PALPITATIONS
« Yelken ol, kürek ol, dümen ol, balık ol, su ol;
Git gidebildiğin yere.”
(“Sois voile, sois rame, sois gouvernail, sois poisson, sois eau,
Va jusqu’où tu pourras »)
Orhan Veli
Un jour, mon Ami, un jour,
Je serai les fleurs, les mouettes, le vent,
Le soleil et la barque sur l’indigo de la mer,
La lettre d’amour oubliée sur la table
De quelque modeste taverne !
Oui, un jour je serai
L’humble marguerite dans les champs,
Le minuscule grain de riz qui attend
Le baiser de l’été,
La flamme au cœur des pierres,
Les rayonnantes ténèbres du temps,
La radieuse obscurité d’un poème !
Un jour, c’est sûr,
Je partirai
Au moment où l’aube
Sera encore couchée, toute blanche,
Dans le cœur des capucines.
Tu seras probablement triste,
Noyant dans un simple, dans un sourd sanglot
Les liens obscurs, ardents, complexes
Qui nous liaient
A la rose beauté des printemps !
Ô, mon Ami,
Puisse à jamais
Ma nuit demeurer lumière !
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, ce jeudi 8 octobre, Anno Domini MMIX
Glose :
Orhan Veli (1914-1950) : un des plus attachants poètes turcs, mort à trente-six ans d'une congestion cérébrale. Il laisse cinq petits recueils de poèmes, réunis aujourd'hui en un volume, ainsi que des essais critiques sur l'art et des traductions de poètes français. « Rien d’étonnant, écrivent ses traducteurs Elif Deniz et François Graveline, si plus d’un demi-siècle après sa disparition, il suffit de dire Orhan Veli pour s’entendre bien souvent citer quelques vers de lui, comme ceux-ci, il y a peu, dans la bouche gourmande d’un cordonnier de Kadikőy, sur la rive asiatique d’Istanbul :
« Bien-aimée qui ne vient pas en plein jour
Ne viendra jamais après minuit »
jeudi 8 octobre 2009
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