwri
Afad ur tssiwt tirzéomin n ildjign
Adghar, g yan uzul ameqran
G ggan Ibrbilla ijjéan.

A ! iwaliwn,
Iwalwn ittamzen
Matta yan , matta tghawsa !

Traduit par M’hamed Alilouch (iyider Nkob).
Ass n 14/03/2959 (27/3/2009)

jeudi 9 avril 2009

COMMENCEMENT

COMMENCEMENT

(’η ’αρχή)

A Albine

« O vous qui par ci passez… »

Guéroult


Les pensées printanières passent en envolées joyeuses
Dans mon esprit.
Elles déploient avec grâce
Le beau tissu soyeux du vent d’Italie !

Tu viens en moi
Sous la forme d’une petite pivoine blanche !

Emerveillés par ta venue,
Des mots neufs, des mots inconnus retracent
Le littoral hésitant du jour !

Et voici que des poèmes,
Pleins de senteur d’aube,
Mêlent leur frisson au vol radieux des colombes :

Je ferme les yeux
Pour mieux t’accueillir
Dans la maison de l’arc-en-ciel de mon âme,
Pour mieux entendre
La musique délicate de tes pas !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, ce Jeudi Saint, le 9 avril, Anno Gratiae MMIX

Glose :

Albine : prénom, du latin albus, « blanc ». La sainte patronne des Albine est une vierge romaine, peut-être de la famille du général romain Didius Julianus (Marcus Didius Severus Iulianus 133/137 – 193) qui s’était autoproclamé empereur à la mort de Publius Helvius Pertinax (126 – 193). Elle fut martyrisée à la fin du IIIe siècle.

Guillaume Géroult (1507-1569) : éditeur, traducteur et poète français, précurseur, avec ses Emblesmes, de La Fontaine et ses fables. Guéroult connut une vie fort agitée. Dans sa jeunesse, il acquit une bonne connaissance des langues anciennes avant, ses études terminées, de s’initier à l’art de l’imprimerie chez un de ses oncles, Guillaume-Simon du Bosc, libraire-imprimeur à Rouen. Passé, avec son oncle, à la Réforme vers 1540, Guéroult écrivit des paraphrases des Psaumes et des poésies religieuses qu’on chantait déjà, car ses poésies ont circulé longtemps en manuscrits, avant d’être recueillies et publiées en 1548 dans ses Chansons spirituelles.

La paraphrase consiste à reprendre dans ses propres mots les dits d’un auteur. Elle permet de présenter les idées de cet auteur sans utiliser les mêmes mots. Cependant, la paraphrase ne consiste pas seulement à remplacer les mots du texte original par des synonymes. Il faut complètement réécrire le texte, c’est-à-dire changer les termes et la structure des phrases. Si on veut conserver ne serait-ce que quelques mots de l’écrit original, il faut les mettre entre guillemets.

dimanche 5 avril 2009

LA MESANGE (en français et en anglais)

LA MESANGE

A Liu Chang

Lève-toi, Liu Chang -
Chante la mésange ! -
« Lève-toi,
Doux ami de mon cœur ! »

L’aube a rempli les calices
Des fleurs de notre jardin
D’eau de soleil.

Dans les allées blanches de joie
S’avance en chantant
Le printemps

Aussi beau,
Aussi lumineux, Liu Chang,
Que le sourire de tes yeux
Le matin !

Lève-toi, Liu Chang -
Chante la mésange ! -
« Lève-toi,
Doux ami de mon cœur !

Paris, le 5 avril 2009


My translation into English :

THE TIT

for Liu Chang

Get up, Liu Chang –
Sings the tit! -
Get up,
Soft friend of my heart!

The dawn filled
The chalices
Of the flowers
Of our garden
With water of sun.

In paths white with enjoyment
Moves by singing
The spring!

The spring…
So beautiful, so brilliant,
Liu Chang,
As the smile of your eyes
In the morning!

Get up, Liu Chang –
Sings the tit! -
Get up,
Soft friend of my heart!

samedi 4 avril 2009

REVE DIURNE (français et anglais)

Je dédie ce poème à mon jeune ami culturiste, l'Américain Chris. Ces messages m'apporte toujours une joie indicible.


REVE DIURNE

A Chris

Je ferme doucement les yeux
Pour que tu puisses entrer dans mon âme
Avec toutes les fleurs du printemps.

Toi, innocence de l’aube, rêve vivant,
Pur, impalpable,
Sourire qui habite tout le royaume
De ma joie cristalline !

Toi, ici ou ailleurs,
Âme libre du feu
Qui seule sait changer la rumeur du sang
En haute rivière
De pétales roses,
En poème
Taillé dans le rubis de la tendresse !

AthanaseVantchev de Thracy

Paris, le 4 avril 2009

My translation into English :

DIURNAL DREAM

To Chris

I close slowly eyes
So that you can enter my soul
With all the flowers of the spring.

You, innocence of dawn,
Living, pure, impalpable dream,
Smile living in all the realm
Of my crystalline joy!

You, here or somewhere else,
Free soul of the light
Which only knows
How to change the rumour of the blood
In high river
Of pink petals,
In poem
Cut in the ruby of the tenderness!

Athanase Vantchev de Thracy