lundi 5 avril 2010

PATRIE

PATRIE

A James Whitcomb Riley


« Donne-moi un homme qui aime (…),
il saura ce que je veux dire ».

Saint Augustin

Patrie,

Île errante dans la nuit trouble du sang,
Irrésistible terre, enclos de lumière
Sans ombre ni limites,
Et double chair de ma chair!

Patrie!

Cette odeur inexprimable
De véroniques, de capucines et de lilas,
De doux géranium, de rire d'enfant et d'âmes naïves!

Patrie,

Livre d'or aux lettres de sureaux et d'azur,
Poème extatique et chant supérieur,
Navire de sereins chuchotis sans rives ni temps
Qui vogue, porté par les vents
De la tendresse aérienne
Sur les vagues incessantes
Des acacias thraces en fleurs !

Patrie,

Et ce bleu unanime,
Ces sourires d'été tachés de brûlures
Et d'eau de ciel!
Et des perce-neige, des perce-neige vierges
Pour dire que tu as fleuri, blanche,
Dans mon petit coeur d'adolescent!

Patrie, ô Patrie,

Ton visage indiscernable
Est la clarté
Qui guide ma main enflammée
Sur les pages lilas des montagnes,
Versant la joie millénaire de ton savoir
Dans les puits obscurs des siècles!

Patrie,

Routes et clochers
D'un paysage qui vibre
Sous les paupières clauses,
Songes rassemblés dans le feu
D'une larme inattendue,
Et les yeux des mots familiers
Qui mirent le ciel traversé
Par le vol mélodieux
Des oiseaux!

Patrie,

Un nom,
Quelques syllabes
Collées à jamais au coeur attentif,
Une voix pathétique
Dans la mémoire
Qui refuse tout oubli!

Patrie,

Racine qui livre généreusement
Son humble beauté
Dans les feuilles des arbres
Et leurs fruits!

Des hirondelles venues jusqu'à l'âme,
Des vers sublimes des antiques poètes
De génie sur des lèvres aimantes !

Patrie,

Si nativement est au aujourd'hui le soir,
Et si délicieux les vers de Riley
Qui rendent transparent mon ouïe :

« Une atmosphère indolente, une brise paresseuse,
Avec la respiration pénible, déplace le blé ...»

Athanase Vantchev de Thracy

Saint-Germain-en-Laye, le 4 avril, Pâques, 2010

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James Whitcomb Riley (1849-1916) : poète et écrivain américain.

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