PUDEUR
(’αιδώς)
« Vent, aujourd'hui, on m’a dit que j’étais beau ! »
Juana de Ibarbourou
I.
Vous et moi, devant la face bleue
De cette féerique après-midi,
Les mots restent noués, immobiles
Dans nos gorges d’adolescents émus.
Tout orange, le temps coule délicatement
A nos pieds,
Murmure, chuchote, rit, se tait,
Une rose fraîcheur tombe sur nos épaules
Prises dans les fines dentelles de la pudeur.
Tremblants, nous ne savons pas que faire
Des rêves enfermés dans nos mains.
II.
Fermons nos yeux, laissons le mystère du silence
Révéler au jour, dans la langue des dieux,
L’innocente poésie de nos âmes.
Que le soleil pur à la lumière d’or
Frôle nos cils
Pour rendre plus profonds nos regards !
Que les fioles des heures, pleines de couleurs,
Irisent et enluminent nos vies !
Ecoutons les chants que tissent
Avec tant de passion rouge
Les fleurs des lauriers-roses
Et les ailes joyeuses des oiseaux.
III.
Ainsi, avec les doux bruits de l’air
Et des herbes, à l’ombre des allées ouvertes sur l’infini,
S’écrit le livre essentiel de chaque cœur.
Ah, tous ces mots tus
Qui disent si clairement et avec tant de précision,
L’invisible, l’impalpable empire
De l’amour.
Athanase Vantchev de Thracy
Paris, le 6 décembre 2009
Glose :
Juana Fernández Morales dite Juana de Ibarbourou (1895-1979) : femme de lettres uruguayenne. Une des plus grandes poétesses de l’Amérique latine avec la Chilienne Gabriela Mistral (1889-1957) et l’Argentine Alfonsina Storni (1892-1938). Juana est un chantre de l'amour et de la passion (Langues de diamant, 1919) ; (La Passagère, 1967). Elle a également publié des contes et des récits (Juan soldado, 1971).
lundi 7 décembre 2009
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