LA PLAINTE DU JEUNE EUTYCHES, MORT A 12 ANS,
IL Y A DEUX MILLE ANS
A mort frère Slave-Eudoxe, mort tout jeune…
« Je comprends les muets ; j’entends ceux qui ne parlent pas »
Paroles de l’oracle de Delphes aux envoyés de Crésus
I.
Ô Osiris-Dionysos,
Ô Amon-Zeus,
Ô Toth-Hermès
Et toi, toujours silencieux, Sarapis !
Venez à moi, soutenez-moi
Dans mon souverain désarroi !
Je ne suis plus qu’une ombre flottante
Dans la terre du silence,
Une image qui s’en va de mon corps,
Une brève épitaphe écrite à la hâte,
Un nom qui erre!
Pauvre petite stèle votive
Au bord d’une route oubliée !
Hier encore,
Je me baignais
Dans les eaux remuantes du Nil,
Je respirais les narcisses,
Je riais écoutant la querelle des oiseaux
Dans les hauts papyrus !
Mais à présent, à présent !...
Je ne suis qu’une triple absence,
Un vague murmure,
Mots et soupirs devenus
Des ombres ténues en allée,
Un adieu !
Rien qu’un adieu !...
II.
Ah, mon petit Eutychès,
Toi, mon enfant
Qui a vécu là,
Là-bas,
En ces temps !...
Toi, mon jeune frère inconnu,
Poids léger du souvenir,
Visage mordu par la mort,
Chant tombé
Dans le mutisme obstiné de l’air !
III.
Mon cœur veut extraire
Ton visage aux îles flottantes des siècles,
A la compacité de l’oubli !
Arracher ton rire insouciant
Au flux irréversible du temps,
A la scansion muette des sables !
Te livrer
A la joie déclose,
Au chant ouvert du matin !
Je veux, mon enfant,
Par la douceur de l’amour,
Par la profondeur de la tendresse
Faire remonter ta vie
A la vie !
Athanase Vantchev de Thracy
Rueil-Malmaison, ce samedi 2 août, Anno Domini MMVIII
Glose :
Delphes : est le site d'un important sanctuaire panhellénique, c’est-à-dire de tous les Grecs ou Hellènes. Il est dédié au dieu Apollon Pythien et caractérisé par la présence d'un oracle. Delphes se trouve en Phocide.
Le nom de Delphes (pluriel Δελφοί / Delphoí) vient du mot dauphin (δελφίς / delphís) : dans la poésie homérique, Apollon aurait pris la forme de cet animal pour attirer les marins crétois chargés d'instaurer son culte sur le site.
Les traces les plus anciennes d'une occupation humaine dans la région de Delphes remontent au paléolithique.
Sur le site du sanctuaire, un village modeste datant de 1400 av. J.-C. environ a été reconnu: ce site, nommé Pythô (Πυθώ et Πυθών dans L’Iliade (II, 519 et IX, 405) et dans L’Odyssée (VIII, 80), est abandonné entre 1100 environ et 800 av. J.-C. Le sanctuaire se développe probablement à partir de cette date, avec l’apparition d’un premier autel et d'un premier temple, que la tradition delphique et la tradition antique placent sur une pente où se serait trouvée une fissure naturelle exhalant des vapeurs (Strabon, IX, 3, 5).
C'est surtout entre le milieu du VIIIe siècle av. J.-C. et le milieu du VIIe siècle av. J.-C., qu'Apollon Pythien gagne une notoriété importante : il est le patron des entreprises coloniales effectuées durant cette période.
On attribue la destruction du temple au tremblement de terre de 373 av. J.-C., mais la catastrophe, provoquée par un glissement de terrain, fut assez limitée. Perdant son importance politique et surtout son autonomie à partir du Ive siècle av. J.-C., le site entame un long déclin, marqué par les troubles politique qui agitent la Grèce. Le IIIe siècle est celui de la mainmise de la Confédération étolienne, dont les troupes ont repoussé près de Delphes les envahisseurs Galates en 273 av. J.-C. Après la conquête de la Grèce par Rome (le pilier de Paul-Émile commémore la défaite du dernier roi macédonien Persée), peu d'édifices importants seront construits, si ce n'est le stade refait par Hérode Atticus.
En 392, l'interdiction des cultes païens dans l'Empire romain par l'Edit de Théodose, marque la fin officielle du culte d'Apollon Pythien. Une ville chrétienne s'installe alors dans le sanctuaire (églises, villas importantes), puis disparaît probablement au 7e ou 8e siècle. Le site est abandonné et les ruines sont progressivement recouvertes. Cyriaque d'Ancône visite Delphes au XVe siècle.
L'oracle d'Apollon Pythien: Apollon lui-même aurait fondé le sanctuaire de Delphes après avoir construit le temple de Délos. Le sanctuaire était alors gardé par un serpent nommé Python, fils de Gaïa (la Terre) et un oracle consacré à Thémis. Apollon, désireux d'établir un oracle pour guider les hommes, tua Python avec son arc et s'appropria l'oracle. (Hymnes homériques). Pour faire venir ses prêtres, il détourna un bateau crétois.
Selon une autre tradition, que suit Eschyle et dont la musique a été gravée sur un mur du Trésor des Athéniens (à Delphes), l'oracle a d'abord été celui de la Terre, puis celui de divinités féminines successives pour enfin être transmis à Apollon.
Le sanctuaire de Delphes, en effet, est « oraculaire » : la parole du dieu y est transmise aux hommes par l'intermédiaire de la Pythie, dont la tradition antique fait une jeune vierge inculte, installée sur un trépied placé dans une fosse oraculaire,l’adyton, juste au-dessus d'une fissure d'où les Anciens pensaient qu'émanaient des vapeurs toxiques ; la Pythie tient une branche de laurier (l'arbre du dieu Apollon) et une phiale, récipient plat dépourvu d'anses, servant aux libations).
La consultation de l'oracle était au départ annuelle : elle avait lieu le sept du mois Byzios (février-mars), jour de la fête d'Apollon. Elle se fit ensuite le sept de chaque mois durant la période de neuf mois où Apollon était censé occuper le site : ce jour fut nommé polyphthoos, « jour des multiples questions ».
Des rites précédaient la consultation : ils étaient accomplis en fonction de la prophétesse et requéraient la présence de deux prêtres. Ces derniers exerçaient leur charge à vie et étaient secondés par cinq hosioi qui maintenaient le culte, et deux prophètes.
Un de ces derniers assistait la Pythie, notamment en traduisant ses paroles afin que l’oracle rendu soit compréhensible. Les réponses du dieu étaient transmises en prose et en vers sous forme d’hexamètres. Dans le détail, on ignore si la Pythie était visible, aucun témoignage digne de confiance n'étant explicite sur la question. La tradition la plus courante rapporte cependant que la Pythie aurait été cachée par un voile et que le consultant ne pouvait la voir.
Crésus fils d’Alyatte II (596-547 av. J.-C.) : dernier roi de Lydie (561-547 av. J.-C.), de la lignée des Mermnades, il est célèbre par ses richesses. Il partagea son règne entre les plaisirs, la guerre et les arts. Il conquit la Pamphylie, la Mysie et la Phrygie jusqu’à l’Halys. Sa cour à Sarde, capitale de son royaume, était le rendez-vous des philosophes et des gens de lettres.
Crésus ne jouit pas longtemps de son bonheur : Atys, son unique fils, fut victime d'un accident de chasse, tué par la javeline du Phrygien Adraste ; s'étant allié aux Egyptiens contre Cyrus, , il fut battu à la bataille de Thymbrée, puis assiégé dans Sardes ; bientôt même la ville fut prise d'assaut (548 av. J.-C.), et Crésus fait prisonnier. Il fut conduit devant Cyrus, qui fit élever un bûcher pour l'y brûler. Alors, reconnaissant la vérité de ce que Solon lui avait dit, il s'écria : « O Solon, Solon ! » Cette parole, remarquée par Cyrus, lui sauva la vie : car, dès qu'il eut expliqué au vainqueur ce qui le faisait parler ainsi, Cyrus, frappé de l'instabilité des choses humaines, le fit retirer du bûcher. Il le garda auprès de lui et l'honora même de sa confiance.
Sarapis ou Sérapis (en Σάραπις / Sárapis) est un dieu égyptien, créé par les Lagides, mélange d'Osiris et d’Apis. En fait, le nom de ce dieu est apparu sur un malentendu : le taureau Api (Apis) était une manifestation terrestre du dieu Oser (Osiris). On procédait donc à un culte d'Oser-Api. Mais en grec, le « o » est un article, et les prêtres grecs ont donc transformé Oser-Api en « O Serapis », « le » Serapis.
Compacité (n.f.) : caractère de ce qui est compact. Compact, e (adj.) : emprunté du latin compactus, « serré », « bien assemblée », participe passé du verbe compingere, « réunir ensemble ».
samedi 2 août 2008
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