LA MORT DE FIFILLE
A Fifille, la chienne de Charles Baschet
«C'est dans la mort qu'on parle le mieux de la vie.»
Björnstjerne Björnson
Fifille est morte, ô mon cher Charles,
Quelle est grande notre tristesse
A cette heure tardive, appesantie
Par l’obscur voile de la grande nuit qui avance !
Adieu, Fifille! Ton ombre débordera
Longtemps le royaume du parc
Et l’empire mouvant de la mer.
Plein d’étoiles, ton regard
Viendra hanter
Les chambres silencieuses de la maison !
Tu remonteras dans nos rêves
Des profondeurs taciturnes du sommeil
Pour nous conter, par le menu,
Ton long voyage dans le pays du silence !
Tu habiteras à présent les archives de nos cœurs,
Les traces d’usure de nos yeux,
Entre deux pages où des mains douces
Ont jadis déposé, transparentes d’émotion,
Des brins de thym !
Dors à présent
Dans le berceau des racines maternelles
Des arbres, des herbes et des fleurs,
Sous cette terre tendre et généreuse
Qui refusent d’oublier
Le doux bruit de tes pas !
Âme !
Si douce est toute parole
Prononcée par la bouche de l’Amour !
Viens, ô nuit, viens plus vite,
Toi seule qui nous veut du bien !
Adieu, Fifille !
Athanase Vantchev de Thracy
Rueil-Malmaison, ce dimanche 31 août, Anno Domini MMVIII
Fifille était la chienne de Charles Baschet. Ses parents, Gilles et Audrey Baschet, la lui avaient offerte pour son septième anniversaire, au temps où la famille habitait le château des Lettiers en Normandie. Fifille est morte dans la splendide propriété des Baschet « Le Vent du Large » à Boulouris (Saint-Raphaël). C’est là qu’elle repose à présent, après une vie heureuse et pleine d’amour.
Glose :
Björnstjerne Martinus Björnson (Kvilkne 1832 – Paris 1910) : l’un des quatre plus grands écrivains de l’histoire de la littérature norvégienne avec Henrik Ibsen, Jonas Lie et Alexander Kielland. Il est l’auteur de l’hymne national de la Norvège. Björnson reçut le prix Nobel de littérature en 1903.
dimanche 31 août 2008
lundi 25 août 2008
LES FLAGELLANTS
A Saint Vicens Ferrer
« Gratias agamus Domino Deo nostro. Dignum et justum est! »
(« Rendons grâces au Seigneur notre Dieu. Cela est juste et bon » »)
I.
Comme le regard de la biche
Qui quitte les bois et bondit dans les prés
Voit s’ouvrir devant lui
Des espaces imprévisibles,
Ainsi le flagellant
Plongé dans les abysses infinis de son être
Voit se déployer devant ses yeux
Un océan de lumière pure.
Terra tremuit, et quievit, dum resurgeret in judicio Deus !
(La terre a tremblé et s’est tenue dans le silence,
Lorsque le Seigneur s’est levé pour juger !)
II.
Sortir enfin des sortilèges
Des chambres vides de la pensée,
S’élancer dans les rues, prendre le large,
Franchir les limes de l’esprit,
Aller au-delà de son être,
Assurer par le sang qui coule de ses plaies
La divine continuité de la vie,
Arracher au déni de toute raison
Le Christ !
Ecouter, en gémissant,
Les inflexions prééternelles de l’âme
En quête du salut !
Tu nobis, victor Rex, miserere !
(Ô Roi vainqueur de la mort,
Ayez pitié de nous !)
III.
Avance, âme pénitente,
Dans un suprême acte de courage,
Le cœur battant la breloque,
Avec une insistance inébranlable,
Obéissant au lumineux besoin
De venir au bout de tes doutes,
Vers toi-même.
Sepulchrum Christi viventis, et gloriam vidi resurgentis !
(«J’ai vu le sépulcre du Christ vivant,
Et la gloire de Jésus ressuscité)
IV.
Autour de lui
L’extrême confusion du soir
Incite l’inexécutable décision de l’esprit.
Chaque coup du fouet est une pure négation
De la terrible désaffection de la tendresse,
De l’oubli qui marche au bras de la mort.
Surrexit Christus spes mea !
(Jésus, mon espérance, est ressuscité)
V.
Des voix célestes, des voix, des voix,
Remontées de la nuit des temps
Viennent inonder son corps
D’une joie intransmissible,
D’un souffle sublime de renouveau !
Et, comme les marques profondes
Taillées dans l’écorce des arbres par deux amoureux,
Ses cicatrices tranchées par la main de l’Amour
Dans la chair
Grandiront, remplies de lumière,
Avec les saisons !
Et les heures ne voudront plus dormir,
Elle entreront en lui,
Y resteront pour toujours,
Comme les mots, rayonnant de bonté,
Entrent dans la maison enchantée
D’un poème immortel
Confitebuntur coeli mirabilia tua, Domine ;
Et veritatem tuam in Ecclesia sanctorum,
Alleluia, alleluia!
(Les cieux publient vos merveilles, Seigneur,
Et l’assemblée des fidèles la vérité de vos promesses,
Alleluia, alleluia !)
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, ce lundi 25 août, Anno Christi MMVIII
Les premiers flagellants apparaissent au XIe siècle. Saint Pierre Damien est un des plus ardents à les propager. Le mouvement redouble de vigueur en Italie lors de la famine meurtrière de 1250, de la peste de 1259 et du conflit entre Gibelins et Guelfes. Durant la Peste noire, de telles pratiques contribuent à exacerber la population et à la pousser à persécuter les minorités qui seront accusées d'être la cause de l'épidémie en ayant contaminé les puits.En 1268, ils forment une véritable secte, et Reinier, dominicain de Pérouse, est déclaré leur chef. Ils se répandent par la suite en Allemagne méridionale, en Rhénanie et dans le Sud de la France. Ce mouvement est vite condamné par l'Eglise qui le considère contraire au dogme.Par la suite, le mouvement se radicalise. Les flagellants, parmi lesquels on pouvait à l'origine trouver des nobles ou des bourgeois, ne réunit plus que le petit peuple, et enfin est un refuge pour marginaux, criminels ou vagabonds. Le mouvement vire à l'anarchie et les flagellants réclament la destruction de l'Eglise, incitent le peuple à lapider les clercs, et s'en prennent finalement aux seigneurs et à tout ordre social. Conrad Smid s'autoproclame nouveau Messie, remplaçant le baptême à l'eau par un baptême par le sang.Parallèlement, au XIVe siècle, le mouvement prend un nouvel essor, partant cette fois de Hongrie. Il se répand à nouveau en Allemagne lors de la peste de 1348. En France, Philippe V interdit l'auto-flagellation sous peine de mort. Le Pape, par sa bulle "contre les flagellants" de 1349, livre ces derniers à l'Inquisition. Conrad Smid et un de ses disciples favoris sont brûlés, et nombreux voient en cela "l'exil des deux témoins" dont parle l'Apocalypse, tués par l'Antéchrist et devant ressusciter lors du Millénium. Très affaibli, le mouvement subsiste toutefois sporadiquement.En 1574, le roi de France, Henri III, s'enrôle dans cet ordre avec toute sa cour.On trouve encore au XVIIIe siècle de ces fanatiques en Italie et dans le midi de la France.
Radicalisation du mouvement
Comme je l'avais dit, ce mouvement se radicalisa. La supériorité spirituelle de leur martyre les rendait exigeants avec ce clergé "gras et corpulent".
Organisation
Ce mouvement, qui regroupe le petit peuple, semble avoir été assez bien structuré : "Frères Flagellants", "Porteurs de la Croix", "Frères de la Croix" ou "Blancs-Battus". Leur costume se composait d'un sarreau blanc frappé d'une croix rouge à l'avant et à l'arrière, ainsi que d'une capuche blanche. Les bandes comprenaient entre 50 et 500 membres, dirigés par un Père ou Maître qui recevait de chacun de ses disciples un serment d'obéissance totale le temps de la procession. Il pouvait confesser les frères, diriger leur pénitence et leur donner l'absolution.En rejoignant les flagellants, les membres de cette sorte de confrérie s'engageaient à respecter un rituel :
voyager de ville en ville durant 33 jours
se flageller en place publique
prier Dieu
vivre de la charité
revêtir l'uniforme des flagellants qui consistait en une longue tunique noire pourvue d'un capuchon rabattu sur la tête et marcher pieds nus.
Dogme
Les flagellants, par leur martyre, pensaient sauver leurs âmes, mais aussi contribuer au salut de la chrétienté toute entière. Selon eux, une Lettre Céleste dictée par Dieu leur annonçait que ce dernier, cédant aux suppliques de la Vierge Marie et des Saints, offrait aux hommes une dernière chance de se racheter avant l'annihilation totale. Le mode d'expiation collective, indiqué dans la lettre, était la flagellation mutuelle, considérée comme imitatio Christi. Leur exemple devait être suivi par toute la chrétienté et, au bout de 33 ans et demi (symbole du temps passé par le Christ sur Terre), des saints, issus des rangs des flagellants, devaient mener les hommes vers un nouvel Eden.
Processions
Les processions de flagellants duraient 33 jours et demi (durée qui correspond à l'âge auquel le Christ est supposé être mort). Pendant ce temps, les flagellants devaient obéissance totale à leur Maître, qui leur imposait une discipline de vie d'une rare dureté, à laquelle s'ajoutaient deux flagellations collectives par jour et une flagellation individuelle la nuit.
Le rituel de la flagellation publique, minutieusement préparé, est le même dans tous les ordres de toutes les régions. Impressionnant, il accordait aux flagellants l'admiration subjuguée des foules. Devant une église, installés en cercle, torse nu, les flagellants font siffler leurs fouets (lanières de cuir munis de piquants de fer) en cadence, aux sons des laudes, ces chants à ligne mélodique simple, aux paroles dépouillées, en langue vulgaire. « Vienne ici qui veut se repentir, sauvons-nous de l'enfer torride, Lucifer est un méchant gars ! ». Plusieurs fois, chantant des hymnes, les flagellants s'écroulent, les bras en croix, et pleurent, puis « par l'honneur du pur martyre » se relèvent et reprennent leur supplice. Leur corps ensanglanté, à la fin de la séance, n'avait plus rien d'humain.
Cette pratique est supposée suffisante pour atteindre le paradis, et les rites de l'Église n'apparaissent plus nécessaires aux fidèles. C'est pourquoi l'Eglise finit par ne plus les tolérer.
La procession de la Sanch à Perpignan : la confrérie de la Sanch (Précieux Sang du Seigneur)
Fondée en 1416, à l'instigation du dominicain Vicens Ferrer (saint Vincent Ferrier), la procession de la Sanch a survécu à six siècles d'histoire du Roussillon. Cette manifestation religieuse, devenue un symbole de l'attachement des Catalans à leurs traditions, naquit à l'église Saint-Jacques de Perpignan, parmi les hortolans et les teixidors (les jardiniers et les tisserands) qui composaient deux confréries très implantées dans l'église paroissiale du Puig. Les confrères de la Sanch, pénitents et flagellants, se donnèrent deux missions essentielles : d'une part, accompagner les condamnés à mort au gibet et recueillir leurs dépouilles afin de leur assurer une sépulture chrétienne, ce qu'ils firent jusqu'au XIXe siècle ; d'autre part, organiser chaque Jeudi-Saint une procession commémorant la Passion du Christ, cette même procession que nous pouvons voir encore aujourd'hui parcourir les rues de la vieille ville. Revêtus d'un sac de pénitence noir et d'une cagoule (à l'image des cohortes de Flagellants qui suivaient saint Vicens Ferrer dans ses prêches), les pénitents de la Sanch, les caparutxes, portaient sur leurs épaules des groupes statuaires, les misteris, représentant les mystères douloureux du Christ. A partir du XVIIIe siècle, les Vierges des Douleurs, reconnaissables à leurs robes noires, et à leurs cœurs d'argent traversés de glaives, intégrèrent également le cortège, ainsi que la Soledat (la Vierge seule au pied de la Croix) et la Mater Dolorosa qui tient Jésus mort dans ses bras. Le déroulement de la procession, codifié et immuable, est le même depuis six siècles, accompagné par ces chants, d'une funèbre beauté, que sont les goigs de la Sanch.A la suite de diverses interdictions, la procession de la Sanch se trouva confinée dans l'église Saint-Jacques. En 1950, grâce à Joseph Deloncle, avec l'appui du chanoine Mestres, curé de Saint-Jacques, de l'évêque du diocèse Mgr Bernard, et l'accord de la municipalité Depardon, la procession est revenue dans les rues de Perpignan, où chaque Vendredi-Saint la ramène fidèlement.
Chez les Russes, on appelait les flagellants des Chlistis, une déformation de Christis.
Saint Vicens Ferrer, Vincent Ferrier en catalan, Sant Vicent Ferrer en valencien : prêtre dominicain espagnol né en 1350 près de Valence (Espagne), célèbre pour ses prédications publiques. Il est actuellement le saint patron de la Communauté valencienne.
Son charisme et son influence populaire sont tels qu'il devient un personnage-clé dans les troubles politico-religieux liés au Grand Schisme d’Occident. Proche de Pedro de Luna, alors cardinal et futur Benoît XIII, Vincent Ferrier se rallie tout d'abord à la papauté d'Avignon, rejetant la légitimité d'Urbain VI dans son traité De moderno ecclesiae schismate. Il devient par la suite confesseur de Benoît XIII, désormais antipape et figure emblématique de la résistance à Rome. Mais, dans un souci d'union de l'Église, il finit par se résigner à abandonner la cause de Benoît pour reconnaître le pape romain. Son acte de renonciation officiel intervient en 1416, à l'époque où le Concile de Constance s'emploie à mettre fin au Schisme.
Infatigable prêcheur et évangélisateur de l'Europe pendant vingt ans, de 1399 à sa mort, il parcourt l'Espagne, l'Italie, la Suisse, et va même jusqu'en Écosse. Il est souvent accompagné d'une quantité impressionnante de disciples, au point qu'il doit essentiellement prêcher dans de grands espaces extérieurs pour pouvoir être entendu de la foule. On lui prête le don des langues, au vu de sa capacité à communiquer avec tant de peuples différents.
En dehors des questions papales, son rôle politique est particulièrement important en Espagne, où il aide Ferdinand de Castille à accéder à la couronne d'Aragon dans un contexte de succession difficile.
La France n'est pas oubliée dans ses missions, il en parcourt tout le Sud avant d'être appelé en Bretagne en 1418 par Jean V, duc de Bretagne. Il sillonne pratiquement toute la Bretagne de ville en ville pendant près de deux ans et revient à Vannes, épuisé, où il meurt en 1419.
Canonisé en 1455 par Calixte III. Fête le 5 avril.
Breloque (n.f.) : petit bijou fantaisie qu’on attache à une chaîne de montre, à un bracelet. Batterie de tambour qui appelait les soldats à une distribution de vivres ou faisait rompre les rangs. Battre la breloque : fonctionner mal, être dérangé, cafouiller.
Limes (n.m. pl.) : mot latin qui signifie « chemin, frontière). Zone frontière d’une province de l’Empire romain. On écrirait mieux limès.
« Gratias agamus Domino Deo nostro. Dignum et justum est! »
(« Rendons grâces au Seigneur notre Dieu. Cela est juste et bon » »)
I.
Comme le regard de la biche
Qui quitte les bois et bondit dans les prés
Voit s’ouvrir devant lui
Des espaces imprévisibles,
Ainsi le flagellant
Plongé dans les abysses infinis de son être
Voit se déployer devant ses yeux
Un océan de lumière pure.
Terra tremuit, et quievit, dum resurgeret in judicio Deus !
(La terre a tremblé et s’est tenue dans le silence,
Lorsque le Seigneur s’est levé pour juger !)
II.
Sortir enfin des sortilèges
Des chambres vides de la pensée,
S’élancer dans les rues, prendre le large,
Franchir les limes de l’esprit,
Aller au-delà de son être,
Assurer par le sang qui coule de ses plaies
La divine continuité de la vie,
Arracher au déni de toute raison
Le Christ !
Ecouter, en gémissant,
Les inflexions prééternelles de l’âme
En quête du salut !
Tu nobis, victor Rex, miserere !
(Ô Roi vainqueur de la mort,
Ayez pitié de nous !)
III.
Avance, âme pénitente,
Dans un suprême acte de courage,
Le cœur battant la breloque,
Avec une insistance inébranlable,
Obéissant au lumineux besoin
De venir au bout de tes doutes,
Vers toi-même.
Sepulchrum Christi viventis, et gloriam vidi resurgentis !
(«J’ai vu le sépulcre du Christ vivant,
Et la gloire de Jésus ressuscité)
IV.
Autour de lui
L’extrême confusion du soir
Incite l’inexécutable décision de l’esprit.
Chaque coup du fouet est une pure négation
De la terrible désaffection de la tendresse,
De l’oubli qui marche au bras de la mort.
Surrexit Christus spes mea !
(Jésus, mon espérance, est ressuscité)
V.
Des voix célestes, des voix, des voix,
Remontées de la nuit des temps
Viennent inonder son corps
D’une joie intransmissible,
D’un souffle sublime de renouveau !
Et, comme les marques profondes
Taillées dans l’écorce des arbres par deux amoureux,
Ses cicatrices tranchées par la main de l’Amour
Dans la chair
Grandiront, remplies de lumière,
Avec les saisons !
Et les heures ne voudront plus dormir,
Elle entreront en lui,
Y resteront pour toujours,
Comme les mots, rayonnant de bonté,
Entrent dans la maison enchantée
D’un poème immortel
Confitebuntur coeli mirabilia tua, Domine ;
Et veritatem tuam in Ecclesia sanctorum,
Alleluia, alleluia!
(Les cieux publient vos merveilles, Seigneur,
Et l’assemblée des fidèles la vérité de vos promesses,
Alleluia, alleluia !)
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, ce lundi 25 août, Anno Christi MMVIII
Les premiers flagellants apparaissent au XIe siècle. Saint Pierre Damien est un des plus ardents à les propager. Le mouvement redouble de vigueur en Italie lors de la famine meurtrière de 1250, de la peste de 1259 et du conflit entre Gibelins et Guelfes. Durant la Peste noire, de telles pratiques contribuent à exacerber la population et à la pousser à persécuter les minorités qui seront accusées d'être la cause de l'épidémie en ayant contaminé les puits.En 1268, ils forment une véritable secte, et Reinier, dominicain de Pérouse, est déclaré leur chef. Ils se répandent par la suite en Allemagne méridionale, en Rhénanie et dans le Sud de la France. Ce mouvement est vite condamné par l'Eglise qui le considère contraire au dogme.Par la suite, le mouvement se radicalise. Les flagellants, parmi lesquels on pouvait à l'origine trouver des nobles ou des bourgeois, ne réunit plus que le petit peuple, et enfin est un refuge pour marginaux, criminels ou vagabonds. Le mouvement vire à l'anarchie et les flagellants réclament la destruction de l'Eglise, incitent le peuple à lapider les clercs, et s'en prennent finalement aux seigneurs et à tout ordre social. Conrad Smid s'autoproclame nouveau Messie, remplaçant le baptême à l'eau par un baptême par le sang.Parallèlement, au XIVe siècle, le mouvement prend un nouvel essor, partant cette fois de Hongrie. Il se répand à nouveau en Allemagne lors de la peste de 1348. En France, Philippe V interdit l'auto-flagellation sous peine de mort. Le Pape, par sa bulle "contre les flagellants" de 1349, livre ces derniers à l'Inquisition. Conrad Smid et un de ses disciples favoris sont brûlés, et nombreux voient en cela "l'exil des deux témoins" dont parle l'Apocalypse, tués par l'Antéchrist et devant ressusciter lors du Millénium. Très affaibli, le mouvement subsiste toutefois sporadiquement.En 1574, le roi de France, Henri III, s'enrôle dans cet ordre avec toute sa cour.On trouve encore au XVIIIe siècle de ces fanatiques en Italie et dans le midi de la France.
Radicalisation du mouvement
Comme je l'avais dit, ce mouvement se radicalisa. La supériorité spirituelle de leur martyre les rendait exigeants avec ce clergé "gras et corpulent".
Organisation
Ce mouvement, qui regroupe le petit peuple, semble avoir été assez bien structuré : "Frères Flagellants", "Porteurs de la Croix", "Frères de la Croix" ou "Blancs-Battus". Leur costume se composait d'un sarreau blanc frappé d'une croix rouge à l'avant et à l'arrière, ainsi que d'une capuche blanche. Les bandes comprenaient entre 50 et 500 membres, dirigés par un Père ou Maître qui recevait de chacun de ses disciples un serment d'obéissance totale le temps de la procession. Il pouvait confesser les frères, diriger leur pénitence et leur donner l'absolution.En rejoignant les flagellants, les membres de cette sorte de confrérie s'engageaient à respecter un rituel :
voyager de ville en ville durant 33 jours
se flageller en place publique
prier Dieu
vivre de la charité
revêtir l'uniforme des flagellants qui consistait en une longue tunique noire pourvue d'un capuchon rabattu sur la tête et marcher pieds nus.
Dogme
Les flagellants, par leur martyre, pensaient sauver leurs âmes, mais aussi contribuer au salut de la chrétienté toute entière. Selon eux, une Lettre Céleste dictée par Dieu leur annonçait que ce dernier, cédant aux suppliques de la Vierge Marie et des Saints, offrait aux hommes une dernière chance de se racheter avant l'annihilation totale. Le mode d'expiation collective, indiqué dans la lettre, était la flagellation mutuelle, considérée comme imitatio Christi. Leur exemple devait être suivi par toute la chrétienté et, au bout de 33 ans et demi (symbole du temps passé par le Christ sur Terre), des saints, issus des rangs des flagellants, devaient mener les hommes vers un nouvel Eden.
Processions
Les processions de flagellants duraient 33 jours et demi (durée qui correspond à l'âge auquel le Christ est supposé être mort). Pendant ce temps, les flagellants devaient obéissance totale à leur Maître, qui leur imposait une discipline de vie d'une rare dureté, à laquelle s'ajoutaient deux flagellations collectives par jour et une flagellation individuelle la nuit.
Le rituel de la flagellation publique, minutieusement préparé, est le même dans tous les ordres de toutes les régions. Impressionnant, il accordait aux flagellants l'admiration subjuguée des foules. Devant une église, installés en cercle, torse nu, les flagellants font siffler leurs fouets (lanières de cuir munis de piquants de fer) en cadence, aux sons des laudes, ces chants à ligne mélodique simple, aux paroles dépouillées, en langue vulgaire. « Vienne ici qui veut se repentir, sauvons-nous de l'enfer torride, Lucifer est un méchant gars ! ». Plusieurs fois, chantant des hymnes, les flagellants s'écroulent, les bras en croix, et pleurent, puis « par l'honneur du pur martyre » se relèvent et reprennent leur supplice. Leur corps ensanglanté, à la fin de la séance, n'avait plus rien d'humain.
Cette pratique est supposée suffisante pour atteindre le paradis, et les rites de l'Église n'apparaissent plus nécessaires aux fidèles. C'est pourquoi l'Eglise finit par ne plus les tolérer.
La procession de la Sanch à Perpignan : la confrérie de la Sanch (Précieux Sang du Seigneur)
Fondée en 1416, à l'instigation du dominicain Vicens Ferrer (saint Vincent Ferrier), la procession de la Sanch a survécu à six siècles d'histoire du Roussillon. Cette manifestation religieuse, devenue un symbole de l'attachement des Catalans à leurs traditions, naquit à l'église Saint-Jacques de Perpignan, parmi les hortolans et les teixidors (les jardiniers et les tisserands) qui composaient deux confréries très implantées dans l'église paroissiale du Puig. Les confrères de la Sanch, pénitents et flagellants, se donnèrent deux missions essentielles : d'une part, accompagner les condamnés à mort au gibet et recueillir leurs dépouilles afin de leur assurer une sépulture chrétienne, ce qu'ils firent jusqu'au XIXe siècle ; d'autre part, organiser chaque Jeudi-Saint une procession commémorant la Passion du Christ, cette même procession que nous pouvons voir encore aujourd'hui parcourir les rues de la vieille ville. Revêtus d'un sac de pénitence noir et d'une cagoule (à l'image des cohortes de Flagellants qui suivaient saint Vicens Ferrer dans ses prêches), les pénitents de la Sanch, les caparutxes, portaient sur leurs épaules des groupes statuaires, les misteris, représentant les mystères douloureux du Christ. A partir du XVIIIe siècle, les Vierges des Douleurs, reconnaissables à leurs robes noires, et à leurs cœurs d'argent traversés de glaives, intégrèrent également le cortège, ainsi que la Soledat (la Vierge seule au pied de la Croix) et la Mater Dolorosa qui tient Jésus mort dans ses bras. Le déroulement de la procession, codifié et immuable, est le même depuis six siècles, accompagné par ces chants, d'une funèbre beauté, que sont les goigs de la Sanch.A la suite de diverses interdictions, la procession de la Sanch se trouva confinée dans l'église Saint-Jacques. En 1950, grâce à Joseph Deloncle, avec l'appui du chanoine Mestres, curé de Saint-Jacques, de l'évêque du diocèse Mgr Bernard, et l'accord de la municipalité Depardon, la procession est revenue dans les rues de Perpignan, où chaque Vendredi-Saint la ramène fidèlement.
Chez les Russes, on appelait les flagellants des Chlistis, une déformation de Christis.
Saint Vicens Ferrer, Vincent Ferrier en catalan, Sant Vicent Ferrer en valencien : prêtre dominicain espagnol né en 1350 près de Valence (Espagne), célèbre pour ses prédications publiques. Il est actuellement le saint patron de la Communauté valencienne.
Son charisme et son influence populaire sont tels qu'il devient un personnage-clé dans les troubles politico-religieux liés au Grand Schisme d’Occident. Proche de Pedro de Luna, alors cardinal et futur Benoît XIII, Vincent Ferrier se rallie tout d'abord à la papauté d'Avignon, rejetant la légitimité d'Urbain VI dans son traité De moderno ecclesiae schismate. Il devient par la suite confesseur de Benoît XIII, désormais antipape et figure emblématique de la résistance à Rome. Mais, dans un souci d'union de l'Église, il finit par se résigner à abandonner la cause de Benoît pour reconnaître le pape romain. Son acte de renonciation officiel intervient en 1416, à l'époque où le Concile de Constance s'emploie à mettre fin au Schisme.
Infatigable prêcheur et évangélisateur de l'Europe pendant vingt ans, de 1399 à sa mort, il parcourt l'Espagne, l'Italie, la Suisse, et va même jusqu'en Écosse. Il est souvent accompagné d'une quantité impressionnante de disciples, au point qu'il doit essentiellement prêcher dans de grands espaces extérieurs pour pouvoir être entendu de la foule. On lui prête le don des langues, au vu de sa capacité à communiquer avec tant de peuples différents.
En dehors des questions papales, son rôle politique est particulièrement important en Espagne, où il aide Ferdinand de Castille à accéder à la couronne d'Aragon dans un contexte de succession difficile.
La France n'est pas oubliée dans ses missions, il en parcourt tout le Sud avant d'être appelé en Bretagne en 1418 par Jean V, duc de Bretagne. Il sillonne pratiquement toute la Bretagne de ville en ville pendant près de deux ans et revient à Vannes, épuisé, où il meurt en 1419.
Canonisé en 1455 par Calixte III. Fête le 5 avril.
Breloque (n.f.) : petit bijou fantaisie qu’on attache à une chaîne de montre, à un bracelet. Batterie de tambour qui appelait les soldats à une distribution de vivres ou faisait rompre les rangs. Battre la breloque : fonctionner mal, être dérangé, cafouiller.
Limes (n.m. pl.) : mot latin qui signifie « chemin, frontière). Zone frontière d’une province de l’Empire romain. On écrirait mieux limès.
dimanche 24 août 2008
JOUR CEREMONIEL
A Kevin
« Quel mois ? quel jour ? quelle heure ? quel endroit du monde ?
et qui suis-je ? et quel est mon nom ? »
Erik Lindorm
I.
La chaude écriture de l’alouette
Sur le ciel resplendissant du midi
Qu’un petit vent amoureux, venu des montagnes,
S’empresse de lire.
En bas, les blés d’or dans la plaine
Modulent sur leurs harpes
Le chant haletant de la terre qui excède
Les limites de l’entendement !
II.
Ô mon Ami,
Laisse tes mains reposer sur mon visage,
Raconte-moi les aventures d’Apollon
Qui dort avec les autres bergers
Dans l’étable du roi thessalien.
Enveloppe mon âme du voile somptueux
De tes murmures !
Dis-moi des paroles scintillantes
Comme la lourde
Chasuble chamarrée des jardins.
Dis-moi des mots pleins d’éternité
Pour que, cette nuit, enchanté,
Mon coeur puisse retrouver
Le chemin qui mène à la maison !
III.
Ne suis-je pas le ménétrier
Qui erre de pays en pays,
Dansant et faisant tinter les clochettes d’argent,
Versant
Des gestes antiques
Dans l’âme assoiffée de Beauté
Des gens ?
Ami,
Ne suis-je pas le poème
Qui sauve ce jour cérémoniel
De l’effondrement ?
Athanase Vantchev de Thracy
Rueil-Malmaison, ce dimanche 24 août, Anno Christi MMVIII
Glose :
Erik Lindorm (1889-1941) : poète et journaliste suédois, considéré en son temps comme le plus brillant chroniqueur de la presse. Mais Lindorm est avant tout l’auteur de poèmes d’un accent très personnel, dépouillés de toute rhétorique et doué d’un puissant lyrisme. L’un des premiers en date de ceux qu’on nomme en Scandinavie les « poètes prolétaires ». Lindorm est aussi l’un des rares poètes suédois ayant écrit de véritables poèmes d’amour.
Apollon ou Apollon Phoibos (Phébus) : fils de Jupiter et de Latone, frère jumeau de Diane, Apollon ou Phébus naquit dans l'île flottante de Délos, qui, à partir de ce moment, devient stable et immobile par la volonté du jeune dieu ou la faveur de Neptune. Dès son adolescence, il prit son carquois et ses terribles flèches, et vengea sa mère du serpent Python, par lequel elle avait été si obstinément poursuivie. Le serpent fut tué, écorché, et sa peau servit à couvrir le trépied sur lequel s'asseyait la Pythonisse de Delphes pour rendre ses oracles. D'un visage rayonnant de beauté, avec une chevelure blonde qui tombait en boucles gracieuses sur ses épaules, d'une taille haute et dégagée, d'une attitude et d'une démarche séduisantes, il aima la nymphe Coronis, qui le rendit père d'Esculape. Ce fils d'Apollon, qui excellait dans la médecine, ayant usé des secrets de son art pour ressusciter Hippolyte, sans l'assentiment des dieux, fut foudroyé par Jupiter. Apollon, furieux, perce de ses flèches les Cyclopes, qui avaient forgé la foudre. Cette vengeance, regardée comme un attentat, le fit chasser de l'Olympe. Exilé du ciel, condamné à vivre sur la terre, Apollon se réfugia chez Admète, roi de Thessalie, dont il garda les troupeaux. Tel était le charme qu'il exerçait autour de lui dans les campagnes, si nombreux étaient les agréments dont il embellissait la vie champêtre, que les dieux mêmes devinrent alors jaloux des bergers.
Chasuble (n.f.) : du bas latin casula, lui-même de casa, « maison ». Vêtement de dessus
que l’on enfile par la tête.En effet, la chasuble, qui enveloppait complètement celui qui la portait, évoquait une maisonnette ou une tente. C’était, aux premiers siècles, un vêtement d’usage profane. Pour les cérémonies liturgiques, une casula spéciale était utilisée. Peu à peu, elle devint le vêtement propre au clergé, sans être réservée à tel ou tel ordre : même les acolytes la portent. Ce n’est qu’assez tardivement que la chasuble devint l’ornement réservé aux évêques et aux prêtres pour la célébration de la messe. La fabrication de chasubles
a donné lieu à de nombreux chefs-d’œuvre dans le domaine de la broderie ; elle est encore utilisée dans quelques pays, dont l’Italie.
Le prêtre reçoit la chasuble au cours de la cérémonie de son ordination, après l’onction des mains. La chasuble se met au-dessus de l’aube et de l’étole. C’est le vêtement normal du célébrant à la messe ; lors d’une concélébration, le célébrant principal, au moins, la porte.
Revêtu de la chasuble, le prêtre « endosse » le Christ, en la personne de qui il agit.
Chamarré, e (adj. et participe passé) : chargé d’ornements, souvent très colorés. Bariolé, bigarré, multicolore. Chamarrer (verbe) : orner un habit, un meuble, de passements, de dentelles, de galons, de bandes de velours, etc. Chamarrer une casaque. Chamarrer un habit. Chamarrer un corps de jupe. Chamarrer un meuble de galons d'or, le chamarrer tant plein que vide.
Geste (n.f.) : dans les dernières années du XIe siècle apparaissent à peu près simultanément deux formes littéraires très différentes, mais qui toutes deux rompent nettement avec les modèles que pouvaient offrir les lettres latines, et qui toutes deux allaient constituer pour un temps les manifestations essentielles de la littérature romane : la chanson de geste en langue d'oïl et la poésie lyrique des troubadours en langue d'oc. La plus ancienne chanson de geste, La chanson de Roland dans la version du manuscrit d'Oxford, date sans doute des alentours de 1098 et le premier troubadour, le comte de Poitiers et duc d'Aquitaine Guillaume IX, a vécu de 1071 à 1127.
Définition et nature du genre :
Les chansons de geste sont des poèmes narratifs chantés - comme leur nom l'indique - qui traitent de hauts faits du passé - comme leur nom l'indique également. Le mot geste est issu du participe passé au neutre pluriel du verbe gerere qui signifie « faire ». Ainsi, le terme gesta signifie « les choses faites », d’où les « exploits ».
Ces poèmes ont une forme particulière : ils sont composés de laisses (strophes de longueurs irrégulières) homophones et assonancées. Le mètre employé est le décasyllabe à césure mineure (4/6) ou, moins souvent, majeure (6/4). Vers la fin du XIIe, la mode de l'alexandrin concurrencera le décasyllabe. Mais au XVIe siècle encore le décasyllabe est senti comme le mètre épique par excellence, puisque c'est lui que choisit Ronsard pour sa Franciade.
A Kevin
« Quel mois ? quel jour ? quelle heure ? quel endroit du monde ?
et qui suis-je ? et quel est mon nom ? »
Erik Lindorm
I.
La chaude écriture de l’alouette
Sur le ciel resplendissant du midi
Qu’un petit vent amoureux, venu des montagnes,
S’empresse de lire.
En bas, les blés d’or dans la plaine
Modulent sur leurs harpes
Le chant haletant de la terre qui excède
Les limites de l’entendement !
II.
Ô mon Ami,
Laisse tes mains reposer sur mon visage,
Raconte-moi les aventures d’Apollon
Qui dort avec les autres bergers
Dans l’étable du roi thessalien.
Enveloppe mon âme du voile somptueux
De tes murmures !
Dis-moi des paroles scintillantes
Comme la lourde
Chasuble chamarrée des jardins.
Dis-moi des mots pleins d’éternité
Pour que, cette nuit, enchanté,
Mon coeur puisse retrouver
Le chemin qui mène à la maison !
III.
Ne suis-je pas le ménétrier
Qui erre de pays en pays,
Dansant et faisant tinter les clochettes d’argent,
Versant
Des gestes antiques
Dans l’âme assoiffée de Beauté
Des gens ?
Ami,
Ne suis-je pas le poème
Qui sauve ce jour cérémoniel
De l’effondrement ?
Athanase Vantchev de Thracy
Rueil-Malmaison, ce dimanche 24 août, Anno Christi MMVIII
Glose :
Erik Lindorm (1889-1941) : poète et journaliste suédois, considéré en son temps comme le plus brillant chroniqueur de la presse. Mais Lindorm est avant tout l’auteur de poèmes d’un accent très personnel, dépouillés de toute rhétorique et doué d’un puissant lyrisme. L’un des premiers en date de ceux qu’on nomme en Scandinavie les « poètes prolétaires ». Lindorm est aussi l’un des rares poètes suédois ayant écrit de véritables poèmes d’amour.
Apollon ou Apollon Phoibos (Phébus) : fils de Jupiter et de Latone, frère jumeau de Diane, Apollon ou Phébus naquit dans l'île flottante de Délos, qui, à partir de ce moment, devient stable et immobile par la volonté du jeune dieu ou la faveur de Neptune. Dès son adolescence, il prit son carquois et ses terribles flèches, et vengea sa mère du serpent Python, par lequel elle avait été si obstinément poursuivie. Le serpent fut tué, écorché, et sa peau servit à couvrir le trépied sur lequel s'asseyait la Pythonisse de Delphes pour rendre ses oracles. D'un visage rayonnant de beauté, avec une chevelure blonde qui tombait en boucles gracieuses sur ses épaules, d'une taille haute et dégagée, d'une attitude et d'une démarche séduisantes, il aima la nymphe Coronis, qui le rendit père d'Esculape. Ce fils d'Apollon, qui excellait dans la médecine, ayant usé des secrets de son art pour ressusciter Hippolyte, sans l'assentiment des dieux, fut foudroyé par Jupiter. Apollon, furieux, perce de ses flèches les Cyclopes, qui avaient forgé la foudre. Cette vengeance, regardée comme un attentat, le fit chasser de l'Olympe. Exilé du ciel, condamné à vivre sur la terre, Apollon se réfugia chez Admète, roi de Thessalie, dont il garda les troupeaux. Tel était le charme qu'il exerçait autour de lui dans les campagnes, si nombreux étaient les agréments dont il embellissait la vie champêtre, que les dieux mêmes devinrent alors jaloux des bergers.
Chasuble (n.f.) : du bas latin casula, lui-même de casa, « maison ». Vêtement de dessus
que l’on enfile par la tête.En effet, la chasuble, qui enveloppait complètement celui qui la portait, évoquait une maisonnette ou une tente. C’était, aux premiers siècles, un vêtement d’usage profane. Pour les cérémonies liturgiques, une casula spéciale était utilisée. Peu à peu, elle devint le vêtement propre au clergé, sans être réservée à tel ou tel ordre : même les acolytes la portent. Ce n’est qu’assez tardivement que la chasuble devint l’ornement réservé aux évêques et aux prêtres pour la célébration de la messe. La fabrication de chasubles
a donné lieu à de nombreux chefs-d’œuvre dans le domaine de la broderie ; elle est encore utilisée dans quelques pays, dont l’Italie.
Le prêtre reçoit la chasuble au cours de la cérémonie de son ordination, après l’onction des mains. La chasuble se met au-dessus de l’aube et de l’étole. C’est le vêtement normal du célébrant à la messe ; lors d’une concélébration, le célébrant principal, au moins, la porte.
Revêtu de la chasuble, le prêtre « endosse » le Christ, en la personne de qui il agit.
Chamarré, e (adj. et participe passé) : chargé d’ornements, souvent très colorés. Bariolé, bigarré, multicolore. Chamarrer (verbe) : orner un habit, un meuble, de passements, de dentelles, de galons, de bandes de velours, etc. Chamarrer une casaque. Chamarrer un habit. Chamarrer un corps de jupe. Chamarrer un meuble de galons d'or, le chamarrer tant plein que vide.
Geste (n.f.) : dans les dernières années du XIe siècle apparaissent à peu près simultanément deux formes littéraires très différentes, mais qui toutes deux rompent nettement avec les modèles que pouvaient offrir les lettres latines, et qui toutes deux allaient constituer pour un temps les manifestations essentielles de la littérature romane : la chanson de geste en langue d'oïl et la poésie lyrique des troubadours en langue d'oc. La plus ancienne chanson de geste, La chanson de Roland dans la version du manuscrit d'Oxford, date sans doute des alentours de 1098 et le premier troubadour, le comte de Poitiers et duc d'Aquitaine Guillaume IX, a vécu de 1071 à 1127.
Définition et nature du genre :
Les chansons de geste sont des poèmes narratifs chantés - comme leur nom l'indique - qui traitent de hauts faits du passé - comme leur nom l'indique également. Le mot geste est issu du participe passé au neutre pluriel du verbe gerere qui signifie « faire ». Ainsi, le terme gesta signifie « les choses faites », d’où les « exploits ».
Ces poèmes ont une forme particulière : ils sont composés de laisses (strophes de longueurs irrégulières) homophones et assonancées. Le mètre employé est le décasyllabe à césure mineure (4/6) ou, moins souvent, majeure (6/4). Vers la fin du XIIe, la mode de l'alexandrin concurrencera le décasyllabe. Mais au XVIe siècle encore le décasyllabe est senti comme le mètre épique par excellence, puisque c'est lui que choisit Ronsard pour sa Franciade.
vendredi 22 août 2008
EN VERITE
EN VERITE…
A ma tante Péna
« Comment deux âmes peuvent-elles se quitter »
Hjalmar Gullberg
La Lune en robe d’apparat, blessée au cœur
Par la flèche ardente du Sagittaire,
Saigne dans les eaux du lac transparent !
Une brise aux yeux bleu saphir très légère
Passe et teint de rouge coquelicot ses pieds frêles !
Une voix sans sommeil chante au loin
Et fait frissonner les feuilles intrépides des trembles !
Heure après heure, l’été se glisse
Parmi les cierges allumés des peupliers
Vers sa propre fin !
En vérité, en vérité, âme,
Toutes les secondes d’une vie se valent !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, ce vendredi 22 août, Anno Domini MMVIII
Péna (diminutif affectif de Petra, féminin de Pierre) était la sœur aînée de ma mère. Enfants, mon frère et moi passions obligatoirement quelques jours de nos vacances d’été dans sa maison, située en plein centre du village de Thracy. C’était une femme d’une fascinante beauté et d’un cœur « immense comme la terre entière », disait ma mère.
La nuit, elle nous faisait asseoir autour d’elle (son fils Deltcho, sa fille Anna, mon frère Michel et moi-même, le plus jeune des quatre) sur la véranda et nous contait des dizaines d’histoires merveilleuses qu’elle avait apprises de ma grand-mère Marie, ou qu’elle avait inventées elle-même. Tante avait une voix douce et profonde, et tout ce qu’elle disait semblait beau. C’est toi, chère tante aimée, c’est toi qui nous disais que le beau Sagittaire avait décoché une flèche flamboyante et qu’il avait blessé la Lune repoussant ses avances amoureuses.
Tante, hier, en marchant dans les rues de Rueil-Malmaison, j’ai entendu ta voix sonner à mon oreille. Essoufflé d’émotion, je me suis arrêté pour écouter encore une fois l’histoire d’amour du Sagittaire et de la Lune. Après plus de 60 ans !... Ô ma tante bien-aimée, je te dédie ce poème ! Vis-tu à présent parmi les étoiles et les fleurs que tu chérissais tant ? Ton mari Marin, ta fille Anne et ton fils Deltcho sont-ils à présent auprès de toi ?
Glose :
Hjalmar Gullberg (1898-1961) : écrivain suédois. Il était également l’un des poètes les plus représentatifs de la Suède de la première moitié du XXe siècle. Hjelmar fit ses études supérieures à l’Université de Lund.
Hjelmar Gullberg possédait en Scandinavie un public très nombreux et très fervent. « Sa précoce maîtrise, écrit Lucien Maury, repose sur une discipline aristocratique et presque classique du lyrisme… Une justesse sans images lui assure une force saisissante. ». La Suède doit à ce grand humaniste de remarquables traductions des tragiques grecs.
Gullberg fut profondément influencé par la culture byzantine et plus spécialement par les hymnes à la gloire de la Vierge de Romain le Mélode (VIe siècle ap. J.-C.) qu’il avait connues grâce à la traduction danoise de Carsten Høeg, et par Denys l’Aréopagite (VIe siècle ap. J.-C.). Les relations de Hjalmar avec Byzance furent étroites et complexes. Pour étudier le monde fascinant de cet empire, il se rendit en Grèce et à Istanbul en 1932, puis en 1950. Hjalmar fut ébloui par la beauté des offices religieux orthodoxes.
Il traduisit en suédois trois immenses poètes grecs : Sikélianos (1884-1951), Séféris (1900-1971) et Cavafy (1863-1933).
Gullberg fut élu membre de l’Académie suédoise, où il succéda en 1940 à Selma Lagerlöf. Hjelmar Gullberg se suicida le 19 juillet 1961 à Yddingesjön, Skåne.
A ma tante Péna
« Comment deux âmes peuvent-elles se quitter »
Hjalmar Gullberg
La Lune en robe d’apparat, blessée au cœur
Par la flèche ardente du Sagittaire,
Saigne dans les eaux du lac transparent !
Une brise aux yeux bleu saphir très légère
Passe et teint de rouge coquelicot ses pieds frêles !
Une voix sans sommeil chante au loin
Et fait frissonner les feuilles intrépides des trembles !
Heure après heure, l’été se glisse
Parmi les cierges allumés des peupliers
Vers sa propre fin !
En vérité, en vérité, âme,
Toutes les secondes d’une vie se valent !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, ce vendredi 22 août, Anno Domini MMVIII
Péna (diminutif affectif de Petra, féminin de Pierre) était la sœur aînée de ma mère. Enfants, mon frère et moi passions obligatoirement quelques jours de nos vacances d’été dans sa maison, située en plein centre du village de Thracy. C’était une femme d’une fascinante beauté et d’un cœur « immense comme la terre entière », disait ma mère.
La nuit, elle nous faisait asseoir autour d’elle (son fils Deltcho, sa fille Anna, mon frère Michel et moi-même, le plus jeune des quatre) sur la véranda et nous contait des dizaines d’histoires merveilleuses qu’elle avait apprises de ma grand-mère Marie, ou qu’elle avait inventées elle-même. Tante avait une voix douce et profonde, et tout ce qu’elle disait semblait beau. C’est toi, chère tante aimée, c’est toi qui nous disais que le beau Sagittaire avait décoché une flèche flamboyante et qu’il avait blessé la Lune repoussant ses avances amoureuses.
Tante, hier, en marchant dans les rues de Rueil-Malmaison, j’ai entendu ta voix sonner à mon oreille. Essoufflé d’émotion, je me suis arrêté pour écouter encore une fois l’histoire d’amour du Sagittaire et de la Lune. Après plus de 60 ans !... Ô ma tante bien-aimée, je te dédie ce poème ! Vis-tu à présent parmi les étoiles et les fleurs que tu chérissais tant ? Ton mari Marin, ta fille Anne et ton fils Deltcho sont-ils à présent auprès de toi ?
Glose :
Hjalmar Gullberg (1898-1961) : écrivain suédois. Il était également l’un des poètes les plus représentatifs de la Suède de la première moitié du XXe siècle. Hjelmar fit ses études supérieures à l’Université de Lund.
Hjelmar Gullberg possédait en Scandinavie un public très nombreux et très fervent. « Sa précoce maîtrise, écrit Lucien Maury, repose sur une discipline aristocratique et presque classique du lyrisme… Une justesse sans images lui assure une force saisissante. ». La Suède doit à ce grand humaniste de remarquables traductions des tragiques grecs.
Gullberg fut profondément influencé par la culture byzantine et plus spécialement par les hymnes à la gloire de la Vierge de Romain le Mélode (VIe siècle ap. J.-C.) qu’il avait connues grâce à la traduction danoise de Carsten Høeg, et par Denys l’Aréopagite (VIe siècle ap. J.-C.). Les relations de Hjalmar avec Byzance furent étroites et complexes. Pour étudier le monde fascinant de cet empire, il se rendit en Grèce et à Istanbul en 1932, puis en 1950. Hjalmar fut ébloui par la beauté des offices religieux orthodoxes.
Il traduisit en suédois trois immenses poètes grecs : Sikélianos (1884-1951), Séféris (1900-1971) et Cavafy (1863-1933).
Gullberg fut élu membre de l’Académie suédoise, où il succéda en 1940 à Selma Lagerlöf. Hjelmar Gullberg se suicida le 19 juillet 1961 à Yddingesjön, Skåne.
dimanche 17 août 2008
SEIGNEUR, INSCRIS-MOI
A Heinrich Schütz
« Ubi plura nitent in carmine, non ego paucis offendar maculis »
(« Là où brillent un grand nombre de beautés, je n’irai pas me choquer de quelques taches »)
Horace, Art poétique, vers 351
Coeur, coeur de toutes les franches solitudes,
Cœur de tous les poignants abandons,
Ecoute cette musique divine,
Ces notes bleu lumière descendues
Comme des anges aux visages d’enfant,
En robe de neige rosée
Sur les prairie scintillantes des partitions.
Ce mélange ensorcelant
D’amour indescriptible et de crainte aveugle,
Le corps ouvert à la petite brise nue du soir,
Son mauve désir de vertige
Et le poème éblouissant
De cette musique séraphique
Qui s’idéalise par lui-même.
Cœur, colle de plus près à toi-même,
Résiste aux assauts du dehors,
Aux défaites tremblées de l’amitié,
Reste fidèle, envers et contre tout et tous,
Fidèle à la lumière du Verbe !
Cœur, écoute la sublime voix du Ciel,
La superbe précision des timbres dorés,
L’ondoyante et noble élégance de l’orgue
Et tous ces flots de clarté et de foi
Qui intime au chagrin de se taire.
Ecoute couler le double fleuve du temps astral,
Le temps qui ne peut être vu et lu que couché,
Lui, qui sait si bien éviter les effondrements de l’âme,
Accueillir et consoler !
Seigneur,
Seigneur des lilas et des roses,
Inscris-moi dans cette nuit accoisée
Au cadastre perpétuel des étoiles !
Athanase Vantchev de Thracy
Rueil-Malmaison, ce dimanche 17 août, Anno Christi MMVIII
Glose:
Heinrich Schütz en latin Henricus Sagittarius (1585-1672) : compositeur allemand, considéré comme le plus grand musicien avant Jean-Sébastien Bach. Il étudia le droit à Marbourg avant d'aller à Venise où il fut l'élève de Giovanni Gabrieli entre 1609 et 1612, puis de Claudio Monteverdi au cours d'un second voyage, vingt ans plus tard. Schütz fut, à partir de 1617, maître de chapelle à Dresde, avec des interruptions pendant la guerre de Trente Ans, jusqu'à son décès à l'âge de 87 ans d'une attaque cérébrale. Il travailla également à la cour du roi du Danemark à Copenhague, où il s'était réfugié à cause de la guerre.
Il fut l'un des acteurs majeurs de la musique baroque allemande, écrivant de nombreuses œuvres sur des textes en langue vernaculaire. Il écrivit essentiellement des compositions religieuses et fut l'auteur, en 1627, du premier opéra allemand Dafne, dont la musique est perdue, mais dont le livret dû au poète allemand Martin Opitz subsiste. Sa musique fut profondément influencée par l’Italie dans sa polychoralité. Ses compositions devinrent plus austères avec le temps, probablement en partie du fait des conséquences économiques de la guerre de Trente Ans qui ne permettaient plus de jouer des œuvres de grande ampleur. Il ne semble subsister aucune pièce profane, ni même d'ailleurs instrumentale alors que sa réputation d'organiste était grande à son époque. Il influença substantiellement l'école d’orgue d’Allemagne du Nord, dont le plus célèbre représentant est Jan Pieterszoon Sweelinck.
Sagittarius, le « sagittaire » fut son surnom, rappelant l'auberge paternelle « A l'archer », qui en allemand se dit « Zum Schütze » consonant avec son propre patronyme.
Matthias Weckmann et Johann Theile comptèrent parmi ses élèves.
Ubi plura nitent… : ce vers d’Horace insiste sur le fait que la perfection n'existe nulle part, et qu’il faut savoir passer sur les taches qui se trouvent dans les meilleurs ouvrages, pour ne s'arrêter qu'aux beautés qu'ils renferment. Il n'y a que les ignorants et les hommes de mauvaise foi qui usent autrement de la critique.
Accoisé, accoisée (adj.) : du latin quietus, « calme », « tranquille ». Accoiser (verbe) : rendre coi, calme, tranquille. Accoisez tous les mouvements de votre intérieur pour écouter cette parole (Bossuet, Ev. 74e jour)
« Ubi plura nitent in carmine, non ego paucis offendar maculis »
(« Là où brillent un grand nombre de beautés, je n’irai pas me choquer de quelques taches »)
Horace, Art poétique, vers 351
Coeur, coeur de toutes les franches solitudes,
Cœur de tous les poignants abandons,
Ecoute cette musique divine,
Ces notes bleu lumière descendues
Comme des anges aux visages d’enfant,
En robe de neige rosée
Sur les prairie scintillantes des partitions.
Ce mélange ensorcelant
D’amour indescriptible et de crainte aveugle,
Le corps ouvert à la petite brise nue du soir,
Son mauve désir de vertige
Et le poème éblouissant
De cette musique séraphique
Qui s’idéalise par lui-même.
Cœur, colle de plus près à toi-même,
Résiste aux assauts du dehors,
Aux défaites tremblées de l’amitié,
Reste fidèle, envers et contre tout et tous,
Fidèle à la lumière du Verbe !
Cœur, écoute la sublime voix du Ciel,
La superbe précision des timbres dorés,
L’ondoyante et noble élégance de l’orgue
Et tous ces flots de clarté et de foi
Qui intime au chagrin de se taire.
Ecoute couler le double fleuve du temps astral,
Le temps qui ne peut être vu et lu que couché,
Lui, qui sait si bien éviter les effondrements de l’âme,
Accueillir et consoler !
Seigneur,
Seigneur des lilas et des roses,
Inscris-moi dans cette nuit accoisée
Au cadastre perpétuel des étoiles !
Athanase Vantchev de Thracy
Rueil-Malmaison, ce dimanche 17 août, Anno Christi MMVIII
Glose:
Heinrich Schütz en latin Henricus Sagittarius (1585-1672) : compositeur allemand, considéré comme le plus grand musicien avant Jean-Sébastien Bach. Il étudia le droit à Marbourg avant d'aller à Venise où il fut l'élève de Giovanni Gabrieli entre 1609 et 1612, puis de Claudio Monteverdi au cours d'un second voyage, vingt ans plus tard. Schütz fut, à partir de 1617, maître de chapelle à Dresde, avec des interruptions pendant la guerre de Trente Ans, jusqu'à son décès à l'âge de 87 ans d'une attaque cérébrale. Il travailla également à la cour du roi du Danemark à Copenhague, où il s'était réfugié à cause de la guerre.
Il fut l'un des acteurs majeurs de la musique baroque allemande, écrivant de nombreuses œuvres sur des textes en langue vernaculaire. Il écrivit essentiellement des compositions religieuses et fut l'auteur, en 1627, du premier opéra allemand Dafne, dont la musique est perdue, mais dont le livret dû au poète allemand Martin Opitz subsiste. Sa musique fut profondément influencée par l’Italie dans sa polychoralité. Ses compositions devinrent plus austères avec le temps, probablement en partie du fait des conséquences économiques de la guerre de Trente Ans qui ne permettaient plus de jouer des œuvres de grande ampleur. Il ne semble subsister aucune pièce profane, ni même d'ailleurs instrumentale alors que sa réputation d'organiste était grande à son époque. Il influença substantiellement l'école d’orgue d’Allemagne du Nord, dont le plus célèbre représentant est Jan Pieterszoon Sweelinck.
Sagittarius, le « sagittaire » fut son surnom, rappelant l'auberge paternelle « A l'archer », qui en allemand se dit « Zum Schütze » consonant avec son propre patronyme.
Matthias Weckmann et Johann Theile comptèrent parmi ses élèves.
Ubi plura nitent… : ce vers d’Horace insiste sur le fait que la perfection n'existe nulle part, et qu’il faut savoir passer sur les taches qui se trouvent dans les meilleurs ouvrages, pour ne s'arrêter qu'aux beautés qu'ils renferment. Il n'y a que les ignorants et les hommes de mauvaise foi qui usent autrement de la critique.
Accoisé, accoisée (adj.) : du latin quietus, « calme », « tranquille ». Accoiser (verbe) : rendre coi, calme, tranquille. Accoisez tous les mouvements de votre intérieur pour écouter cette parole (Bossuet, Ev. 74e jour)
samedi 16 août 2008
La BIBLIOTHEQUE DU SAULCHOIR
LA BIBLIOTHEQUE DU SAULCHOIR
A tous les moines de l’Ordre des Frères Prêcheurs
« Vous tous qui avez été baptisé en Christ,
vous avez revêtu le Christ »
Chant orthodoxe
Viens, partage avec moi
Le pays des antiques bibliothèques !
Ecoute leur chant qui touche
De ses doigts délicats
Le visage du cœur !
Elles ont gardé,
Dans leur pure intégrité, les lettres d’azur
Que les hirondelles ont écrites
Sur la soie du ciel,
Les mots d’amour que, distraite,
La jeune brise d’été
A oublié de porter à ses destinataires !
Elles gardent tous les parfums des saisons,
Toutes les préfaces à la tendresse !
Regarde cette lumière soudaine au plafond
Juste au-dessus de la profondeur du livre ouvert !
A notre insu, invisible,
Discrète, impalpable, la vie
Repose sur chaque page
Pareille aux fruits dorés,
Cachés dans la verte reliure des feuilles !
Elles gardent, dans leur royaume de silence,
La latitude de nos cœurs,
Les voix de feu venues des tréfonds de la Terre,
Les heures de veille, revêtues de leur robe amarante,
Les fleuves d’automne qui coulent
Dans les mots en train de mûrir.
Oui,
Penche ton visage
Sur la page ouverte au hasard
Pour te voir
Tel que tu as toujours été,
Un poème plus léger que la rosée du matin
Et plus fluide que le vol
Des oiseaux au crépuscule !
Alors, enfin, toutes les fleurs s’allumeront
Soudainement
Pour te montrer la route
Qui commence et finit
En toi-même !
Ô antiques bibliothèques,
Il ne me reste comme consolation ultime
Et dérisoire, drapée d’une élégante timidité,
De tourner autour de moi-même
Cherchant dans un mot singulier,
Dans vers abstrus,
Le salut !
Athanase Vantchev de Thracy
Rueil-Malmaison, le 10 août 2008
Glose :
La Bibliothèque du Saulchoir : c’est la bibliothèque de la province des frères dominicains de France.
Fondée en 1865 à Flavigny (Côte d’Or), elle se trouve aujourd’hui à Paris, au 43bis, rue de la Glacière. Cette bibliothèque abrite les collections réunies par les dominicains français depuis le rétablissement de l'Ordre des Prêcheurs en France, au milieu du XIXe siècle.
Spécialisée en sciences humaines et religieuses, elle dispose d'un fonds de plus de 250 000 ouvrages et d’un millier de périodiques. Son directeur actuel est le Père Jérôme Rousse-Lacordaire.
Histoire de la Bibliothèque du Saulchoir
L'Ordre des Frères Prêcheurs, fondé par saint Dominique, fut confirmé en 1216 par le pape Honorius III. Consacré à la prédication de la Parole de Dieu, cet ordre a pour mission d'approfondir les expressions de la foi chrétienne dans un dialogue continu avec les autres pensées religieuses et philosophiques. Dès le XIIIe siècle, les frères Albert le Grand et Thomas d’Aquin ont enseigné la théologie à l'Université de Paris. Il leur fallait des livres pour travailler et, dès le début, les couvents de l'Ordre portèrent une grande attention aux bibliothèques qui devaient couvrir tout le champ de la recherche scientifique. À Paris, les riches bibliothèques des trois couvents dominicains (Saint-Jacques, Saint-Dominique et l'Annonciation) alimentaient le travail théologique et les publications des frères. La Révolution française mit fin à ces activités. Comme les autres congrégations religieuses, l'Ordre dominicain fut interdit en France et les livres des bibliothèques, confisqués et versés aux dépôts littéraires, vinrent enrichir la Bibliothèque Nationale et celles de l'Université. En 1838, l'abbé Henri Lacordaire annonça son intention de rétablir en France l'Ordre des Frères Prêcheurs et, l'année suivante, prenait à Rome l'habit de St. Dominique. Sa première fondation fut le couvent de Nancy, pour la raison que l'ancien curé de la cathédrale léguait sa bibliothèque de 12.000 volumes à l'Ordre renouvelé. Ce fait est hautement significatif de l'importance attachée aux bibliothèques dans les couvents dominicains. Le couvent d'études de la Province de France fut installé à Flavigny-sur-Ozerain en Côte d'Or en 1865, où il restera jusqu'en 1880. À partir de 1880, de nouveaux troubles allaient commencer. Le gouvernement français ayant décidé l'expulsion des religieux, les frères se résignèrent à l'exil, les uns en Espagne, les autres en Autriche, emportant avec eux ce qu'ils pouvaient de leurs livres. Cet état de fait dura jusqu'en 1895, date à laquelle les frères furent autorisés à se réinstaller au couvent de Flavigny. Dans l'intervalle, la bibliothèque ne s'était évidemment pas développée. Ce retour ne devait être que provisoire, car une loi du 1er juillet 1901 supprimait de nouveau en France les congrégations religieuses. Les expulsions eurent lieu en 1903, et le couvent d'études fut contraint de se réfugier en Belgique dans une ancienne abbaye cistercienne, appelée "Le Saulchoir" (lieu planté de saules). Les livres y furent donc transportés, et depuis ce moment, l'accroissement des fonds fut régulier. En 1907, les professeurs du couvent d'études décidèrent de fonder la Revue des Sciences philosophiques et théologiques, revue trimestrielle qui comprenait deux sections : des articles et des bulletins ou recensions de livres et de revues. Ces livres et revues devaient revenir intégralement à la bibliothèque pour être mis à la disposition des professeurs et des étudiants. Naturellement ce règlement favorisait l'accroissement rapide des collections. Peu après, en 1924, un autre périodique fut fondé, le Bulletin thomiste, qui analysait les publications relatives à la théologie thomiste. Lui aussi devait enrichir la bibliothèque dans un secteur particulièrement sensible. En 1927, la collection de livres personnels du Père Pierre Mandonnet, professeur à l'Université de Fribourg en Suisse, passa à la bibliothèque du Saulchoir. Il s’agissait d’un fonds de grande qualité pour l'histoire de l'Église et les livres rares. En 1937, parut un ouvrage du Père Marie-Dominique Chenu, intitulé Le Saulchoir, une école de théologie. En 1939, le retour en France put avoir lieu, et Le Saulchoir vint à Étiolles, près d’Evry, où la bibliothèque fut installée. On pouvait alors l'évaluer à 65.000 volumes. À partir de ce moment-là, malgré la guerre, les études dominicaines, et la bibliothèque qui en était l'instrument, connaîtront une certaine stabilité et un développement soutenu. Sous la direction du Père André Duval, bibliothécaire de 1943 à 1962, la bibliothèque du Saulchoir, mieux organisée, n’est plus seulement réservée aux frères du couvent, mais ouverte aux lecteurs de l'extérieur. La recherche active et les publications nombreuses dans les sciences théologiques et philosophiques contribuent énormément à la qualification des diverses sections des collections de livres. Entre autres, on travaillait à la préparation du concile Vatican II. En 1963, ces activités amenèrent à la fondation d'une Association des Amis de la Bibliothèque du Saulchoir dont le premier président a été Jean Porcher, conservateur en chef à la Bibliothèque Nationale. Cette association apporte un soutien moral et financier à la bibliothèque. Les retombées de mai 68 touchèrent cruellement les dominicains français qui durent se résoudre à quitter le couvent d'Étiolles et à se replier sur Paris dans le périmètre du couvent Saint-Jacques. La bibliothèque du Saulchoir y fut installée dans des locaux spécialement aménagés, comportant en particulier une salle de lecture ouverte au public en 1974. Elle reçoit maintenant un nombre important d'étudiants des diverses universités parisiennes. Elle figure en bonne place dans l'équipement culturel du XIIIe arrondissement de Paris. La bibliothèque du Sauchoir a 150 ans d'âge. Elle est principalement constituée par les acquisitions des frères dominicains en vue de leur enseignement, de leurs recherches et de leurs publications. La diversité de ses fonds continue de s'accroître en fonction des besoins de ses nouveaux lecteurs. On peut estimer qu'aujourd'hui ses magasins renferment environ 250 000 livres et un millier de périodiques.
Abstrus, e (adj.) : abscons, abstrait, difficile, impénétrable, incompréhensible, inintelligible, obscur, sibyllin.
A tous les moines de l’Ordre des Frères Prêcheurs
« Vous tous qui avez été baptisé en Christ,
vous avez revêtu le Christ »
Chant orthodoxe
Viens, partage avec moi
Le pays des antiques bibliothèques !
Ecoute leur chant qui touche
De ses doigts délicats
Le visage du cœur !
Elles ont gardé,
Dans leur pure intégrité, les lettres d’azur
Que les hirondelles ont écrites
Sur la soie du ciel,
Les mots d’amour que, distraite,
La jeune brise d’été
A oublié de porter à ses destinataires !
Elles gardent tous les parfums des saisons,
Toutes les préfaces à la tendresse !
Regarde cette lumière soudaine au plafond
Juste au-dessus de la profondeur du livre ouvert !
A notre insu, invisible,
Discrète, impalpable, la vie
Repose sur chaque page
Pareille aux fruits dorés,
Cachés dans la verte reliure des feuilles !
Elles gardent, dans leur royaume de silence,
La latitude de nos cœurs,
Les voix de feu venues des tréfonds de la Terre,
Les heures de veille, revêtues de leur robe amarante,
Les fleuves d’automne qui coulent
Dans les mots en train de mûrir.
Oui,
Penche ton visage
Sur la page ouverte au hasard
Pour te voir
Tel que tu as toujours été,
Un poème plus léger que la rosée du matin
Et plus fluide que le vol
Des oiseaux au crépuscule !
Alors, enfin, toutes les fleurs s’allumeront
Soudainement
Pour te montrer la route
Qui commence et finit
En toi-même !
Ô antiques bibliothèques,
Il ne me reste comme consolation ultime
Et dérisoire, drapée d’une élégante timidité,
De tourner autour de moi-même
Cherchant dans un mot singulier,
Dans vers abstrus,
Le salut !
Athanase Vantchev de Thracy
Rueil-Malmaison, le 10 août 2008
Glose :
La Bibliothèque du Saulchoir : c’est la bibliothèque de la province des frères dominicains de France.
Fondée en 1865 à Flavigny (Côte d’Or), elle se trouve aujourd’hui à Paris, au 43bis, rue de la Glacière. Cette bibliothèque abrite les collections réunies par les dominicains français depuis le rétablissement de l'Ordre des Prêcheurs en France, au milieu du XIXe siècle.
Spécialisée en sciences humaines et religieuses, elle dispose d'un fonds de plus de 250 000 ouvrages et d’un millier de périodiques. Son directeur actuel est le Père Jérôme Rousse-Lacordaire.
Histoire de la Bibliothèque du Saulchoir
L'Ordre des Frères Prêcheurs, fondé par saint Dominique, fut confirmé en 1216 par le pape Honorius III. Consacré à la prédication de la Parole de Dieu, cet ordre a pour mission d'approfondir les expressions de la foi chrétienne dans un dialogue continu avec les autres pensées religieuses et philosophiques. Dès le XIIIe siècle, les frères Albert le Grand et Thomas d’Aquin ont enseigné la théologie à l'Université de Paris. Il leur fallait des livres pour travailler et, dès le début, les couvents de l'Ordre portèrent une grande attention aux bibliothèques qui devaient couvrir tout le champ de la recherche scientifique. À Paris, les riches bibliothèques des trois couvents dominicains (Saint-Jacques, Saint-Dominique et l'Annonciation) alimentaient le travail théologique et les publications des frères. La Révolution française mit fin à ces activités. Comme les autres congrégations religieuses, l'Ordre dominicain fut interdit en France et les livres des bibliothèques, confisqués et versés aux dépôts littéraires, vinrent enrichir la Bibliothèque Nationale et celles de l'Université. En 1838, l'abbé Henri Lacordaire annonça son intention de rétablir en France l'Ordre des Frères Prêcheurs et, l'année suivante, prenait à Rome l'habit de St. Dominique. Sa première fondation fut le couvent de Nancy, pour la raison que l'ancien curé de la cathédrale léguait sa bibliothèque de 12.000 volumes à l'Ordre renouvelé. Ce fait est hautement significatif de l'importance attachée aux bibliothèques dans les couvents dominicains. Le couvent d'études de la Province de France fut installé à Flavigny-sur-Ozerain en Côte d'Or en 1865, où il restera jusqu'en 1880. À partir de 1880, de nouveaux troubles allaient commencer. Le gouvernement français ayant décidé l'expulsion des religieux, les frères se résignèrent à l'exil, les uns en Espagne, les autres en Autriche, emportant avec eux ce qu'ils pouvaient de leurs livres. Cet état de fait dura jusqu'en 1895, date à laquelle les frères furent autorisés à se réinstaller au couvent de Flavigny. Dans l'intervalle, la bibliothèque ne s'était évidemment pas développée. Ce retour ne devait être que provisoire, car une loi du 1er juillet 1901 supprimait de nouveau en France les congrégations religieuses. Les expulsions eurent lieu en 1903, et le couvent d'études fut contraint de se réfugier en Belgique dans une ancienne abbaye cistercienne, appelée "Le Saulchoir" (lieu planté de saules). Les livres y furent donc transportés, et depuis ce moment, l'accroissement des fonds fut régulier. En 1907, les professeurs du couvent d'études décidèrent de fonder la Revue des Sciences philosophiques et théologiques, revue trimestrielle qui comprenait deux sections : des articles et des bulletins ou recensions de livres et de revues. Ces livres et revues devaient revenir intégralement à la bibliothèque pour être mis à la disposition des professeurs et des étudiants. Naturellement ce règlement favorisait l'accroissement rapide des collections. Peu après, en 1924, un autre périodique fut fondé, le Bulletin thomiste, qui analysait les publications relatives à la théologie thomiste. Lui aussi devait enrichir la bibliothèque dans un secteur particulièrement sensible. En 1927, la collection de livres personnels du Père Pierre Mandonnet, professeur à l'Université de Fribourg en Suisse, passa à la bibliothèque du Saulchoir. Il s’agissait d’un fonds de grande qualité pour l'histoire de l'Église et les livres rares. En 1937, parut un ouvrage du Père Marie-Dominique Chenu, intitulé Le Saulchoir, une école de théologie. En 1939, le retour en France put avoir lieu, et Le Saulchoir vint à Étiolles, près d’Evry, où la bibliothèque fut installée. On pouvait alors l'évaluer à 65.000 volumes. À partir de ce moment-là, malgré la guerre, les études dominicaines, et la bibliothèque qui en était l'instrument, connaîtront une certaine stabilité et un développement soutenu. Sous la direction du Père André Duval, bibliothécaire de 1943 à 1962, la bibliothèque du Saulchoir, mieux organisée, n’est plus seulement réservée aux frères du couvent, mais ouverte aux lecteurs de l'extérieur. La recherche active et les publications nombreuses dans les sciences théologiques et philosophiques contribuent énormément à la qualification des diverses sections des collections de livres. Entre autres, on travaillait à la préparation du concile Vatican II. En 1963, ces activités amenèrent à la fondation d'une Association des Amis de la Bibliothèque du Saulchoir dont le premier président a été Jean Porcher, conservateur en chef à la Bibliothèque Nationale. Cette association apporte un soutien moral et financier à la bibliothèque. Les retombées de mai 68 touchèrent cruellement les dominicains français qui durent se résoudre à quitter le couvent d'Étiolles et à se replier sur Paris dans le périmètre du couvent Saint-Jacques. La bibliothèque du Saulchoir y fut installée dans des locaux spécialement aménagés, comportant en particulier une salle de lecture ouverte au public en 1974. Elle reçoit maintenant un nombre important d'étudiants des diverses universités parisiennes. Elle figure en bonne place dans l'équipement culturel du XIIIe arrondissement de Paris. La bibliothèque du Sauchoir a 150 ans d'âge. Elle est principalement constituée par les acquisitions des frères dominicains en vue de leur enseignement, de leurs recherches et de leurs publications. La diversité de ses fonds continue de s'accroître en fonction des besoins de ses nouveaux lecteurs. On peut estimer qu'aujourd'hui ses magasins renferment environ 250 000 livres et un millier de périodiques.
Abstrus, e (adj.) : abscons, abstrait, difficile, impénétrable, incompréhensible, inintelligible, obscur, sibyllin.
VERBUM AUDIBILE
Mon nom ? Le tien ?
L’ironie qui redoute les profondeurs ?
La main castigatrice du temps s’en chargera !
Mais aujourd’hui, aujourd’hui
Nous aimons les mots en quête d’eau fraîche,
Les regards fertiles comme
Les plaines thrace et thessalienne,
L’architecture millénaire de la langue,
Les phrases parfaites et leur lumineuse ordonnance.
Nous rêvons de chambres spacieuses
Embaumées de patchouli et chypre,
De cérémoniels rites
De silence hautement hiératique
D’aubes lilas qui traversent nos corps fiévreux
De chants processionnels,
De voix de grives qui caressent
Nos visages
A la transparence de quartz.
Mais au-delà de tout, bien au-delà,
Nous rêvons
A ces exaltations séraphiques
Qui furent la grande lumière de l’Orient,
A un temps absorbé par le sourire rose thé du ciel,
Brûlant d’impatience
D’agenouiller nos cœurs
Devant la céleste beauté
Du Verbe de la Vie
De toutes vies !
Et nous clamons,
Sous les vaporeuses ondulations
De l’organdi du soir :
Ô Verbum audibile,
Verbum visibile,
Verbum Aeternum!
Dire le monde sans le dire!
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 15 août, Fête de l’Assomption,
Anno Domini MMVIII.
J’ai mis ma vie sous la protection de la Très Sainte Mère de Dieu !
Glose :
Verbum audibile : c’est ainsi que le moine augustinien Martin Luther (1483-1546) appelait la prédication des Saintes Ecritures et, Verbum visibile, l’eucharistie célébrée en présence des fidèles. Verbum Aeternum : le Verbe éternel de Dieu.
Castigateur, castigatrice (adj.) : du latin castigare, « punir ». La main qui punit.
Cypre ou Chypre (n.m.) : est une base de parfum dont l'une des composantes est extraite d'une mousse qui pousse sur le chêne. Ce nom provient du parfum ainsi baptisé par François Coty en 1917.
On retrouve cette note dans certains grands classiques de la parfumerie :
Pour Femme : Mitsouko de Gerlain, Dolce Vita de Dior
Pour Homme : Davidoff de Davidoff
Les parfums chyprés, puissants et assez persistants, ont eu beaucoup de succès mais beaucoup ont disparu aujourd'hui. Le succès de « Chypre » de François Coty en a fait le chef de file d'une grande famille qui regroupe des parfums basés principalement sur des accords de mousse de chêne, de ciste labdanum, de patchouli, de bergamote, de rose, etc. Cette famille est subdivisée en chypre fleuri, chypre fleuri aldéhydé, chypre fruité, chypre vert, chypre aromatique, chypre cuir. Ciste labdanum ou ladanum (n.m.) : Cistus ladaniferus, ciste à gomme. Assez semblable au ciste de Montpellier, il s'en distingue par des taches rouges à la base des pétales. Calice à trois sépales. Ses feuilles produisent une gomme (le labdanum) utilisée notamment en parfumerie. On le rencontre surtout en Espagne. Patchouli (n.m.) : plante tropicale de la famille des Lamiacées. Bergamote (n.f.) : est un agrume, fruit du bergamotier, un arbre de la famille des Rutacées.
Actuellement certains parfums sont classés abusivement dans les « chyprés » mais ne contiennent pas du tout la composante aromatique spécifique, c'est le cas du très prisé Fahrenheit.
Organdi (n.m.) : l’organdi est une mousseline de coton légère et apprêtée, sans doute originaire de Kounya-Ourguentch (l'ancienne Ouerguentch ou Ourganda, ville de négoce entre Arabes et Chinois) au Turkmenistan. L'organdi et l'organza, tissus précieux, sont importés des Indes. Ensuite, ils se produisent en France dans les mêmes fabriques que la mousseline. L'organdi et l'organza sont deux étoffes similaires, leur dénomination diffère selon les fils employés pour le tissage. Proches de la mousseline, ils se distinguent par leur aspect rigide. L'organdi et l'organza servent dans l'ameublement pour les voilages, dans l'habillement, pour les garnitures de corsages, pour les robes de soirée. L'organdi n'est plus utilisé dans les costumes de danse, car il est fragile et cassant. L'organza est par contre toujours employé pour les tutus.
L’ironie qui redoute les profondeurs ?
La main castigatrice du temps s’en chargera !
Mais aujourd’hui, aujourd’hui
Nous aimons les mots en quête d’eau fraîche,
Les regards fertiles comme
Les plaines thrace et thessalienne,
L’architecture millénaire de la langue,
Les phrases parfaites et leur lumineuse ordonnance.
Nous rêvons de chambres spacieuses
Embaumées de patchouli et chypre,
De cérémoniels rites
De silence hautement hiératique
D’aubes lilas qui traversent nos corps fiévreux
De chants processionnels,
De voix de grives qui caressent
Nos visages
A la transparence de quartz.
Mais au-delà de tout, bien au-delà,
Nous rêvons
A ces exaltations séraphiques
Qui furent la grande lumière de l’Orient,
A un temps absorbé par le sourire rose thé du ciel,
Brûlant d’impatience
D’agenouiller nos cœurs
Devant la céleste beauté
Du Verbe de la Vie
De toutes vies !
Et nous clamons,
Sous les vaporeuses ondulations
De l’organdi du soir :
Ô Verbum audibile,
Verbum visibile,
Verbum Aeternum!
Dire le monde sans le dire!
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 15 août, Fête de l’Assomption,
Anno Domini MMVIII.
J’ai mis ma vie sous la protection de la Très Sainte Mère de Dieu !
Glose :
Verbum audibile : c’est ainsi que le moine augustinien Martin Luther (1483-1546) appelait la prédication des Saintes Ecritures et, Verbum visibile, l’eucharistie célébrée en présence des fidèles. Verbum Aeternum : le Verbe éternel de Dieu.
Castigateur, castigatrice (adj.) : du latin castigare, « punir ». La main qui punit.
Cypre ou Chypre (n.m.) : est une base de parfum dont l'une des composantes est extraite d'une mousse qui pousse sur le chêne. Ce nom provient du parfum ainsi baptisé par François Coty en 1917.
On retrouve cette note dans certains grands classiques de la parfumerie :
Pour Femme : Mitsouko de Gerlain, Dolce Vita de Dior
Pour Homme : Davidoff de Davidoff
Les parfums chyprés, puissants et assez persistants, ont eu beaucoup de succès mais beaucoup ont disparu aujourd'hui. Le succès de « Chypre » de François Coty en a fait le chef de file d'une grande famille qui regroupe des parfums basés principalement sur des accords de mousse de chêne, de ciste labdanum, de patchouli, de bergamote, de rose, etc. Cette famille est subdivisée en chypre fleuri, chypre fleuri aldéhydé, chypre fruité, chypre vert, chypre aromatique, chypre cuir. Ciste labdanum ou ladanum (n.m.) : Cistus ladaniferus, ciste à gomme. Assez semblable au ciste de Montpellier, il s'en distingue par des taches rouges à la base des pétales. Calice à trois sépales. Ses feuilles produisent une gomme (le labdanum) utilisée notamment en parfumerie. On le rencontre surtout en Espagne. Patchouli (n.m.) : plante tropicale de la famille des Lamiacées. Bergamote (n.f.) : est un agrume, fruit du bergamotier, un arbre de la famille des Rutacées.
Actuellement certains parfums sont classés abusivement dans les « chyprés » mais ne contiennent pas du tout la composante aromatique spécifique, c'est le cas du très prisé Fahrenheit.
Organdi (n.m.) : l’organdi est une mousseline de coton légère et apprêtée, sans doute originaire de Kounya-Ourguentch (l'ancienne Ouerguentch ou Ourganda, ville de négoce entre Arabes et Chinois) au Turkmenistan. L'organdi et l'organza, tissus précieux, sont importés des Indes. Ensuite, ils se produisent en France dans les mêmes fabriques que la mousseline. L'organdi et l'organza sont deux étoffes similaires, leur dénomination diffère selon les fils employés pour le tissage. Proches de la mousseline, ils se distinguent par leur aspect rigide. L'organdi et l'organza servent dans l'ameublement pour les voilages, dans l'habillement, pour les garnitures de corsages, pour les robes de soirée. L'organdi n'est plus utilisé dans les costumes de danse, car il est fragile et cassant. L'organza est par contre toujours employé pour les tutus.
dimanche 10 août 2008
IN VITAM ETERNAM
« Nil sine numini »
(« Il n'y a rien sans la volonté des dieux »)
Cette stèle où les lettres ont été effacées,
A qui elle appartenait ? A qui ?
Qui dort sous les hautes touffes des herbes folles,
Un enfant, un homme mûr,un lâche, un héros ?
Point de dates qui ouvrent
Et ferme une existence !
On entend la nuit,
Aux heures tardives,
Le vent venir s’agenouiller,
Gémir, pleurer, sangloter,
Cherchant en vain à lire
Le nom fané
Sur le marbre tombal.
Et là, tout près,
Le poème d’un grêle ruisseau,
Comme un murmure infini de tendresse
Qui ne sert plus à rien !
Athanase Vantchev de Thracy
Rueil-Malmaison, ce dimanche 10 août, Anno Domini MMVIII
Glose :
In vitam eternam : expression latine qui signifie « pour la vie et l’éternité ». Ne pas confondre avec l'expression "Ad vitam aeternam" qui signifie "pour l'éternité".
(« Il n'y a rien sans la volonté des dieux »)
Cette stèle où les lettres ont été effacées,
A qui elle appartenait ? A qui ?
Qui dort sous les hautes touffes des herbes folles,
Un enfant, un homme mûr,un lâche, un héros ?
Point de dates qui ouvrent
Et ferme une existence !
On entend la nuit,
Aux heures tardives,
Le vent venir s’agenouiller,
Gémir, pleurer, sangloter,
Cherchant en vain à lire
Le nom fané
Sur le marbre tombal.
Et là, tout près,
Le poème d’un grêle ruisseau,
Comme un murmure infini de tendresse
Qui ne sert plus à rien !
Athanase Vantchev de Thracy
Rueil-Malmaison, ce dimanche 10 août, Anno Domini MMVIII
Glose :
In vitam eternam : expression latine qui signifie « pour la vie et l’éternité ». Ne pas confondre avec l'expression "Ad vitam aeternam" qui signifie "pour l'éternité".
vendredi 8 août 2008
JOIE
JOIE
(ή χαρά)
« Le fontane aperte nei giardini. »
(Les fontaines ouvertes dans les jardins… »
Corrado Govoni
Cette frêle, humble, blanche
Marguerite
Au bord du sentier
Qui court joyeux vers les collines !
Comme elle me semble belle
A cette heure de l’après-midi !
Plus belle que tout au monde,
Et pleine d’étonnement
De me voir ému !
Elle, splendide et pure
Comme tous les êtres
Que Dieu n’a jamais quittés !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 8 août 20008
Premier jours des Jeux Olympiques de Chine.
Glose :
Corrado Govoni (1884-1965) : poète italien. Né près de Ferrare de souche paysanne, ce chantre inlassable de la plaine du Pô quitta sa terre vers la trentaine pour faire à Milan puis à Rome, où il mourut, les métiers les plus divers, en même temps qu'il écrivait nouvelles, romans, pièces de théâtre, anthologies. Govoni poursuivit surtout, de façon exemplaire, pendant plus de cinquante ans, sa carrière de poète. Tout au long de ce demi-siècle dramatique, agité sur le plan littéraire et secoué de vicissitudes privées, à travers les éclipses et les consécrations de sa renommée (de 1933 à 1953, bien des prix le couronnèrent), il n'a cessé d'œuvrer à l'élaboration de son langage poétique, sa seule aventure, sa joie. Ses premiers vers, à vingt ans - Le Fiale (Les Fioles) ; Armonia in grigio e in silenzio (Harmonie en gris et en silence) -, rompirent, en pleine gloire d'annunzienne, avec l'art du maître. On y entendait, dans une langue effacéeet un modeste monde mélancolique, les premiers accents crépusculaires : Mais bien vite apparut dans ses vers un monde plus vigoureux, une abondance jamais vue de choses présentées en un inventaire surprenant.
(ή χαρά)
« Le fontane aperte nei giardini. »
(Les fontaines ouvertes dans les jardins… »
Corrado Govoni
Cette frêle, humble, blanche
Marguerite
Au bord du sentier
Qui court joyeux vers les collines !
Comme elle me semble belle
A cette heure de l’après-midi !
Plus belle que tout au monde,
Et pleine d’étonnement
De me voir ému !
Elle, splendide et pure
Comme tous les êtres
Que Dieu n’a jamais quittés !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 8 août 20008
Premier jours des Jeux Olympiques de Chine.
Glose :
Corrado Govoni (1884-1965) : poète italien. Né près de Ferrare de souche paysanne, ce chantre inlassable de la plaine du Pô quitta sa terre vers la trentaine pour faire à Milan puis à Rome, où il mourut, les métiers les plus divers, en même temps qu'il écrivait nouvelles, romans, pièces de théâtre, anthologies. Govoni poursuivit surtout, de façon exemplaire, pendant plus de cinquante ans, sa carrière de poète. Tout au long de ce demi-siècle dramatique, agité sur le plan littéraire et secoué de vicissitudes privées, à travers les éclipses et les consécrations de sa renommée (de 1933 à 1953, bien des prix le couronnèrent), il n'a cessé d'œuvrer à l'élaboration de son langage poétique, sa seule aventure, sa joie. Ses premiers vers, à vingt ans - Le Fiale (Les Fioles) ; Armonia in grigio e in silenzio (Harmonie en gris et en silence) -, rompirent, en pleine gloire d'annunzienne, avec l'art du maître. On y entendait, dans une langue effacéeet un modeste monde mélancolique, les premiers accents crépusculaires : Mais bien vite apparut dans ses vers un monde plus vigoureux, une abondance jamais vue de choses présentées en un inventaire surprenant.
mardi 5 août 2008
Траур (Deuil) - Russe
Le grand poète russe Victor Martynov a traduit mon poème "Deuil"
Посвящается Танги
«Doxa to theo panton eneken”
("Слава Богу во всём")
Святой Иоанн Златоуст
Вот здесь теперь жилище Атанаса!
Вчера его мы предали земле
И долго, безутешно слёзы лили!
Он был отрадой безмятежной
Всей нашей жизни,
Дрозд сладкоголосый!
Какой-то незнакомый друг
С походкой лёгкою, как облако,
Пришёл, чтоб на его могиле
Разбить цветник из белых роз!
Лицо скрывая, не сказав ни слова,
Он ушёл, оставив надпись:
«Наш друг соединился с нами,
Мы так сильно этого желали!»
Под надписью он имя начертал,
Как обещанье:
«Ангел»
И окружил изображением цветка,
Столь тонкого, столь голубого – в форме сердца!
Этой ночью мы все грустим!
И свежий звёздный дождь июля
Нам тёплой влагой лица окропляет!
Как выразить, как молвить просветлённо
Глубокую печаль, что наши души наполняет!
О, траурная ночь!
Атанас Ванчев де Траси
Париж, 15 июля 2008-08-05
Примечания:
Танги – имя. От кельтского "тан" – «огонь» и "ги"- «собака». По утверждению некоторых специалистов, означает «хранитель очага». Святым покровителем Танги является бретонский монах, удалившийся от мира вследствие ужасной трагедии: обманутый своей мачехой, он убил собственную сестру. В начале IX века он основал монастырь на мысе Сен Матьё (Финистер). Святой Иоанн
Хризостом (Златоуст): Этот отец церкви родился между 344 и 354 годом в Антиохи и умер в 407 в районе Команы, на берегах Понта Эвксинского (Чёрного моря). Он был архиепископом Константинополя.
Посвящается Танги
«Doxa to theo panton eneken”
("Слава Богу во всём")
Святой Иоанн Златоуст
Вот здесь теперь жилище Атанаса!
Вчера его мы предали земле
И долго, безутешно слёзы лили!
Он был отрадой безмятежной
Всей нашей жизни,
Дрозд сладкоголосый!
Какой-то незнакомый друг
С походкой лёгкою, как облако,
Пришёл, чтоб на его могиле
Разбить цветник из белых роз!
Лицо скрывая, не сказав ни слова,
Он ушёл, оставив надпись:
«Наш друг соединился с нами,
Мы так сильно этого желали!»
Под надписью он имя начертал,
Как обещанье:
«Ангел»
И окружил изображением цветка,
Столь тонкого, столь голубого – в форме сердца!
Этой ночью мы все грустим!
И свежий звёздный дождь июля
Нам тёплой влагой лица окропляет!
Как выразить, как молвить просветлённо
Глубокую печаль, что наши души наполняет!
О, траурная ночь!
Атанас Ванчев де Траси
Париж, 15 июля 2008-08-05
Примечания:
Танги – имя. От кельтского "тан" – «огонь» и "ги"- «собака». По утверждению некоторых специалистов, означает «хранитель очага». Святым покровителем Танги является бретонский монах, удалившийся от мира вследствие ужасной трагедии: обманутый своей мачехой, он убил собственную сестру. В начале IX века он основал монастырь на мысе Сен Матьё (Финистер). Святой Иоанн
Хризостом (Златоуст): Этот отец церкви родился между 344 и 354 годом в Антиохи и умер в 407 в районе Команы, на берегах Понта Эвксинского (Чёрного моря). Он был архиепископом Константинополя.
samedi 2 août 2008
LA PLAINTE DU JEUNE EUTYCHES
LA PLAINTE DU JEUNE EUTYCHES, MORT A 12 ANS,
IL Y A DEUX MILLE ANS
A mort frère Slave-Eudoxe, mort tout jeune…
« Je comprends les muets ; j’entends ceux qui ne parlent pas »
Paroles de l’oracle de Delphes aux envoyés de Crésus
I.
Ô Osiris-Dionysos,
Ô Amon-Zeus,
Ô Toth-Hermès
Et toi, toujours silencieux, Sarapis !
Venez à moi, soutenez-moi
Dans mon souverain désarroi !
Je ne suis plus qu’une ombre flottante
Dans la terre du silence,
Une image qui s’en va de mon corps,
Une brève épitaphe écrite à la hâte,
Un nom qui erre!
Pauvre petite stèle votive
Au bord d’une route oubliée !
Hier encore,
Je me baignais
Dans les eaux remuantes du Nil,
Je respirais les narcisses,
Je riais écoutant la querelle des oiseaux
Dans les hauts papyrus !
Mais à présent, à présent !...
Je ne suis qu’une triple absence,
Un vague murmure,
Mots et soupirs devenus
Des ombres ténues en allée,
Un adieu !
Rien qu’un adieu !...
II.
Ah, mon petit Eutychès,
Toi, mon enfant
Qui a vécu là,
Là-bas,
En ces temps !...
Toi, mon jeune frère inconnu,
Poids léger du souvenir,
Visage mordu par la mort,
Chant tombé
Dans le mutisme obstiné de l’air !
III.
Mon cœur veut extraire
Ton visage aux îles flottantes des siècles,
A la compacité de l’oubli !
Arracher ton rire insouciant
Au flux irréversible du temps,
A la scansion muette des sables !
Te livrer
A la joie déclose,
Au chant ouvert du matin !
Je veux, mon enfant,
Par la douceur de l’amour,
Par la profondeur de la tendresse
Faire remonter ta vie
A la vie !
Athanase Vantchev de Thracy
Rueil-Malmaison, ce samedi 2 août, Anno Domini MMVIII
Glose :
Delphes : est le site d'un important sanctuaire panhellénique, c’est-à-dire de tous les Grecs ou Hellènes. Il est dédié au dieu Apollon Pythien et caractérisé par la présence d'un oracle. Delphes se trouve en Phocide.
Le nom de Delphes (pluriel Δελφοί / Delphoí) vient du mot dauphin (δελφίς / delphís) : dans la poésie homérique, Apollon aurait pris la forme de cet animal pour attirer les marins crétois chargés d'instaurer son culte sur le site.
Les traces les plus anciennes d'une occupation humaine dans la région de Delphes remontent au paléolithique.
Sur le site du sanctuaire, un village modeste datant de 1400 av. J.-C. environ a été reconnu: ce site, nommé Pythô (Πυθώ et Πυθών dans L’Iliade (II, 519 et IX, 405) et dans L’Odyssée (VIII, 80), est abandonné entre 1100 environ et 800 av. J.-C. Le sanctuaire se développe probablement à partir de cette date, avec l’apparition d’un premier autel et d'un premier temple, que la tradition delphique et la tradition antique placent sur une pente où se serait trouvée une fissure naturelle exhalant des vapeurs (Strabon, IX, 3, 5).
C'est surtout entre le milieu du VIIIe siècle av. J.-C. et le milieu du VIIe siècle av. J.-C., qu'Apollon Pythien gagne une notoriété importante : il est le patron des entreprises coloniales effectuées durant cette période.
On attribue la destruction du temple au tremblement de terre de 373 av. J.-C., mais la catastrophe, provoquée par un glissement de terrain, fut assez limitée. Perdant son importance politique et surtout son autonomie à partir du Ive siècle av. J.-C., le site entame un long déclin, marqué par les troubles politique qui agitent la Grèce. Le IIIe siècle est celui de la mainmise de la Confédération étolienne, dont les troupes ont repoussé près de Delphes les envahisseurs Galates en 273 av. J.-C. Après la conquête de la Grèce par Rome (le pilier de Paul-Émile commémore la défaite du dernier roi macédonien Persée), peu d'édifices importants seront construits, si ce n'est le stade refait par Hérode Atticus.
En 392, l'interdiction des cultes païens dans l'Empire romain par l'Edit de Théodose, marque la fin officielle du culte d'Apollon Pythien. Une ville chrétienne s'installe alors dans le sanctuaire (églises, villas importantes), puis disparaît probablement au 7e ou 8e siècle. Le site est abandonné et les ruines sont progressivement recouvertes. Cyriaque d'Ancône visite Delphes au XVe siècle.
L'oracle d'Apollon Pythien: Apollon lui-même aurait fondé le sanctuaire de Delphes après avoir construit le temple de Délos. Le sanctuaire était alors gardé par un serpent nommé Python, fils de Gaïa (la Terre) et un oracle consacré à Thémis. Apollon, désireux d'établir un oracle pour guider les hommes, tua Python avec son arc et s'appropria l'oracle. (Hymnes homériques). Pour faire venir ses prêtres, il détourna un bateau crétois.
Selon une autre tradition, que suit Eschyle et dont la musique a été gravée sur un mur du Trésor des Athéniens (à Delphes), l'oracle a d'abord été celui de la Terre, puis celui de divinités féminines successives pour enfin être transmis à Apollon.
Le sanctuaire de Delphes, en effet, est « oraculaire » : la parole du dieu y est transmise aux hommes par l'intermédiaire de la Pythie, dont la tradition antique fait une jeune vierge inculte, installée sur un trépied placé dans une fosse oraculaire,l’adyton, juste au-dessus d'une fissure d'où les Anciens pensaient qu'émanaient des vapeurs toxiques ; la Pythie tient une branche de laurier (l'arbre du dieu Apollon) et une phiale, récipient plat dépourvu d'anses, servant aux libations).
La consultation de l'oracle était au départ annuelle : elle avait lieu le sept du mois Byzios (février-mars), jour de la fête d'Apollon. Elle se fit ensuite le sept de chaque mois durant la période de neuf mois où Apollon était censé occuper le site : ce jour fut nommé polyphthoos, « jour des multiples questions ».
Des rites précédaient la consultation : ils étaient accomplis en fonction de la prophétesse et requéraient la présence de deux prêtres. Ces derniers exerçaient leur charge à vie et étaient secondés par cinq hosioi qui maintenaient le culte, et deux prophètes.
Un de ces derniers assistait la Pythie, notamment en traduisant ses paroles afin que l’oracle rendu soit compréhensible. Les réponses du dieu étaient transmises en prose et en vers sous forme d’hexamètres. Dans le détail, on ignore si la Pythie était visible, aucun témoignage digne de confiance n'étant explicite sur la question. La tradition la plus courante rapporte cependant que la Pythie aurait été cachée par un voile et que le consultant ne pouvait la voir.
Crésus fils d’Alyatte II (596-547 av. J.-C.) : dernier roi de Lydie (561-547 av. J.-C.), de la lignée des Mermnades, il est célèbre par ses richesses. Il partagea son règne entre les plaisirs, la guerre et les arts. Il conquit la Pamphylie, la Mysie et la Phrygie jusqu’à l’Halys. Sa cour à Sarde, capitale de son royaume, était le rendez-vous des philosophes et des gens de lettres.
Crésus ne jouit pas longtemps de son bonheur : Atys, son unique fils, fut victime d'un accident de chasse, tué par la javeline du Phrygien Adraste ; s'étant allié aux Egyptiens contre Cyrus, , il fut battu à la bataille de Thymbrée, puis assiégé dans Sardes ; bientôt même la ville fut prise d'assaut (548 av. J.-C.), et Crésus fait prisonnier. Il fut conduit devant Cyrus, qui fit élever un bûcher pour l'y brûler. Alors, reconnaissant la vérité de ce que Solon lui avait dit, il s'écria : « O Solon, Solon ! » Cette parole, remarquée par Cyrus, lui sauva la vie : car, dès qu'il eut expliqué au vainqueur ce qui le faisait parler ainsi, Cyrus, frappé de l'instabilité des choses humaines, le fit retirer du bûcher. Il le garda auprès de lui et l'honora même de sa confiance.
Sarapis ou Sérapis (en Σάραπις / Sárapis) est un dieu égyptien, créé par les Lagides, mélange d'Osiris et d’Apis. En fait, le nom de ce dieu est apparu sur un malentendu : le taureau Api (Apis) était une manifestation terrestre du dieu Oser (Osiris). On procédait donc à un culte d'Oser-Api. Mais en grec, le « o » est un article, et les prêtres grecs ont donc transformé Oser-Api en « O Serapis », « le » Serapis.
Compacité (n.f.) : caractère de ce qui est compact. Compact, e (adj.) : emprunté du latin compactus, « serré », « bien assemblée », participe passé du verbe compingere, « réunir ensemble ».
IL Y A DEUX MILLE ANS
A mort frère Slave-Eudoxe, mort tout jeune…
« Je comprends les muets ; j’entends ceux qui ne parlent pas »
Paroles de l’oracle de Delphes aux envoyés de Crésus
I.
Ô Osiris-Dionysos,
Ô Amon-Zeus,
Ô Toth-Hermès
Et toi, toujours silencieux, Sarapis !
Venez à moi, soutenez-moi
Dans mon souverain désarroi !
Je ne suis plus qu’une ombre flottante
Dans la terre du silence,
Une image qui s’en va de mon corps,
Une brève épitaphe écrite à la hâte,
Un nom qui erre!
Pauvre petite stèle votive
Au bord d’une route oubliée !
Hier encore,
Je me baignais
Dans les eaux remuantes du Nil,
Je respirais les narcisses,
Je riais écoutant la querelle des oiseaux
Dans les hauts papyrus !
Mais à présent, à présent !...
Je ne suis qu’une triple absence,
Un vague murmure,
Mots et soupirs devenus
Des ombres ténues en allée,
Un adieu !
Rien qu’un adieu !...
II.
Ah, mon petit Eutychès,
Toi, mon enfant
Qui a vécu là,
Là-bas,
En ces temps !...
Toi, mon jeune frère inconnu,
Poids léger du souvenir,
Visage mordu par la mort,
Chant tombé
Dans le mutisme obstiné de l’air !
III.
Mon cœur veut extraire
Ton visage aux îles flottantes des siècles,
A la compacité de l’oubli !
Arracher ton rire insouciant
Au flux irréversible du temps,
A la scansion muette des sables !
Te livrer
A la joie déclose,
Au chant ouvert du matin !
Je veux, mon enfant,
Par la douceur de l’amour,
Par la profondeur de la tendresse
Faire remonter ta vie
A la vie !
Athanase Vantchev de Thracy
Rueil-Malmaison, ce samedi 2 août, Anno Domini MMVIII
Glose :
Delphes : est le site d'un important sanctuaire panhellénique, c’est-à-dire de tous les Grecs ou Hellènes. Il est dédié au dieu Apollon Pythien et caractérisé par la présence d'un oracle. Delphes se trouve en Phocide.
Le nom de Delphes (pluriel Δελφοί / Delphoí) vient du mot dauphin (δελφίς / delphís) : dans la poésie homérique, Apollon aurait pris la forme de cet animal pour attirer les marins crétois chargés d'instaurer son culte sur le site.
Les traces les plus anciennes d'une occupation humaine dans la région de Delphes remontent au paléolithique.
Sur le site du sanctuaire, un village modeste datant de 1400 av. J.-C. environ a été reconnu: ce site, nommé Pythô (Πυθώ et Πυθών dans L’Iliade (II, 519 et IX, 405) et dans L’Odyssée (VIII, 80), est abandonné entre 1100 environ et 800 av. J.-C. Le sanctuaire se développe probablement à partir de cette date, avec l’apparition d’un premier autel et d'un premier temple, que la tradition delphique et la tradition antique placent sur une pente où se serait trouvée une fissure naturelle exhalant des vapeurs (Strabon, IX, 3, 5).
C'est surtout entre le milieu du VIIIe siècle av. J.-C. et le milieu du VIIe siècle av. J.-C., qu'Apollon Pythien gagne une notoriété importante : il est le patron des entreprises coloniales effectuées durant cette période.
On attribue la destruction du temple au tremblement de terre de 373 av. J.-C., mais la catastrophe, provoquée par un glissement de terrain, fut assez limitée. Perdant son importance politique et surtout son autonomie à partir du Ive siècle av. J.-C., le site entame un long déclin, marqué par les troubles politique qui agitent la Grèce. Le IIIe siècle est celui de la mainmise de la Confédération étolienne, dont les troupes ont repoussé près de Delphes les envahisseurs Galates en 273 av. J.-C. Après la conquête de la Grèce par Rome (le pilier de Paul-Émile commémore la défaite du dernier roi macédonien Persée), peu d'édifices importants seront construits, si ce n'est le stade refait par Hérode Atticus.
En 392, l'interdiction des cultes païens dans l'Empire romain par l'Edit de Théodose, marque la fin officielle du culte d'Apollon Pythien. Une ville chrétienne s'installe alors dans le sanctuaire (églises, villas importantes), puis disparaît probablement au 7e ou 8e siècle. Le site est abandonné et les ruines sont progressivement recouvertes. Cyriaque d'Ancône visite Delphes au XVe siècle.
L'oracle d'Apollon Pythien: Apollon lui-même aurait fondé le sanctuaire de Delphes après avoir construit le temple de Délos. Le sanctuaire était alors gardé par un serpent nommé Python, fils de Gaïa (la Terre) et un oracle consacré à Thémis. Apollon, désireux d'établir un oracle pour guider les hommes, tua Python avec son arc et s'appropria l'oracle. (Hymnes homériques). Pour faire venir ses prêtres, il détourna un bateau crétois.
Selon une autre tradition, que suit Eschyle et dont la musique a été gravée sur un mur du Trésor des Athéniens (à Delphes), l'oracle a d'abord été celui de la Terre, puis celui de divinités féminines successives pour enfin être transmis à Apollon.
Le sanctuaire de Delphes, en effet, est « oraculaire » : la parole du dieu y est transmise aux hommes par l'intermédiaire de la Pythie, dont la tradition antique fait une jeune vierge inculte, installée sur un trépied placé dans une fosse oraculaire,l’adyton, juste au-dessus d'une fissure d'où les Anciens pensaient qu'émanaient des vapeurs toxiques ; la Pythie tient une branche de laurier (l'arbre du dieu Apollon) et une phiale, récipient plat dépourvu d'anses, servant aux libations).
La consultation de l'oracle était au départ annuelle : elle avait lieu le sept du mois Byzios (février-mars), jour de la fête d'Apollon. Elle se fit ensuite le sept de chaque mois durant la période de neuf mois où Apollon était censé occuper le site : ce jour fut nommé polyphthoos, « jour des multiples questions ».
Des rites précédaient la consultation : ils étaient accomplis en fonction de la prophétesse et requéraient la présence de deux prêtres. Ces derniers exerçaient leur charge à vie et étaient secondés par cinq hosioi qui maintenaient le culte, et deux prophètes.
Un de ces derniers assistait la Pythie, notamment en traduisant ses paroles afin que l’oracle rendu soit compréhensible. Les réponses du dieu étaient transmises en prose et en vers sous forme d’hexamètres. Dans le détail, on ignore si la Pythie était visible, aucun témoignage digne de confiance n'étant explicite sur la question. La tradition la plus courante rapporte cependant que la Pythie aurait été cachée par un voile et que le consultant ne pouvait la voir.
Crésus fils d’Alyatte II (596-547 av. J.-C.) : dernier roi de Lydie (561-547 av. J.-C.), de la lignée des Mermnades, il est célèbre par ses richesses. Il partagea son règne entre les plaisirs, la guerre et les arts. Il conquit la Pamphylie, la Mysie et la Phrygie jusqu’à l’Halys. Sa cour à Sarde, capitale de son royaume, était le rendez-vous des philosophes et des gens de lettres.
Crésus ne jouit pas longtemps de son bonheur : Atys, son unique fils, fut victime d'un accident de chasse, tué par la javeline du Phrygien Adraste ; s'étant allié aux Egyptiens contre Cyrus, , il fut battu à la bataille de Thymbrée, puis assiégé dans Sardes ; bientôt même la ville fut prise d'assaut (548 av. J.-C.), et Crésus fait prisonnier. Il fut conduit devant Cyrus, qui fit élever un bûcher pour l'y brûler. Alors, reconnaissant la vérité de ce que Solon lui avait dit, il s'écria : « O Solon, Solon ! » Cette parole, remarquée par Cyrus, lui sauva la vie : car, dès qu'il eut expliqué au vainqueur ce qui le faisait parler ainsi, Cyrus, frappé de l'instabilité des choses humaines, le fit retirer du bûcher. Il le garda auprès de lui et l'honora même de sa confiance.
Sarapis ou Sérapis (en Σάραπις / Sárapis) est un dieu égyptien, créé par les Lagides, mélange d'Osiris et d’Apis. En fait, le nom de ce dieu est apparu sur un malentendu : le taureau Api (Apis) était une manifestation terrestre du dieu Oser (Osiris). On procédait donc à un culte d'Oser-Api. Mais en grec, le « o » est un article, et les prêtres grecs ont donc transformé Oser-Api en « O Serapis », « le » Serapis.
Compacité (n.f.) : caractère de ce qui est compact. Compact, e (adj.) : emprunté du latin compactus, « serré », « bien assemblée », participe passé du verbe compingere, « réunir ensemble ».
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