mardi 30 décembre 2008

LYS ET ROSES DU CIEL ( en langue russe)

Mon ami, le grand poete moscovite, Victor Martynov, a traduit mon poeme "Lys et roses du ciel" en russe:

Атанас Ванчев де Траси

Лилии и розы небес

Моему дяде Александру

«Потому что я был возведён в звание человека
В память обо мне самом»

Хосе Анжель Валенте

Усопшие от нас бесшумно уплывают;
Так паруса скользят по глади чистых вод,
И ночь огромная, рыдая, их приход
В объятья звёздные навечно заключает.

Париж, пятница, 2 мая, Anno Christi MMVIII

Господи, прими в твоё сострадательное сердце лилейную душу моего любимого дяди Александра , почившего в возрасте 20 лет. У моего отца Николая Ванчева де Траси было два брата: старший Михаил и младший Александр. Александр окончил жизнь трагически.

Примечания:

Хосе Анжель Валенте (Оранс, Галиция 1929 – Женева 2000) – один из выдающихся современных поэтов Испании. Получив диплом романской философии, Хосе Анжель Валенте несколько лет преподавал в Оксфордском университете. С 1958 по 1980 жил в Женеве. Последние годы жизни он делил между Альмерией, Женевой и Парижем. Его первый сборник получил премию Адонаис в 1955 году. В 1994 он был удостоен Национальной премии поэзии.

samedi 13 décembre 2008

DEVOTION AMAZIGHE

DEVOTION AMAZIGHE

(’ευσέβεια)

A Cadi Kaddour

« Il n’est pas d’homme plus pauvre que celui
qui ne laisse aucune trace de sa vie »

Sagesse antique

Je pense à toi, Ami immortel,
Pieds nus dans l’herbe frissonnant
Sous l’aimable fraîcheur du soir rifain.

Ce soir ensorcelant
Resté si longtemps clair
A la demande d’une âme innocente,
A l’invocation d’un cœur pur
Qui veut que la lumière de l’amour
Se prolonge à l’infini !

Je pense à toi, Kaddour,
A toi, frère des oiseaux libres,
A toi, ami du Verbe, mort par dévotion
Pour la langue superbe de tes ancêtres.

Les fleurs n’osent plus déranger
Ton ombre qui dort dans les soyeux replis
Du temps solennel !

Un petit froid parcourt les calices des jasmins,
Non celui que souffle la bouche glacée de l’hiver
Qu’ils connaissent si bien,
Mais un froid dense, profond, intérieur qui les fait
Se figer d’effroi !

Endormi dans les bras de l’éternité,
Tu occupes tant de place à présent
Dans le cœur probe de ton peuple,
Tant d’espace dans les paysages enchanteurs de ton pays
Si chers à tes yeux d’adolescent !

Depuis ton soudain départ
Le temps s’est arrêté
Sur les cimes aériennes des montagnes,
Sur les odorants sentiers rifains fuyant
Vers les vallées ondoyantes,
Sur le seuil de ton humble,
De ta chaste demeure !

Imperceptiblement, délicatement l’or
Amoureux du savoir,
Travaillé par les mains dévotieuses de ton âme,
S’est transformé en statue de déesse !

Kaddour, mon vénérable Ami, tu as prouvé
Aux hommes de la Terre que

De n’importe où on peut s’élancer vers le ciel !

Toi qui as partagé ton cœur en deux
Et l’as élevé vers le firmament vêtu d’une neuve lumière.

Toi, seul, debout, doux, souriant
Face à toute la transparence de l’avenir !

Oui, tout est divin, mon Ami,
Pour ceux qui sont faits de clarté,
Cela l’est,
Cela l’a toujours été !


Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 12 décembre 2008

Glose :

Cadi Kaddour (mort en 1995) : éminent linguiste amazighe (Maroc). En 1990, il soutint, à Paris, sa thèse de doctorat d’Etat Transitivité et diathèse en tarifit, analyse de quelques relations de dépendances lexicale et syntaxique. Kaddour périt lors d’un accident de la route, le mardi 12 septembre 1995, laissant derrière lui plusieurs ouvrages consacrés à sa langue maternelle, la tamazight. Il est un des premiers à croire que cette langue vieille de plusieurs siècles et la culture qu’elle véhicule finira par trouver une place digne parmi les langues du monde. Il lui consacra toute sa vie, tout son amour, tout son enthousiasme. Les jeunes générations amazighes (berbères) lui vouent un véritable culte.

Diathèse (n.f.) : du grec diathesis / διάθεσις, « action de placer çà et là, de disposer, d’arranger ce qui a des parties ». Le terme de diathèse s'utilise en linguistique pour désigner ce que l'on entend plus communément par « voix » verbale. C'est un trait grammatical décrivant comment s'organisent les rôles sémantiques dévolus aux actants par rapport au procès verbal. Changer la diathèse d'un verbe quand l'opération est possible ne doit pas modifier profondément le sens de l'énoncé. Le terme de voix est réservé à la morphologie verbale : il décrit la forme que prend le verbe pour signifier une diathèse.

Certains verbes sont intrinsèquement dénués de toute notion de diathèse : ce sont principalement les verbes d'état comme être, paraître, sembler, demeurer, rester, etc. Ceux-ci sont en effet extérieurs à la notion d'actance. Ils se conjuguent cependant à la voix active (qui est la voix non marquée en français). On considère qu'il existe deux diathèses principales que l'on peut permuter, la voix active et la voix passive. Ce ne sont cependant pas les seules.


Tarifit ou rifain (n.m.) : c’est la langue parlée par les Rifains (Berbères) habitant le Rif, au Nord-Est du Maroc et parlée également dans quelques villes algériennes. Le rifain appartient à la même famille tamazight que le tachelhit du sud du Maroc, le zayane dans le Moyen Atlas, ou encore le tumzabt dans le Sahara septentrional algérien. Cette langue fait partie de la sous-famille des langues berbères appelée zénète. Le rifain, le tumzabt et la langue chaoui appartiennent toutes les trois à cette sous-famille zénète. C'est la raison pour laquelle elles sont si proches.

Signalisation routière en rifain :

Le 29 avril 2003, la municipalité de Nador décida d'introduire une signalisation locale écrite en berbère rifain, utilisant l'alphabet tifinaghe. Cette politique ne resta en vigueur que durant quelques heures, après quoi le ministre de l'intérieur El Mostapha Sahel annula la décision du conseil municipal et donna l'ordre de retirer tous les panneaux berbères visibles dans la cité.

De n’importe où on peut s’élancer vers le ciel : citation du philosophe stoïcien latin Sénèque (Lucius Annaeus Seneca – né en l’an 4 av. J.-C. – mort le 12 avril 65 ap. J.-C.).

mercredi 10 décembre 2008

NOS FRERES ET SOEURS EMIGRES

Le jeune poète Andich Chehid a eu la gentillesse de me dédier ce magnifique poème. Je suis tout ému. Qu'il en soit remercié!


NOS FRÈRES ET SOEURS EMIGRÉS

Je dédie ce poème au grand poète français
Athanase Vantchev de Thracy,
ami des Imazignen (Berbères) et de leur langue, la tamazight.

« Non, je n’ai pas oublié notre pauvre patelin,
Ni les martyres qui meurent pour vivre avec l’éternité… »

Athanase Vantchev de Thracy,
Le village amazighe

Nunja, où es-tu?
Merdikh, dans quel pays vis-tu à présent?
Bbilla, où est le Tisseghnas
Que tu as créé un jour pour Nuna,
Une fille de notre village,
Toi, l’orfèvre unique,
Personne n’a pu prendre ta place,
Reviens au Rif
Ton pays natal,
Dis aussi à Lichea de revenir !

Comme dans les jours anciens,
Nous chanterons des poèmes amazighes,
Nous danserons tous ensemble l’Arrayes :
Lichea avec Mina,
Mhend avec Bbila!

Si votre religion
Est différente de la nôtre,
Ne sommes-nous pas frères et soeurs,
Ne sommes-nous pas tous des Imazighens ?

Andich Chehid

Traduit en français par Athanase Vantchev de Thracy

Glose :

Nuna , Merdikh , Lichea, Bbila : prénoms juifs

Mhend, Mina : prénoms musulmans amazighes (berbères)

Tisseghnas : sorte de bijou.

Arrayes : sorte de danse amazighe comme l’Ahidous et l’Ahwach.

Imazighen : Berbères

mardi 9 décembre 2008

CAVE NE EAS

CAVE NE EAS

A Cristina Castello

« Sremd ayi ad iraregh Ag tmessi ur cemdvegh »

(« On m’a appris comment jouer
Avec le feu sans me brûler. »)

Andich Chahid

Tu me dis, tu répètes transfigurée :
« Je t’aime » !

Âme, tu ne savais pas
Sur quelle aube ruisselante de joie
Tu ouvrais mon cœur inapaisé !

Cette senteur sereine des résédas
Ce frissonnement des feuilles de taffetas
Sous les doigts exaltés de l’air !

Et nous, enfants, vibrant de transport,
Fermions les yeux incendiés de désir
Comme pour alléger le doux poids
De nos corps
En nous abandonnant à l’ardeur des baisers.

Ô jours mémorables,
Heures indélébiles,
Blancheur immortelle
De l’amour !

Temps ! Temps tissé
De vigoureuse fragilité
Où nous voyions
L’éclat du divin
Dans chaque chose !

Athanase Vantchev de Thracy

Rueil-Malmaison, ce mardi 9 décembre, Anno Domini 2008


Glose :

Cave ne eas : expression latine qui signifie « ne pars pas ». Cicéron (106-43 av. J.-C.), dans son fameux ouvrage De divinatione (De la divination), raconte que le général et homme d’Etat romain Marcus Licinius Crassus Dives (115-53 av. J.-C.) – dives, c’est-à-dire « riche » –, celui-même qui écrasa la révolte de Spartacus et fit crucifier 6 000 esclaves, embarquant son armée à Brindes pour aller combattre les Parthes, et entendant sur le quai le cri d’un marchand de figues « cauneas », aurait dû comprendre « cave ne eas », « ne pars pas » !

En 53 av. J.-C., sur le conseil du prince d’Osrhoène (Osdrohene en latin), contrée de la Mésopotamie le long de l’Euphrate, Abgar II Ariamnès (68-53 av. J.-C.), Crassus franchit l’Euphrate pour affronter les Parthes, mais fut vaincu à la bataille de Carrhes et son fils, Publius Licinius Crassus, fut tué. Faisant retraite avec des débris de son armée, il fut tué lui aussi au cours d’une entrevue avec le général parthe Suréna. L’historien romain d’expression grecque, Dion Cassius (en latin Lucius Claudius Cassius Dio (155-235 ap. J.-C.) rapporte avec des réserves qu'on disait que ce dernier fit couler de l'or en fusion dans la bouche de Crassus en disant : « Rassasie-toi de ce métal dont tu es si avide ! » Malgré l'incertitude du fait, l'aspect sordide de cet épisode lui assura sa pérennité. La tête de Crassus fut ensuite envoyée au roi des Parthes de la dynastie arsacide, Orodès II (54 – 38 av. J.-C.)

Cristina Castello : poète et journaliste argentine. Elle a publié plus de 3000 articles dans les principaux journaux et magazines de son pays et a enseigné « L’art de l’interview » à l’Université. Cristina Castello a créé à la TV argentine l’émission de culture et poésie «Sin máscara» (« Sans Masque ») et, à la radio, l’émission «Convengamos que…» (« Convenons que »), dédiée également à la poésie.

Poète, elle a publié plusieurs de ses œuvres dans différentes anthologies et sur de nombreux sites web. Ses poèmes ont accompagné ses expositions de photos et de peintures. Plusieurs revues européennes ont commenté son travail d’artiste. Tous ses catalogues sur l’art contiennent des œuvres prosodiques. Cristina Castello a donné des récitals de poésie en Argentine et en Europe.

En octobre 2004, elle a publié, aux Editions de l’Harmattant à Paris, un recueil de poésies bilingue, français - espagnol, intitulé «Soif ».

Son site, http://www.cristinacastello.com, mêle poésie, musique et peinture.

Andich Chahid : jeune poète amazighe (berbère) du Maroc. Je cite le début de son très beau poème On m’a appris, écrit en tamazight, langue des Berbères d’Afrique du Nord.

Tifinaghe ou tifinagh qui se prononce tifinar ou libyco-berbère (n.m.) : alphabet utilisé par les Berbères, essentiellement les Touareg. C’était autrefois un abjad, un alphabet consonantique.
Les Touareg (au singulier un Targui) ou, sous sa forme francisée, les Touaregs (au singulier un Touareg) ou encore Kel Tamasheq sont un peuple de Berbères des tribus des Sanhadja, des Zénètes nomades Luwata et des Banu Iften vivant dans le Sahara central, l’Algérie, la Libye et sur les bordures du Sahel, Niger, Mali et Burkina Faso. Leur langue est tamajag ou tamasheq ou encore tamahaq selon les régions. Ils utilisent l’alphabet tifinagh.

Les Touareg sont parfois appelés les « hommes bleus », d’après la couleur de leur clèche (foulard). Teinte avec de l’indigo, elle décolore sur la peau avec le temps. Aujourd’hui, certains Touareg sont métissés avec les populations noires d’Afrique sub-saharienne. Ces populations sont confrontées à des formes d’assimilation culturelle et linguistique, à une marginalisation économique et politique qui les ont conduits à la lutte armée dans les années 1990. Beaucoup ont abandonné le nomadisme pour se fixer dans les grandes villes en bordure du Sahara comme Tamanrasset en Algérie ou Agadez au Niger.

lundi 8 décembre 2008

OFFRANDE AMOUREUSE

OFFRANDE AMOUREUSE

« Grappe, pleine de liqueur de Dionysos »

Moïrô de Byzance

Âme, tu aimais Solon, Thalès, Anaximandre,
Les doux délires d’Alcée, les dits de Parménide,
Le livre des cigales, Electre d’Euripide,
Mon cœur d’adolescent naïf, candide et tendre.

Athanase Vantchev de Thracy

Rueil-Malmaison, ce lundi 8 décembre, Anno Domini MMVIII

Glose :

Moïrô de Byzance : poétesse grecque qui a vécu vers 300 av. J.-C.

Solon d’Athènes (592-559 av. J.-C.) : poète athénien, philosophe, homme d’Etat. Un des Sept Sages.

Thalès de Milet (625-547 av. J.-C.) : philosophe présocratique ionien. Il fut l’un des Sept Sages de la Grèce et le fondateur présumé de l’école milésienne. Les autres sages étaient : Solon d’Athènes, Chilon de Sparte, Pittacos de Mytilène, Bias de Priène, Cléobule de Lindos, Périandre de Corinthe.

Anaximandre de Milet (610-546 av. J.-C.) : philosophe grec présocratique. Il succéda à Thalès comme maître de l’école milésienne, et compta Anaximène et Pythagore parmi ses élèves.

Anaximandre passe pour le premier philosophe à avoir consigné ses travaux par écrit. Seul un fragment est parvenu jusqu'à nous, mais les témoignages antiques permettent de se faire une idée de leur nature et de leur étendue. Ses travaux couvrent la philosophie, l’astronomie, la physique, la géométrie et la géographie. Le cratère lunaire Anaximandre fut nommé en son honneur.

Alcée de Mytilène (630-580 av. J.-C.) : poète grec de l’époque archaïque, représentant de la poésie lyrique monodique. Alcée est né à Mytilène, tout comme Sappho dont il fut le rival et l'amoureux, la ville la plus importante de l’île de Lesbos, vers l’an 630 av. J.-C. Pendant sa jeunesse, sa famille fut activement engagée dans la politique locale de sa ville natale. Les membres de cette appartenaient à l’opposition contre les tyrans régnant. Cette attitude fut probablement la cause de son exil. Nous savons qu’il a beaucoup voyagé, et qu’il a visité l’Egypte et la Palestine. Il mourut vers 580 av. J.-C.

Parménide d’Elée (540-470) : philosophe grec présocratique. Un dialogue de Platon porte son nom.

On ne connaît pas avec exactitude les dates de naissance et de mort de Parménide d’Elée.

Strabon (Commentaire sur le Parménide) nomme Parménide pythagoricien. En effet, il se lia d'abord avec les pythagoriciens. D’après Diogène Laërce, c'est Aminias qui le poussa à la vie philosophique. On rapporte qu'il vénéra tant le pythagoricien Diochaitès, qu'il lui éleva une statue après sa mort. Néanmoins, Parménide se rattache plutôt à Xénophane dont il fut peut-être le disciple (voir par exemple Clément, Stromates, I, 364 ; Sextus Empiricus, Contre les mathématiciens, VII). Il reste que Parménide et Xénophane ont tout deux vécu à Elée et que l'on peut supposer qu'ils se connaissaient. Ainsi, quant aux influences philosophiques de Parménide, il semble possible d'affirmer que, comme Empédocle, il suivit la vie pythagoricienne sans en adopter les idées, et qu'il suivit sur ce point Xénophane. Il aurait fondé une école comparable aux écoles pythagoriciennes. Il aurait été également disciple d’Anaximène (selon la Suidas), mais ce renseignement semble être dû à une erreur de texte. Il eut pour successeurs Empédocle et Zénon d’Elée.
Il nous reste des fragments de son poème De la Nature, dont la première partie traite de la vérité et la seconde de l'opinion. Sa pensée influença Anaxagore et Mélissos.

Electre : Electre est membre de la famille des Atrides, la fille d’Agamemnon (roi de Mycènes) et de Clytemnestre. Elle est la sœur d’Oreste, d’Iphigénie, de Chrysothémis et de Laodicé.

Selon la légende, elle était absente de Mycènes quand son père revint de la guerre de Troie et fut assassiné par Egisthe, l'amant de Clytemnestre, et/ou par Clytemnestre elle-même.

Huit ans plus tard, Électre revint d’Athènes avec son frère Oreste. D'après Pindare (Odes Pythiques, XI, 25), Oreste avait été sauvé par sa vieille nourrice ou par Électre, et amené à Phanote sur le mont Parnasse, où le roi Strophios le prit en charge.

À sa vingtième année, Oreste reçut l'ordre de l'oracle de Delphes de retourner chez lui et de venger la mort de son père. D'après Eschyle, il rencontra Électre devant le tombeau d'Agamemnon ; ils se reconnurent et décidèrent ensemble de la manière dont Oreste devait accomplir sa vengeance.

Après le passage à l'acte, Oreste (aidé par Électre), devint fou et fut poursuivi par les Erinyes, qui avaient pour devoir de punir tout manquement relatif à la piété familiale. Électre, elle, ne fut pas inquiétée par les déesses.

Plus tard, Électre épousa Pylade, un proche ami d'Oreste et fils du roi Strophios. Elle en eut deux fils : Stroiphos et Médon.

Dans la tragédie d’Euripide, Electre est mariée à un laboureur et, digne fille d’Agamemnon, vit loin du palais. Au retour d’Oreste à Argos, parti en exil depuis son plus jeune âge, tous deux décident de venger le meurtre de leur père Agamemnon en tuant leur mère Clytemnestre et son amant Egisthe qui règne sur Argos.

dimanche 7 décembre 2008

LE ROSSIGNOL DE MAI

LE ROSSIGNOL DE MAI

A Jeton Kelmendi

« Tu ne sais du printemps que les fleurs… »

Paul Géraldy

C’est tôt le matin que je l’entends. Ce délicieux filet de voix, cet éparpillement soyeux de trilles, ces éclats de lumière riches en nuances, ces allegros, largos, crescendos si précis, si vigoureux !

La nuit est claire et ondoyante comme du satin. Ce petit corps, devenu exaltation amoureuse, églogue, transport lyrique, frémit parmi les tendres feuilles printanières. Sa mélodie insigne, légendaire, mémorable, sa mélopée hyaline court comme un ruisseau cristallin de frissons d’arbre en arbre, de buisson en buisson, de fourré en fourré.

Tout dans cette nuit démesurée de mai semble fait de caresses, de limpidité, de duvet.
Le frêle, le gracile rossignol ! Toujours invisible, humble, dissimulé sous ses plumes monacales. Lui, dont l’amour n’est que musique et transport de notes translucides !

Je savoure, le visage baigné par le clair de lune, tour à tour les modulations plaintives de la flûte phrygienne, les susurrements du pipeau rustique, les courtes pauses blanches, pendant lesquelles l’air ému jusqu’aux larmes, reprend son souffle léger. Instants de calme violet, de détente élégiaque, de rêverie éperdue et de mystère bachique.

Non, ni la grive enchanteresse, ni le merle musicien, ni la grêle rousserolle verderolle, ni la leste fauvette grisette à la tête recouverte de crêpe noir, ni le bavard hypolaïs polyglotte ne peuvent rivaliser avec son art aux variations infinies.

Lui, dont la gorge adamantine s’éparpille dans la pénombre avec une grâce vertigineuse. Lui, qui n’est plus que vibrations, battements d’ailes, ondes, oscillations. Tendre être métamorphosé en chant.

Et puis, on ne l’entend plus. Puis le cœur se couvre d’un lourd deuil automnal.
Il s’en va vers l’heureuse Afrique, vers les hautes nuits tropicales, vers l’immense chaleur des terres rouges. Là, où d’autres jeunes cœurs purs, naïfs, amoureux l’attendent, les yeux étincelant d’enthousiasme.

Athanase Vantchev de Thracy

Rueil-Malmaison, ce dimanche 7 décembre, Anno Domini MMVIII

Glose :

Hyalin, hyaline (adj.) : du grec ancien hualos « qui a la transparence du verre ». Transparent.

Rousserole verderolle – Acrocephalus palustris (n.f.) : oiseau de l’ordre des Passériforme, de la familles des Sylviidés. La rousserolle verderolle est la « soeur jumelle » de la rousserolle effarvate. La distinction visuelle est loin d'être évidente. Le critère « chant » est plus fiable. De façon générale, les deux espèces n'occupent pas le même habitat. Egalement de teinte brune, la rousserolle verderolle est plus blanche sur les parties inférieures, et davantage vert-olive sur les parties supérieures. Elle a les pattes claires. Le bec est légèrement plus court. La calotte est plus ronde.

Fauvette grisette - Sylvia communis (n.f.) : oiseau de l’ordre des Passériformes, de la famille des Sylviidés. Petite et vive, avec les ailes rousses et la queue assez longue aux rectrices externes blanches. Elle chante souvent du haut d’un buisson ou lors d’un bref vol ascendant. L’un de ses chants se compose d’une petite phrase pleine d’entrain répétée en alternance avec de courts silences.

Hypolaïs polyglotte – Hippolais polyglotta (n.f.) : oiseau de l’ordre des Passériformes, de la famille des Sylviidés. Ses facultés d'imitation lui ont valu le nom de polyglotte. En effet, dans le babil incessant que délivre l'hypolaïs figurent des sons empruntés au registre d'autres espèces. Elle entame souvent sa composition sonore par quelques notes du merle noir (Turdus merula), du moineau domestique, de la grive musicienne ou de l’hirondelle rustique. C'est une chanteuse assidue qui, absorbée dans ses vocalises, se laisse facilement observer.

samedi 6 décembre 2008

UBI PLURA NITENT

UBI PLURA NITENT

A Pedro Vianna

« Là où brillent un grand nombre de beautés,
je n’irai pas me choquer de quelques taches »


Horace,
Art poétique, vers 351

Dimanche à la campagne,
Et cette innocence espiègle des passereaux
Que mon âme préfère à aucune !

Et ces flèches des églises, Âme,
Qui soutiennent de leur grâce sémillante
Le ciel rose et bleu de France !

Le haut silence des antiques monastères
Qui répand, à la fois tangible et invisible,
L’onction de la vie éternelle !

Les brûlures des clochers
Dans la chair de l’âme !

Marcher, en cet été très tardif, dans les champs,
Sourire, respirer, dire
La part de moi transmissible !

Âme, tu occupes d’évidence
La première place dans mon cœur
Devenu ami de tous les horizons du matin !

Âme,
Comme l’amour, sans nœuds,
Me lie à toutes les beautés,
A toutes les blessures du monde,
Au heurt des rames,
A cette journée solitaire sans degrés,
A l’art immatériel de la musique
Et des mots !

Ô Âme,
Davus sum, non Oedipus !

Athanase Vantchev de Thracy

Normandie, le 6 décembre 2008


Glose :

Ubi plura nitent : « Là où brillent un grand nombre de beautés… ». Horace le savait : la perfection n'existe nulle part, et il faut savoir passer sur les taches qui se trouvent dans les meilleurs ouvrages, pour ne s'arrêter qu'aux beautés qu'ils renferment. Il n'y a que les ignorants et les hommes de mauvaise foi qui usent autrement de la critique.

Pedro Vianna (Pedro Marcos de Almeida Vianna : poète et dramaturge français d’origine brésilienne. Pedro Vianna est né à Rio de Janeiro (Brésil).

Après des études secondaires au Lycée militaire de sa ville natale et une année de classe préparatoire, il entre à la faculté de sciences économiques de l'Université fédérale de Rio de Janeiro, où, à la fin de 1969, il obtient le diplôme d'économiste (niveau maîtrise).

Arrivé en France en novembre 1973, Vianna est accueilli par l'association France terre d'asile et hébergé au Foyer des jeunes travailleurs Colonel-Fabien à Bobigny (Seine-Saint-Denis).

À la mi-1975, Vianna commence à écrire de la poésie en français. À la même époque, il s'installe à Paris et travaille à France terre d'asile en tant que chargé de mission pour l'organisation de l'accueil des réfugiés d'Asie du Sud-Est.

Poète, auteur théâtral, metteur en scène et comédien, à ce jour, Vianna a écrit quatorze pièces de théâtre (en portugais, en espagnol ou en français), dont plusieurs ont été jouées au Chili, en France, en Finlande, en Italie et en Suède. La version française de l'une d'entre elles a été éditée par l'auteur. Il a conçu également une quinzaine de spectacles poétiques - dont plusieurs à partir de ses propres poèmes - présentés au Chili, en France et en Italie. Il est l’auteur de trente-six recueils de poèmes (tous en français), dont deux ont été édités par l’auteur, qui a également publié les livrets de trois de ses spectacles poétiques. De très nombreux poèmes de Vianna ont été traduits et publiés dans des journaux et revues en italien, en suédois et en tamoul.

Davus sum, non Oedipus : Je suis Davus, et non Œdipe. Proverbe latin : Davus est, dans la comédie, le type de l'esclave dévoué, honnête, mais un peu simple : c'est un bonhomme. Oedipe, qui devina l'énigme du sphinx, doit à ce tour de force assez facile une réputation d'habileté qui permet d'en faire le contraste du bonhomme Davus.

mercredi 3 décembre 2008

MON VILLAGE AMAZIGHE

MON VILLAGE AMAZIGHE

A Mimoun El Walid

« Ayh’a x yinni ittum a dcar inu »

(Honte à ceux qui ont oublié mon patelin”)

Mimoun El Walid

Non, je n’ai pas oublié notre pauvre patelin,
Ni les martyres qui meurent pour vivre avec l’éternité,

Ni les saints qui se dissolvent dans nos larmes pour devenir lumière,
Ni la chevelure dorée de notre souriante rivière
Où scintillent, plus rapide que l’éclair, les tribus joviales des poissons.

Non, je n’ai pas oublié notre pays immortel qui sent le géranium et le jasmin
Ni la grâce perpétuelle du sourire de mes amis !

Non, je n’ai pas oublié ma mère qui changeait
Les heures lourdes de peine en poèmes,
Les nécessiteuses années de mon enfance en cantiques,
Ni la suave sueur de mon père revenant exténué des champs,
Une fleur des prés à son oreille !

Je porte dans ma gorge ardente les minces ruisseaux de tant de chagrin,
Le vert, le bleu territoire inviolable de mon patelin
Avec ses frontières cicatrisées qui se marient si bien
Avec le vol fiévreux des fauvettes.

Non, je n’ai pas oublié les buissons de cactus ni le vent froid
Qui déchire sa tunique argentée à leurs rieuses épines.

Frère, mon frère, comme la tienne,
Ma tristesse va jusqu’aux arbres en fleurs
Et revient s’asseoir au seuil de ma maison abandonnée,
Là, où la main du jour laborieux ramasse les mots de mes ancêtres,
Grains de bonté et d’amour dissimulés sous les ruines de ma maison.

Non, je n’ai pas oublié les oiseaux fidèles à mon village,
Qui épellent, en poussant des cris mélancoliques,
Les noms abandonnées de mes morts endormis en Dieu.

Non, je n’ai pas oublié l’été solennel en habits d’or
Qui dépêchait sous les vétustes toitures des bâtisses les hirondelles,
Ses joyeuses messagères de joie, ses pages ruisselant de chaleur !

Non, je n’ai pas oublié Idir, le vieux, le clément, l’amène berger,
Pâtre assuré des brebis, gardien fidèle de ma langue amazighe,
Ma langue éternelle, belle comme une jeune mariée au visage rayonnant,Douce comme le roucoulement amoureux d’un concile de colombes !

Non, je n’ai pas oublié les vastes mots d’amour de mes grand’mères
Ni l’antique sagesse de mes grand’pères assis à l’ombre frissonnante des platanes !
Je porte, cousues dans ma veste de tous les jours,
Les paroles de miel, les sourires de primevères
De mes tantes et oncles, de mes cousines et cousins !

Non, je n’ai pas oublié le temps abondant des moissons
Ni le peigne des étoiles dans mes boucles auburn d’enfant sage
Ni les voix vibrantes des jeunes filles de mon village,
Joyeuses envolées de tourterelles chantant autour du puits de mon village !

Non, je n’ai pas oublié les mâts blancs des sommets de mon Rif
Voyageant d’éternité en éternité
Ni les prairies bruissant d’herbe grasse et de marguerites
Où venaient poser leur mélodieuse fatigue les merles musiciens.

Frère, mon frère aimé, comme la tienne,
Ma pensée peut boire toute l’eau fraîche des fleuves et des lacs,
Toute la profondeur scripturaire de Dieu,
Toute la splendeur vertigineuse des Anges,
Mais jamais, au grand jamais,
Elle ne saura étancher ma soif de mon village !

Comme toi, frère de mon âme,
Que je me lève, ou que je me couche,
Que je pleure, ou que je ris,
Que je vis de larmes, ou que je me meurs d’affliction,
Je porterai, sculptés en lettres amazighes dans ma chair,
Tes mots magiques, frère, tes mots sacrés :

« Moi, je ne pourrais jamais oublié mon patelin
Quant à moi, je mourrai pour mon patelin. »

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 3 novembre 2008

Mon jeune ami et poète, Andich Chahid, a eu l’amabilité de m’envoyer les paroles d’une chanson de Mimoun El Walid. J’ai été littéralement ensorcelé par le texte. J’y ai tout de suite reconnu la voix d’un grand poète. Pendant des jours et des jours, j’ai porté les mots de cette magnifique chanson dans mon cœur. Et j’ai décidé d’écrire, par amour pour mon ami Ali Khaddaoui, par tendresse pour Andich et tous mes amis amazighs, par pure admiration pour Mimoun Et Walid, cet extraordinaire chantre de la Tamazgha, ce poème, écho de sa célèbre chanson Honte à ceux qui ont oublié mon patelin.

Glose :

Mimoun El Walid (né en 1959) : Mimoun est sans le moindre doute l’artiste le plus accompli et le plus aimé que le Rif marocain ait engendré. Né à Aït Sidel, petit village situé non loin de Nador, dans une famille de condition modeste, il commence à s'initier tout jeune à la musique. Il apprend à jouer de la tamjja (flûte) et découvre progressivement l’inouïe richesse du patrimoine musical amazighe. Habité par les mélodies de son pays, Mimoun se met à chanter et à défendre, dès les premières années de ses études de philosophie à l'Université de Fès, en tamazight, sa langue maternelle, la cause des oubliés, des opprimés, des laissés-pour-compte. En 1980, il sort son premier album Ajjaj (Le tonnerre) dont le succès est foudroyant, ce qui lui vaut des démêlées avec le pouvoir qui s’évertue à ignorer le passé amazighe du Maroc. Pour ceux qui ne le savent pas, la population marocaine est à 95% berbère. Après une traversée du désert, Mimoun revient au devant de la scène en 1986 avec Ametluâ (Le vagabond) et, dix ans plus tard, avec Tayyut (La brume). Après un long chemin oscillant entre exil et retour au pays natal, il finit par s’établir en Belgique où il devient le poète et le chanteur adulé de la communauté amazighe. Les jeunes générations des Imazighen (Berbères) du Maroc lui gardent une immense admiration et l’appellent affectueusement le « Roi du Rif ».

Les mots en italique appartiennent au poème de Mimoun El Walid.

mardi 2 décembre 2008

L'épitaphe du Rossignol

L’Epitaphe du Rossignol

« Death blowis a Life blow to Some.
(“Un coup mortel est un coup vitale pour certains »)

Emily Dickinson

Ci-gît Rossignol,
C’est ainsi que m’appelaient, enfant, mes amis.
Le temps est passé,
Le temps, amis ami de mon cœur,
Ce voisin intime dont nul ne peut se défaire,
Le temps qui tourne vers moi la face du jour !

La nuit, les rossignols fidèles,
Viennent réchauffer ma stèle de leurs ailes éthérées
Et couvrir des perles blanches de leurs voix
Le buis qui pousse, dru et joyeux, sur ma tombe.

Trilles d’aubes, parfums et dentelles ajourées des herbes,
Ciel desatin, planètes et astres, anges et brises
Me tiennent gaie compagnie !

Pourquoi me pleurer ?
Ne suis-je pas avec vous
Jusqu’à la fin des temps ?

C’est la fin sans fin !

Ne savez-vous pas, amis de mon âme,
Qu’une seconde avec Dieu,
Comble les failles de mille milliers de siècles ?

« Bihind Me – dips Eternity –
Before Me – Immortality ! »

(Derrière Moi – à pic, l’Eternité,
Devant Moi – l’Immortalité ! »)

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 2 décembre 2008

Petit, mes amis m’appelaient Rossignol ! J’avais l’habitude de chanter souvent. Ma mère m’avait appris un grand nombre de vielles chansons. Sitôt qu’on se réunissait le soir dans l’amenderai qui longeait nos maisons, on me demandait une chanson. Plein de bonheur, je m’exécutais avec joie. « Rossignol, disaient mes copains, tu ne mourras jamais ! » Et je les croyais volontiers. Ô temps qui sentait vraiment l’éternité !

Glose :

Bihind Me – dips Eternity… : vers d’Emily Dickinson.

SUPPLICATION (English)

Mon poème "Supplique" a été traduit en anglais par l'éminente poétesse américaine Dale Roche-Lebrec. Qu'elle en soit cordialement remerciée:

Supplication

for Luke

‘My heart is wax,
melting in the depths of my soul’

Helder Moura Pereira

From you, my Lord,
I only ask for peaceful nights,
The fluid elegance of two hearts enlaced,
Silences, the colour of the blue gentian!

From you, my celestial Master,
I only request the deep violet of an embrace,
The shining face of spring,
Moments beautiful as the Isle of Rhodes
Which floats, brilliant and rose,
On the exquisite rocking of the Greek waters!

From you, forgiving Son,
I only desire the gift of
The eager breath of an innocent mouth,
The pure blood of a young god
With his slender and infinitely delectable body
Beating in my blood.

From you, my divine Friend,
I only wish for
the transparent abundance
of a poem!

Translated into English by Dale Roche-Lebrec

The Wonderful Thing

Le grand poète anglais, Norton Hodges, a eu la bonté de traduire mon poème "Chose merveilleuse". Qu'il en soit remercié :


The Wonderful Thing

for Servane and Timothée

'May truth go with us, you and I!'

Mimnermus

I.

They were very young and the day was ablaze,
so the girl's delicate hand trembled
in the boy's burning hand
like the tender music of a Lydian flute.

They were walking, their eyes smoldering with happiness,
carried by the fiery spirit of the breeze,
among the daisies and the mint
of the radiant fields of the Midi!

The robins' jubilant chattering,
like sun through mist, crystal clear, sensual,
clothed their glances in sparks of sunlight.

II.

Children! Only your eyes know
how to bear the weight of the world!
Your innocent bodies floatin warm houses of blue air!

Both words and silence quiver for you
with the possibility of a caress,
your smiles are as bright and pure
as waters flawless as a diamond!

III.

O Venus, sparkling goddess of Love,
show them, O goddess with fingers like white roses,
the sweet mysteries of your name!

You, friend of the swallows and the flowers,
crown their spring-like heads
with the violets of your kisses,
change them, O mother of Love, into an immortal poem
so that, incorruptible, their diaphanous hearts may remain
within the endless radiance
of eternity uncreated!

translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges02.12.08.

vendredi 28 novembre 2008

Cinq de mes poèmes en albanais

Mon Ami, l'éminent poète albanais Jeton Kelmendi, a traduit 5 de mes poésies. Qu'il en soit remercié !

Friday, November 28, 2008

Athanase Vantchev de Thracy ne shqip

Përktheu Gjovalin Kola, përgatiti për botim Jeton KelmendiAthanase Vantchev de Thracy është pa dyshim njëri nga poetët më të mëdhenj bashkëkohës francezë. I lindur më 3 janar 1940, në Haskovo të Bullgarisë, ky poliglot me kulturë të jashtëzakonshme ndjek për shtatëmbëdhjetë vjet me radhë studime të larta në disa nga universitetet më të njohura të Evropës, ku ai fiton njohuri të thella për poezinë botërore.

Athanase Vantchev de Thracy është autor i 28 përmbledhjeve me poezi (të shkruara në varg klasik dhe të lirë), ku ai përdor gjithë spektrin e prozodisë : epopenë, odën, sonetin, bukoliket, idilet, pastoralet, baladat, elegjitë, rondon, satirën, hymin, épigramin, epitafin etj. Ai ka publikuar gjithashtu një numër monografish si dhe punimin e doktoraturës, Simbolika e dritës në poezinë e Paul Verlaine-it. Në bullgarisht, ai shkruan një studim për shkrimtarin epikurian Pétrone, të mbiquajtur Petronius Arbiter elegantiaru, i preferuari i Neron-it, autor i romanit Satirikon, si dhe një studim në gjuhën ruse me titull Poetika dhe metafizika në veprën e Dostojevskit. Duke qenë një njohës shumë i mirë i antikitetit, Athanase Vantchev de Thracy shkruan mjaft artikuj për poezinë greke e latine. Kurse gjatë qnëdrimit të tij prej dy vjetësh në Tunizi, ai boton njëra pas tjetrës tri vepra kushtuar dy qytezave punike tuniziane : Monastir-Ruspina – ana e tejdukshme, El-Djem-Thysdrus – i fejuari i kaltërsisë dhe Mozaikët e qytetit të Thysdrus-it.

Ai studion për shumë vite me radhë islamin dhe vendet e Lindjes si Sirinë, Turqinë, Libanin, Arabinë Saudite, Jordaninë, Irakun, Egjiptin, Marokun, Tunizinë, Mauritaninë dhe Taxhikistanin, ku kalon edhe një pjesë të jetës së tij. Në këtë periudhë, ai përshtat në gjuhën frënge veprën historike të Mustafa Tlass-it Zenobie, mbretëresha e Palmyre-it.

Ai qëdron gjithashtu dy vjet në Rusi (1993-1994) për të studiuar poezinë ruse. Përkthyes i një plejade të tërë poetësh, Athanase Vantchev de Thracy është nderuar me shumë çmime letrare e ndërkombëtare, midis të cilëve me Çmimin e Madh Ndërkombëtar të Poezisë Solenzara. Ai është laureat i Akademisë Franceze, anëtar i Akademisë Evropiane të Shkencave, Arteve dhe të Letërsisë, Docteur honoris causa i Universitit të Veliko Tarnovo-s, në Bullgari, laureat i Ministrisë së Punëve të Jashtmë të Francës, anëtar i P.E.N Club-it francez, i Shoqatës së Shkrimtarëve francezë si dhe i Shtëpisë së Shkrimtarëve dhe të letërsisë në Francë. Poezitë e tij janë përkthyer në shumë gjuhë të huaja.

Vepra poetike:

- Flakërime (1970).
- Hije e marrëzi (1971).
- Polyhymnia (1981)
- Libri i transparencave (1981)
- Orë e Stinë (1981)
- Ti, Virgjëreshë e zjarrit (1985), ribotuar më 2001 dhe 2002
- Oaz, fytyra drite (1986)
- Strofa pentacorde(1986)
- Animula vagula, blandula (1986)
- Sonetet e Damaskut (1987)
- Elozh drite (1987)
- Libër për oktavat (1987)
- Leptis-Minor (sonete romane)
- Përmbi Fjalët (1988)
- Anamnezë (1991), ribotim i zgjeruar(2006)
- Vetmia e Tridhjetë (1992)
- Trallisje, pasuar nga Shkëlqimet (1992)
- Këngë homofonike (1997)
- Zëra të bukur antikë (2000)
- Befas, një drit hërimë ëngjëllore (2000)
- Momente përjetësie (2001)
- Anale dhe përshpirtje (2002
- Epopteia ( Soditje sublime) 2003.
- Elegji (2003)- Ora e Nëntë (2004)
- Mëshirë, o Zot (2005)
- Kështu bëhen njerëzit (2006)
- Dhe deti kthehej në këngë (2007)

I.

DHEMBSHURI

Carolina di Gregorio-s
Sa i kthjellët është ky mëngjes, e ëmbla ime, Carolina,
Këtë e dinë edhe trishtilat që luajnë
Kukafshehtas me flladin si pëlhurë xixëlluese.
Zëra fëmijësh gjallojnë lumturisht rrugëve
E shpërthejnë si këmbana kristali Në ajrin e tejdukshëm.
E qeshur, ti shtrin nga dritarja krahët e tu Të Të brishtë drejt gëzimit të padukshëm
Nga kraharorët e tyre fërgëllues,
Dhe ndjesitë e tua, nën puthjet e pastërvitua
Të diellit adoleshent
Rezonojnë si kordat
E harpës!
Mos u përkul më tepër drejt
Hapësirës së dritares,
Engjëlli im i Bukurisë !
Ti mund të biesh në greminë
Nga zemra ime, ku vetëm ti,
Në këtë pranverë të qeshur,
E veshur me zefir e trëndafilë,
Mbretëron si Afërditë,
E madhe, e panënshtruar,
Perëndeshë e pashoqe
E Bukurisë, e Dashurisë
Dhe e Dhembshurisë !

Paris, e martë, më 24 shkurt 2004


II.

FJALË KALTËRSIE

Stephen-it

« Kërkoj pa pushim sytë e asaj
Që ishte për mua aq e bukur »

Perandori Wou

Ne e donim detin, valët et qeta të ujit
Gjelbërimin mahnitës të fushave e kodrinav e Librin e qetësisë dhe muzikën hyjnore
Të vargjeve të Teokritit në hije të pemëve luleberadha

Fleurigny – Touques, këtë të martë të 1 janarit 2008


III.

HYR DHE NDIZE DRITËN

My God, what is a heart? »

George Herbert-it (1593-1633)

Hyr et ndize dritën dhe qesh ! Kënga e ëmbël et natës pranverore hyn edhe ajo Në shtëpi, plot me lule të kuqe e të kaltra.
Përse je kaq e frymëzuar, kaq e lehtë ? Përse fustani yt vallëzon nëpër kadifin e qetësisë Me një ëndërr lumturie të thurur kaq bukur ?
A ëndërron ti për parfume ngacmuese
Që t’i bëjnë lëvizjet e tua kundermonjëse
Dhe perdet të dridhen nga fryma e kohës
Si fletët që bien nga plepat e vjetër ?
A do ta ndërroje ti aromën e butë të një peme,
Me fëshfërimën e ndrojtur të qershive ?
E Dashur, sa e dua këtë lumturi
Që buron prej trupit tënd,
Si një fllad i ardhur nga deti
Që shkon drejt pyllit me pisha!
Hajde, të lutem, të më mësosh
Artin e harmonisë me dritën e qiellit,
Gramatikën e dashurisë së bimëve të gjalla,
Dhe kuptimin e yjeve të ndezur në zemër.
Jam shumë i lodhur !
Por shpirti im kërkon të flasë pa pushim
Gjuhën e virgjër të lëndinave
Dhe të dëshifrojë fshehtësitë
E « Tablettes de buis d’Apronenia Avitia ! »
Më thuaj se me çfarë lloj arti të pashprehur
Dashuria i zhvendos pa pushim kufijtë
Ndërsa unë, i harruar në melankolinë time,
Dëgjoj këngë që më ngjajnë me ato të mëllenjave !
Thuamë, pra, shpirt im,
What is a heart ?

Në Paris, këtë të diel të 6 shkurtit, Anno Christi 2005

IV.

TRI PSHERËTIMA

E çfarë mund t’ju them më qartë se këto fjalë :
Koha është e mirë në pemishten e paqtë të kumbullave,
Le të pushojmë këtu, të mbështetur në lëvorën e tyre të butë.

*

Një grua me freskore fildishi tund flokët e saj
Nën shiun e petaleve. Ajo këndon. Ajo hesht.
Çfarë shprehin fjalët e saj ? Çfarë fsheh heshtja e saj e bukur ?

*

Melodi e heshtur e meshkujve të bletëve,
Këngë elegjiake et bletëve, përsipër
Shtëpisë sime, plot me miq që qeshin e më duan.

(Vjersha të shkurtëra nga vëllimi me poezi Momente përjetësie, 2001)

V.

TI JE MIK I VËRTETË

Ti je, Mik i shkëlqyer, mot që të bën të dridhesh
Zemër e mendimit dhe shpirt i diturisë,
Drithmë gjethesh që mbrëmja e dashuruar
E mbush me puthjet e delirit të saj hyjnor.

Traduit en albanais par le poète Jeton Kelmendi

L'EPITAPHE DE MANO DAYAK

L’EPITAPHE DE MANO DAYAK

« Les confidences n’ont d’échoQue pour nos cœur »

Alioune Badara Coulibaly

Ici repose le corps de Mano Dayak,
A présent, le sable est sa patrie éternelle.
Mais, éminemment immortelle, son âme voyage la nuit
Avec les lentes caravanes des étoiles
D’éternité pure en éternité pure.

Des grêles gouttelettes de rosées viennent à l’aube
Rafraîchir l’ardeur de ses lèvres.
Les larmes de son peuple aimé
Continuent à hanter, de saison en saison, son esprit.

Les guimbardes des jeunes bergers,
Anges hâlés errant entre terre et ciel,
Rendent plus léger le fardeau de son linceul de silex !

Concassant les joyeux grains de mil,
Faisant danser au vent,
Avec une élégance saisissante, le fonio,
Attisant les bûches du foyer,
Les femmes antilopes habillent de soie transparente
Son nom, cher aux hommes et aux dieux !

Le soir, à travers le désert sentant la fraîcheur,
Djembés, balafous, koras et ngoni
Ressuscitent dans la chair des splendides Touareg
La robuste, la coriace soif de liberté.

Puisse-t-elle la bure blanche de ma poésie,
Celle que j’ai endossée depuis ma trébuchante enfance,
Protéger de son ombre hymnique
Sa tombe du feu charnel du soleil !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 27 novembre 2008

Glose :

Mano Dayak (1949-1995) : entrepreneur touareg du Niger, l’un des chefs de la rébellion des années 1990. Les Touareg sont des Berbères (Imazighen). Il est né dans la vallée de Tidene, au nord d'Agadez, et appartient à la tribu des Ifoghas, originaire du Mali voisin. A l'âge de 10 ans, il suit avec réticence les cours de l'école française nomade d'Azzel. Mais avec le temps, Mano Dayak prend goût aux études et continue sa scolarité au collège d'Agadez avant de partir travailler à Niamey. A 20 ans, il part aux Etats-Unis où il poursuit ses études (bac et études supérieures) entre New York et Indianapolis, tout en travaillant. En 1973, il arrive à Paris et s’inscrit à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. Il se marie avec Odile qui lui donne deux fils : Mawli (ou Maoli) et Madani.

De retour au Niger, Dayak devient guide dans le désert, salarié d'une agence de voyages française. Plus tard, il fonde sa propre agence de tourisme Temet Voyages, qui devient la plus importante d’Agadez. Il a ainsi contribué efficacement à l'essor du tourisme dans la région. Il a également participé à l'organisation du rallye Paris-Dakar, devenant proche de Thierry Sabine, et à l'organisation de films tels que Un thé au Sahara de Bernardo Bertolucci.

En tant que leader de la CRA (Coordination de la Résistance Armée), Mano Dayak devient l'un des principaux chefs de la rébellion touarègue des années 1990, au même titre que Attaher Abdoulmomin, chef du Front de Libération du Nord Niger, Rhissa ag Boula du FLAA (Front de Libération de l'Aïr et de l'Azawak) et Mohamed Anako de l'UFRA (Union des Forces de la Résistance Armée).

Le 15 décembre 1995, il doit rencontrer le président nigérien Mahamane Ousmane et embarque à bord d'un avion affrété par un chargé de mission du gouvernement français en compagnie d'un journaliste, Hubert Lassier, et deux autres chefs de la rébellion touarègue, dont Hamed Ahmed ag Khalou et Yahaha Willi Wil. Mais juste après son décollage, l'avion s'écrase. Tous ses passagers sont tués.

Cet accident tragique a contribué à forger sa légende, et il est aujourd'hui connu comme celui qui a rappelé au monde l'existence et la souffrance du peuple touareg. Son charisme lui a valu l'amitié et l'admiration de nombreuses personnalités telles que Bernardo Bertolucci, Jean-Marc Durou, etc.

En 1996, un artisan touareg nommé Assaghid a créé en son honneur un bijou sur le modèle des croix des tribus du Niger, bijou qui reste le symbole de la rébellion.

L'aéroport d'Agadez porte aujourd'hui son nom. Dans leur dernier album intitulé Aman Iman, les Tinariwen lui rendent un vibrant hommage.

Sa modeste tombe, toute blanche, se trouve près de Tidene, au sud de l'Aïr.

Fonio – Digitaria exilis – (n.m.) : plante annuelle herbacée de la famille des Poaceae (Graminées) cultivée pour ses graines. Le fonio est une céréale mineure, qui n’a d’importance économique que dans quelques régions d’Afrique occidentale. La récolte annuelle dans ces régions est de l'ordre de 260 000 tonnes.

Djembé (n.m.) : instrument de percussion africain composé d'une pièce de bois en forme de calice recouverte d'une peau de chèvre ou d’antilope et d'un système de tension (corde, anneaux métalliques) que l'on joue à mains nues et dont le spectre sonore très large génère une grande richesse de timbre. La forme évasée du fût viendrait de celle du mortier à piler le grain.

Cet instrument vient de l’Empire mandingue (Afrique de l’Ouest), fondé par Sundjata Keïta au XIIIe siècle, qui s'étendait de la Guinée à l’est du Mali, et au nord de la Côte d’Ivoire en passant par le Burkina Faso.

C'est dans les années 1950 que le djembé commence à s'exporter en dehors de l'Afrique, grâce à Fodéba Keïta et les ballets africains, puis grâce à la Guinée et son président Sekou Touré, qui érige le ballet national de la république en vitrine de son régime.

C'est dans les années 1980 que le djembé conquit le monde, grâce à de grands djembefola (joueurs) issus des ballets nationaux (Mamady Keïta, le plus connu d'entre eux, mais aussi Amadou Kiénou, Famoudou Konaté, François Dembélé, Adama Dramé, etc.) qui jouent régulièrement et ont fondé des centres d'apprentissage en Europe, aux Etats-Unis et au Japon.

Balafou, balafo, bala (n.m.) : instrument de musique, Selon le pays, c’est soit un tambour, soit un sablier, soit une trompette en bois.

Kora (n.f.) : instrument de musique africain à cordes. C'est une harpe-luth mandingue (Mali, Sénégal, Gambie, Guinée, Sierra Leone, etc.) Selon la légende, la kora fut découverte par un grand chef de guerre, Tira Maghan, qui la donna à un de ses compagnons griots, Djelimaly Oulé Diabaté. La première kora est l’instrument personnel d’une femme-génie qui vivait dans les grottes de Kansala en Gambie. Tira Maghan, impressionné et ému par la musique de l’instrument, décida d’en déposséder la femme-génie. Aidé de ses compagnons de chasse, Waly Kelendjan et Djelimaly Oulé Diabaté, il récupéra l’instrument et l’offrit à Djelimaly le griot. Djelimaly la transmit à son fils Kamba. Ainsi la kora passa de père en fils jusqu’à Tilimaghan Diabaté qui l'introduisit au Mali.

Il ne faut pas la confondre avec d’autres instruments à cordes assez similaires tels le ngoni ou le bolon. La première description de la kora, appelée konting (confondue avec le luth ekonting) par les explorateurs des siècles derniers, évoquait un instrument à 21 cordes.

Bure (n.f.) : du latin populaire bura, lui-même du latin classique burra, « bourre ». Grossière étoffe de laine. Vêtement de cette étoffe porté par les moines.

vendredi 21 novembre 2008

LES CEDRES DU RIF

LES CEDRES DU RIF

A Khalid Izri

« Rinnovato dal mondo nuovo,
libero. »

(« Neuf, dans la nouveauté du monde,
libre… »)

Pier Paolo Pasolini


Depuis le commencement des temps,
Herbes et vents s’endorment entrelacés,
Comme envoûtés par la ferveur de la terre,
Sous les vergers lourds de fruits des étoiles.

Les frais éventails des cèdres rifains,
Titans majestueux ensemencés de ciel,
Veillent sur l’éternité amazighe et déversent,
Mêlant leurs racines au silence des rochers,
Un parfum chaud, charnel, boisé,
Dans les corps à l’allure de statue des jeunes gens.

Arbres légendes,
Demeures royales des dieux de l’amour,
Comme le temps est court pour vous dire ma dévotion !

Sur vos colonnes vivantes, couleur vert de mer, reposent
Les temples votifs, navires de lumière, dressés là
Comme pour immortaliser la geste des hommes libres,
Comme pour protéger les livres solitaires et altiers des jours
Des assauts du néant !

Pourraient-elles mes lèvres oublier
Les soirées sous vos délicieuses voûtes flottantes,
Les mots de bonté voguant dans l’obscurité
Sous le feu de vos fraternelles ramures ?

Ah, ces heures vouées aux amis, tard,
Quand la chair fascinée,
L’esprit devenu élan, le cœur ouvert comme une rose,
Nous écoutions couler la généreuse rivière des contes amazighes
Dans les doux replis de notre adolescente conscience !

Cris et murmures, étonnements et soupirs nous enseignaient,
Par des mouvements simples comme les frissons de l’air,
Les grands, les immortels mystères de la vie !

Le retour à la maison, en petites bandes de copains,
Eblouis, tendrement mélancoliques,
Avançant dans la mélodie chaude de l’été,
Comme suspendus entre terre et ciel,
Comme soulevés vers les cimes souriantes du Rif
Par un indicible transport
Aussi ancien et dense que le monde !

Nous, compagnons envoûtés de la lune,
Marchant côte à côte, unis dans le rêve,
Le cœur ardent prêts à éclater d’émotion !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 20 novembre 2008

Glose :

Cèdre (n.m.) : du latin cedrus, lui-même du grec kedros/ κέδρος. Genre de conifère de la famille des Pinacées, originaire du Moyen-Orient et de l’Himalaya, acclimaté en Europe et en Afrique, comprenant des espèces d’arbre majestueux, à bois odorant, à cime conique ou étalée, très utilisées pour l'ornementation des parcs. Les branches de cette essence sont étalées horizontalement et en plans superposés.

L'huile essentielle aromatique du cèdre a des propriétés antiseptiques. Chez les anciens Égyptiens, l'essence de cèdre et sa résine entraient dans les préparations servant à embaumer les momies.

Khalid Izri de son vrai nom Khalid Yachou (né en 1969 à Melilla, enclave espagnole du nord du Maroc) : musicien berbère. Grâce à son oncle, il fait connaissance de la musique amazighe (berbère) et se prend de passion pour la riche culture millénaire de son peuple injustement réduit au silence. Il apprend à jouer de la guitare, de la flûte et de l’harmonica, puis de tous les instruments de percussion. Dans un premier temps, il imite le répertoire d’Idir, Djurdjura, Jamal Allam et du poète Whalid Mimoun, emprisonné pendant deux ans pour avoir enregistré son premier album de chants en berbère.

La musique de Khalid Izri glorifie les traditions des Imazighen (Berbères). Elle puise sa grande beauté mélodique et son envoûtement rythmique dans l’âme de son peuple. Sa voix est claire et sonore comme les ruisseaux limpides du Rif.

Pier Paolo Pasolini (1922-1975) : poète, écrivain, scénariste et metteur en scène italien. Né à Bologne dans une famille aisée, il fut assassiné sur la plage d’Ostie, près de Rome. On a remarqué son génie cinématographique lors de la réalisation de ses films L’Evangile selon saint Matthieu (1964), nommé à trois reprises aux Oscars, Contes de Canterburry (1972) qui remporta l’Ours d’or à la Berlinale, Mille et une nuits (1974), présenté au festival de Cannes, etc. Il est reconnu comme l’une des figures centrales de l’art italien. Il est l’auteurs de plusieurs recueils de poésies, romans et essais.

IREFUTABLE CLARTE (en russe)

Mon ami, l'immense poète Victor Martynov, a eu la bonté de traduire mon poème en russe! Qu'il en soit remercié!

Неподражаемая ясность

Стояну Бакарджиеву

«Amor e uma luz que nao deixa escurecer a vida»
(«Любовь – это свет, который не позволяет жизни рухнуть»)

Камило Кастело Бранко

I.

Ты больше не любуешься светлым городом,
Стремительными пируэтами ласточек,
Чьи изящные, поистине аттические гнёзда
Служат роскошным украшением
Тёмной охры стен скромного домика.

Ты не слышишь больше музыку платанов
Чьи листья столь нежны, что сквозь них просвечивает
Божественное явление весны,
Не чувствуешь чистейших, неудержимых вибраций
Волнения и античной памятиВечного неба Фракии.

Твои сильные руки с неподражаемой сыновней нежностью
Не несут больше бережно, точно хрустальный сосуд с миром,
Не прижимают к своему дыханию
Навечно обездвиженное тело твоей старенькой матери!

II.

Как далеко то время, когда ребёнком
Ты играл в мяч с беззаботностью синички
На этой улице, украшенной
Талантливыми руками мостильщиков!

Ты, любимый друг,
Друг моей души, кого я вижу склонившимся,
Далеко за полночь,
Над толстой книгой,
Которую Ангелы прозрачности
Попросили тебя перевести на болгарский язык.

III.

Ах, мой друг, как печально сознавать,
Что твой тёплый голос, в котором слышалось
Болезненное беспокойство бессонных ночей,
Не обитает больше в этом доме,
Что сирень, которую ты так любил,
Которую сажал, напевая,
По-прежнему здесь, в ожидании
Твоей лёгкой походки
И тебя, кто продолжает жить в самом сердце смерти!

IV.

В душе сгущаются сумерки
С головокружительной нежностью прозрачного лета!
Так спускается с вершин снег,
Превратившийся в реку под ласками лёгкого ветра,
Навстречу трепещущим объятиям морских волн!

V.

Одинокая коленопреклонённая женщина в чёрном
Молится за всех близких, упокоившихся с миром,
Перед иконой пресвятой Богородицы
В маленькой часовне,
Где уже поселилась настороженность ночного воздуха.

Мои руки пытаются ухватить шафранное тепло
Её слов и сжимают свечу;
Капли расплавленного воска, стекая на руку, обжигают кожу.

VI.

Откуда-то возникает молодой голос
И призывает звёздный хор.
Я выхожу, иду, переполненный слезами,
Сквозь рыдания произношу твоё имя,
Ставшее, наконец, тобой!
Целую твоё лицо, открытое моей привязанности,
Точно бессмертное время года!

Париж, 13 октября 2008 года

Стоян Бакардиев был самым блестящим болгарским переводчиком. Всю свою жизнь он посвятил переводу величайших поэтов мира. Мы с моим другом поэтом Радко Радковым время от времени приезжали к нему в Пазарджик, сказочный город в сердце Фракии, в каких-нибудь сорока километрах от Пловдива. В течение многих лет этот чудесный человек, огромный эрудит, ухаживал с бесконечной сыновней нежностью за своей парализованной м атерью. Наши встречи были настоящими праздниками души. В последнюю нашу встречу он сказал мне со спокойной, ясной улыбкой: «Атанас, цикада моя, мы больше не увидимся в этом мире. Я буду ждать тебя в Раю поэтов под яблоней в цвету!» Я неожиданно расплакался! Всё тело охватила ужасная дрожь. В лицо мне ударила удушающая печаль. По дороге в Софию я беспрестанно плакал! Больше я его не видел. Он умер два месяца спустя.

Сегодня вечером я искал в интернете какую-нибудь заметку о нём. Ни слова! Ни слова о человеке, подарившем столько радости тысячам болгар. Сердце моё снова облилось слезами. Как может быть, что никто из членов Союза переводчиков Болгарии не удосужился опубликовать статью о нём?

Друг, пусть эта поэма выразит тебе всю любовь, которую я к тебе испытывал, испытываю и буду испытывать до могилы.

Неподражаемый (прилаг.): то, чему невозможно подразить, подлинная ясность.

Камило Кастело Бранко (1825-1890): Один из величайших классических поэто и писателей Португалии. Бурная жизнь Камило, как его ласкоао называют, была столь же богата событиями и столь же трагична, как жизнь его персонажей. Внебрачный сын благородного отца и простой крестьянки, он рано осиротел. Женившись в шестнадцать лет на Жоакине Перейра, он испытал другие страстные увлечения, одно из которых привело его в тюрьму: речь идёт об Ане Пласидо, которая стала его сожительницей. Получив титул виконта Корейа Ботело в 1885 году и правительственную пенсию, он, тем не менее, познал очень тяжёлый конец: страдая от боли и слепоты, он, в конце концов, покончил с собой.
В своих многочисленных (262 тома) произведениях Кастело Бранко интересовался всеми жанрами: театром, романом, истороией, биографиями, литературной критикой, переводом. В них отразились темперамент и жизнь автора. Фатальная страсть в них смешивается с сарказмом, лиризм – с иронией, мораль – с фанатизмом и цинизмом, нежность – с богохульством.

Камило Кастело Бранко, в поисках национальных истоков, написал, что он «покинул знамёна французских учителей», чтобы вернуться к описанию португальских традиций и обычаев. Он перевёл Шатобриана и попытался написать португальскую версию Человеческой комедии.

Этот писатель с живым воображением, доходчивым, оригинальным и ярким стилем, с богатым и разнообразным словарным запасом, остался непререкаемым авторитетом португальского языка. Пропащая любовь, опуликованная в 1862 году, является, по словам Мигеля де Унамуно, величайшим любовным романом Иберийского полуострова.

Написанный в 1840 году, в то время, когда Камило сидел в тюрьме за любовную связь с замужней женщиной, он повествует о тайной страсти двух молодых людей, Симао и Терезы, страсти, к которой примешивается любовь Марианны, девушки из народа, влюбившейся в Симао в то время, как она продолжала служить ему посланницей к Терезе.

samedi 15 novembre 2008

DIVAGATIONS (Russe)

Mon ami, l'immense poète russe Victor Martynov, a traduit mon poème "Divagations" :

Атанас Ванчев де Траси


Размышления

Ирэне Т.

«От самого моря пришёл я сюда
И вновь волну в твоих объятьях встретил»
Карт Кран «Пчёлы Рая»


Ты есть, и нет тебя! Мой глас звучать не хочет,
Подавлен временем, где смех, надежды, песни.
Весенний день, что вечер бестелесный
Приносит в дар душе волшебной ночи

Ты есть, и нет тебя! Резцом мой крик бездонный
Анналы памяти кромсает беспредельной.
Как жар, горит алфавит росписи, в молельне.
Сияют там бессмертные черты Мадонны.

Дрожащий, грежу: поцелуи страсти
Поглотят глаз твоих античных воды,
И сердце, мудрое, как Аттики рапсоды,

Мне вспенит кровь улыбкою ненастья.
Ты есть, и нет тебя! Размах мечты широкий!
Мне рану осветит мой сумрак одинокий!

В Париже, в это воскресенье, 28 ноября, Anno Domini MMIV

mercredi 12 novembre 2008

TROIS CICATRICES DE LILAS

TROIS CICATRICES DE LILAS


« Coeli enarrant gloriam Dei
Te Deum laudamus »

(« Les cieux proclament la gloire de Dieu,
Nous te louons, Seigneur Dieu »)


I.

La maison endormie dans l’haleine des lilas !
Au loin, un ocarina pleure, pris dans la claie de la brise,
La vérité nacrée des mots tranche de sa dague de sortilège La chaleur de l’été –

Je sais, petite soeur, tu ne reviendras plus
A l’heure des coccinelles
Pour me dire que Dieu
Est lumière et amour.

Te Deum laudamus.

II.

Mains laborieuses, mains de larmes,
De fleuves, de recommencement éternel,
Mains qui ne craignez ni les étoiles pluvieuses
Ni l’été incendiaire,
Mains couvertes de plancton, de varech,
D’écume et de lichens !

Mains qui cultivez les noms des amis
Comme des fleurs rares !

Montre-moi tes mains de marguerites, petite sœur !

Te Deum laudamus.

III.

Le tulipier du corps embrasé par l’autan,
Des strophes sombrées,
Des rires remémorés –

Les bourdons inscrivent leurs devises
Sur les pétales des lauriers-roses
En ce soir fait e musc enivrant !

Petite sœur qui dors dans le torrent de lilas !



Te Deum laudamus.

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 12 novembre 2008

Glose :

Ocarina (n.m.) : instrument de musique à vent de forme ovoïde, ressemblant à une tête d’oie, d’où son nom : en italien oca signifie « oie », et ocarina, « petite oie ». C’est un instrument traditionnel, en Afrique. Il est conçu dans l’écorce de certains fruits, en terre cuite en Amérique et en porcelaine en Chine.

Son usage en Europe remonte aux alentours de 1860 lorsque Giuseppe Donati transforme ce qui n’était alors considéré qu’un jouet en un instrument de musique classique.

Claie (n.f.) : du bas latin °cleta, lui-même du gaulois. Treillis d’osier à claire-voie : clayon, clisse, crible. Claie servant à faire sécher les fruits, les fromages : cagerotte, caget, volette.

Plancton(n.m.) : du grec plagktov / πλαγκτόν, neutre du plagktos / πλαγκτός, « errant ».

Varech (n.m.) : mot scandinave qui signifie « épave ». Ensemble des algues, goémons, fucus, etc., rejetés par la mer et qu’on récolte sur le rivage, notamment pour les utiliser comme engrais. Sorte d’algue brune : phéophycées.

Lichen (n.m.) : du grec leikhên /λειχήν (littéralement « qui lèche »). Végétal complexe formé de l’association d’un champignon et d’une algue vivant en symbiose, très résistant à la sécheresse, au froid, au chaud : lécanore, orseille, parmélie, rocelle, usnée, verrucaire.

Autan (n.m.) : du latin altanus, « vent de la haute mer ». Nom que l’on donne dans le midi de la France au vent orageux qui souffle du sud ou du sud-ouest. Les autans : les vents impérieux.

mardi 11 novembre 2008

LA NUIT AMAZIGHE

LA NUIT AMAZIGHE

« L’éternité nous est si native et profonde
Qu’il nous faut bien, de gré ou non, être éternel »

Angelus Silesius

La nuit amazighe, toute tissé de soupirs d’oranger,
Entre dans les maisons sans frapper à la porte.

Alentours, le calme est si aérien et si imprégné de parfums
Qu’il paraît vouloir dorer en profondeur le silence.

Les fleurs des jardins, flammes liquides et ondoyantes,
Raréfient l’air scintillant et rendent plus précise la tendresse.

Au loin, les sommets vierges de l’Atlas, endormis
Dans le lit duveteux des étoiles,
Semblent avoir renfermé dans leurs paupières neigeuses
Le livre prophétique de l’univers.

L’éclat pur d’une image lointaine
Vient, un bref instant,
Caresser la tête des enfants
Elégamment posée sur l’étoffe légère de la couche.

Les corps se métamorphosent en musique
Et toute leur respiration devient chant
De reconnaissance et d’amour !

Ô nuit, divine nuit amazighe,
Charge la barque de mon âme
De toute la splendeur des hommes du sud !

Rends parfaite et totale l’union de mes mains
Avec ce maintenant sans borne ni fin
Afin que je puisse répéter avec le poète allemand,
En défaillant d’émotion :

« La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu'elle fleurit,
N'a pour elle-même aucun soin, – ne demande pas : suis-je regardée ? »

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 10 novembre 2008

Glose :

Johannes Scheffler (1624-1677) : poète religieux allemand d’inspiration mystique plus connu sous le nom de Angelus Silesius, sous lequel il publia ses œuvres.

Johannes Scheffler naquit à Breslau, en Silésie. D'abord luthérien, il se convertit au catholicisme en 1652. Sa principale œuvre de polémique est la Conviction morale motivée ou démonstration selon laquelle l'on pourrait et devrait contraindre les hérétiques à la vraie foi (publié en 1673). Très influencé par les mystiques allemands et flamands du Moyen Âge, et notamment par Maître Eckhart, Henri Suso, Jean Tauler et Ruysbroeck, il a écrit de nombreux poèmes qui ont tous été compilés dans deux ouvrages, parus tous deux en 1657 :

1. Cherubinischer Wandersmann oder Geistreiche Sinn- und Schlussreime zur göttlichen Beschaulichkeit anleitende (édité une deuxième fois en 1675) qui est constitué de 1676 distiques et 10 sonnets.

2. Saintes délices de l'âme ou Eglogues spirituelles de Psyché amoureuse de son Jésus (recueil de Lieder).

Très lu par les poètes et philosophes de culture allemande dès le XIXe siècle, son influence posthume s'étendit sur la poésie de Rilke, sur la philosophie de Schopenhauer et Heidegger.
Atlas : massif montagneux du nord de l'Afrique. Il s'étend du sud-ouest au nord-est, en s'abaissant progressivement, sur les trois pays du Maghreb : Maroc, Algérie, Tunisie.

L’Atlas marocain : le Maroc est un pays de montagnes. Elles occupent, au-dessus de 1000m, près du 1/4 de son territoire et comprennent plus de 1/6 de sa population. Ces montagnes s'articulent autour du Haut Atlas avec ses deux plus grands massifs, Toubkal (4167m) et le M'Goun (4068m), qui constitue la pièce maîtresse de l'édifice montagneux du Maroc, et traverse tout le pays du sud-ouest, vers Agadir, au nord-est, vers Bouarfa.

Au nord, s'appuyant sur le Haut Atlas et sensiblement parallèle à lui, s’étend le Moyen Atlas. Au Sud, se dresse l'Anti Atlas (2530m), prolongé à l'est par le massif du Sarho (2712m). Enfin, le massif volcanique du Sirwa (3305m) constitue, à hauteur du massif du Toubkal, un véritable pont orographique entre le Haut Atlas et l’Anti Atlas. Orographique (adj.) : du mot grec oros / ’όρος, « montagne, colline, hauteur » et le verbe grapho : γράφω, « tracer des signes », « écrire ». Ce qui se rapporte au relief. Exemple : onde orographique ; celle-ci se produit lorsqu'une masse d’air est forcée en altitude par son déplacement au-dessus d'un relief montagneux. En gagnant de l'altitude, cette masse d'air prend de l'expansion et se refroidit par détente adiabatique (transformation thermodynamique). Ce refroidissement entraîne une augmentation de l’humidité relative et peut provoquer l'apparition de nuages ou de précipitations. Le sens orographique dans une vallée ou un vallon est le sens dans lequel coule l'eau. On définit ainsi la rive droite et la rive gauche.

De toutes les activités sportives qui se pratiquent au Maroc, la randonnée pédestre ou à ski l'hiver, est celle qui est la mieux adaptée au Haut Atlas et aux massifs avoisinants. Même les « 4000m » sont facilement accessibles au Maroc. Ceci est dû à un exceptionnel réseau de sentiers muletiers, un climat et un ensoleillement incomparables et à une absence de glacier. La population amazighe (berbère) qui habite ces contrées a su conserver ses traditions ancestrales, notamment dans les domaines de l'architecture, des costumes et des danses.

Son nom évoque le mythe grec du géant Atlas condamné par Zeus à supporter sur ses épaules la voûte céleste. Atlas / Ἄτλας, « le porteur », du verbe grec tláô / τλάω, « porter, supporter ») était un Titan. Il était le fils de Japet et de Thémis (ou de Clymène ou encore Asia) et le frère de Prométhée, Epiméthée et Ménoetios.

Il engendra notamment les Pléiades (avec Pléioné), les Hyades (avec Ethra), les Hispérides (avec sa propre nièce Hespéris) et la nymphe et reine de l’île d’Ogygie, la presqu’île de Ceuta en face de Gibraltar, Calypso. Après la révolte des Titans contre les dieux de l’Olympe, il fut condamné par Zeus à soutenir les cieux jusqu'à la fin des temps.

Atlas est mêlé à plusieurs légendes, notamment celle des pommes d’or des Hespérides : Héraclès vint le voir pour qu'il aille cueillir les pommes pour lui ; Atlas accepta à condition qu'Héraclès soutienne le monde à sa place pendant ce temps. Il a donné son nom au massif de l’Atlas, où l'on place traditionnellement sa résidence (Hésiode l'avait situé aux confins occidentaux du monde), ainsi qu'aux atlas de géographie. Dans le corps humain, la première vertèbre cervicale, qui soutient l'ensemble du crâne, s'appelle également atlas. Certains récits de la mythologie, comme ceux de Diodore de Sicile, identifient le Titan Atlas au roi éponyme de l’Atlantide.

« La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu'elle fleurit,
N'a pour elle-même aucun soin, – ne demande pas : suis-je regardée ? » : vers d’Angelus Silesius devenus le centre de la pensée du plus grand philosophe du XXe siècle, Martin Heidegger.

EMBLEMES

EMBLEMES

"The crash of Nothing, yet of all
How similar appears"

("La chute de rien, et celle de tout –
Ne se distinguent guère »)

Emily Dickinson

I.

A Vâlmiki

Je m’éveille le matin,
Un moineau sautille joyeusement
De branche en branche –
Terre génitrice, ouvre tes bras,
Rends à mon cœur doré
L’inapprochable, la suprême gravité
De tes mystères.

Donne à tous ceux que j’aime,
Ö terre,
L’insubstituable,
L’immérité don de la vie !


II.

A Vyasa

Ô mes amis,
Des petits fragments de nos regards
S’édifient des palais de lumière.

Venez, approchez, amis de mes jours,
Parfumons nos mains de rosée,
Ornons de rayons de Vishâka nos doigts,
Imprimons la voix de l’aurore sur nos lèvres
Avant d’orner nos noms d’absolu !

III.

A Indra

Tu ruisselles dans mes rêves
Quand la vague susurrante vient
Toucher les cercles étoilés de la nuit.
Dans mon cœur ton verbe est roi,
C’est lui qui m’apprend que ce sont
Les petits riens qui réconcilient
Ma bouche avec les baisers.
Ô hôti, fête des couleurs,
Ô alpana, élégantes figures rituelles
Dessinées sur le sol avec la pâte de riz rose
En signe de bonheur infini !

Ô parfum fugace de dévotion !

Glose :

Emily Dickinson (Amherst, Massachusetts 1830 – id. 1886): poétesse américaine. Recluse, elle a écrit environ 1 800 poèmes brefs qui, à l'exception de 7 textes publiés de son vivant, ne paraîtront qu'après sa mort (1890, 1896, 1924), de même que certaines lettres (1895). Vouée à un solipsisme maladif, prisonnière des conventions calvinistes et victoriennes, obsédée par la mort, elle fait de tout élément de la vie un signe de la prédestination et un moyen de désigner l'au-delà. L'inspiration est chez elle illumination lyrique, unissant concret et abstrait, trivial et sublime dans un élan épiphanique. Les formes brèves et le laconisme figent l'instant dans une atemporalité morbide. Cet imaginaire contraint est cependant doué d'une énergie concentrée qui appelle la modernité – celle d'un moi ironique et lucide. Solipsisme (n.m.) : du latin solus, « seul » et ipse, « soi-même ») désigne, d'une part, l'attitude du sujet pensant, pour lequel sa conscience propre est l'unique réalité, les autres consciences, le monde extérieur n'étant que des représentations et, d'autre part, une théorie philosophique qui par l'abstraction du monde externe ou des perceptions qui en proviennent, place l'individu seul devant la seule connaissance de sa propre existence.

À côté d'une définition restrictive du solipsisme il y a lieu de faire place au sens ontologique. Seule la mort met en évidence et révèle l'irrémédiable solipsisme de tout existant. La vie est, en tous ses états, de l'homme à l'étoile, de la rose à l'univers, un phénomène solipsiste car la mort scelle dans l'abolissement solitaire et l'absence de sens toute tentative d'être.

Valmîki (Ve - IVe siècle av. J.-C.): sage hindou et premier poète classique brahmanique. On lui attribue le Râmâyana (La Geste de Rama), grande épopée sanskrite. Le Râmâyana vâlmîkien est divisé en sept kânda ou livres : Bâla, Ayodhyâ, Aralnya, Kiskindhyâ, Sundara, Yuddha et Uttara, et compte environ 24.000 sloka (strophe).

Le sujet en est une très ancienne légende populaire qui raconte l'histoire de Rama, héros au service du bien, modèle pour l'humanité : Râma est un prince de la dynastie solaire, qui incarne l'idéal des vertus familiales, chevaleresques et royales. Il est le redresseur des torts, le champion du Dhama (enseignement de Bouddha – la remarque est de moi). Exilé par la jalousie d'une marâtre au moment ou le roi d'Ayodhyâ, son père, s'apprêtait à le couronner, il se résigna noblement à sa disgrâce, et vécut dans la forêt avec son épouse Sîtâ et son jeune frère Laksmana qui avaient tout quitté pour le suivre. Il fit un carnage des démons Râksasa, ennemis des dieux et des brahmanes, qui hantaient ces parages. Le roi des Râksasa, Râvana, assoiffé de vengeance et séduit par la beauté de Sîtâ, enleva celle-ci et la retint prisonnière dans sa forteresse de Lankâ. Râma et Laksmana firent alors alliance avec les ours et les singes, qui avaient pour roi Sugrîva et pour champion Hanumat. Avec leur aide, Râma retrouva Sîtâ, franchit l'océan et mit le siège devant Lankâ. Après mainte féroce bataille entre singes et Râksasa, Râma tua Râksasa en combat singulier et reconquit Sîtâ. Avec elle, il retourna à Ayodhyâ et reprit sa place sur le trône que son frère Bharata, fils de sa marâtre, Kaikeyî, lui avait généreusement conservé.

Vyasa (IVe siècle av. J.-C.) : sage mystique et poète hindou, compilateur de la grande épopée le Mahabharata (littéralement La Grande Guerre des Bharatas). Vyasa est un surnom qui signifie « compilateur », « arrangeur ».

Le Mahabharata est la grande épopée hindoue qui raconte dans 106 000 vers répartis en 18 livres (parva) les hauts faits du roi Bharata et de ses descendants.

Le thème principal en est le combat entre deux familles qui descendent du même ancêtre, Bharata (qui signifie Inde) avec d'un côté les méchants Kaurava et de l'autre les bons Pândava. Dhritarâshtra était le fils aîné de Bharata. Il aurait dû normalement accéder au trône. Mais comme il était aveugle, le pouvoir fut donné à son frère cadet Pându. Pându eut 5 ou 6 fils dont Arjuna, le héros de la Bhagavad-Gîtâ. Dhritarâshtra l'aveugle, eut cent enfants dont Duryodhana.

Dhritarâshtra n'a jamais accepté la prééminence de son jeune frère Pându, et éleva ses fils dans la détermination qu'ils règneront un jour sur le monde à la place des Pândava. Dhritarâshtra tenta même d'attenter à leur vie et à celle de leur mère Prithâ ou Kuntî. Mais ces complots furent déjoués grâce à Krishna.

Krishna fit tout pour apaiser le conflit entre les Kaurava et les Pândava. Ne pouvant éviter la bataille, il tenta de la contrôler. Il ordonna à ses armées de rallier l'un des camps, tandis que lui-même alla à l'autre en tant que conseiller. Les Pândava et Arjuna choisissent Krishna et les armées de Krishna rejoignent Duryodhana.

Il s'agit donc d'une lutte fratricide à deux niveaux: d'une part les Kaurava et les Pândava descendent du même ancêtre, d'autre part Krishna combat contre sa propre armée. Par ailleurs, Arjuna et Krishna sont cousins.

Vishâka (n.f.) : en Inde, étoile de la constellation de la Balance.

Indra : nom du chef des dieux du panthéon brahmanique, représenté avec un vajra, arme de jet à « mille pointes ». Indra symbolise la virilité, la puissance, la jeunesse et préside aux sacrifices. Il anime la source de la vie cosmique, donne la pluie et représente la fécondité.

The False Creators of Poetic Fame

The False Creators of Poetic Fame

'O curas hominem! O quantum est in rebus inane!'
(O mortal man! O the vanity of things here below!)

Persius

Get away from me, you zombies, you human jellyfish,
you insignificant pygmies swarming like insects over thousands of judging panels!
Lugubrious as mafiosi, you heap privileges
on so-called 'great' poets who've written nothing of any worth, cretinous enemies of the Muses!

Prizes, prizes, prizes, even if you give them all the prizes,
you won't find another Keats, an Ovid or a Homer;
your influence and their fame will be as fleeting as wisps of straw in the breeze,
you who refuse to let in the true light while you murder poetry!

translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges
11.10.08.

dimanche 9 novembre 2008

LES FAUX FAISEURS DE GLOIRE

LES FAUX FAISEURS DE GLOIRE


« O curas hominem ! O quantum est in rebus inane ! »

(Ô mortel ! Ô néant des choses ici-bas ! »)

Perse

Bas les pattes de moi, vous semble-morts, méduses,
Obscurs pygmées grouillant dans mille et mille collèges,
Lugubres mafieux, couvrant de privilèges
Des grands poètes sans œuvres, crétins ennemis des Muses !

Des prix, des prix, des prix, donnez leur tous les prix
Vous n’en ferez point de Keats, d’Ovide, d’Homère,
Vous, éphémères fétus aimant les éphémères,
Qui nient la lumière et tuent la poésie !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, ce dimanche 9 novembre 2008

Seigneur, quand je pense que Madame Edmonde Charles-Roux décide qui aura le prix de poésie Goncourt, je tombe dans une colère terrible ! Elle qui est si loin de la poésie que vous et moi, lecteurs, de Sirius.

Glose :

Aulus Persius Flaccus (34-62 ap. J.-C .) : poète latin né à Volterra en Etrurie. Perse grandit dans une famille appartenant à l’ordre équestre et apparentée à de hauts représentants de l'ordre sénatorial. Il fit ses études dans sa ville natale jusqu'à l'âge de 12 ans. Il gagna ensuite Rome pour y étudier la grammaire et la rhétorique. Il fut alors l'élève du grammairien Remius Palaemon et de Virginius Flaccus. Il cotoya le philosophe stoïcien Cornutus, Lucain ou encore Sénèque le Jeune. C'est Cornutus qui lui inspira l'amour de la vertu et exerça sur lui la plus grande influence, presque égale à celle d'un père qu'il perdit très jeune. Perse mourut en 62, à l'âge de 28 ans, d'une maladie d'estomac. Sa carrière littéraire se limite à quelques œuvres. Nous savons qu’il a composé une comédie (dont nous ne connaissons pas même le sujet), des vers sur Arria ainsi que dix satires imprégnées du stoïcisme. Lucius Annaeus Cornutus : philosophe stoïcien, natif de Leptis Magna en Afrique (auj. en Libye), exilé par Néron, à cause de la liberté avec laquelle il avait jugé ses vers. On a de lui un petit Traité de la Nature des Dieux, en grec, publié sous le nom de Phurnutus. Arria Marcella est une dame de la Rome antique, épouse de Caecina Paetus et célèbre par son courage. L'épisode célèbre de sa vie se déroule lorsque l'empereur Claude commanda à Paetus de se suicider, celui ci ne put se résoudre à le faire jusqu'à ce que Arria ne lui prenne le couteau des mains et se poignarde elle-même. Elle lui redonna alors le couteau en lui disant que ça ne faisait pas mal (« Non dolet, Paete! »).
Son histoire est surtout connue grâce à la correspondance de Pline le Jeune, dans laquelle elle est mentionnée après que celui-ci a rencontré sa petite fille, Fannia.

Sirius est l’étoile principale de la constellation du Grand Chien. Vue de la Terre, Sirius est l'étoile la plus brillante du ciel après le Soleil. Sa magnitude apparente est de -1,46. Elle se trouve à 8,6 années-lumière du Soleil, ce qui en fait une des étoiles les plus proches.

samedi 8 novembre 2008

TRESSAILLEMENT

TRESSAILLEMENT

A Chris

« Lumineux
comme ton visage, aube aux mille feuilles »

Hans Magnus Enzenberger

Comme tout est bleu, mon Prince, le ciel, les fleurs, le vent
Le temps serein qui dort entre vos cils de lin,
Mes mains remplies d’azur sur le fluide satin
De votre âme limpide, de votre cœur tremblant !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, ce samedi 8 novembre 2008


Glose :

Hans Magnus Enenberger (né le 11 novembre 1929 à Kaufbeuren) : poète, écrivain, traducteur et journaliste allemand, également connu sous le pseudonyme de Andreas Thalmayr. Il vit actuellement à Munich-Schwabing.




MY TRANSLATION INTO ENGLISH :

QUIVER

To Chris

" Brilliant as your face, dawn in thousand leaves "

Hans Magnus Enzenberger

Everything is blue, my Prince, the sky, the flowers, the wind
The serene time which sleeps between your linen lashes,
My hands filled with azure on the fluid satin
Of your crystal clear soul, your trembling heart!

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, on Saturday, November 8th, 2008

Notes :

Hans Magnus Enenberger (born on November 11th, 1929 to Kaufbeuren): poet, writer, translator and German journalist, also known under Andreas Thalmayr's pen name. He lives at present to Munich-Schwabing (Germany).

jeudi 6 novembre 2008

MIMNERME DE COLOPHON

MIMNERME DE COLOPHON

A Kevin

« Sur les galets brillants
S’en allait l’archange »

Manolis Pratikakis

Poète des hirondelles, tu as aimé Nannô,
L’adolescent flûtiste au pâle visage d’un dieu !
Tes mots ont le parfum, l’éclat voluptueux
De ses caresses brûlantes, de l’ambre de sa peau !

Après des millénaires, je serre contre mon cœur
Ton livre nuptial, tes vers où la Lydie
A déversé l’extase de ses immenses nuits,
Les fleuves de ses baisers, les lacs de sa candeur.

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 6 novembre 2008

Glose :

Mimnerme (VIIe siècle av. J.-C.) : poète grec. Originaire de Colophon en Lydie, il était joueur de flûte et auteur de poésies lyriques dans lesquelles il a chanté son amour pour le jeune flûtiste Nannô, sa grande et unique passion. Mimnerme fut le premier poète à accompagner ses élégies du son de la flûte.

Manolis Pratikakis (né en 1943) : poète grec, auteur de onze recueils.

Lydie : ancien pays d’Asie Mineure, situé sur la mer Egée et dont la capitale était Sardes. Elle était connue par Homère sous le nom de Méonie. La Lydie est évoquée dans les légendes d’Héraclès et Omphale, ou de Tantale et Pélops (ancêtres des Atrides).

REVERIES RIFAINES

REVERIES RIFAINES

« Ma terre est une lettre »

Andich Chahid Idir

I.

Le ciel étend son voile à semis de fleurs
Sur les somptueux cèdres du Rif.
Ta peau est suave
Comme la chair des fraises sauvages des fourrés,
Tu ris, et toute la beauté du monde
Est dans les ruisseaux verts de tes yeux !

II. Ces visages de femmes amazighes
Plus doux que des poèmes de satins légers.
Leurs mains d’ivoire d’autrefois,
Lumineuses
Dans la grande quiétude de leur silence.

III.

La démarche élégante des jeunes filles
Des hautes montagnes,
Cette odeur enivrante de violettes –
Lettres fines du tifinagh
Leur rire diaphane !

IV.

Andich vient avec le soir
En tunique blanche cousue
Par les cantilènes des abeilles,
Brodée par les brises du Rif !
Son cœur est grand et pur
Comme la face de l’éternelle Tamazgha !

V.

Ici la beauté est dans toutes les prunelles
Des adolescents !
L’automne et ses jours de belles ordonnances
Baignent leur beauté fulgurante,
Leurs hanches minces et souples,
Leur poitrine de marbre blanc du Rif.

VI.

Dans ce pays magique,
Dans les plis de ses montagnes majestueuses
Les draps sentent le pin et la menthe!
Maisons ouvertes
Comme des ailes de colombes
Dans la molle sérénité du soir.

VII.

La houle de la mer dans la bouche de Massin,
Les heures sont douces comme des fruits !
Ses lèvres n’ont pas assez de baisers
Pour couvrir de leur tendresse vertigineuse
Ce pays qu’il aime à mourir.

VIII.

La récitation sillante des rouges-gorges le matin,
Le parfum de thé et de paroles aimantes,
La rose décence des sentiers et des champs,
L’abîme immobile des lits
Où dorment des enfants
Plus beaux que la lumière de l’aurore.

IX.

La moiteur des corps presque nus des paysans,
Leurs têtes antiques qui rappellent
Massinissa et Jugurtha !
Des chevelures couleur de vin, poitrines de cuivre
Embrassées par le vent doré de midi !
Ô Andiche, comme est douce à mon chant
Cette impression d’éternité
Dans leurs regards !

X.

Idir, mon frère aimé,
Ecoute le synode serein des passereaux,
Oublie un instant la signée des nuits,
Le temps et ses boucles perlées de résine de sapin,
Les rumeurs de l’argile, les odes des étoiles du Rif !

Couche-toi sur l’herbe molle des prairies
Et écoute, écoute sans pleurer,
Les suaves battements
Du cœur immortel de ta Patrie!

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, ce mercredi 5 novembre 2008

J’ai écrit ce poème en pensant au jeune poète amazighe Andich. Massin est un prénom rifain.

Glose :

Le Rif : du tamazight (langue des Imazighen, c’est-à-dire des Berbères) arrif, « rivage, bord ». Le Rif est une chaîne plissée du Maroc septentrional, arc montagneux bordant la Méditerranée du détroit du Gibraltar à l’Ouest à l’embouchure de la Moulouya à l’Est. Dominant au Sud-Ouest et au Sud la plaine de Gharb et au Sud-Est le couloir de Taza (Atlas tellien). Villes principales : Tanger, Ceuta, Tétouan, Al-Hoceima, Melilla, Nador sur le versant Nord, Ksar el-Kebir, Ouezzane, Taza sur le versant Sud. Sa population, essentiellement composée de Berbères (Imazighen), mena une lutte farouche contre la pénétration européenne au début du XXe siècle. Après la défaite espagnole d’Anoual (1921), l’offensive coordonnée des forces françaises et espagnoles à laquelle participèrent le général Noguès et Franco contraignit Abd el-Krim à se rendre (1926). Rifain, e (adj.) : appartenant au Rif.

Les villes et endroits du Rif appréciés par les touristes : Cala Iris (à l'Ouest d’Al-Hoceima) ; Tala Tazegwaght (au Sud-Ouest de Nador dans le territoire de la tribu Ighzenayane) ; la côte entre Tetouane, Tanger et Ketama ; Chefchaouen ou encore Saidia dans le territoire de la tribu Ayt Iznassen.

Fourré (n.m.) : massif épais et touffu de végétaux sauvages de taille moyenne, d’arbustes à branches basses. Fourré d’un bois. Fourré de broussailles, de ronces. Synonymes : hallier, taillis, buisson, maquis.

Tifinagh ou tifinaghe (se prononce tifinar) ou libyco-berbère est un alphabet utilisé par les Berbères (Imazighen). C'était autrefois un abjad, un alphabet consonantique. Sillant, e (adj.) : du verbe siller qui signifie « produire un sifflement aigu et continu ».

Tamazgha (n.f.) : ce terme berbère désigne toute l’Afrique du Nord, de l’océan Atlantique à la mer Rouge dont les authentiques habitants sont les Berbères. On peut le traduire par « Pays des Berbères ». Tamazgha est un nom relativement récent, il a une connotation très liée au légitime nationalisme ainsi qu'à la renaissance et l'affirmation de l'identité amazighe. Il affirme l'existence d'une nation transcendant les frontières géopolitique actuelles.

Massinissa (238 – 148 av. J.-C.) : son nom berbère est MSNSN-Massinissan, de mass « seigneur » et inassen « peuple », sur les inscriptions bilingues de Citra (actuelle Constantine en Algérie), appelé par les auteurs latins Massinissa. Il est le premier grand roi de la Numidie unifiéee. Fils du roi (agellid en berbère) Gaïa (G.Y.Y, inscription punique), petit-fils de Zelalsan et arrière petit-fils d'Ilès. Il naquit vers 238 av. J.-C. dans la tribu des Massyles (Mis Ilès). Il mourut début janvier 148 av. J.-C. Massinissa œuvra durant toute son existence à la récupération des territoires annexés par Carthage depuis son établissement en Afrique. Il contribua largement à la victoire de la bataille de Zama à la tête de sa fameuse cavalerie numide.

Jugurtha (vers 160 – vers 104 av. J.-C.) : roi de Numidie. Il s'opposa durant sept ans, entre 111 et 105, à Rome. Jugurtha était le petit-fils du roi numide Massinissa dont le tombeau se trouve à Citra (actuelle ville de Constantine en Algérie). Son père était Mastanabal, frère de Micipsa, tandis que sa mère était une esclave concubine. Comme il s'agissait d'un successeur potentiel, le fils légitime de Mastanabal, Gauda, étant maladif, Micipsa, son oncle, roi de Numidie à l'époque, voulut se débarrasser de Jugurtha en l'envoyant en Hispanie (actuelle Espagne) combattre avec les troupes auxiliaires de l’armée romaine. Jugurtha se montra brave et courageux et les armées numide et romaine furent victorieuses à Numance. Jugurtha se fit beaucoup d'amis à Rome, non seulement grâce à sa valeur, mais aussi, quand il le fallait, grâce à son argent, et ce fut peut-être suite à des pressions des Romains que Micipsa finit par l'adopter trois ans avant sa mort, ce qui en fit l'un des héritiers du pouvoir. Après sa mort, le royaume fut partagé entre ses fils Adherbal et son fils adoptif Jugurtha. Jugurtha, qui ne voulait pas voir le royaume de Numidie divisé de cette manière, n'accepta pas la décision du sénat numide. En outre, ses cousins ne l'appréciaient guère et ne se privaient pas de railler son ascendance peu glorieuse. La même année, Jugurtha fit assassiner Hiempsal, le jeune frère d’Adherbal. Le sénat ne parut pas offusqué par cet étrange décès et la Numidie fut alors partagée entre Adherbal et Jugurtha. Les deux hommes continuèrent néanmoins à se faire la guerre jusqu'en 113 av. J.-C., date à laquelle Adherbal fut assassiné par Jugurtha. En outre, ce dernier s'empara aussi de la cité de Cirta, massacrant les commerçants romains qui s'y trouvaient. Rome accepta mal que ses ressortissants se fussent fait massacrer ainsi et n'apprécia guère le fait que Jugurtha voulût mettre en place un royaume de Numidie fort et uni. Le consul Calpurnius fut alors envoyé en Afrique du Nord pour combattre le roi numide. Le conflit dura jusqu'en 111 av. J.-C. (date à laquelle Jugurtha accepta de faire la paix). À Rome, les avis étaient divisés sur la question numidienne : les optimates pensaient que la Numidie devait rester un royaume indépendant, les populares considérant au contraire que la Numidie était une propriété du peuple romain. Pour trouver une solution, Jugurtha fut convoqué devant le Sénat romain. Ce fut alors que le consul Postimius Albinus proposa de régler le problème en donnant la couronne à Massiva, un cousin de Jugurtha. Ce dernier tua alors Massiva puis s'enfuit. Les hostilités reprirent. Postimius Albinus ayant été vaincu par Jugurtha à la bataille de Calama, il fut remplacé par un nouveau consul, Quintus Caecilius Metellus qui gagna son surnom de Numidicus au cours de cette guerre. Ce dernier fut secondé par le consul Caius Marius soutenu par les populares (Caecilius Metellus étant le patron de Marius). Caecilius Metellus sortit victorieux, s'empara des villes de Zama et Thala et repoussa Jugurtha en Maurétanie. Cependant, il fut relevé de son commandement en 107 av. J.-C. au profit de Marius. Ce dernier remporta de nouvelles victoires contre Jugurtha à Cirta et à Capsa (actuelle Gafsa en Tunisie). Maurétanie (n.f.) : territoire des Maures dans l'Antiquité. Il s'étendait sur le Nord-Ouest et central de l'actuelle Algérie, et une partie du Nord Marocain. Par la suite, en 105 av. J.-C., Jugurtha fut capturé par son beau-père Bocchus, le roi de Maurétanie, qui accepta de le livrer à Rome. Bocchus reçut le titre d'« ami de Rome » et la Numidie ne fut pas annexée. Elle fut cependant étroitement surveillée en devenant un royaume client de Rome. Les Romains placèrent le maladif Gauda sur le trône, étant donné qu'il était le fils légitime de Mastanabal. Marius fut réélu consul en 105 av. J.-C. puis reçut les honneurs du triomphe lorsqu'il retourna à Rome. Quant à Jugurtha, il mourut, sans doute étranglé, en captivité dans la prison de Tullianum vers 104 av. J.-C. Le conflit entre Rome et le roi numide nous est connu grâce à la Guerre de Jugurtha (Bellum Jugurthinum), ouvrage de l’historien romain Salluste.

Synode (n.m.) : du grec synodos / σύνοδος, lui-même de sun / σύν, « avec » et odos / ’οδός, « le seuil de la maison », mais une erreur courante le relie au mot grec hodos / ‘οδός, « le chemin ». Ce terme désigne une réunion, une assemblée délibérative.

BEFORE THE SILENCE

Before The Silence

'Lord, most merciful Judge,
grant your servant the bliss of paradise.'

Akathist for the Dead

I loved you once, Madame, you and the primroses,
you and the green silence of the meadow sables;
I remember your eyes the colour of Roman skies
and your azure hands lightly placed
on an openbook of Poe's verse, marvellous as the lightning!

I loved you like a child to whom summer refusesits
games of light, the balm of its fruits;
I was the dreaming page who dared one look,
only to find it returning futile as a reverie to my eyes
drenched with feeling, full of the song of the Muses!

translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy
November 2008

lundi 3 novembre 2008

CHOSE MERVEILLEUSE

CHOSE MERVEILLEUSE
(τò θαûμα)

A Servane et Timothée

« Que la vérité nous accompagne, toi et moi! "

Mimnerme

I.

Ils étaient très jeunes et le jour trop ardent,
La main fragile de la fille tremblait
Comme une tendre note de flûte lydienne
Dans la main embrasée du garçon !

Leurs yeux brasillant de bonheur,
Ils marchaient, portés par la fougue de la brise,
Parmi les marguerites et les menthes
Des champs radieux du Midi!

La langue jubilante des rouges-gorges,
Vaporeuse, cristalline, sensuelle,
Habillait d’étincelles de soleil leurs regards.

II.

Yeux d’enfants qui seuls savez
Supporter le poids du monde !
Corps innocents flottant
Dans les chaudes maisons de l’air bleu !
Mots et silence palpitant de caresses,
Sourires clairs et purs
Comme l’eau d’un diamants sans défaut !

III.

Ô Vénus, déesse étincelante de l’amour,
Révèle-leur, ô déesse aux doigts de roses blanches,
Les suaves mystères de ton nom !

Toi, amie des hirondelles et des fleurs,
Couronne leurs têtes printanières
Des violettes de tes baisers,
Change-les, ô mère de l’amour, en poème immortel
Pour que, incorruptibles, leurs cœurs diaphanes demeurent
Dans le rayonnement perpétuel
De l’incréée éternité !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, ce lundi 3 novembre 2008

Glose :

Servane :
prénom. Du latin servitium, « le service /de Dieu/ ». Le saint patron des Servane est un missionnaire chrétien qui, parti d’Irlande, évangélisa le nord de l’Ecosse et les îles des Orcades. Il vécut au VIIIe siècle.

Timothée : prénom. Du grec timotheos / τιμοθέος, « celui qui craint Dieu ». Les saints patrons des Timothée sont deux : le premier était un disciple de saint Paul auquel l’apôtre adressa plusieurs de ses épîtres ; il fut évêque d’Ephèse (aujourd’hui en Turquie). Le second était un martyr romain du IVe siècle.

Mimnerme de Colophon (VIIe siècle av. J.-C.) : poète et joueur de flûte grec. Mimnerme vivait pendant une époque instable lorsque les villes ioniques de l’Anatolie étaient en conflit avec les puissants rois de Lydie.

Ses poèmes les plus célèbres sont les élégies adressées au flûtiste Nanno. Mimnerme fut le premier poète à composer des vers élégiaques. Il accompagnait ses poèmes de la flûte. Le poète Hipponax (VIe siècle av. J.-C.) écrit : « Il /Mimnerme/ utilise l'air mélancolique de la branche du figuier ». Il a laissé le souvenir d’un poète agréable et doux. Horace (65-8 av. J.-C.) parle de lui dans son Epode I, 6 :

« Si Mimnernus uti censet sine amore iocisque
nil est iucundum vivas in amore iocisque. »

(« Si comme le pense Mimnerme, sans amour et sans jeux
rien n'est agréable, puisses-tu vivre dans l'amour et les jeux. »)