Mon ami, le grand poete moscovite, Victor Martynov, a traduit mon poeme "Lys et roses du ciel" en russe:
Атанас Ванчев де Траси
Лилии и розы небес
Моему дяде Александру
«Потому что я был возведён в звание человека
В память обо мне самом»
Хосе Анжель Валенте
Усопшие от нас бесшумно уплывают;
Так паруса скользят по глади чистых вод,
И ночь огромная, рыдая, их приход
В объятья звёздные навечно заключает.
Париж, пятница, 2 мая, Anno Christi MMVIII
Господи, прими в твоё сострадательное сердце лилейную душу моего любимого дяди Александра , почившего в возрасте 20 лет. У моего отца Николая Ванчева де Траси было два брата: старший Михаил и младший Александр. Александр окончил жизнь трагически.
Примечания:
Хосе Анжель Валенте (Оранс, Галиция 1929 – Женева 2000) – один из выдающихся современных поэтов Испании. Получив диплом романской философии, Хосе Анжель Валенте несколько лет преподавал в Оксфордском университете. С 1958 по 1980 жил в Женеве. Последние годы жизни он делил между Альмерией, Женевой и Парижем. Его первый сборник получил премию Адонаис в 1955 году. В 1994 он был удостоен Национальной премии поэзии.
mardi 30 décembre 2008
samedi 13 décembre 2008
DEVOTION AMAZIGHE
DEVOTION AMAZIGHE
(’ευσέβεια)
A Cadi Kaddour
« Il n’est pas d’homme plus pauvre que celui
qui ne laisse aucune trace de sa vie »
Sagesse antique
Je pense à toi, Ami immortel,
Pieds nus dans l’herbe frissonnant
Sous l’aimable fraîcheur du soir rifain.
Ce soir ensorcelant
Resté si longtemps clair
A la demande d’une âme innocente,
A l’invocation d’un cœur pur
Qui veut que la lumière de l’amour
Se prolonge à l’infini !
Je pense à toi, Kaddour,
A toi, frère des oiseaux libres,
A toi, ami du Verbe, mort par dévotion
Pour la langue superbe de tes ancêtres.
Les fleurs n’osent plus déranger
Ton ombre qui dort dans les soyeux replis
Du temps solennel !
Un petit froid parcourt les calices des jasmins,
Non celui que souffle la bouche glacée de l’hiver
Qu’ils connaissent si bien,
Mais un froid dense, profond, intérieur qui les fait
Se figer d’effroi !
Endormi dans les bras de l’éternité,
Tu occupes tant de place à présent
Dans le cœur probe de ton peuple,
Tant d’espace dans les paysages enchanteurs de ton pays
Si chers à tes yeux d’adolescent !
Depuis ton soudain départ
Le temps s’est arrêté
Sur les cimes aériennes des montagnes,
Sur les odorants sentiers rifains fuyant
Vers les vallées ondoyantes,
Sur le seuil de ton humble,
De ta chaste demeure !
Imperceptiblement, délicatement l’or
Amoureux du savoir,
Travaillé par les mains dévotieuses de ton âme,
S’est transformé en statue de déesse !
Kaddour, mon vénérable Ami, tu as prouvé
Aux hommes de la Terre que
De n’importe où on peut s’élancer vers le ciel !
Toi qui as partagé ton cœur en deux
Et l’as élevé vers le firmament vêtu d’une neuve lumière.
Toi, seul, debout, doux, souriant
Face à toute la transparence de l’avenir !
Oui, tout est divin, mon Ami,
Pour ceux qui sont faits de clarté,
Cela l’est,
Cela l’a toujours été !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 12 décembre 2008
Glose :
Cadi Kaddour (mort en 1995) : éminent linguiste amazighe (Maroc). En 1990, il soutint, à Paris, sa thèse de doctorat d’Etat Transitivité et diathèse en tarifit, analyse de quelques relations de dépendances lexicale et syntaxique. Kaddour périt lors d’un accident de la route, le mardi 12 septembre 1995, laissant derrière lui plusieurs ouvrages consacrés à sa langue maternelle, la tamazight. Il est un des premiers à croire que cette langue vieille de plusieurs siècles et la culture qu’elle véhicule finira par trouver une place digne parmi les langues du monde. Il lui consacra toute sa vie, tout son amour, tout son enthousiasme. Les jeunes générations amazighes (berbères) lui vouent un véritable culte.
Diathèse (n.f.) : du grec diathesis / διάθεσις, « action de placer çà et là, de disposer, d’arranger ce qui a des parties ». Le terme de diathèse s'utilise en linguistique pour désigner ce que l'on entend plus communément par « voix » verbale. C'est un trait grammatical décrivant comment s'organisent les rôles sémantiques dévolus aux actants par rapport au procès verbal. Changer la diathèse d'un verbe quand l'opération est possible ne doit pas modifier profondément le sens de l'énoncé. Le terme de voix est réservé à la morphologie verbale : il décrit la forme que prend le verbe pour signifier une diathèse.
Certains verbes sont intrinsèquement dénués de toute notion de diathèse : ce sont principalement les verbes d'état comme être, paraître, sembler, demeurer, rester, etc. Ceux-ci sont en effet extérieurs à la notion d'actance. Ils se conjuguent cependant à la voix active (qui est la voix non marquée en français). On considère qu'il existe deux diathèses principales que l'on peut permuter, la voix active et la voix passive. Ce ne sont cependant pas les seules.
Tarifit ou rifain (n.m.) : c’est la langue parlée par les Rifains (Berbères) habitant le Rif, au Nord-Est du Maroc et parlée également dans quelques villes algériennes. Le rifain appartient à la même famille tamazight que le tachelhit du sud du Maroc, le zayane dans le Moyen Atlas, ou encore le tumzabt dans le Sahara septentrional algérien. Cette langue fait partie de la sous-famille des langues berbères appelée zénète. Le rifain, le tumzabt et la langue chaoui appartiennent toutes les trois à cette sous-famille zénète. C'est la raison pour laquelle elles sont si proches.
Signalisation routière en rifain :
Le 29 avril 2003, la municipalité de Nador décida d'introduire une signalisation locale écrite en berbère rifain, utilisant l'alphabet tifinaghe. Cette politique ne resta en vigueur que durant quelques heures, après quoi le ministre de l'intérieur El Mostapha Sahel annula la décision du conseil municipal et donna l'ordre de retirer tous les panneaux berbères visibles dans la cité.
De n’importe où on peut s’élancer vers le ciel : citation du philosophe stoïcien latin Sénèque (Lucius Annaeus Seneca – né en l’an 4 av. J.-C. – mort le 12 avril 65 ap. J.-C.).
(’ευσέβεια)
A Cadi Kaddour
« Il n’est pas d’homme plus pauvre que celui
qui ne laisse aucune trace de sa vie »
Sagesse antique
Je pense à toi, Ami immortel,
Pieds nus dans l’herbe frissonnant
Sous l’aimable fraîcheur du soir rifain.
Ce soir ensorcelant
Resté si longtemps clair
A la demande d’une âme innocente,
A l’invocation d’un cœur pur
Qui veut que la lumière de l’amour
Se prolonge à l’infini !
Je pense à toi, Kaddour,
A toi, frère des oiseaux libres,
A toi, ami du Verbe, mort par dévotion
Pour la langue superbe de tes ancêtres.
Les fleurs n’osent plus déranger
Ton ombre qui dort dans les soyeux replis
Du temps solennel !
Un petit froid parcourt les calices des jasmins,
Non celui que souffle la bouche glacée de l’hiver
Qu’ils connaissent si bien,
Mais un froid dense, profond, intérieur qui les fait
Se figer d’effroi !
Endormi dans les bras de l’éternité,
Tu occupes tant de place à présent
Dans le cœur probe de ton peuple,
Tant d’espace dans les paysages enchanteurs de ton pays
Si chers à tes yeux d’adolescent !
Depuis ton soudain départ
Le temps s’est arrêté
Sur les cimes aériennes des montagnes,
Sur les odorants sentiers rifains fuyant
Vers les vallées ondoyantes,
Sur le seuil de ton humble,
De ta chaste demeure !
Imperceptiblement, délicatement l’or
Amoureux du savoir,
Travaillé par les mains dévotieuses de ton âme,
S’est transformé en statue de déesse !
Kaddour, mon vénérable Ami, tu as prouvé
Aux hommes de la Terre que
De n’importe où on peut s’élancer vers le ciel !
Toi qui as partagé ton cœur en deux
Et l’as élevé vers le firmament vêtu d’une neuve lumière.
Toi, seul, debout, doux, souriant
Face à toute la transparence de l’avenir !
Oui, tout est divin, mon Ami,
Pour ceux qui sont faits de clarté,
Cela l’est,
Cela l’a toujours été !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 12 décembre 2008
Glose :
Cadi Kaddour (mort en 1995) : éminent linguiste amazighe (Maroc). En 1990, il soutint, à Paris, sa thèse de doctorat d’Etat Transitivité et diathèse en tarifit, analyse de quelques relations de dépendances lexicale et syntaxique. Kaddour périt lors d’un accident de la route, le mardi 12 septembre 1995, laissant derrière lui plusieurs ouvrages consacrés à sa langue maternelle, la tamazight. Il est un des premiers à croire que cette langue vieille de plusieurs siècles et la culture qu’elle véhicule finira par trouver une place digne parmi les langues du monde. Il lui consacra toute sa vie, tout son amour, tout son enthousiasme. Les jeunes générations amazighes (berbères) lui vouent un véritable culte.
Diathèse (n.f.) : du grec diathesis / διάθεσις, « action de placer çà et là, de disposer, d’arranger ce qui a des parties ». Le terme de diathèse s'utilise en linguistique pour désigner ce que l'on entend plus communément par « voix » verbale. C'est un trait grammatical décrivant comment s'organisent les rôles sémantiques dévolus aux actants par rapport au procès verbal. Changer la diathèse d'un verbe quand l'opération est possible ne doit pas modifier profondément le sens de l'énoncé. Le terme de voix est réservé à la morphologie verbale : il décrit la forme que prend le verbe pour signifier une diathèse.
Certains verbes sont intrinsèquement dénués de toute notion de diathèse : ce sont principalement les verbes d'état comme être, paraître, sembler, demeurer, rester, etc. Ceux-ci sont en effet extérieurs à la notion d'actance. Ils se conjuguent cependant à la voix active (qui est la voix non marquée en français). On considère qu'il existe deux diathèses principales que l'on peut permuter, la voix active et la voix passive. Ce ne sont cependant pas les seules.
Tarifit ou rifain (n.m.) : c’est la langue parlée par les Rifains (Berbères) habitant le Rif, au Nord-Est du Maroc et parlée également dans quelques villes algériennes. Le rifain appartient à la même famille tamazight que le tachelhit du sud du Maroc, le zayane dans le Moyen Atlas, ou encore le tumzabt dans le Sahara septentrional algérien. Cette langue fait partie de la sous-famille des langues berbères appelée zénète. Le rifain, le tumzabt et la langue chaoui appartiennent toutes les trois à cette sous-famille zénète. C'est la raison pour laquelle elles sont si proches.
Signalisation routière en rifain :
Le 29 avril 2003, la municipalité de Nador décida d'introduire une signalisation locale écrite en berbère rifain, utilisant l'alphabet tifinaghe. Cette politique ne resta en vigueur que durant quelques heures, après quoi le ministre de l'intérieur El Mostapha Sahel annula la décision du conseil municipal et donna l'ordre de retirer tous les panneaux berbères visibles dans la cité.
De n’importe où on peut s’élancer vers le ciel : citation du philosophe stoïcien latin Sénèque (Lucius Annaeus Seneca – né en l’an 4 av. J.-C. – mort le 12 avril 65 ap. J.-C.).
mercredi 10 décembre 2008
NOS FRERES ET SOEURS EMIGRES
Le jeune poète Andich Chehid a eu la gentillesse de me dédier ce magnifique poème. Je suis tout ému. Qu'il en soit remercié!
NOS FRÈRES ET SOEURS EMIGRÉS
Je dédie ce poème au grand poète français
Athanase Vantchev de Thracy,
ami des Imazignen (Berbères) et de leur langue, la tamazight.
« Non, je n’ai pas oublié notre pauvre patelin,
Ni les martyres qui meurent pour vivre avec l’éternité… »
Athanase Vantchev de Thracy,
Le village amazighe
Nunja, où es-tu?
Merdikh, dans quel pays vis-tu à présent?
Bbilla, où est le Tisseghnas
Que tu as créé un jour pour Nuna,
Une fille de notre village,
Toi, l’orfèvre unique,
Personne n’a pu prendre ta place,
Reviens au Rif
Ton pays natal,
Dis aussi à Lichea de revenir !
Comme dans les jours anciens,
Nous chanterons des poèmes amazighes,
Nous danserons tous ensemble l’Arrayes :
Lichea avec Mina,
Mhend avec Bbila!
Si votre religion
Est différente de la nôtre,
Ne sommes-nous pas frères et soeurs,
Ne sommes-nous pas tous des Imazighens ?
Andich Chehid
Traduit en français par Athanase Vantchev de Thracy
Glose :
Nuna , Merdikh , Lichea, Bbila : prénoms juifs
Mhend, Mina : prénoms musulmans amazighes (berbères)
Tisseghnas : sorte de bijou.
Arrayes : sorte de danse amazighe comme l’Ahidous et l’Ahwach.
Imazighen : Berbères
NOS FRÈRES ET SOEURS EMIGRÉS
Je dédie ce poème au grand poète français
Athanase Vantchev de Thracy,
ami des Imazignen (Berbères) et de leur langue, la tamazight.
« Non, je n’ai pas oublié notre pauvre patelin,
Ni les martyres qui meurent pour vivre avec l’éternité… »
Athanase Vantchev de Thracy,
Le village amazighe
Nunja, où es-tu?
Merdikh, dans quel pays vis-tu à présent?
Bbilla, où est le Tisseghnas
Que tu as créé un jour pour Nuna,
Une fille de notre village,
Toi, l’orfèvre unique,
Personne n’a pu prendre ta place,
Reviens au Rif
Ton pays natal,
Dis aussi à Lichea de revenir !
Comme dans les jours anciens,
Nous chanterons des poèmes amazighes,
Nous danserons tous ensemble l’Arrayes :
Lichea avec Mina,
Mhend avec Bbila!
Si votre religion
Est différente de la nôtre,
Ne sommes-nous pas frères et soeurs,
Ne sommes-nous pas tous des Imazighens ?
Andich Chehid
Traduit en français par Athanase Vantchev de Thracy
Glose :
Nuna , Merdikh , Lichea, Bbila : prénoms juifs
Mhend, Mina : prénoms musulmans amazighes (berbères)
Tisseghnas : sorte de bijou.
Arrayes : sorte de danse amazighe comme l’Ahidous et l’Ahwach.
Imazighen : Berbères
mardi 9 décembre 2008
CAVE NE EAS
CAVE NE EAS
A Cristina Castello
« Sremd ayi ad iraregh Ag tmessi ur cemdvegh »
(« On m’a appris comment jouer
Avec le feu sans me brûler. »)
Andich Chahid
Tu me dis, tu répètes transfigurée :
« Je t’aime » !
Âme, tu ne savais pas
Sur quelle aube ruisselante de joie
Tu ouvrais mon cœur inapaisé !
Cette senteur sereine des résédas
Ce frissonnement des feuilles de taffetas
Sous les doigts exaltés de l’air !
Et nous, enfants, vibrant de transport,
Fermions les yeux incendiés de désir
Comme pour alléger le doux poids
De nos corps
En nous abandonnant à l’ardeur des baisers.
Ô jours mémorables,
Heures indélébiles,
Blancheur immortelle
De l’amour !
Temps ! Temps tissé
De vigoureuse fragilité
Où nous voyions
L’éclat du divin
Dans chaque chose !
Athanase Vantchev de Thracy
Rueil-Malmaison, ce mardi 9 décembre, Anno Domini 2008
Glose :
Cave ne eas : expression latine qui signifie « ne pars pas ». Cicéron (106-43 av. J.-C.), dans son fameux ouvrage De divinatione (De la divination), raconte que le général et homme d’Etat romain Marcus Licinius Crassus Dives (115-53 av. J.-C.) – dives, c’est-à-dire « riche » –, celui-même qui écrasa la révolte de Spartacus et fit crucifier 6 000 esclaves, embarquant son armée à Brindes pour aller combattre les Parthes, et entendant sur le quai le cri d’un marchand de figues « cauneas », aurait dû comprendre « cave ne eas », « ne pars pas » !
En 53 av. J.-C., sur le conseil du prince d’Osrhoène (Osdrohene en latin), contrée de la Mésopotamie le long de l’Euphrate, Abgar II Ariamnès (68-53 av. J.-C.), Crassus franchit l’Euphrate pour affronter les Parthes, mais fut vaincu à la bataille de Carrhes et son fils, Publius Licinius Crassus, fut tué. Faisant retraite avec des débris de son armée, il fut tué lui aussi au cours d’une entrevue avec le général parthe Suréna. L’historien romain d’expression grecque, Dion Cassius (en latin Lucius Claudius Cassius Dio (155-235 ap. J.-C.) rapporte avec des réserves qu'on disait que ce dernier fit couler de l'or en fusion dans la bouche de Crassus en disant : « Rassasie-toi de ce métal dont tu es si avide ! » Malgré l'incertitude du fait, l'aspect sordide de cet épisode lui assura sa pérennité. La tête de Crassus fut ensuite envoyée au roi des Parthes de la dynastie arsacide, Orodès II (54 – 38 av. J.-C.)
Cristina Castello : poète et journaliste argentine. Elle a publié plus de 3000 articles dans les principaux journaux et magazines de son pays et a enseigné « L’art de l’interview » à l’Université. Cristina Castello a créé à la TV argentine l’émission de culture et poésie «Sin máscara» (« Sans Masque ») et, à la radio, l’émission «Convengamos que…» (« Convenons que »), dédiée également à la poésie.
Poète, elle a publié plusieurs de ses œuvres dans différentes anthologies et sur de nombreux sites web. Ses poèmes ont accompagné ses expositions de photos et de peintures. Plusieurs revues européennes ont commenté son travail d’artiste. Tous ses catalogues sur l’art contiennent des œuvres prosodiques. Cristina Castello a donné des récitals de poésie en Argentine et en Europe.
En octobre 2004, elle a publié, aux Editions de l’Harmattant à Paris, un recueil de poésies bilingue, français - espagnol, intitulé «Soif ».
Son site, http://www.cristinacastello.com, mêle poésie, musique et peinture.
Andich Chahid : jeune poète amazighe (berbère) du Maroc. Je cite le début de son très beau poème On m’a appris, écrit en tamazight, langue des Berbères d’Afrique du Nord.
Tifinaghe ou tifinagh qui se prononce tifinar ou libyco-berbère (n.m.) : alphabet utilisé par les Berbères, essentiellement les Touareg. C’était autrefois un abjad, un alphabet consonantique.
Les Touareg (au singulier un Targui) ou, sous sa forme francisée, les Touaregs (au singulier un Touareg) ou encore Kel Tamasheq sont un peuple de Berbères des tribus des Sanhadja, des Zénètes nomades Luwata et des Banu Iften vivant dans le Sahara central, l’Algérie, la Libye et sur les bordures du Sahel, Niger, Mali et Burkina Faso. Leur langue est tamajag ou tamasheq ou encore tamahaq selon les régions. Ils utilisent l’alphabet tifinagh.
Les Touareg sont parfois appelés les « hommes bleus », d’après la couleur de leur clèche (foulard). Teinte avec de l’indigo, elle décolore sur la peau avec le temps. Aujourd’hui, certains Touareg sont métissés avec les populations noires d’Afrique sub-saharienne. Ces populations sont confrontées à des formes d’assimilation culturelle et linguistique, à une marginalisation économique et politique qui les ont conduits à la lutte armée dans les années 1990. Beaucoup ont abandonné le nomadisme pour se fixer dans les grandes villes en bordure du Sahara comme Tamanrasset en Algérie ou Agadez au Niger.
A Cristina Castello
« Sremd ayi ad iraregh Ag tmessi ur cemdvegh »
(« On m’a appris comment jouer
Avec le feu sans me brûler. »)
Andich Chahid
Tu me dis, tu répètes transfigurée :
« Je t’aime » !
Âme, tu ne savais pas
Sur quelle aube ruisselante de joie
Tu ouvrais mon cœur inapaisé !
Cette senteur sereine des résédas
Ce frissonnement des feuilles de taffetas
Sous les doigts exaltés de l’air !
Et nous, enfants, vibrant de transport,
Fermions les yeux incendiés de désir
Comme pour alléger le doux poids
De nos corps
En nous abandonnant à l’ardeur des baisers.
Ô jours mémorables,
Heures indélébiles,
Blancheur immortelle
De l’amour !
Temps ! Temps tissé
De vigoureuse fragilité
Où nous voyions
L’éclat du divin
Dans chaque chose !
Athanase Vantchev de Thracy
Rueil-Malmaison, ce mardi 9 décembre, Anno Domini 2008
Glose :
Cave ne eas : expression latine qui signifie « ne pars pas ». Cicéron (106-43 av. J.-C.), dans son fameux ouvrage De divinatione (De la divination), raconte que le général et homme d’Etat romain Marcus Licinius Crassus Dives (115-53 av. J.-C.) – dives, c’est-à-dire « riche » –, celui-même qui écrasa la révolte de Spartacus et fit crucifier 6 000 esclaves, embarquant son armée à Brindes pour aller combattre les Parthes, et entendant sur le quai le cri d’un marchand de figues « cauneas », aurait dû comprendre « cave ne eas », « ne pars pas » !
En 53 av. J.-C., sur le conseil du prince d’Osrhoène (Osdrohene en latin), contrée de la Mésopotamie le long de l’Euphrate, Abgar II Ariamnès (68-53 av. J.-C.), Crassus franchit l’Euphrate pour affronter les Parthes, mais fut vaincu à la bataille de Carrhes et son fils, Publius Licinius Crassus, fut tué. Faisant retraite avec des débris de son armée, il fut tué lui aussi au cours d’une entrevue avec le général parthe Suréna. L’historien romain d’expression grecque, Dion Cassius (en latin Lucius Claudius Cassius Dio (155-235 ap. J.-C.) rapporte avec des réserves qu'on disait que ce dernier fit couler de l'or en fusion dans la bouche de Crassus en disant : « Rassasie-toi de ce métal dont tu es si avide ! » Malgré l'incertitude du fait, l'aspect sordide de cet épisode lui assura sa pérennité. La tête de Crassus fut ensuite envoyée au roi des Parthes de la dynastie arsacide, Orodès II (54 – 38 av. J.-C.)
Cristina Castello : poète et journaliste argentine. Elle a publié plus de 3000 articles dans les principaux journaux et magazines de son pays et a enseigné « L’art de l’interview » à l’Université. Cristina Castello a créé à la TV argentine l’émission de culture et poésie «Sin máscara» (« Sans Masque ») et, à la radio, l’émission «Convengamos que…» (« Convenons que »), dédiée également à la poésie.
Poète, elle a publié plusieurs de ses œuvres dans différentes anthologies et sur de nombreux sites web. Ses poèmes ont accompagné ses expositions de photos et de peintures. Plusieurs revues européennes ont commenté son travail d’artiste. Tous ses catalogues sur l’art contiennent des œuvres prosodiques. Cristina Castello a donné des récitals de poésie en Argentine et en Europe.
En octobre 2004, elle a publié, aux Editions de l’Harmattant à Paris, un recueil de poésies bilingue, français - espagnol, intitulé «Soif ».
Son site, http://www.cristinacastello.com, mêle poésie, musique et peinture.
Andich Chahid : jeune poète amazighe (berbère) du Maroc. Je cite le début de son très beau poème On m’a appris, écrit en tamazight, langue des Berbères d’Afrique du Nord.
Tifinaghe ou tifinagh qui se prononce tifinar ou libyco-berbère (n.m.) : alphabet utilisé par les Berbères, essentiellement les Touareg. C’était autrefois un abjad, un alphabet consonantique.
Les Touareg (au singulier un Targui) ou, sous sa forme francisée, les Touaregs (au singulier un Touareg) ou encore Kel Tamasheq sont un peuple de Berbères des tribus des Sanhadja, des Zénètes nomades Luwata et des Banu Iften vivant dans le Sahara central, l’Algérie, la Libye et sur les bordures du Sahel, Niger, Mali et Burkina Faso. Leur langue est tamajag ou tamasheq ou encore tamahaq selon les régions. Ils utilisent l’alphabet tifinagh.
Les Touareg sont parfois appelés les « hommes bleus », d’après la couleur de leur clèche (foulard). Teinte avec de l’indigo, elle décolore sur la peau avec le temps. Aujourd’hui, certains Touareg sont métissés avec les populations noires d’Afrique sub-saharienne. Ces populations sont confrontées à des formes d’assimilation culturelle et linguistique, à une marginalisation économique et politique qui les ont conduits à la lutte armée dans les années 1990. Beaucoup ont abandonné le nomadisme pour se fixer dans les grandes villes en bordure du Sahara comme Tamanrasset en Algérie ou Agadez au Niger.
lundi 8 décembre 2008
OFFRANDE AMOUREUSE
OFFRANDE AMOUREUSE
« Grappe, pleine de liqueur de Dionysos »
Moïrô de Byzance
Âme, tu aimais Solon, Thalès, Anaximandre,
Les doux délires d’Alcée, les dits de Parménide,
Le livre des cigales, Electre d’Euripide,
Mon cœur d’adolescent naïf, candide et tendre.
Athanase Vantchev de Thracy
Rueil-Malmaison, ce lundi 8 décembre, Anno Domini MMVIII
Glose :
Moïrô de Byzance : poétesse grecque qui a vécu vers 300 av. J.-C.
Solon d’Athènes (592-559 av. J.-C.) : poète athénien, philosophe, homme d’Etat. Un des Sept Sages.
Thalès de Milet (625-547 av. J.-C.) : philosophe présocratique ionien. Il fut l’un des Sept Sages de la Grèce et le fondateur présumé de l’école milésienne. Les autres sages étaient : Solon d’Athènes, Chilon de Sparte, Pittacos de Mytilène, Bias de Priène, Cléobule de Lindos, Périandre de Corinthe.
Anaximandre de Milet (610-546 av. J.-C.) : philosophe grec présocratique. Il succéda à Thalès comme maître de l’école milésienne, et compta Anaximène et Pythagore parmi ses élèves.
Anaximandre passe pour le premier philosophe à avoir consigné ses travaux par écrit. Seul un fragment est parvenu jusqu'à nous, mais les témoignages antiques permettent de se faire une idée de leur nature et de leur étendue. Ses travaux couvrent la philosophie, l’astronomie, la physique, la géométrie et la géographie. Le cratère lunaire Anaximandre fut nommé en son honneur.
Alcée de Mytilène (630-580 av. J.-C.) : poète grec de l’époque archaïque, représentant de la poésie lyrique monodique. Alcée est né à Mytilène, tout comme Sappho dont il fut le rival et l'amoureux, la ville la plus importante de l’île de Lesbos, vers l’an 630 av. J.-C. Pendant sa jeunesse, sa famille fut activement engagée dans la politique locale de sa ville natale. Les membres de cette appartenaient à l’opposition contre les tyrans régnant. Cette attitude fut probablement la cause de son exil. Nous savons qu’il a beaucoup voyagé, et qu’il a visité l’Egypte et la Palestine. Il mourut vers 580 av. J.-C.
Parménide d’Elée (540-470) : philosophe grec présocratique. Un dialogue de Platon porte son nom.
On ne connaît pas avec exactitude les dates de naissance et de mort de Parménide d’Elée.
Strabon (Commentaire sur le Parménide) nomme Parménide pythagoricien. En effet, il se lia d'abord avec les pythagoriciens. D’après Diogène Laërce, c'est Aminias qui le poussa à la vie philosophique. On rapporte qu'il vénéra tant le pythagoricien Diochaitès, qu'il lui éleva une statue après sa mort. Néanmoins, Parménide se rattache plutôt à Xénophane dont il fut peut-être le disciple (voir par exemple Clément, Stromates, I, 364 ; Sextus Empiricus, Contre les mathématiciens, VII). Il reste que Parménide et Xénophane ont tout deux vécu à Elée et que l'on peut supposer qu'ils se connaissaient. Ainsi, quant aux influences philosophiques de Parménide, il semble possible d'affirmer que, comme Empédocle, il suivit la vie pythagoricienne sans en adopter les idées, et qu'il suivit sur ce point Xénophane. Il aurait fondé une école comparable aux écoles pythagoriciennes. Il aurait été également disciple d’Anaximène (selon la Suidas), mais ce renseignement semble être dû à une erreur de texte. Il eut pour successeurs Empédocle et Zénon d’Elée.
Il nous reste des fragments de son poème De la Nature, dont la première partie traite de la vérité et la seconde de l'opinion. Sa pensée influença Anaxagore et Mélissos.
Electre : Electre est membre de la famille des Atrides, la fille d’Agamemnon (roi de Mycènes) et de Clytemnestre. Elle est la sœur d’Oreste, d’Iphigénie, de Chrysothémis et de Laodicé.
Selon la légende, elle était absente de Mycènes quand son père revint de la guerre de Troie et fut assassiné par Egisthe, l'amant de Clytemnestre, et/ou par Clytemnestre elle-même.
Huit ans plus tard, Électre revint d’Athènes avec son frère Oreste. D'après Pindare (Odes Pythiques, XI, 25), Oreste avait été sauvé par sa vieille nourrice ou par Électre, et amené à Phanote sur le mont Parnasse, où le roi Strophios le prit en charge.
À sa vingtième année, Oreste reçut l'ordre de l'oracle de Delphes de retourner chez lui et de venger la mort de son père. D'après Eschyle, il rencontra Électre devant le tombeau d'Agamemnon ; ils se reconnurent et décidèrent ensemble de la manière dont Oreste devait accomplir sa vengeance.
Après le passage à l'acte, Oreste (aidé par Électre), devint fou et fut poursuivi par les Erinyes, qui avaient pour devoir de punir tout manquement relatif à la piété familiale. Électre, elle, ne fut pas inquiétée par les déesses.
Plus tard, Électre épousa Pylade, un proche ami d'Oreste et fils du roi Strophios. Elle en eut deux fils : Stroiphos et Médon.
Dans la tragédie d’Euripide, Electre est mariée à un laboureur et, digne fille d’Agamemnon, vit loin du palais. Au retour d’Oreste à Argos, parti en exil depuis son plus jeune âge, tous deux décident de venger le meurtre de leur père Agamemnon en tuant leur mère Clytemnestre et son amant Egisthe qui règne sur Argos.
« Grappe, pleine de liqueur de Dionysos »
Moïrô de Byzance
Âme, tu aimais Solon, Thalès, Anaximandre,
Les doux délires d’Alcée, les dits de Parménide,
Le livre des cigales, Electre d’Euripide,
Mon cœur d’adolescent naïf, candide et tendre.
Athanase Vantchev de Thracy
Rueil-Malmaison, ce lundi 8 décembre, Anno Domini MMVIII
Glose :
Moïrô de Byzance : poétesse grecque qui a vécu vers 300 av. J.-C.
Solon d’Athènes (592-559 av. J.-C.) : poète athénien, philosophe, homme d’Etat. Un des Sept Sages.
Thalès de Milet (625-547 av. J.-C.) : philosophe présocratique ionien. Il fut l’un des Sept Sages de la Grèce et le fondateur présumé de l’école milésienne. Les autres sages étaient : Solon d’Athènes, Chilon de Sparte, Pittacos de Mytilène, Bias de Priène, Cléobule de Lindos, Périandre de Corinthe.
Anaximandre de Milet (610-546 av. J.-C.) : philosophe grec présocratique. Il succéda à Thalès comme maître de l’école milésienne, et compta Anaximène et Pythagore parmi ses élèves.
Anaximandre passe pour le premier philosophe à avoir consigné ses travaux par écrit. Seul un fragment est parvenu jusqu'à nous, mais les témoignages antiques permettent de se faire une idée de leur nature et de leur étendue. Ses travaux couvrent la philosophie, l’astronomie, la physique, la géométrie et la géographie. Le cratère lunaire Anaximandre fut nommé en son honneur.
Alcée de Mytilène (630-580 av. J.-C.) : poète grec de l’époque archaïque, représentant de la poésie lyrique monodique. Alcée est né à Mytilène, tout comme Sappho dont il fut le rival et l'amoureux, la ville la plus importante de l’île de Lesbos, vers l’an 630 av. J.-C. Pendant sa jeunesse, sa famille fut activement engagée dans la politique locale de sa ville natale. Les membres de cette appartenaient à l’opposition contre les tyrans régnant. Cette attitude fut probablement la cause de son exil. Nous savons qu’il a beaucoup voyagé, et qu’il a visité l’Egypte et la Palestine. Il mourut vers 580 av. J.-C.
Parménide d’Elée (540-470) : philosophe grec présocratique. Un dialogue de Platon porte son nom.
On ne connaît pas avec exactitude les dates de naissance et de mort de Parménide d’Elée.
Strabon (Commentaire sur le Parménide) nomme Parménide pythagoricien. En effet, il se lia d'abord avec les pythagoriciens. D’après Diogène Laërce, c'est Aminias qui le poussa à la vie philosophique. On rapporte qu'il vénéra tant le pythagoricien Diochaitès, qu'il lui éleva une statue après sa mort. Néanmoins, Parménide se rattache plutôt à Xénophane dont il fut peut-être le disciple (voir par exemple Clément, Stromates, I, 364 ; Sextus Empiricus, Contre les mathématiciens, VII). Il reste que Parménide et Xénophane ont tout deux vécu à Elée et que l'on peut supposer qu'ils se connaissaient. Ainsi, quant aux influences philosophiques de Parménide, il semble possible d'affirmer que, comme Empédocle, il suivit la vie pythagoricienne sans en adopter les idées, et qu'il suivit sur ce point Xénophane. Il aurait fondé une école comparable aux écoles pythagoriciennes. Il aurait été également disciple d’Anaximène (selon la Suidas), mais ce renseignement semble être dû à une erreur de texte. Il eut pour successeurs Empédocle et Zénon d’Elée.
Il nous reste des fragments de son poème De la Nature, dont la première partie traite de la vérité et la seconde de l'opinion. Sa pensée influença Anaxagore et Mélissos.
Electre : Electre est membre de la famille des Atrides, la fille d’Agamemnon (roi de Mycènes) et de Clytemnestre. Elle est la sœur d’Oreste, d’Iphigénie, de Chrysothémis et de Laodicé.
Selon la légende, elle était absente de Mycènes quand son père revint de la guerre de Troie et fut assassiné par Egisthe, l'amant de Clytemnestre, et/ou par Clytemnestre elle-même.
Huit ans plus tard, Électre revint d’Athènes avec son frère Oreste. D'après Pindare (Odes Pythiques, XI, 25), Oreste avait été sauvé par sa vieille nourrice ou par Électre, et amené à Phanote sur le mont Parnasse, où le roi Strophios le prit en charge.
À sa vingtième année, Oreste reçut l'ordre de l'oracle de Delphes de retourner chez lui et de venger la mort de son père. D'après Eschyle, il rencontra Électre devant le tombeau d'Agamemnon ; ils se reconnurent et décidèrent ensemble de la manière dont Oreste devait accomplir sa vengeance.
Après le passage à l'acte, Oreste (aidé par Électre), devint fou et fut poursuivi par les Erinyes, qui avaient pour devoir de punir tout manquement relatif à la piété familiale. Électre, elle, ne fut pas inquiétée par les déesses.
Plus tard, Électre épousa Pylade, un proche ami d'Oreste et fils du roi Strophios. Elle en eut deux fils : Stroiphos et Médon.
Dans la tragédie d’Euripide, Electre est mariée à un laboureur et, digne fille d’Agamemnon, vit loin du palais. Au retour d’Oreste à Argos, parti en exil depuis son plus jeune âge, tous deux décident de venger le meurtre de leur père Agamemnon en tuant leur mère Clytemnestre et son amant Egisthe qui règne sur Argos.
dimanche 7 décembre 2008
LE ROSSIGNOL DE MAI
LE ROSSIGNOL DE MAI
A Jeton Kelmendi
« Tu ne sais du printemps que les fleurs… »
Paul Géraldy
C’est tôt le matin que je l’entends. Ce délicieux filet de voix, cet éparpillement soyeux de trilles, ces éclats de lumière riches en nuances, ces allegros, largos, crescendos si précis, si vigoureux !
La nuit est claire et ondoyante comme du satin. Ce petit corps, devenu exaltation amoureuse, églogue, transport lyrique, frémit parmi les tendres feuilles printanières. Sa mélodie insigne, légendaire, mémorable, sa mélopée hyaline court comme un ruisseau cristallin de frissons d’arbre en arbre, de buisson en buisson, de fourré en fourré.
Tout dans cette nuit démesurée de mai semble fait de caresses, de limpidité, de duvet.
Le frêle, le gracile rossignol ! Toujours invisible, humble, dissimulé sous ses plumes monacales. Lui, dont l’amour n’est que musique et transport de notes translucides !
Je savoure, le visage baigné par le clair de lune, tour à tour les modulations plaintives de la flûte phrygienne, les susurrements du pipeau rustique, les courtes pauses blanches, pendant lesquelles l’air ému jusqu’aux larmes, reprend son souffle léger. Instants de calme violet, de détente élégiaque, de rêverie éperdue et de mystère bachique.
Non, ni la grive enchanteresse, ni le merle musicien, ni la grêle rousserolle verderolle, ni la leste fauvette grisette à la tête recouverte de crêpe noir, ni le bavard hypolaïs polyglotte ne peuvent rivaliser avec son art aux variations infinies.
Lui, dont la gorge adamantine s’éparpille dans la pénombre avec une grâce vertigineuse. Lui, qui n’est plus que vibrations, battements d’ailes, ondes, oscillations. Tendre être métamorphosé en chant.
Et puis, on ne l’entend plus. Puis le cœur se couvre d’un lourd deuil automnal.
Il s’en va vers l’heureuse Afrique, vers les hautes nuits tropicales, vers l’immense chaleur des terres rouges. Là, où d’autres jeunes cœurs purs, naïfs, amoureux l’attendent, les yeux étincelant d’enthousiasme.
Athanase Vantchev de Thracy
Rueil-Malmaison, ce dimanche 7 décembre, Anno Domini MMVIII
Glose :
Hyalin, hyaline (adj.) : du grec ancien hualos « qui a la transparence du verre ». Transparent.
Rousserole verderolle – Acrocephalus palustris (n.f.) : oiseau de l’ordre des Passériforme, de la familles des Sylviidés. La rousserolle verderolle est la « soeur jumelle » de la rousserolle effarvate. La distinction visuelle est loin d'être évidente. Le critère « chant » est plus fiable. De façon générale, les deux espèces n'occupent pas le même habitat. Egalement de teinte brune, la rousserolle verderolle est plus blanche sur les parties inférieures, et davantage vert-olive sur les parties supérieures. Elle a les pattes claires. Le bec est légèrement plus court. La calotte est plus ronde.
Fauvette grisette - Sylvia communis (n.f.) : oiseau de l’ordre des Passériformes, de la famille des Sylviidés. Petite et vive, avec les ailes rousses et la queue assez longue aux rectrices externes blanches. Elle chante souvent du haut d’un buisson ou lors d’un bref vol ascendant. L’un de ses chants se compose d’une petite phrase pleine d’entrain répétée en alternance avec de courts silences.
Hypolaïs polyglotte – Hippolais polyglotta (n.f.) : oiseau de l’ordre des Passériformes, de la famille des Sylviidés. Ses facultés d'imitation lui ont valu le nom de polyglotte. En effet, dans le babil incessant que délivre l'hypolaïs figurent des sons empruntés au registre d'autres espèces. Elle entame souvent sa composition sonore par quelques notes du merle noir (Turdus merula), du moineau domestique, de la grive musicienne ou de l’hirondelle rustique. C'est une chanteuse assidue qui, absorbée dans ses vocalises, se laisse facilement observer.
A Jeton Kelmendi
« Tu ne sais du printemps que les fleurs… »
Paul Géraldy
C’est tôt le matin que je l’entends. Ce délicieux filet de voix, cet éparpillement soyeux de trilles, ces éclats de lumière riches en nuances, ces allegros, largos, crescendos si précis, si vigoureux !
La nuit est claire et ondoyante comme du satin. Ce petit corps, devenu exaltation amoureuse, églogue, transport lyrique, frémit parmi les tendres feuilles printanières. Sa mélodie insigne, légendaire, mémorable, sa mélopée hyaline court comme un ruisseau cristallin de frissons d’arbre en arbre, de buisson en buisson, de fourré en fourré.
Tout dans cette nuit démesurée de mai semble fait de caresses, de limpidité, de duvet.
Le frêle, le gracile rossignol ! Toujours invisible, humble, dissimulé sous ses plumes monacales. Lui, dont l’amour n’est que musique et transport de notes translucides !
Je savoure, le visage baigné par le clair de lune, tour à tour les modulations plaintives de la flûte phrygienne, les susurrements du pipeau rustique, les courtes pauses blanches, pendant lesquelles l’air ému jusqu’aux larmes, reprend son souffle léger. Instants de calme violet, de détente élégiaque, de rêverie éperdue et de mystère bachique.
Non, ni la grive enchanteresse, ni le merle musicien, ni la grêle rousserolle verderolle, ni la leste fauvette grisette à la tête recouverte de crêpe noir, ni le bavard hypolaïs polyglotte ne peuvent rivaliser avec son art aux variations infinies.
Lui, dont la gorge adamantine s’éparpille dans la pénombre avec une grâce vertigineuse. Lui, qui n’est plus que vibrations, battements d’ailes, ondes, oscillations. Tendre être métamorphosé en chant.
Et puis, on ne l’entend plus. Puis le cœur se couvre d’un lourd deuil automnal.
Il s’en va vers l’heureuse Afrique, vers les hautes nuits tropicales, vers l’immense chaleur des terres rouges. Là, où d’autres jeunes cœurs purs, naïfs, amoureux l’attendent, les yeux étincelant d’enthousiasme.
Athanase Vantchev de Thracy
Rueil-Malmaison, ce dimanche 7 décembre, Anno Domini MMVIII
Glose :
Hyalin, hyaline (adj.) : du grec ancien hualos « qui a la transparence du verre ». Transparent.
Rousserole verderolle – Acrocephalus palustris (n.f.) : oiseau de l’ordre des Passériforme, de la familles des Sylviidés. La rousserolle verderolle est la « soeur jumelle » de la rousserolle effarvate. La distinction visuelle est loin d'être évidente. Le critère « chant » est plus fiable. De façon générale, les deux espèces n'occupent pas le même habitat. Egalement de teinte brune, la rousserolle verderolle est plus blanche sur les parties inférieures, et davantage vert-olive sur les parties supérieures. Elle a les pattes claires. Le bec est légèrement plus court. La calotte est plus ronde.
Fauvette grisette - Sylvia communis (n.f.) : oiseau de l’ordre des Passériformes, de la famille des Sylviidés. Petite et vive, avec les ailes rousses et la queue assez longue aux rectrices externes blanches. Elle chante souvent du haut d’un buisson ou lors d’un bref vol ascendant. L’un de ses chants se compose d’une petite phrase pleine d’entrain répétée en alternance avec de courts silences.
Hypolaïs polyglotte – Hippolais polyglotta (n.f.) : oiseau de l’ordre des Passériformes, de la famille des Sylviidés. Ses facultés d'imitation lui ont valu le nom de polyglotte. En effet, dans le babil incessant que délivre l'hypolaïs figurent des sons empruntés au registre d'autres espèces. Elle entame souvent sa composition sonore par quelques notes du merle noir (Turdus merula), du moineau domestique, de la grive musicienne ou de l’hirondelle rustique. C'est une chanteuse assidue qui, absorbée dans ses vocalises, se laisse facilement observer.
samedi 6 décembre 2008
UBI PLURA NITENT
UBI PLURA NITENT
A Pedro Vianna
« Là où brillent un grand nombre de beautés,
je n’irai pas me choquer de quelques taches »
Horace,
Art poétique, vers 351
Dimanche à la campagne,
Et cette innocence espiègle des passereaux
Que mon âme préfère à aucune !
Et ces flèches des églises, Âme,
Qui soutiennent de leur grâce sémillante
Le ciel rose et bleu de France !
Le haut silence des antiques monastères
Qui répand, à la fois tangible et invisible,
L’onction de la vie éternelle !
Les brûlures des clochers
Dans la chair de l’âme !
Marcher, en cet été très tardif, dans les champs,
Sourire, respirer, dire
La part de moi transmissible !
Âme, tu occupes d’évidence
La première place dans mon cœur
Devenu ami de tous les horizons du matin !
Âme,
Comme l’amour, sans nœuds,
Me lie à toutes les beautés,
A toutes les blessures du monde,
Au heurt des rames,
A cette journée solitaire sans degrés,
A l’art immatériel de la musique
Et des mots !
Ô Âme,
Davus sum, non Oedipus !
Athanase Vantchev de Thracy
Normandie, le 6 décembre 2008
Glose :
Ubi plura nitent : « Là où brillent un grand nombre de beautés… ». Horace le savait : la perfection n'existe nulle part, et il faut savoir passer sur les taches qui se trouvent dans les meilleurs ouvrages, pour ne s'arrêter qu'aux beautés qu'ils renferment. Il n'y a que les ignorants et les hommes de mauvaise foi qui usent autrement de la critique.
Pedro Vianna (Pedro Marcos de Almeida Vianna : poète et dramaturge français d’origine brésilienne. Pedro Vianna est né à Rio de Janeiro (Brésil).
Après des études secondaires au Lycée militaire de sa ville natale et une année de classe préparatoire, il entre à la faculté de sciences économiques de l'Université fédérale de Rio de Janeiro, où, à la fin de 1969, il obtient le diplôme d'économiste (niveau maîtrise).
Arrivé en France en novembre 1973, Vianna est accueilli par l'association France terre d'asile et hébergé au Foyer des jeunes travailleurs Colonel-Fabien à Bobigny (Seine-Saint-Denis).
À la mi-1975, Vianna commence à écrire de la poésie en français. À la même époque, il s'installe à Paris et travaille à France terre d'asile en tant que chargé de mission pour l'organisation de l'accueil des réfugiés d'Asie du Sud-Est.
Poète, auteur théâtral, metteur en scène et comédien, à ce jour, Vianna a écrit quatorze pièces de théâtre (en portugais, en espagnol ou en français), dont plusieurs ont été jouées au Chili, en France, en Finlande, en Italie et en Suède. La version française de l'une d'entre elles a été éditée par l'auteur. Il a conçu également une quinzaine de spectacles poétiques - dont plusieurs à partir de ses propres poèmes - présentés au Chili, en France et en Italie. Il est l’auteur de trente-six recueils de poèmes (tous en français), dont deux ont été édités par l’auteur, qui a également publié les livrets de trois de ses spectacles poétiques. De très nombreux poèmes de Vianna ont été traduits et publiés dans des journaux et revues en italien, en suédois et en tamoul.
Davus sum, non Oedipus : Je suis Davus, et non Œdipe. Proverbe latin : Davus est, dans la comédie, le type de l'esclave dévoué, honnête, mais un peu simple : c'est un bonhomme. Oedipe, qui devina l'énigme du sphinx, doit à ce tour de force assez facile une réputation d'habileté qui permet d'en faire le contraste du bonhomme Davus.
A Pedro Vianna
« Là où brillent un grand nombre de beautés,
je n’irai pas me choquer de quelques taches »
Horace,
Art poétique, vers 351
Dimanche à la campagne,
Et cette innocence espiègle des passereaux
Que mon âme préfère à aucune !
Et ces flèches des églises, Âme,
Qui soutiennent de leur grâce sémillante
Le ciel rose et bleu de France !
Le haut silence des antiques monastères
Qui répand, à la fois tangible et invisible,
L’onction de la vie éternelle !
Les brûlures des clochers
Dans la chair de l’âme !
Marcher, en cet été très tardif, dans les champs,
Sourire, respirer, dire
La part de moi transmissible !
Âme, tu occupes d’évidence
La première place dans mon cœur
Devenu ami de tous les horizons du matin !
Âme,
Comme l’amour, sans nœuds,
Me lie à toutes les beautés,
A toutes les blessures du monde,
Au heurt des rames,
A cette journée solitaire sans degrés,
A l’art immatériel de la musique
Et des mots !
Ô Âme,
Davus sum, non Oedipus !
Athanase Vantchev de Thracy
Normandie, le 6 décembre 2008
Glose :
Ubi plura nitent : « Là où brillent un grand nombre de beautés… ». Horace le savait : la perfection n'existe nulle part, et il faut savoir passer sur les taches qui se trouvent dans les meilleurs ouvrages, pour ne s'arrêter qu'aux beautés qu'ils renferment. Il n'y a que les ignorants et les hommes de mauvaise foi qui usent autrement de la critique.
Pedro Vianna (Pedro Marcos de Almeida Vianna : poète et dramaturge français d’origine brésilienne. Pedro Vianna est né à Rio de Janeiro (Brésil).
Après des études secondaires au Lycée militaire de sa ville natale et une année de classe préparatoire, il entre à la faculté de sciences économiques de l'Université fédérale de Rio de Janeiro, où, à la fin de 1969, il obtient le diplôme d'économiste (niveau maîtrise).
Arrivé en France en novembre 1973, Vianna est accueilli par l'association France terre d'asile et hébergé au Foyer des jeunes travailleurs Colonel-Fabien à Bobigny (Seine-Saint-Denis).
À la mi-1975, Vianna commence à écrire de la poésie en français. À la même époque, il s'installe à Paris et travaille à France terre d'asile en tant que chargé de mission pour l'organisation de l'accueil des réfugiés d'Asie du Sud-Est.
Poète, auteur théâtral, metteur en scène et comédien, à ce jour, Vianna a écrit quatorze pièces de théâtre (en portugais, en espagnol ou en français), dont plusieurs ont été jouées au Chili, en France, en Finlande, en Italie et en Suède. La version française de l'une d'entre elles a été éditée par l'auteur. Il a conçu également une quinzaine de spectacles poétiques - dont plusieurs à partir de ses propres poèmes - présentés au Chili, en France et en Italie. Il est l’auteur de trente-six recueils de poèmes (tous en français), dont deux ont été édités par l’auteur, qui a également publié les livrets de trois de ses spectacles poétiques. De très nombreux poèmes de Vianna ont été traduits et publiés dans des journaux et revues en italien, en suédois et en tamoul.
Davus sum, non Oedipus : Je suis Davus, et non Œdipe. Proverbe latin : Davus est, dans la comédie, le type de l'esclave dévoué, honnête, mais un peu simple : c'est un bonhomme. Oedipe, qui devina l'énigme du sphinx, doit à ce tour de force assez facile une réputation d'habileté qui permet d'en faire le contraste du bonhomme Davus.
mercredi 3 décembre 2008
MON VILLAGE AMAZIGHE
MON VILLAGE AMAZIGHE
A Mimoun El Walid
« Ayh’a x yinni ittum a dcar inu »
(Honte à ceux qui ont oublié mon patelin”)
Mimoun El Walid
Non, je n’ai pas oublié notre pauvre patelin,
Ni les martyres qui meurent pour vivre avec l’éternité,
Ni les saints qui se dissolvent dans nos larmes pour devenir lumière,
Ni la chevelure dorée de notre souriante rivière
Où scintillent, plus rapide que l’éclair, les tribus joviales des poissons.
Non, je n’ai pas oublié notre pays immortel qui sent le géranium et le jasmin
Ni la grâce perpétuelle du sourire de mes amis !
Non, je n’ai pas oublié ma mère qui changeait
Les heures lourdes de peine en poèmes,
Les nécessiteuses années de mon enfance en cantiques,
Ni la suave sueur de mon père revenant exténué des champs,
Une fleur des prés à son oreille !
Je porte dans ma gorge ardente les minces ruisseaux de tant de chagrin,
Le vert, le bleu territoire inviolable de mon patelin
Avec ses frontières cicatrisées qui se marient si bien
Avec le vol fiévreux des fauvettes.
Non, je n’ai pas oublié les buissons de cactus ni le vent froid
Qui déchire sa tunique argentée à leurs rieuses épines.
Frère, mon frère, comme la tienne,
Ma tristesse va jusqu’aux arbres en fleurs
Et revient s’asseoir au seuil de ma maison abandonnée,
Là, où la main du jour laborieux ramasse les mots de mes ancêtres,
Grains de bonté et d’amour dissimulés sous les ruines de ma maison.
Non, je n’ai pas oublié les oiseaux fidèles à mon village,
Qui épellent, en poussant des cris mélancoliques,
Les noms abandonnées de mes morts endormis en Dieu.
Non, je n’ai pas oublié l’été solennel en habits d’or
Qui dépêchait sous les vétustes toitures des bâtisses les hirondelles,
Ses joyeuses messagères de joie, ses pages ruisselant de chaleur !
Non, je n’ai pas oublié Idir, le vieux, le clément, l’amène berger,
Pâtre assuré des brebis, gardien fidèle de ma langue amazighe,
Ma langue éternelle, belle comme une jeune mariée au visage rayonnant,Douce comme le roucoulement amoureux d’un concile de colombes !
Non, je n’ai pas oublié les vastes mots d’amour de mes grand’mères
Ni l’antique sagesse de mes grand’pères assis à l’ombre frissonnante des platanes !
Je porte, cousues dans ma veste de tous les jours,
Les paroles de miel, les sourires de primevères
De mes tantes et oncles, de mes cousines et cousins !
Non, je n’ai pas oublié le temps abondant des moissons
Ni le peigne des étoiles dans mes boucles auburn d’enfant sage
Ni les voix vibrantes des jeunes filles de mon village,
Joyeuses envolées de tourterelles chantant autour du puits de mon village !
Non, je n’ai pas oublié les mâts blancs des sommets de mon Rif
Voyageant d’éternité en éternité
Ni les prairies bruissant d’herbe grasse et de marguerites
Où venaient poser leur mélodieuse fatigue les merles musiciens.
Frère, mon frère aimé, comme la tienne,
Ma pensée peut boire toute l’eau fraîche des fleuves et des lacs,
Toute la profondeur scripturaire de Dieu,
Toute la splendeur vertigineuse des Anges,
Mais jamais, au grand jamais,
Elle ne saura étancher ma soif de mon village !
Comme toi, frère de mon âme,
Que je me lève, ou que je me couche,
Que je pleure, ou que je ris,
Que je vis de larmes, ou que je me meurs d’affliction,
Je porterai, sculptés en lettres amazighes dans ma chair,
Tes mots magiques, frère, tes mots sacrés :
« Moi, je ne pourrais jamais oublié mon patelin
Quant à moi, je mourrai pour mon patelin. »
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 3 novembre 2008
Mon jeune ami et poète, Andich Chahid, a eu l’amabilité de m’envoyer les paroles d’une chanson de Mimoun El Walid. J’ai été littéralement ensorcelé par le texte. J’y ai tout de suite reconnu la voix d’un grand poète. Pendant des jours et des jours, j’ai porté les mots de cette magnifique chanson dans mon cœur. Et j’ai décidé d’écrire, par amour pour mon ami Ali Khaddaoui, par tendresse pour Andich et tous mes amis amazighs, par pure admiration pour Mimoun Et Walid, cet extraordinaire chantre de la Tamazgha, ce poème, écho de sa célèbre chanson Honte à ceux qui ont oublié mon patelin.
Glose :
Mimoun El Walid (né en 1959) : Mimoun est sans le moindre doute l’artiste le plus accompli et le plus aimé que le Rif marocain ait engendré. Né à Aït Sidel, petit village situé non loin de Nador, dans une famille de condition modeste, il commence à s'initier tout jeune à la musique. Il apprend à jouer de la tamjja (flûte) et découvre progressivement l’inouïe richesse du patrimoine musical amazighe. Habité par les mélodies de son pays, Mimoun se met à chanter et à défendre, dès les premières années de ses études de philosophie à l'Université de Fès, en tamazight, sa langue maternelle, la cause des oubliés, des opprimés, des laissés-pour-compte. En 1980, il sort son premier album Ajjaj (Le tonnerre) dont le succès est foudroyant, ce qui lui vaut des démêlées avec le pouvoir qui s’évertue à ignorer le passé amazighe du Maroc. Pour ceux qui ne le savent pas, la population marocaine est à 95% berbère. Après une traversée du désert, Mimoun revient au devant de la scène en 1986 avec Ametluâ (Le vagabond) et, dix ans plus tard, avec Tayyut (La brume). Après un long chemin oscillant entre exil et retour au pays natal, il finit par s’établir en Belgique où il devient le poète et le chanteur adulé de la communauté amazighe. Les jeunes générations des Imazighen (Berbères) du Maroc lui gardent une immense admiration et l’appellent affectueusement le « Roi du Rif ».
Les mots en italique appartiennent au poème de Mimoun El Walid.
A Mimoun El Walid
« Ayh’a x yinni ittum a dcar inu »
(Honte à ceux qui ont oublié mon patelin”)
Mimoun El Walid
Non, je n’ai pas oublié notre pauvre patelin,
Ni les martyres qui meurent pour vivre avec l’éternité,
Ni les saints qui se dissolvent dans nos larmes pour devenir lumière,
Ni la chevelure dorée de notre souriante rivière
Où scintillent, plus rapide que l’éclair, les tribus joviales des poissons.
Non, je n’ai pas oublié notre pays immortel qui sent le géranium et le jasmin
Ni la grâce perpétuelle du sourire de mes amis !
Non, je n’ai pas oublié ma mère qui changeait
Les heures lourdes de peine en poèmes,
Les nécessiteuses années de mon enfance en cantiques,
Ni la suave sueur de mon père revenant exténué des champs,
Une fleur des prés à son oreille !
Je porte dans ma gorge ardente les minces ruisseaux de tant de chagrin,
Le vert, le bleu territoire inviolable de mon patelin
Avec ses frontières cicatrisées qui se marient si bien
Avec le vol fiévreux des fauvettes.
Non, je n’ai pas oublié les buissons de cactus ni le vent froid
Qui déchire sa tunique argentée à leurs rieuses épines.
Frère, mon frère, comme la tienne,
Ma tristesse va jusqu’aux arbres en fleurs
Et revient s’asseoir au seuil de ma maison abandonnée,
Là, où la main du jour laborieux ramasse les mots de mes ancêtres,
Grains de bonté et d’amour dissimulés sous les ruines de ma maison.
Non, je n’ai pas oublié les oiseaux fidèles à mon village,
Qui épellent, en poussant des cris mélancoliques,
Les noms abandonnées de mes morts endormis en Dieu.
Non, je n’ai pas oublié l’été solennel en habits d’or
Qui dépêchait sous les vétustes toitures des bâtisses les hirondelles,
Ses joyeuses messagères de joie, ses pages ruisselant de chaleur !
Non, je n’ai pas oublié Idir, le vieux, le clément, l’amène berger,
Pâtre assuré des brebis, gardien fidèle de ma langue amazighe,
Ma langue éternelle, belle comme une jeune mariée au visage rayonnant,Douce comme le roucoulement amoureux d’un concile de colombes !
Non, je n’ai pas oublié les vastes mots d’amour de mes grand’mères
Ni l’antique sagesse de mes grand’pères assis à l’ombre frissonnante des platanes !
Je porte, cousues dans ma veste de tous les jours,
Les paroles de miel, les sourires de primevères
De mes tantes et oncles, de mes cousines et cousins !
Non, je n’ai pas oublié le temps abondant des moissons
Ni le peigne des étoiles dans mes boucles auburn d’enfant sage
Ni les voix vibrantes des jeunes filles de mon village,
Joyeuses envolées de tourterelles chantant autour du puits de mon village !
Non, je n’ai pas oublié les mâts blancs des sommets de mon Rif
Voyageant d’éternité en éternité
Ni les prairies bruissant d’herbe grasse et de marguerites
Où venaient poser leur mélodieuse fatigue les merles musiciens.
Frère, mon frère aimé, comme la tienne,
Ma pensée peut boire toute l’eau fraîche des fleuves et des lacs,
Toute la profondeur scripturaire de Dieu,
Toute la splendeur vertigineuse des Anges,
Mais jamais, au grand jamais,
Elle ne saura étancher ma soif de mon village !
Comme toi, frère de mon âme,
Que je me lève, ou que je me couche,
Que je pleure, ou que je ris,
Que je vis de larmes, ou que je me meurs d’affliction,
Je porterai, sculptés en lettres amazighes dans ma chair,
Tes mots magiques, frère, tes mots sacrés :
« Moi, je ne pourrais jamais oublié mon patelin
Quant à moi, je mourrai pour mon patelin. »
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 3 novembre 2008
Mon jeune ami et poète, Andich Chahid, a eu l’amabilité de m’envoyer les paroles d’une chanson de Mimoun El Walid. J’ai été littéralement ensorcelé par le texte. J’y ai tout de suite reconnu la voix d’un grand poète. Pendant des jours et des jours, j’ai porté les mots de cette magnifique chanson dans mon cœur. Et j’ai décidé d’écrire, par amour pour mon ami Ali Khaddaoui, par tendresse pour Andich et tous mes amis amazighs, par pure admiration pour Mimoun Et Walid, cet extraordinaire chantre de la Tamazgha, ce poème, écho de sa célèbre chanson Honte à ceux qui ont oublié mon patelin.
Glose :
Mimoun El Walid (né en 1959) : Mimoun est sans le moindre doute l’artiste le plus accompli et le plus aimé que le Rif marocain ait engendré. Né à Aït Sidel, petit village situé non loin de Nador, dans une famille de condition modeste, il commence à s'initier tout jeune à la musique. Il apprend à jouer de la tamjja (flûte) et découvre progressivement l’inouïe richesse du patrimoine musical amazighe. Habité par les mélodies de son pays, Mimoun se met à chanter et à défendre, dès les premières années de ses études de philosophie à l'Université de Fès, en tamazight, sa langue maternelle, la cause des oubliés, des opprimés, des laissés-pour-compte. En 1980, il sort son premier album Ajjaj (Le tonnerre) dont le succès est foudroyant, ce qui lui vaut des démêlées avec le pouvoir qui s’évertue à ignorer le passé amazighe du Maroc. Pour ceux qui ne le savent pas, la population marocaine est à 95% berbère. Après une traversée du désert, Mimoun revient au devant de la scène en 1986 avec Ametluâ (Le vagabond) et, dix ans plus tard, avec Tayyut (La brume). Après un long chemin oscillant entre exil et retour au pays natal, il finit par s’établir en Belgique où il devient le poète et le chanteur adulé de la communauté amazighe. Les jeunes générations des Imazighen (Berbères) du Maroc lui gardent une immense admiration et l’appellent affectueusement le « Roi du Rif ».
Les mots en italique appartiennent au poème de Mimoun El Walid.
mardi 2 décembre 2008
L'épitaphe du Rossignol
L’Epitaphe du Rossignol
« Death blowis a Life blow to Some.
(“Un coup mortel est un coup vitale pour certains »)
Emily Dickinson
Ci-gît Rossignol,
C’est ainsi que m’appelaient, enfant, mes amis.
Le temps est passé,
Le temps, amis ami de mon cœur,
Ce voisin intime dont nul ne peut se défaire,
Le temps qui tourne vers moi la face du jour !
La nuit, les rossignols fidèles,
Viennent réchauffer ma stèle de leurs ailes éthérées
Et couvrir des perles blanches de leurs voix
Le buis qui pousse, dru et joyeux, sur ma tombe.
Trilles d’aubes, parfums et dentelles ajourées des herbes,
Ciel desatin, planètes et astres, anges et brises
Me tiennent gaie compagnie !
Pourquoi me pleurer ?
Ne suis-je pas avec vous
Jusqu’à la fin des temps ?
C’est la fin sans fin !
Ne savez-vous pas, amis de mon âme,
Qu’une seconde avec Dieu,
Comble les failles de mille milliers de siècles ?
« Bihind Me – dips Eternity –
Before Me – Immortality ! »
(Derrière Moi – à pic, l’Eternité,
Devant Moi – l’Immortalité ! »)
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 2 décembre 2008
Petit, mes amis m’appelaient Rossignol ! J’avais l’habitude de chanter souvent. Ma mère m’avait appris un grand nombre de vielles chansons. Sitôt qu’on se réunissait le soir dans l’amenderai qui longeait nos maisons, on me demandait une chanson. Plein de bonheur, je m’exécutais avec joie. « Rossignol, disaient mes copains, tu ne mourras jamais ! » Et je les croyais volontiers. Ô temps qui sentait vraiment l’éternité !
Glose :
Bihind Me – dips Eternity… : vers d’Emily Dickinson.
« Death blowis a Life blow to Some.
(“Un coup mortel est un coup vitale pour certains »)
Emily Dickinson
Ci-gît Rossignol,
C’est ainsi que m’appelaient, enfant, mes amis.
Le temps est passé,
Le temps, amis ami de mon cœur,
Ce voisin intime dont nul ne peut se défaire,
Le temps qui tourne vers moi la face du jour !
La nuit, les rossignols fidèles,
Viennent réchauffer ma stèle de leurs ailes éthérées
Et couvrir des perles blanches de leurs voix
Le buis qui pousse, dru et joyeux, sur ma tombe.
Trilles d’aubes, parfums et dentelles ajourées des herbes,
Ciel desatin, planètes et astres, anges et brises
Me tiennent gaie compagnie !
Pourquoi me pleurer ?
Ne suis-je pas avec vous
Jusqu’à la fin des temps ?
C’est la fin sans fin !
Ne savez-vous pas, amis de mon âme,
Qu’une seconde avec Dieu,
Comble les failles de mille milliers de siècles ?
« Bihind Me – dips Eternity –
Before Me – Immortality ! »
(Derrière Moi – à pic, l’Eternité,
Devant Moi – l’Immortalité ! »)
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 2 décembre 2008
Petit, mes amis m’appelaient Rossignol ! J’avais l’habitude de chanter souvent. Ma mère m’avait appris un grand nombre de vielles chansons. Sitôt qu’on se réunissait le soir dans l’amenderai qui longeait nos maisons, on me demandait une chanson. Plein de bonheur, je m’exécutais avec joie. « Rossignol, disaient mes copains, tu ne mourras jamais ! » Et je les croyais volontiers. Ô temps qui sentait vraiment l’éternité !
Glose :
Bihind Me – dips Eternity… : vers d’Emily Dickinson.
SUPPLICATION (English)
Mon poème "Supplique" a été traduit en anglais par l'éminente poétesse américaine Dale Roche-Lebrec. Qu'elle en soit cordialement remerciée:
Supplication
for Luke
‘My heart is wax,
melting in the depths of my soul’
Helder Moura Pereira
From you, my Lord,
I only ask for peaceful nights,
The fluid elegance of two hearts enlaced,
Silences, the colour of the blue gentian!
From you, my celestial Master,
I only request the deep violet of an embrace,
The shining face of spring,
Moments beautiful as the Isle of Rhodes
Which floats, brilliant and rose,
On the exquisite rocking of the Greek waters!
From you, forgiving Son,
I only desire the gift of
The eager breath of an innocent mouth,
The pure blood of a young god
With his slender and infinitely delectable body
Beating in my blood.
From you, my divine Friend,
I only wish for
the transparent abundance
of a poem!
Translated into English by Dale Roche-Lebrec
Supplication
for Luke
‘My heart is wax,
melting in the depths of my soul’
Helder Moura Pereira
From you, my Lord,
I only ask for peaceful nights,
The fluid elegance of two hearts enlaced,
Silences, the colour of the blue gentian!
From you, my celestial Master,
I only request the deep violet of an embrace,
The shining face of spring,
Moments beautiful as the Isle of Rhodes
Which floats, brilliant and rose,
On the exquisite rocking of the Greek waters!
From you, forgiving Son,
I only desire the gift of
The eager breath of an innocent mouth,
The pure blood of a young god
With his slender and infinitely delectable body
Beating in my blood.
From you, my divine Friend,
I only wish for
the transparent abundance
of a poem!
Translated into English by Dale Roche-Lebrec
The Wonderful Thing
Le grand poète anglais, Norton Hodges, a eu la bonté de traduire mon poème "Chose merveilleuse". Qu'il en soit remercié :
The Wonderful Thing
for Servane and Timothée
'May truth go with us, you and I!'
Mimnermus
I.
They were very young and the day was ablaze,
so the girl's delicate hand trembled
in the boy's burning hand
like the tender music of a Lydian flute.
They were walking, their eyes smoldering with happiness,
carried by the fiery spirit of the breeze,
among the daisies and the mint
of the radiant fields of the Midi!
The robins' jubilant chattering,
like sun through mist, crystal clear, sensual,
clothed their glances in sparks of sunlight.
II.
Children! Only your eyes know
how to bear the weight of the world!
Your innocent bodies floatin warm houses of blue air!
Both words and silence quiver for you
with the possibility of a caress,
your smiles are as bright and pure
as waters flawless as a diamond!
III.
O Venus, sparkling goddess of Love,
show them, O goddess with fingers like white roses,
the sweet mysteries of your name!
You, friend of the swallows and the flowers,
crown their spring-like heads
with the violets of your kisses,
change them, O mother of Love, into an immortal poem
so that, incorruptible, their diaphanous hearts may remain
within the endless radiance
of eternity uncreated!
translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges02.12.08.
The Wonderful Thing
for Servane and Timothée
'May truth go with us, you and I!'
Mimnermus
I.
They were very young and the day was ablaze,
so the girl's delicate hand trembled
in the boy's burning hand
like the tender music of a Lydian flute.
They were walking, their eyes smoldering with happiness,
carried by the fiery spirit of the breeze,
among the daisies and the mint
of the radiant fields of the Midi!
The robins' jubilant chattering,
like sun through mist, crystal clear, sensual,
clothed their glances in sparks of sunlight.
II.
Children! Only your eyes know
how to bear the weight of the world!
Your innocent bodies floatin warm houses of blue air!
Both words and silence quiver for you
with the possibility of a caress,
your smiles are as bright and pure
as waters flawless as a diamond!
III.
O Venus, sparkling goddess of Love,
show them, O goddess with fingers like white roses,
the sweet mysteries of your name!
You, friend of the swallows and the flowers,
crown their spring-like heads
with the violets of your kisses,
change them, O mother of Love, into an immortal poem
so that, incorruptible, their diaphanous hearts may remain
within the endless radiance
of eternity uncreated!
translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges02.12.08.
Inscription à :
Articles (Atom)