LES QUATRE FLEUVES
Ami,
Comme il m’est cher
Ton clair visage
Sur le velours indigo de la nuit,
Ton sourire à la fraîcheur d’avril.
Tu veux que je te parle
Des quatre fleuves des Enfers grecs,
Toi, né pour faire renaître les saisons de soleil,
Pour établir sur l’anagramme du poème
Un azur incandescent.
Je te parlerai de Styx,
La nymphe généreuse, fille de l’Océan et de Théthys -
Palla, fils de Créius et d’Eurybie, en devint amoureux
Et la rendit mère de Zélus,
De la Force et de Nicé,
Déesse de l’heureuse Victoire.
La rapide Styx ! Elle présidait à une fontaine d’Arcadie
Dont les eaux silencieuses formaient un ruisseau
Qui disparaissait sous terre,
Et, par la suite, allait couler
Dans les régions infernales.
Là, ce ruisseau devenait un fleuve fangeux
Qui débordait dans d'infects marécages couverts d'une sombre nuit.
Ô Ami, pourquoi vivre comme des déshérités
De la vie éternelle ?
J’aime la rêche clarté du midi,
Les cigognes qui s’en vont à dos du vent,
La nitescence des collines après la pluie d’été,
Les poèmes sublimement ouverts sur l’espérance,
Les flèches christiques de la bonté joyeuse,
Les imprédictibles extases des lèvres qui disent l’humilité.
Ah, il y a trop de jour
Et il y a trop d’azur !
Je te dirai aussi l’histoire d’Achéron,
Fils du Soleil et de la Terre.
Il fut changé en fleuve et précipité dans les Enfers
Pour avoir fourni de l’eau aux Titans qui combattaient Zeus.
Trois petits fleuves de ce nom coulaient jadis en Grèce :
Un en Épire, un autre en Élide, un troisième en Laconie.
L'Achéron dont le nom exprime la Tristesse et l’Affliction,
Tout comme le Styx, était un fleuve
Que les ombres passaient sans retour.
Représenté en vieillard couvert d'un vêtement humide,
Achéron se repose sur une urne noire, d'où sortent
Des ondes écumantes. Son cours est si impétueux
Qu'il entraîne, comme des grains de sable, de gros blocs de rochers.
Le hibou, oiseau lugubre, est un de ses attributs.
C’est à l’aquatique Antioche au cœur Hatay mon Ami,
Que les fidèles de Jésus prirent
Pour la première fois le nom de chrétiens.
C’est écrit, mon Ami, sur la tempe vespérale du Jour.
J’aime la limpide obscurité des bosquets
Où, jour à jour, je rêve.
C’est là que des noms de vrais pays reviennent sur mes lèvres.
Advesperascit et inclina est iam dies,
Il se fait soir, il se fait vêpres,
Et le jour est incliné.
Ami, comment tant d’infini peut-il être mien ?
Quant au Cocyte, aux Enfers, il est un affluent de l'Achéron.
En Épire, non loin du lac Achéruse, il y avait un cours d'eau de ce nom.
C'est sur les bords du Cocyte infernal
Que les ombres des morts privés de sépulture
Etaient condamnées à errer pendant cent ans
Avant de comparaître devant le tribunal suprême
Et de connaître leur sort définitif.
Cocyte, mon Ami, était le fleuve des gémissements.
Il entourait la région du Tartare, et son cours n'était formé
Que par les abondantes larmes des méchants.
On représentait sur son rivage des ifs, des cyprès
Et autres arbres au feuillage sombre.
Dans son voisinage se trouvait une porte posée sur un seuil
Et des gonds d'airain. C’était l’entrée des Enfers.
Ah, cette antique fascination pour les nombres,
Notre culte divin des ancêtres !
Et ces divinations par les vents !
Les choses, mon Ami,
Sont en résonance les unes avec les autres –
Ciel – Terre – Homme – Univers
Où tous les éléments sont corrélés !
Que d’instruments astro-calendériques.
Oh, mon Ami,
Comme j’aime ta voix
Confondue à celle de tes canaris,
Puisse ma chanson recouvrir ton visage
De sa lumière harmonieuse !
Enfin, je te dirai la légende du Phlégéton,
Autre affluent de l'Achéron.
Il roulait des torrents de flammes sulfureuses.
Son long cours, en sens contraire du Cocyte,
Entourait la prison des méchants.
Comme elle est belle l’ésotérique anagramme de l’été
Et doublement flexueuse la ligne radieuse de l’horizon.
Nous, Ami, nés pour renaître,
Engendrés pour faire régner
Des nouveaux azurs !
Nous, les poètes à la vie apatride,
Amis de la plus seule des solitudes,
Nous, à qui le monde a fait perdre
Jusqu’à l’adresse de nos âmes,
Nous, qui savons entendre la voix des dieux
Quand la plus féroce des tristesses
Etablit ses campements en nous
Et qu’il neige sur les landes ventées de notre cœur !
Nous, les célestes, les indomptables seigneurs,
Les humbles patriciens
De la parole absolue !
Nous en qui, face à une fin de journée,
Monte vers Dieu l’immense sentiment de gratitude.
Ô Lumen ad revelationem gentium,
Ô Lumière pour éclairer les nations !
Ô lumière, tu le sais,
L’âme est toujours exactement à ce qu’elle fait !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, juin 2011
mercredi 29 juin 2011
dimanche 19 juin 2011
APRES-MIDI DE JUIN
APRES-MIDI DE JUIN
À Pierre Oster
La délicieuse torpeur des livres,
Votre profonde érudition amusée,
Les fièvres brûlantes des souvenirs !
Je me tais, je pense à vous,
Je suis tout entier amitié et frisson !
Seigneur, puisse la grâce
De Ton sourire s’engouffrer
Dans le sang
De mes paroles !
Indéfinie,
Vaste,
Sublime clarté
De l’âme !
Douce lucidité étendue
De cette après-midi diaphane
De juin !
Athanase Vantchev de Thracy
Pris, le 19 juin 2011
Glose :
Pierre Oster (né en 1933 à Nogent-sur-Marne) : un des plus grands poètes contemporains français. Il est d'origine luxembourgeoise. Après son mariage avec Angella Soussouev, en 1971, il joint à son nom celui de sa femme.
Il fait ses études au Collège Sainte-Croix de Neuilly, au lycée Buffon, en khâgne au Lycée Louis-le-Grand puis à l'Institut d'Études Politiques de Paris. Il publie Premier poème dans Le Mercure de France en 1954, grâce à Pierre-Jean Jouve et, tout de suite après, Quatre Quatrains gnomiques dans La Nouvelle Revue française, grâce à Marcel Arland et Jean Paulhan. Son premier recueil, Le Champ de mai, paraît en 1955 dans la collection "Métamorphoses", dirigée par Jean Paulhan. Il reçoit pour celui-ci le Prix Felix Fénéon, comme il recevra en 1958 le Prix Max Jacob pour Solitude de la lumière, une année après la résiliation de son sursis, qui provoque son départ aux armées, en Algérie, où il restera jusqu'en 1959. A son arrivée à Blida, il trouve un mot de son ami Edouard Glissant : « Déserte ! »
En 1961, Jean Paulhan lui ménage par surprise une rencontre avec Saint-John Perse, qui lui donne les plus grands espoirs poétiques. Il travaille auprès de Claude Tchou, éditeur chinois de livres libertins, et sur les indications de Pascal Pia, qui le fait profiter de sa connaissance de l'Enfer de la Bibliothèque nationale. C'est chez Claude Tchou qu'il édite, avec Jean-Claude Zylberstein, la première édition des œuvres complètes de Jean Paulhan, avant celle qui paraît aujourd'hui chez Gallimard en collection Blanche, sous la direction de Bernard Baillaud. Grâce à Denis Roche, il entre au comité de lecture des éditions du Seuil, où il siègera jusqu'en 1995. Le Dictionnaire de citations françaises publié par Le Robert est pour lui un travail alimentaire. Une certaine "consécration" lui vient avec la publication de Paysage du Tout dans la collection « Poésie » chez Gallimard, volume anthologique précédé d'une élogieuse préface d'Henri Mitterrand. Il est fidèle aux éditions Babel dirigées par Gaspard Olgiati à Mazamet. Attentif à l'expression de la plénitude, il ne cesse de corriger ses textes, comme si la variation était l'essentiel de son art poétique. Avec Pratique de l'éloge (Gallimard, 2009), il dit, à travers de brefs textes en prose, "ce qu'il doit, et à qui".
À Pierre Oster
La délicieuse torpeur des livres,
Votre profonde érudition amusée,
Les fièvres brûlantes des souvenirs !
Je me tais, je pense à vous,
Je suis tout entier amitié et frisson !
Seigneur, puisse la grâce
De Ton sourire s’engouffrer
Dans le sang
De mes paroles !
Indéfinie,
Vaste,
Sublime clarté
De l’âme !
Douce lucidité étendue
De cette après-midi diaphane
De juin !
Athanase Vantchev de Thracy
Pris, le 19 juin 2011
Glose :
Pierre Oster (né en 1933 à Nogent-sur-Marne) : un des plus grands poètes contemporains français. Il est d'origine luxembourgeoise. Après son mariage avec Angella Soussouev, en 1971, il joint à son nom celui de sa femme.
Il fait ses études au Collège Sainte-Croix de Neuilly, au lycée Buffon, en khâgne au Lycée Louis-le-Grand puis à l'Institut d'Études Politiques de Paris. Il publie Premier poème dans Le Mercure de France en 1954, grâce à Pierre-Jean Jouve et, tout de suite après, Quatre Quatrains gnomiques dans La Nouvelle Revue française, grâce à Marcel Arland et Jean Paulhan. Son premier recueil, Le Champ de mai, paraît en 1955 dans la collection "Métamorphoses", dirigée par Jean Paulhan. Il reçoit pour celui-ci le Prix Felix Fénéon, comme il recevra en 1958 le Prix Max Jacob pour Solitude de la lumière, une année après la résiliation de son sursis, qui provoque son départ aux armées, en Algérie, où il restera jusqu'en 1959. A son arrivée à Blida, il trouve un mot de son ami Edouard Glissant : « Déserte ! »
En 1961, Jean Paulhan lui ménage par surprise une rencontre avec Saint-John Perse, qui lui donne les plus grands espoirs poétiques. Il travaille auprès de Claude Tchou, éditeur chinois de livres libertins, et sur les indications de Pascal Pia, qui le fait profiter de sa connaissance de l'Enfer de la Bibliothèque nationale. C'est chez Claude Tchou qu'il édite, avec Jean-Claude Zylberstein, la première édition des œuvres complètes de Jean Paulhan, avant celle qui paraît aujourd'hui chez Gallimard en collection Blanche, sous la direction de Bernard Baillaud. Grâce à Denis Roche, il entre au comité de lecture des éditions du Seuil, où il siègera jusqu'en 1995. Le Dictionnaire de citations françaises publié par Le Robert est pour lui un travail alimentaire. Une certaine "consécration" lui vient avec la publication de Paysage du Tout dans la collection « Poésie » chez Gallimard, volume anthologique précédé d'une élogieuse préface d'Henri Mitterrand. Il est fidèle aux éditions Babel dirigées par Gaspard Olgiati à Mazamet. Attentif à l'expression de la plénitude, il ne cesse de corriger ses textes, comme si la variation était l'essentiel de son art poétique. Avec Pratique de l'éloge (Gallimard, 2009), il dit, à travers de brefs textes en prose, "ce qu'il doit, et à qui".
samedi 18 juin 2011
SOUFFLE DANS LE SOUFFLE
SOUFFLE DANS LE SOUFFLE
« All is possibl »
(« Tout est possible »)
Sir Thomas Wyatt
La sévère clarté,
La parole jaillie des entrailles de la terre
Pour devenir chant.
Palpitation de l’essence,
Ces jeux printaniers des oiseaux.
Comme la vie plénière protège les visages
Du léger poids de l’effroi !
Élan d’un sang toujours vivant,
Bonté qui refuse les barbares dictionnaires de la haine.
Comme est délicieuse à l’âme attentive
La flamme précieuse de l’amitié,
Le rubis de l’air
Dans ces allées de parfum.
Amis brésiliens de Minas Gerais,
Je me penche avec tremblement
Sur vos poésies aldravias,
Vous qui voyagez partout
Et vous instruisez de toute chose !
Debout, au milieu du jardin
Aux mille fleurs et aux innombrables insectes
Qui enchantent les simarres écarlates des pivoines,
Je me sens si joyeux, si ouvert à l’éternité !
Je cumule les jours et les années
En regardant toujours
Le ciel,
En écoutant les mots
Sur lesquels erre l’Esprit
Et qui bâtissent la hauteur
De l’écriture.
Et me sens immortel,
Si près de Dieu,
Cette lumière sans déclin.
Je suis,
Je respire
Et écoute
Le vent emporte les petits objets
Qui n’appartiennent à personne.
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, ce samedi 18 juin 2011
Glose :
Sir Thomas Wyatt (1503 - 1542) : poète lyrique anglais, connu pour avoir introduit le sonnet dans son pays. Il est né à Allington Castle, près de Maidstone, dans le Kent, mais sa famille était originaire du Yorkshire. Son père, Henry Wyatt, fut l'un des conseillers privés d'Henri VII. A son tour, Thomas Wyatt suivit son père à la cour après ses études au Collège St-Jean, à Cambridge. Aucun de ses poèmes n’a été publié de son vivant.
Aldravias : poésies de six vers, chaque vers contenant un seul mot. Cet art a été initié par les poètes de l’État brésilien du Minas Gerais ?
Simarre (n.f.) : de l’italien zimarra, lui-même de l’espagnol zamarra. Mot attesté en 1619 sous la forme chimarre, « ample vêtement d'une riche étoffe porté par les hommes ou les femmes ».
« All is possibl »
(« Tout est possible »)
Sir Thomas Wyatt
La sévère clarté,
La parole jaillie des entrailles de la terre
Pour devenir chant.
Palpitation de l’essence,
Ces jeux printaniers des oiseaux.
Comme la vie plénière protège les visages
Du léger poids de l’effroi !
Élan d’un sang toujours vivant,
Bonté qui refuse les barbares dictionnaires de la haine.
Comme est délicieuse à l’âme attentive
La flamme précieuse de l’amitié,
Le rubis de l’air
Dans ces allées de parfum.
Amis brésiliens de Minas Gerais,
Je me penche avec tremblement
Sur vos poésies aldravias,
Vous qui voyagez partout
Et vous instruisez de toute chose !
Debout, au milieu du jardin
Aux mille fleurs et aux innombrables insectes
Qui enchantent les simarres écarlates des pivoines,
Je me sens si joyeux, si ouvert à l’éternité !
Je cumule les jours et les années
En regardant toujours
Le ciel,
En écoutant les mots
Sur lesquels erre l’Esprit
Et qui bâtissent la hauteur
De l’écriture.
Et me sens immortel,
Si près de Dieu,
Cette lumière sans déclin.
Je suis,
Je respire
Et écoute
Le vent emporte les petits objets
Qui n’appartiennent à personne.
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, ce samedi 18 juin 2011
Glose :
Sir Thomas Wyatt (1503 - 1542) : poète lyrique anglais, connu pour avoir introduit le sonnet dans son pays. Il est né à Allington Castle, près de Maidstone, dans le Kent, mais sa famille était originaire du Yorkshire. Son père, Henry Wyatt, fut l'un des conseillers privés d'Henri VII. A son tour, Thomas Wyatt suivit son père à la cour après ses études au Collège St-Jean, à Cambridge. Aucun de ses poèmes n’a été publié de son vivant.
Aldravias : poésies de six vers, chaque vers contenant un seul mot. Cet art a été initié par les poètes de l’État brésilien du Minas Gerais ?
Simarre (n.f.) : de l’italien zimarra, lui-même de l’espagnol zamarra. Mot attesté en 1619 sous la forme chimarre, « ample vêtement d'une riche étoffe porté par les hommes ou les femmes ».
dimanche 12 juin 2011
EXSTILLARE LACRIMIS
EXSTILLARE LACRIMIS
Au Père Maximilien-Marie Kolbe
Père,
Je pense à vous ces temps-ci.
Je pense à vous surtout le soir :
Je suis seul à la maison,
Seul avec le chant des herbes folles.
Ici, là, partout
Aux abords de l’équateur céleste.
Et plus belle est la nuit à mes doigts.
Oui, Père, je le sais, je l’ai appris
Au prix de tant de larmes :
La prière, cette plus belle poésie de l’âme,
Sait intérioriser spontanément,
Immédiatement,
Par un simple regard,
Le monde.
Et en cela, Père, en cela ;
Elle n’a pas besoin d’avoir
Des notions cosmologiques
Et philosophiques
Préalables à ce regard.
Autour de moi bruissent
Les navires des fenêtres,
Chantent
Les maisons blanches éperdues d’amour !
Ah, comment le crépuscule est-il entré dans la ville ?
Mort resplendissante du jour,
Petits poussins des nuages,
Les bourgeons des oliviers
Et cette odeur de café…
Père,
Vous avez lâché les colombes
Dans le ciel de la Foi !
La Foi,
Cette architecture archaïque
Profondément ancrée en nous !
Oui, Père,
Tout s’en va
Sans que nous soyons capables d’aller jamais loin
Dans notre tendresse.
D’où nous vient cette difficulté non spéculée,
Mais bien réelle ?
Ce qui nous reste, Père,
C’est l’amertume qu’a laissé en nous
La divine absence
Des âmes de miséricorde.
Père,
Sic enim perspicatio,
Sic judico.
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 12 juin 2011
Glose :
Le Père Maximilen-Marie Kolbe (1894-1941) : franciscain conventuel. Apôtre de Marie, Martyr de la Charité. Mort à Auschwitz le 14 août 1941. Béatifié par Paul VI le 17 octobre 1971. Canonisé par Jean-Paul II le 10 octobre 1982. C’est une des figures les plus lumineuses du christianisme.
Exstillare lacrimis : expression latine qui signifie « fondre en larmes ». Du verbe latin exstillo, « fondre en larme »
Sic enim perspicatio,
Sic judico : expression latine qui signifie “Oui, telle est mon opinion, tel est mon sentiment »
Au Père Maximilien-Marie Kolbe
Père,
Je pense à vous ces temps-ci.
Je pense à vous surtout le soir :
Je suis seul à la maison,
Seul avec le chant des herbes folles.
Ici, là, partout
Aux abords de l’équateur céleste.
Et plus belle est la nuit à mes doigts.
Oui, Père, je le sais, je l’ai appris
Au prix de tant de larmes :
La prière, cette plus belle poésie de l’âme,
Sait intérioriser spontanément,
Immédiatement,
Par un simple regard,
Le monde.
Et en cela, Père, en cela ;
Elle n’a pas besoin d’avoir
Des notions cosmologiques
Et philosophiques
Préalables à ce regard.
Autour de moi bruissent
Les navires des fenêtres,
Chantent
Les maisons blanches éperdues d’amour !
Ah, comment le crépuscule est-il entré dans la ville ?
Mort resplendissante du jour,
Petits poussins des nuages,
Les bourgeons des oliviers
Et cette odeur de café…
Père,
Vous avez lâché les colombes
Dans le ciel de la Foi !
La Foi,
Cette architecture archaïque
Profondément ancrée en nous !
Oui, Père,
Tout s’en va
Sans que nous soyons capables d’aller jamais loin
Dans notre tendresse.
D’où nous vient cette difficulté non spéculée,
Mais bien réelle ?
Ce qui nous reste, Père,
C’est l’amertume qu’a laissé en nous
La divine absence
Des âmes de miséricorde.
Père,
Sic enim perspicatio,
Sic judico.
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 12 juin 2011
Glose :
Le Père Maximilen-Marie Kolbe (1894-1941) : franciscain conventuel. Apôtre de Marie, Martyr de la Charité. Mort à Auschwitz le 14 août 1941. Béatifié par Paul VI le 17 octobre 1971. Canonisé par Jean-Paul II le 10 octobre 1982. C’est une des figures les plus lumineuses du christianisme.
Exstillare lacrimis : expression latine qui signifie « fondre en larmes ». Du verbe latin exstillo, « fondre en larme »
Sic enim perspicatio,
Sic judico : expression latine qui signifie “Oui, telle est mon opinion, tel est mon sentiment »
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