OKIMONO
A Ali
Il fait jour,
C’est le moment, mon Ami,
Où j’accueille la lumière de l’aube
Encore toute mouillée
Des larmes des étoiles !
Je contemple la petite statuette d’ivoire
De la déesse Kannon
Posée près de la fenêtre.
Cette petite figurine frêle
Qui enferme dans son sourire radieux
La totalité divine
De l’univers.
Sa grâce légère
Semble dicter au monde
Son céleste ordonnancement,
L’engrangement divin
De toute la diversité de l’univers.
Et soudain, je me mets à trembler
Comme si mon corps
Etait tombé, au plus profond de ses fibres,
Dans une ardente effervescence.
Et je ressens,
Malgré toute la dispersion,
Tout l’éclatement de mes pensées,
Le flux éternel de chaque chose,
L’impalpable, le tendre
Ecoulement perpétuel du monde,
Son inextinguible volonté de perfection,
Sa transformation incessante !
Ah, mon Ami, la poésie et les dieux
Savent si bien prolonger
L’état même de la vie,
Les brûlures de ses actions,
La frontalité de son déroulement !
Ô déesse de l’inégalable miséricorde,
Déesse de l’amour invincible,
Je te prie,
Veille, déesse qui voit tout,
Qui sait tout,
Sur l’âme de mes amis
Vivants et trépassés !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 8 novembre 2009
Glose :
Okimono (n.m.) : petite sculpture japonaise, comparable à un netsuke mais en plus grand. Contrairement au netsuke qui sert d'attache sur le kimono, un okimono est purement décoratif.
Traditionnellement l'okimono est présenté dans le tokonoma, la petite alcôve située dans la pièce de réception d’une maison japonaise.
On ne peut parler de l’un sans évoquer l’autre. Et pour cause ! Ils se ressemblent terriblement. L’okimono et le netsuke sont des statuettes réalisées le plus souvent en ivoire, produites par les mêmes artisans japonais. Ils partagent des techniques décoratives et des thèmes identiques. Tous deux puisent au répertoire des déesses et des dieux nippons, du bestiaire animalier et des petits métiers japonais. Virtuosité, multiplicité des détails et humour président à leur exécution. Mais, alors que le netsuke est l’accessoire du vêtement traditionnel – il sert à fixer les menus objets du quotidien à la ceinture du kimono, privé de poches –, l’okimono n’a aucune fonction utilitaire. Il est conçu comme une simple statuette décorative souvent plus grande, une sorte de netsuke sans himotoshi, ce petit canal qui sert à glisser la cordelette maintenant à la ceinture les sagemonos, littéralement les «objets suspendus».
Kannon (n.f.) : déesse japonaise. Pour comprendre son essence, il faut connaître la vie du bodhisattva Avalokiteshvara dont le nom signifie littéralement « le seigneur qui observe ». Son nom chinois est Guânshìyîn ou Guânyîn, son nom japonais Kannon. Il est sans doute le bodhisattva le plus vénéré et le plus populaire parmi les bouddhistes du Grand véhicule. Bodhisattva : dans le bouddhisme, le terme de bodhisattva désigne des aspirants à l'éveil.
Bodhisattva protéiforme et syncrétique (il peut représenter tous les autres bodhisattvas), incarnant la compassion ultime, il est féminin en Chine et au Japon ; au Tibet, le Dalaï-lama est considéré comme sa réincarnation.
Le bodhisattva apparaît dans le vingt-cinquième chapitre Sûtra du Lotus de la Bonne Loi, un des plus importants livres du Mahâyâna, probablement rédigé au nord-ouest de l'Inde. Dans le monde chinois, la traduction qui a fait autorité est celle du moine koutchéen Kumârajîva (344-413 ap. J.-C.). Le Bouddha expose qu'une grande figure se dresse pour aider toute personne en difficulté. Cette figure entend toute personne qui prononce son nom. Il est donc « Celui qui considère les appels ». En chinois, guân signifie « qui considère, qui tourne son regard vers » et yîn est le son ou plutôt l'incantation. Avalokiteshvara peut prendre trente-trois formes: celles d'un bouddha, d'un bodhisattva, d'un brahmane, d'un Roi Céleste et même d'une femme. Le Sûtra du Lotus expose ensuite des cas où il peut intervenir. Il protège de la magie noire, des bêtes féroces ou des serpents qui tuent par le regard.
A la suite de sa pénétration en Chine, Avalokiteshvara a fait l'objet d'une féminisation de plus en plus fréquente, devenue définitive sous les empereurs Song. C'est aussi principalement sous forme féminine qu'il s'est implanté au Japon. Importante déité en Chine, Guânyîn y a joint à sa nature de bodhisattva celle d'une déesse de la religion populaire, comptée par le taoïsme au nombre des immortels. Elle est invoquée comme protectrice dans la vie quotidienne, particulièrement en faveur des enfants et des marins, et comme libératrice spirituelle des trépassés ou des âmes égarées.
Similitudes avec le culte marial :
L’image de Guânyîn offre une certaine ressemblance avec celle de la Vierge Marie. Ce fait est parfois exploité dans un but de syncrétisme ou d'œcuménisme. Au Japon, sous les Tokugawa, des chrétiens se sont mis à adorer des statues mariales à l’aspect de Kannon (Maria Kannon) pour échapper aux persécutions. Ces statues portent la marque d’une croix à un endroit peu visible.
Avalokiteshvara au Japon :
Au Japon, on compte pas moins de 33 formes de Kannon (Kanzeon, Kanjizaï) qui ont donné lieu à un des pèlerinages les plus célèbres du Japon.
Parmi ces 33 formes, 6 sont plus particulièrement connues et correspondent aux 6 mondes du Kâmaloka (dans le bouddhisme, le Monde du désir) :
Shô Kannon : forme principale avec un lotus dans une main
Jûichimen Kannon : Avalokiteshvara à onze têtes
Senju Kannon : Avalokiteshvara aux mille bras
Nyoirin Kannon: Avalokiteshvara à la roue de joyau qui satisfait tous les désirs
Juntei Kannon « la pure » qui sauve les âmes
Batô Kannon représentée avec une tête de cheval dans la coiffure, parfois considérée comme la forme irritée du bodhisattva Bikuchi. Elle est « Celle qui fronce les sourcils ».
Kannon est à l'origine du nom de la société Canon.
dimanche 8 novembre 2009
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