X.
TÊTE DE JEUNE FILLE
A Gerrit Van Honthorst
« Qualibet forma, quantum minus habet
hujus luminis per obumbrationem
materiae, tanto deformior est, et quanto plus habet hujus luminis per
elevationem supra materiam, tanto pulchrior est. »
(« Chaque
forme apparaît d’autant plus laide qu’elle participe moins de cette lumière, du
fait de l’obscurcissement provoqué par la matière, en revanche plus elle
possède de cette lumière en s’élevant au-dessus de la matière, plus elle est
belle. »)
Ulrich
Engelbert de Strasbourg,
Summa de bono
Visage d’eau calme, éclat, unicité parfaite
De la couleur qui cherche l’essence de la beauté,
Contours où le pinceau se fait éternité,
Clarté du cœur vierge, splendeur de l’âme muette !
Ô fête de l’innocence, triomphe de la pureté
Qui donne à ce sourire son charme évangélique
Et fait flotter dans l’air la lumière pudique
D’un rêve indéfini, d’un monde émerveillé !
Ce mariage sublime du jaune, du blanc, du bleu,
Le jeu vertigineux des somptueuses nuances,
Ainsi Pseudo-Denys chantait la transparence
Des corps irradiés par la splendeur de Dieu !
Amour, rédime mes mots et surélève mon chant,
Rallume l’ardeur céleste des signes clairvoyants !
Glose:
Gerrit (Gerhard) van Honthorst (Utrecht
1590 – id. 1656) : peintre hollandais. Pendant son séjour en Italie
(1610-1620), il étudia la peinture du Caravage et fut énormément influencé par
le style de cet artiste. Van Honthorst excella dans les tableaux de genre et
dans les scènes allégoriques. A son retour en Hollande, il fut chargé de la
décoration du palais Honselaarsdijk. En 1628, Charles Ier d’Angleterre l’invita
à Londres. Il y peignit une série de
portraits représentant le roi et plusieurs autres membres de la noblesse
anglaise. Une grande partie de ces tableaux se trouvent aujourd’hui à la National Gallery
de Londres. Honthorst décora également, à la demande de Charles Ier, le palais
de Whitehall, résidence principale des souverains d’Angleterre. Le peintre
travailla également pour la cour du Danemark. Voici quelques tableaux de ce
grand maître du baroque
hollandais : La Joueuse de guitare ; Le Christ avant la
prière ; Jeune homme jouant du violon à la lumière d’une bougie ; Le
Reniement de saint Pierre ; Le Concert ; Portrait de jeune femme en
bergère ; Portrait de femme, etc.
Ulrich Engelbert de Strasbourg (1220
-1277) : moine dominicain allemand, théologien et mystique, disciple
de saint Albert le Grand et auteur
d’un ouvrage capital sur la vie de prière, Summa
de Bono. Son enseignement fut
fortement marqué par le néo-platonisme. Deux autres mystiques allemands
appartiennent à la même école : Heidenricus
(mort en 1263) et Dietrich de
Fribourg (mort après 1310).
Pseudo-Denys (Ve -VIe siècle ap.
J.-C.) : nom donné à un auteur anonyme, un ecclésiastique grec,
chantre inégalé de la beauté. Il fut confondu par les anciens écrivains
chrétiens avec saint Denys l’Aréopagite
(Ier siècle ap. J.-C.), dont parlent les Actes des Apôtres (XVII, 34), Athénien, membre du conseil suprême
de la Cité. Profondément
bouleversé par les discours de saint Paul adressés aux habitants d’Athènes,
saint Denys l’Aréopagite embrassa avec joie le christianisme. Au IXe siècle,
Hilduin, abbé de Saint-Denis, établit un lien fantaisiste entre saint Denis, évêque de Paris (vers 250 ap.
J.-C.) et saint Denys l’Aréopagite. Il nous faut donc distinguer ces trois
éminents serviteurs de l’Eglise. Ce qui est étonnant, c’est qu’un auteur du
génie comme Pseudo-Denys, proclamé Père de l’Eglise, ait pu cacher son
identité. Il est l’auteur d’œuvres mystiques d’une profondeur
vertigineuse : Hiérarchie
céleste ; Hiérarchie ecclésiastique ; Noms divins ; Théologie
mystique. Pseudo-Denys exerça une influence décisive sur la théologie du
tout le Moyen Âge aussi bien en Occident qu’en Orient. Inspiré par la doctrine
de Plotin, ses écrits insistent inlassablement sur le fait que tous les êtres,
animés ou inanimés, participent de quelque façon non seulement à l’œuvre
divine, mais à Dieu lui-même. Ses pages uniques sur les anges et leur
hiérarchie sont devenues une source inépuisable de renseignements et
d’inspiration artistique. Pseudo-Denys
est le fondateur de la théologie de la beauté.
UKRAINIEN :
Х
ГОЛОВА ЮНКИ
Герріту Ван Гонтгорсту
«Qualibet forma, quantum minus habet hujus huminis per obumbrationem materiae, tanto deformior est, et quanto plus habet hujus luminis per elevationem supra materiam, tanto pulchior est».
(Кожна
форма здається тим потворнішою, що менше вона причащається світла, через дедалі
дужче затемнення матерією, натомість їй притаманне дедалі ясніше світло, коли
вона підноситься над матерією, і тим стає прекраснішою»).
Ульріх Енґельберт зі
Страсбурга
Обличчя тихих вод, єднання досконале
Світліні й кольорів – есенція краси,
Окреслив пензель вічний лет яси,
На чисте серце чар-душа опала.
Свята невинність, о звитяго чистоти
В усмішці по-євангельському гожа,
У віянні світіння заворожить
Неозоримим сном замріяні світи!
Шлюб узяли ця біль, ця синь у жовтизні,
У грі замлосній півтонів іскристих –
Так Діонісій виснив прозористі
Осяяні тіла в Господній вишині!
Любове, годі слів, ти співи пробуди,
Од вишніх зір жарінь ясну збуди!
Зі збірки
«Ліпоти»
(2012)
Traduit en ukrainien par Dmyro Tchystiak
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