PEUT-ÊTRE AILLEURS
A Katarina Fristenson
Peut-être ailleurs
Les heures tissent et brodent
Des saisons plus claires,
Plus vertueuses,
Mieux loties de félicité gourmande.
Peut-être ailleurs
Le monde ignore
La musique des forêts,
Le silence des herbes sauvages
Et le désir de la poussière.
Mais il n’y a pas pour nous
D’autre ailleurs, d’autres réalités
Que cet ici que
nous habitons
À côté des voluptueux craquements
Et des sibyllins chuchotis
De la vieille maison.
Nous qui vivons, taciturnes et distraits,
Au petit bonheur la chance.
Athanase
Vantchev de Thracy
Paris, le 21 août 2012
Glose :
Katarina Frostenson (née le 5 mars 1953 à Stockholm) : poète,
dramaturge, essayiste. Membre de l’Académie suédoise depuis 1992, élue au
fauteuil d'Artur Lundkvist. Katarina Frostenson est Chevalier de la Légion d'honneur. Dès ses
premiers recueils, Katarina Frostenson renouvelle et marque la poésie de sa
génération. Cherchant au plus profond du langage les racines et les ressorts du
sens, elle accorde à l'articulation des sons, à la voix, une place fondamentale
dans la production du texte. L'auteur s'éloigne des systèmes métaphoriques
traditionnels pour appeler le lecteur à la confrontation avec le mot lui-même,
son origine, sa naissance, parfois sa décomposition.
Egalement traductrice, on doit à Katarina Frostenson les versions françaises
d'œuvres de Marguerite Duras, Emmanuel Bove, Georges Bataille, Bernard-Marie
Koltès. Elle est mariée au photographe et écrivain français Jean-Claude Arnault
avec qui elle a produit plusieurs ouvrages.
Au petit bonheur la chance : compter
sur le hasard pour satisfaire une attente. Dans « bonheur », on
trouve le mot désuet « heur » qui signifie « hasard » ou
« chance ». Ajouter « petit » avant permet de conjurer le sort
en se souhaitant « bonne chance », même si ce n'est qu'un petit peu. Le fait
d'ajouter « chance » une seconde fois vient renforcer le souhait de départ.
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