QU’IL EST BEAU DE REVOIR NOS AMIS
A mon amie d’enfance Guita
(Margarita Mikhaïlovna Pouchkina)
« Et puis, caprice étrange,Je me surprends bénir Le beau jour, oh mon ange, Où tu m’as fait souffrir!... «
Lermontov
Je suis venu, mon amie ! Je repars joyeux !
Je me suis réchauffé à la lumière calme de tes yeux,
Au ciel bleu azur de ton sourire,
A la flamme délicate de tes mains !
Oui, mon amie !
Je me suis réchauffé
Au ruissellement léger de la beauté
Qui enveloppe tout ce qui vit autour de toi, en toi :
Le noyer centenaire,
Le sorbier frileux devant ta maison,
La matière, le bracelet de perles roses à ton poignet,
Le monde qui chante dans ta voix de campanules,
Le parfum de framboise sauvage de tes cheveux,
La grande journée flottant sur les cimes des pins
De la forêts envahie par le fleuve de l’été,
Les tulipes endormies
Dans le vase en céramique sur la commode de merisier,
La quiétude de miel qui règne
Dans l’air de ta demeure !
Je me suis réchauffé, mon amie !
Et je reviens chez moi
Avec la sublime foi
Dans l’origine divine
Des hommes simples, honnêtes, laborieux !
Demain, mon amie, je saurai mieux vivre,
Demain je saurai mieux aimer !
Ma patrie sera le monde
Et mon unique religion – faire du bien
A tout ce qui dans l’univers
Vit et respire !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 26 janvier 2009
Je dédie ce poème à Guita, à la première fille que j’ai embrassée !
Glose :
Mikhaïl Youriévitch Lermontov (en russe : Михаил Юрьевич Лермонтов – 1814-1841) : poète et romancier russe. Lermontov naquit à Moscou dans une famille d’ascendance écossaise (Learmount), et appartenait à la petite noblesse de la province de Toula. Il grandit dans le village de Tarkhanui, qui conserve ses restes. Il était de la même génération que les poètes Vassili Joukovski, Nicolas Gogol, Alexandre Pouchkine.
À cause de la mort prématurée de sa mère et du service militaire de son père, le soin de son enfance échut à sa grand-mère, qui n’épargna aucun effort pour lui donner la meilleure éducation qu’elle pouvait imaginer. L’atmosphère intellectuelle qu’il respira dans sa jeunesse différait peu de celle dans laquelle Pouchkine avait grandi, bien que la domination du français eût commencé à céder légèrement du terrain devant le goût pour l’anglais, à une époque où Lamartine était aussi populaire que Lord Byron.
Du lycée à Moscou, Lermontov passa à l’université en 1830, mais sa carrière s’y termina abruptement à cause du rôle qu’il joua dans certains actes d’insubordination vis-à-vis d'un enseignant contrariant. De 1830 à 1834, il alla à l’école des officiers de la Garde impériale de Saint-Pétersbourg, puis fut assigné à un régiment de hussards à Tsarskoïe Selo. Le jeune soldat exprima sa colère et celle de la nation face à la perte de Pouchkine (1837) dans un poème passionné adressé au tsar Nicolas Ier, La Mort du poète.
Le tsar, cependant, sembla trouver plus d’impertinence que d’inspiration dans cette adresse, puisque Lermontov fut aussitôt envoyé au Caucase comme officier de dragons. Il avait vécu au Caucase à dix ans avec sa grand-mère et se sentit chez lui. Il y fit la connaissance de décembristes bannis et d’intellectuels géorgiens rebelles.
Lermontov demeura à Saint-Pétersbourg de 1838 à 1839, puis fut renvoyé au Caucase à la suite d’un duel contre Ernest de Barante, fils de l’ambassadeur de France. C’est en 1839 qu’il écrivit le roman Un héros de notre temps, dont on dit qu’il fut à la source du duel avec Nicolaï Martynov, qui lui fut fatal en juillet 1841. Pour cette joute, il choisit exprès le bord d’un précipice, afin que si un quelconque combattant était blessé jusqu’à perdre pied, son destin fût scellé. Un duel dans des conditions similaires, entre le héros désabusé Piétchorine et le ridicule et méprisable Grouchnitski, est décrit dans Un héros de notre temps. Comme dans le cas de Pouchkine, les circonstances de la mort de Lermontov ne sont pas claires, ce qui a donné naissance à diverses théories, notamment celle de l'assassinat.
lundi 26 janvier 2009
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