JOUR CEREMONIEL
A Kevin
« Quel mois ? quel jour ? quelle heure ? quel endroit du monde ?
et qui suis-je ? et quel est mon nom ? »
Erik Lindorm
I.
La chaude écriture de l’alouette
Sur le ciel resplendissant du midi
Qu’un petit vent amoureux, venu des montagnes,
S’empresse de lire.
En bas, les blés d’or dans la plaine
Modulent sur leurs harpes
Le chant haletant de la terre qui excède
Les limites de l’entendement !
II.
Ô mon Ami,
Laisse tes mains reposer sur mon visage,
Raconte-moi les aventures d’Apollon
Qui dort avec les autres bergers
Dans l’étable du roi thessalien.
Enveloppe mon âme du voile somptueux
De tes murmures !
Dis-moi des paroles scintillantes
Comme la lourde
Chasuble chamarrée des jardins.
Dis-moi des mots pleins d’éternité
Pour que, cette nuit, enchanté,
Mon coeur puisse retrouver
Le chemin qui mène à la maison !
III.
Ne suis-je pas le ménétrier
Qui erre de pays en pays,
Dansant et faisant tinter les clochettes d’argent,
Versant
Des gestes antiques
Dans l’âme assoiffée de Beauté
Des gens ?
Ami,
Ne suis-je pas le poème
Qui sauve ce jour cérémoniel
De l’effondrement ?
Athanase Vantchev de Thracy
Rueil-Malmaison, ce dimanche 24 août, Anno Christi MMVIII
Glose :
Erik Lindorm (1889-1941) : poète et journaliste suédois, considéré en son temps comme le plus brillant chroniqueur de la presse. Mais Lindorm est avant tout l’auteur de poèmes d’un accent très personnel, dépouillés de toute rhétorique et doué d’un puissant lyrisme. L’un des premiers en date de ceux qu’on nomme en Scandinavie les « poètes prolétaires ». Lindorm est aussi l’un des rares poètes suédois ayant écrit de véritables poèmes d’amour.
Apollon ou Apollon Phoibos (Phébus) : fils de Jupiter et de Latone, frère jumeau de Diane, Apollon ou Phébus naquit dans l'île flottante de Délos, qui, à partir de ce moment, devient stable et immobile par la volonté du jeune dieu ou la faveur de Neptune. Dès son adolescence, il prit son carquois et ses terribles flèches, et vengea sa mère du serpent Python, par lequel elle avait été si obstinément poursuivie. Le serpent fut tué, écorché, et sa peau servit à couvrir le trépied sur lequel s'asseyait la Pythonisse de Delphes pour rendre ses oracles. D'un visage rayonnant de beauté, avec une chevelure blonde qui tombait en boucles gracieuses sur ses épaules, d'une taille haute et dégagée, d'une attitude et d'une démarche séduisantes, il aima la nymphe Coronis, qui le rendit père d'Esculape. Ce fils d'Apollon, qui excellait dans la médecine, ayant usé des secrets de son art pour ressusciter Hippolyte, sans l'assentiment des dieux, fut foudroyé par Jupiter. Apollon, furieux, perce de ses flèches les Cyclopes, qui avaient forgé la foudre. Cette vengeance, regardée comme un attentat, le fit chasser de l'Olympe. Exilé du ciel, condamné à vivre sur la terre, Apollon se réfugia chez Admète, roi de Thessalie, dont il garda les troupeaux. Tel était le charme qu'il exerçait autour de lui dans les campagnes, si nombreux étaient les agréments dont il embellissait la vie champêtre, que les dieux mêmes devinrent alors jaloux des bergers.
Chasuble (n.f.) : du bas latin casula, lui-même de casa, « maison ». Vêtement de dessus
que l’on enfile par la tête.En effet, la chasuble, qui enveloppait complètement celui qui la portait, évoquait une maisonnette ou une tente. C’était, aux premiers siècles, un vêtement d’usage profane. Pour les cérémonies liturgiques, une casula spéciale était utilisée. Peu à peu, elle devint le vêtement propre au clergé, sans être réservée à tel ou tel ordre : même les acolytes la portent. Ce n’est qu’assez tardivement que la chasuble devint l’ornement réservé aux évêques et aux prêtres pour la célébration de la messe. La fabrication de chasubles
a donné lieu à de nombreux chefs-d’œuvre dans le domaine de la broderie ; elle est encore utilisée dans quelques pays, dont l’Italie.
Le prêtre reçoit la chasuble au cours de la cérémonie de son ordination, après l’onction des mains. La chasuble se met au-dessus de l’aube et de l’étole. C’est le vêtement normal du célébrant à la messe ; lors d’une concélébration, le célébrant principal, au moins, la porte.
Revêtu de la chasuble, le prêtre « endosse » le Christ, en la personne de qui il agit.
Chamarré, e (adj. et participe passé) : chargé d’ornements, souvent très colorés. Bariolé, bigarré, multicolore. Chamarrer (verbe) : orner un habit, un meuble, de passements, de dentelles, de galons, de bandes de velours, etc. Chamarrer une casaque. Chamarrer un habit. Chamarrer un corps de jupe. Chamarrer un meuble de galons d'or, le chamarrer tant plein que vide.
Geste (n.f.) : dans les dernières années du XIe siècle apparaissent à peu près simultanément deux formes littéraires très différentes, mais qui toutes deux rompent nettement avec les modèles que pouvaient offrir les lettres latines, et qui toutes deux allaient constituer pour un temps les manifestations essentielles de la littérature romane : la chanson de geste en langue d'oïl et la poésie lyrique des troubadours en langue d'oc. La plus ancienne chanson de geste, La chanson de Roland dans la version du manuscrit d'Oxford, date sans doute des alentours de 1098 et le premier troubadour, le comte de Poitiers et duc d'Aquitaine Guillaume IX, a vécu de 1071 à 1127.
Définition et nature du genre :
Les chansons de geste sont des poèmes narratifs chantés - comme leur nom l'indique - qui traitent de hauts faits du passé - comme leur nom l'indique également. Le mot geste est issu du participe passé au neutre pluriel du verbe gerere qui signifie « faire ». Ainsi, le terme gesta signifie « les choses faites », d’où les « exploits ».
Ces poèmes ont une forme particulière : ils sont composés de laisses (strophes de longueurs irrégulières) homophones et assonancées. Le mètre employé est le décasyllabe à césure mineure (4/6) ou, moins souvent, majeure (6/4). Vers la fin du XIIe, la mode de l'alexandrin concurrencera le décasyllabe. Mais au XVIe siècle encore le décasyllabe est senti comme le mètre épique par excellence, puisque c'est lui que choisit Ronsard pour sa Franciade.
dimanche 24 août 2008
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