AMBIGUAE MARIS VIAE
A Jaime Siles
Entre nous,
Ces choses de toujours, sombres, lourdes, tapies :
Plaies, amertumes,
Solitudes, poussières, nostalgies !
Je veux fermer
Les rideaux déchirés des disputes,
Je veux
Des affections qui cachent de grands besoins
D’illumination, de présence !
Non,
Je ne veux pas
De cette tristesse en basse
Dans le gémissement
Des premières feuilles
Qui habillent les corps élancés des peupliers,
Ni
De ce sourd enfermement de soi en soi !
Moi qui connais si profondément
L’indispensable pesanteur de l’amitié !
Je veux
Des mots vrais, taillés dans le vif de la chair,
Des aubes irrésistibles dans chaque syllabe
Fleurie sur nos lèvres !
Non,
Je ne veux pas
De ces petites taches de finitude
Que font les larmes sur le papier jaune
Des lettres très anciennes !
Âme, âme,
Je ne veux pas d’hivers froids dans mon sang
Ni de draps mortuaires étalés sur les vieux miroirs!
Je ne veux pas de ces accents d’angoisse dans la langue
Ni de traces rouges sur les dalles
Dans l’humble église de cette journée virginale !
Le printemps est entré dans mes blessures,
Il a posé sur mon cœur un parfum de joie,
Un dévorant désir de perfection et de chant !
Athanase Vantchev de Thracy
Saint-Germain-en-Laye, le 4 mai 2009
Glose :
Ambiguae maris viae : vers d’Ovide qui signifie « les routes périlleuses de la mer ».
Jaime Siles (né à Valence, 1951) : un des plus grands poètes contemporains espagnols, essayiste, traducteur. Diplômé de l’Université de Salamanque, il enseigne actuellement les lettres classiques à l’Université de Valence.
lundi 4 mai 2009
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