samedi 28 février 2009

Yes, A Day Will Come (Oui, viendra un jour)

Mon ami anglais, l'éminent poète Norton Hodges, a traduit ce poème. Un ami cher à mon coeur!

Yes, A Day Will Come

to Penio Penev

'Then people will be good.'

Penio Penev

1.
The night is as soft
as the sigh of violets in the garden,
the sea-green sky,
striated with delicate flowing blue
rolls out its soft silks towards infinity!

I think of you, my poet friend,
as I look at your book,
your portrait, your eyes,
living and pure
with that intense inner light!

I love you! I speak to yout
hrough the thin veil of death
that separates us!

Cautiously I strip your soul
of its crystal thoughts
and transform them into roses!

2.

I read your lines full of poppies,
of wounds like Chinese peonies!

Your words are azure arrows
that strike my hands
and make my tongue bleed!

3.

The summer night steals your shadow
and makes you more transparent than air.

Yes, my poet friend,
there will come a day without death,
and then
life will rise again
from its very depths!

And we will finally be stars
in the land of flowers and love!

The book of the sky
will print on our faces
its double memory!

4.

Tender Osiris, adorned with ritual bands
rubbed with incense,
will guide our steps towards
the ceaseless, fulsome light
of the immortals!

Osiris, the god of lightness, who united in one flash of lightning
the infinity of the centuries
and the whole long corridor of time!

5.

O, my friend,
eternal is the existence of things
in the smile of the Word!

translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges

vendredi 27 février 2009

OUI? VIENDRA UN JOUR

OUI, VIENDRA UN JOUR

A Penio Penev

« Et les gens seront bons. »

Penio Penev

I.

La nuit est douce
Comme le soupir des violettes dans le jardin,
Le ciel, vert d’eau,
Jaspée de fine coulées de bleu,
Déploie à l’infini ses molles soies !

Je pense à toi, ami poète,
En regardant ton livre,
Ton portrait, tes yeux,
La dense clarté intérieure,
Vivante et pure de tes prunelles !

Je t’aime ! Je parle avec toi
A travers le mince voile de mort
Qui nous sépare !

Je déshabille avec précaution ton âme
De ses pensées limpides
Et les transforme en roses !


II.

Je lis tes vers remplis de coquelicots,
De plaies pareilles aux pivoines de Chine !

Tes mots sont flèches d’azur
Qui frappent mes mains
Et font saigner ma langue !

III.

La nuit d’été dérobe ton ombre
Et te rend plus transparent que l’air.

Oui, ami poète,
Viendra un jour sans mort,
Alors,
La vie sera ressuscitée
Dans toutes ses profondeurs !
Et nous serons enfin des étoiles
Dans le pays des fleurs et de l’amour !
Le livre du ciel
Imprimera sur nos visages
Sa double mémoire !

IV.

Le tendre Osiris, paré de bandelettes
Frottées d’encens,
Guidera nos pas vers
L’incessante, vers l’ample lumière
Des immortels !

Lui, le dieu léger, qui a uni en un éclair
L’infinité des siècles
Et toute la spacieuse durée du temps !

V.

Ô, mon ami,
Eternelle est l’existence des choses
Dans le sourire du Verbe !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, la nuit du 26 au 27 février 2008

Glose :

Penio Penev (1930-1959) : poète bulgare. Fervent communiste, il participa avec des milliers de jeunes venus de tous les coins de pays, à l’édification de la nouvelle ville de Dimitrovgrad. Adoré par les ouvriers, ouvrier lui-même, il chanta, dans des vers d’une grande beauté, la vie, les joies, l’espoir du peuple. Penev est considéré à juste titre comme l’un des plus talentueux poètes de Bulgarie. Sa maison natale au village de Dobromirovka, région de Sevliévo (Bulgarie du Nord), est transformée en musée. Il est parent avec un autre grand poète bulgare, né dans le même village, Nicolas Kolev.

Osiris : nom grec d'un dieu de la mythologie égyptienne. La traduction de ce nom présente des difficultés et plusieurs hypothèses sont proposées. Ainsi « Ousir », ou « Iousiris », selon une ancienne graphie, a été traduit par « Siège de l'Œil » (du soleil ?), « L'œil puissant », « Celui qui fait son trône » (par allusion à son siège), « Le siège de la puissante » (par référence à la couronne), « Celui qu'elle a remis en fonction » (se rapportant à sa résurrection et à sa nouvelle puissance créatrice, grâce à la magie d'Isis).

Son nom égyptien est Ousir ou Asir ; on l'appelait aussi Ounen-Néfer (« L'éternellement beau ») et Khenty-Imentyou (« Celui qui est à la tête des Occidentaux », c'est-à-dire des défunts).

Il fait partie de la grande Ennéade d'Iounou (Héliopolis). C'est le dieu des morts et le garant de la survie du défunt dans le monde souterrain. Son symbole est le pilier Djed, ses attributs sont la barbe postiche, la crosse Heka, le flagellum Nekhekh et la couronne Atef.

Dans les textes des Pyramides, le roi défunt est identifié à Osiris. Au Moyen Empire, l'immortalité n'est plus le privilège du souverain : chaque défunt pouvait accéder à la vie éternelle, devenant lui-même pareil à Osiris.

mardi 24 février 2009

Les lys de la vallée (en russe)

Poème d' Атанас Ванчев де Траси

Mon poème "Les lys de la vallée" a été traduit en russe par le grand poète moscovite Victor Martynov. Qu'il en soit remercié!

Лилии долины

Здесь Атанас покоится, прохожий, –
Утренние росы его одели в саван погребальный,
Могилой служат лилии долины,
А жизнь его была сплошной поэмой,
Поэмой и останется - навек!

Париж, 2 мая 2008 года

Примечание.

Французское linceul саван, происходит от латинского linteolum, “нижнее бельё», которое, в свою очередь, происходит от linteum: «льняная ткань». Синоним: suaire, от латинского sudarium, «тряпка для утирания пота». Самым знаменитым Saint-Suaire считается плащяница, в которую было обёрнуто тело Господа нашего Иисуса Христа.

lundi 23 février 2009

The Monarchomach Theory (en anglais)

My friend, the eminent English poet Norton Hodges translated my poem "Monarchomaque". Thank you, dear Norton!

The Monarchomach Theory

to George Buchanan (1506-1582)

'Blessed be ye poor: for yours is the kingdom of God'

Luke 6:20

I hate the tyranny of today's philosopher kings,
their morbid insolence, their perverse self-confidence,
their devilish catchphrases, their despotic trade
in those who dare to sing eternity!

Sick inquisitors, I abhor your theories,
your satanic tirades against the divine Christ,
I refuse to let your unnatural practices sully the Edenic
joy of my poems, the faith that flows from my pen!

Author's Note: I love Jesus Christ and nothing in the world can tarnish my faith in Him. Materialist philosophers, the real monarchs of contemporary thought, have taken it as their right to hound all those who exalt the Christian faith in an unprecedented witch hunt. I hate these tyrants with all my heart, soul and spirit.

translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges

TOUT EST POUR TOUJOURS

TOUT EST POUR TOUJOURS

« Deus sive Natura »

(« Dieu ou, si vous préférez, la Nature »)

Spinoza

Car tout est infini et plein d’éternité,
Les brins fragiles de l’herbe, les clairs pétales des roses,
Une loi impériale réside au cœur des choses
Que rien ne peut régir, ni force ni volonté !

Et Dieu est une substance aux attributs sans nombre,
Chacun exprime l’agir de l’éternelle essence,
Figure géométrique, Désir et Puissance,
Raison, Nature, Justice, Espace et Forme sans ombre !

Ainsi parlait le sage vêtu de vouloir,
Scrutant la face mystique des livres millénaires
Et devenue Ethique, son existence précaire

Touchait au but suprême et pur du savoir !
Dehors, dans le jardin, un joyeux pinson
Berçait la paix des feuilles de sa limpide chanson !

Athanase Vantchev de Thracy

Saint-Germain-en-Laye, ce lundi 23 février, Anno Christi MMIX

Je poursuis, depuis des semaines, la lente et difficile lecture de Spinoza. Je suppose que cette difficulté tient à deux choses : au style obscure, je veux dire non assez élaboré du philosophe, et à la traduction. Mais il est impossible de dire clairement dans la langue d’arrivée un texte peu clair dans la langue du départ.

dimanche 22 février 2009

MONARCHOMAQUE

MONARCHOMAQUE

A Gorge Buchanan

« Bienheureux les simples d’esprit, car le Royaume de Dieu est à eux »

Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc

Je hais la tyrannie des rois de la pensée,
Leur insolence morbide, leur assurance perverse,
Leurs dits diaboliques, leur despotique commerce
Avec les âmes qui osent chanter l’éternité !

Inquisiteurs malsains, j’abhorre vos théories,
Vos sataniques discours contre le Christ Céleste,
Vos mœurs dénaturées ne peuvent toucher l’agreste
Joie de mes poèmes, la foi de mes écrits !

Athanase Vantchev de Thracy

Saint-Germain-en-Laye, ce dimanche 22 février, Anno Domini MMIX

J’aime le Christ. Et rien au monde ne peut ternir ma foi en Lui. Les penseurs matérialistes, véritables monarques de la pensée contemporaine, s’acharnent avec une violence inouïe contre tous ceux qui exaltent la Foi chrétienne. Ce sont ces despotes que je méprise de tout mon cœur, de toute mon âme, de tout mon esprit.

Glose :

Monarchomaque (n.m.) : du verbe grec machomai / μαχομαι, « combattre le monarque ». Libelliste qui s'élève contre l'absolutisme royal qui s'établit à la fin du XVIe siècle en Europe occidentale. Les monarchomaques prônent une certaine « souveraineté du peuple ». L'existence au XVIe siècle des monarchomaques démontre que la théorie de l'absolutisme n'était pas une évidence. Certains, comme Juan de Mariana et Jean Boucher, sont catholiques mais la plupart sont protestants (Philippe de Mornay, François Hotman, Théodore de Bèze, Hubert Languet, George Buchanan).

La doctrine des monarchomaques était héritière du grand orateur athénien Démosthène (384-322 av. J.-C.), modèle du parfait dévouement démocratique. Aristote y voyait une loi de la nature. Cicéron s'en servit pour justifier l'assassinat de César.

Les monarchomaques ont en particulier développé l'idée selon laquelle, si le roi persécutait la religion, il violait le contrat conclu entre Dieu et le peuple et celui-ci pouvait se révolter. Il est évident qu'une telle idée, particulièrement répandue chez les protestants français, a pu inspirer l'assassin d'Henri III par le moine Clément et celui d’Henri IV par Ravaillac.

Georges Buchanan (1506-1582): poète latinisant, dramaturge et historien écossais. Éduqué en Ecosse, Buchanan arriva en 1520 à Paris, où il resta deux ans avant de repartir dans son pays. Il fut professeur au collège Sainte-Barbe et devint le précepteur d’un fils naturel de Jacques V d’Ecosse, le comte de Murray. Ayant écrit une satire contre les Franciscains, il fut emprisonné puis se réfugia en France, et enseigna pendant plusieurs années à Bordeaux et à Paris. Appelé au Portugal pour enseigner à l’Université de Coimbra (Coïmbre en français), il éprouva dans ce pays de nouvelles difficultés à cause de la hardiesse de ses opinions.

Il repassa en Écosse en 1560 et y embrassa le protestantisme. La reine Marie Stuart le chargea de la direction d’un collège, et voulut lui confier l’éducation de son fils ; il ne s’en déclara pas moins contre cette princesse dans les troubles qui suivirent et fut nommé par les États précepteur du jeune roi Jacques VI. Il consacra les dernières années de sa vie à des compositions historiques. Buchanan a écrit en latin.

mardi 17 février 2009

FERVEUR (en russe)

Mon ami, le grand poète russe, Victor Martynov, a traduit mon poème. Qu'il en soit remercié!

Атанас Ванчев де Траси

Страстность

Виктору Мартынову

«Чтобы пришёл час, когда вечер запоёт в нас…»

Кристиан Юбэн

Нет возвращения, душа, без благодати,
Без благодати избранных возврата нет!

Да, да, душа, как сладко искупаться
В росе прекрасных глаз зари,
Дышать, расслабиться в объятьях
Светло фисташковых высоких трав!

Жить так, как будто ты принадлежишь
Потустороннему, затерянному миру
По воле случая иль прихоти судьбы!

Один, в молчании пред реками сезонов,
Перед лицом небесной правды каждой вещи!

Стоишь перед стихами,
Что навевают колдовскую власть
Загадочных дельфийских изречений,
Их лаконичность строгую и близкую к тщеславью,
Их власть над нашей бренной жизнью!

Усвоить столь недавнее прозренье:
Ведь этот странный и нездешний мир,
Что мирно засверкал на глади утра,
Единственно реальный, чтоб унять
Неповторимый почерк сердца,
Что к ясности стремится неустанно!

Да, сделай так, душа, чтоб ангелы любви,
Что прячутся в пьянящем аромате олеандра,
Эфирною улыбкой подкрепили
Чистой мечты тугую белоснежность,
И мыслей лёгкую небесную лазурь!

Париж, 5 февраля 2009 года

Я посвящаю эту поэму большому поэту и другу Виктору Мартынову

RESTER IMMOBILE (poème de Bruno Leost)

Le jeune poète Bruno Leost a eu la gentillesse de me dédier ce poème. Il a un immense talent. Bruno Leost, Français, habite en Australie. Qu'il en soit remercié:

RESTER IMMOBILE

A Athanase Vantchev de Thracy

Rester immobile, tranquille,
Serein.
Intact comme les Saints.

Intouchable, fixe, invincible
Et aile sur le terrain du desert d’or,
Au pied des pyramides.

Impassible, franc sous les etoiles,
Agrippant la terre ferme par l’axe souverain
Et fixant droit semblable au sphinx irreductible.

Veilleur des jours, des nuits.
Temoin du temps.

Bruno Leost

dimanche 15 février 2009

Préface (en russe) de Victor Martynov

От переводчика

В этом сборнике представлена лишь малая толика стихов замечательного французского поэта Атанаса Ванчева де Траси. Болгарин и француз по национальности, блестящий знаток многих языков, он живёт во Франции и пишет на таком сочном и богатом французском языке, какой редко встретишь у коренных жителей сегодняшней Франции. Не случайно почти каждое его стихотворение снабжено подробнейшими примечаниями, свидетельствующими о глубочайших познаниях автора в области филологии, этимологии и истории языка. Человек широко эрудированный, Атанас Ванчев де Траси щедро делится со своим читателем обширнейшими познаниями не только в области языков, но и истории культур разных народов, в особенности - народов Востока, древнего Рима и Греции. Во время своих многочисленных путешествий поэт внимательно знакомился и с памятниками материальной культуры этих стран. Его острый глаз исследователя всякий раз подмечает детали, часто ускользающие от рассеянного взгляда туриста. Поэтому древние памятники предстают в его стихах столь выпукло и зримо, создавая у читателя «эффект присутствия».
Атанас Ванчев де Траси – поэт от Бога! Он не просто мыслит образами. В каждый из них он вкладывает частичку своего сердца и души, полной романтизма, восторженности и так редко встречающейся в наше прагматическое время глубокой искренности.
Переводить Атанаса Ванчева де Траси и трудно, и увлекательно. Трудно потому, что этот замечательный поэт обладает богатейшим словарным запасом, которым он распоряжается легко и непринуждённо, органично вплетая в ткань стиха громадную эрудицию, богатейшую гамму эмоций и фантазию, не знающую границ. Его поэтическое воображение позволяет ему проникать в суть вещей почти на молекулярном уровне и вырываться на просторы вселенной, подниматься в горние выси и чуть ли не на равных общаться с ангелами, проникать в замыслы Творца и проявлять при всём этом неразрывное единение с матерью Природой.

Увлекательно потому, что он всякий раз заставляет вас вникать в глубинную суть слов, постигать их этимологию, совершать вместе с ним занимательнейшие путешествия в глубину веков, становиться почти соучастниками событий давно минувших дней.
Поэта отличает трепетное отношение к Слову, которое, по выражению евангелиста Иоанна, « было в начале» и … есть Бог».

Многие произведения поэта написаны свободным стихом. Он сам объясняет это тем, что так можно точнее и глубже передать именно тот смыл и те оттенки, которые он хочет донести до читателя в их первозданном виде. Вместе с тем автор жонглирует рифмой и размером, проявляя величайшее мастерство и создавая подлинные поэтические жемчужины. Его стихи всегда – пример чеканного размера, неординарной и точной рифмы, подлинно высокого слога.

Я горжусь доверием, которое оказал мне мой друг Атанас Ванчев де Траси, позволив перевести некоторые из его стихов, и льщу себя надеждой, что хоть отчасти смог донести до русскоязычного читателя бесценное богатство его поэтического творчества.

Виктор Мартынов

samedi 14 février 2009

MEVLANA (en russe avec notes)

Мевлана

«О Сам Табризи! Ты солнце, сокрытое букв облаками.
Когда твоё солнце взошло, то стёрлись слова.

Я сам стал похож на молитву, - столько молитв я прочитал;
Когда кто-то видит моё лицо, он просит меня помолиться за него».

Mevlana


Мистическая ода

Любовь, Любовь, Любовь! О, Властелин Любви!
Экстаз внутри экстаза, ум ума внутри,
Восторгом полон рот; о сердце, ты замри,
Словам Его, что красят дней волну, - внемли!


Вершат и Блеск, и Красота, царям под стать,
Планетный хоровод вкруг истинного Солнца,
Музыка сфер, таящихся в зрачках, чьи донца
Вобрали мир, познавший Неба Благодать!


Иса, Дуль нун, Адам, Мухаммед, Газали,
Мухасиби, Халладж, Аль Бистами, Муса
И ты, о, Друг души, нежнейший Мавлана,

И твой язык пленительный в Раю, как соль земли!
Рекой твоих стихов, разбитый, упиваюсь,
И вновь живу, дышу, люблю и улыбаюсь!

Париж, воскресенье 22 июля 2007 года

Примечания:

Джалал аль-дин Руми ибн Баха аль-дин Султан улама Уалад ибн аль-Хусейн, известный под псевдонимом Мавлана, «наш хозяин», на турецком Мевлана (1207-1273): суфий, основатель, неизменно знаменитого, братства Мавлеви и автор мистических стихов на персидском языке, ставший святым покровителем города Конии, где расположен его мавзолей.

Родившись в Балхе в Хоростане (сегодня – одна из иранских провинций), в семье предсказателей, Джалал аль-дин покинул Иран совсем молодым вследствие размолвки его отца с Хорезмшахом, покровителем Фахра аль-дина Рази Абу Абд Аллаха Мухамада ибн Умара ибн аль-Хусейна (1149-1209), защитника суннизма. Он последовал за своими близкими на территорию сельджукидов Рума, сначала в Аксехир, Эрзинкан, Ларенд и, наконец, в Конию, где его отец, приглашённый турецким правителем Кайкобабом I-м, умер в 1231 или 1232 году. Сам он остался жить в этом городе, проучившись какое-то время в Сирии. Закончив своё образование у разных суфиев, он, после необыкновенно важной для него встречи с таинственным бродячим суфием Самс аль-дином Табризи в 1244 году, приступил к опытам по экстазу, которые он выразил в поэтической форме в любовных пьесах, в том числе в газелях своего дивана (поэтического сборника), посвящённого его духовному наставнику Самсу аль-дину Табризи. Помимо тайн, которые открыл ему этот загадочный персонаж, он обучил его также мистическому танцу. Мевлана изложил свою доктрину в своём дидактическом произведении, адресованном его ученикам и получившем название Матнави (25 000 стихов). Он повествовал о том, что он считал сокровенным смыслом Корана, стараясь выразить в танце порывы своей мистической набожности и своей любовной чувственности. В 1247 году его учитель Самс исчез. Некоторые утверждают, что он был убит людьми, завидовавшими ему.

Смерть учителя вдохновила Мевлану на сему или танец кружащихся дервишей, нечто вроде спонтанного выражения чувств и горя. Мевлана умер 17 декабря 1273 года. В наши дни сема исполняется во время празднеств, посвящённых памяти смерти Учителя ежегодно 17-го декабря в форме представления, а не религиозной церемонии. Преемником Мевланы стал один из его учеников, позже – его сын султан Уалад, который придал братству законченную организационную форму и подчеркнул его особенность, сделав упор на чувственную и эстетическую сторону, рождающуюся в поисках экстаза, слушании музыки и, особенно, в обращении к церемониям танца, непременным и торжественным.

Произведения Джалал аль-дина не были глубоко изучены. Тем не менее из беглого их прочтения следует, что Джалал аль-Дин не примыкает к монизму, принятому некоторыми мистиками его времени. Он, действительно утверждает сверхчувственность Бога по отношению к действительности, которая выстраивается по мере того, как человек постигает не только тело и душу, но дух и даже впоследствии более «глубокий» дух, участвующий в познании, являющийся сутью святости вали и пророчества.

Идеи Мевланы оказали очень большое влияние на литературу, на музыку и искусство. Для него главная цель жизни – в постижении божественного существования. Впрочем, поиски Бога или поиски единства лежат в центре внимания ислама. К этому можно придти через смерть или через любовь ко всему сущему, поскольку весь мир является отражением Бога. Любить человечество означает любить Бога. Через любовь можно постичь сущность Идеального. Это то, что все мистики, и мусульманские, и христианские, называют «растворением в Боге».

Не имеет значения выбор пути прихода к Богу: христиане, буддисты, мусульмане, евреи имеют единого Бога. Мевлана и многие сельджукские султаны женились на христианках, которые были вольны сохранять свою религию. Призыв Мевланы обращён ко всем: «Приди, кто бы ты ни был, верующий или неверующий, приди, ибо здесь живёт надежда». Это экуменическое мировоззрение находит место в турецком мире, который всегда подавал пример религиозной терпимости. Сема, священный танец кружащихся дервишей, исполняется в семахане (танцевальном зале). Дервиш одет в длинную белую тунику, цвета траура, и увенчан цилиндрической шляпой из верблюжьей шерсти, символом могильного камня. Правой рукой, поднятой к небу, он принимает божественную благодать, которую он передаёт земле опущенной вниз левой рукой. Он кружится на левой ноге, очерчивая круг на площадке, чтобы достичь экстаза, который позволит ему соединиться с Богом. Танец это молитва, преодоление себя, ведущее к высшему единению с Богом. Он воспроизводит обращение планет вокруг солнца. Круг также является символом религиозного Закона, охватывающего всё мусульманское сообщество, а лучи символизируют пути, ведущие к центру, где находится Высшая истина, единый Бог, который и есть самая суть Ислама.
Монизм: доктрина, принятая некоторыми представителями фальсафы и суфизма, и состоящая в утверждении единства существования, вахдат аль-вуджуд, и в отрицании существования индивидуумов, отличных от Бога, едино Сущего.

Из этой доктрины следует, что все люди участвуют в существовании Бога и не существуют вне Его. Проиллюстрированная школой суфиев, самым известным из которых был ибн аль-Араби, она, тем не менее, считается противоречащей божественному единству и трансцендентности. Среди мусульманских докторов, резко критиковавших её в XIV веке, фигурирует ганбалит ибн Таимия, утверждавший свою враждебность по отношению к тезисам ибн Араби.

Фальсафиа: арабское название философии, практиковавшейся в арабо-исламском мире Средневековья людьми, воспринимавшимися чаще всего с подозрительностью в религиозных кругах и обозначавшихся термином фаиласуф (во множественном числе фаласифа), транскрибировавшем греческое слово философос.

Иса: имя Исуса в Коране.

Джонас или Юнус ибн Мутеи или ещё – Дуль Нун: библейский персонаж, упоминающийся в Коране, как пророк или наби, предшественник Мухаммеда. Его истории целиком посвящена X-я сура Корана, сура Юнуса, кстати, упоминается в Книге четыре раза, из которых дважды под именем Сахиб аль-хут «человека с рыбой» и Дуль Нуна. Библейский Джонас занимает особо важное место, как посланец Бога.

Ибрагим ибн Адхам, Абу Исхак аль-Иджли, известный под именем ибн Адхама (около 737-777): знаменитый аскет и суфий арабского происхождения, бродячая жизнь которого, обогащённая многочисленными легендарными эпизодами, закончилась несомненно в Сирии. Эта богатая личность наложила отпечаток на всю последующую традицию, первый этап мистических течений, появившихся вначале эпохи абасидов: решающая роль, которую она тогда сыграла, приписывается личному примеру, а не учению, от которого не осталось никакого письменного памятника. Притчи и рассказы биографического характера, возникшие позже, и сегодня широко распространённые на персидском, урду и на арабском, способствовали распространению известности Ибрагима ибн Адхама и сформировали его образ для образования членов братств раннего Средневековья.

Родившийся в Балке в Хоросане, в княжеской среде, он отказался от её преимуществ, чтобы зарабатывать на бедное существование своими собственными руками и принимать участие в военных походах джихада на арабо-византийской границе, практикуя при этом все формы самоограничения и заботы о ближнем. Размах уважения которое вскоре окружило память о нём, отразился на количестве могил, которые ему приписывали; среди них могила в Джебле, на севере сирийского побережья, отмечена часовней, богато отделанной мамелюками, ставшая местом паломничеств во времена расцвета «культа святых» и упоминавшаяся, начиная с XII века в Путеводителе аль-Харави.

Мухаммад (540-632): Пророк основатель Ислама.

Аль-Газали, Абу Хамид ибн Мухаммад аль-Тузи (1058-1111), известный на Западе под именем Альгазеля: мистик, теолог и юрист, один из наиболее замечательных мыслителей средневекового Ислама, которому, в частности, мы обязаны примирением суфизма с православием после конфликтов, спровоцированных казнью аль-Халаджа в 922 году.
Родившийся в Тусе в Хоросане, неподалёку от нынешнего Мешхеда, аль-Газали изучал фикх (исламское право) в этом городе, будучи учеником аль-Джувайни, прозванного имамом аль-Харамайном, а также – в Джурджане и в Нишапуре, прежде, чем отправиться в Багдад в 1091 году, где он вскоре стал играть роль преподавателя. Оттуда он неожиданно решил отправиться в Сирию и Палестину, проживая преимущественно в Дамаске, совершая также паломничество в Мекку и посещая Медину, прежде, чем собрал около себя новый кружок обучения в Нишапуре, и, наконец, навсегда удалился в свой родной город Тус, где и умер в «монастыре» или ханкахе, которым он руководил.

Персонаж, характерный для мусульманской культуры, он проповедует наиболее последовательный мистицизм. Аль-Газали получил широкое философское образование; он написал очерк, где пытается резюмировать идеи великих мусульманских философов: аль-Кинди (около 800-870), Разеса или аль-Рази (865-925), аль-Фараби(872-950), ибн Сины (Авиценны) (980-1037) и др. Разочаровавшись в поисках конечной философской истины, он ударился в глубокий мистицизм, отказывая философам в какой бы-то ни было истине и обвиняя их в неверности. В своём произведении Тахафут аль-Фаласифа (Непоследовательность философов) он показывает, пользуясь философским методом, которым он блестяще владеет благодаря своей учёбе, что философы порождают лишь заблуждения, заслуживающие порицания, как противоречащие Откровению. Критика направлена главным образом против «аристотелизма» Авиценны. Его, и век спустя, будет критиковать Авероес (ибн Рушд – 1126-1198).

Главным произведением аль-Газали остаётся его трактат Илия улум аль-дин (Оживление религиозных наук). Разделённое на четыре части, посвящённые, соответственно, культовым практикам, общественным обычаям, порокам, причине падения, и добродетелям, ведущим к спасению, это сочинение не несёт в себе ничего существенно нового, но в этих четырёх томах и 1500 страницах заключено всё то главное, что представляет религиозную исламическую мысль Средневековья в исчерпывающей, ясной и простой форме, чем и объясняется то уникальное место, которое оно занимает в истории исламского мышления.

Мухасиби, Абу Абд Аллах аль-Харит ибн Асад (около 781-857): иракский мистик ранней эпохи абасидов, могила которого почитается в Багдаде, и который оставил несколько произведений, снискавших ему первостепенную роль в зарождении суфизма. Рождённый в Басре (Бассора), этот набожный человек обязан своим прозвищем тому значению, которое он придавал практике «проверки совести» или мухасабе. Он очень рано прибыл в иракскую столицу и провёл там большую часть своей жизни, о которой нам ничего не известно. Его учение вызвало некоторую оппозицию со стороны теологов и представителей суннитской религии, таких, как Ахмад ибн Ханбал (780-855).

Позиция аль-Мухасаби позволила причислить его к «благоразумным» суфиям. Для него первый этап религиознойжизни остаётся борьбой против страстей и пороков, таких как удовольствие, лицемерие, высокомерие, и пренебрежительность, борьба, ведомая разумом, будто бы действующим, как нечто подобное врождённому органу, позволяющему осознавать. Второй этап – это приобретение добротелей и подготовка себя самого к воскрешению путём размышления, дополняемого практиками Молитвы и дхикр в призывании божественных имён. Наконец, третий этап – это любовь к Богу, которая позволяет человеку стать «другом» Бога, по примеру Абрахама\Ибрагима Друга.
Дхикр или «воспоминание»: арабский термин, означающий форму личной или коллективной молитвы, характерных для культурной практики суфиев и вошедших в частое употребление в мусульманском обществе, своеобразные чётки, тасбих.
Аль-Халадж, Абу и Мугит аль-Хусейн ибн Мансур ибн Мухаммад аль-Байдави (858-922): самый тонкий из суфийских мистиков, автор обширного творческого наследия, стремящегося установить связь с происхождением самого Корана и его словесной сутью.
Его поэзия и сегодня считается ересью многими исламистами, в то время, как на самом деле речь идёт о поисках Абсолюта. Его подход к тексту Корана связан с самой сутью букв, по поводу которых он утверждает, что они и есть выражение божественной мысли. Новым открытием забытых текстов аль-Халаджа мы обязаны Луи Масиньону, который стал их первым переводчиком.

Аль-Халадж родился около 857 года неподалёку от Тура, маленького городка на Юге Ирана. Его дед, по традиции, был зороастрийцем и происходил от Абу Айюба аль-Ансари (?-672), одного из товарищей Пророка. Его отец приехал работать в иракский город Вазит и пустился в торговлю шерстью. Аль-Халадж означает чесальщик шерсти. Именно молодой поэт учился. Для народа аль-Халадж вскоре стало означать «чесальщик сердец».
Неудовлетворённый традиционным преподаванием Корана и чувствующий тягу к аскетической жизни, аль-Халадж стал посещать таких учителей суфизма, как Сал аль-Тустари, который жил в уединении в Казахстане, Амр ибн Утмана аль-Маки и аль-Джунаида, Абул Касима ибн Мухаммеда аль-Нихавандиала.

Аль-Халадж женился на дочери учителя суфия Абу Якуба аль-Акта. Он стал предсказателем в Иране, затем в Индии и вплоть до границ Китая. По возвращении в багдад он попал под подозрение как к суннитам, так и к шиитам за свои мистические взгляды (поиск божественной любви и соединение души с Богом) и своё влияние на толпу. Его ложно обвинили в участии в восстании Занджа, но собственно приговор ему был вынесен по обвинению в отступничестве. Он был приговорён к смерти и казнён (распят) в Багдаде 27 марта 922 года.

Произведения: Диван, стихи, представленные и переведённые Луи Масиньоном, изд-во Сёй, 1955; мистические поэмы, переведённые и представленные Сами Али, изд-во Альбэн Мишель, 1998.

Аль-Бистами, Абу Язид Тайфур ибн Иса (?-877): иранский мистик раннего периода абасидов, который жил в Бистаме, где до сих пор почитают его могилу, и который кристаллизировал в некоторых своих высказываниях тенденцию суфизма, считающуюся наиболее опасной в глазах мусульманских юристов.

Этому будущему святому (вали) Хоросана, которому набожные илханиды (монгольская династия 1260-1353) вернули почёт спустя несколько веков после его смерти, богато украсив его мавзолей дополнительными пристройками, приписывают различные изречения, касающиеся божественного единства, которые его ученики собрали, опубликовали и снабдили комментариями и которые другой знаменитый суфий, багдадец аль-Джунаид перевёл с персидского на арабский. Эти смелые формулировки, которыми, возможно сам аль-Бистами обязан своему учителю иранцу Абу Али аль-Синди, превозносят царственное величие существа, полностью идентифицировавшего себя с Богом посредством отказа от своего «я» и достигшего в результате слияния с божественной сущностью, что можно сравнить с мистическим объяснением вхождения Мухаммеда в сверхчувственный мир в момент его ночного вознесения или Мираджа.

Муса (Моисей или Моше), точнее Муса ибн Имран квалифицируемый как Калим Аллах или «тот, кто говорил с Богом» (XIII-й век до н. э. ): библейский персонаж, часто упоминаемый в Коране в качестве пророка или наби и посланца Бога, предшественника Мухаммеда.

LE TERRIBLE MASSACRE DES ENFANTS DE GAZA

LE TERRIBLE MASSACRE DES ENFANTS DE GAZA

Dictante dolore

Je dédie ce poème aux enfants massacrés de Gaza

« Alors Hérode, voyant qu'il avait été joué par les mages, se mit dans une grande colère, et il envoya tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous qui étaient à Bethléem et dans tout son territoire, selon la date dont il s'était soigneusement enquis auprès des mages. »

Evangile selon saint Matthieu, II, 16

I.
Non, mon Ami, je ne peux pas dormir ces temps-ci,
Je ne peux fermer mes paupières enflammées !
Du sang chaud, du sang vivant a inondé ma face !

Le sang cerise, le sang rouge cinabre,
Le sang coquelicot,
Le sang innocent des petits enfants de Gaza en flammes
S’est répandu, pareil à une mer morte, une mer bordeaux,
Dans mes prunelles,
Sur mes lèvres en feu,
Dans mon esprit terrifié,
Dans toutes mes pensées,
Sur toutes les vallées de mon coeur !

Le sang a déferlé dans toutes les chambres de ma maison,
A giclé contre les vitres fatiguées des fenêtres,
A renversé chaises, tables, commodes, lampadaires !
Le sang a imbibé livres, atlas, manuels !

Ô misère sans issue,
Ô douces mains potelées, immobilisées à jamais,
Petits pieds roses qui ne connaîtront pas
La joie des sentiers pleins d’herbes odorantes !

Lève-toi, dieu du Soleil,
Pousse au loin les ténèbres,
Chasse de mes songes les avaleurs d’ombre !

Ö odeur suave, senteur capiteuse des petites bouches roses
Qui rient encore dans le mortel silence des jardins !

Mousse de chacal, bave d’hyène,
Groin de babouin, shendjit, ibex de Nubie !

Et vous fileuse de perles de This,
Voici les larmes des enfants de Gaza !

Ma’refat,
Ma’refat,
Ma’refat !

II.
Non, mon Ami, Je n’ai plus le goût d’azur dans ma bouche,
Les jours, orpins de Perse,
Sont des fleurs fanées chues dans mes poèmes !

J’aurais tant voulu
Que la saison laiteuse
Soit une page blanche ouverte sous la soie bleu roi du ciel
Où rien de très grave n’a lieu !

Mais les stores de mon âme
Se sont baissés sur mes sanglots,
Le crêpe du deuil a voilé tous les miroirs dans ma demeure,
Des chants funèbres font courir dans mes veines
Leurs petits bateaux chargés de chagrin,
Leurs paroles semblables à des oiseaux macabres
Qui s’acharnent sur ma brûlante poitrine !

Ô terre, serais-tu aussi tendre et bonne
Si dans tes entrailles ne dormaient
Tous les cœurs des enfants morts ?

Cœurs qui ne laissent pas de cendre,
Cœurs qui brûlent jusqu’au bout !

Petites mains qui vivent même dans la tombe
Parce qu’elles veulent vivre encore !

III.

Je ne peux plus embrasser les doigts de la brise sans gémir,
Lire les messages des jasmins
Sans flétrir leurs pétales de mon chagrin,
Tous ces mots diaprés, toutes ces lettres flamboyantes
Où l’on devine la céleste pudeur
Des âmes pures !

Je n’entends que les cris des petits corps blessés
Blottis contre la tendresse d’un sein maternel
Dans des maisons incendiées,
D’où à jamais se sont enfuies les gracieuses tribus
Des hirondelles !

Corps de la mer habillé d’écume rose,
Drève où ondule, belles et simples,
Les vagues des herbes innocentes.

Lumière qui s’inclut dans la lumière,
Ô beauté, toi qui maintiens le monde en vie,
Est-il vrai que chaque atome est un amant ?

Ô petits corps, vous peuplez ma voix,
Vous vivez dans mes mains ouvertes sur le soir !

Frêles grillons pleins de bonté
Qui chantent sur les collines !

IV.

Non, je ne peux pas dormir
Avec ces marées d’étoiles assassinées dans mon lit,
Avec tous ces champs ravagés, creusés, retournés, torturés
Dans mon cœur devenu immense cimetière !

Ô petits corps éventrés, chers petits corps
Doux comme du pain frais,
Petites mains de lys arrachées, tendres petites mains
Où aime s’attarder l’aurore,
Têtes de lumière éteinte, bouches suaves auxquelles les vautours
Ont extirpé les sourires de cyclamen joyeux !

Plus pure, ici, dans la volubile pénombre du soir glaciale,
La pénible douleur des parents, l’obscure allégresse des cadavres !
La fureur vierge, la haine millénaire dans les cœurs,
L’insolente présence de la mer, la verte pudeur des prairies !

V.

Petits anges dont la terre, horrifiée, le sein déchiré,
Accueille, maternelle, les membres éparpillés !
Ô mes petits enfants aux lèvres gercées par la soif,
Au petit ventre tortillé par la faim, petit ventre atrocement vide !

Ô enfants, mes enfants, mes soyeuses tourterelles,
Honte, honte, honte au monde qui vous a abandonnés,
Honte aux hommes qui, souriants, vous ont livrés, les criminels,
A la monstrueuse cruauté, au carnage, à l’oubli
Pareil aux racines mortes des saules pleureurs !

Cette tendre brise de bonheur qui se lève et court dans l’air,
Fraîche, cette haleine venue du bleu pays de l’amour !
Et soudain, tout devient sombre comme la chair d’un enfant
Que la blonde lumière de la vie vient d’être de fuir !

La démence aux yeux de méduse, mon Ami,
La folie partout et toujours, toujours et partout !

Cette nuit, ils sont avec moi, en moi, les petits enfants de Gaza !
Légers, vaporeux, aériens
Comme les notes poignantes d’une flûte égarée dans l’obscurité,
Comme l’amitié dorée des épis des blés mûrs
Dans les champs ouverts à l’insondable grâce des cieux !

Ethérés et graciles
Comme la perfection d’un discours antique !
Admirables comme les délicats contours d’un bijou,
Ciselé par un orfèvre expert!

Ah, où sont-ils les candélabres blancs des pommiers en fleurs,
Le leste éloignement des collines,
Les étoiles glorieusement scintillant
Dans le ciel devenu argent héraldique !

VII.

Non, non, mon Ami, je n’ai plus peur de la peur !
Moi, au milieu de cette ardente simplicité du désespoir !

Aujourd’hui, aujourd’hui, on fait pire encore,
L’ennemi déchaîné coupe, billonne, excise, hache,
Incise, scarifie, tranche, tronçonne
Taille en milliers de morceaux sanguinolents
Hommes, femmes, oiseaux, insectes, bêtes !

Il brûle, calcine, carbonise,
Embrase, enflamme, incinère,
Consume, dévore, mine
Morts et vivants,
Champs ensemencés et champs arides,
Potagers, jardins et vergers !

Où es – tu,

Al-insân al-kâmil,
Al-insân al-kâmil,
Al-insâne al-kâmil !

Ô humanité homicide,
Humanité criminelle, infâme, perfide
Humanité scélérate,

Humanité poltronne, couarde, claquedent, lâche,
Humanité sans trace d’humanité
Pourquoi détournes-tu ton visage hideux, pourquoi ?
Pourquoi tes yeux monstrueux ne veulent-ils pas voir
Les montagnes de cadavres ?

Ô Seigneur, je suis dans le noir de la cible,
C’est mieux pour un poète !
Ma vie se dissout dans le soir
Comme un souvenir d’enfance !

La pensée assiégée dans toutes ses provinces
Et cet absolu de tristesse !

VIII.

Ô enfants morts,
Je sens vos souffles de mer douce
Flotter autour de mon cou,

Je bois vos sourires où dort la chaleur grenade du ciel,
J’écoute la respiration de vos frêles poitrines
Où semblent vivre encore
Les fraîches, les moires journées de Palestine !

J’entends le plomb gris de votre silence,
Les syllabes azurines de vos langues recouvertes de sang
Dans les sourdes allées et venues de mes mots !

If battu d’aube,
A l’aplomb de ma douleur !

Et toi Isis qui portes le soleil sur ta tête,
Inanna dont le fils meurt en hiver
Et ressuscite au printemps

‘Erfân
‘Erfân,
‘Erfân !

Ombre de Dieu
Et Lumière des Hommes,
Signe et voile !

IX.

Je vois vos doigts purs,
Blancs et doux comme du coton de l’île Eléphantine d’Egypte,
Caresser les oiseaux qui s’en vont vers le sud,
Palper la soie abricot du ciel,
Froisser le velours blanc de céruse de l’air !

Lama’ât,
Lama’ât,
Lama’ât !

X.

Non, je ne peux pas dormir
Avec toutes ces constellations saignantes
Dans ma couche !
Comment chercher dans l’abîme la salvation ?

Future, présent, passé,
Toujours au-delà des frontières de l’âme !

Criblée de balles, ma chair crie et accuse,
Des blessures béantes recouvrent mes rêves,
Je suis devenu, ô mon Ami, l’arbre du monde
Dont on arrache une après l’autre les branches !

Ô samâ’,
Samâ’
Samâ’ !

Le ciel s’approche, s’agenouille devant ma souffrance
Et me demande :

« Ô poète, toi qui as donné toute ton âme aux poèmes,
Tout ton cœur aux mots, dis, réponds, poète,
Où sont les enfants de Gaza,
Où est l’odeur de lilas de leurs sourires ? »

Ô ciel, immense ciel de Palestine,
Ce qui a été réellement n’a pas de mots !...

Des visages des enfants, il ne reste que des plaies,
Des traces lumineuses qui font fondre la neige du silence,

Visages devenus langue splendide à eux-mêmes.
Une horreur immobile
Comme les personnages tragiques d’un tableau de Goya !

Des lavandes fleurissent sur les tombes !
Des abeilles transforment leur parfum en miel !

Cris plus hauts que les étoiles du ciel,
Ô Lune, ne chante plus,
Couche-toi à jamais dans le calendrier cramoisi de cette année

MMIX !

Aveuglé comme Œdipe, je me démène !

Dhu,
Dhu
Dhu !

XI.

Fais-moi mal, fais-moi mal, ô mon cœur,

J’entends les sabots d’or des coursiers
Du grand Saladin
Qui viennent chasser les nuages mauves !

Toi, Palestine, déesse antique,
Chœurs de nymphes hâlées qui dansent
En ronde avec toutes les étoiles,
Tous les oiseaux et toutes les eaux de la Terre,

Toi, à la poitrine blanche et rose
Comme les pétales des cerisiers sauvages !
Toi qui sens si bon la myrrhe et l’œillet,
Le printemps et la vie !

D’où sont venus sur toi les corbeaux dévastateurs?
Qui a ouvert la bouteille où dormaient les djinns de la mort ?

Qui veut blesser tes pieds de perles embrassés par l’écume,
Tes mains où pousse la fleur cristalline du jasmin ?

Mais tu es immortelle, ma Palestine,
Par le divin décret du Christ Pantocrator,
Par la suprême bénédiction du Prophète,
Toi, Fille alabastrine des deux Fleuves célestes !

Odeur de marbre, odeur de chèvrefeuille,
Jours qui bordent leur solitude
De mots et de rinceaux de vignes verges,
Mères qui pleurent derrière leurs mains ridées,
Leurs mains brûlées par le temps !

Et des jeunes anges qui soutiennent
De leur amour la blancheur
Des fleurs hivernales !

XII.

Ah, je vous ai ouvert la maison de mon cœur,
Venez, mes enfants, venez-y dormir
A l’abri de la haine,

La chaleur y est plus grande que celle du soleil
Et les oreillers plus blancs
Et plus caressants
Que la première neige de Finlande !

Vous, mes enfants, petites roses rouges
Dans la paume fatiguée de midi !
Vous, vies rachetées par la chaude clarté du soir,
Par la tendresse éperdue de l’air et des collines
De Palestine !

Sans pesanteur est ce soir la bonté de ceux qui pleurent,
Sans flétrissure le chaud ruissellement
De la miséricorde sur les routes de l’horreur!

Il bruine des gouttelettes de sang
Sur le visage pâle, sur la peau grise du matin,
Il bruine de petites gouttes de désespoir
Sur la terre nue de Palestine !

Il bruine une odeur de tristesse et de poignante solitude
Sur le cœur lacéré de la Terre-mère !

Où es-tu Homme parfait,

Nafas rahmâni,
Nafas rahmâni,
Nafas rahmâni
Où es-tu ?

Ô mon Ami, est-ce en vain
Que j’ai cherché l’Homme dans l’homme ?

Est-ce en vain que j'ai cherché
Le chant d’amour dans le ciel, dans les champs
Dans les lacs et les montagnes,
Au cœur des grandes étoiles
Tissant de leur fils de soie
Le lourd, l’infini, l’ondoyant gobelin de l’histoire ?

Ô amour éternel de Dieu,

Ô ‘eshq-e qadim,
Mets ton sceau définitif
Sur le sourire de la Paix !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, janvier 2009

Je dédie ce poème aux enfants de Gaza, sauvagement massacrés par les bombardements de l’armée israélienne en janvier 2009.

Glose :

Gaza :
La ville de Gaza (parfois appelée Gaza City pour la distinguer de la bande de Gaza qui désigne la région dans son ensemble) est la ville principale de la bande de Gaza. Après avoir été mise sous le contrôle civil et militaire de l'Autorité palestinienne dès l'application des accords de Jéricho et Gaza de 1944 avec Israël, elle est depuis juin 2007 la ville la plus importante sous le contrôle du Hamas.

La ville de Gaza compte 400 000 habitants tandis que la population totale de la bande de Gaza dépasse 1 500 000 personnes. Ses habitants sont appelés Gazaouis. Environ 60% de la population de la ville de Gaza est constituée de personnes âgées de moins de 18 ans.

Le Hamas, acronyme partiel de harakat al-muqâwama al-'islâmiy, « mouvement de résistance islamique », est un parti politique islamiste radical qui œuvre pour l'instauration d'un État palestinien. Il est le plus important mouvement islamiste palestinien actuel. La branche armée du Hamas est appelée Brigades Izz al-Din al-Qasam. Le Hamas est créé en 1987 par Sheikh Ahmed Yassin, Abdel Azziz al-Rantissi et Mohammed Taha.

Le Hamas se définit lui-même comme un mouvement de résistance palestinien. Il ne reconnaît pas l'État d'Israël, et prône dans sa charte la création d'un État Palestinien islamique sur l'ensemble de la Palestine. Il s'oppose sur ce point au Fatah et à l’Autorité palestinienne, les deux autres forces politiques de ce pays.

Le Hamas figure sur la liste des organisations terroristes du Conseil de l’Union européenne, du Japon, du Canada, des Etats-Unis et d’Israël.

En revanche, pour la Grande-Bretagne et l’Australie, seule la branche armée du Hamas est classée comme terroriste.

Pour l'Afrique du Sud, la Russie, la Norvège, le Brésil et beaucoup d’autres pays, le Hamas n’est pas classé comme terroriste.

La victoire sans appel du Hamas aux élections législatives du 25 janvier 2006 a suscité bien des commentaires et des mises en garde des Etats-Unis et de l’Union européenne.

Le Fatah est une organisation politique et militaire palestinienne fondée par Yasser Arafat au Koweit en 1959. Fatah est l'acronyme inversé partiel de «harakat ut-tahrîr il-wataniyy ul-falastîniyy», « Mouvement national palestinien de libération ». Le Fatah est membre consultatif de l’Internationale socialiste.

L’Autorité palestinienne est le nom de l'entité gouvernementale qui représente les habitants arabes de Cisjordanie et de la Bande de Gaza. Cette entité a été créée en 1993 par les Accords d’Oslo afin de négocier avec Israël un accord final sur le conflit opposant les deux parties. Elle a un président et une assemblée élue au suffrage universel, une police (et pas d'armée) et des représentants dans plusieurs pays.

L'Autorité palestinienne est divisée en deux paliers. Le premier prend la forme d'un conseil législatif constitué de 132 députés. La moitié de ceux-ci sont élus dans les circonscriptions tandis que les 66 autres sont élus par suffrage universel. Cette méthode d'élection permet de représenter le peuple localement ainsi que le parti qu'il désire vraiment voir au pouvoir. Le premier ministre fait partie de ce conseil et est nommé par le président. Par convention, c'est le chef du parti au pouvoir qui est nommé.

Le président est le second niveau de gouvernement. Il est élu lors d'élections distinctes.

L'Autorité palestinienne a sa propre chaîne de télévision ; elle émet des timbres et dispose d'une administration postale propre depuis 1994.

Dictante dolore : expression latine qui signifie « écrit sous la dictée de la douleur ». Dolor, doloris (n.m.) : mot latin qui signifie : douleur (physique), souffrance, douleur morale, peine, tourment, chagrin, affliction; colère, ressentiment ; émotion, sensibilité (de l'orateur).

Avaleur d’ombre : sinistre assassin.

Sendjit (n.m.) : pagne traditionnel du costume égyptien, en tissu de forme triangulaire dont la pointe est relevée entre les jambes. Ce vêtement est bien souvent la seule tenue des paysans dans les champs. Les ouvriers, les soldats et les marins en portent un second par-dessus, fait de lanières de cuir entrecroisées, pour mieux se protéger. À l'origine en lin blanc, d'abord court, serré et droit, sous l'Ancien Empire, il s'élargit et s'allonge, et on voit apparaître le plissé, associant lignes verticales et horizontales. Le bord des pagnes s'orne parfois de perles, de galons brodés de fils d’or ou de franges.

Au Moyen Empire, on ajoute par-dessus un second pagne plus long qui peut être transparent.

Au Nouvel Empire, on préfère draper savamment un plissé retombant en éventail sur le devant, qui laisse apparaître le pagne du dessous ; le tout est retenu par une ceinture de tissu, enrichie de motifs et de galons colorés, dont les longs pans flottent par devant ; un fermoir gravé au nom de son propriétaire permet de la fixer. Les plus humbles n'utilisent qu'un simple bout de corde, alors que les plus riches ajoutent par-dessus leur pagne une large ceinture de cuir qui soutient un tablier décoratif.

Ibex ou bouquetin de Nubie - Capra ibex nubiana – (n.m.) : cette espèce animale vit dans les déserts rocheux jusqu’à 2800 m d'altitude. Elle supporte les fortes chaleurs et le froid nocturne. Exterminée dans de nombreuses régions sahariennes, elle est protégée en Égypte et au Soudan. C’est un des animaux les plus fréquemment mentionnés dans la Bible.

This : ville en Egypte ancienne. La ville de This, donnant son nom aux deux premières dynasties égyptiennes dont elle était l'origine royale, était située en Haute-Egypte, sur la rive droite du Nil, face à Abydos, qui était sa nécropole. Le site n'a pas encore été retrouvé, mais selon Manéthon, c'est de cette cité que serait originaire Ménès (Narmer), qui unifia l'Egypte. Il semble, en réalité, que ces rois soient originaires d'Hiérakonpolis (Nekhen) et qu'ils aient transporté leur capitale dans une région moins excentrique après l'unification de la vallée du Nil. C'est dans la nécropole d'Abydos, dont la divinité locale est Khentamentiou, qu'on a retrouvé les tombes de ces premiers rois, de leurs courtisans et leur famille; cependant, il semble que Memphis (450 km plus au Nord) ait été considérée dès la première dynastie comme résidence royale.

Ma’refat : mot arabe du vocabulaire des soufis qui signifie « connaissance mystique ».

Orpin (n.m.) : plante de la famille des Crassulacées. Les feuilles de cette plante étaient jadis appréciées pour leur goût poivré et rafraîchissant. L'orpin réfléchi connut ses heures de gloire quand le poivre manquait ou lorsqu'il était trop cher. Il existe différentes sortes d’orpin : orpin âcre, orpin brûlant, orpin réfléchi, petit poivre, poivre des moines, poivre sauvage, sédum âcre.
Drève (n.f.) : du néerlandais dreef, « allée ». Allée carrossable bordée d’arbres.

Al-insân al-kâmil : expression arabe qui signifie « l’Homme parfait », « l’Homme universel ». Titre honorifique du prophète Mahomet.

Isis : Isis est, dans la mythologie égyptienne, la déesse de la fertilité et la maternité. Elle est souvent représentée avec des ailes le long de ses bras. Déesse Mère. Fille de Geb et Nout selon la généalogie Heliopolitaine. Soeur et femme d'Osiris. Mère d'Horus.

Elle a été dépeinte dans la forme humaine, couronnée ou par un trône ou par des cornes de vache incluant un disque de soleil. Un vautour était aussi parfois incorporé en sa couronne. Elle est parfois dépeinte comme un cerf-volant au-dessus du corps momifié d'Osiris. Comme la personnification du trône, elle était une source importante du pouvoir du pharaon. Son culte était populaire partout dans l'Egypte, mais les sanctuaires les plus importants étaient à Giza et à Behbeit El-Hagar dans le delta du Nil.

Isis a été l'épouse d'Osiris. Osiris a été assassiné par son frère Seth. Elle a retrouvé son corps démembré et l’a assemblé. Imprégnée du cadavre, elle a pris le rôle d'une Déesse des Morts et de Rites des Obsèques. Par la suite, elle a donné naissance à Horus qu'elle a enfanté en secret à Khemmis, dans le delta du Nil, et a caché dans les papyrus des marais.

Plus tard, Horus a défait Seth et est devenu le premier dirigeant d'une Egypte unie. Isis, en tant que mère d'Horus, était considérée comme « la mère » et la protectrice des pharaons.
Inanna : Inanna était le nom d’une déesse de Sumer. Ou plutôt un des nombreux avatars de la grande déesse Mère, déesse Montagne, Maîtresse des animaux. Elle sera aussi Ishtar et Astarté. Déesse de la Fécondité, elle sera Isis en Egypte, Déméter, Cybèle, Diane et Perséphone en Grèce.

‘Erfâne : mot arabe appartenant au vocabulaire des soufis qui désigne « toute connaissance mystique ».

Lama’ât : mot arabe du vocabulaire des soufis qui signifie « éclairs », « élévation dans la clarté, dans la compréhension des choses divines ».

Samâ’ : mot arabe qui signifie « concert spirituel ».

Dhu : mot arabe qui signifie, pour les soufis, l’irradiation de la lumière divine.

Saladin - Al-Malik an-Nâsir Salâh ad-Dîn Yûsuf, Saladdine ou Saladin (1138 – 1193) : le premier dirigeant de la dynastie ayyoubide, qui a régné en Egypte de 1169 à 1250 et en Syrie de 1174 à 1260. Lui-même était sultan d’Egypte de 1169 à 1193, émir de Damas de 1174 à 1193 et d’Alep de 1183 à 1193. Son nom, an-Nâsir, signifie « celui qui reçoit la victoire de Dieu » et Saladin signifie la « rectitude de la Foi ». Il est connu pour avoir été le principal adversaire des Francs installés durant le dernier tiers du XIIe siècle au Proche-Orient et l’artisan de la reconquête de Jérusalem par les Musulmans en 1187.

Djinns ou jinns : des créatures issues de croyances de tradition sémitique. Ils sont en général invisibles, pouvant prendre différentes formes (végétale, animale, ou anthropomorphe) ; ils ont une capacité d'influence spirituelle et mentale sur le genre humain (contrôle psychique : possession), mais ne l'utilisent pas forcément. Selon l'Islam, ils ont le pouvoir de posséder ceux qui sont en état de souillure (c'est-à-dire ceux qui n'ont pas fait leur ablution rituelle) ou qui consomment des aliments interdits (drogue, alcool, sang, viande non licite). Il y a des bons et des mauvais djinns. Les mauvais sont appelés shayâtîn.

Christ Pantocrator : le Christ Pantocrator est la représentation artistique de Jésus-Christ « en majesté » par opposition aux représentations plus humaines du Christ souffrant la passion sur le crucifix, ou celle de l'enfant Jésus. Il s'agit d'une représentation eschatologique, Jésus-Christ étant alors considéré comme le juge du Jugement dernier. L'adjectif, venu du latin pantocrator, lui-mème du grec παντοκράτωρ, signifie « tout puissant ».

Le Prophète Mahomet (La Mecque 570 – Médine 632) : fondateur de l’Islam et de l’Oumma. Il est également considéré comme l'auteur du Coran et le maître spirituel d'où émanent toutes les traditions (« silsilah ») de la religion musulmane.

Le nom complet de Mahomet est Abu-l-Qâsim Mouhammed ibn `Abd Allâh ibn `Abd Al-Mouttalib ibn Hâchim. Le nom proprement dit y est précédé par la kunyah marquant la paternité (père de Al-Qâsim) et suivi par le nasab, c'est-à-dire la généalogie (fils de `Abd Allâh, le fils de `Abd Al-Muttalib, le fils de Hâchim). De nombreux autres noms lui ont été attribués, soit de son vivant, soit par la tradition islamique. On en compte 201, dont Al-Mustafâ et Al-Mukhtâr qui signifient « l'élu », Al-Amine qui signifie « le loyal », Ahmad et Mahmoud qui sont dérivés de la même racine que Mohammed.

Dans le Coran et les hadiths, Mahomet est habituellement appelé le messager, l’envoyé de Dieu (rassul Allâh). Il est également désigné par l'expression Nabi, « Prophète ». Ces deux appellations renvoient à une distinction faite en islam entre deux catégories de personnes investies d'une mission apostolique ; les messagers de Dieu, appelés aussi envoyés de Dieu, sont d’après la terminologie islamique les personnages ayant reçu la révélation de lois abrogeant les lois des messagers qui les auront précédés, avec l'ordre de le transmettre aux hommes, tandis que les prophètes reçoivent une révélation par les mêmes voies ainsi que l'ordre de transmettre un message aux hommes, mais ce message ne leur est pas propre, il est celui du messager qui les aura précédés. Selon cette classification, tout messager est un prophète, mais ce n'est pas tout prophète qui est messager. Les uns comme les autres reçoivent la révélation, mais seuls les messagers reçoivent un livre ou une loi nouvelle. Selon la tradition musulmane il y aurait 124 000 prophètes et 313 messagers, le premier d'entre eux étant Adam, le premier des humains, et le dernier, Mahomet, l'un comme l'autre étant des prophètes messagers.

Alabastrin, alabastrine (adj.) : relatif à albâtre. L’albâtre est une variété de gypse (sulfate hydraté de calcium) qui se présente sous une forme massive, contrairement à la sélénite, ou « spath satiné », qui est une variété fibreuse. Son nom vient du grec ancien αλάϐαστρος / alabastros, qui désignait un vase sans anse, l'albâtre étant utilisée pour façonner des vases à parfum sans anse.

Nafas rahmâni : expression arabe qui signifie « soupir de la compassion divine ».

Ô ‘eshq-e qadim : expression arabe qui signifie « amour éternel » et indique l’amour de Dieu pour ses créatures et celui des créatures pour leur Créateur.

vendredi 13 février 2009

OENONE ET PÂRIS

ŒNONE ET PÂRIS


« Quae satis apta tibi tam juste, Nympha, querenti »

(Ô Nymphe, que puis-je opposer à tes justes plaintes ? »)

Aulus Sabinus

Au Sud, tout est chaleur
Et parfum de mimosa !
Le matin léger, les roses splendides
Dans leur paisible virginité !

Au fond de l’aube, une voix ne cesse de chanter
Telle une source prise
Dans le vertige de son jaillissement !

J’ouvre la fenêtre,
Comme il est rose et souriant
L’air devant la maison !

Quelqu’un frappe à la porte :
Ce sont mes mésanges, mes amies d’hiver !
Elles sont venues me saluer
Et me dire leur amour !

C’est avec la lumière de l’été
Et le parfum des capucines
Qu’elles ont appris l’art d’aimer !

Au Sud, tout est chaleur
Et parfum de mimosa !

Univers enchanté, pur, enthousiaste,
Chant total ordonné dans ses plus minces détails !

Il soutient, généreux, les jeunes branches des figuiers
Et la fragile architecture de mon poème
Faite de syllabes finement sculptées,
De mots articulés comme les arches d’une cathédrale !

Mots et syllabes
Qui gardent encore un peu de l’eau fraîche de la nuit
Dans leurs grâce et leurs voix si sonores !

Eternité mouvante qui vient frapper à ma porte !
Heures qui ne veulent pas refermer l’histoire
D’OEnone et Pâris,
Et tiennent encore dans leur main,
Le vissage enflammé de sang,
Le graphium !

Vie qui ne s’arrête jamais !
Mort qui ne veut pas mourir !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 13 février 2008

Glose :

Œnone et Pâris : Œnone était la fille du dieu-fleuve Cébran qui coulait au pied du mont Ida, près de Troie, en Phrygie (ancien royaume qui se trouvait sur le territoire de la Turquie d’aujourd’hui). Rhéa, la Titanide, femme de Cronos lui avait conféré le don de prophétie et Apollon, qui l'avait courtisée sans succès, lui avait appris l'art de soigner avec des simples.

Alexandre (Pâris), qui avait été exposé, c’est-à-dire abandonné sur le mont Ida lors de sa naissance, était devenu un beau jeune homme; il gardait le troupeau de moutons de son père adoptif, le berger Agélaos, et le défendait contre les voleurs et les bêtes sauvages. C'est à cette époque qu'il fut surnommé « Alexandre » (protecteur des hommes). Lorsqu'il vit la jolie nymphe, il en tomba immédiatement amoureux.

N'écoutant que la folle ardeur de sa jeunesse, il enleva Œnone à son père, l’emmena sur l’Ida où se trouvaient ses étables, et la prit pour épouse. Il se montrait très affectueux à son égard, et lui jurait que jamais il ne l’abandonnerait, et qu’il l’honorerait toujours plus.

La nymphe lui expliquait que même s'il l'aimait très fort actuellement, viendrait le jour où il l'abandonnerait pour s'enfuir avec une étrangère qui serait la cause d'une effroyable guerre pendant laquelle il serait gravement blessé. Personne d’autre à part elle-même ne serait capable de le guérir. Mais il ne l'écoutait pas et préférait lui clore la bouche d'un baiser. Le temps passa. Lors de sa participation aux jeux funestes, Pâris fut reconnu par sa famille et à partir de là les prédictions d'Œnone se réalisèrent. Il tomba amoureux d’Hélène qu'il enleva et épousa. Puis, il dut participer à la guerre de Troie.

Dans la mythologie grecque, Pâris, en grec ancien Πάρις / Páris) était un prince troyen, le second fils du roi Priam de Troie et d’Hécube. Alors qu'elle le portait, sa mère Hécube rêva qu'elle donnait naissance à un brandon enflammé qui mettait le feu à la ville. Un devin prédit également qu'il causerait la ruine de Troie. À cause de ce présage, Priam chargea son serviteur Agélas de tuer l'enfant. C’est ainsi que Pâris fut exposé sur le mont Ida de Troade.

Œnone, pleine de rancœur, retourna chez son père pour élever le fils qu'elle avait eu d' Alexandre selon le poète Céphalon de Gergitha : « De l’union d’Œnone et d’Alexandre naquit un fils, Corythos. Ce dernier, devenu l’allié des Troyens, tomba amoureux d’Hélène ; elle le traitait avec beaucoup d’amour, parce qu’il était vraiment très beau. Son père, l’ayant découvert, le tua. »

Pâris fut blessé, exactement comme l'avait prévu Œnone, par une flèche d’Héraclès que lui décocha Philoctète. Il fut amené devant le fameux médecin Podalirios, fils d'Asclépios et d'Epioné, qui se déclara incapable de soigner la blessure empoisonnée. Alors il se souvint des paroles de sa première épouse: « tu seras blessé et je serai la seule à pouvoir te guérir. » Selon les différents auteurs, il alla la voir sur le mont Ida ou lui dépêcha un messager pour lui demander d'oublier le passé car il se considérait lui-même comme la victime des dieux et de le soigner. Mais dans tous les cas la Nymphe refusa de le soigner et lui fit répondre qu'il n'avait qu'à s'adresser à Hélène. Puis, prise de remords tardifs, elle partit pour Troie avec tous ses remèdes. Hélas, elle arriva trop tard pour le sauver.

De désespoir elle se suicida. Ici aussi sa fin est différente selon les auteurs. Pour Apollodore, elle se pendit en voyant le corps sans vie de son époux. Pour Quintus de Smyrne elle se fit brûler sur le bûcher de son époux, allumé par les bergers pour honorer leur ami et leur roi.

Aulus Sabinus : poète latin, ami d’Ovide. Il vécut au temps de l’empereur Auguste.

Graphium : mot latin, du grec grafion / γραφίον. Poinçon pour écrire sur la cire.

vendredi 6 février 2009

PRECOGNITION

PRECOGNITION

( ή μαντεία)

A Micheál Coimín


Regarde, dehors c’est le printemps
Et notre fenêtre est remplie de lumière !

A présent nous nous regardons dans les yeux
Pendant que nous échangeons
Les choses les plus simples de la vie!

J’ai été blessé,
Mais tu souffrais plus que moi !

Je te remercie, ô mon arbre,
De me donner ton âme, ton corps, ta vie !
Sur ta chair taciturne j’ai écrit
Le livre de mes grandes nostalgies !

Tes feuilles m’envoient l’odeur de l’aurore,
Une veine frémit sous ton écorce
Et tes branches, en dormant, sourient !

Ah, comme certains gestes de sollicitude
Sont des sources d’eau fraîche,
Des petites passerelles d’aube
Qui nous ramènent
A l’éternité de nos actes humains !

Je sais à présent,
L’intime vérité de nos mains,
Ouvertes comme des anémones,
S’applique ardemment à tisser,
Dans la douce clarté du matin,
Le lumineux voile de notre
Humble bonheur !

Athanase Vantchev d Thracy

Paris, le 6 février 2009

Gnose :

Précognition (n.f.) : la précognition est la connaissance d’un événement futur qui ne pourrait être ni prédit ni inféré par des moyens normaux. Cognition (n.f.) : ce terme employé dans la philosophie est anglais. Il est quelquefois employé en français, soit pour désigner l’acte de connaître, soit pour désigner la connaissance en générale.

Le terme précognition est synonyme de prophétie, de pressentiment et de prémonition.

Micheál Coimín (1688-1760) : éminent poète irlandais qui écrivit le célèbre « Laoi Oisín ar Thír na n-Óg » (« Lai d’Ossian dans la Terre de Jeunesse »). Il fut le dernier chantre des Ossianiques. Ossianique (adj.) : se dit de ce qui se rapproche des poésies attribuées à Ossian, héros et barde écossais. Style ossianique. Ossian, barde des Celtes d'Écosse, fils de Fingal, et vivant dans le IIIe siècle de l'ère chrétienne. On sait maintenant que les poésies publiées sous ce nom par Macpherson sont un pastiche dû à cet auteur, qui, s'inspirant de vieilles poésies et légendes écossaises, composa une oeuvre où un ciel nébuleux, les brouillards et les nuages encadrent les hauts faits des héros. Cette oeuvre produisit une très grande sensation.

jeudi 5 février 2009

FERVEUR

FERVEUR
(‘η σπουδή)

A Victor Martynov

« Pour que vienne l'heure où le soir chantera en nous… »

Christian Hubin

Âme, il n’y a pas de retour sans la grâce,
Pas de retour sans la grâce des élues !

Oui, âme, prendre un bain de rosée
Dans les yeux de l’aube, respirer, rester immobile
Entre les flancs vert amande des hautes herbes !

Vivre, comme si j’appartenais à un au-delà égaré
Par pur hasard ou par l’incisive volonté du destin !

Seul, muet devant les fleuves des saisons,
Présent à la divine vérité de chaque chose !

Debout, face au poème
Qui rappelle le pouvoir ensorcelant
Des énigmes delphiques,
Leur concision presque ostentatoire,
Leur empire sur nos vies évanescentes !

Faire mienne cette conscience récente que cet au-delà,
Scintillant paisiblement à la surface du matin,
Est la seule réalité qui rassure,
L’unique écriture du cœur en quête de clarté !

Âme, fais que les anges de l’amour,
Cachés dans le parfum enivrant des lauriers-roses,
Soutiennent de leur sourire éthéré
La blancheur des rêves purs,
L’azur léger des pensées !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 5 février 2009

Je dédie ce poème à l’immense poète et ami russe Victor Martynov.

Glose :

Christian Hubin (né en 1941 à Marchin en Belgique) : éminent poète belge d’expression française, licencié en philosophie et en lettres. Auteur de plusieurs recueils de poésies.

mardi 3 février 2009

LE BAISER

LE BAISER
(τò φίλημα)

A Paul Baschet

« À la fin, tout parlait un langage fidèle. »

Karel Jonckheere

Le jour est beau comme un enfant heureux,
Un enfant aux magnifiques cheveux auburn
Vêtu d’une simple tunique blanche
Cousue de rayons de soleil !

Ses grands yeux vert malachite
Scintillent comme des pépites d’or
Parmi les luxueux rosiers rouge feu des allées.

Ö sérénité du cœur, tu es cet enfant adorable,
Cette calme fraîcheur suspendue
Aux feuilles vert impérial des hauts frênes.

Tu es le baiser vierge de l’aube
Sur la nacre chaude des paupières closes !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 3 février 2009

Glose :

τò φίλημα / to philema : mot grec qui signifie « baiser ».

Karel Jonckheere (Ostende 1906 – Rijmenam 1993) : poète belge d'expression néerlandaise. La mélancolie de ses vers exprime sa nostalgie devant l'enfance enfuie (Miroir de la mer, 1946), la souffrance (le Regard consolé, en 1961, évoque la cécité de son fils), le bilan du temps perdu (Inventaire poétique, 1973). Son œuvre, d'abord conçue dans des tonalités réalistes, évolue vers une écriture plus distanciée (De la mer au coquillage, 1956), particulièrement sensible dans ses reportages et ses souvenirs où l'observation se teinte d'humour (Cargo, 1940 ; Tierra caliente, 1941 ; le Port vivant, 1942 ; Miniatures, 1979 ; Oh ! si ces mots n'avaient pas eu de suite, 1983).

Auburn (adj. invariable) : mot anglais. Se dit d’une couleur des cheveux châtain roux aux reflets cuivrés.

Malachite (n.f.) : du grec malakhê / μαλάχη, « mauve ». Carbonate de cuivre naturel, pierre d’un beau vert diapré utilisée dans la fabrication d’objets d’art. Diapré, e (adj.) : du latin médiéval diasprum, altération de jaspis, « jaspe ». De couleur variée et changeante. Etoffe diaprée : chatoyant.

Paupière (n.f.) : du latin palpebra. Chacune des parties mobiles (voiles musculo-membraneux qui recouvrent et protègent la partie intérieure de l’œil. Muscles des paupières : orbiculaire, releveur. La conjonctive tapisse l’intérieur des paupières et les unit au globe oculaire. Inflammation des paupières : chalazion, compère-loriot, orgelet. Renversement des paupières : ectropion, entropion, éraillement. Abaissement permanent de la paupière supérieure : ptosis. Paupière nictitante des oiseaux de nuit, des chats. Nictitant, nictitante (adj.) : troisième paupière qui, chez les oiseaux nocturnes, préserve l’oeil d’une lumière trop vive, par un clignotement constant ; troisième paupière du chat.