vendredi 31 décembre 2010

L'AQUARELLE

L’AQURELLE

La transparence floutée
Du visage de ma mère –

Vagues claires et rapides du temps
Sur ses tendres traits délicats –

Des larmes irisées
S’éternisent
Sur mes paupières,
Nacrées, douces, légères
Comme les ailes d’une libellule !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 31 décembre 2010

mercredi 29 décembre 2010

LE VERTIGE DU LABYRINTHE

LE VERTIGE DU LABYRINTHE

« Qui n’aime ne vit pas, qui vit
De la Vie ne peut mourir »

Raymond Lulle

Non, je ne veux pas oublier
Ce que je suis en train de nommer
Au risque de charger au-delà du soutenable
Ma sereine mémoire.

Je veux me rappeler,
Oui, je veux garder en moi
Tous les détails de ce matin pur,
Sa lumière, ses nuances claires et distinctes,
Les murmures poly-hymniques
Des tendres feuilles des tilleuls !

Je veux que toutes les splendeurs de l’été
Se mêlent au chant de mon sang,
Vibrent, tressaillent, frissonnent
Et édifient les palais de mes pensées.

Je veux que vivent, persistent,
S’impriment en moi à toujours
Tous les frêles, rapides, inquiets, gracieux
Mouvements des petits moineaux
Venus picorer quelques graines
Dans mon humble jardin.

Je veux que les lettres
De mes poèmes deviennent images
Et les images – des lettres
Afin que je reste à jamais
Le maître cérémonieux
De l’invisible !

Je veux connaître, lire, boire,
Faire miens
Tous les infimes détails
Du Livre quotidien
Que l’Ange, mon éternel ami,
Ecrit sur moi.

Non, mon Ami,
Je refuse d’apprendre
L’Ars oblivionis
Des doctes grammairiens !

Je refuse les couronnes
De choses
Défleuries,
La blancheur des linceuls
Jetés sur le haut savoir !

J’aime les immortelles lueurs
Des poèmes immarcescibles,
L’Arbre scintillant de Porphyre,
Le Vertige des Labyrinthes,
Où chacun de mes mots,
Chacune de mes larmes
Se lient, en chantant,
Aux mots, aux larmes de tous
Les cœurs qui montent
Vers la céleste Mémoire
Des dieux
Depuis
Le premier cri
De l’éternité !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 28 décembre 2010

Glose :

Raymond Lulle (Ramon Llull en catalan), né vers 1232 à Majorque, mort en 1316 : philosophe, poète, théologien, apologiste chrétien et romancier. Béatifié par Pie XII en 1419, il est fêté localement le 29 mars.

Lulle est considéré comme l'un des inventeurs du catalan littéraire et l'un des premiers homme de lettres à utiliser une langue néo-latine pour exprimer ses connaissances philosophiques, scientifiques et techniques. On lui attribue l'invention de la rose des vents et du nocturlabe (cadran aux étoiles utilisé par les navigateurs du XVIe au XVIIIe siècle pour déterminer l'heure locale la nuit, calculer le moment de la marée haute et mesurer la latitude.

Bien que lui-même méprisât l'alchimie, un vaste Corpus de textes alchimiques fut écrit sous son nom à partir du XIVe siècle.

Il fut connu en son temps sous les noms de « Arabicus Christianus » (l'« Arabe chrétien »), de « Doctor Inspiratus » (« Docteur inspiré »), « Doctor Illuminatus » (« Docteur illuminé »). Lulle est l'une des figures les plus importantes du Moyen Âge en théologie et en littérature. Il laissa une œuvre immense et variée, écrite en catalan, mais aussi en arabe et en latin.

Certains de ces travaux sont à la base de méthodes d'élections redécouvertes au XVIIIe siècle par Condorcet.

Il naquit en 1232 ou 1233 à Palma de Majorque, capitale du royaume que le roi Jacques Ier d'Aragon venait de conquérir et d'annexer, avec l'ensemble des îles Baléares, à la couronne d'Aragon. Raymond (Ramon) appartenait à la noblesse catalane, venue de Montpellier et qui accompagna le roi Jacques Ier sur sa galère royale lors de la conquête de Majorque. Ses parents étaient Ramon Amat Llull et Isabel d'Erill. Il épousa en 1257 Blanca Picany qui lui donna deux enfants : Domingo et Magdalena.

Il devint très jeune le page du second fils du roi et fut initié aux arts de la guerre. Rapidement les nobles prirent conscience de son intelligence. Il fut nommé précepteur de l'infant Jacques, premier fils du roi Jacques Ier d'Aragon et futur roi de Majorque. Son ascension à la cour fut rapide. Il devint successivement sénéchal et majordome du futur roi Jacques II de Majorque.

Durant les années passées à la cour, il mena une vie mondaine, joyeuse, voire luxueuse et ostentatoire. On lui connut plusieurs amours dont certaines étaient clairement adultères.

À la cour du roi, à Perpignan, il composa le Llibre de la cavalleria, traité des devoirs du parfait chevalier. Il écrivit également des chansons d'amour destinées à être chantées par des troubadours.

Vers 1267, pour ses 30 ans, Raymond affirme avoir eu durant cinq nuits consécutives des visions du Christ en croix. Les impressions profondes provoquées par ces visions eurent pour conséquence de lui faire vendre ses biens et ses propriétés, abandonner sa famille pour se dédier au prêche sur les chemins.

Enfin, il se retira dans un couvent de Monte Randa (Majorque) où il se dédia à la contemplation. Il fut admis comme laïque au monastère cistercien de La Real, où les moines lui apprirent le latin, la grammaire et la philosophie chrétienne et islamique.

Ars oblivionis : la science (l’art) d’oublier qui permet à la mémoire de se débarrasser du savoir inutile. Expression latine forgée par Cicéron.

L’Arbre de Porphyre (en latin Arbor porphyriana) est une ontologie structurée en arborescences hiérarchiques, inventée par le philosophe néoplatonicien Porphyre au IIIe siècle, et dont la logique de construction correspond à trois rangée ou colonnes de mots : la rangée du milieu contient les séries du genre et de l'espèce, et forment l'analogue d'un tronc. Les rangées de gauche et de droite contiennent les différences, et sont analogues aux branches d'un arbre. Ce système de classification permet de subordonner les genres et les espèces sous des genres supérieurs, afin de classifier les espèces réelles, par exemple les espèces animales.

mercredi 22 décembre 2010

CONSULTATIO CATHOLICA

CONSULTATIO CATHOLICA

Je lis ton œuvre sidéral, Comenius,
Et le soir est beau comme le visage d’un ange,
Et tout est tendre et doux et lumineux
Dans ma modeste maison.

Emu, mon esprit se perd
Dans les divines forêts
De ton irrésistible et vaste savoir,
Dans les terribles souffrances de ta vie
De deuil perpétuel.

Toi, l’errant, le poète ardent des étoiles,
Le juste,
Agrippé de toute ton âme
A l’apostolique Vigne spirituelle !

Toi, icône de la blanche, de la libre
Divagation des érudits fous de Dieu,
Regeste de la Doctrine divine des Ecritures !

Et mon âme bouleversée
Par le parfum de ton âme, adhère
A ton désir des res humana,
Affaires des hommes,
Missionnaires de l’Amour
Sur notre Terre baignée de sang.

J’aime ton rêve aristocratique
Qui abolit d’un seul coup
L’antique distinction
Entre substances et accidents.

J’aime tes paroles
Qui me renvoie, en me faisant pleurer,
A mon infinie pesanteur.

La vie, c’est chaque jour, mon Frère,
C’est chaque jour mon devoir
Envers Dieu,
Comenius !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 22 décembre 2010

Comenius (né Jan Amos Komenský le 28 mars 1592 à Uherský Brod, Moravie - mort le 15 novembre 1670 à Amsterdam) : philosophe, grammairien et pédagogue tchèque. Membre du mouvement protestant des Frères Moraves, il s'occupa toute sa vie de perfectionner les méthodes d'instruction. Son père était un maître-meunier extrêmement religieux, suivant les doctrines de Jean Hus. Devenu orphelin à douze ans, il intégra à seize ans l'école latine de Přerov où ses professeurs remarquèrent vite ses aptitudes prometteuses et le protégèrent. Il s'inscrivit en 1611 à l'Université calviniste de Herborn en Allemagne où, sous l'influence des théologiens Piscator et Johann Heinrich Alsted, il s'initia au millénarisme (attente d'un royaume millénaire parfait sur terre). Sa formation philosophique a été en effet bien plus marquée par l'étude de la Bible que par l'étude de penseurs athées. En 1613, il s'inscrivit à la Faculté de théologie de l'Université d'Heidelberg.

En 1614, il retourna en Moravie où l'Unité des frères de Bohème (hussites) lui confia la direction de l'école de Přerov. En 1616, il devint pasteur et, en 1618, on lui confia la très importante paroisse de Fulneck. Cette même année, Comenius épousa Madeleine Vizovká, de qui il eut deux enfants. En 1621, au début de la Guerre de Trente Ans, les troupes espagnoles prirent la ville de Fulneck et mirent à prix la vie de son pasteur, Comenius. Celui-ci s'enfuit dans les forêts avoisinantes, abandonnant son épouse alors enceinte et son fils. Il écrivit pour sa femme un traité de consolation intitulé Réflexions sur la perfection chrétienne. Madeleine et ses deux enfants moururent de la peste sans que Comenius ait pu les revoir.
Il a perdu en quelques mois son pays, sa paroisse, ses travaux et sa famille. Dès lors, il fut condamné à l’éternel exil – c’est pour cela qu’on a vu en lui un précurseur de l’unité européenne. Toute sa vie, Comenius espéra une défaite des forces catholiques et un retour de la foi biblique et de sa patrie. Cela le poussa à croire les prophéties du tanneur Christophe Kotter ou de la jeune Christine Poniatowska, une hallucinée de 16 ans qu'il considérait comme sa propre fille, et à s'intéresser aux idées utopiques et ésotériques des manifestes des Rose-Croix. Il était d'ailleurs en correspondance avec leur auteur présumé Johann Valentin Andreae, dont il reprit les idées de Sociétés chrétiennes.

En 1624, il se remaria avec la fille du pasteur Cyrille, Dorothée. En 1628, il s'établit à Leszno en Pologne. À partir de 1630, il commença à s'intéresser à la pédagogie et devint un personnage extrêmement en vue, écouté par les catholiques comme par les protestants. De 1651 à 1654, invité par le prince hongrois Sigismund Rakoczi, il résida à Sárospatak, où il tenta de mettre en place ses idées pédagogiques. Le Cardinal de Richelieu l'invita - sans succès - en France. Il s'établit un temps en Angleterre, puis en Suède dont il réforma les écoles. On lui fit même la proposition d'aller diriger au Nouveau-monde l'école de Harvard, dans la colonie puritaine du Massachusetts.

Comenius perdit sa deuxième épouse et se maria une troisième fois. À Leszno, en Pologne, à la suite d'une attaque des catholiques polonais, il perdit sa bibliothèque et tous ses travaux des vingt années précédentes. En 1656, la Hollande, si généreuse envers les réfugiés de l'époque l'accueillit et la ville d'Amsterdam, où il mourut quatre ans plus tard, lui versa une pension de 800 florins. Comenius est enterré à Naarden.

Comenius est avant tout un théologien. Les philosophes des Lumières le considèrent comme un métaphysicien d’arrière-garde (un « faux prophète », un « moraliste à l'esprit étroit » écrivit Diderot). Pourtant, par sa pensée utopique et atypique, Comenius a préparé le monde protestant à accepter le rationalisme plutôt antichrétien des Lumières. Son œuvre le fait actuellement considérer comme le père de l'éducation moderne. Jules Michelet l'appela Le Galilée de l'éducation. En 1642, Comenius rencontra René Descartes et les deux hommes, malgré des divergences apparemment irréconciliables, eurent bien le même but d'une science rationnelle universelle.

Regeste (n.m.) : terme moyennageux. Répertoire chronologique dans lequel sont enregistrés les actes émanés des pouvoirs publics ou intervenus entre les particuliers, durant une période déterminée.

L’antique distinction
Entre substances et accidents – celles dont parle Aristote.

mardi 21 décembre 2010

SOURIS, MON BEL ENFANT (en islandais)

Brostu fagra barn mitt eins og fallega fjólan

Brostu fagra barn mitt eins og fallega fjólan
brosir á engi, er falla á hana daggardætur.
Og megi tíminn vernda viðkvæma feimni þína
blíða sem fegurð himins, skæra sem stjörnur nætur.

Traduit en islandais par Hrafn Andrés Hardarson

lundi 20 décembre 2010

RADKO RADKOV (en estonien)

Radko Radkov

in memoriam

On Ajal kombeks võtta laenuks meilt
me noorus, mõnud, kõik, mis on meil. Tasuks
vaid põrmu tõukab ta meid eluteilt.

Sir Walter Raleigh


Ma sinu poole pöördun,
sa, kurbusesse mähit aastaaeg,
sa, puhas aastaaeg,
kus lõpeb kõik me lootus,
aupüüdluski kus oma lõpu leiab !

Sind palun, aastaaeg
sa selgesilmne,
mu sõbra armsaim sõbratar,
mind tröösti nüüd,
kui veed ei voola enam
ta sõnasäras
ja valgus ise
valguse tühjuseks on saanud!

Oo vaikne tuuleõhk,
sa tule, pühi ära tolm
mis juba katabki
mu mälu õnnelikke tunde!

Sa tule, inglite ajatute iidne hingus
ja pane valged roosid õitsema
maamullast, mille sooja rüppe igaviku
lüüme Laulik vastu võetud on !


Eesti keelde tõlkinud Jüri Talvet

dimanche 12 décembre 2010

TROIS POÈMES A L’ORDONNANCE SOIGNÉE

TROIS POÈMES A L’ORDONNANCE SOIGNÉE

I.

Fou-Fei, déesse de la rivière Lo,
Toi qui as charmé par ta beauté fluviale
Tant poètes,
Dis-moi, déesse des cœurs épris,
A qui confier les pensées qui m’attristent ?
A qui révéler le désespoir des nuits solitaires ?

II.

Mon cœur est plein d’une si profonde pauvreté,
Je me lève, sors, cours vers le sentier fleuri,
Regarde de tous côtés,
Répète des paroles simples
Que l’herbe semble entendre
Et berce l’espoir de revoir
Ton visage de lotus.

Ô Brièveté des heures joyeuses,
Pourquoi Vers le Nord
Partent les âmes aimées !

III.

Lueur fugitive de l’aube,
Poésie pure des feuilles
Qui se replient gracieusement
L’une contre l’autre,

Union indissoluble des cœurs purs !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 12 décembre 2010

BENEDICTUS

Benedictus

Missa Solemnis de Beethoven

A Janmarc Rothfuss

In Memoriam



“Hic est qui venit per aquam et sanguinem”
(Voici celui qui vient par l’eau et par le sang »)

Epître du Dimanche de la Passion



I.

Jeanmarc, mon Ami,

Ce soir, assis devant la solitude de la fenêtre vide,

J’écoute, en pensant à toi, l’être devenu éther lumineux, la

Missa Solemnis de Beethoven !



Dehors, le vent monte du sol, glisse sur les tiges des fleurs

Et fait vibrer la terre avant d’atteindre les cimes des nuages.



L’air ému ne retient plus la lumière de tes yeux enflammés

Devant la porte,

Abîme fragile entre la vie et la mort,

Qui garde son frissonnant bâillement !



II.



Et cette musique simple et solennelle,

Espérance en l’homme, espérance en l’infini !



Toi, mon tendre Seigneur, qui te manifestes vraiment

A l’autel blanc sous les espèces si terrestres du vin et du pain !



Ces sons suaves et divins, cette présence céleste

Si difficile à supporter,

Les frissons de ton cœur qui donne

L’excellence de sa miséricorde

Aux sons de cette messe !



III.



Janmarc, Âme,

Laisse flotter librement la mélodie

De la tristesse sur le velours du soir !

Qu’elle berce, qu’elle envoûte, qu’elle engendre

La divine espérance dans les prunelles

De ceux qui, gardant le silence

Comme une pierre précieuse dans leurs mains,

Se meuvent et souffrent avec l’avancée des pénombres !

Ceux qui, craintifs, recouvrent en cachette leurs sanglots

D’une pudique chlamyde de pétales de violettes !



Musique de la Messe, fais que l’éclat des mots rejaillisse

Sur nos visages et dans nos paroles !



III.



Janmarc, Äme,

Ton visage se rapproche des caresses de nos doigts

Comme une pluie. Comme le vent,

Ta beauté entre dans nos cœurs ouverts aux rumeurs des années !



IV.



Comme elles sont limpides et complexes les notes qui suivent

Et précède la nuit !

Comme elles connaissent, dans leur soyeuse élégance,

Le terrible langage, les sanglantes blessures

Des départs inattendus !



V.



Dites, comment vivre ensemble

Quand les cœurs sont séparés ?



VI.



Chagrin, aussi sinueux que le vol des agiles hirondelles,

Presse ma main de parachever le doux tissu

De mon chant qui exalte l’Ami

Avant la venue du grand froid !



Je me lève, cours, ramasse fébrilement les mots

Du poème,

Les serre contre mes paupières humides et m’en vais,

Tout tremblant, en ta compagnie, Ami aimé,

Le long

Des allées où se sont tus à jamais

Les battements de tes pas.



VII.



Le temps se tait

Et passe, et s’éloigne dans l’air frileux,

La blanche fumée de l’âtre fidèle

Autrefois réjoui par les chants de ta voix enfantine,

De ton rire adolescent,

De ta paix cordiale.



VIII.



Janmarc, Âme,

Ce soir, en écoutant

La Missa solemnis de Beethoven,

Mes cils caressent les souvenirs

De ta vie jadis pleine de joie étincelante !



Ici, dans cette maison vertigineuse
Au bord de la rivière mystérieusement infranchissable.

Ami, sors de ton silence, souris-moi,
Attelle les premières étoiles
Et pars pour ta promenade de long parcours !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 12 décembre 2010

Je dédie ce poème au fils bien-aimé de mon ami Uli Rothfuss qui a rejoint le chœur des anges transparents.

Glose :

Chlamyde (n.f.) : du grec chlamus / χλαμύς. La chlamyde est une draperie portée exclusivement par les hommes et originaire de la Grèce antique et plus précisément de Thessalie.

Il s'agit d'un manteau d'une seule pièce de tissu carrée ou rectangulaire et sans coutures. Cette pièce de tissu mesurait généralement environ 2 mètres de longueur sur 1 mètre de largeur et tombait jusqu'aux genoux. Parfois, sa longueur pouvait être supérieure à 2 mètres pour lui permettre de descendre jusqu'à terre. Elle pouvait se porter seule à même le corps ou sur un chiton. Elle se différencie de l'himation, car elle comportait une attache sur l'épaule droite ce qui laissait le bras dégagé.

Ce vêtement était principalement utilisé par les cavaliers, les voyageurs et les jeunes gens. Ces derniers le portaient d'ailleurs durant toute leur éphébie. À partir d'Alexandre le Grand, la chlamyde pourpre servait de manteau royal.

vendredi 10 décembre 2010

Radko Radkov (en bosnien)

RADKO RADKOV

In memoriam

“Even such is Time, that takes in trust
Our youth, our joys, our all we have,
And pays us but with earth and dust.”

Sir Walter Raleigh


Okrećem se tebi,
doba ovijeno velom tihe tuge,
nevino doba,
koje si nam otelo
svaku nadu
i okončalo
sve naše snove.

Preklinjem te,
doba jasnovido,
mili saputniče mog prijatelja,
utješi me
sada, kada voda više ne utječe
u bljesak njegovih riječi
i kada svjetlost ostala je bez svjetlosti.

O prozračni lahoru,
dođi, obriši prašinu,
koja je pokrila
najsrećnije dane mog sjećanja!

Hajde, starostavnim dahom
bezvremenih anđela
rascvjetaj krunice bijelih ruža
na zemlji koja je u svoju nježnu toplinu
primila prozračnog Pjevača Vječnosti!

(Pariz, 3. oktobar 2009.)

Atanas Vančev de Trejsi

Na bosanski prevela Duška Vrhovac

mercredi 8 décembre 2010

PAROLES A LA MAGNIFIQUE EXIGENCE (en italien)

PAROLE FORTEMENTE SENTITE


Ad Anna Piutti



I.



Immobile nell'innocenza dell'estate,

Il giorno sorge al limitare del giardino:

Conosce la sua chiara importanza,

La sua pura pienezza

Ed eminente dignità!



Disdegna

Il dispendioso lusso delle buganvillee

Così come le nobili parole

Disprezzano i cuori vuoti.



II.



Il calore inonda la porta aperta.

Il viso bianco di Xenia

Appare in piena luce:

Saluta le cince con un gesto della mano

E sembra parlare all'erba selvatica.



Il suo corpo fluido, le sue mani sottili,

Giungono al mio cuore

Dal passato? Sono le frasi erudite

Così care agli spiriti raffinati!





III.



Com'è abbagliante

Il fulgido splendore

Della fedeltà! -

Canta in me una calda voce.



Com'è difficile esser certi

Della permanenza di questo mondo! -

Risponde il silenzio.




IV.



Chiudo gli occhi

E penso

Al rametto di salice

Che i viaggiatori cinesi sotto il regno degli Han

Ricevevano al momento della partenza!



V.



Dolcemente, senza far rumore,

Le immagini felici si allontanano

Sul dorso fremente della brezza.



Ma il corpo,

Come gli animali,

Non scorda mai la sua terra natale!





Athanase Vantchev de Thracy



Parigi, 7 dicembre 2010

mardi 7 décembre 2010

PAROLES A LA MAGNIFIQUE EXIGENCE

PAROLES A LA MAGNIFIQUE EXIGENCE

A Anna Piutti

I.

Immobile dans l’innocence de l’été,
Le jour se tient debout au milieu du jardin,
Conscient da sa claire importance,
De sa pure plénitude
Et de son éminente dignité !

Il dédaigne
Le luxe dispendieux des bougainvillées
Tout comme les hautes paroles
Méprisent les cœurs vides.

II.

Chaleur qui baigne la porte ouverte,
Le visage blanc de Xénia
Apparaît en pleine lumière.
Elle fait signe de la main aux mésanges
Et semble parler aux herbes folles.

Son corps fluide, ses mains fines
Sont-elles venus jusqu’à mon cœur
Du passé ? De ces phrases lettrées
Que toute âme raffinée affectionne tant !

III.

Qu’elle est aveuglante
L’éclatante splendeur
De la fidélité ! –
Chante une voix chaude en moi.

La permanence du monde,
Comme c’est difficile de s’en assurer ! –
Répond le silence.

IV.

Je ferme les yeux
Et pense
Au rameau de saule
Que les voyageurs chinois sous les Hans
Recevaient au moment du départ !

V.

Doucement, sans bruit,
S’éloignent les images du bonheur
Sur le dos frémissant du petit vent.

Mais le corps,
Comme les animaux,
N’oublie jamais sa terre natale !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 7 décembre 2010

Glose :

Anna Piutti – une des plus talentueuses jeunes poétesses d’Italie. Née à Vicenza, elle est actuellement étudiante à l'Université de Verona en langues étrangères. Piutti écrit des poèmes en vers libre et en anglais depuis 1998. Sa parole est énigmatique, ses vers nourris de métaphores d’une grande originalité. Elle aime les images oniriques sans dédaigner pourtant les joies et les tristesses de la vie quotidienne. Excellente traductrice, parlant parfaitement la langue de Racine, elle a adapté en italien les poèmes de plusieurs auteurs français. Anna Piutti a trois passions : la littérature, l'art et la musique. Elle s’intéresse également à la linguistique, à la philosophie, à la médecine, au théâtre.

Anna Piutti a mis en italien bon nombre de mes poésies.

Bougainvillée (n.f.) : la bougainvillée, parfois appelée le bougainvillier, est un arbuste de la famille des Nyctaginacées appartenant au genre Bougainvillea découverte par le botaniste Philibert Commerson au Brésil lors de l'expédition autour du monde dirigée par l'explorateur français Louis Antoine de Bougainville.

Les bougainvillées sont des arbustes épineux grimpants aux vives couleurs qui, contrairement à l'apparence, ne sont pas dues aux fleurs. Celles-ci sont petites et blanches, et ce sont les bractées de l'extrémité des rameaux qui les entourent qui offrent des coloris variés rose, rouge, mauve, orange, jaune, blancs.

Ces plantes sont originaires des forêts tropicales humides d'Amérique du Sud et sont largement utilisées comme plantes ornementales jusque dans les régions tempérées chaudes.

lundi 6 décembre 2010

SEMIOSE (en italien)

ITALIEN:

SEMIOSI

A Norton Hodges

Un miraculo,
L’immediatezza del paesaggio ;
Un miraculo,
Incarnarlo nei miei versi.

Modeste case dai tetti rossi
Sono accampate in sogni solitari.
Il fremito dell’aria, delicata e commossa,
Copre gioie silenzioze, strazi,
Nascite e partenze.

Uno slancio affettuoso,
Un tenero sorriso d’erba e d’alberi,
La grazia di piccoli sentieri
Tra le umili braccia dei fiori campestri !

E’ questo ciò che i Padri della Chiesa chiamavano
L’irrimediabile sconfitta del pensiero ?

Paesaggi di ordinaria semplicità ;
Paesaggi, qui ed ora.

Pace, che risveglia nell’anima
Il dolce prestigio degli anni
Mutati in poesie !

Athanase Vantchev de Thracy

Tradotto in italiano da Anna Piutti

Radko Radkov (en serbe)

РАДКО РАДКОВ

In memoriam

“Even such is Time, that takes in trust
Our youth, our joys, our all we have,
And pays us but with earth and dust.”
Sir Walter Raleigh


Окрећем се теби,
доба овијено велом тихе туге,
невино доба,
које си нам отело окончало
сваку наду
и окончало
све наше снове.

Преклињем те,
доба јасновидо,
мили сапутниче мог пријатеља,
утеши ме
сада, када вода више не утиче
у блесак његових речи
и када светлост остала је без светлости.

О прозрачни лахору,
дођи, обриши прашину,
која је покрила
најсрећније дане мог сећања!

Хајде, староставним дахом
безвремених анђела
расцветај крунице белих ружа
на земљи која је у своју нежну топлину
примила прозрачног Певача Вечности!

(Париз, 3. октобар 2009.)

Атанас Ванчев де Трејси

На српски превела Душка Врховац

dimanche 5 décembre 2010

MEDITATION SUR LE CHRIST BENISSANT

MEDITATION SUR LE CHRIST BENISSANT
DE GIOVANNI BELLINI

Cette solitude immense, le livre du ciel,
Le bleu dans l’âme du bleu ! Et ces légers nuages
Qui tendrement entourent, énigme et voilage,
La tête mystique du Christ plongée dans l’éternel.

Seigneur, pourquoi tes yeux où vogue l’éternité
Sont si désespérés ? Pourquoi cette haute tristesse ?
Et ce cruel silence qui cerne l’ultime noblesse
De ton visage limpide plus pur que la pureté !

Ô douce soie fleurie des lèvres éthérées
Où tremblent les syllabes de la Parole divine !
Pavots du sang vierge, profondes blessures carmines

Sur le visage du temps qui devient clarté !
Seigneur, inscris ton nom sur mes pupilles brûlantes,
Toi, le Lys suprême, la Langue des âmes aimantes.

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, ce dimanche 5 décembre, Anno Domini MMX

Glose :

Giovanni Bellini dit Giambellino (entre 1425 et 1433 - 29 novembre 1516) : un des plus grands peintres italiens de la Renaissance, considéré comme le précurseur de l'école vénitienne. Par son attachement à la rigueur géométrique à travers des peintures qui effacent la différence entre monde sacré et profane, son œuvre marque la rupture définitive avec le style gothique,

C’est dans l’atelier de son père Iacopo Bellini (1400-1470), que Giovanni apprend son métier de peintre. Grâce à son beau-frère Andrea Mantegna, époux de sa sœur Nicolosia Bellini, il fait la connaissance avec le milieu savant et novateur de Padoue. Ses coloris deviennent plus profonds, plus homogènes et jouent déjà un grand rôle dans la représentation du relief. Il y a plus d’humanité dans les sentiments exprimés, plus de tendresse, de joie ou de douleur.

Les premiers ouvrages sont des petits panneaux peints alors qu’il n’a que 21 ans, telle la Pietà, qui groupe les figures de la Vierge, de saint Jean l’Évangéliste et du Christ au Tombeau. On peut dater de la même année la Transfiguration et le Christ au mont des Oliviers. C’est à 31 ans que Giovanni commence à multiplier les variations sur un thème qu’il ne cessera d’exploiter, celui de la Vierge à l’Enfant.

Entre 1470 et 1475 Bellini se rend à Rimini pour peindre le Retable de San Francesco qui marque un tournant capital dans sa carrière. Les années suivantes donneront à Bellini l’épanouissement de ses moyens. Cette période est celle de l’équilibre entre la forme et les couleurs, plus belles les unes que les autres.

Un climat spirituel se fait ressentir et une grande poésie émane du paysage dont l’importance est primordiale dans plusieurs panneaux peints entre la 46e et 56e année du peintre, tels le Saint François recevant les stigmates et la lumineuse Transfiguration. L’Allégorie mystique des Offices est une œuvre plus tardive.

Vers 1480, et pour une période de 10 ans, Bellini peint deux de ses grands retables. Celui de San Giobbe représente six figures de saints encadrant une Vierge à l’Enfant assise sur un trône au bas duquel jouent trois anges musiciens.

En cette même année, Bellini reprend le thème vénitien de la conversation sacrée avec la Madone des Frari, encore en place à l’église des Frari à Venise, et dans laquelle on retrouve également l’Assomption du Titien. Vers la fin du siècle, la clientèle de Bellini lui fait peindre de nombreuses madones de petit format. Le thème de la conversation sacrée revient dans plusieurs tableaux. Bellini sait renouveler son inspiration et son langage, tirant profit de ses contacts avec de jeunes peintres tels Giorgione et Titien. C’est ainsi que le Baptême du Christ lie plus étroitement visages et paysages. Les tons chauds y prédominent. Bellini aborde également le domaine mythologique avec le Festin des Dieux que Titien remania plus tard.

C’est aux dernières années du peintre qu’appartient quelques-uns de ses plus beaux portraits, comme le Doge Leonardo Loredano et le présumé Pietro de Hampton Court. Bellini ne fait pas figure de révolutionnaire, mais le retentissement de sa gloire est immense. Dans son atelier, il forme de nombreux élèves, dont certains vont travailler sur la terre ferme (en dehors de Venise). Dans la première moitié du XVIe siècle, beaucoup de peintres subiront encore l’attrait de son génie.

vendredi 3 décembre 2010

NOUS LISION ENSEMBLE (français - anglais - serbe)

NOUS LISIONS ENSEMBLE
A Todd

Nous lisions ensemble les extatiques poèmes
De Dante et de Pétrarque, de Keats et de Shakespeare,
Le haut soir venait comme un immense soupir
Poser sur nos épaules sa lumière extrême.
Athanase Vantchev de Thracy



ENGLISH :
We Used To Read
For Todd


We used to read together the ecstatic poems
of Dante and Petrarch, of Keats and Shakespeare,
the exalted evening came like an immense sigh
to place on our shoulders its utmost light.


Translated into English by Norton Hodges.


SERBIAN :

ZAJEDNO SMO CITALI

Zajedno smo citali uzbudljive pesme
Dantea i Petrarke, Kidsa i Sekspira,
egzaltirana vece stigla je kao bezmerni uzdah
da na nasa ramena polozi svoju uzvisenu svetlost.

Translated into Serbian Duska Vrhovac

jeudi 2 décembre 2010

SEMIOSIS (en anglais)

ENGLISH :

Semiosis

For Norton Hodges



One miracle

The immediacy of this country scene,

And another

That I can incarnate it in these words.



Each of these modest houses with red roofs

Is camped out in its own solitary dreams.

And there is a trembling in the air that veils

With moving delicacy

Silent joys, heartbreaks,

Arrivals and departures.



This surge of affection I feel here,

The tender smile of grass and trees,

The grace of little byways in the arms

Of humble country flowers.



Is that what the Church Fathers

Called: the irremediable defeat of thought ?



Peace awakens in my soul

The sweet prestige of the years turns

Into tender poems.



Athanase Vantchev de Thracy

Translated into English by Norton Hodges

mercredi 1 décembre 2010

SEMIOSE

SÉMIOSE

A Norton Hodges

Miracle,
Cette immédiateté du paysage,
Miracle,
Son incarnation dans mon verbe.

Ces modestes maisons aux toits rouges
Campées dans la solitude de leurs rêves.
Le frémissement de l’air qui couvre
Avec une délicatesse émouvante
Joies silencieuses, déchirements,
Naissances et départs.

Cet élan d’affection,
Le sourire tendre des herbes et des arbres,
La grâce des petits sentiers dans les bras
D’humbles fleurs champêtres !

Est-cela que Les Pères de l’Eglise
Appellaient irrémédiable défaite de la pensée ?

Paysages, simplement ordinaires,
Paysages d’ici et maintenant.

Apaisement qui réveil dans l’âme
Le doux prestige des années
Devenues tendres poèmes !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 1 décembre 2010

Glose :

Sémiose (n.f.) : nous devons ce mot au sémiologue et philosophe américain Charles Sanders Peirce (10 septembre 1839 - 19 avril 1914). C’est une notion de sémiologie (du grec sêmeion, « signe »), science, qui d’après le linguiste suisse Ferdinand de Saussure (26 novembre 1857 – 22 février 1913) « étudie la vie des signes au sein de la vie sociale ». Science étudiant les systèmes des signes (langues, codes, signalisations).

La sémiose désigne la signification des signes en fonction d’un contexte bien précis. Ainsi le signe « lever le doigt » peut signifier :

1. « Je voudrais la parole » s'il est employé dans une salle de classe.
2. « Arrêtez-vous » s'il est utilisé à un arrêt de bus