lundi 28 mars 2011

DELICATESSE

DELICATESSE

A Ophélie

“Ring, ring, O bells, full merrily…”
(Sonnez, sonnez, cloches pleines de joie…)

Sidney Lanier

L’aube, souveraine aisance du jour,
Se lève voilée de nuées roses
Et fait frissonner la verte soie des étangs
Sous l’émail bleu clair du ciel.

Elle n’a pas de date, notre foisonnante amitié,
Elle n’a jamais résisté à notre tendresse,
La force opulente des portes fermées.

Des roses blanches flottent dans notre sang,
Les rêves sélénites et l’espoir stellaire
N’ont jamais quitté la clarté de nos prunelles.

Le printemps aux cheveux lumineux ornés de nacre et d’or
Plane sur pruniers, pêchers et pommiers en fleurs.
Chantant, il fait grandir les lys innés de la haute poésie
Dans nos âmes forgées d’innocence !

Ô silencieuses nervures de l’air pur,
Discrète, impériale délicatesse
Des mots qui exaltent la Beauté !

Ordre des heures,
Ordre insaisissable de la vie éternelle !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 27 mars 2011

Glose :

Ophélie : prénom, du grec ophelos / ’óφελος, « remède », « secours ».

Sidney Lanier (1842-1881) : poète et musicien américain. Né à Macon, de Robert Sampson Lanier et Mary Jane Anderson, il avait des ancêtres anglais et français. Il fit ses études à l'université Oglethorpe. Lanier participa aux combats de la guerre de Sécession dans le camp des confédérés. Après la guerre, il s'installa en Alabama où il écrivit son premier roman, Tiger Lilies (1867).

Sélénite (n.m. et adj.) : du grec selênitês dérivé du nom de la déesse Séléné (en grec : Σελήνη). Relatif à la lune. Synonyme : lunaire.

mardi 22 mars 2011

LA CREATION (en islandais)

ISLANDAIS :

SKÖPUNIN

„Hér er saga upphafsins,
Þá var enginn fugl,
Ekki neinn fiskur,
Ekki neitt fjall.
Hér er himinninn, aleinn
Hér er hafið aleitt
Það er ekkert fleira
-ekki hljóð, ekki hreyfing.
Aðeins himinn og haf.
Aðeins Himna-Hjarta, aleitt.“

Popol Vuh
The Creation

Allt er nú hjótt: viðkvæmt asparlaufið,
húsið, dalurinn fullur af írisum, hreiðrin.

Hví er ég í kvöld ásóttur af Quiche Mayum?
Hvað á ég sameiginlegt með þeim, ég Þrakverskur unnandi hesta,
skáldið sem ann dýrð Býsans,
Vinur Guðs haldinn ástríðu fyrir hinum miklu kristnu dulspekingum?

Satt er það:
alla daga hafa aðrar hugsanir kvalið sál mína
-hvernig lýsa skal vindinum í versi,
hvernig túlka þögn, birtu, skærleik hennar, hreinleika,
hvernig læra skal að rugla aldrei saman fegurð og mannasiðum.

Hví skyldu sköpunarmýtur Quiche skipta mig máli,
þessar þjóðsagnir um illa guði:
Wuqub‘ Kaqix og syni hans Zipcana og Cabrakan
sem létu öll eldfjöll á jörðu gjósa
og drápu glæsilegu ungmennin
Hunahpu og Zbalanque, en sálir þeirra voru barmafullar
af gæsku og meðvitund um miskunn?

Já, í raunheiminum,
hví skyldi stríð Acabs í landi Xibalba
skipta mig máli?

Hví er ég svo snortinn af sögunni af Xquic prinsessu,
dýrðlegri móður Hunahpu og Xbalanque,
við uppgang hinna frægu höfðingja máttugu Maya fjölskyldnanna,
Balam Quitzé, Balam Acab, Mahucutah og Iqui-Balam,
af dulmagnaðri sögunni af Ixtah og Ixpuch, tveimur
stúlkum sem reyndu að tæla nýju guðina með fegurð sinni?

Ó sál mín, ó, hjarta mitt, farið, farið þessa ferð,
þið ferðalangar sem elskið gátur sköpunarinnar!
Kannski þetta sé til þess
að skáldrödd mín og tilvera öðlist meira næmi-
fyrir þessa samsekt manna og hluta?
Kannski þetta sé til þess að orð mín öðlist nýtt blóð?

Veit einhver hér hvort þetta sé satt?

Ég halla mér að stofni asksins
framan við hús mitt, með andlitið að berkinum
ég gæli við hann. Aðeins askurinn og ég eigum
svarið á komandi nóttu,
askurinn og ég sem erum, á þessu andartaki,
öll eilífðin!

Léttur andvari hefst.
Hann fyllir eyru mín hlýju muldri
líkt og hann vildi venja munn minn
við mildan sætleik ávaxta.

Athanase Vantchev de Thracy

Traduit en islandais par Hrafn Andrés Hardarson

ET CETTE LUMIERE INSAISISSABLE (en islandais)

OG ÞESSI VIÐSJÁLA BIRTA…

„Blátt fjall, grænt vatn“.

Pai P‘ou

Milli fíngerðra fingra okkar líður varnarlaust lífið
og fellur á krónublöð hvítra magnólía,
ó sú unaðsstund er orðin skiljast bæði sögð og heyrð,
og röddin skírleikans sem ljóðin geyma!

Traduit en islandais par Hrafn Andrés Hardarson

MATIN (en islandais)

ISLANDAIS:

ÁRDEGI

Blómstrandi orðin og allt er harla gott
jörðin, fljótin, bækurnar, þögnin,
höndin sem leggur frið sinn á gulbrúnt gagnsæi
glitrandi bára, á vængi fugla.

Traduit en islandais par Hrafn Andrés Hardarson

dimanche 20 mars 2011

LE VIN DU CHÂTEAU CALON-SÉGUR

LE VIN DU CHÂTEAU CALON-SÉGUR

A Denise Capbern-Gasqueton

« Je fais du vin à Lafite et à Latour, mais mon cœur est à Calon »

Marquis de Ségur



C’est à Calon, marquis, au cœur de la Gironde,

Que j’ai vécu le plus délicieux des vins,

Gourmande félicité, goût doux comme du satin,

Gorgées d’éternité dans les nuits profondes.



Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 20 mars 2011

Glose :

Le château Calon-Ségur : Calon doit son nom à une petite embarcation utilisée au Moyen Âge pour transporter le bois d'une rive à l'autre de la Gironde. La commune dont dépend le domaine s'est appelée pendant longtemps Saint Estèphe de Calon. Après la conquête de la Guyenne, le vignoble fût successivement propriété de la famille d'Albret, de messire Jean de Lur, de Pierre de Marsan, enfin de Gasq.

Au XVIIIe siècle, le marquis Nicolas-Alexandre de Ségur, président du Parlement de Bordeaux qui possédait aussi le château Lafite et le château Latour, fit l'acquisition, par son mariage avec la veuve de M. de Gasq, du château et de son domaine. Le marquis de Ségur ajouta son nom à celui de Calon. « Je fais du vin à Lafite et à Latour, mais mon cœur est à Calon » aimait dire ce dernier : une appréciation que l'on retrouve sur l'estampe actuelle du château.

En 1894, le domaine fut racheté par Georges Gasqueton et son oncle, Charles Hanappier. Aujourd’hui, il est dirigé par Denise Capbern-Gasqueton qui a succédé à son mari Philippe en 1995.

samedi 19 mars 2011

LE BOUVREUIL PIVOINE

LE BOUVREUIL PIVOINE

A Xuanxo

“A languid atmosphere, a lazy breeze,
With labored respiration, moves the wheat…”

(« Une atmosphère indolente, une brise paresseuse
A la respiration lourde fait danser les blés…)

James Whitcomb Riley,
A Summer Afternoon



Le petit bouvreuil pivoine dans la neige

Des pommiers,

Une femme au kimono rose

Chante sur l’autre rive.



Le ruisseau vert bleu dort

Heureux dans l’étreinte

Des herbes et des fleurs -



Pages mauves du jour palpitant,

Souffle de légèreté,

Air,

Air doux comme du lait frais !



Ô saisons des tourterelles,

Ô busque, ô douloureux poids

De l’amour !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 18 mars 2011

Glose :

Bouvreuil pivoine - Pyrrhula pyrrhula - (n.m.) : oiseau trapu avec une grosse tête. Le mâle a le manteau gris. Le croupion est blanc, contrastant avec la queue noirâtre. Les ailes sont noirâtres avec une seule barre alaire (relative à l’aile) claire. Les parties inférieures sont rouge-rose et le bas-ventre est blanc.

La tête a la calotte, la nuque les lores (partie antérieure de l'œil et la base du bec) et le menton sont noirs. Les joues et la gorge sont rouge-rose. Les yeux sont noirs. La calotte est bleu-noir avec des reflets brillants. Le bec noirâtre est court et conique, situé assez bas sur la face. Les pattes et les doigts sont brun rosâtre.

La femelle a les parties inférieures et le manteau gris-brun, le manteau étant légèrement plus foncé que le dessous.

James Whitcomb Riley (1849-1916) : poète et écrivain américain.

lundi 14 mars 2011

CORAM POPULO

CORAM POPULO

A Timothée

"Amicis eo magis des, quo nibil habes."

(« Moins on possède, plus on doit donner à ses amis. )»

Proverbe latin



Timothée, mon Ami,

D’étoile en étoile s’en va la nuit,

Les vagues de la brise chantent

Dans la paix lascive des feuilles du vieil acacia.



Des verres tulipe remplis de robola étincelant,

Ce vin jaune paille intense et lumineux,

Trésor antique de la divine Céphalonie,

Allument la blancheur de la nappe.



Timothée, j’aime l’insondable douceur

De cette nuit grecque,

Les tourbillons du cœur, les librations de la Lune

Et le murmure oscillant des mousselines de l’air

Sur nos épaules !



J’aime ton âme, Timothée,

Ton âme pleine de cette ardente innocence

Qui fait peur !



Mon cœur essaie de palper

La somptueuse espérance

De ton cœur calme et candide

Et le tissu délicat de tes larmes

Frissonnant entre tes cils !



Toi, Ami, fleur inconnue

Qui pousse dans les profondeurs

De ma vie secrète !



Ton sourire hante mon sommeil blessé par mille rêves,

Il flamboie dans l’ample désordre des heures printanières,

Et fait grandir la splendeur des mots

Qui se referment sur eux-mêmes !



Récite, parfois, Timothée, ce poème,

Récite-le quand je ne serai plus

Que buisson de rose penché

Sur la dalle de granit !



Je l’ai écrit pour toi, Timothée,

En plongeant ma main dans

L’eau dorée,

L’eau salvatrice de la lune !



Athanase Vantchev de Thracy



Paris, ce lundi 14 mars, Anno Domini MMXI

Glose :

Coram populo : expression latine qui signifie « hautement et sans peur », littéralement « devant le peuple ». Parler d’un événement coram populo, senatu et patribus (« devant le peuple, le sénat et les patriciens »)

Timothée (variantes – Tim, Timothy) : du grec timotheos, “celui qui honore Dieu”.



Timothée, assez fréquent durant les premiers siècles de la chrétienté, avait presque complètement disparu de l'usage en Europe lorsque les protestants anglais et américains le redécouvrirent, au XVIIe siècle. Il fut, depuis cette date, régulièrement utilisé et a connu un certain succès dans les années 1960. Ce prénom, répandu aux États-Unis et en Grande-Bretagne, fut adopté par les Français ont une dizaine d'années plus tard. Timothée, fils d'un païen et d'une juive, fut baptisé par saint Paul en l’an 47. Il devint plus tard son meilleur compagnon et le suivit dans beaucoup de ses missions. Après le martyre de l'apôtre en 67, il fut responsable de l'Église d'Éphèse. Il y connut à son tour le martyre en 97. Fête : le 26 janvier


Robola (n.m.) : cépage typiquement grec. Excellent vin blanc, parfumé et très rafraîchissant, connu sous l’appellation Cefalonia (de l’île ionienne de Céphalonie).

Libration (n.f.) : terme d’astronomie, du latin libro, librare, « mettre en équilibre, se balancer »). C’est une lente oscillation, réelle ou apparente, d'un satellite tel que vu depuis le corps céleste autour duquel il orbite. Utilisé seul, ce terme fait généralement référence aux mouvements apparents de la Lune relativement à la Terre, qui peuvent être comparés aux oscillations des deux plateaux d'une balance autour du point d'équilibre.

Mousseline (n.f.) : la mousseline est une toile fine, transparente et vaporeuse, d'abord en soie, puis en coton. Emportée des Indes, elle apparaît en France au XVIIIe siècle. Malgré les efforts de l'État (interdictions d'importations, encouragements à la fabrication), il a fallu attendre le XIXe siècle pour que l'industrie de la mousseline se développe en France. C'est à l'initiative de Georges-Antoine Simonet, originaire de la ville de Tarare, que la mousseline s'est popularisée en France. Les costumes de mousseline, en vogue, créèrent une industrie nouvelle. La mousseline se tisse avec des fils fins et sur-tordus, peu serrés, en coton, soie, laine, viscose ou synthétique. Elle s'adapte parfaitement aux costumes de scène et s'utilise également pour l'ameublement.

Légère et solide, la mousseline s'emploie souvent dans la tenue de ballet et garnit le dessus des volants des tutus longs et romantiques.

La mousseline-satin est une mousseline de soie dont un côté luit comme un satin.

dimanche 13 mars 2011

DES VERS PAR D'AUTRES AIMES (en islandais)

LJÓÐLÍNUR SEM AÐRIR UNNU (page 340)

Til David Hudson

„Syngdu, fagra frú, meðan þú ert með mér,
sorgar-söngva um Georgíu, ættland þitt, ei meir!“

A. S. Púskin

Í kvöld, David, komu til mín
ljóðlínur sem aðrir unnu, en nú týndar.
Titrandi af kenndum, gripinn málsnilld þagnarinnar,
les ég aftur skáldin sem löngu eru gleymd,
þessa auðmjúku fornu trúbadúra ódauðlegra söngva
sem fólk syngur enn !

Nafnlausar sálir þeirra öðluðust ódauðleika
í bljúgum andvörpum og skínandi tárum !
Þær lifa enn og anda, David,
í ástríðufullum tærleika söngva þeirra
og loftinu sem logar með þeim!

Glóbrystingur flýgur hjá og lúin líf okkar
fyllast óvænt innsta eðli alls!

Gætu orð hrifin úr lifandi holdi og
ljóðlínur ofnar af birtu ólgandi blóðs dáið í raun?
Nei, föl gleymskan megnar ekkert
gagnvart eilífri uppsprettu
ástar-minninga um hluti og verur!

Þau lifa enn, vinur minn, og bíða
eftir öðrum skarpskyggnum ljúflingi
til að endurvekja yndislega veru þeirra !
Það verður þegar skyldurækin, óskynjanleg hlýja
gagntekur skyndilega nærgætin
og gegnsæ hjörtu okkar !

Og, full undrunar, erum við skyndilega meðvituð
um æðaslátt þeirra sem vellur í sálum okkar
lemjandi afmynduð hjörtu okkar
og hellandi í okkur öldum samræmis og göfgi!

Í kvöld, David, komu til mín
ljóðlínur sem aðrir unnu
en síðan týndar !

(þýtt af Hrafni Andrési Harðarsyni, 14. mars 2011)
Traduit par Hrafn Andrés Hardarson

samedi 12 mars 2011

DOULEUR (en islandais)

ISLANDAIS

HARMUR

„Aðeins orð þitt getur grætt und mína.“

Geoffrey Chaucer,
Hringstefja miskunnarlausrar fegurðar

Þú kemur án þess að segja orð,
þú ferð án minnsta votts um bros,
og skilur eftir í bjartasta svefnherbergi sumars
brothættar leifar sálar þinnar
og ferska angan harms þíns!

Eins og vofa ásæki ég langa ganga
angandi af roðarunna og lofnarblómi!

Síðan nem ég staðar, brýt sneið af
einsemd minni og þrýsti henni að vörum mér
eins og nýbökuðu brauði!

Úti fyrir logar eldur svala
með óskiptar minningar
gegnum loftið,
og tíminn er umflotinn
örum hugsana
eins og risa-fyrirboða hins óþekkta!

Hvað get ég gert? Hvern get ég kallað á?
Enginn kemur til hugar.

Samtímist líður kjarni hlutanna
endalaust hjá, hljóðlaust gegnum sigti
tára.
Raddir sem ég gæti snert, framandi raddir
koma og afferma skerandi áhyggjur sínar
inn í óslitinn júlísöng.

Athanase Vantchev de Thracy

Traduit en islandais par Hrafn Andrés Hardarson

mercredi 9 mars 2011

GRAMMATA (en croate)

CROATE :

GRAMMATA

(Τα γράμματα)

Posvećeno Vinku Kaliniću


"Zeleno i tiho mjesto, sred planina
u malenoj i tihoj luci!"


Samuel Taylor Coleridge
Strahovi u samoći



I.

Vinko, prijatelju moj,
Morfej nam daruje višak svojih snova
da svake noći pronađemo vrstu riječi
što drži ljude zbijene jedne nasuprot drugih.

Mi volimo tuge
u nasmijanim očima
onih koji su nam dragi, jako dragi,
koji plaču kad dan nestaje
i umire.

Prijatelju samilosne dobrote,
mi ne vidimo
uspijeh u očajnom natjecanju.

Vinko, kako je dobro znati
da postoje anđeli što čitaju misli
svih duhova koji nastanjuju prostranstva svemira,
one osjetljive duše, umiruće
a opet racionalne i besmrtne.

Mi što se divimo nepokolebljivoj odanosti,
nenadmašivoj lojalnosti,
poput psa kralja Lysimachusa
što je dijelio sudbinu svoga gospodara
skočivši i u vatru
kad je mogao tako lako
pobjeći.


II.

Zašto, prijatelju, želiš ostati
tako neprilagođen ovom svijetu,
izraziti se uzvišen, kao Bog?
Pun razigranog pretjerivanja,
jezikom halucinacija Pseudo-Denisa
koji ni sam nije mogao podnijeti svoje ime.

Biti čist, poput benzina
za sve što živi, za sve što je istina!

Kako imenovati neimenovano,
kako vidjeti nevidljivo,
izraziti ono što izmiče našim osjetilima?


III.

Ovo su moje misli noćas, prijatelju moj,
dok šaram po vatri ognjišta što tinja
U ovoj kući koja odiše srećom -
jednostavnom, svakodnevnom.
Slušam, kako u proplancima
o dalekom snu pjeva snijeg,
osluškujem blago pucketanje
mozaika od mraza na prozorima
okrenutim bijeloj kopreni što treperi pod nebesima.


IV.

Supstanca
Vrijeme
Vječnost
Broj
Poredak
Veličina...

Mašta puna zanosa,
jednostavnost titrajućih oblika,
uglađen dekor,
uzbuđenje unutarnje jasnoće!

U fascinantnoj priči iskre,
u staroj kući
što snažno miriše na dunje
koje smo spremili na stare ormare
prekrite zastorima
što su ih tkale naše bake.



V.

Tinja duh ljepote sna
poput užarenog svjetla prigušene noćne lampe,
isprepličući se sa sjenama
što dolaze kroz zatvorene prozore.
A duša, sprečavajući protok blistavih misli
leži umorna, u zamkama od riječi,
žudeći za prozirnom lakoćom neba.


VI.

O, tmino svjetlija od svjetlosti,
o, nemogućnosti božanske vizije,
daj mi pjesmu!
Protresi stabala,
pokreni srce od kamena!
Učini me Mansuetom
što blagom rukom budi
tvrdoglavi bijes ljudi!


VII.

Pjesma je, prijatelju moj,
to ponovljaj sebi,
u našim srcima uvijek budna
u krikovima što dolaze s polja
za one koji u jecajima mogu čuti:

Znati je ljubiti!
Ljubiti je znati!



Athanase Vantchev de Thracy

Paris, France

09. 03. 2011.

Traduit en croate par Vinko Kalinic

mardi 8 mars 2011

GRAMMATA

GRAMMATA

(τα γράμματα)

A Vinko Kalinić


“A green and silent spot, amid the hills,
A small and silent dell !”

(« Un endroit vert et silencieux, au milieu des collines,
Un petit vallon calme ! »)

Samuel Taylor Coleridge
Fears In Solitude / Crainte dans la solitude





I.



Vinko, mon Ami,

Morphée donne à chacun son surplus de rêve,

A chacun, la nuit bienveillante offre les mots

Qui tiennent les hommes serrés les uns contre les autres.



Nous aimons la tristesse

Dans le regard souriant

De ceux qui nous sont chers, très chers,

Et pleurons quand le jour veut s’effondrer

Et mourir.



Amis de la bonté chrétienne,

Nous n’aimons pas voir

L’échec le disputer au désespoir.



Vinko, comme il est bon de savoir

Que les anges lisent les pensées

De tous les esprits qui peuplent l’immense univers,

Celles des âmes sensitives et mortelles,

Celles des âmes rationnelles et immortelles.



Nous admirons la fidélité indéfectible,

La fidélité indépassable,

Celle du chien du roi Lysimaque

Qui voulut partager le destin funeste de son maître

Se jetant dans les flammes

Alors qu’il aurait pu si facilement

Se sauver.



II.



Pourquoi, Ami, les verba restent-ils si inadéquats

Pour exprimer un être aussi sublime que Dieu ?

Même la surabondante démesure

De la langue hallucinée de Pseudo-Denis

N’a pas été capables de Le nommer !



Être pur, donner rang d’essence

A tout ce qui vit, à tout ce qui est vrai !



Comment nommer l’innommable,

Comment voir l’invisible

Et ce qui échappe à toute saisie de nos sens ?





III.



Telles sont mes pensées ce soir, mon Ami,

Je somnole près du feu ensorcelant de l’âtre

Dans cette maison qui respire le bonheur

Simple et quotidien

Et j’écoute, comme dans les clairières d’un rêve lointain,

Les neiges chantantes

Et le léger craquellement

Des mosaïques du gel sur les vitres

Tournées vers le blanc, le pantelant linceul du ciel.



IV.



Substance,

Temps,

Perpétuité,

Nombre,

Ordre,

Grandeur !



Ferveur hallucinatoire,

Vibrante simplicité des objets,

Lignes épurées du décor,

Frémissement de la clarté intérieure !



Le fascinant récit des étincelles

Dans l’antique foyer

Et cette vivifiante odeur de coings

Qu’on a mis dans les vieilles armoires

Pour sauvegarder la fraîcheur des draps

Tissés par grand-mère !



V.



L’esprit rêve de beauté

Comme rêve ardemment de la faible lueur d’une lampe

Oubliée à une fenêtre

Celui qui va par l’ombre.

Et l’âme, évitant le flot flamboyant des pensées

Et les écueils des mots fatigués par le mensonge,

Aspire à la transparente légèreté du ciel.



VI.



Ô ténèbres plus lumineuse que la lumière

Ô ineffabilité de la vision divine,

Fais-moi don d’un chant

Qui ébranlerait les arbres,

Emouvrait le cœur des pierres

Et rendrait mansuète

L’opiniâtre férocité des hommes !



VII.



Un chant, mon Ami

Qui répèterait

A nos cœurs toujours éveillés

Dans la douleur qui sait polir

Les aspérités des sanglots :



Savoir, c’est aimer,

Aimer, c’est savoir !

Athanase Vantchev de Thracy

Glose :

τα γράμματα : mot grec (neutre pluriel) qui signifie « belles lettres ».

Samuel Taylor Coleridge (1772-1834) : poète et critique britannique. Il est le plus jeune des treize enfants du pasteur John Coleridge, qui exerce également à Ottery Saint Mary la fonction de maître d'école. Il fait ses premières études à l'école que dirige son père, mais il n'a pas encore dix ans que celui-ci décède, laissant sa famille dans une situation très précaire. Il est alors hébergé quelques semaines à Londres chez un oncle, puis est admis à Christ's Hospital, pension de bienfaisance de Londres où il se lie d’une fervente amitié avec Charles Lamb.

En 1791, âgé de 18 ans, il obtient, venant de Christ's Hospital, une place gratuite à Jesus College, à l'université de Cambridge. Il y fait la connaissance de mouvements politiques et religieux radicaux, et commence à abuser de l'alcool et du laudanum pour calmer ses troubles psychiques. Toutefois, en 1792, il obtient une médaille d'or (Browne Gold Medal) en prix de la meilleure ode grecque. Mais malgré son intérêt pour l'antiquité en général, et la langue grecque en particulier, son tempérament enthousiaste l'entraîne vers d'autres voies. C'est la grande époque de la Révolution française, et il est conquis par la mystique révolutionnaire.

Dans le courant de 1794, il fait connaissance avec le poète Robert Southey, et sent s'éveiller en lui la vocation de poète. Les deux jeunes gens deviennent amis, et, en septembre 1794, décident d'écrire en collaboration un drame historique intitulé la Chute de Robespierre, qui restera inachevé.

En 1796, il publie son premier recueil de poèmes Poems on various subjects. Il se met aussi à écrire des Adresses au peuple, discours qui font assez de bruit; puis il rédige le Watchman (la Sentinelle), recueil hebdomadaire qui cesse de paraître dès le 10ème numéro. Abandonnant alors la politique pour la poésie, il fait paraître sa tragédie Osorio, composée sur les conseils de Sheridan, et rebaptisée plus tard Le Remords.La même année, il rencontre William Wordsworth, avec qui il se lie d'une amitié telle que, lorsqu'il s'installe à Nether Stowey, dans le comté de Somerset, Wordsworth et sa sœur Dorothy viennent habiter près de lui, à Axfolden. La compagnie de Wordsworth, les promenades quotidiennes et les longues conversations de deux amis sont pour Coleridge un stimulant précieux, et c'est sans doute la période la plus féconde de sa vie. En 1798, ils publient un recueil commun, Lyrical Ballads (Ballades lyriques), manifeste de la poésie romantique, qui contient la première version du célèbre poème Rime of the Ancient mariner (La Complainte du vieux marin). Vers cette époque, il se met à l'opium, toujours pour calmer la douleur de ses maladies et de ses troubles psychiques. C'est après un rêve dû à l'opium qu'il écrit le poème Kubla Khan. C'est également durant ces années qu'il commence son grand poème médiéval, Christabel, et rédige Frost at Midnight (Gel à minuit) et The Nightingale (Le rossignol).

Deux admirateurs, les frères Josiah et Thomas Wedgewood, lui offrent une subvention de 150 livres par an, qu'il accepte et qui lui permet d'aller en Allemagne avec Wordsworth à l'automne 1798. Là, pendant 14 mois, il s'intéresse à la pensée de Kant, de Schlegel, de Lessing et de Schelling. Il puise dans les chants des Minnesänger et dans les légendes locales les sujets de nouvelles œuvres. Il apprend l'allemand en autodidacte et traduit le poème Wallenstein de Schiller à son retour en Grande-Bretagne, en 1800. Il va s'installer alors à Greta Hall, dans le Pays des Lacs (Lake District of Cumberland), pour être près de Grasmere, où vit Wordsworth. C'est cette circonstance qui leur vaut, avec Southey, d'être appelés les Poètes des Lacs (the Lake Poets) ou les Lakistes. C'est aussi à cette époque qu'il rencontre Sara Hutchinson, sœur de la future femme de William Wordsworth, qui sera le grand amour de sa vie sans que cette passion se concrétise, les sentiments de Sara Hutchinson à l'égard de Coleridge demeurant ambigus. Coleridge lui consacrera de nombreux poèmes, dont le plus célèbre est Love.

Depuis son retour d'Allemagne, ses opinions ont changé de façon surprenante ; en politique, de jacobin, il est devenu royaliste ; en religion, de rationaliste, il est devenu un fervent croyant du mystère de la Trinité. Aussi, il combat avec violence la Révolution française qu'il avait d'abord exaltée. Pour vivre, il accepte la direction du Morning-Post, dans les colonnes duquel il soutient la politique du gouvernement. Il en est récompensé par le titre de poète de la Cour et par une riche pension. Il passe neuf mois à Malte en tant que secrétaire du gouverneur, sir Alexander Ball, puis il visite l'Italie avant de revenir à Londres et à Bristol reprendre le métier d'homme de lettres et de conférencier.

En 1816, alors que sa dépendance à l'opium a encore augmenté, il devient pensionnaire du médecin James Gillman, à Highgate dans la banlieue nord de Londres. C'est là qu'il achèvera sa grande œuvre de prose, la Biographia Literaria, mi-biographie, mi-recueil de critique littéraire. Il y meurt en 1834.

Lysimaque (en grec ancien Λυσιμάχος / Lysimákhos), né vers 361 av. J.-C., mort à la bataille de Couroupédion en 281, est un général macédonien et l'un des diadoques d'Alexandre le Grand. Satrape puis roi de Thrace à partir de 304, il est aussi roi de Macédoine de 285 à 281.

Pseudo-Denis Le Pseudo-Denys l'Aréopagite (Ve siècle ap. J.-C.) : auteur de traités chrétiens de théologie mystique, en grec. Il est l'une des sources majeures de la spiritualité chrétienne. C'était probablement un moine syrien. D'inspiration néo-platonicienne, il est influencé par les écrits de Proclos, auxquels il fait de larges emprunts ; il a aussi été influencé par l'école chrétienne d'Alexandrie (Origène, Clément d'Alexandrie) et par Grégoire de Nysse.

Ne pas confondre avec Denys l'Aréopagite (Ier siècle ap. J.-C.), un athénien faisant partie des philosophes qui ont écouté la prédication de saint Paul.

Mansuète (adj.) : qui fait preuve de mansuétude. Mansuétude (n.f.) : du latin mansuetudo, lui-même de mansuetus, participe parfait passif de mansuesco, « j’apprivoise », terme composé de manus, « main » et suesco, « devenir habitué ».

lundi 7 mars 2011

HENG-NGO, DESSE CHINOISE DE LA LUNE

HENG-NGO, DESSE CHINOISE DE LA LUNE

A Jüri Talvet



“But here I pray that none whom once I loved
Is dying to-night…”

("Mais ici, je prie qu’aucune personne qu’une fois j’ai aimée,
Ne meure cette nuit…”)

Edward Thomas
Rain / Pluie



Déesse-Mère, toi qui laves tes douze filles

Dans l’immense lac d’eau vive de l’éther

Avant de les envoyer, chacune à son tour,

Briller tout un mois dans le ciel nocturne,

C’est à toi, déesse de tous les sortilèges,

C’est à ton cœur attentif que je présente

Mon pantelant chant d’amour.



Toi qui habites avec le Lièvre céleste,

Le Mage divin qui fabrique la liqueur d’immortalité,

Prête ton oreille délicate

A la vibrante mélodie

Jaillie des sources brûlantes de ma poitrine.



Comme toi, déesse de la Paix orange, qui as fui

Ton époux, tueur des neuf des dix soleils

Qui enflammaient l’univers,

Yi, l’archer hardi,

Après avoir bu en cachette de la liqueur

Que le Lièvre lui avait offerte

Pour le remercier de ses bons services,

Comme toi je fuis la tristesse insidieuse des mots,

Je combats la peur pesante de la vie qui coule en moi

Comme du miel.



Comme toi, déesse des oiseaux impériaux des ténèbres,

Je me refugie sur la lune

Pour vivre auprès de la fluviale quiétude des saisons.



Je vis dans les clairières des rêves

Qui fleurissent à l’intérieur de mon sommeil.

Je parcours les autels bleus du ciel

Rehaussés de souriants nuages roses

Et les cités de jade des étoiles exemptes de mort.



J’ai oublié les violettes douceurs des jours,

L’opiniâtre beauté des montagnes,

La fervente austérité du soleil à midi.



Silencieuse sont les nervures de mon silence,

Rouges comme le cinabre les voiles gonflées

De mes pensées.



Donne, ô déesse, de la cohérence à mes chants,

De l’harmonie à mes contradictions tortueuses.



Je sais, déesse, les morts ne reviendront pas

Dans nos maisons,

Mais ils sont à jamais

Parmi nous !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 5 janvier 2010

Glose :

Heng-Ngo et les douze lunes (mythe chinois)

Au début de chaque mois, Heng-Ngo, la mère des douze lunes, lavait ses jeunes filles dans un lac. Puis chacune à son tour, les lunes partaient pour un séjour d'un mois dans le ciel.

La quête de l'immortalité : dans la lune chinoise, vivait le Lièvre qui fabriquait la liqueur d’immortalité. Un jour, l'archer Yi obtint un peu de cette liqueur en récompense de ses services. Il venait d'abattre neuf des dix soleils qui menaçaient de brûler la terre. Heng-Ngo, son épouse, désireuse de goûter à l'immortalité, en but secrètement en son absence. Découverte par son mari, Heng-Ngo se réfugia dans la lune pour échapper à sa terrible colère. Comme son époux continuait à la poursuivre, elle demanda de l'aide au Lièvre qui combattit Yi et le fit renoncer à ses poursuites. Depuis Heng-Ngo habite la lune.

Edward Thomas (1878-1917) : poète et essayiste anglais. Né dans le quartier de Lambeth à Londres, de parents gallois, Edward Thomas a la sensibilité mélancolique de sa mère, peut-être par réaction à la raideur d'un père adepte du positivisme. La dure rançon de son indépendance fut une carrière chaotique ; ses études, à l'université d'Oxford (1897-1900), coïncidèrent avec les responsabilités prématurées d'un mariage qui fut une union passionnée et orageuse, comme il apparaît dans la double biographie, World Without End et As It Was, que sa femme, Hélène, écrivit en 1921, chefs-d'œuvre d'analyse, cœur et corps mis à nu, et dans les lettres, récemment publiées, que Thomas adressa à Gordon Bottomley et à Eleanor Farjean. Instable, rongé par une inquiétude morbide, congénitale mais accentuée par les soucis matériels, il monnaya assez mal un grand talent d'essayiste et de critique. Des livres comme Oxford (1903), The Heart of England (1906), The South Country (1909) recueillent les observations merveilleusement précises de ses randonnées à pied.

dimanche 6 mars 2011

SHIKISHI (en islandais)

ISLANDAIS :

SHIKISHI

„En við þekkjum dapurleg örlög hans sem bjó hér:
Eins og draumur hvarf hann af þessum hverfula heimi;
Þótt nafn hans þýddi „Eilífðar hús“…

No- leikverkið Teika

Ég hugsa um örlög Shikishi prinsessu!...
Tár kirsuberjalaufsins
blandast mínum!

Fetaði prinsessan í raun
nettum fótum sínum þennan
sama stíg þakinn vori
sem ég fer morgunn þennan?

Sá hún
með augum brennandi af ást
þetta sama fjall
þar sem furur og skriðjurtir
vaxa svo blíðlega
fast upp við það?

Núna, í faðmi
þessa legsteins
skreyttum ljóspurpura mosa
og innsiglaður þéttum vafningsviði,
sefur hún
um alla eilífð!

Ó himnar, hve tíminn breytir sköpulagi,
og hve óraunverulegt hann gerir líf og dauða!


Ó, kristalstæri söngur glóbrystinganna
í grænu silki-loftinu!

Söngur gleyminn á
hæga hrösun heimsins
í þögult ómælisdýpið!

Athanase Vantchev de Thracy

Traduit en islandais par Hrafn Andrés Hardarson

vendredi 4 mars 2011

SCINTILLEMENT (en islandais)

BLIK (page 204)



„Þú spyrð hvað ég sé að gera í sveitinni?“.

Saint Evremond (1615-1703)



Við tölum saman í hálfum hljóðum í heitri vímu

þessa herbergis þar sem með hægð reis

ósýnileg og spennandi

fíngerð bygging kennda!



Ah! Öll þessi ljóðlist í loftinu

borin uppi af andardrætti okkar!

Hve kært er mér í depurð minni

fjölbreytt litaspjald brosa þinna!



Hvernig færi fyrir mér í þessari tjörn heit-elda,

allrar þessarar hefðar tímalauss eðlis?



Mín kæra,

syngdu mér söng!

Segðu mér sögu!

Lestu mér ljóð um líf þitt!

Láttu skjálfa, ég bið þig,

lafmóð trén í glæru gleri

gluggans!

Vektu í döpru holdi mínu

þá gömlu visku

þá gleymdu orðskipan hamingjunnar!

DIVAGATION (en islandais)

DRAUMÓRAR

Handa Iréne T.

„Ég hafði komist alla leið hingað frá hafinu,
en hitti samt fyrir á ný ölduna í örmum þér“

Hart Crane (1899-1932)
And Bees of Paradise

Þú ert og þú ert ei! Horfin rödd
frá tímum söngva, hlátra og vona,
vordegi sem viðkvæmt kvöldið
veitti sem fórn í sál næturinnar.

Þú ert og þú ert ei! Kall úr djúpunum
markar víðfeðmt minni mitt eins og sporjárn.
Stafróf úr glæðum, fresku í kapellu
þar sem óljósar útlínur þínar lýsa án afláts!

Skjálfandi, dreymir mig enn á ný að eld-kossar mínir
steypist í haf æva-forns andlits þíns
og að hjarta þitt, hyldjúpt sem attísk bókrolla,
sé komið aftur til að ljósta blóð mitt með óræðu brosi sínu!
Þú ert og þú ert ei! Langþráður draumur hefur ræst!
Und sem sýnir dapra einsemd mína í réttu ljósi!

Athanase Vantchev de Thracy

Traduit en islandais par Hrafn Andrés Hardarson

FORËT DE LUMIERE (en islandais)

LJÓSASKÓGUR

„Ég kalla á þig,
ég gríp hendur þínar,
ég kyssi jörðina undir ilskóm þínum“.

Tawfiq Zayyad

Þessi skógur ljósa á andliti þínu;
Fær enginn flúið
tónlist ástarinnar?

Vetur líður gegnum orð þín
hrúgar sálum þeirra með hvítum yl
og gullnum ávöxtum! Þessi eilífð
í dauðleikanum!

Hvílíkar ofsakenndir
hvílíkan söng sakleysis sem þau fá til
að blómstra!

Snjór! Og tíminn bætir höfugu
bláu bragði sínu á hendur okkar!
Hann syngur í hurðarlyklinum,
gengur fram, brosir og flæðir
inn í Vor-beðið
sem orðið er að degi!

Ég hef ekkert að segja þér. Þarna ertu,
eins og runni geislandi drauma
í miðri mergð sem
hreyfist eins og eind
í takt við slátt sálar
hávaða markaðstorgsins
og barnaskarans!

Tungumál snævar eins
og steinlaus ör!
Og þessi skógur ljósa
á andliti þínu!
Þú tákn kulda orðinn að samúð
í leyndum skjálfta
hjarta míns!

Þú litur ljóðs
með náinni þekkingu á eilífð!
Þú náin gnægð
sannleikans!

Athanase Vantchev de Thracy

Traduit en islandais par Hrafn Andrés Hardarson

jeudi 3 mars 2011

NOUS BOIRONS DE CES VINS FABULEUX (français)

NOUS BOIRONS DE CES VINS FABULEUX

A Solange de R.

“Thy various works, imperial queen, we see,
How bright their forms !...”

Phillis Wheatley,
On Imagination

(« Reine impériale, nous voyons,
Tout l’éclat de vos œuvres !... »)

Phillis Wheatley,
Sur l’imagination


Solange, ma mésange joyeuse,
Je vous emmènerai, ma tendre Amie,
Dans le divin pays des vins fabuleux !

Là-bas, assis à l’ombre des hauts rosiers,
Nous boirons enchantés, ma gracieuse Solange,
Les élixirs du Chateauneuf-du-Pape !

Le paisible, le savant château de Mont-Redon
Nous offrira, sous ses treilles émeraude,
Ses blancs, ses limpides nectars à l’exubérance aromatique
Qui sentent si délicatement l’abricot d’or,
La sauge sauvage à fleurs bleues,
La garrigue, patrie des grillons,
La pierre calcaire malléable
Comme l’âme des enfants.

Puis les Muses nous mèneront plus au nord
Pour nous enivrer des trésors liquides des Crozes-Hermitage !
Vous aimerez, ma Solange, vous adorerez,
Les cantiques de ces vins transparents
A l’extatique odeur d’amande grillée d’Orient,
De pêche gorgée de soleil et de thym luisant.

Et quand la nuit souriante
Descendra jusqu’à nos corps printaniers
Couchés dans l’herbe de velours,
Nous contemplerons les étoiles dansantes
Des grandes constellations du ciel du sud
En semant au vent
Des milliers de baisers plus suaves
Que l’air hâlé
De Provence.

Clairs, nos rêves se mêleront
Aux murmures hâtifs des ruisseaux,
Aux voix liliales de la suave nuit.

Ma frêle, ma belle Solange, ma tourterelle,
Viens te nicher dans les chèvrefeuilles
Fleuris de mon âme !

Viens, mon amour,
Au pays des vins où les brises échansons
Remplissent de feu les coupes
Des dieux immortels !

Viens, âme de mon âme,
No me hagas sufrir !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 2 mars 2011

Glose :

Phillis Wheatley (1753-1784) : est la première poétesse noire américaine de renom. Son livre Poems on Various Subjects fut publié en 1773, trois ans avant le début de la Révolution américaine.

Née au Sénégal, Phillis fut capturée et vendue comme esclave à l'âge de 7 ans. Elle fut envoyée en Amérique en 1761, puis achetée à Boston par John et Susannah Wheatley. Bien que maintenue en esclavage par cette famille de marchands, elle reçut une bonne éducation qui lui permit d'apprendre le latin et le grec et d'étudier la Bible. Elle maîtrisa rapidement la langue anglaise et son premier poème fut publié alors qu'elle n'était âgée que de 13 ans.

Solange est un prénom d’origine latine. Il vient du mot solemnis, « solennel ». Aussi peut-on traduire Solange par « la femme solennelle », « la femme noble et célèbre ».

Prénoms dérivés du prénom Solange : Solène, Solemne.

La sainte patronne des Solange est une jeune bergère des environs de Bourges (Cher) qui, au IXe siècle, fut assassinée par le seigneur local pour avoir défendu sa chasteté. Sainte Solange est la sainte protectrice du Berry. Fête le 10 mai.

Couleur : le bleu. Pierre : le saphir. Métal : l’argent. Le chiffre de chance : le 1.
Le château Mont-Redon : Au milieu du XVIIIe siècle, Mont-Redon fut acquis par un noble : Joseph Ignace d'Astier, avocat docteur en droit d'Avignon. Ensuite Mont-Redon passa aux mains des Mathieu. Anselme Mathieu se disait Marquis de Mont Redon et exploita ce domaine avec ses frères à la mort de son père. Une catastrophe toucha alors la famille et ce fut le partage des biens. En 1923, Mont Redon est acquis par la famille Plantin. Henri Plantin s'attacha à regrouper l'ensemble des terres et à donner au domaine sa physionomie actuelle : celle d'une propriété couvrant 162 ha au total, dont 100 plantés en vignes. Le château Mont- Redon appartient, depuis quatre générations, à la famille Abeille-Fabre qui aligne ses références de race et de traditions.

Sauge (n.f.) : Les sauges (nom scientifique : Salvia) sont un genre de plantes de la famille des Lamiacées qui comprend plus de 900 espèces, annuelles, bisannuelles, vivaces ou arbustives. Une dizaine d'entre elles sont indigènes en Europe, la sauge des prés par exemple.

Le nom vient du latin salvare, « sauver ». Certaines espèces de sauge, principalement la sauge officinale, possèdent en effet de nombreuses vertus médicinales. Elles étaient considérées au Moyen Âge comme une panacée. Les sommités fleuries et les feuilles de deux espèces principalement, la sauge sclarée (Salvia sclarea) et la sauge officinale (Salvia officinalis), étaient utilisées en infusions et décoctions. Certaines espèces de sauges, en particulier Salvia divinorum (la « sauge divinatoire », connue localement sous des noms divers comme hojas de la pastora ou yerba de María), possèdent des effets hallucinogènes, et sont encore employées dans les rites chamaniques de certaines tribus d'Indiens d'Amérique ou comme psychotrope. La très grande majorité des espèces est cependant totalement inoffensive.De nos jours, la sauge est surtout employée comme herbe aromatique.
Garrigue (n.f.) : le terme garrigue vient de la racine pré-indoeuropéenne kar (ou gar, kal, gal), qui signifie « pierre » ou « rocher », et par extension « abri de pierre, maison, forteresse, village ». Cette racine a donné les mots guarric en celte et garric en occitan, c'est-à-dire « l'arbre du rocher », terme qui désigne le chêne kermès. Les mots Gard, Carcassonne, karst, calanque, chalet, clapier, crau, grave, garoupe en dérivent également. En botanique, la garrigue désigne une formation végétale, caractéristique des régions méditerranéennes, proche du maquis.
Vins Crozes Hermitage : les vins Crozes Hermitage sont l'une des appellations du nord des Côtes du Rhône. Le vignoble qui abrite ces vignes s'étend autour de celui de l'Hermitage. Les vins de Crozes Hermitage peuvent être bus autant vieillis que jeunes et sont moins corsés que les vins de l'Hermitage.

La maison Guyot, productrice et négociante en vin, vous propose une large de gamme de vins tel que : vin Saint Joseph, vin Vacqueyras, vin des Côtes du Rhône ou encore des vins des Coteaux du Lyonnais pour vos cadeaux d'affaires.

No me hagas sufrir ! - vers espagnol qui signifie « Ne me fais pas souffrir »