dimanche 9 février 2014

Frontières inachevées du songe (poème N°1 français / anglais)

1.
La mauve gravité des jours,
Le rouge au pourtour dentelé du coucher du soleil,
Poèmes et rêves, frontières inachevées
Entre le cœur et la hâte du temps.

ENGLISH :
1.

The mauve gravity of days,
The red lace edge of the setting sun,
Poems and dreams, still unsecured borders
Between the heart and rushing time.

Tranduit en anglais par Norton Hodges

Frontières inachevées du songe - poème 101 (français / anglais)



101.

La Fête des morts,
Je suis seul devant l’abîme de ce jour,
J’allume une bougie, tombe à genoux
Et dis à haute voix la prière
Apprise par cœur dans l’enfance !

Et soudain, tremblant, j’entends
L’émouvante, la pure voix de ceux
Qui m’ont tant aimé :

« Bonjours, Athanase,
Nous sommes là, chéri, toujours là,
Dans chaque parole de ta prière,
Dans chaque frisson
De la flamme de la bougie ! »

Ô mon Dieu, comme il est merveilleux
Le chant amoureux de la lumière !

Mes morts, laissez-moi caresser
Longtemps vos noms !


ENGLISH :

101.

All Souls Day,
I’m alone before the abyss of the day,
I light a candle, fall to my knees
And say aloud the prayer
I learned by heart in childhood!

And suddenly, trembling, I hear
The moving, pure voices of those
Who once loved me so much:

Our greetings to you, dear Athanase,
We’re here, always here,
In every word of your prayer,
In every tremor
Of the candle flame.

O Lord, how marvellous is
The loving song of the light!

My lost loved ones, let me spend long hours
Caressing your names!


Translated from the French of Athanase Vantchev de Thracyby Norton Hodges

Poème extrait du recueil “Frontières inachevées du songe”.

mercredi 5 février 2014

Nazik Al-Mala'ika (français / anglais)



NAZIK AL-MALA’IKA

Nazik Al-Mala’ika, ma Sœur arabe,
Ce matin, j’ai mis des roses blanches
Devant ton portrait jauni de jeune fille !

Toi qui écartais les nuages
Pour monter dans le monde des astres !

Je lis, frissonnant d’envoûtement,
Tes vers tissés de la lumière de ton cœur !

Et voici que ta terre bénie
Bruit dans les forêts vertes de mon lit,
Des oiseaux chantent et l’eau du Tigre
Coule entre la blancheur de mes draps.

Les étoiles, le soleil et les larmes
Qui ont fait naître tes poèmes immortels
Ouvrent les murs qui m’entourent
Comme un livre qui fait l’éloge
De l’éternité !

Ah, toutes tes pensées impérissables
Qui ont connu, Nazik,
Les mêmes mots vivants que moi !

Glose :
Nazik Al-Mala'ika (1922-2007) : (en arabe : نازك الملائكة)). Une des plus grandes poètes irakiennes. Al-Mala'ika est célèbre pour avoir été la première à écrire des vers libres en arabe. Elle naquit à Bagdad dans une famille cultivée : sa mère était déjà une poétesse et son père professeur de lettres. Elle montra son talent très tôt en écrivant son premier poème à 10 ans. Al-Mala'ika obtint en 1944 son diplôme du Collège des Arts à Bagdad et plus tard un Master en littérature comparée à l'Université du Wisconsin.
Son premier livre de poésie publié est intitulé Ashiqat al-Layl (L'Amante de la Nuit). En 1949 suivit Shazaya wa Ramad (Étincelles et Cendres). En 1957 vit le jour son recueil Qararat al-Mawja (Le bas de la Vague).  Son dernier livre Arbre de la Lune fut publié en 1968.
Al-Malaika enseigna dans de nombreuses écoles et université. Elle quitta l'Irak en 1970 avec son mari Abdel Hadi Mahbooba et sa famille après l'accession au pouvoir du parti Baas. Elle vécut d’abor au Kuweit, jusqu'à l'invasion du pays par Saddam Hussein en 1990. Al-Malaika et sa famille partirent alors pour Le Caire, où elle vécut le reste de sa vie.
ENGLISH :

Nazik Al-Mala’ika

Nazik Al-Mala’ika, my Arab Sister,
This morning I put white roses
In front of the yellowed portrait
Of you as a young girl!

You who parted the clouds
To ascend into the world of the stars!

I read, shivering with bewitchment,
Your verses woven from the light of your heart!

And now your blessèd homeland
Resounds in the green forests of my bed,
Birds sing and the waters of the Tigris
Flow between the whiteness of my sheets.

The stars, the sun and the tears
That gave birth to your immortal poems
Open up the walls that surround me
Like a book giving praise to
Eternity!

Ah, all your deathless thoughts,
Nazik, which well knew
The same living words as I!

Translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges

dimanche 2 février 2014

Nazik al-Mala'ika



NAZIK AL-MALA’IKA

Nazik Al-Mala’ika, ma Sœur arabe,
Ce matin, j’ai mis des roses blanches
Devant ton portrait jauni de jeune fille !

Toi qui écartais les nuages
Pour monter dans le monde des astres !

Je lis, frissonnant d’envoûtement,
Tes vers tissés de la lumière de ton cœur !

Et voici que ta terre bénie
Bruit dans les forêts vertes de mon lit,
Des oiseaux chantent et l’eau du Tigre
Coule entre la blancheur de mes draps.

Les étoiles, le soleil et les larmes
Qui ont fait naître tes poèmes immortels
Ouvrent les murs qui m’entourent
Comme un livre qui fait l’éloge
De l’éternité !

Ah, toutes tes pensées impérissables
Qui ont connu, Nazik,
Les mêmes mots vivants que moi !

Glose :
Nazik Al-Mala'ika (1922-2007) : (en arabe : نازك الملائكة)). Une des plus grandes poètes irakiennes. Al-Mala'ika est célèbre pour avoir été la première à écrire des vers libres en arabe. Elle naquit à Bagdad dans une famille cultivée : sa mère était déjà une poétesse et son père professeur de lettres. Elle montra son talent très tôt en écrivant son premier poème à 10 ans. Al-Mala'ika obtint en 1944 son diplôme du Collège des Arts à Bagdad et plus tard un Master en littérature comparée à l'Université du Wisconsin.
Son premier livre de poésie publié est intitulé Ashiqat al-Layl (L'Amante de la Nuit). En 1949 suivit Shazaya wa Ramad (Étincelles et Cendres). En 1957 vit le jour son recueil Qararat al-Mawja (Le bas de la Vague).  Son dernier livre Arbre de la Lune fut publié en 1968.
Al-Malaika enseigna dans de nombreuses écoles et université. Elle quitta l'Irak en 1970 avec son mari Abdel Hadi Mahbooba et sa famille après l'accession au pouvoir du parti Baas. Elle vécut d’abor au Kuweit, jusqu'à l'invasion du pays par Saddam Hussein en 1990. Al-Malaika et sa famille partirent alors pour Le Caire, où elle vécut le reste de sa vie.