JOSQUIN DES PREZ
À Apolinaria
Lèvres incapables de prononcer en vain des
formules !...
Peut-être, ce soir, je ne prierai pas, Seigneur,
Mais il y aura dans tout mon être un tel abandon
Mon âme sera abîmée en d’ineffables pensées
Et mon cœur aura pour les pénombres
Des prévenances suprêmes.
Sous les greniers abondants et généreux de la nuit,
J’écouterai la sublime musique mystique de Josquin des
Prez !
Et mon corps, qui n’a jamais su peser la gravité
Du sang qui bat dans mes veines,
Sera si léger quand les joyeuses sylphides des notes le
porteront
Vers ce je-ne-sais-quoi d’irréversible, de raffiné,
d’involontaire, de divin
Sous le soyeux balancement des voiles nocturnes des
senteurs.
Athanase
Vantchev de Thracy
Paris, le 26 février 2013
Glose :
Pendant le XVIe siècle, Josquin a graduellement acquis la réputation de plus grand compositeur de l'époque. La maîtrise de sa technique et de son expression étaient universellement admirées et imitées. Des auteurs aussi divers que Baldassare Castiglione ou Martin Luther ont écrit au sujet de sa réputation et de sa renommée. Des théoriciens comme Glaréan et Gioseffo Zarlino ont jugé son style comme le meilleur représentant de la perfection.
Il était tellement admiré que beaucoup de compositions anonymes lui ont été attribuées par des copistes, probablement pour augmenter leurs ventes. Au moins 374 œuvres lui sont imparties ; c'est seulement à l'arrivée des méthodes modernes d'analyse que certaines de ces attributions erronées ont pu être révélées, sur la base de la comparaison avec les caractéristiques de son écriture. Le seul autographe qui nous soit parvenu est son nom, gravé à la main sur le mur de la chapelle Sixtine et nous ne connaissons qu'une mention relative à son caractère dans une lettre à Hercule Ier d’Este, duc de Ferrare. La vie de douzaines de compositeurs mineurs de la Renaissance est mieux documentée que celle de Josquin.
Il a écrit de la musique sacrée et profane dans toutes les formes vocales propres à l'époque. Elle comprend des messes, des motets, des chansons et des frottoles d’origine italienne. À l'époque moderne, les spécialistes ont cherché à compléter sa biographie.
Apolinaria :
du dieu grec Apollon. Prénom d’origine espagnole qui évoque le pouvoir de la
lumière solaire.
Dans le monde anglo-saxon, les sylphes évoquent le poème épique d'Alexandre Pope, The Rape of the Lock (La Boucle de cheveux enlevée), où ils constituent des sortes d'anges gardiens chargés de protéger les jeunes filles.
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