samedi 31 décembre 2011

NOËL 2011

NOËL 2011

" Des saints émane toujours une telle force,
une telle lumière, un tel baume "

Athanase Vantchev de Thracy

Inachevé poème, inachevable vie,
C’est de nouveau Noël, et de nouveat le Christ
Embaume l’éternité de son haleine de myste,
Iris de lumière, échelle vers l’infini !

Frayeurs, joies, soucis, la neige silencieuse
Efface de ses caresses le livre des blessures,
Papier de mûrier, retiens les douces épures
Des mots qui font frémir d’extase les mains pieuses !

Seigneur des âmes qui marchent toutes nues dans le froid
Et que l’absurde rend libres et belles comme le ciel,
Que vaut l’extrême Bien sans l’or de la Foi ?

En cette nuit splendide, redis aux coeurs fidèles
Le Verbe essentiel qui fait pousser les blés,
Bénis ton troubadour, ton hymnographe zélé !

Athanase Vantchev de Thracy

Haskovo, le 24 décembre 2011

Glose :

Myste (n.m.) : terme d'antiquité. Initié aux mystères de l’univers.

mardi 20 décembre 2011

STARETS ISIDORE

STARETS ISIDORE

À tous mes amis russes qui vénèrent la mémoire du Père Isidore

« Vers Toi, ô Mère Très Sainte,
J’ose élever ma supplication…

Vers attribué à Gogol

La chambre minuscule, l’icône de la Vierge,
Dans une vieille bouteille, une marguerite dorée,
La bleue veilleuse qui parle avec l’éternité,
Et le visage du saint penché sur le cierge.

Comme tout cela est beau, comme tout ici est pur,
Et si serein qu’on peut entendre les archanges
Verser leur chant céleste, parfait et sans mélange
Sur l’âme du vieillard serré contre le mur.

Ô infinie bonté, tu as orné son cœur
De l’immanente beauté de Dieu et du ciel,
De fleurs du paradis, de mots essentiels,

Cueillis dans les blessures terribles du Seigneur !
Mon Père, souviens-toi dans ton sommeil divin
De ceux qui errent, le coeur, navré par le chagrin.

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 20 décembre, Anno Domini MMXI

Glose :

Starets (n.m.) : mot russe (en grec « geron »). Père spirituel, moine doué de sagesse et d’une expérience reconnue. Tels étaient saint Jean de l’Echelle (saint Jean Climaque ou Jean le Sinaïtique), saint Eustache Placide, le starets russe Georges le Reclus, etc.

Le starets Isidore (XIXe siècle) habitait un ermitage (skite) non loin du monastère de la Sainte-Trinité, fondé vers 1340 par saint Serge de Radonège (1314-1392). En 1774, le monastère fut élevé au rang de laure. Depuis 1814, la laure héberge dans ses murs l’Académie ecclésiastique de Moscou. Le célèbre philosophe et théologien russe, Paul Florensky (1882-1937) lui a consacré un magnifique livre intitulé « Le sel de la terre ».

dimanche 18 décembre 2011

LA NEIGE CIRCASSIENNE

LA NEIGE CIRCASSIENNE

A Ali

La neige circassienne, plus pure que diamant,
Couvrait de ses caresses nos faces émerveillées,
Et douce comme un soupir, l’immense éternité
Rendait plus transparent le fleuve limpide du sang.

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 18 décembre 2011

Glose :

Circassien, circassienne (adj.) : de Circassie, une des régions du Caucase où se situent les républiques de Karatchaïévo-Tcherkessie, de Kabardino-Balkarie et d’Adyguée qui font partie de la Fédération de Russie. Beaucoup de Circassiens vivent un peu partout dans le monde.

MAHLER

MAHLER

Au Prince Alessandro Bonetti

L’adagio de Mahler, le haut soir de soie,
Le suave velours de l’air, la mauve splendeur des cimes,
Et votre tête d’archange, comme un cadeau sublime
Au fond de mes prunelles irradiant de foi !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 18 décembre 2011

En écoutant l’adagietto de la Symphonie N° 5 de Mahler.

Glose :

Gustav Mahler (1860-1911) : un des plus grands compositeurs, pianistes et chefs d’orchestre du XIXe siècle, né à Kaliste, ville de l’Empire austro-hongrois (aujourd’hui en République chèque).

FLEURIT LA BELLE CORÊTE

FLEURIT LA BELLE CORÊTE

À Louis-Amédée de B.

Au bord de l’eau d’azur fleurit la belle corête
Plus lumineuse que l’or, plus douce que le ciel,
Comme elle, mon Prince aimé, mon chant essentiel,
Vous fleurissez mon cœur de vos paroles discrètes.

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 18 décembre 2011

Glose :

Corête (n.f.) : arbuste de taille modeste originaire d’Asie. Il ne dépasse que rarement 2 mètres de hauteur et forme un élégant buisson étalé. Contrairement à ce qu'elle laisse paraître, ses nombreux rameaux ne sont que peu ramifiés. Ils se couvrent de petites feuilles simples, caduques, de couleur verte. En forme de cœur à la base, elles se terminent en pointe effilée. Les contours sont dentelés.
À partir du mois d'avril, et jusqu'au mois de juin, les fleurs font leur apparition. De couleur jaune d'or, elles sont petites et nombreuses. L'espèce type possède des fleurs simples mais il existe une variété aux fleurs doubles, ressemblant à de soyeux pompons.

lundi 12 décembre 2011

TELEMANN

TELEMANN

A Hadrien

Nous dormions bercés par les élans du sang,
Et Telemann frôlait nos faces de sa musique,
L’été couchait sur nous son élégance dorique
Et tout était splendide comme les poèmes du vent.

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 11 décembre 2011

En écoutant la Fantaisie de Telemann.

Glose :

Georg Philipp Telemann (14 mars 1681 à Magdebourg – 25 juin 1767 à Hambourg) : le plus célèbre compositeur allemand de l’âge baroque. Par les impulsions novatrices qu'il a données tant à l'art de la composition qu'à la sensibilité musicale, il a puissamment marqué la musique de la première moitié du XVIIIe siècle.

Dorique (adj.) : l'ordre dorique est le plus simple, le plus dépouillé des trois ordres grecs. Les colonnes doriques se caractérisent notamment par leurs chapiteaux à échine plate (nue, sans décors), par leur fût orné de 20 cannelures et par l'absence de base (pour le dorique grec) ; la frise dorique se caractérise par ses triglyphes et ses métopes.

L'ordre dorique est aussi le plus ancien des ordres grecs (il apparaît durant la seconde moitié du VIe siècle av. J.-C.). L’architecte romain Vitruve (Marcus Vitruvius Pollio – premier siècle av. J.-C.) attribue son invention à Dorus (Doros) fils d’Hellénos (Hellen), l’ancêtre des Hellènes (les Grecs) et de la nymphe Orséis. Il reçoit de son père toute la région qui fait face au Péloponnèse, et dont les habitants sont appelés Doriens d'après son nom. Ceux qui l'employèrent les premiers « mesurèrent, dit Vitruve, le pied d'un homme, et, trouvant qu'il était la sixième partie de la hauteur du corps, ils appliquèrent à leurs colonnes cette proportion : quel que fût le diamètre de la colonne à son pied, ils donnèrent à la tige, y compris le chapiteau, une hauteur égale à six fois ce diamètre ».

Les ordres, en architecture, déterminent les proportions, les formes et l'ornementation de toute partie construite en élévation (en particulier des colonnes, sans que leur présence soit impérative, des pilastres, des supports, des entablements). Les Grecs n'en reconnaissaient que trois : l’ordre dorique, l’ordre ionique et l’ordre corinthien. Les Romains en ont ajouté deux : l’ordre toscan et l’ordre composite.

DIX ALDRAVIAS

DIX ALDRAVIAS

A Marilza Albuquerque

1.

Capucines
Qui
Rendent
Aérienne
Mon
Âme.

2.

Être,
Frissonner,
Boire
Le
Matin,
Miséricorde !

3.

Pommiers,
Fleurs,
Calices,
Livres
Antiques,
Abeilles.

4.

Vivre,
Respirer,
Sentir,
Devenir
Douceur,
Liberté.

5.

Parménide,
Platon,
Pascal,
Chanter
Comme
Orphée !

6.

Ouvrir
Les
Agrafes
De
La
Chasteté !

7.

Marc-Aurèle,
Astrée,
Pudeur,
Êtres
De
Lumière !

8.

Reconnaître
Les traces
De Dieu
Dans
Le
Silence !

9.

Toucher,
Caresser
De Cérès
Les
Saintes
Bandelettes !

10.

Un
Lit
De forestier,
Joie,
Extase
Infinies !


Athanase Vantchev de Thracy

Décembre 2011

Glose :

Aldravia : qu’est-ce donc que l’aldravia ? Une nouvelle forme de poésie synthétique capable de prouver que la poésie est un art toujours vivant, un savoir-faire immortel. Le poème aldraviste est une composition métrique de six vers contenant chacun un seul mot. Le nombre limite de mots est aléatoire. La préoccupation principale de cette poésie est d’être une condensation de sens conforme à l'esprit poundien, sans que cela implique un effort extrême pour son élaboration. Ce mouvement créateur est né au Brésil. Marilza Albuquerque, une de ses fondatrices, dirige la Société des poètes aldravistes de cet immense pays. Parmi les représentants du mouvement on peut mentionner les noms de Andreia Donadon, J.B. Donadon,, J.S. Fereira, Gabrile Bicalho, Elvandro Burity dont j’ai eu le privilège de traduire les poèmes en français, etc.

Je suis le premier poète français à m’essayer à cet art.

Parménide d'Élée (fin du Vie – milieu du Ve siècle av. J.-C) : philosophe grec présocratique. Il est célèbre pour un texte en vers qui eut une immense influence sur la pensée de son époque. Un dialogue de Platon, Le Parménide, porte son nom.

Platon (428/427 – 348/347 av. J.-C.) : un des plus grands philosophes grec, contemporain de la démocratie athénienne et des sophistes. Son œuvre est immense.

Blaise Pascal (1623-1662) : mathématicien, physicien, inventeur, philosophe, moraliste et théologien français.

Orphée (il a vécu vers 1300 av. J.-C.) : héros et poète de la mythologie grecque, fils du roi thrace Œagre et de la muse Calliope. Il a inspiré, en Grèce antique, une secte religieuse appelée orphisme, qui était liée aux Pythagoriciens et aux mystères du dieu Dionysos.
Marc Aurèle (121-180) : empereur romain. Il régna de 161 à sa mort. Philosophe et écrivain.
Astrée et sa sœur Pudeur : filles justes et vertueuses de Jupiter et de Thétis. Elles vivaient sur terre à l’âge d’or.

Cérès (Déméter): dans la mythologie grecque, Cérès (Ceres) est la déesse de l'agriculture, des moissons et de la fécondité. C’est le nom latin de la déesse grecque Déméter. Fille de Saturne et de Ops. Elle apprit aux hommes l'art de cultiver la terre, de semer, de récolter le blé, et d'en faire du pain. Jupiter (Zeus), son frère, épris de sa beauté, eut d'elle Proserpine (Perséphone). Elle fut aussi aimée par Neptune (Poséidon) et, pour échapper à sa poursuite, elle se changea en jument. Le dieu s'en aperçut et se transforma en cheval. Les amours de Cérès la rendirent mère du cheval immortel Arion (Areion), doué, selon le poète Properce, de la parole. Elle est la déesse des pauvres .

vendredi 9 décembre 2011

ARMENIE (EXALTATION DE LA SAINTE CROIX)

ARMENIE

EXALTATION DE LA SAINTE CROIX

I.

Seigneur, je veux chanter la divine Arménie,
Mélanger, unir, imbriquer la parole
À son angélique iconographie,
Glorifier
L’imminence perpétuelle de Dieu
Dans les méandres chargés d’éloquence
De son immense histoire.

Je veux voir mon nom inscrit, ô Seigneur,
Parmi les noms des tornores logi :
Lumen orationis,
Claritas sanguinis,
Generis nobilitas !

II.

Vint saint Grégoire l’Illuminateur
Et enfin fut la vraie lumière
Dans l’immaculé ciel
De la patrie arménienne !

Et le Christ a donné
À la chérubinique Arménie
Aristakès, Vertanès, Houssik,
Grigoris et l’immortelle clarté du pays,
Le catholicos saint Nersès.

Et l’air du pays se mit à l’écoute
De la cithare mansuète de l’air des montagnes,
Et des trompettes des torrentiels ruisseaux !

III.

Élevées par l’inspiration intime
Dans les cieux de l’éternelle harmonie,
Les âmes pures perdent conscience
De tous ce qu’elles disent et écrivent.

Et les bouches des hommes frôlés
Par la grâce de leurs dits
Rendent pertinente la beauté de leurs paroles
Et de leurs noms !

Hommes de Dieu,
Torches de foi enflammées,
Arbre de vie
Et sources fulgurantes des jours sans repos !

IV.

Or, ayant entrevu d’un coin d’œil la splendeur
Du savoir divin,
Le cœur s’élance irrésistiblement
Vers la Beauté continuelle,
Toujours transparente
Et à jamais sans mélange !

Ô homme de feu,
Votre légèreté a tant de poids !
Faites-moi fête,
Entrez en mon âme
Devenue palais de rêve !
Donnez-moi quelques miettes
De votre infigurable amour
Pour ce pays,
Le premier, le plus vénéré
Dans le rang des royaumes chrétiens !

V.

Et cette musique des mots arméniens,
Cette musique au-delà de l’empire de l’oreille
Relicto aurium iudicio !

La Foi, la grande chaîne de l’être
Où rien ne peut être ni défini ni classé !

Le cœur amoureux de Dieu est comme un épervier
Qui vole mieux que le faucon, la colombe et la perdrix !

Âme, que d’imbroglio dynastique !
Des annales couchées sous les dalles mortuaires,
Des blessures d’innocence perdue,
Des fêlures de promesses non tenues,
Des corps éviscérés,
Tant de siècles quittes de la vie,
Des inscriptions à demi effacées
Qui donnent à la rude réalité un tour d’écrou !

VI.

Et cette rafale de poèmes
D’une grâce fabuleuse,
Des livres aux enluminures plus que splendides
Où chaque lettrine est un chiffre précis !
Des discours hautement exhortatoires
Et des exégèses
D’une exhaustivité herméneutique !

VII.

Hommes qui aimiez la patrie arménienne,
Hommes qui teniez entre vos mains
La pureté du soleil, la clarté de l’eau
Et la neigeuse hauteur des montagnes
Entre vos mains et dans les prunelles
De vos yeux extasiés !

Architecture, sculpture,
Peinture, musique, poésie, danse,
Tu es tout cela dans mon amour perpétuel,
Ô Arménie,
Moi qui découvre, au crépuscule de mon temps,
Que tu es seule à être toi
Dans l’infini !

VIII.

Pensées ailées, passion délicate, sentiments déliés !
Brumeuses, fugaces, volatiles visions sans âge
Des lacs, des prairies, des sentiers ornés de fleurs,
Des maisons ouvertes à l’âpre amour
De ses enfants éparpillés comme des grains d’or
Sur le changeant visage de la Terre !

C’est ici, devant une simple hutte
Et des visages rudes illuminés par la bonté
Que je conjure,
À travers les calices des fleurs et les gouttes du matin
La juste leçon du Bien,
La blanche Chrétienté de toujours !

IX.

Ô authenticité des êtres,
Originalité historique,
Pureté autoriale,
Autodestin des écrits !

X.

J’aimerais te chanter encore,
Et que plus de sang coule dans ma voix !
J’aimerais faire grandir le cœur de mes mots dans mon poème
Comme, en été, sur les cimes blanches et roses, grandit l’aube !

Amis arméniens,
Je veux que les jours de beauté
Ne meurent jamais en moi
Et que, debout, mon être se tienne toujours
Au seuil de l’immatérielle confiance !

Arménie, toi sœur de l’espace,
Toi, généreuse poignée d’éternité !

Je t’aime, Arménie à la tête
Au sourire resplendissant,
Arménie
Couronnée de petites fleurs de perce-neige !


Athanase Vantchev de Thracy


Paris, décembre 2011

Glose :
L' exaltation de la Sainte-Croix, ou Fête de la Croix Glorieuse, est une fête chrétienne qui honore, le 14 septembre, la Croix du Christ. Cette fête existe chez les catholiques, les orthodoxes et certains groupes protestants, en particulier ceux issus de l’anglicanisme. Cette fête liturgique a lieu le jour anniversaire de la consécration de la basilique du Saint-Sépulcre à Jérusalem. Aux siècles suivants, on y ajoute la libération de la Vraie Croix des mains des Perses en 628. Cette fête a lieu en Gaule le 3 mai. Lorsque les usages gaulois et romains se fondent, le 14 septembre est fixé par le calendrier liturgique comme fête du Triomphe de la Croix et, le 3 mai, comme Recouvrement de la Croix. Celle-ci est maintenue par la forme extraordinaire du rite romain.
Les orthodoxes fêtent ensemble ces deux événements. L'Exaltation de la Sainte-Croix est l'une des douze grandes fêtes du calendrier liturgique de l'Église d'Orient. Le 1er août est celle de la Procession du Bois vénérable de la Croix, jour où les reliques de la Croix furent portées en procession à Constantinople pour bénir la cité.
L'Église reconnaît aussi d'autres fêtes mobiles qui ont la Croix de la Crucifixion de Jésus comme thème de commémoration, ainsi l'Adoration de la Croix le Vendredi Saint et, pour les orthodoxes, le troisième dimanche du Grand Carême pour la Vénération de la Croix. Une grande croix est portée en procession le Jeudi Saint chez les chrétiens orientaux.
Nersès Ier le Grand ou Nersès Ier Medz ou saint Nersès est Catholicos d’Arménie de 353 à 373. Il est l'arrière-arrière-petit-fils de Grégoire Ier l’Illuminateur. Nersès est considéré comme un saint dès sa mort ; son tombeau, situé près d’Erzurum, est un lieu de pèlerinage jusqu'aux invasions arabes du VIIe siècle.
Tornores logi : expression latine qui signifie « polisseurs de mots ».

Lumen orationis : expression latine qui signifie « éclat de la parole » ou « lumière du discours. La fin d'une période (longue phrase latine) se terminait souvent par un soudain éclat rhétorique qu’on appelait « lumière du discours ».

Claritas sanguinis : expression latine qui signifie « éclat du sang ». Elle signifie une naissance illustre, l’appartenance à une grande famille romaine.

Generis nobilitas : expression latine qui signifie la « noblesse d’une ancienne et illustre famille ».

Saint Grégoire l’Illuminateur ou Grégoire Ier l'Illuminateur (né vers 257- mort en 331) est le saint qui a évangélisé l'Arménie et qui en a été le premier catholicos.

Tiridate IV devient, en 298, roi d'Arménie. Le souverain désire restaurer les fêtes de la déesse Anahit (Tiridate est païen). Grégoire, qui est chrétien, exprime son mécontentement et n'accepte pas d'y participer. Le roi décide de le jeter dans une fosse à Khor Virap, qui sera appelé « Prison de saint Grégoire », où il reste emprisonné durant treize années. Puis Tiridate tombe malade et décide de le libérer pour qu'il vienne le soigner. Grégoire le guérit miraculeusement et devient officiellement Catholicos d’Arménie. le premier de l'histoire, faisant du royaume, le plus ancien pays chrétien au monde. Il se fait ordonner évêque de Césarée de Cappadoce, d'où il ramène les reliques de saint Jean-Baptiste et du martyr Athanagène.
L’Eglise d’Arménie existait, certes, plus ou moins superficiellement et de manière presque légendaire avant Grégoire l'Illuminateur, mais il en est le réel créateur. C’est lui qui fonde les évêchés du pays.
Grégoire meurt vers 331. Ses descendants directs, dont ses deux fils, forment une dynastie, les Grégorides, laquelle contrôle ensuite le catholicosat arménien pendant une centaine d'années et s'oppose parfois à la famille royale arsacide.
L'Église apostolique arménienne, indépendante, est également surnommée grégorienne. Le 30 septembre, on célèbre la Saint-Grégoire. C’est la fête la plus importante en Arménie.
Aristakès,Vertanès, Houssik,
Grigoris et l’immortelle clarté du pays,
Le catholicos Nersès : catholicos issus de la famille de saint Grégoire l’Illuminateur.

Mansuète (adj.) : du latin mansuetus, « doux », « bienveillant », lui-même de mansuetudo, mansuetudinis, « douceur », « indulgence », « bienveillance ».
Catholicos : le titre de catholicos est un titre équivalent à celui de patriarche porté par des dignitaires de plusieurs Eglise orthodoxe orientales, notamment les Eglises de tradition nestorienne et les Eglises monophysites, en particulier l’Eglise apostolique arménienne. Le mot lui-même vient du grec καθολικός, signifiant « universel ».

Relicto aurium iudicio : expression qu’on trouve dans l’ouvrage de Boèce De la Musique et qui signifie « abandonner le jugement de l’oreille ». Boèce (Anicius Manlius Torquatus Severinus) : philosophe et homme politique latin, né vers 470 à Rome, mis à mort en 525 à Pavie par Théodoric le Grand. Il a commenté Aristote, publié des traités de mathématique, logique, théologie, musique. Il a notamment contribué à organiser les disciplines scientifiques comme Trivium Quadrivium. Trivium ; « art de la parole » qui se compose de la grammaire, de la rhétorique et de la logique. Quadrivium : désigne l'ensemble des quatre sciences mathématiques dans la théorie antique : arithmétique, musique, géométrie, astronomie.

dimanche 4 décembre 2011

TROIS MUSICIENS

TROIS MUSICIENS

A Valeriy Sokolov, violoniste de génie

« Deus nobis haec otia fecit »
(« C'est à un dieu que je dois cette tranquillité. »)

Virgile


1.

HENRY PURCELL

Ami des Anges, Seigneur des seringas,
Toi qui reposes près des orgues
De Westminster,
Toi dont la musique astrale
A su défaire les nœuds solennels de l’oubli.

La nuit, émerveillé,
Je bois le chuchotis de tes notes,
Moi, l’anonyme poète
Aux 41 recueils de poésies,
Moi, l’exilé des saisons
A la trempe coriace des désespérés !

Mon cœur imprégné
Du parfum sacré de tes mélodies,
Se meut comme une étoile dans l’obscurité,
Vêtu de la clarté des mots purs
Comme Shiva dansait
Dans les flammes
Qui détruisent et recréent le monde.

Attentif à l’éternité, je veille tard, très tard,
Attendant le chant du vent frais
Qui m’apporte des collines
De l’huile pour ma lampe,,

Et un peu de la beauté de ton âme divine
Changée en harmonie délicieuse !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 30 novembre 2011

Glose :

Henry Purcell (1659-1695) : musicien et compositeur de musique baroque, né et mort à Westminster (quartier de Londres). On admet généralement que Purcell a été le plus grand compositeur anglais de naissance (Haendel ayant été britannique par naturalisation). Purcell a incorporé à sa musique des éléments des styles français et italien, mais a développé un style anglais particulier.

Shiva, transcrit parfois par Siva ou Çiva, « le bon, le gentil, qui porte bonheur », est un dieu hindou, un des membres de la Trimoûrti avec Brahmâ et Vishnou.

2.

CAMILLE SAINT-SAËNS

Un rayon irisé
Sur l’aile d’une libellule,
Splendor orationis,
La sémiose métaphysique
De Jan Scot Érigène,
Non, aucun sens secret n’échappe,
Féerique Saint-Saëns,
A ton âme de musique !

Bien, Beauté, Être
Délectables propriétés séraphiques
De ton être !
Toi, qui traduis en musique
Les amples sinuosités,
Les suaves frissons du ciel
Et les mouvements extrêmes
Des rêves
Sur fond d’azur !

Ô genèse du matin
Dans cette sensualité languissante du cœur,
Une note, une larme
Enferment toute l’apesanteur
De ce jour d’été !

Et cet anéantissement dans la chair
Pour n’être plus
Que soupir,
Gémissement
Et extase !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 2 décembre 2011

Glose :

Camille Saint-Saëns (1835-1921) : pianiste, organiste et compositeur français. Il a écrit douze opéras, dont le plus connu est Samson et Dalila (1877), de nombreux oratorios, cinq symphonies, cinq concertos pour piano, trois pour violon et deux pour violoncelle, des compositions chorales, de la musique de chambre et des pièces pittoresques, dont Le Carnaval des animaux (1886).

Il occupe une place particulière dans l'histoire du septième art, puisqu'il est, en 1908, le tout premier compositeur de renom à composer une musique spécialement pour un film, L’Assassinat du duc de Guise.

Splendor orationis : expression latine qui signifie « splendeur de la parole »
Sémiose (n.f.) : désigne la signification d’un mot ou d’un signe en fonction du contexte où il se trouve. C'est une notion de sémiologie.
Exemple : le signe « lever le doigt » peut signifier :
1. « Je voudrais la parole » s'il est employé dans une salle de classe
2. « Arrêtez-vous » s'il est utilisé à un arrêt de bus
Jan Scot Érigène - Iohannes Scottus (né entre les années 800 et 815 – mort en 876) : moine, théologien et philosophe irlandais, il était laïc, quoique clerc. Il possédait une immense culture. Il a voyagé en Grèce et en Orient. Il traduit les Pères de l’Eglise et annote les œuvres de Maxime le Confesseur et Sur les images de Grégoire de Nysse. Il étudie Origène et saint Augustin. Il annote et commente Martianus Capella et Boèce. Il reste, encore aujourd'hui, reconnu pour avoir été traducteur et commentateur brillant du Pseudo-Denys l’Aréopagite.

3.
GABRIEL FAURÉ
Fleurissent les deux pommiers de mon petit jardin,
Mon cœur aimant revit avec le printemps.
J’écoute Fauré, lui qui a su charger sa musique
De moments du monde.

Fenouils, coquelicots, sauges et prêles
Toutes les plantes
Chaleureuses,
Confiantes,
Lucides
Tendent leurs âmes champêtres vers
Les notes de ces mélodies tissées de délicatesse.

Ô matin dilué dans la sonore clarté
De la musique ! Quelle grâce légère,
Quelle éblouissante subtilité.
Perles remplies de soleil et d’eau amoureuse !

Et toi, Mère de Dieu,
Oratrix pacis,
Qui veille sur le cœur des êtres pudiques !

Jour d’ambre,
Jour fait des larmes
Que versèrent les filles du soleil
Changées en peupliers !

Ô harmonie, entre les élégantes collines s’épure
Un paysage d’une tendre clarté !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 4 décembre 2011
Glose :
Gabriel Fauré (1845-1924) : pianiste, organiste et compositeur français.
Élève de Saint-Saëns et Gustave Lefèvre à l’Ecole Niedermeyer de Paris, il est d’abord organiste à l’église de la Madeleine à Paris. Il est ensuite professeur de composition au Conservatoire de Paris, puis directeur de l'établissement de 1905-1920.
Avec Debussy, Ravel, Satie et Saint-Saëns, il est l'un des grands musiciens français de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.
Oratrix pacis : expression latine qui signifie « celle qui demande la paix ».
Ambre (n.m.) : mythologie grecque : les Héliades, filles d’Hélios et de l’Océanide Clyméné sont les sœurs de Phaéton. Lorsque leur frère fut foudroyé par Zeus et tomba dans le fleuve Eridan, les Héliades le pleurèrent tant qu’elles furent transformées en peupliers. Leurs larmes donnèrent naissance aux gouttes d’ambre.