EMBLEMES
"The crash of Nothing, yet of all
How similar appears"
("La chute de rien, et celle de tout –
Ne se distinguent guère »)
Emily Dickinson
I.
A Vâlmiki
Je m’éveille le matin,
Un moineau sautille joyeusement
De branche en branche –
Terre génitrice, ouvre tes bras,
Rends à mon cœur doré
L’inapprochable, la suprême gravité
De tes mystères.
Donne à tous ceux que j’aime,
Ö terre,
L’insubstituable,
L’immérité don de la vie !
II.
A Vyasa
Ô mes amis,
Des petits fragments de nos regards
S’édifient des palais de lumière.
Venez, approchez, amis de mes jours,
Parfumons nos mains de rosée,
Ornons de rayons de Vishâka nos doigts,
Imprimons la voix de l’aurore sur nos lèvres
Avant d’orner nos noms d’absolu !
III.
A Indra
Tu ruisselles dans mes rêves
Quand la vague susurrante vient
Toucher les cercles étoilés de la nuit.
Dans mon cœur ton verbe est roi,
C’est lui qui m’apprend que ce sont
Les petits riens qui réconcilient
Ma bouche avec les baisers.
Ô hôti, fête des couleurs,
Ô alpana, élégantes figures rituelles
Dessinées sur le sol avec la pâte de riz rose
En signe de bonheur infini !
Ô parfum fugace de dévotion !
Glose :
Emily Dickinson (Amherst, Massachusetts 1830 – id. 1886): poétesse américaine. Recluse, elle a écrit environ 1 800 poèmes brefs qui, à l'exception de 7 textes publiés de son vivant, ne paraîtront qu'après sa mort (1890, 1896, 1924), de même que certaines lettres (1895). Vouée à un solipsisme maladif, prisonnière des conventions calvinistes et victoriennes, obsédée par la mort, elle fait de tout élément de la vie un signe de la prédestination et un moyen de désigner l'au-delà. L'inspiration est chez elle illumination lyrique, unissant concret et abstrait, trivial et sublime dans un élan épiphanique. Les formes brèves et le laconisme figent l'instant dans une atemporalité morbide. Cet imaginaire contraint est cependant doué d'une énergie concentrée qui appelle la modernité – celle d'un moi ironique et lucide. Solipsisme (n.m.) : du latin solus, « seul » et ipse, « soi-même ») désigne, d'une part, l'attitude du sujet pensant, pour lequel sa conscience propre est l'unique réalité, les autres consciences, le monde extérieur n'étant que des représentations et, d'autre part, une théorie philosophique qui par l'abstraction du monde externe ou des perceptions qui en proviennent, place l'individu seul devant la seule connaissance de sa propre existence.
À côté d'une définition restrictive du solipsisme il y a lieu de faire place au sens ontologique. Seule la mort met en évidence et révèle l'irrémédiable solipsisme de tout existant. La vie est, en tous ses états, de l'homme à l'étoile, de la rose à l'univers, un phénomène solipsiste car la mort scelle dans l'abolissement solitaire et l'absence de sens toute tentative d'être.
Valmîki (Ve - IVe siècle av. J.-C.): sage hindou et premier poète classique brahmanique. On lui attribue le Râmâyana (La Geste de Rama), grande épopée sanskrite. Le Râmâyana vâlmîkien est divisé en sept kânda ou livres : Bâla, Ayodhyâ, Aralnya, Kiskindhyâ, Sundara, Yuddha et Uttara, et compte environ 24.000 sloka (strophe).
Le sujet en est une très ancienne légende populaire qui raconte l'histoire de Rama, héros au service du bien, modèle pour l'humanité : Râma est un prince de la dynastie solaire, qui incarne l'idéal des vertus familiales, chevaleresques et royales. Il est le redresseur des torts, le champion du Dhama (enseignement de Bouddha – la remarque est de moi). Exilé par la jalousie d'une marâtre au moment ou le roi d'Ayodhyâ, son père, s'apprêtait à le couronner, il se résigna noblement à sa disgrâce, et vécut dans la forêt avec son épouse Sîtâ et son jeune frère Laksmana qui avaient tout quitté pour le suivre. Il fit un carnage des démons Râksasa, ennemis des dieux et des brahmanes, qui hantaient ces parages. Le roi des Râksasa, Râvana, assoiffé de vengeance et séduit par la beauté de Sîtâ, enleva celle-ci et la retint prisonnière dans sa forteresse de Lankâ. Râma et Laksmana firent alors alliance avec les ours et les singes, qui avaient pour roi Sugrîva et pour champion Hanumat. Avec leur aide, Râma retrouva Sîtâ, franchit l'océan et mit le siège devant Lankâ. Après mainte féroce bataille entre singes et Râksasa, Râma tua Râksasa en combat singulier et reconquit Sîtâ. Avec elle, il retourna à Ayodhyâ et reprit sa place sur le trône que son frère Bharata, fils de sa marâtre, Kaikeyî, lui avait généreusement conservé.
Vyasa (IVe siècle av. J.-C.) : sage mystique et poète hindou, compilateur de la grande épopée le Mahabharata (littéralement La Grande Guerre des Bharatas). Vyasa est un surnom qui signifie « compilateur », « arrangeur ».
Le Mahabharata est la grande épopée hindoue qui raconte dans 106 000 vers répartis en 18 livres (parva) les hauts faits du roi Bharata et de ses descendants.
Le thème principal en est le combat entre deux familles qui descendent du même ancêtre, Bharata (qui signifie Inde) avec d'un côté les méchants Kaurava et de l'autre les bons Pândava. Dhritarâshtra était le fils aîné de Bharata. Il aurait dû normalement accéder au trône. Mais comme il était aveugle, le pouvoir fut donné à son frère cadet Pându. Pându eut 5 ou 6 fils dont Arjuna, le héros de la Bhagavad-Gîtâ. Dhritarâshtra l'aveugle, eut cent enfants dont Duryodhana.
Dhritarâshtra n'a jamais accepté la prééminence de son jeune frère Pându, et éleva ses fils dans la détermination qu'ils règneront un jour sur le monde à la place des Pândava. Dhritarâshtra tenta même d'attenter à leur vie et à celle de leur mère Prithâ ou Kuntî. Mais ces complots furent déjoués grâce à Krishna.
Krishna fit tout pour apaiser le conflit entre les Kaurava et les Pândava. Ne pouvant éviter la bataille, il tenta de la contrôler. Il ordonna à ses armées de rallier l'un des camps, tandis que lui-même alla à l'autre en tant que conseiller. Les Pândava et Arjuna choisissent Krishna et les armées de Krishna rejoignent Duryodhana.
Il s'agit donc d'une lutte fratricide à deux niveaux: d'une part les Kaurava et les Pândava descendent du même ancêtre, d'autre part Krishna combat contre sa propre armée. Par ailleurs, Arjuna et Krishna sont cousins.
Vishâka (n.f.) : en Inde, étoile de la constellation de la Balance.
Indra : nom du chef des dieux du panthéon brahmanique, représenté avec un vajra, arme de jet à « mille pointes ». Indra symbolise la virilité, la puissance, la jeunesse et préside aux sacrifices. Il anime la source de la vie cosmique, donne la pluie et représente la fécondité.
mardi 11 novembre 2008
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