vendredi 8 novembre 2013

Craig Czury (en français et en anglais)

CRAIG CZURY

« Je me dis : la Terre est brève –
      L’Angoisse – absolue –
     Nombreux les meurtris,
     Et puis après ? »

Emily Dickinson

Non, Craig,
Nous ne pourrons jamais connaître
L’admiration des vieux Grecs
Pour la clarté de la langue,
La permanence insistante
Des rites des dieux !

Instants hallucinés,
Aube fraîche de parfum,
Mots splendides
Et vie d’effroi !

Mais nous connaissons,
Ami lointain, Ami Poète,
La naïve candeur
Qui élève et fait frémir le cœur,
Les sentiers aventureux
Et l’improbable retour,
Les rosaces de la félicité divine
Où le monde se résume  en couleurs
Et en chants !

Oui, nous gardons
Dans nos mémoires frêles
Les vents bleus du printemps,
Les maisons natales
Préservées par la foi,
Les jours qui dorment
Sur le cœur clair de nos mères,
Les bras incessants de leur amour,
Les chênes taciturnes
Et l’odeur absolue
Des herbes profondes.

Nous, les anonymes amis
Du mystique chroniqueur
De l’Ordre de Notre-Dame-de-la-Merci !

Nous, Craig,
Chantres et prêtres émerveillés
De l’éternelle religion de l’Amour !

     Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 5 novembre 2013

Glose :

Craig Czury (né en 1951) : célèbre poète américain, organisateur de spectacles de poésie dans les écoles, les centres communautaires, les refuges, les prisons et les hôpitaux pendant plus de 20 ans. Il est l’auteur de 15 livres. Ses poèmes sont traduits en russe, lituanien, polonais, espagnol et portugais.

Emily Elizabeth Dickinson, née le 10 décembre 1830 et morte le 15 mai 1886, est l’une des plus grands poètes américains.
Le mystique chroniqueur : il s’agit de Tirso de Molina (1583-1648). Celui-ci, de son vrai nom Gabriel Téllez, est, avec Lope de Vega et Pedro Calderón de la Barca, l'un des grands auteurs de théâtre du Siècle d’or espagnol. Il est célèbre pour avoir écrit, avant Molière, la première pièce de théâtre sur le personnage mythique de Don Juan : El Burlador de Sevilla. On situe sa naissance à Madrid, mais on ignore tout de son enfance. Il entre au couvent de la Merci à seize ans et prononce ses vœux un an plus tard, en 1601.
Tirso de Molina fut un auteur fécond. Il écrivit 317 comédies de mœurs, d'intrigue, de caractères. L'essentiel de son œuvre fut produite entre 1610 et 1625, période durant laquelle il jouit d'une très grande popularité comme homme de théâtre et fréquente assidûment la Cour et les milieux littéraires. Cette popularité est brusquement interrompue lorsque, en 1624, une « Assemblée de Réforme » l'accuse, lui et d'autres auteurs, de corrompre les mœurs par des « comédies profanes ». Il est alors condamné à quitter la Cour et il lui est interdit d'écrire pour le théâtre. En 1632, il est nommé chroniqueur de l'Ordre de la Merci, puis commandeur du couvent de Soria. Il meurt en 1648.
Ordre de Notre-Dame-de-la-Merci (en latin : Ordo Beatæ Mariæ Virginis de Redemptione Captivorum), appelé aussi Ordre des Mercédaires, est une congrégation catholique fondée par le languedocien Pierre Nolasque dont le but était de racheter les chrétiens captifs des pirates maures et réduits en esclavage.
C'est l'un des deux ordres rédempteurs, dont la mission principale était de délivrer des mains des pirates barbaresques les chrétiens en captivité. Le premier, chronologiquement, est l'Ordre des Trinitaires ou Ordre de la Très-Sainte-Trinité pour la Rédemption des captifs. Quelques années plus tard, en 1218, à Barcelone, Pierre Nolasque, encouragé par son confesseur, le dominicain Raymond de Penyafort, fonda avec l'appui du roi Jacques Ier d’Aragon l'Ordre des Mercédaires ou Ordre de Notre-Dame-de-la-Merci. Dans le monde hispanophone, où il est le plus répandu, il porte le nom de Orden Real y Militar de Nuestra Señora de la Merced y la Redención de los Cautivos plus connu sous le nom de Orden de la Merced. Aujourd'hui, les deux ordres aident tous les captifs au sens large, visitant notamment les prisonniers et les malades.



ENGLISH :

Craig Czury

‘I reason, Earth is short—
And Anguish—absolute—
And many hurt,
But, what of that?’

      Emily Dickinson

No, Craig,
We can never know
The admiration of the ancient Greeks
For the clarity of language,
How they insisted on the permanence
Of the rites of the gods!

Hallucinated moments,
Dawn fresh with fragrance,
Glorious words
And a life of terror!

But we do know,
My distant friend, my Friend and Poet,
The naïve candour
Which elevates the heart and makes it tremble,
The venturesome paths
And the improbability of return,
The rosettes of divine bliss
In which the earth epitomises itself in colour
And in song!

Yes, we keep
In our fragile memories
The blue winds of springtime,
Our childhood homes
Preserved by faith,
The days which sleep
On the bright hearts of our mothers,
The ceaseless arms of their love,
The taciturn oaks
And the absolute scent
Of deep grasses.

We, the anonymous friends
Of the mystic chronicler
Of the Order of the Blessed Virgin Mary of Mercy!

We, Craig,
Marvelling singers and priests
Of the eternal religion of Love!


Translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges





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