lundi 21 octobre 2013

Manlio Argueta (français - anglais)

MANLIO ARGUETA

« L'enfance, c'était, dans la nuit, penser au jour qui viendrait,
mamans malades, et papas qui ne venaient jamais,
frères qui s'en allaient, vous oubliant bientôt
à mesure qu'ils ne revenaient plus chez nous. »


Manlio Argueta

Frère, tu es resté magnanime
Dans toutes les cruelles circonstances
De ta vie orphique !

L’insensée et violente vanité
N’a jamais pu crucifier
Ton cœur de pur diamant !

Toi,
L’homme allégrement innocent
Et obstinément heureux !

Toi,
Qui avances par béances successives
Vers l’essentiel !

Ce soir, ému jusqu’aux larmes,
Incroyablement dilaté par notre proximité,
Je lis tes vers
Et ferme la porte
Pour que l’austère vent d’octobre
N’entre pas dans la maison.

Oh, comme tout ce que ton âme émerveillée,
Etrangère à toute sourde violence,
Touche de son regard vierge
Devient plaisant, nostalgique, élevé !

Tu as des secrets impalpables,
Des tiges de tournesol pour sabre,
Des raisins d’ambre pour dire ta
Périlleuse tendresse !

Suspendu dans la splendeur impériale des jours
Tu rends plus acceptable, plus accueillante
Ma pauvreté dans sa pure et vibrante quiétude !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 5 octobre 2013



Glose :

Manlio Argueta (né à San Miguel, Salvador, en 1935) : poète, écrivain et critique littéraire salvadorien. Il commence à écrire de la poésie à l’âge de treize ans. Il cite Pablo Neruda et García Lorca comme ses premières influences poétiques. En 1956, il remporte le Grand Prix National de Littérature. En raison de ses écrits critiquant le gouvernement, il est contraint à l’exil au Costa Rica (1972). Il regagne le Salvador au début des années 1990. Manlio Argueta est Directeur de la Bibliothèque Nationale du pays.  Son roman « Un jour comme tant d’autres » a été publié en France (l’Harmattan).

Manlio Argueta

‘Childhood for me meant nights spent thinking about the coming day, sick mothers, absent fathers, departed brothers who soon forgot you as they never again returned home.’
Manlio Argueta

Brother, you remained magnanimous
Despite the many cruel circumstances
Of your Orphic life!

Senseless and violent pride
Could never crucify
Your heart of pure diamond!

You,
A man cheerfully innocent
And obstinately happy!

You,
A man who pushes on through your wounds
Towards the essential!

Tonight, moved to tears,
Tears that more readily because we are so near in spirit,
I read your verse
And close the door
To stop the harsh October wind
Entering the house.
Oh, how everything that your wonderstruck soul,
Alien to all tacit violence,
Touches with its innocent eyes
Becomes droll, nostalgic, noble!

You have secrets that can’t be touched,
Sunflower stalks for a sabre,
Yellow grapes to speak of
Your vulnerable tenderness!

Aloft in the imperial splendour of days
You render my poverty more acceptable,
More welcoming in its pure and vibrant quietness!

Translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges

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