SIX PETITS POEMES ROUTINIERS
« Il n’y avait point de bruit pareils dans mon jardin d’autrefois »
Na-lan Sing-tö
I.
Ta voix est pleine de pétales
De magnolia,
Des vers luisants illuminent
Le calme léger de la nuit
Puisse leur brasier
Réchauffer les mots
De mon poème.
II.
Tu chantes
Pieds-nus sur la rosée
Frissonnant de fraîcheur,
Le moineau accompagne ta joie
Le cœur accroché à une
Tige de verveine.
Il y a tant d’herbes
Qui ne dorment pas la nuit.
III.
Va, pars
Et n’oublie pas de prendre pour guide
Sur les routes du monde
La nostalgie
De ton pays.
IV.
T’embrasser,
Te dire des mots
Purs comme le matin,
Appuyer mon cœur contre ton cœur
Sous les branches
D’un arbre
Dont nous ignorons la langue.
V.
Tu dors, Radko*, mon Ami,
Sous le balancement parfumé
Des glycines,
Le chant des abeilles
Sur ta tombe,
Une poignée du temps éternel
Dans tes mains apaisées.
*Radko Radkov (1940-2009) : le plus grand poète bulgare du XXe siècle.
VI.
Rends-moi le souffle
De ma divine Thrace,
Pour que ses parfums
De menthes sauvages et de jeunes vignes
Illuminent de leur clarté
Les rides rigides
De ma peau.
Rends-moi
Ma ville natale
Afin que mon âme grandisse
Parmi les mots
Comme grandit en chantant
L’aube de l’été !
Paris, le 15 janvier 2011-01-14
Glose :
Na-lan Sing-tö ou Na-lan Jong-jo (1655-1685) : poète mandchou, de son vrai nom Nara Gengde, fils d’un noble du clan de Nara qui fut un des premiers hauts fonctionnaires mandchous en Chine et fit élever son fils dans la culture chinoise. Licencié à dix-sept ans, docteur à vingt et un, officier de la garde impériale, ce pur Mandchou passe pour le plus grand auteur de ts’eu de la dynastie des Ts’ing. La brièveté de sa vie et le caractère passionné de ses vers l’ont fait comparé à Keats
samedi 15 janvier 2011
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