jeudi 22 avril 2010

LE PARFUM HUMIDE DE LA TERRE

LE PARFUM HUMIDE DE LA TERRE

A Norton Hodges

« L’art est fait pour figurer le sens caché des choses. »

Aristophane

Nous vivons avec toi, Norton,
Arbres en fleurs, buissons peuplés de mésanges,
Caves obscures remplies de vins précieux,
Chemins de campagne bordés de liserons.
Nous respirons le même air lilas,
Nous buvons à belles gorgées la même lumière !

Au large des continents abrupts et muets de nos mémoires,
Nos lèvres, étrangères à toute violence,
Cueillent parfois, sur les pierres taciturnes des soirs,
Des purs mots d’amour,
Des rumeurs écumeuses, des accents
Au parfum humide de la terre.

Il arrive que nous prenions entre nos doigts clairvoyants
Les couleurs des arcs-en-ciel
Que nous faisons don aux jardins de nos poèmes,
A la flexible calligraphie de nos inquiétudes.

Nous, maîtres mûrs des écluses de l’éloquence,
Cœurs grisés de bleu et d’eau d’herbes,
Gorges aux grêles cordes intactes où l’inconnu
Livre à l’inconnu les mystères des livres antiques.

Thaumaturges, nous avons appris,
A force de saignées et de larmes,
Derrière l’emmurement de nos corps
Et le sans-ombre de nos sourires
Le sublime savoir d’embaumer nos blessures,
Nos cicatrices, les corps mutilés de nos tristesses
Et de nos errances comiques.

Nous, Norton,
Qui avons toujours aimé les yeux velours vert
De la poésie infante !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 22 avril 2010

J’ai passé ma journée à l’hôpital. Ces vers naquirent en moi avec l’aisance d’une fugue de Bach.

Glose :

Aristophane (en grec ancien Ἀριστοφάνης / Aristophánēs) : poète comique grec du Ve siècle av. J.-C., né dans le dème de Kydathénée vers 450–445 et mort vers 385 av. J.-C.

Il débuta jeune au théâtre, se fit connaître par deux pièces aujourd'hui perdues : Les Banqueteurs (427) et Les Babyloniens (426). Il écrivit de nombreuses comédies, dont la plupart ne nous sont connues que par des fragments. Onze nous sont parvenues : Les Acharniens (les habitants d’Acharne) (425) et La Paix (421), où l'auteur intervient franchement dans la politique et combat le parti de la guerre ; Les Cavaliers (424), où il attaque ouvertement Cléon, le tout puissant démagogue ; Les Nuées (423) où il raille Socrate ; Les Guêpes (422), où il tourne en ridicule l'organisation des tribunaux athéniens et les manies des juges ; Les Oiseaux (414), où il s'en prend aux utopies politiques et sociales, comme plus tard dans Lysistrata (411) et dans l'Assemblée des femmes (392), etc. Les Thesmophories (fête en l’honneur de la déesse Déméter) (411) et Les Grenouilles (405) sont des satires littéraires dirigés contre Euripide. Cependant, la hardiesse des poètes comiques, le retour au pouvoir du parti aristocratique, et les malheurs d'Athènes, avaient amené une réaction contre la liberté du théâtre. Cette réaction s'était dessinée déjà vers (412) et sous les Trente: elle aboutit vers 388 à une loi qui interdisait formellement les attaques contre les personnes. C'était l'arrêt de mort de la comédie ancienne. Aristophane tenta des voies nouvelles. Par Le Cocalos (nom du roi mythique des Sicanes) (388), (aujourd'hui perdu) et la seconde édition du Ploutos (dieu de la richesse), il inaugura la satire des mœurs, d'où devait sortir la comédie nouvelle des Athéniens.

Liseron (n.m.) : nom vernaculaire ambigu désignant en français certaines plantes herbacées vivaces à rhizome plus ou moins charnu, de la famille des Convolvulacées (du latin convolvere, « s'enrouler »), à tiges volubiles et feuilles en forme de flèche.

Thaumaturge (n.m.) : du grec thauma, « prodige » et ergon, « œuvre ». Personne qui fait des miracles.

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