mercredi 26 janvier 2011

BEATUS DE LIEBANA

BEATUS DE LIÉBANA

A Jean de B.

Jean, quand le corps est triste et le noir immense,
Beatus me console de son herméneutique,
Délires torrentiels, extases exégétiques,
Paroles essentielles dont rêve l’autel des sens.

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 25 janvier 2011

Glose :

Saint Beatus de Liébana ( ? - 798) : théologien mort au monastère de Val-Gabado (Asturies) le 19 février 798. Il appartenait à l'ordre des bénédictins et fut d'abord moine au monastère de Saint-Martin, dans les montagnes de Liébana, qui devint le foyer de la restauration littéraire dans le nouvel État des Asturies. Il joua un rôle primordial dans les discussions théologiques contre les doctrines nestoriennes d'Elipand, archevêque de Tolède, et de Félix, évêque d'Urgel. Beatus écrivit à cette occasion le traité : De Adoptione Christi, filii Dei, publié d'abord par P. Stevart en 1616 et inséré depuis dans la Bibliothèque des Pères de l’Eglise.

A la prière de son ancien disciple, Ethérius, évêque d'Osma, il rédigea, vers 784, un Commentaire sur l'Apocalypse de saint Jean, ouvrage d’environ mille pages d'une importance capitale pour l'exégèse apocalyptique, en ce qu'il nous transmet la tradition, un peu dénaturée, de l'Église primitive au sujet du sens qu'il faut attacher aux révélations de Patmos, tradition en vertu de laquelle cette œuvre doit être regardée comme un cri d'angoisse arraché à un chrétien par les persécutions de Néron, auquel y est attribué le rôle d'Antéchrist. La critique moderne a établi, d'une façon indépendante, la légitimité de cette exégèse.

Le commentaire du moine de Liébana jouit, en son temps, d'une immense autorité, ce qui est attesté par de nombreux manuscrits qui en ont été faits jusqu'au XIVe siècle. Il n'a été publié que tardivement par les soins du P.-P. Henri Florez, augustin (Sancti Beati presbyteri hispani Liebanensis in Apocalypsin; Madrid, 1770) ; mais comme elle contrarie singulièrement les doctrines orthodoxes, cette édition a dû être détruite, attendu qu'on n'en a encore découvert qu'un seul exemplaire. D'autre part, dans la plupart des manuscrits, le chapitre contenant l'explication de la bête apocalyptique est arraché, de sorte que cette œuvre, si importante, nous a été révélée par Ambroise Firmin-Didot, grâce à un manuscrit complet, du XIIe siècle, dont il s'était rendu possesseur en 1870.

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