LE PETIT MOINEAU
A Daniel Martini
« Beatus ille qui procul negotiis… »
(« Bienheureux celui qui, loin des affaires… »)
Horace,
Epodes, ode II, v.1
Petite âme tendre,
Tu as élu mon poème pour chanter.
Tu viens, tu sautilles, tournoies
Parmi les marguerites de mes vers
Que courbe un vent salé et verdâtre
Venu de la mer.
Toi, âme d’azur,
Fidèle amie de mes aubes,
Qui as les ailes toutes pourpres,
De la couleur fluide du matin.
Tes petits yeux luisants,
Où se reflète la joie du printemps,
Tu les caches pour te reposer un instant
Dans les strophes les plus duveteuses,
Les plus cotonneuses de mon poème.
Tu viens dire bonjour au poète
Qui rêve sur un rhyton d’or
De sa Thrace natale,
Où figurent, en majesté,
Dionysos et Eriope !
Tu picores
Délicatement les baies des accents
Et les gouttes d’eau des voyelles !
Désordre printanier,
Qui donne envie d’aimer,
De chanter,
De vivre !...
Moineau
Qui fait de mon cœur
Un arbre céleste !
Athanase Vantchev de Thracy
A Paris, ce mercredi 6 janvier, Anno Domini MMX
Glose :
Epode (n.f.) : du grec epôdos / ’επωδός, lui-même de epi, « sur » et ôdê, « chant ». Troisième couplet d’un chœur lyrique divisé en strophe, antistrophe et épode. Couplet lyrique composé de deux vers inégaux. : distique. Petit poème satirique écrit en distique. Les Epodes d’Horace.
Rhyton – ‘Ρυτός (n.m.) : mot grec signifiant « qui coule », « coulant ». Vase en terre cuite ou en métal mesurant environ 25 centimètres de hauteur qui se présente sous la forme d'une corne, à une anse, comportant une ouverture de fond par laquelle le liquide s'écoule et dont l'extrémité se termine par une tête animale ou humaine. Il a été essentiellement fabriqué par les Grecs, les Thraces et les Romains au cours des Ve et VIe siècles avant J.-C. Il était utilisé pour boire mais aussi pour certaines cérémonies et rituels religieux comme lors des libations.
Eriope – Ήριοπη : bacchante thrace représentée sur un rhyton qui se trouve dans le musée archéologique de la ville de Plovdiv (Bulgarie). Le nom d'Eriope n'apparaît sur aucun autre monument ni dans les légendes de Dionysos. Bacchante (n.f.) : parmi les cultes de l'antiquité thrace et grecque, celui de Dionysos est le rare exemple du culte ouvert aux femmes pour un dieu masculin. Fondé sur l'extase mystique et la transe, il avait valu au dieu le surnom de Bacchos, « le bruyant », d'où le nom latinisé de Bacchus, et le terme de Bacchantes pour désigner les femmes qui, vêtues de peaux d'animaux sauvages, couronnées de lierre et le thyrse à la main, se livraient à des courses folles et réalisaient des actes exigeant une sauvagerie et une force dont elles auraient été incapables dans leur état normal. La médecine contemporaine a recensé des cas d'hystérie où des patients faisaient preuve de forces surhumaines. Euripide (Ve siècle av. J.-C.), dans sa tragédie Les Bacchantes nous montre comment le roi Penthée, défenseur de la loi et de l'ordre, avait vu arriver dans sa ville d'un mauvais œil le culte de Dionysos, et comment, ayant en cachette suivi dans la montagne le cortège échevelé des Bacchantes, parmi lesquelles se trouvait sa propre mère, il fut découvert et tué d'une horrible manière.
mercredi 6 janvier 2010
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