lundi 18 février 2013

AH, TOUT VIENT SI SUBITEMENT



AH, TOUT VIENT SI SUBITEMENT

À Robert Walser

La nuit est douce comme une caresse languide !
Les fleurs du vase, remplies d’humilité,
Accueillent avec frisson son infinie beauté
Et disent au bleu silence leur gratitude candide !

Et tout est paix légère, et tout est harmonie
Dans la vieille maison où l’âme à l’âme s’unit !
Dehors, un cœur en peine s’en va dans les allées
Cherchant en vain une main brûlante d’amitié !

            Athanase Vantchev de Thracy

Glose :

Robert Walser (1878-1956) : écrivain et poète suisse de langue allemande. Issu d'une famille de huit enfants, Walser quitte l'école à quatorze ans et le domicile familial à dix-sept. Il voyage beaucoup et s'essaie sans succès au théâtre. Son existence au début de sa vie d'adulte lui fait alterner emplois alimentaires et création poétique : Walser exerce de nombreux métiers (domestique, secrétaire, employé de banque) qui lui inspireront certains de ses plus grands textes.

Il commence à publier des poèmes et des nouvelles dès 1898. Son premier texte en prose, Les Rédactions de Fritz Kocher, paraît en 1904. Mais le succès, ou du moins la possibilité de vivre de sa plume, se fait attendre. Il loge à Berlin chez son frère, le peintre Karl Walser, dont il dressera un portrait doux-amer dans la nouvelle Une vie de peintre. Entre 1907 et 1909, il rédige et publie trois romans : Les Enfants Tanner (Geschwister Tanner), Le Commis (Der Gehülfe) et L'Institut Benjamenta. Un recueil des poèmes de jeunesse paraît également en 1909.

Il obtient un vif succès dans le milieu littéraire berlinois et recueille l'admiration des plus grands écrivains de l'époque, dont Robert Musil. À Prague, le jeune Kafka se dit fasciné et marqué par son talent. Cependant, Walser fuit Berlin pour s'installer à Bienne en 1913. Les raisons de son retour en Suisse sont mystérieuses. Il l'explique par son besoin de calme et de sérénité pour écrire. En réalité, il semble avoir traversé une période de dépression. Pendant les sept années biennoises, Walser publie 9 livres, essentiellement des recueils de proses brèves ou de nouvelles - Histoires (Geschichten) en 1914, Vie de poète (Poetenleben) en 1917, La Promenade (Der Spaziergang) en 1920. En 1921, Robert Walser s'installe à Berne. Même s'il vit en marge de la société, les années 1924 à 1933 comptent parmi les plus fécondes de l'écrivain. De Berlin à Prague et Zurich, des centaines de ses petites proses, poèmes et scènes dialoguées paraissent dans la plupart des grands journaux du monde germanophone. Un dernier recueil de proses, La Rose (Die Rose), paraît en 1925. La grande masse des textes de Walser reste éparpillée et ne sera rassemblée qu'après la mort de l'écrivain.

En 1929, Walser entre dans la clinique psychiatrique de la Waldau, à Berne, où il poursuit son travail de "feuilletoniste". Il cessera d'écrire en 1933 après avoir été transféré contre son gré dans la clinique psychiatrique d'Herisau, où il séjournera jusqu'au jour de Noël 1956. Quittant la clinique pour une promenade dans la neige, il marchera jusqu'à l'épuisement et la mort. Son ami Carl Seelig a rendu compte des conversations menées avec l'écrivain pendant ces années de silence dans ses Promenades avec Robert Walser.

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