AMI CIRCASSIEN
A Ali Hutsieev
“And the sound of a voice that is still”
(“Et le son d’une voix qui vit toujours”)
Lord Tennyson,
Ami circassien, fier voisin
Des cimes, des torrents et des vents,
Toi qui cours, inlassable dans ta suavité,
Derrière l’immensité
De ton cœur
Et tiens dans ta main diaphane
Toute la liberté du monde,
Comme ta voix m’est sereinement chère !
Non, ne sois pas à moitié, mon Ami,
Mais tout entier et solide
Comme le veut, comme l’impose
L’antique loi caucasienne du bonheur !
Quand le soir tcherkesse,
Vêtu de la vivifiante verdure
Des montagnes, vient s’asseoir
Au seuil de ta haute maison,
Enlève de ta jeune poitrine
Les inutiles ornements de l’angoisse,
Toi, mon Ami, qui sais si bien
Mesurer le poids de l’eau
Avec les prunelles humides
De ta vaste solitude !
Sache, toi, Ami qui vogues dans mon âme
Avec l’onde limpide du Kouban,
Sache qu’il nous faut apprendre la dure,
La védique science
De vivre et respirer de rien
De naître et mourir de tout !
Alors,
Comme de son propre poids
Se détache de la branche maternelle le fruit mûr,
Tombera de nos lèvres le chagrin
Qui martèle nos larmes
Pour les changer en diamants !
Ô Ami circassien,
Ami circassien,
Comme ta voix est mienne !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 22 juillet 2009
Glose :
Circassie : le nom propre de Circassie désignait autrefois une région du Caucase. Historiquement, elle comprenait la côte et la majeure partie du territoire de ce que les Russes appellent Krasnodarskiy kraï. Aujourd’hui, les Circassiens vivent dans les républiques de Karachaïévo-Tcherkessie, de Kabardino-Balkarie, d’Adygué, parties de la Fédération de Russie. La diaspora circassienne est dispersée dans plusieurs pays du monde.
Lord Alfred Tennyson (1809-1892) : un des plus célèbres poètes britanniques de l’époque victorienne. Nombre de ses vers sont basés sur des thèmes classiques ou mythologiques, comme In Memoriam, écrit en l'honneur de son meilleur ami Arthur Hallam, un jeune poète et un camarade de Trinity College qui était fiancé à sa sœur, mais qui mourut tragiquement d'une hémorragie cérébrale. L'un des plus célèbres ouvrages de Tennyson, Les Idylles du Roi (1885), est une série de poèmes narratifs basés entièrement sur le Roi Arthur.
Védique (adj.) : du Véda, mot qui signifie « connaissance », « ce qui a été vu ». Le Véda est un ensemble de textes de la religion hindoue, issus de la Shruti, « audition », « révélation », à l'origine du védisme, religion mère de l’hindouisme. Les hindous croient que le Véda existe depuis toujours et pour toujours, se transmettant de bouche à oreille, de brahmane (prêtre) à brahmane, et les considèrent comme la « connaissance révélée ». Ces Écritures sacrées de l'hindouisme sont composées de quatre grandes sections: le Rig-Véda (« Savoir des strophes »), le Yajur-Véda (« Savoir des formules sacrificielles »), le Sama-Véda (« Savoir des mélodies »), l’Atharva-Véda (« Savoir d'Atharva », nom d'une famille de prêtres). Chacun des Véda rassemble des textes de nature différente : les Samhitâ, les Brâhmana, les Aranyaka, et les Upanishad.
La partie la plus ancienne, le Rig-Véda, daterait de 1800 av. J.-C., mais la transmission orale serait bien plus ancienne. La compilation de ces textes est attribuée au sage Vyâsa. Les parties les plus récentes du Véda dateraient de 500 av. J.-C.
Les Véda constituent sans doute le corpus de connaissance le plus ancien que l'on connaisse et sont la base de la littérature indienne. Ils traitent de poésie, de musique, d’astrologie, d’astronomie, de rituels sacrés.
mercredi 22 juillet 2009
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