LOURD PEND SUR NOUS LE JOUR
Non, mon jeune amour,
Tu n’as pas eu de floraison !
Pourquoi, printemps douloureux,
Te penches-tu sur cet adolescent
A l’âme remplie de larmes ?
Enfant mien,
Aux cheveux beaux et doux et clairs
Comme les champs de blé d’Italie,
Aux yeux rayonnants comme l’eau des montagnes
Et bleus, plus bleus qu’elle !
Que faire, ô mon cœur,
Pour oublier la peine lourde
Que mon silence lui a inspirés ?
Seul à présent
Et sans espoir de rédemption !
Ô années endormies dans le marbre,
Rappelez-vous des instants heureux
De notre bref, de notre étrange amour !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 29 juillet 2010
jeudi 29 juillet 2010
mercredi 28 juillet 2010
LES BOULEAUX RUSSES
LES BOULEAUX RUSSES
A tous ceux qui, morts,
Vivent pour toujours dans mes poèmes
Des vents pleins de senteurs
Passent comme une armée
De guerriers d’or
Au-dessus des forêts.
Rêve dans le rêve,
Me voici de nouveau jeune enfant !
Mémoire,
Que faire des heures passées
Que tu viens me rappeler ?
Les bouleaux russes,
Vêtus de la brume magique de l’été
Déversent l’émeraude de leurs feuilles
Là où gisent à jamais
Mes morts !
Cœur, reste debout,
Respire l’éternité
Devant la face
Du Temps despotique !
Maître de la Vie,
Seigneur des âmes qui savent aimer,
Laisse-moi appuyé ma tête
Lourde de larmes
Contre la source
De ta palpitante poitrine !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 29 juillet 2010
A tous ceux qui, morts,
Vivent pour toujours dans mes poèmes
Des vents pleins de senteurs
Passent comme une armée
De guerriers d’or
Au-dessus des forêts.
Rêve dans le rêve,
Me voici de nouveau jeune enfant !
Mémoire,
Que faire des heures passées
Que tu viens me rappeler ?
Les bouleaux russes,
Vêtus de la brume magique de l’été
Déversent l’émeraude de leurs feuilles
Là où gisent à jamais
Mes morts !
Cœur, reste debout,
Respire l’éternité
Devant la face
Du Temps despotique !
Maître de la Vie,
Seigneur des âmes qui savent aimer,
Laisse-moi appuyé ma tête
Lourde de larmes
Contre la source
De ta palpitante poitrine !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 29 juillet 2010
mardi 27 juillet 2010
BEAUTE AERIENNE
BEAUTE AERIENNE
A Liliane Bettencourt
Eté, apporte encore des roses de lumière
Pour rendre plus légers ce jour laconien
Et plus brillants les yeux des vases corinthiens,
Quand le chagrin emplit de pleurs ses yeux solaires.
Que tout soit clarté dans cette antique demeure
Où flotte émerveillé l’esprit de la Beauté,
Que les baisers inscrivent leurs lettres enchantées
Sur l’ambre des années et le rubis du cœur !
Et vous, Madame, et vous, tendez vos doigts d’iris
Vers les visages aimés ciselés par le ciel
Qui veillent sur vos nuits et sur les mauves missels
Où se promène, exquise, votre enfance de lys.
Et que la paix propice se pose sur vos prunelles
Plus délicate et douce que la blancheur dune aile !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 27 juiller 2010
Je dédie ce sonnet à Madame Liliane Bettencourt, dont le cœur aimant fut attristé ces jours-ci par tant de paroles amères.
A Liliane Bettencourt
Eté, apporte encore des roses de lumière
Pour rendre plus légers ce jour laconien
Et plus brillants les yeux des vases corinthiens,
Quand le chagrin emplit de pleurs ses yeux solaires.
Que tout soit clarté dans cette antique demeure
Où flotte émerveillé l’esprit de la Beauté,
Que les baisers inscrivent leurs lettres enchantées
Sur l’ambre des années et le rubis du cœur !
Et vous, Madame, et vous, tendez vos doigts d’iris
Vers les visages aimés ciselés par le ciel
Qui veillent sur vos nuits et sur les mauves missels
Où se promène, exquise, votre enfance de lys.
Et que la paix propice se pose sur vos prunelles
Plus délicate et douce que la blancheur dune aile !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 27 juiller 2010
Je dédie ce sonnet à Madame Liliane Bettencourt, dont le cœur aimant fut attristé ces jours-ci par tant de paroles amères.
ICI
ICI
(’ενταôθα)
Parfois, le visage rayonnant,
Tu te mets à chanter
Et les roses adoucies
T’écoute avec un ravissement aérien !
Je pâlis,
Lorsque soudain
Tu te détournes,
Offrant ta tête d’or
Aux flots
De mes baisers !
Non, printemps,
Je n’échangerai jamais
Un des ses sourires
Pour l’amour d’un dieu immortel,
Ni pour le séjour heureux
Réservé après la mort
Aux âmes pieuses.
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 27 juillet 2010
(’ενταôθα)
Parfois, le visage rayonnant,
Tu te mets à chanter
Et les roses adoucies
T’écoute avec un ravissement aérien !
Je pâlis,
Lorsque soudain
Tu te détournes,
Offrant ta tête d’or
Aux flots
De mes baisers !
Non, printemps,
Je n’échangerai jamais
Un des ses sourires
Pour l’amour d’un dieu immortel,
Ni pour le séjour heureux
Réservé après la mort
Aux âmes pieuses.
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 27 juillet 2010
PETIT POEME POUR RADKO RADKOV
PETIT POEME POUR RADKO RADKOV
Sur les cendres d’or de l’Ami,
Qui fut le chantre le plus mélodieux de la terre,
Je resterai des nuits et des jours entiers !
Taciturne,
La tête recouverte de feuilles de lierre,
J’attendrai son ombre légère
Venir se poser sur ma face
Avant de s’en aller à jamais
Au pays des dieux.
Ô Frère,
Toi qui aimais tant
Le poète Hipponax,
Je t’en supplie,
Ne tarde pas de venir
Me dire adieu !
Et toi, temps,
Aie pitié de moi,
Garde parmi tes prunelles
Toutes ces pensées
Tournées vers l’innocence
De l’âme liliale de l’Ami !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 27 juillet 2010
Glose :
Hipponax (en grec ancien Ἰππῶναξ / Hippỗnax, littéralement « seigneur des chevaux ») fut un poète grec de la deuxième moitié du VIe siècle av. J.-C. Avec Archiloque de Paros et Sémonide d'Amorgos, il est l'un des trois plus grands représentants de la poésie iambique.
La vie d'Hipponax est mal connue. Tout comme Archiloque et Sémonide, il était originaire d'Ionie, en l'occurrence de la cité d'Éphèse. Il fut exilé par le tyran Athénagoras, dont on ne sait rien par ailleurs, et se fixa à Clazomènes. L'inscription dite « Chronique de Paros » place en 540 av. J.-C. l'apogée de son art.
Une histoire bien connue de l'Antiquité veut qu'il se soit pris de querelle avec les sculpteurs Boupalos et Archémis. Pline l'Ancien raconte :
« Hipponax ayant un visage d'une laideur reconnue, les (deux) sculpteurs avaient exposé, par goût de la plaisanterie, son portrait devant des cercles de rieurs ; Hipponax, indigné, déchaîna tant l'amertume
Sur les cendres d’or de l’Ami,
Qui fut le chantre le plus mélodieux de la terre,
Je resterai des nuits et des jours entiers !
Taciturne,
La tête recouverte de feuilles de lierre,
J’attendrai son ombre légère
Venir se poser sur ma face
Avant de s’en aller à jamais
Au pays des dieux.
Ô Frère,
Toi qui aimais tant
Le poète Hipponax,
Je t’en supplie,
Ne tarde pas de venir
Me dire adieu !
Et toi, temps,
Aie pitié de moi,
Garde parmi tes prunelles
Toutes ces pensées
Tournées vers l’innocence
De l’âme liliale de l’Ami !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 27 juillet 2010
Glose :
Hipponax (en grec ancien Ἰππῶναξ / Hippỗnax, littéralement « seigneur des chevaux ») fut un poète grec de la deuxième moitié du VIe siècle av. J.-C. Avec Archiloque de Paros et Sémonide d'Amorgos, il est l'un des trois plus grands représentants de la poésie iambique.
La vie d'Hipponax est mal connue. Tout comme Archiloque et Sémonide, il était originaire d'Ionie, en l'occurrence de la cité d'Éphèse. Il fut exilé par le tyran Athénagoras, dont on ne sait rien par ailleurs, et se fixa à Clazomènes. L'inscription dite « Chronique de Paros » place en 540 av. J.-C. l'apogée de son art.
Une histoire bien connue de l'Antiquité veut qu'il se soit pris de querelle avec les sculpteurs Boupalos et Archémis. Pline l'Ancien raconte :
« Hipponax ayant un visage d'une laideur reconnue, les (deux) sculpteurs avaient exposé, par goût de la plaisanterie, son portrait devant des cercles de rieurs ; Hipponax, indigné, déchaîna tant l'amertume
DINOCRATE DE RHODES
DINOCRATE DE RHODES
A JonMark DeSys
Génie de la mesure, démon de la splendeur,
Tu as guidé la main ionique de Dinocrate
Pour faire d’Alexendrie la ville aristocrate,
Reflet de l’infini, image de la grandeur !
Heureux, nous dormions à l’ombre du Séma,
Rêveurs illuminés, adolescents épris
De la déesse Bastet et des immenses nuits
Qui transformaient nos corps en hymne à la joie !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 27 juillet 2010
Glose :
Dinocrate de Rhodes est l'architecte de la ville d'Alexandrie, érigée sous le règne d'Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.) qui décide de faire naître une ville au bord de la mer d'après une idée d'Aristote (384-322 av. J.-C.). Ce dernier se référait à l'enseignement d'Hippocrate préconisant le plan hippodamien, c’est-à-dire en damier, pour contribuer à une meilleure santé des habitants de la cité.
Avec Cléomène de Naucratis, administrateur grec du désert arabique et des finances d’Egypte, chargé d'édifier la future cité, Dinocrate dresse, sur les directives d'Alexandre, les plans d’un projet urbain pharaonique. Le tracé du plan de la nouvelle cité est établi selon les principes déjà appliqués par l’architecte, planificateur urbain, physicien, mathématicien, météorologiste et philosophe Hippodamos de Milet (Ve siècle av. J.-C.), inventeur de plan en damier et constructeur de la ville du Pirée.
Séma ou Sôma : le tombeau d’Alexandre le Grand érigé en Alexandrie.
Bastet est la déesse de la musique, de la joie et de la maternité aux traits félins dont le centre religieux se trouvait dans la ville de Bubastis en Egypte. C’est l’une des divinités les plus discrètes du panthéon égyptien. Elle n’a jamais été représentée ailleurs que dans son temple à Bubastis. Selon Hérodote, ce temple aurait été, à son époque, le plus beau du pays, avec le plus de fidèles.
D’abord divinité locale de la ville de Bubastis, le culte de Bastet s’est propagé progressivement à toute l’Egypte. Vénérée dès la VIe dynastie, sous le règne de Pépi II (devenu pharaon vers 2246 av. J.-C.), on l’imaginait comme le pendant d’Hathor de Dendérah.
A JonMark DeSys
Génie de la mesure, démon de la splendeur,
Tu as guidé la main ionique de Dinocrate
Pour faire d’Alexendrie la ville aristocrate,
Reflet de l’infini, image de la grandeur !
Heureux, nous dormions à l’ombre du Séma,
Rêveurs illuminés, adolescents épris
De la déesse Bastet et des immenses nuits
Qui transformaient nos corps en hymne à la joie !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 27 juillet 2010
Glose :
Dinocrate de Rhodes est l'architecte de la ville d'Alexandrie, érigée sous le règne d'Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.) qui décide de faire naître une ville au bord de la mer d'après une idée d'Aristote (384-322 av. J.-C.). Ce dernier se référait à l'enseignement d'Hippocrate préconisant le plan hippodamien, c’est-à-dire en damier, pour contribuer à une meilleure santé des habitants de la cité.
Avec Cléomène de Naucratis, administrateur grec du désert arabique et des finances d’Egypte, chargé d'édifier la future cité, Dinocrate dresse, sur les directives d'Alexandre, les plans d’un projet urbain pharaonique. Le tracé du plan de la nouvelle cité est établi selon les principes déjà appliqués par l’architecte, planificateur urbain, physicien, mathématicien, météorologiste et philosophe Hippodamos de Milet (Ve siècle av. J.-C.), inventeur de plan en damier et constructeur de la ville du Pirée.
Séma ou Sôma : le tombeau d’Alexandre le Grand érigé en Alexandrie.
Bastet est la déesse de la musique, de la joie et de la maternité aux traits félins dont le centre religieux se trouvait dans la ville de Bubastis en Egypte. C’est l’une des divinités les plus discrètes du panthéon égyptien. Elle n’a jamais été représentée ailleurs que dans son temple à Bubastis. Selon Hérodote, ce temple aurait été, à son époque, le plus beau du pays, avec le plus de fidèles.
D’abord divinité locale de la ville de Bubastis, le culte de Bastet s’est propagé progressivement à toute l’Egypte. Vénérée dès la VIe dynastie, sous le règne de Pépi II (devenu pharaon vers 2246 av. J.-C.), on l’imaginait comme le pendant d’Hathor de Dendérah.
lundi 26 juillet 2010
QUIRITE
QUIRITE
« Pettius, je n'écris plus de vers, je n'y ai plus de goût, frappé que je suis des traits de l'Amour, de l'Amour qui se plaît à m'enflammer, comme jamais aucun mortel, pour les jeunes garçons et les jeunes filles. »
Horace
Epode XI
Non, non et non! Je ne me découragerai pas, Egnatius, mon Ami,
Tu ne saurais pas arrêter, même si tu le voulais de tout ton coeur valeureux,
Le chant fervent de mes louanges enflammées,
Ni le flot cristallin de ma parfaite passion.
Je sais que tu m'aimes, ami cher et désintéressée,
Que tu me veux en paix avec mon âge avancé,
Joyeux et calme, souriant ami des abeilles
Et furieusement amoureux des divines saveurs des vins.
Mais je ne peux m'empêcher d'admirer
Le jeune Caius Pomponius Crassus,
L'éphèbe toujours adorable
Et toujours adoré!
Je tourmenterai de ma constance patricienne
Tous les mots vierges de notre langue virile
Pour exalter le plus splendide des enfants que notre Rome
Ait jamais vu naître,
Ce fils sublime, cette fleur chérie de la Beauté.
Je chanterai Egnatius,
Je publierai, sans retenue, mon amour
Pour son visage où l'antique pudeur étrusque s'épanouit
Avec toute la fraîcheur d'es jours printaniers.
Je glorifierai son corps de neige des Alpes vierges
Où chaque jeune muscle, chaque harmonieuse courbure
Ont été ciselés, avec ardeur, par un dieu virtuose,
Amoureux de l'extrême perfection.
Le sommeil, mon Egnatius, intraitable,
Refuse de fermer mes paupières fatiguées
Quand, insidieuse, la rude passion me fait pense à lui,
A ses bras de marbre veiné,
A ses yeux où brille toute la chaude lumière des étés siciliens,
A sa rayonnante poitrine de tendre adolescent,
A son abondante chevelure parfumée,
A sa bouche vermeille que convoitent, dans une folie pure,
Toutes les nymphes d'Italie et de Grèce!
Et les mots, Egnatius, mon fidèle Ami,
Les mots n'ont pas assez de mots pour décrire la grâce limpide de ses mains
Qui, d'un art accompli et d'une ardeur appliquée,
Savent faire sangloter les cordes de la lyre
Et siffler les flèche mortelle des guerriers !
Crois-moi, noble quirite,
Il ne m'est point possible, sans mourir, d'imposer le silence à mon coeur,
Sache qu'il m'est doux de m'abandonner à la folie
Que provoque en moi son sourire
Quand il vient, par hasard, caresser mes pensées!
Ô, Egnatius,
L'aimer abrège la pesante lenteur de mes journées romaines
Et sauve mon âme des glaces sévères de l'ennui!
Athanase Vantchev de Thracy
Saint-Germain-en-Laye, ce lundi 26 juillet 2010
Glose:
Quirite (n.m.): dans l'Antiquité s'appliquait aux citoyens romains.
Egnatius : prénom et patronyme d'origine latine. Variantes contemporaines: Ignace en français (prénom masculin et féminin), Ignacio en espagnol.
« Pettius, je n'écris plus de vers, je n'y ai plus de goût, frappé que je suis des traits de l'Amour, de l'Amour qui se plaît à m'enflammer, comme jamais aucun mortel, pour les jeunes garçons et les jeunes filles. »
Horace
Epode XI
Non, non et non! Je ne me découragerai pas, Egnatius, mon Ami,
Tu ne saurais pas arrêter, même si tu le voulais de tout ton coeur valeureux,
Le chant fervent de mes louanges enflammées,
Ni le flot cristallin de ma parfaite passion.
Je sais que tu m'aimes, ami cher et désintéressée,
Que tu me veux en paix avec mon âge avancé,
Joyeux et calme, souriant ami des abeilles
Et furieusement amoureux des divines saveurs des vins.
Mais je ne peux m'empêcher d'admirer
Le jeune Caius Pomponius Crassus,
L'éphèbe toujours adorable
Et toujours adoré!
Je tourmenterai de ma constance patricienne
Tous les mots vierges de notre langue virile
Pour exalter le plus splendide des enfants que notre Rome
Ait jamais vu naître,
Ce fils sublime, cette fleur chérie de la Beauté.
Je chanterai Egnatius,
Je publierai, sans retenue, mon amour
Pour son visage où l'antique pudeur étrusque s'épanouit
Avec toute la fraîcheur d'es jours printaniers.
Je glorifierai son corps de neige des Alpes vierges
Où chaque jeune muscle, chaque harmonieuse courbure
Ont été ciselés, avec ardeur, par un dieu virtuose,
Amoureux de l'extrême perfection.
Le sommeil, mon Egnatius, intraitable,
Refuse de fermer mes paupières fatiguées
Quand, insidieuse, la rude passion me fait pense à lui,
A ses bras de marbre veiné,
A ses yeux où brille toute la chaude lumière des étés siciliens,
A sa rayonnante poitrine de tendre adolescent,
A son abondante chevelure parfumée,
A sa bouche vermeille que convoitent, dans une folie pure,
Toutes les nymphes d'Italie et de Grèce!
Et les mots, Egnatius, mon fidèle Ami,
Les mots n'ont pas assez de mots pour décrire la grâce limpide de ses mains
Qui, d'un art accompli et d'une ardeur appliquée,
Savent faire sangloter les cordes de la lyre
Et siffler les flèche mortelle des guerriers !
Crois-moi, noble quirite,
Il ne m'est point possible, sans mourir, d'imposer le silence à mon coeur,
Sache qu'il m'est doux de m'abandonner à la folie
Que provoque en moi son sourire
Quand il vient, par hasard, caresser mes pensées!
Ô, Egnatius,
L'aimer abrège la pesante lenteur de mes journées romaines
Et sauve mon âme des glaces sévères de l'ennui!
Athanase Vantchev de Thracy
Saint-Germain-en-Laye, ce lundi 26 juillet 2010
Glose:
Quirite (n.m.): dans l'Antiquité s'appliquait aux citoyens romains.
Egnatius : prénom et patronyme d'origine latine. Variantes contemporaines: Ignace en français (prénom masculin et féminin), Ignacio en espagnol.
vendredi 23 juillet 2010
COMME LES MARINS
COMME LES MARINS
A Asinius Pollion
Comme les marins sauvés d’un naufrage
Suspendaient, pleins de reconnaissance,
Des tableaux votifs
Dans le temple de Neptune,
Sauvé par vous,
Mots éternels,
J’offrirai à Apollon
Et à son frère Hermès
Des guirlandes
De chants amoureux.
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 23 juillet 2010
Glose :
Asinius Pollion (Gaius Asinius Pollio – 76 av. J.-C. – 4 ap. J.-C.) : homme politique de la fin de la République romaine et du règne d'Auguste, orateur, historien et poète, membre de la gens plébienne des Asinii. Il était l'ami du poète Catulle. L'historien romain Velleius Paterculus (19 av. J.-C. – vers 31 ap. J.-C.) le met au nombre des esprits les plus distingués de son époque, et Valère-Maxime (Ier siècle ap. J.-C.) le cite comme assez bel exemple d'une robuste vieillesse.
Partisan, et ami personnel de Jules César pendant la guerre civile, il occupa en 49 av. J.-C. Messine avec une armée et participa à l'expédition de Curion en Sicile puis en Afrique contre les partisans de Pompée. Il échappa au désastre qui vit le massacre de Curion et de la plupart de ses troupes. Il accompagna César dans ses campagnes suivantes, en Macédoine où il prit part à la bataille de Pharsale, en Afrique et en Espagne contre Sextus Pompée.
Après la mort de César, il soutint Marc Antoine, se maintint en Vénétie avec deux légions, obtint par ses promesses le ralliement de la flotte républicaine de Domitius après la mort de Brutus et rejoignit Antoine avec sept légions. Mais après la paix de Brindes, il resta en Italie, et abandonna le parti d'Antoine lorsque celui-ci se lia à Cléopâtre.
Il exerça le consulat en 40 av. J.-C. en compagnie de Gnaeus Domitius Calvinus. Durant son consulat, il fit campagne en Dalmatie et s'empara de Salone tenue par des révoltés, succès qui lui valut le triomphe.
Il se déclara neutre lorsque Octave le pria de se joindre à lui avant la bataille d'Actium, en raison des services qu'il avait rendus à Antoine, et des bienfaits qu'il avait reçus en retour.
Il resta attaché aux institutions de la République romaine, de telle sorte que son indépendance dans ses manières et ses paroles était proverbiale sous le Principat d'Auguste.
A Asinius Pollion
Comme les marins sauvés d’un naufrage
Suspendaient, pleins de reconnaissance,
Des tableaux votifs
Dans le temple de Neptune,
Sauvé par vous,
Mots éternels,
J’offrirai à Apollon
Et à son frère Hermès
Des guirlandes
De chants amoureux.
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 23 juillet 2010
Glose :
Asinius Pollion (Gaius Asinius Pollio – 76 av. J.-C. – 4 ap. J.-C.) : homme politique de la fin de la République romaine et du règne d'Auguste, orateur, historien et poète, membre de la gens plébienne des Asinii. Il était l'ami du poète Catulle. L'historien romain Velleius Paterculus (19 av. J.-C. – vers 31 ap. J.-C.) le met au nombre des esprits les plus distingués de son époque, et Valère-Maxime (Ier siècle ap. J.-C.) le cite comme assez bel exemple d'une robuste vieillesse.
Partisan, et ami personnel de Jules César pendant la guerre civile, il occupa en 49 av. J.-C. Messine avec une armée et participa à l'expédition de Curion en Sicile puis en Afrique contre les partisans de Pompée. Il échappa au désastre qui vit le massacre de Curion et de la plupart de ses troupes. Il accompagna César dans ses campagnes suivantes, en Macédoine où il prit part à la bataille de Pharsale, en Afrique et en Espagne contre Sextus Pompée.
Après la mort de César, il soutint Marc Antoine, se maintint en Vénétie avec deux légions, obtint par ses promesses le ralliement de la flotte républicaine de Domitius après la mort de Brutus et rejoignit Antoine avec sept légions. Mais après la paix de Brindes, il resta en Italie, et abandonna le parti d'Antoine lorsque celui-ci se lia à Cléopâtre.
Il exerça le consulat en 40 av. J.-C. en compagnie de Gnaeus Domitius Calvinus. Durant son consulat, il fit campagne en Dalmatie et s'empara de Salone tenue par des révoltés, succès qui lui valut le triomphe.
Il se déclara neutre lorsque Octave le pria de se joindre à lui avant la bataille d'Actium, en raison des services qu'il avait rendus à Antoine, et des bienfaits qu'il avait reçus en retour.
Il resta attaché aux institutions de la République romaine, de telle sorte que son indépendance dans ses manières et ses paroles était proverbiale sous le Principat d'Auguste.
LA PLEINTE DU LEGIONNAIRE
LA PLEINTE DU LEGIONNAIRE
Je mourrai ici !
Pas un œil ne pleurera ma mort !
Pas une langue
Ne parlera de moi !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 23 juillet 2010
Je mourrai ici !
Pas un œil ne pleurera ma mort !
Pas une langue
Ne parlera de moi !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 23 juillet 2010
mercredi 21 juillet 2010
MOTS QUI BRÛLENT (en français et en anglais)
MOTS QUI BRÛLENT
A JonMark DeSys
Bientôt, c’est la fin de l’été,
Mon Ami,
Les étoiles inscrivent nos regards
Sur leurs tablettes amoureuses.
Ici,
Près de la mer, mon Ami,
Est notre pays fraternel,
Ici se trouvent
Les sources blanches et la terre ocre
Où viennent prier
Les druides immortels,
Nos amis de toujours.
Attentif aux murmures de l’air,
J’habille les battements de mon cœur
De mots de feu qui brûlent mes lèvres !
Mots harmonieux
Dont les flammes pourpres
Donnent à mon poème un sens précis
Et change ma poitrine
En buissons ardents !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 22 juillet 2010
ENGLISH (My translation into English) :
WORDS WHICH BURN
To JonMark DeSys
Soon, it is the end of the summer,
My Friend,
Stars register our glances
On their tablets of love.
Here,
Near the sea, my Friend,
Is our brotherly country,
Here are
The white springs and the ochre earth
Where come to pray
The immortal druids,
Our friends of always.
Attentive to the sights of the air,
I dress the beatings of my heart
Of words of fire which burn my lips!
Harmonious words
Which purple flames
Give to my poem a precise sense
And change my breast
In burning bushes!
A JonMark DeSys
Bientôt, c’est la fin de l’été,
Mon Ami,
Les étoiles inscrivent nos regards
Sur leurs tablettes amoureuses.
Ici,
Près de la mer, mon Ami,
Est notre pays fraternel,
Ici se trouvent
Les sources blanches et la terre ocre
Où viennent prier
Les druides immortels,
Nos amis de toujours.
Attentif aux murmures de l’air,
J’habille les battements de mon cœur
De mots de feu qui brûlent mes lèvres !
Mots harmonieux
Dont les flammes pourpres
Donnent à mon poème un sens précis
Et change ma poitrine
En buissons ardents !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 22 juillet 2010
ENGLISH (My translation into English) :
WORDS WHICH BURN
To JonMark DeSys
Soon, it is the end of the summer,
My Friend,
Stars register our glances
On their tablets of love.
Here,
Near the sea, my Friend,
Is our brotherly country,
Here are
The white springs and the ochre earth
Where come to pray
The immortal druids,
Our friends of always.
Attentive to the sights of the air,
I dress the beatings of my heart
Of words of fire which burn my lips!
Harmonious words
Which purple flames
Give to my poem a precise sense
And change my breast
In burning bushes!
mardi 20 juillet 2010
APOPHONIE
APOPHONIE
A Miguel Hernández
Miguel, mon frère,
Je t’aime, Miguel,
Toi le chantre divin des âmes oubliées !
Toi qui connaissais si bien la césure du sang
Dans le royaume des mots simples !
Toi, Miguel Hernandez,
Tu savais, de part ton enfance misérable,
Que les syllabes durcissent
Par le grand froid de la profonde solitude !
Ton âme était toute traversée
De tous les méridiens
De la radieuse sphère céleste,
Lignes invisibles à la longitude égale,
Ton âme diaphane,
Toute nouée par les racines coriaces de l’Espagne!
Toi, Miguel Hernandez,
Toi, mon frère qui portais
En ta frêle poitrine
L’innocent poids du temps stellaire
Et les hyperboréennes glaces
Des ombres !
Toi qui aimais tant, Miguel mon Ami,
Le sable strident de la langue
Du sombre et solitaire Calderón,
Le bleu poème
De la mer d’Alicante,
La rayonnante respiration de la brise
Dans les calices des fleurs d’oranger !
Ah, mon frère, toi le tendre haleur
Qui savais si adroitement tirer
Les frêles embarcations de tes vers
Le long des canaux de ton cœur !
Et voici soudain
Que les dés scintillent au fond du cornet,
Prêts à commencer le jeu fatidique
Avec les Parques !
Miguel, mon frère de pleurs,
De gorge en gorge,
D’insomnie en insomnie,
De solitude en solitude,
Les heures insouciantes
Et la lente apophonie
Changent imperceptiblement la musique
Des syllabes et des mots !
Toi, Miguel,
Âme à l’espoir désespéré,
Laisse-moi ce soir
Habiter ta voix !
Ô nuit, je ne veux pas mourir
Tant que tu resplendis
Dans les dits
Des poètes !
Ô infinie lumière
Dans l’infini écoulement des âges !
Seigneur,
Comme la mort
Donne vie
Aux âmes aimées par les hommes !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 20 juillet 2010
Glose :
Miguel Hernández Gilabert (30 octobre 1910 à Orihuela, province d'Alicante – 28 mars 1942 à Alicante) est l'un des plus grands poètes et dramaturges espagnols du XXe siècle.
Membre d'une fratrie de sept enfants, dont trois meurent en bas âge, il passe son enfance et son adolescence entre l'école et le troupeau de son père. Il lit énormément, malgré les persécutions d'un père despotique qui ne viendra pas le voir sur son lit de mort, une vingtaine d'années plus tard. Durant la courte période où il est scolarisé, il a aussi l'opportunité de rencontrer l’écrivain José Marín Gutiérrez alias Ramón Sijé (1913-1935), qui jouera plus tard dans sa vie un rôle déterminant. A 14 ans, il doit abandonner l'école pour aider son père. Cependant, son enthousiasme pour la littérature et la poésie l'incitent à passer de longs moments à la bibliothèque, absorbé dans la lecture de l'œuvre des grands auteurs du Siècle d'or espagnol tel que Cervantès, Lope de Vega, Calderón de la Barca ou Luis de Góngora. Parallèlement à ses études littéraires en autodidacte, Miguel Hernández écrit et publie en 1929 son premier poème dans l'hebdomadaire local d'Orihuela El Pueblo. El Día, un quotidien d'Alicante, le publie à ses débuts.
En 1932, alors qu'il n'a que 22 ans, Miguel Hernández se rend pour la première fois à Madrid, sans grand succès. Lors de son deuxième séjour dans la capitale espagnole, il rencontre les deux grands poètes hispanophones que sont Pablo Neruda (1904-1973) et Vicente Aleixandre (1898-1984). Le 9 mars 1937, il épouse Josefina Manresa, une femme de son village natal, dont il a un fils qui meurt prématurément en 1938. Par la suite, Miguel Hernández écrira aussi bien pour ce fils défunt, comme dans Hijo de la luz y la sombra, que pour son deuxième fils, né en 1939.
Quand éclate la Guerre d'Espagne, il s'engage rapidement aux côtés des Républicains et combat quelque temps dans le cinquième régiment. À l'été 1937, il prend part au 2e congrès international des auteurs antifascistes.
Le 1er avril 1939, Franco déclare la fin de la guerre. Miguel Hernández essaie alors de fuir l'Espagne et de rejoindre le Portugal. Mais il est arrêté à la frontière par la police portugaise et remis à la garde civile espagnole. Il est ensuite transféré de Huelva à Madrid, où il purge une partie de sa peine. C'est durant cette période qu'il écrit Nanas de la cebolla. Il séjourne aussi dans une prison de Séville.
En mars 1940, il est condamné à mort, sentence qui sera commuée, peu après, en période de 30 ans d'emprisonnement.
Mais Miguel Hernández, atteint de tuberculose, meurt le 28 mars 1942, à Alicante, dans la prison de Reformatorio. On l'associe traditionnellement à la Génération de 36, même s'il fut plus proche de la Génération de 27 dont font partie Luis Cernuda (1902-1963), García Lorca (1898-1936) ou Vicente Aleixandre (1898-1984).
Il se distinguait de ces poètes parce qu'il n'était pas issu de la bourgeoisie, et n'avait reçu aucune formation académique.
Plusieurs de ses poèmes ont été mis en musique par Paco Ibáñez (né en 1934) et Joan Manuel Serrat (né en 1943). Le pianiste Agustí Fernández (né en 1954) a donné le titre d'une de ses œuvres, El rayo que no cesa (dans sa traduction catalane) à l'un de ses albums.
De nos jours, l'Université d'Elx porte son nom.
Apophonie (n.f.) : en phonétique, l'apophonie désigne une modification phonétique consistant en un changement de qualité (ou « timbre ») d'une voyelle dans un mot au cours de son histoire. Dans la plupart des cas, ce changement de timbre intervient à cause de l'accent tonique, dont la présence ou non joue sur la qualité des voyelles d'un mot.
L'apophonie a joué un grand rôle en latin (elle explique que de con + facio, forme composée du verbe facio (d'où notre faire), on passe à conficio (d'où confire), par apophonie de /a/ en /i/ en syllabe ouverte, tandis que le participe passé passif est confectus (d'où confection), où l'apophonie se fait de /a/ vers /e/ en syllabe fermée). Les langues romanes ont continué un processus analogue ; en castillan, par exemple, un /u/ latin atone a donné un /o/ : amicus donne amigo.
Pedro Calderón de la Barca de Henao y Riaño (1600-1681) : auteur et poète dramatique espagnol. Extraordinairement prolifique, auteur de plus de deux cent textes dramatiques, son nom est avant tout célèbre pour sa pièce La Vie est un songe.
Haleur (n.m.) : du verbe haler, lui-même du bas allemand halon, « tirer sur au moyen d’un cordage » : haler un bateau : le tirer au moyen d’un cordage. La personne qui tire.
A Miguel Hernández
Miguel, mon frère,
Je t’aime, Miguel,
Toi le chantre divin des âmes oubliées !
Toi qui connaissais si bien la césure du sang
Dans le royaume des mots simples !
Toi, Miguel Hernandez,
Tu savais, de part ton enfance misérable,
Que les syllabes durcissent
Par le grand froid de la profonde solitude !
Ton âme était toute traversée
De tous les méridiens
De la radieuse sphère céleste,
Lignes invisibles à la longitude égale,
Ton âme diaphane,
Toute nouée par les racines coriaces de l’Espagne!
Toi, Miguel Hernandez,
Toi, mon frère qui portais
En ta frêle poitrine
L’innocent poids du temps stellaire
Et les hyperboréennes glaces
Des ombres !
Toi qui aimais tant, Miguel mon Ami,
Le sable strident de la langue
Du sombre et solitaire Calderón,
Le bleu poème
De la mer d’Alicante,
La rayonnante respiration de la brise
Dans les calices des fleurs d’oranger !
Ah, mon frère, toi le tendre haleur
Qui savais si adroitement tirer
Les frêles embarcations de tes vers
Le long des canaux de ton cœur !
Et voici soudain
Que les dés scintillent au fond du cornet,
Prêts à commencer le jeu fatidique
Avec les Parques !
Miguel, mon frère de pleurs,
De gorge en gorge,
D’insomnie en insomnie,
De solitude en solitude,
Les heures insouciantes
Et la lente apophonie
Changent imperceptiblement la musique
Des syllabes et des mots !
Toi, Miguel,
Âme à l’espoir désespéré,
Laisse-moi ce soir
Habiter ta voix !
Ô nuit, je ne veux pas mourir
Tant que tu resplendis
Dans les dits
Des poètes !
Ô infinie lumière
Dans l’infini écoulement des âges !
Seigneur,
Comme la mort
Donne vie
Aux âmes aimées par les hommes !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 20 juillet 2010
Glose :
Miguel Hernández Gilabert (30 octobre 1910 à Orihuela, province d'Alicante – 28 mars 1942 à Alicante) est l'un des plus grands poètes et dramaturges espagnols du XXe siècle.
Membre d'une fratrie de sept enfants, dont trois meurent en bas âge, il passe son enfance et son adolescence entre l'école et le troupeau de son père. Il lit énormément, malgré les persécutions d'un père despotique qui ne viendra pas le voir sur son lit de mort, une vingtaine d'années plus tard. Durant la courte période où il est scolarisé, il a aussi l'opportunité de rencontrer l’écrivain José Marín Gutiérrez alias Ramón Sijé (1913-1935), qui jouera plus tard dans sa vie un rôle déterminant. A 14 ans, il doit abandonner l'école pour aider son père. Cependant, son enthousiasme pour la littérature et la poésie l'incitent à passer de longs moments à la bibliothèque, absorbé dans la lecture de l'œuvre des grands auteurs du Siècle d'or espagnol tel que Cervantès, Lope de Vega, Calderón de la Barca ou Luis de Góngora. Parallèlement à ses études littéraires en autodidacte, Miguel Hernández écrit et publie en 1929 son premier poème dans l'hebdomadaire local d'Orihuela El Pueblo. El Día, un quotidien d'Alicante, le publie à ses débuts.
En 1932, alors qu'il n'a que 22 ans, Miguel Hernández se rend pour la première fois à Madrid, sans grand succès. Lors de son deuxième séjour dans la capitale espagnole, il rencontre les deux grands poètes hispanophones que sont Pablo Neruda (1904-1973) et Vicente Aleixandre (1898-1984). Le 9 mars 1937, il épouse Josefina Manresa, une femme de son village natal, dont il a un fils qui meurt prématurément en 1938. Par la suite, Miguel Hernández écrira aussi bien pour ce fils défunt, comme dans Hijo de la luz y la sombra, que pour son deuxième fils, né en 1939.
Quand éclate la Guerre d'Espagne, il s'engage rapidement aux côtés des Républicains et combat quelque temps dans le cinquième régiment. À l'été 1937, il prend part au 2e congrès international des auteurs antifascistes.
Le 1er avril 1939, Franco déclare la fin de la guerre. Miguel Hernández essaie alors de fuir l'Espagne et de rejoindre le Portugal. Mais il est arrêté à la frontière par la police portugaise et remis à la garde civile espagnole. Il est ensuite transféré de Huelva à Madrid, où il purge une partie de sa peine. C'est durant cette période qu'il écrit Nanas de la cebolla. Il séjourne aussi dans une prison de Séville.
En mars 1940, il est condamné à mort, sentence qui sera commuée, peu après, en période de 30 ans d'emprisonnement.
Mais Miguel Hernández, atteint de tuberculose, meurt le 28 mars 1942, à Alicante, dans la prison de Reformatorio. On l'associe traditionnellement à la Génération de 36, même s'il fut plus proche de la Génération de 27 dont font partie Luis Cernuda (1902-1963), García Lorca (1898-1936) ou Vicente Aleixandre (1898-1984).
Il se distinguait de ces poètes parce qu'il n'était pas issu de la bourgeoisie, et n'avait reçu aucune formation académique.
Plusieurs de ses poèmes ont été mis en musique par Paco Ibáñez (né en 1934) et Joan Manuel Serrat (né en 1943). Le pianiste Agustí Fernández (né en 1954) a donné le titre d'une de ses œuvres, El rayo que no cesa (dans sa traduction catalane) à l'un de ses albums.
De nos jours, l'Université d'Elx porte son nom.
Apophonie (n.f.) : en phonétique, l'apophonie désigne une modification phonétique consistant en un changement de qualité (ou « timbre ») d'une voyelle dans un mot au cours de son histoire. Dans la plupart des cas, ce changement de timbre intervient à cause de l'accent tonique, dont la présence ou non joue sur la qualité des voyelles d'un mot.
L'apophonie a joué un grand rôle en latin (elle explique que de con + facio, forme composée du verbe facio (d'où notre faire), on passe à conficio (d'où confire), par apophonie de /a/ en /i/ en syllabe ouverte, tandis que le participe passé passif est confectus (d'où confection), où l'apophonie se fait de /a/ vers /e/ en syllabe fermée). Les langues romanes ont continué un processus analogue ; en castillan, par exemple, un /u/ latin atone a donné un /o/ : amicus donne amigo.
Pedro Calderón de la Barca de Henao y Riaño (1600-1681) : auteur et poète dramatique espagnol. Extraordinairement prolifique, auteur de plus de deux cent textes dramatiques, son nom est avant tout célèbre pour sa pièce La Vie est un songe.
Haleur (n.m.) : du verbe haler, lui-même du bas allemand halon, « tirer sur au moyen d’un cordage » : haler un bateau : le tirer au moyen d’un cordage. La personne qui tire.
mardi 13 juillet 2010
AINSI JE TISSE MES POEMES
AINSI JE TISSE MES POEMES
A Thalie
I.
Fleur de l’Arbre de lumière,
Etranger à la mort
Qui défait os et membres,
En pleine connaissance
De la pauvreté de l’être,
Je suis Poète, Thalie,
Tous les Poètes !
Oui ! Je suis l’homme total,
L’univers, l’Arbre de Vie
Où chaque âme est une fleur !
Je suis le ciel étoilé, l’océan, les gemmes,
La vigne d’améthyste, le nombre d’or,
L’alouette, la grive,
Le rossignol …
II.
Oiseau des champs,
Architecte des brises,
Je bâtis en exultant
L’humble nid de mon poème !
Petite araignée blanche,
Maître en voilure,
Je tisse mes strophes
Avec une patience pharaonique.
C’est de fils de joie, Thalie, et non de fils
Des Parques
Que je compose mon chant.
Ah, Thalie,
Que d’infini dans chaque syllabe,
Que de ciel dans chaque fruit,
Que d’écheveaux de rédemption
Dans chaque vers !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 13 juillet 2010
Thalie (Nathalie) Lescop-Boeswillwald et son mari Christian Boeswillwlad sont d’excellents poètes.
A Thalie
I.
Fleur de l’Arbre de lumière,
Etranger à la mort
Qui défait os et membres,
En pleine connaissance
De la pauvreté de l’être,
Je suis Poète, Thalie,
Tous les Poètes !
Oui ! Je suis l’homme total,
L’univers, l’Arbre de Vie
Où chaque âme est une fleur !
Je suis le ciel étoilé, l’océan, les gemmes,
La vigne d’améthyste, le nombre d’or,
L’alouette, la grive,
Le rossignol …
II.
Oiseau des champs,
Architecte des brises,
Je bâtis en exultant
L’humble nid de mon poème !
Petite araignée blanche,
Maître en voilure,
Je tisse mes strophes
Avec une patience pharaonique.
C’est de fils de joie, Thalie, et non de fils
Des Parques
Que je compose mon chant.
Ah, Thalie,
Que d’infini dans chaque syllabe,
Que de ciel dans chaque fruit,
Que d’écheveaux de rédemption
Dans chaque vers !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 13 juillet 2010
Thalie (Nathalie) Lescop-Boeswillwald et son mari Christian Boeswillwlad sont d’excellents poètes.
samedi 10 juillet 2010
MOHA ABEHRI
MOHA ABEHRI
Aux habitants de Zawit N Cheikh,
Aux âmes pures des fils des Imazighen
« Il n’y a pas plus exécrable meurtrier que celui qui assassine l’histoire »
Moha Abehri
I.
Zawit N Cheikh,
Zawi N Cheikh,
Ouvre tes bras de soleil, Zawi N Cheikh,
Toi, riche de tant d’heures,
Lève-toi, hâte-toi,
Âme à la duveteuse miséricorde,
Avance-toi dans ce matin tissé d’été ivre,
De vignes sauvages
Et de parfum fou de figuiers !
Viens Zawit N Cheikh,
Tends tes bras de neige vierge,
Accueille sur ta poitrine de thym
Ton fils endormi,
Accueille la lumière pure
Qui est revenue se poser
Dans tes foyers millénaires,
Dans tes âtres où vit à jamais,
Invincible et véridique
La céleste humilité
Des vigoureux Imazighen !
II.
Ô Zawi N Cheikh,
Il était ton pain d’espérance,
Ton pain d’exil, d’illusion, d’indifférence,
Ton pain de larmes et de misère,
Ton pain d’intelligence,
Ton pain de vie,
Ta nourriture de noix, d’olives, de cerises,
Ta boisson de rosée, de figues de barbarie
Mêlées à l’eau de tes yeux et aux puits du ciel !
Lui, l’angélique pitié
Pour un monde sans pitié !
III.
Et toi, Biqcha ma sœur sacrifiée,
Mon orpheline vêtue d’un suaire d’épine,
Approche,
Dis-lui sans mots ta gratitude amoureuse,
Conte-lui les insomnies des petites gens des champs,
Dis-lui la beauté de leurs mains
Qui portent la terre, la liberté
Et la neigeuse dignité de l’Atlas éternel
Dans leurs prunelles !
IV.
Pleure, innocence meurtrière du temps,
Pleure, aube passionnée des montagnes,
Pleurez rites, traditions, cérémonies,
Sentiers lourds du sommeil des étoiles,
Arbres et source frappés
Par la précession des équinoxes !
Qui sur les obscures sentiers de la vie
A brandi l’éclair de la haine
Pour frapper l’homme
Au cœur de sa pure beauté ?
Toi, ami des brins d’herbe,
Confidents des sansonnets,
Précepteur des laborieux bourricots !
Toi, Prince des matins immaculés du Maroc,
Patricien vêtu de la tunique blanche
Des chants et des danses
De Tamazgha ?
On m’est venu dire que tu n’étais plus,
Que mort tu gisais sur un lit de giroflées !
Ô Imazighen, qui parmi vous
A osé appeler Mort la Vie ?
Gloire à toi, foi en la lumière
De son attachement inviolable aux jours fastes !
Merci à toi, vent qui règles ta conduite
D’après le mouvement de nos cœurs !
V.
Plus doux est le départ inattendu,
Plus chaude le chagrin floral
Au milieu de l’été !
Alors Biqcha, ma sœur, pourquoi
Nos cœurs, nos yeux et nos pensées
Se couvrent de poussière
Quand la tristesse rude
Se couche, ténébreuse et nonchalante,
Sur l’aire de nos poitrines !
Kateb Yassine, Nabil Farès,
Vous aigles au regard d’aigle,
Vous qui avez percé de vos yeux tranchants
Les parchemins de l’histoire spoliée, ravagée,
Puis cruellement assassinée
Et abandonnée aux crocs des chacals,
Permettez-nous en ce jour de canicule,
D’appuyer notre vieille douleur lancinante
Contre l’arbre fleuri de vos dits !
Hommes conçus
Dans les entrailles de l’intégrité
Vous qui, comme Moha Abehri,
Avez sabré la putride ingratitude des hommes,
Le coupable, l’obstiné aveuglément
Des citadins profiteurs,
L’odieuse injustice des scribes
Et l’exécrable trahison des poltrons !...
VI.
Abehri,
Mon Ami olympien,
Abehri,
Mon Maître en droiture amazighe,
Toi qui avais le cœur
Aussi grand que le ciel des montagnes
Au mois de mai,
Toi qui as donné libre cours aux odes des alouettes
Qui habitaient ta chair,
A la parole des orphelins,
A l’amour floral
Des femmes libres des espaces libres,
Antiques gardiennes de la pureté amazighe,
Je veux à jamais couvrir ton nom
De roses blanches !
Ah, comme étaient chers à ta solitude lustrale
La fière allure des rivières,
L’éclatante blancheur des cimes de l’Atlas,
Le velours verts des vallées
De ton pays !
Comme tu aimais, Maître moqueur,
Les enfants amazighs au sourire de satin !
Toi, Moha Abehri
Qui venais t’agenouiller devant l’autel
De la langue berbère
Pour boire, en sanglotant de joie,
Son suave lait maternel !
VII.
Et vous Aghbala ait Umalu, Tizi N Isli,
Atlas, Rif et Sous,
Frères Houssa Yaâkoubi d’Ourtane,
Ahmed Oudades,
Jetez dans les ronces les méditations sinueuses
De la grande solitude,
La folle luxuriance de la douleur,
Venez saluer l’aisance souveraine
Avec laque l’égaré se couche
Dans le berceau de sa terre !
VIII.
Abehri,
Abehri,
Moha Abehri,
À si grande distance,
Abehri,
Les mêmes étoiles,
Les mêmes brises vierges,
Le même amour
De la vérité pure
Nous portent
Et
Nous unissent
Pour l’éternité !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 9 et 10 juillet 2010
Glose :
Moha Abehri (1950-2003) : écrivain et journaliste marocain d’expression française, né dans les montagnes de l’Atlas. Voici ce qu’écrit de lui Hassan Aourid du Centre Tarik Ibn Ziyad : « Enfin ton affaire. Tu n’en avais qu’une : tes écrits. Il a fallu t’arracher ton roman « Etre ou ne plus être », séquences de vies de petites gens exilées dans leur peau, quand tu as fait ta première crise. Je voulais une trace, un témoignage. De tous les intellectuels amazighs (berbère – la note est de moi), tu es celui qui tout en empruntant une langue étrangère, est resté authentique. A te lire, on a l’impression de lire le monde amazigh dans le texte. On a l’impression d’écouter un Anechad (chanteur de musique amazighe) clamer des Izlan (chants, poésies et danses de l’Atlas), ou Tamghart raconter des Tinezzra (devinettes). Friand du détail significatif, tu insufflais âme à un monde aux prises des convulsions du changement obérant. Tu réussissais le double exploit de retracer fidèlement des histoires anodines, et de leur imprimer une charge émotionnelle, voire idéologique. On ne sort pas indemne quand on te lit. Ta nouvelle « Odeur de sainteté » demeure un chef-d’œuvre, non pas parce que tu as réussi à décrire le monde de la campagne en but aux turpitudes de la ville, mais parce que tu as pu systématiser dans un texte condensé plusieurs problématiques. »
Zawit N Cheikh : village du Moyen Atlas marocain où est né et où repose à jamais l’une des plus lumineuses figures du Maroc, l’Amazigh Moha Abehri.
Biqcha : héroïne de l’ouvrage de Maha Abehri « Etre ou ne plus être ».
Précession (n.f.) : mouvement conique très lent, effectué par l’axe de rotation de la terre. Ptolémée pensait que la précession des équinoxes se déplaçait à la vitesse d’un degré tos les cent ans, et que vers l’époque du Christ et de César le soleil équinoxial était revenu à sa place d’origine dans les constellations, complétant et recommençant les trente-six mille années ou les trois cents soixante incarnations de cent ans chacune, de l’homme d’Ur de Platon.
Aux habitants de Zawit N Cheikh,
Aux âmes pures des fils des Imazighen
« Il n’y a pas plus exécrable meurtrier que celui qui assassine l’histoire »
Moha Abehri
I.
Zawit N Cheikh,
Zawi N Cheikh,
Ouvre tes bras de soleil, Zawi N Cheikh,
Toi, riche de tant d’heures,
Lève-toi, hâte-toi,
Âme à la duveteuse miséricorde,
Avance-toi dans ce matin tissé d’été ivre,
De vignes sauvages
Et de parfum fou de figuiers !
Viens Zawit N Cheikh,
Tends tes bras de neige vierge,
Accueille sur ta poitrine de thym
Ton fils endormi,
Accueille la lumière pure
Qui est revenue se poser
Dans tes foyers millénaires,
Dans tes âtres où vit à jamais,
Invincible et véridique
La céleste humilité
Des vigoureux Imazighen !
II.
Ô Zawi N Cheikh,
Il était ton pain d’espérance,
Ton pain d’exil, d’illusion, d’indifférence,
Ton pain de larmes et de misère,
Ton pain d’intelligence,
Ton pain de vie,
Ta nourriture de noix, d’olives, de cerises,
Ta boisson de rosée, de figues de barbarie
Mêlées à l’eau de tes yeux et aux puits du ciel !
Lui, l’angélique pitié
Pour un monde sans pitié !
III.
Et toi, Biqcha ma sœur sacrifiée,
Mon orpheline vêtue d’un suaire d’épine,
Approche,
Dis-lui sans mots ta gratitude amoureuse,
Conte-lui les insomnies des petites gens des champs,
Dis-lui la beauté de leurs mains
Qui portent la terre, la liberté
Et la neigeuse dignité de l’Atlas éternel
Dans leurs prunelles !
IV.
Pleure, innocence meurtrière du temps,
Pleure, aube passionnée des montagnes,
Pleurez rites, traditions, cérémonies,
Sentiers lourds du sommeil des étoiles,
Arbres et source frappés
Par la précession des équinoxes !
Qui sur les obscures sentiers de la vie
A brandi l’éclair de la haine
Pour frapper l’homme
Au cœur de sa pure beauté ?
Toi, ami des brins d’herbe,
Confidents des sansonnets,
Précepteur des laborieux bourricots !
Toi, Prince des matins immaculés du Maroc,
Patricien vêtu de la tunique blanche
Des chants et des danses
De Tamazgha ?
On m’est venu dire que tu n’étais plus,
Que mort tu gisais sur un lit de giroflées !
Ô Imazighen, qui parmi vous
A osé appeler Mort la Vie ?
Gloire à toi, foi en la lumière
De son attachement inviolable aux jours fastes !
Merci à toi, vent qui règles ta conduite
D’après le mouvement de nos cœurs !
V.
Plus doux est le départ inattendu,
Plus chaude le chagrin floral
Au milieu de l’été !
Alors Biqcha, ma sœur, pourquoi
Nos cœurs, nos yeux et nos pensées
Se couvrent de poussière
Quand la tristesse rude
Se couche, ténébreuse et nonchalante,
Sur l’aire de nos poitrines !
Kateb Yassine, Nabil Farès,
Vous aigles au regard d’aigle,
Vous qui avez percé de vos yeux tranchants
Les parchemins de l’histoire spoliée, ravagée,
Puis cruellement assassinée
Et abandonnée aux crocs des chacals,
Permettez-nous en ce jour de canicule,
D’appuyer notre vieille douleur lancinante
Contre l’arbre fleuri de vos dits !
Hommes conçus
Dans les entrailles de l’intégrité
Vous qui, comme Moha Abehri,
Avez sabré la putride ingratitude des hommes,
Le coupable, l’obstiné aveuglément
Des citadins profiteurs,
L’odieuse injustice des scribes
Et l’exécrable trahison des poltrons !...
VI.
Abehri,
Mon Ami olympien,
Abehri,
Mon Maître en droiture amazighe,
Toi qui avais le cœur
Aussi grand que le ciel des montagnes
Au mois de mai,
Toi qui as donné libre cours aux odes des alouettes
Qui habitaient ta chair,
A la parole des orphelins,
A l’amour floral
Des femmes libres des espaces libres,
Antiques gardiennes de la pureté amazighe,
Je veux à jamais couvrir ton nom
De roses blanches !
Ah, comme étaient chers à ta solitude lustrale
La fière allure des rivières,
L’éclatante blancheur des cimes de l’Atlas,
Le velours verts des vallées
De ton pays !
Comme tu aimais, Maître moqueur,
Les enfants amazighs au sourire de satin !
Toi, Moha Abehri
Qui venais t’agenouiller devant l’autel
De la langue berbère
Pour boire, en sanglotant de joie,
Son suave lait maternel !
VII.
Et vous Aghbala ait Umalu, Tizi N Isli,
Atlas, Rif et Sous,
Frères Houssa Yaâkoubi d’Ourtane,
Ahmed Oudades,
Jetez dans les ronces les méditations sinueuses
De la grande solitude,
La folle luxuriance de la douleur,
Venez saluer l’aisance souveraine
Avec laque l’égaré se couche
Dans le berceau de sa terre !
VIII.
Abehri,
Abehri,
Moha Abehri,
À si grande distance,
Abehri,
Les mêmes étoiles,
Les mêmes brises vierges,
Le même amour
De la vérité pure
Nous portent
Et
Nous unissent
Pour l’éternité !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 9 et 10 juillet 2010
Glose :
Moha Abehri (1950-2003) : écrivain et journaliste marocain d’expression française, né dans les montagnes de l’Atlas. Voici ce qu’écrit de lui Hassan Aourid du Centre Tarik Ibn Ziyad : « Enfin ton affaire. Tu n’en avais qu’une : tes écrits. Il a fallu t’arracher ton roman « Etre ou ne plus être », séquences de vies de petites gens exilées dans leur peau, quand tu as fait ta première crise. Je voulais une trace, un témoignage. De tous les intellectuels amazighs (berbère – la note est de moi), tu es celui qui tout en empruntant une langue étrangère, est resté authentique. A te lire, on a l’impression de lire le monde amazigh dans le texte. On a l’impression d’écouter un Anechad (chanteur de musique amazighe) clamer des Izlan (chants, poésies et danses de l’Atlas), ou Tamghart raconter des Tinezzra (devinettes). Friand du détail significatif, tu insufflais âme à un monde aux prises des convulsions du changement obérant. Tu réussissais le double exploit de retracer fidèlement des histoires anodines, et de leur imprimer une charge émotionnelle, voire idéologique. On ne sort pas indemne quand on te lit. Ta nouvelle « Odeur de sainteté » demeure un chef-d’œuvre, non pas parce que tu as réussi à décrire le monde de la campagne en but aux turpitudes de la ville, mais parce que tu as pu systématiser dans un texte condensé plusieurs problématiques. »
Zawit N Cheikh : village du Moyen Atlas marocain où est né et où repose à jamais l’une des plus lumineuses figures du Maroc, l’Amazigh Moha Abehri.
Biqcha : héroïne de l’ouvrage de Maha Abehri « Etre ou ne plus être ».
Précession (n.f.) : mouvement conique très lent, effectué par l’axe de rotation de la terre. Ptolémée pensait que la précession des équinoxes se déplaçait à la vitesse d’un degré tos les cent ans, et que vers l’époque du Christ et de César le soleil équinoxial était revenu à sa place d’origine dans les constellations, complétant et recommençant les trente-six mille années ou les trois cents soixante incarnations de cent ans chacune, de l’homme d’Ur de Platon.
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