mardi 9 août 2011

TCHETCHENIE

TCHETCHÉNIE

A Zourab Amir Tchetchen

« Salam à qui ose peindre
A qui ose parler
Et écrire. »

Maram Al-Masri

Mon frère caucasien, tu rêves les nuits d’été
De ta patrie de neige, de ses vallées fleuries
Où des troupeaux heureux, cadeau du ciel béni
Remplissent de leur joie l’espace émerveillé.

Tremblant, ton cœur candide tressaille d’émotion
Et tes pensées s’envolent vers ta maison natale,
Vers tes amis fidèles, enfants des étoiles,
Qui rient avec le vent et jouent à saute-mouton.

Er tu entends les chants limpides des ruisseaux,
Les solennelles syllabes d’une langue de diamant,
Le clapotis des sources, les mélodies des chants

Antiques comme la grammaire des cimes et des coteaux.
Et dans tes yeux splendides jaillissent des larmes de feu
Brûlant tes cils de soie et tes doigts frileux.

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 9 août 2011

Glose :

Maram AL-MASRI est née en 1962 à Lattaquié en Syrie. Exilée à Paris depuis 1982, cette jeune syrienne, après un premier livre publié en 1984 à Dainas sous le titre Je te menace d'une colombe blanche, revient à la poésie avec Cerise rouge sur carrelage blanc, édité à Tunis par les éditions de l'Or du Temps, en 1997. Le prix du Forum culturel libanais en France, destiné à récompenser toute création littéraire arabe, lui a été attribué en mars 1998.



dimanche 7 août 2011

PRIE DIEU

PRIE DIEU

A mon Ami Florentin Benoit D’Entrevaux
au petit couvent de Saint-Martin-sur-Lavezon


« Moi, je suis la résurrection,
qui croit en moi, même s’il meurt,
vivra ;
et quiconque vit et croit en moi
ne mourra jamais… »

L’Evangile selon saint Jean, XI, 25

Quand le temps déchaîné
Fait des brèches sanglantes dans ton cœur,
Quand, dehors, le vent glacial
Se précipite sur la Terre
Et fait geler la sève sensible des arbres,

Prie Dieu !

Quand l’abîme de l’extrême solitude
Tâche d’engloutir la tendre flamme
Qui fait luire la face de ton âme
Et que sur les routes désertées
Seuls rôdent les fantômes affamés des humiliés,

Prie Dieu !

Quand dans ton âpre corps immobile
Retentissent les cymbales du néant,
Et dans la cour désolée
De ton modeste havre de larmes,
La pourpre des feuilles gémit et se meurt,

Prie Dieu !

Quand les perfides blessures quotidiennes
Recouvrent ta docile poitrine de leurs semis violets,
Et que les sourdes complaintes des affligés
Lacèrent de leurs fouets rudes ta fertile miséricorde,

Prie Dieu !

Quand les sanglots serrent dans leurs étaux d’acier
Les vibrants ruisseaux du sang dans ta gorge desséchée
Et que, la nuit durant, les oiseaux sans nid
Et les hommes sans toit
Hurlent de désespoir,
Tombe à genoux et

Prie Dieu !

Prie Dieu, Ami monastique de mon cœur,
Prie-le, comme moi je le prie,
Lui, La Paroles qui rassemble toutes les paroles,
La Prière où puisent dans leur pure beauté toutes les prières,
Lui, mon Ami véridique,
Le Visage de tous les visages,
La consolation céleste
De toutes les consolations vraies
Et la Lumière qui nourrit de sa simple douceur
Toutes les flamboyantes lumières de ce monde !


Athanase Vantchev de Thracy


Paris, ce dimanche 7 août, l’An de Grâce MMXI

samedi 6 août 2011

IL PLEUT EN AOÛT

IL PLEUT EN AOÛT

« Et maintenant, dans des lieux non déterminés
Par la raison… »

Hugo Gutiérrez Vega

Il pleut en août. Ô gouttes évanescentes,
Venez dormir dans le sourire des fleurs
Et que, légère, votre hâtive fraîcheur
Caresse leur âme d’une main concupiscente.

Seigneur des prés, puisse comme la pluie
Ta grâce bercer le cœur de mes nuit !


Athanase Vantchev de Thracy


Paris, le 5 août 2011

Glose :

Hugo Gutiérrez Vega : poète mexicain. Né à Guadalajara en 1934. Il a été diplomate de carrière. Auteur d’une œuvre abondante réunie dans Peregrinaciones (1999). Son ouvrage Parcours du nomade paraît en français en 1999. Actuellement, il est directeur du supplément littéraire du quotidien La Jornada.

mardi 2 août 2011

FRAGONARD

FRAGONARD

« Je porte dans les ciel mes yeux et mes désirs »

Agrippa d’Aubigné

(Jeune fille délivrant un oiseau de sa cage)

D’une main aérienne, ô fille délicieuse,
Tu ouvres, enchantée, la cage de l’oiseau,
Mais il ne veut pas, âme, fuir, tremblant, ton beau
Visage printanier, tes paupières heureuses.

Les soubresauts des arbres, dans leurs habits de soie
N’attirent point son cœur agile comme la pensée
Et doux comme l’avalanche de l’air émerveillé
Qui flotte autour des roses qui ornent ta joie.

Que valent pour lui les sources et la saison de mai,
Il veut rester captif de ton sourire exquis
Et vivre près de toi ses jours et ses nuits,

En écoutant ta voix et tes soupirs légers.
Ö Maître du sublime, les anges de lumière
Ont, dans leur extase, versé en toi l’éther.

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 2 août 2011

Glose :

Jeune fille délivrant un oiseau de sa cage : un des tableaux le plus délicat, le plus séduisant de Fragonard.

Jean-Honoré Nicolas Fragonard (né le 5 avril 1732 à Grasse et mort le 22 août 1806 à Paris) : un des principaux peintres français du XVIIIe siècle. Peintre d'histoires, de genre et de paysages. Il est fils de Marco Fragonard, garçon gantier, et de Françoise Petit. Après le décès à dix mois de son petit frère Joseph, il restera enfant unique. Jean-Honoré Fragonard quitte sa ville natale à l'âge de six ans pour s'installer avec sa famille à Paris, où se déroulera la plus grande partie de sa carrière.

Principaux tableaux : Le Verrou, L’Adoration des bergers, La Liseuse, La Naissance de Vénus, Le baiser à la dérobée, Les Progrès de l'amour dans le cœur d'une jeune fille : cet ouvrage fut commencé en 1771 à la suite d'une commande de Madame du Barry, la dernière maîtresse de Louis XV. Il consistait en quatre tableaux intitulés La Poursuite, La Surprise (ou La Rencontre), L'Amant couronné et La Lettre d'amour et destinés à être installés au pavillon de Louveciennes dans le salon en cul-de-four. Mais quelque temps après l'installation, les tableaux furent rejetés car ils ne s'accordaient pas avec le style d'architecture néoclassique du pavillon.

Ainsi, Fragonard conserva tous les tableaux dans son atelier et les apporta avec lui quand il retourna à Grasse. Il décida alors de les installer dans l'un des salons de la villa de son cousin, mais les murs restant encore vides après cette installation, Fragonard décida de peindre dix tableaux supplémentaires afin de meubler l'espace.

Les panneaux sont toujours en place aujourd'hui à Grasse dans la villa qui est devenue le musée Jean-Honoré Fragonard.

Cela fait au total quatorze tableaux que l'on peut diviser en trois groupes.

Théodore Agrippa d’Aubigné, né le 8 février 1552 au château de Saint-Maury près de Pons, en Saintonge, mort le 9 mai 1630 à Genève : écrivain et poète baroque français protestant. Il fut aussi l’un des favoris d’Henri IV, du moins jusqu’à la conversion de celui-ci. Théodore décide alors de rédiger la plus grande controverse de toute l'histoire de France : la controverse de Paris qui avait pour but d'accuser Henri IV de trahison envers l'Eglise.

lundi 1 août 2011

ALMATY (ALMA ATA) (en français et en russe)

ALMATY (ALMA ATA)

Au génial écrivain kazakh Abdijalil Nourpeissov

« Seul un homme digne de ce nom
Sait parler peu, écouter beaucoup. »

Mukhambet Utemissov



Les monts d’azur, la neige, la ville vêtue de ruse,

Les pommiers en fleurs et le sourire de l’air

Entre les cils des filles plus tendre que l’éther,

Plus douce que l’eau du temps et la beauté des choses.



Je t’aime Alma Ata, je bois la poésie

De tes enfants qui rient, de tes fontaines qui disent

La vie des gens sans nom et la sagesse des frises

Où les poètes déposent leurs solennels écrits.



Âme, j’aime la langue austère, le titanesque génie

Du somptueux conteur, le barde Abdijalil,

Et la blancheur des lys sur les visages graciles



Des beaux adolescents et leurs splendides amies.

Comme l’impalpable jour transforme en lumière,

L’émotion divine, les mots, la matière !



Athanase Vantchev de Thracy



Almaty, le 24 juillet 2011



Glose :



Abdijamil Nourpeissov (né en 1924 - ) : le plus grand écrivain kazakh contemporain. Son roman trilogie « Sang et sueur », publié par Gallimard et préfacé par Louis Aragon, a connu un immense succès en France. Je suis en train de traduire son chef-d’œuvre « Le dernier devoir », un livre bouleversant, vertigineux de profondeur comme les livres des plus grands classiques russes.

Makhambet Utemissov ou Makhan (1803 – 1846) : Makhambet est un personnage épique de l'histoire et de la poésie kazakhes. À seize ans, il remporte tous les tournois de poésie où s'affrontent les akin, poètes improvisateurs oraux. Le khan (souverain) de sa horde le distingue et en fait le précepteur de son fils. Mais très vite Makhambet s'indigne des injustices que subissent les éleveurs nomades. Il dénonce dans ses chants les abus. Il doit alors fuir au-delà de l'Oural. Il est rattrapé et jeté en forteresse. Il s'en échappe. Quand le peuple, à bout de souffrances, se soulève, il se joint à lui, combat à ses côtés, l'encourage de ses chants. La rébellion va de victoire en victoire. Encerclé, le khan appelle à son secours les Russes.

Le soulèvement est écrasé, son chef tué. Makhambet doit mener une vie errante avec sa famille. Repris, il sera livré aux Russes, mais aussi libéré par eux. Des tueurs finissent par retrouver sa trace. Il sera décapité et sa tête rapportée au sultan.

La poésie de Makhambet fait revivre ces combats pour la justice et la liberté avec une rare puissance. Elle est parcourue du souffle de la steppe, retentit du fracas des combats et est peuplée des animaux de la plaine et des monts, riche de métaphores étonnantes, de méditations passionnées. On l’appelle souvent Makhan.



RUSSE :



АЛМАТЫ (АЛМА АТА)

Сонет посвещается гениальному казахскому писателю
Абди-Жалилю Нурпеисову



Лазурные вершины, снег, город одет весь в розах,

Лёгкое цветение яблонь и улыбка воздуха

В светящихся глазах девушек, нежнее чем ефир

И мягче чем вода времени и красота вещей.



Люблю тебя Алма Ата и жадно пью поэзию

Твоих смеющихся детей, твоих фонтанов, воспевающих

Жизнь безымянных людей и мудрость фризов

Где поэты овековечают свои торжественные стихи.



Душа моя, люблю строгий язык и гигантский гений

Величественного сказочника, барда Абди-Жамиля

И тихую белоту лилий на свежих лицах



Красивых подростков и их изящных подруг.

О Господи, как неуловимый день верно превращает в свет

Божественное волнение сердца, слова и жёсткую материю.



Атанас Ванчев деТраси

Алматы, 24-го июля 2011 года

Poème traduit en russe par Athanase Vantchev de Thracy