A Joseph De Courtivron
« Parfois les pas du temps
S’arrêtent et le silence alors
S’installe… »
Zoé Karelli
Mais qu’est-ce donc qui nous fait pleurer la nuit
Devant une vielle photographie ?
Que payons-nous de nos âmes, de nos paupières,
Assis en face des racines du ciel ?
Un rêve tendre
Dans un autre rêve merveilleux évanoui ?
Nous qui savons que nous ne partons jamais
Tout en nous éloignant chaque jour de nous-mêmes,
Nous qui restons immortels
Tant que notre cœur reste aussi impalpable que le parfum
Des jacinthes posées sur la vieille commode,
Tant que notre âme habite
La chambre secrète de l’amour.
Mais qu’est-ce qui donc nous fait vibrer
A l’approche d’une voix adorée ?
Est-ce l’imprévisible scintillement
De son étrange destin,
Ou le rayonnement somptueux de sa joie ?
Ami,
Si loin demeure tout secret,
Si lointains sont en réalité
Les choses évidentes de la nature
Pour nous qui cherchons
La mesure juste, la clarté pure,
La beauté absolue d’un lieu immédiat !
La Beauté à laquelle tout être demeure
Divinement dévoué,
Car son essence,
Ami,
C’est la vie fébrile, la vie palpitante elle-même,
C’est l’air, l’eau, la lumière,
Le mortel, le dur, le périssable,
Touchés par la grâce
D’une parole axiale !
C’est l’immortel, l’éternel et le vrai,
Mon Ami,
C’est enfin l’infini
Dans sa plus libre substance !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 8 juillet, Anno Domini MMVIII
Glose :
Zoé Karelli (1901-1998) : poétesse grecque, issue d’une grande famille de Salonique. Ses poèmes, partagés entre l’élan de la sensualité et l’inquiétude religieuse, sont le journal intime d’une âme, un long questionnement, où les vivants semblent parfois moins vivants que les morts. Elle est l’auteur de 12 recueils de poésies. Zoé Karelli a également écrit des essais, dont un sur Claudel et un autre sur Beckett.
mardi 8 juillet 2008
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