CRAIG CZURY
« Je me dis : la Terre est brève –
L’Angoisse – absolue –
Nombreux les meurtris,
Et puis après ? »
L’Angoisse – absolue –
Nombreux les meurtris,
Et puis après ? »
Emily Dickinson
Non, Craig,
Nous ne pourrons
jamais connaître
L’admiration des
vieux Grecs
Pour la clarté de
la langue,
La permanence
insistante
Des rites des
dieux !
Instants
hallucinés,
Aube fraîche de
parfum,
Mots splendides
Et vie
d’effroi !
Mais nous
connaissons,
Ami lointain, Ami
Poète,
La naïve candeur
Qui élève et fait
frémir le cœur,
Les sentiers
aventureux
Et l’improbable
retour,
Les rosaces de la
félicité divine
Où le monde se
résume en couleurs
Et en chants !
Oui, nous gardons
Dans nos mémoires
frêles
Les vents bleus du
printemps,
Les maisons
natales
Préservées par la
foi,
Les jours qui
dorment
Sur le cœur clair
de nos mères,
Les bras incessants
de leur amour,
Les chênes
taciturnes
Et l’odeur absolue
Des herbes
profondes.
Nous, les anonymes
amis
Du mystique
chroniqueur
De l’Ordre de
Notre-Dame-de-la-Merci !
Nous, Craig,
Chantres et
prêtres émerveillés
De l’éternelle religion de l’Amour !
Athanase
Vantchev de Thracy
Paris, le 5 novembre 2013
Glose :
Craig Czury (né
en 1951) : célèbre poète américain,
organisateur de spectacles de poésie dans les écoles, les centres
communautaires, les refuges, les prisons et les hôpitaux
pendant plus de 20 ans. Il est l’auteur de 15 livres. Ses poèmes sont traduits en russe, lituanien,
polonais, espagnol et portugais.
Emily Elizabeth Dickinson,
née le 10 décembre 1830 et morte le 15 mai 1886, est l’une des plus grands poètes
américains.
Le mystique chroniqueur : il s’agit de Tirso de Molina
(1583-1648). Celui-ci, de son vrai
nom Gabriel Téllez, est, avec Lope de Vega et Pedro Calderón de la
Barca, l'un des grands auteurs de théâtre du Siècle d’or espagnol. Il est
célèbre pour avoir écrit, avant Molière, la première pièce de théâtre sur le personnage
mythique de Don Juan : El Burlador de
Sevilla. On situe sa naissance à Madrid, mais on ignore tout de son
enfance. Il entre au couvent de la Merci à seize ans et prononce ses vœux un an
plus tard, en 1601.Tirso de Molina fut un auteur fécond. Il écrivit 317 comédies de mœurs, d'intrigue, de caractères. L'essentiel de son œuvre fut produite entre 1610 et 1625, période durant laquelle il jouit d'une très grande popularité comme homme de théâtre et fréquente assidûment la Cour et les milieux littéraires. Cette popularité est brusquement interrompue lorsque, en 1624, une « Assemblée de Réforme » l'accuse, lui et d'autres auteurs, de corrompre les mœurs par des « comédies profanes ». Il est alors condamné à quitter la Cour et il lui est interdit d'écrire pour le théâtre. En 1632, il est nommé chroniqueur de l'Ordre de la Merci, puis commandeur du couvent de Soria. Il meurt en 1648.
Ordre de Notre-Dame-de-la-Merci (en latin : Ordo Beatæ Mariæ Virginis de Redemptione Captivorum), appelé aussi Ordre des Mercédaires, est une congrégation catholique fondée par le languedocien Pierre Nolasque dont le but était de racheter les chrétiens captifs des pirates maures et réduits en esclavage.
C'est l'un des deux ordres rédempteurs, dont la mission principale était de délivrer des mains des pirates barbaresques les chrétiens en captivité. Le premier, chronologiquement, est l'Ordre des Trinitaires ou Ordre de la Très-Sainte-Trinité pour la Rédemption des captifs. Quelques années plus tard, en 1218, à Barcelone, Pierre Nolasque, encouragé par son confesseur, le dominicain Raymond de Penyafort, fonda avec l'appui du roi Jacques Ier d’Aragon l'Ordre des Mercédaires ou Ordre de Notre-Dame-de-la-Merci. Dans le monde hispanophone, où il est le plus répandu, il porte le nom de Orden Real y Militar de Nuestra Señora de la Merced y la Redención de los Cautivos plus connu sous le nom de Orden de la Merced. Aujourd'hui, les deux ordres aident tous les captifs au sens large, visitant notamment les prisonniers et les malades.
ENGLISH :
Craig Czury
‘I
reason, Earth is short—
And Anguish—absolute—
And many hurt,
But, what of that?’
And Anguish—absolute—
And many hurt,
But, what of that?’
Emily Dickinson
No,
Craig,
We
can never know
The
admiration of the ancient Greeks
For
the clarity of language,
How
they insisted on the permanence
Of
the rites of the gods!
Hallucinated
moments,
Dawn
fresh with fragrance,
Glorious
words
And
a life of terror!
But
we do know,
My
distant friend, my Friend and Poet,
The
naïve candour
Which
elevates the heart and makes it tremble,
The
venturesome paths
And
the improbability of return,
The
rosettes of divine bliss
In
which the earth epitomises itself in colour
And
in song!
Yes, we keep
In our fragile memories
The blue winds of springtime,
Our childhood homes
Preserved by faith,
The days which sleep
On the bright hearts of our mothers,
The ceaseless arms of their love,
The taciturn oaks
And the absolute scent
Of deep grasses.
We, the anonymous friends
Of the mystic chronicler
Of the Order of the Blessed Virgin
Mary of Mercy!
We, Craig,
Marvelling singers and priests
Of the eternal religion of Love!
Translated from the French of
Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges
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