dimanche 24 avril 2011

LA SEMAINE SAINTE

LA SEMAINE SAINTE

« On ne meurt pas chacun pour soi,
mais les uns pour les autres,
ou même les uns à la place des autres, qui sait ? »

Georges Bernanos,
Dialogue des carmélites

Engoué pour la lumineuse personne du Christ,
Chrétien, tu sauras mourir en souriant !
Jubilatoire est ton désespoir,
Et léger sur ton âme
Le poids de l’espoir.

Ah, comme les rêves
En dehors du souffle divin
Peuvent se fatiguer à force de tristesse !

Toi, prêt à sauter à pieds joints
Dans l’abîme de Dieu !

Parfois, debout dans la vaste solitude,
Tu aimes pleurer devant le galbe du jour,
Chérir l’aimable fluidité de l’air du matin,
Accueillir avec confiance, douceur et tremblement
L’inhospitalière architecture des nuits.

C’est de la sorte que tes paroles s’approfondissent
Et que le temps incessant grandit,
S’épanouit et s’ennoblit à l’été fécond de tes prières.

Tu affectionnes circonscrire les minutes dans
Les pierres quotidiennes des routes,
Tu rêves de parcourir
Les insondables méandres des dits christiques
Et de t’unir à la profondeur de ta fiévreuse légèreté.

C’est la Semaine Sainte, Athanase !
Mémoire irrésistible du cœur
Plongée dans le chant ondoyant
Des parfums, des cierges fleuris, des couleurs !

Ta chambre est pleine de lumière et d’arômes :
Prune, cassis, baies sauvages,
Nuances minérales,
Notes nostalgiques de laurier, de mûres, de terre !

De terre !


Oui !

C’est la Semaine Sainte, Athanase,
Elle écrit le haut motet de ta vie,
T’élève à la hauteur de toi-même,
Te change irrévocablement
En Parole de salut,
En palme d’azur,
En pure lumière !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 23 avril de l’An de l’Incarnation MMXI, Samedi Saint

mardi 19 avril 2011

LA VIGILE PASCALE (en anglais)

ENGLISH :

The Easter Vigil

For my parents during Lent

‘I am the Way, the Truth and the Life’.

Gospel according to St John, 14:6


And see now
The intense doors of the evening are closing,
And the soul, adorned with saffron branches,
Sails into the space made by the fleshly syllables
Of sentences which are not the centre.

Absolute night returns with the silence…
And God who strikes like lightning
In the quietude of the heart.

This immense solitude up to the heights
In the midst of the vigil of trees in blossom
And the triumph of the cuttings from which they came.
Without haste or asperity.

How marvellous
The vocabulary of glittering water,
Our noses
Full of perfume
Exhaled by the ceaseless circles
Of evangelical roses.

A Name written in letters of sunlight
Haunts the lips,
A name which pronounces life
In its dizzying perfection.

I touch its splendour with my finger
So that
In the night
I can grow!

And I believe, Lord,
That You are the Way,
The Truth and the Life.

Life!

Translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges
April 2011

dimanche 17 avril 2011

LA VIGILE PASCALE (en italien)

LA VEGLIA PASQUALE

Ai miei genitori, in questi giorni di Quaresima

«Io sono il Cammino, la Verità e la Vita »

Vangelo secondo Giovanni, XIV, 14


Ed ecco
Che le porte intense della sera si richiudono,
L'anima adorna di rami di zafferano,
Voga nello spazio delle sillabe carnali,
Delle frasi decentrate.

La notte, resa assoluta dal silenzio...
E Dio, come un fulmine
Nella quiete del cuore.

Quale immensa e verticale solitudine
Nella veglia degli alberi in fiore
E nel trionfo delle talee.
Senza fretta né ostinatezza.

Che meraviglia
Il linguaggio dell'acqua scintillante,
L’orifizio nasale
Pervaso dal profumo
Esalato dai cerchi successivi
Delle rose evangeliche.

Un Nome scritto con caratteri di sole
Popola le labbra,
Un Nome che parla di vita
Con vertiginosa perfezione.

Voglio saggiare di persona il suo splendore,
Così,
Nella notte,
Crescerò!

E credo, Signore,
Che Tu sia il Cammino,
La Verità e la Vita.

La Vita!

Athanase Vantchev de Thracy


Parigi, domenica 16 Aprile, l'Anno dell'Incarnazione.


Traduit en Italien par Anna Piutti

samedi 16 avril 2011

LA VIGILE PASCALE

LA VIGILE PASCALE

A mes parents, en ces jours de Carême

« Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie »

Evangile selon saint Jean, XIV, 14

Et voici
Que les portes intenses du soir se referment,
L’âme, ornée de rameaux de safran,
Vogue dans l’espace des syllabes charnelles
Des phrases décentrées.

Nuit absolue à force de silence…
Et Dieu qui fulmine
Dans la quiétude du cœur.

Cette immense solitude verticale
Au milieu de la veillée des arbres en fleurs
Et le triomphe des boutures.
Sans hâte ni âpreté.

Quelle merveille
Le vocabulaire d’eau scintillante,
Le méat du nez
Rempli du parfum
Qu’exhalent les cercles successifs
De roses évangéliques.

Un Nom qui s’écrit en lettres de soleil
Hante les lèvres,
Un Nom qui dit la vie
Dans sa vertigineuse perfection.

Je touche de doigt sa splendeur
Afin que,
Dans la nuit,
Je croisse !

Et je crois, Seigneur,
Que Tu es le Chemin,
La Vérité et la Vie.

La Vie !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, ce samedi 16 avril, l’An de l’Incarnation MMXI

Glose :

Vigile (n.f.) : du latin vigilia, « veille, veillée ». Veille d’une fête importante : La vigile de Noël, Vigile pascale. Office célébré ce jour-là, de matines à none.

Vigile (n.m.) : du latin vigil, « éveillé ». Chacun des gardes de nuit, institués par Auguste pour la police nocturne de Rome, sous le commandement du préfet des vigiles. Veilleur de nuit. Personne exerçant une fonction de surveillance au sein d’une police privée.

Méat (n.m.) : du latin meatus, « passage, conduit ». Anatomie : orifice d’un canal : méat supérieur, moyen, inférieur du nez.

mercredi 13 avril 2011

LA CRUCIFIXION SELON VELASQUEZ

LA CRUCIFIXION DE VELAZQUEZ



L’abîme de solitude, la dague de délaissement,
L’inépuisable gouffre de cette nuit plus dense
Que toute la cruauté de l’abandon immense,
Que tous les fleuves de sang qui font frémir le temps.

Et ce silence tenace qui sangle la Croix
De toutes les courroies tangibles de la mort,
L’inépuisable calme, l’âpre minceur du corps,
La transparence terrible et envoûtante des bras !

Où sont ceux qui t’aimaient, les anges adorateurs,
Le ciel tissé d’azur, les bleues syllabes du vent,
Le tulle flottant de l’air, la langue sublime des fleurs ?

Grammaire de la douceur, éclats des éléments,
Rendez-moi mon Dieu et son regard de soie,
Les cimes de sa bonté, l’extase de la foi !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, ce lundi 11 avril, l’An de l’Incarnation MMXI

J’ai été, je suis toujours fasciné par le tableau de Velasquez La Crucifixion. Quand tout autour de moi respire la tristesse, quand toutes les voies qui mènent à l’espérance se sont fermées, j’ouvre le livre précieux où figure ce sublime chef-d’oeuve et reste de longs moments à le contempler. Alors, une lumière de l’intérieur monte vers mes yeux, et une tendresse cardinale envahit toutes les fibres de mon corps.

Glose :

La Crucifixion ou Le Christ crucifié est la plus importante des peintures religieuses de Vélasquez. Ce fascinant tableau dépeint la mort du Christ avec une originalité exceptionnelle. La tête de Jésus, inerte, repose sur sa poitrine, et ses cheveux en désordre cachent une partie de son visage. L’arrière-plan, d’un noir uniforme, laisse voir le Christ absolument seul.

Diego Rodríguez de Silva y Velázquez (Séville, 1599 – Madrid, 1660), dit Diego Vélasquez en français, est un peintre du siècle d'or espagnol. Il est célèbre pour ses portraits de la cour du roi Philippe IV à la manière libre, presque ébauchée, à la touche vive et apparente. Il était également courtisan, architecte, décorateur, collectionneur et administrateur. Il est généralement considéré, avec Francisco Goya et Le Greco, comme l’un des plus grands artistes de l’histoire espagnole. Son style, tout en restant très personnel, s’inscrit résolument dans le courant baroque de cette période. Ses deux voyages en Italie, attestés par des documents d’époque, eurent un effet décisif sur l’évolution de son œuvre. Diego Vélasquez est l’auteur de nombreux portraits représentant la famille royale espagnole, de grands personnages européens et des gens du commun : paysans, tisserands, porteurs d'eau, nains. Il est aussi l'auteur de compositions mythologiques et religieuses. Son art, de l’avis général, a atteint son sommet en 1656 avec la réalisation de Les Ménines, son chef-d’œuvre universellement réputé.

L’influence artistique de Velasquez est considérable dès le XVIIe siècle. À partir du premier quart du XIXe siècle, son style est pris pour modèle par les peintres réalistes et impressionnistes, en particulier Édouard Manet. Au XXe siècle, Francis Bacon, Pablo Picasso et Salvador Dalí rendent hommage à Vélasquez en recréant plusieurs de ses œuvres les plus célèbres.

lundi 11 avril 2011

CORAM POPULO (en espagnol)

ESPAGNOL :

CORAM POPULO

A Timoteo

" Amicis eo magis de, quo nibil habes. "

(" Cuanto menos poseemos, más debemos dar a los amigos.) "

Proverbio latino


Timoteo, mi Amigo,
de estrella en estrella se va la noche,
las olas de la brisa cantan
en la paz lasciva de las hojas de la vieja acacia.


Las tulipas de cristal llenan de robola chispeante
este vino intenso y luminoso,
tesoro antiguo de la divina Céphalonie,
encienden la blancura del mantel.


Timoteo, amo la insondable dulzura
de esta noche griega,
los torbellinos del corazón, la libración de la Luna
y el murmullo oscilante de las muselinas del aire
sobre nuestros hombros!


Amo tu alma, Timoteo,
tu alma plena de esta inocencia ardiente
que da miedo!


Mi corazón trata de palpar
la esperanza suntuosa
de tu corazón tranquilo y cándido
y la delicada telilla de tus lágrimas
tiritando entre tus pestañas!


Tú, Amigo, flor desconocida
que crece en las profundidades
de mi vida secreta!


Tu sonrisa frecuenta mi sueño herido por mil sueños,
brilla en el desorden amplio de las horas primaverales,
y aumenta el esplendor de las palabras
que encierran en sí mismos!


Recita, a veces, Timoteo, este poema,
recítalo cuando no esté más
el zarzal de rosa inclinado
sobre la baldosa de granito!


Lo escribí para ti, Timoteo,
sumergiendo mi mano en
el agua dorada,
el agua salvadora de la luna!


Athanase Vantchev de Thracy

París, lunes, 14 de marzo, Anno Domini MMXI

Glosa:

Coram populo: expresión latina que significa " altamente y sin miedo ", literalmente " delante del pueblo ". Hablar de un acontecimiento coram populo, senatu y patribus (" delante del pueblo, el senado y los patricios ")

Timoteo (variantes - Tim, Timothy): del griego timotheos, " el que honra a Dios ".

Timoteo, bastante frecuente durante los primeros siglos de la cristiandad, había desaparecido casi completamente de Europa cuando los protestantes ingleses y americanos le redescubrieron, en el siglo XVII. Fue, desde esta fecha, regularmente conocido con un cierto éxito en los años 1960. Este nombre, difundido en los Estados Unidos y en Gran Bretaña, fue adoptado por los franceses una decena de años más tarde. Timoteo, hijo de un pagano y una judía, fue bautizado por San Pablo en el año 47. Más tarde ha sido su mejor compañero y lo siguió en muchas de sus misiones. Después del martirio del apóstol en el 67, fue responsable de la Iglesia de Éphèse. Conoció a su vuelta el martirio en 97. Fiesta: el 26 de enero.

Robola (n.m.): cepa típicamente griega. Vino excelente blanco, perfumado y muy refrescante, conocido bajo la denominación Cefalonia (de la isla jonia de Céphalonie).

Libration (n.f.) : término de astronomía, del latino libro, librare, " poner en equilibrio, mecerse "). Es una oscilación lenta, efectiva de un satélite tal como visto desde el cuerpo celeste alrededor del cual él órbita. Utilizado sólo, este término generalmente hace referencia a los movimientos aparentes de la Luna respecto a la Tierra, que pueden ser comparados con las oscilaciones de ambos platos de una balanza alrededor del punto de equilibrio.

Muselina (n.f.): la muselina es una tela fina, transparente y vaporosa, primero de seda, luego de algodón. Importada de India, aparece en Francia en el siglo XVIII. A pesar de los esfuerzos del Estado (interdicciones de importaciones, estímulos a la fabricación), hubo que esperar al siglo XIX para que la industria de la muselina se desarrolle en Francia. Es en la iniciativa de Georges-Antoine Simonet, originario de la ciudad de Tarare, que la muselina se popularizó en Francia. Los trajes de muselina, de moda, crearon una industria nueva. La muselina se teje con hijos finos y sobre torcido, poco apretados, algodón, seda, lana, viscosa o sintética. Perfectamente se adapta a los trajes de escena y también se utiliza para el mobiliario.

Ligera y sólida, la muselina se usa a menudo en la vestimenta de ballet y adorna la parte superior de los volados de tutúes largos y románticos.

La muselina-raso es una muselina de seda que de un lado luce como raso.

Traduit en espagnol par Janice Montouliu (Uruguay)

vendredi 1 avril 2011

DELICATESSE (en espagnol)

ESPAGNOL :

DELICADEZA

A Ophélie

" Ring, ring, O bells, full merrily … "

(« Suenan, suenan campanas llenas de alegría »)

Sidney Lanier

El alba, la soberana naturalidad del día,
se vuelve una capa de nubes rosas
y hace tiritar la verde seda de los estanques
bajo el brillante azul claro del cielo.

No tiene fecha, nuestra profunda amistad,
jamás resistió a nuestra ternura,
la fuerza opulenta de las puertas cerradas.

Rosas blancas flotan en nuestra sangre,
los sueños selenitas y la esperanza estelar
jamás quitaron la claridad de nuestras endrinas.

La primavera con los cabellos luminosos adornados de nácar y oro
vuela sobre ciruelos, duraznos y manzanos en flor.
Cantando, hace crecer los lirios innatos de la gran poesía
en nuestras almas forjadas de inocencia!

Oh silenciosas nervuras de aire puro,
discreta, imperial delicadeza
palabras que exaltan la Belleza!

Orden de las horas,
orden inasequible de la vida eterna!

Athanase Vantchev de Thracy

París, el 27 de marzo de 2011

Glosa:

Ophélie: nombre, de griego ophelos / ’óφελος , " Remedio "," Socorro “.

Sidney Lanier (1842-1881): poeta y músico americano. Nacido en Macon, hijo de Robert Sampson Lanier y Mary Jane Anderson, tenía antepasados ingleses y franceses. Estudió en la universidad Oglethorpe. Lanier participó en los combates de la guerra de Secesión en el campo de los confederados. Después de la guerra, se instaló en Alabama dónde escribió su primera novela, Tiger Lilies (1867).

Selenita (n.m. y adj.): de griego selênitês derivado del nombre de la diosa Séléné. Relativo a la luna. Sinónimo: lunar.