mardi 27 janvier 2009

Mais qu'attendons-nous? (en russe)

Mon ami, le poète russe Victor Martynov, a traduit ce poème dans la langue de Poushkine. Qu'il en soit remercié!

Ах, ну чего ж мы ждём?

Георгию Толстому

«Когда я буду басней собирателя простоты»
Жюд Стефан

Ваши слова, мой князь, ясны, как утро мая.
В них нежность рук, когда они ласкают шёлк,
Весенний день, что от волненья смолк;
Душевной веры искренность и правда их пронзают.

Ваши слова, - в них время утекает в вечность, -
Прожитых лет-страниц яснее быстротечность.

Атанас Ванчев де Траси

Париж, 25 января 2009 года

Я посвящаю это стихотворение молодому русскому фотографу из Санкт Петербурга Георгию Толстому

Примечания :

Жюд Стефан – Жак Дюфур (рлдился 1-го июля 1930 года) получил образование в области, права, философии и литературы. Был преподавателем французского, латыни и греческого в лицее Берней. Жил в Орбеке. Поэт, новеллист, словесник, моралист, он опубликовал множество книг. Жюд Стефан – умышленно выбранный псевдоним. Жюд: Темный Жюд Томаса Харди; Стефен – герой Джоиса; стеорфан – термин, о котором Жюд Стефан пишет: «На старом английском стирфен означает умереть \и если я снова раскопаю золото\ оставит мою жизнь мрачной» (Жюд Стефан, тетрадь 8, Коньяк, Такая погода, 1993, стр. 86).
В 1954 году, будучи больным, он пишет Сатиры. Поэзия пришла к нему от вкуса слов и от языков. В письме к Бертрану Жюд Стефан заявляет, что, если он пишет, то «лишь для того, чтобы не умереть с закрытым ртом». И добавляет, что «надеется не увидеть XXI век, ибо литература также угаснет, уступив место изображению».

Свою поэтическую жизньЖюд Стефан резюмирует так: «цветы, женщины, молодёжь, деревья, животные, ненависть к посредственности». И, наконец, с юмором заканчивает, обращаясь к Бертрану: «Если вы хотите быть поэтом, (плохой путь!), вам придётся сначала попрактиковаться в течение десяти лет! А потом «Дерзайте!»

Поэзия Жюда Стефана, по его собственным словам, определяется как «поэзия вопреки», «поэзия против», против того факта, что язык может так или иначе оправдывать человеческие условия, рождаться, чтобы умереть. Этот отказ мог бы служить проводником для того, кто решил бы взяться за изучение сложного творчества, где не принимается разделение жанров. Жюд Стефан получил премию Макса Жакоба в 1985 году и Большую поэтическую премию города Парижа в 2000 году.

lundi 26 janvier 2009

QU'IL EST BEAU DE REVOIR NOS AMIS

QU’IL EST BEAU DE REVOIR NOS AMIS

A mon amie d’enfance Guita
(Margarita Mikhaïlovna Pouchkina)

« Et puis, caprice étrange,Je me surprends bénir Le beau jour, oh mon ange, Où tu m’as fait souffrir!... «

Lermontov

Je suis venu, mon amie ! Je repars joyeux !
Je me suis réchauffé à la lumière calme de tes yeux,
Au ciel bleu azur de ton sourire,
A la flamme délicate de tes mains !

Oui, mon amie !
Je me suis réchauffé
Au ruissellement léger de la beauté
Qui enveloppe tout ce qui vit autour de toi, en toi :

Le noyer centenaire,
Le sorbier frileux devant ta maison,
La matière, le bracelet de perles roses à ton poignet,
Le monde qui chante dans ta voix de campanules,
Le parfum de framboise sauvage de tes cheveux,
La grande journée flottant sur les cimes des pins
De la forêts envahie par le fleuve de l’été,
Les tulipes endormies
Dans le vase en céramique sur la commode de merisier,
La quiétude de miel qui règne
Dans l’air de ta demeure !

Je me suis réchauffé, mon amie !
Et je reviens chez moi
Avec la sublime foi
Dans l’origine divine
Des hommes simples, honnêtes, laborieux !

Demain, mon amie, je saurai mieux vivre,
Demain je saurai mieux aimer !
Ma patrie sera le monde
Et mon unique religion – faire du bien
A tout ce qui dans l’univers
Vit et respire !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 26 janvier 2009
Je dédie ce poème à Guita, à la première fille que j’ai embrassée !

Glose :

Mikhaïl Youriévitch Lermontov (en russe : Михаил Юрьевич Лермонтов – 1814-1841) : poète et romancier russe. Lermontov naquit à Moscou dans une famille d’ascendance écossaise (Learmount), et appartenait à la petite noblesse de la province de Toula. Il grandit dans le village de Tarkhanui, qui conserve ses restes. Il était de la même génération que les poètes Vassili Joukovski, Nicolas Gogol, Alexandre Pouchkine.

À cause de la mort prématurée de sa mère et du service militaire de son père, le soin de son enfance échut à sa grand-mère, qui n’épargna aucun effort pour lui donner la meilleure éducation qu’elle pouvait imaginer. L’atmosphère intellectuelle qu’il respira dans sa jeunesse différait peu de celle dans laquelle Pouchkine avait grandi, bien que la domination du français eût commencé à céder légèrement du terrain devant le goût pour l’anglais, à une époque où Lamartine était aussi populaire que Lord Byron.

Du lycée à Moscou, Lermontov passa à l’université en 1830, mais sa carrière s’y termina abruptement à cause du rôle qu’il joua dans certains actes d’insubordination vis-à-vis d'un enseignant contrariant. De 1830 à 1834, il alla à l’école des officiers de la Garde impériale de Saint-Pétersbourg, puis fut assigné à un régiment de hussards à Tsarskoïe Selo. Le jeune soldat exprima sa colère et celle de la nation face à la perte de Pouchkine (1837) dans un poème passionné adressé au tsar Nicolas Ier, La Mort du poète.

Le tsar, cependant, sembla trouver plus d’impertinence que d’inspiration dans cette adresse, puisque Lermontov fut aussitôt envoyé au Caucase comme officier de dragons. Il avait vécu au Caucase à dix ans avec sa grand-mère et se sentit chez lui. Il y fit la connaissance de décembristes bannis et d’intellectuels géorgiens rebelles.

Lermontov demeura à Saint-Pétersbourg de 1838 à 1839, puis fut renvoyé au Caucase à la suite d’un duel contre Ernest de Barante, fils de l’ambassadeur de France. C’est en 1839 qu’il écrivit le roman Un héros de notre temps, dont on dit qu’il fut à la source du duel avec Nicolaï Martynov, qui lui fut fatal en juillet 1841. Pour cette joute, il choisit exprès le bord d’un précipice, afin que si un quelconque combattant était blessé jusqu’à perdre pied, son destin fût scellé. Un duel dans des conditions similaires, entre le héros désabusé Piétchorine et le ridicule et méprisable Grouchnitski, est décrit dans Un héros de notre temps. Comme dans le cas de Pouchkine, les circonstances de la mort de Lermontov ne sont pas claires, ce qui a donné naissance à diverses théories, notamment celle de l'assassinat.

dimanche 25 janvier 2009

OH, QU'ATTENDONS-NOUS?

OH, QU’ATTENDONS-NOUS ?

« Quand je serai la fable d’un cueilleur de simples »

Jude Stefan

A Guéorgii Tolstoï

Vos mots, mon Prince, sont clairs comme un matin de mai
Et tendres comme une main posée sur la soie
Du jour printanier qui tremble d’émoi,
Légers comme la foi d’une âme sereine et vraie !

Vos mots qui disent le temps qui frôle l’éternité
Et font frémir les pages fanées de mes années !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 25 janvier 2009

Je dédie ce poème au jeune photographe russe de Saint-Petersbour, Guéorguii Tolstoï.

Glose :

Jude Stéfan de son vrai nom Jacques Dufour (né le 1er juillet 1930) : Jude Stéfan a fait des études de droit, de philosophie et de lettres. Il a été professeur au lycée de Bernay où il a enseigné le français, le latin et le grec. Il vit à Orbec. Poète, nouvelliste, essayiste, épistolier, moraliste, il a publié de nombreux livres.

Jude Stéfan est un pseudonyme intentionnellement choisi. Jude : Jude l'obscur de Thomas Hardy ; Stephen le héros de Joyce ; steorfan, terme à propos duquel Jude Stéfan écrit : « en vieil anglais steorfan veut dire mourir/ et si j'en retranche l'or/ reste ma vie terne » (Jude Stéfan, Cahier 8, Cognac, Le temps qu'il fait, 1993, p.86).

En 1954, au cours d'une maladie, il rédige Satires. La poésie lui est venue du goût des mots et surtout des langues. Dans sa lettre à Bertrand, Jude Stéfan déclare que s'il écrit, c'est pour « ne pas crever la bouche close ». Il ajoute qu'il espère « ne pas voir le XXIe, car la littérature aussi s'éteindra au profit des images ».

Jude Stéfan résume ainsi sa vie de poète « fleurs, femmes, jeunes, arbres, animaux, haine de la médiocrité ». Enfin, il termine avec humour en conseillant à Bertrand : « Si vous voulez être poète (mauvaise voie !), il vous faudra vous exercer pendant 10 ans d'abord ! Puis, « Hauzez » !"
La poésie de Jude Stéfan se définit selon ses propres termes comme une « poésie malgré », une « poésie-contre » : contre le fait que le langage puisse justifier d'une manière ou d'une autre la condition humaine, naître pour mourir. Ce refus pourrait servir de guide pour aborder une œuvre complexe où la division des genres n'est pas acceptée. Jude Stéfan a reçu le Prix Max Jacob en 1985 et le Grand prix de Poésie de la Ville de Paris en 2000.

Angleterre, pays du capitalisme sauvage!

Voici ce que mon ami, le poète anglais David Hudson, m'écrit à propos du capitalisme sauvage qui est en train de ruiner le monde et que tout homme qui veut être libre doit combattre corps et âme!

My dear Athanase,

I hope you enjoyed your visit to Bulgaria & Turkey...always a pleasure to visit another culture and indulged oneself in all aspects of that country. I do enjoy travelling...immersing myself in another’s culture is always a good life experience.

I wish to thank you for posting my letter on the internet...I need as much help as I can get a moment. I have refused to sign the contract as it stands. I have no intention of working on our bank holidays or religious festivals! I did edited the contract (being writers we edited documents all the time) and signed an edited contract to try offset the treat of being summary dismissed. I have a meeting on the 31st January 2009 in which the company (Comet owned by the French company Kesa) will give me 90 days notice of termination of my contract.

Siddhartha Gautama Buddha ( also known as just Buddha) born in 563 B.C. is quoted in one of his many sermons. ‘ Do not believe in the words of others, merely because they command a higher authority, but form your own conclusions and evaluations in life’ I find these words very uplifting because they are as relevant today as they were in Buddha’s time. They seem to fit in nicely into the category I’m dealing with at the moment.

Sometimes in life some things... are worth fighting for, even though the odds are stacked against you. Our freedoms and liberties
have been fought for by our ancestors. I’m a great believer in rights & liberties. I wish our country had a ‘Bill of Rights’ like the American constitution. I have a great admiration for the French people who fought for their liberties and became a republic. Bank holidays are a given from our society...every country has festivals during the year. I will do anything to get out of working on Bank holidays...Comets proposals are fundamentally wrong on every level. I hate this proposal with a pure passion!

In my country we have the longest working hours in Europe and they keep demanding more! My country is a disgrace compared to the rest of Europe. We have done so much harm to other people in the world... fighting illegal wars in both Iraq & Afghanistan. I opposed both these wars right from the beginning. I’m ashamed to call myself a Englishman.
We do not have a ‘Bill of Rights’ in my country and technically we are not citizens...but still subjects to the crown! Maybe we need a French style revolution and overall the present system...

I would be very grateful if you could post this letter on the internet again my friend...just to show that not all Englishman are war mongering dogs! Some of us do adhere to both internal & international laws...respecting human rights for all people.

Eternally yours of the written word

Best wishes.

David.

vendredi 23 janvier 2009

ΝΟΜΟΠΟΙΟΣ

ΝΟΜΟΠΟΙΟΣ

A Edouard Marie-Noël

« C’est ainsi, soir après soir,
que nous sommes devenus mortels »

Guy Goffette

Pour vous, mon Prince aimé, je tisse en frissonnant,
Ces vers que la nuit emplit de sa splendeur !
Syllabes émerveillées, chantez la douce candeur
De ce visage où dort le voile léger du temps !

Et toi, ô vent humide, maître tisserand, ami,
Inspire à l’âme émue la grâce d’un chant exquis !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 23 janvier 2009

Glose :

Νομοποιός : mot grec qui signifie « qui compose des airs de musique ».

Guy Goffette (né le 18 avril 1947) : poète et écrivain belge. Il a été tour à tour enseignant, libraire, éditeur des cahiers de poésie Triangle. Il a parcouru nombre de pays d'Europe avant de poser ses valises à Paris où il vit actuellement. Il est lecteur chez Gallimard, où sont édités la plupart de ses ouvrages. Poète avant tout, même lorsqu'il écrit en prose, il a publié une quinzaine de livres et a obtenu en 2001 le Grand Prix de Poésie de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre. Entre autres travaux de préfaces, il est l'auteur de l'introduction aux œuvres complètes du poète Lucien Becker (1911 - 1984), l’ami fidèle du grand Léopold Sédar Senghor (1906 - 2001).

LE TEMPS ORDINAL (en russe)

Mon ami, le poète moscovite Victor Martynov, a traduit en russe mon poème "Le temps ordinal". Qu'il en soit remercié!

Атанас Ванчев де Траси

Порядковое время

Абулу Казиму Хасану ибн Ахмад'Унсури

«Пусть падает в пепел
то, что должно стать пеплом»

Рабиндранат Тагор

Играет флейта травяная.
Песню восторженной души
Приемлет чаша голубая
Цветка полей в земной глуши.

От звона пышных рассуждений
Что нам останется, мой князь?
Букв не прописанные тени,
Да слов не высказанных вязь.

Рюей-Мальмезон, 8 июня 2008 г.

Примечания:

Абул Казим Хасан ибн Ахмад'Унсури-и Балкхи (приблизительно 968-1050 г. г.) – один из величайших персидских поэтов. У нас практически нет информации о его молодости. В начале царствования султана Махмуда (около 1008 г.), самый младший брат султана , Амир Наср ибн Насир аль-Вакарм, представил Унсури двору. Выдающийся талант Унсури привлёк внимание султана Махмуда. Кончилось тем, что Унсури стал одним из ближайших друзей правителя. Он был самым востребованным поэтом при двух дворах: при дворе Махмуда (1008-1030) и при дворе его сына Масуда (1030 – 1041). Говорят, диван Унсури (сборник его стихов) содержал 30 000 стихов. До нас дошло лишь около 2 500 стихов из этого обширного сборника. Бэит – внутренний ритм стиха. Наиболее употребительные размеры стиха в арабской поэзии были кодифицированы Аль-Халил ибн Ахмадом около VIII –го века и с тех пор почти не изменились. Размер основывается на длинне слогов; есть короткие слоги (согласная и следующая за ней короткая гласная) и длинные слоги (гласная, за которой следует согласная либо длинная гласная). Таким образом, арабская поэзия не основывается лишь на длине стихов и рифме, но – на определённом внутреннем ритме каждой строки (бэит). Каждый бэит делится на две половины (шатр), что могло бы соответствовать стихам французской поэзии.

Разные размеры отличаются один от другого числом слогов и порядком, чередованием коротких и длинных слогов. Но часто встречаются варианты одного и того же размера, поскольку два коротких слога могут быть заменены например на один длинный. Вот несколько названий размеров: тавил, камил, вафир, раджаз, (форма, часто употребляемая при импровизациях), хазаж, базит, хафив, сари, мудар и др.

Порядковый (прил.): то, что относится к порядку, в смысле основной идеи ума. Эта идея включает, в самом общем смысле, временные, пространственные, числовые определения; серии, соответствие, законы, причины, окончания, жанры и виды; социальная организация, моральные, юридические, эстетические нормы и пр.

Рабиндранат Такур, прозванный Тагором (1861 – 1941): поэт, романист, драматург и философ бенгальского и английского языков. Его отец, выдающийся философ, считал поиски Абсолюта единственной реальностью жизни. Юность Тагора была отмечена смертью его матери и обучением его отца, который принёс ему «открытие любви к природе и Богу». Он уехал на Запад около 1880 года – даты, начиная с которой он отказался от всего, чтобы «лучше любить природу и Бога». Между 1901 и 1918 годами его жена, трое из его детей и его отец умерли. Но он нашёл в себе волю превратить своё страдание в радость и создал международный центр образования в Сантеникитане в Бенгалии.

Центр,который стал местом воплощения и концентрации этой воли, охватил весь район, а затем и всю Индию. Его произведение «Стихи лирического дара», написанное в 1912 году, принесло новую надежду и как будто поменяло направление судеб старого мира. Его основные произведения: Воспоминания детства, Золотой корабль, Гора, Садовник любви, Корзина фруктов и др. принесли ему Нобелевскую премию по литературе в 1913 году.

jeudi 22 janvier 2009

Ô lune (en russe)

Mon ami, le poète moscovite Victor Martynov, a eu la gentillesse de traduire mon poème "Ô, lune" en russe! Et quel russe? Splendide! Merci!


Атанас Ванчев де Траси

О, ты, луна…

О, ты, луна, что бродишь по садам цветущим,
О, близость чудная небесного сиянья - в дыхании дерев,
О, ты, эфира лёгкого поток, что льётся в очи
Великолепьем звёзд и милостью богов!

Там, вдалеке, притихло море, точно чаша,
Что до краёв наполнена ветрами,
Открыта тем, кто тронут красотою;
И всё подобно песне, что миром полнится,
И без труда врачует томление души,
Присевшей отдохнуть в густой тени аллеи.

mardi 20 janvier 2009

BRAHMACHARYA

BRAHMACHARYA

A Francisco Rodrigues Lobo

« Impossible d’étreindre cette image qui reste en moi.
Dire que pourtant tu es là, dans ma ville, en chair et en os ».

Nazim Hikmet

I.

« Quand la vie ne sera plus nous,
Je ne pourrai plus couvrir tes joues roses
Des neumes de mes baisers
Ni assister,
Assis à l’ombre des majestueux sycomores,
Aux secrets conciles des mésanges.

De là où je serai,
Je rêverai aux riches voiles violets de la nuit
Sur ton tendre corps étendus.

Supporterai-je l’emmêlement inextricable de mes pensées
Et la kénose,
Cette mort à soi-même selon l’intraitable saint Paul ? »

Ainsi, parfois, je me parle en moi-même,
Du haut de ma pauvreté
Libre, volontaire, intégrale.

La pauvreté !...
Une longue route unit en un seul poème nos pas,
Sachant tous les deux que sans les mots,
Nous sommes deux orphelins sans patrie.

Et ce poème est une mosaïque vivante de feu pur !

II.

Septembre, septembre,
La vigne est rouge, et rouges sont ses feuilles,
Parée comme une princesse avant de mourir !

Septembre, septembre,
Pourquoi cette tristesse ?

III.

Oh non ! Je veux encore vibrer, rêver, respirer,
Vivre dans mon corps la pureté des Brahmanes
Et la haute miséricorde des Jaïns !

Comme eux je veux
Saisir l’invisible beauté qui dort
Dans chaque pli du temps !

Je veux
Entendre marcher dans ma main,
Sous le halo du silence ténébreux,
Le petit insecte bleu,
Appartenant à la même branche
De vie que moi.

Je veux
Apprendre à lire tout le destin de l’univers,
Dans la chute que fait la feuille jaune
De la branche fragile
A la terre attentive à la mort !

IV.

Ah, je veux,
Comme le grain de blé nu dans la terre,
Croire que je serai bientôt
Face à face avec le printemps !
Que demain, ah demain,
Tout sera lumière,
Lumière, lumière !

Ah ! Lumière !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 20 janvier 2009

Glose :

Brahmacharya (n.m.) : mot sanskrit qui signifie « une vie qui est menée en quête de la réalisation personnelle de Brahman » ou, alternativement, « une vie exprimant Brahman dans ses actions et ses accomplissements ».

Traditionnellement, cette vie impliquait de suivre un enseignement spirituel sous l'autorité duquel le brahmacari ou chela (étudiant) pratiquait un strict célibat, une vie de restrictions morales et de dévotion à la méditation. Bien que faisant parti du mode de vie hindou, le brahmacharya est aussi le pivot des traditions shramananiques du bouddhisme. Le mot brahmacharya est constitué de deux composants:

Brahma : ce terme désigne le dieu majeur, absolu, éternel et jamais né.
Acarya : ce terme est composé de car, « aller » et a, « vers », c’est-à-dire « aller vers ». Acarya signifie également « enseignant », « guide spirituel », « maître ». Donc le mot brahmacharya indique une vie en conformité avec les principes de réalisation les plus profonds de Brahma.

Shramanique (adj.): l’histoire ancienne de l’Inde rapporte qu’il y avait trois religions majeures dans le pays : le Brahmanisme, le Bouddhisme et le Jaïnisme (Nirgranthas). Des recherches récentes et des fouilles à Mohenjodaro et à Harappa ont montré que le Jaïnisme existait déjà il y a cinq mille ans. L'apport le plus estimable des Jaïns à la culture indienne est celui concernant la langue et la littérature. On appelle cet apport shramanique.

Il est certain que, depuis la période védique, deux courants différents de pensée et de manière de vivre prévalent en Inde. Ce sont la culture brahmanique et la culture shramanique.
La culture shramanique est représentée principalement par les Jaïns et le bouddhisme. Mais ce sont les Jaïns qui ont été les premiers à la propager.

Le jaïnisme, ou jinisme, du sanskrit jina, « vainqueur », est une religion, Je dois préciser que le mot religion se traduit en Inde par dharma. Ce terme est largement polysémique et signifie autant « foi », « religion », « vertu » que « devoir », « nature propre », « bonne action », un chemin spirituel qui insiste sur les concepts d’ahimsa (non-violence) et de karma (cycle des causes et des conséquences lié à l’existence des êtres sensibles) et qui met l'accent sur l’ascétisme. Il ne commence pas, à l'image du bouddhisme, comme un mouvement de réforme à l'intérieur de l’hindouisme, car c'est une religion traditionnelle qui vient de la plus haute antiquité, peut-être précède-t-elle le brahmanisme. Le jaïnisme devient une religion d'importance au cours du VIe siècle av. J.-C. Avec seulement 4 millions de croyants, le jaïnisme est la plus petite des 10 religions principales du monde, mais en Inde, les jaïns sont surreprésentés dans les secteurs économique et politique. Les jaïns sont une force significative dans la culture de l’Inde, contribuant à la philosophie, à l'art, à l'architecture, aux sciences et aussi à la politique au travers de Gandhi, et donc à l'indépendance de l'Inde.

Le temple d’Anvers, à Wilrijk, est le plus grand temple jaïn érigé en dehors de l'Inde. Il a été entièrement financé par les riches familles indiennes jaïnes actives dans le commerce du diamant. Il existe d'autres temples jaïns en dehors de l'Inde, notamment en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.

Les caractéristiques de la littérature shramanique sont qu'elle désapprouve le système des castes et des ashrams (quatre « états de vie » de la formation du brahmane), que ses héros ne sont jamais des dieux ou des rishi (prophètes, sages, devins des temps védiques), mais des rois ou des marchands ou même des shûdra (membres de la 4e caste, la plus basse, celle des serviteurs). Dans cette littérature, les sujets de poésie ne sont pas des mythes ou des légendes brahmaniques, mais des contes populaires, des histoires féeriques, des fables et des paraboles. Elle aime à insister sur la misère et sur la souffrance du samsâra (le cycle de réincarnations). Cette littérature enseigne une morale de la compassion et de la non-violence tout à fait différente de la morale brahmanique, avec ses idéaux de grands sacrificateurs, de généraux défenseurs des prêtres, et d'adhésion stricte au système des castes.

Francisco Rodrigues Lobo (1578-1622) : un des plus grands poètes bucoliques portugais, auteur d’un ouvrage considéré comme un pur chef-d’œuvre, la Corte na Aldeia (1619), pastorale mêlée de prose et de vers. Aristocrate, étudiant en droit à l’Université de Coimbra, Lobo a été un des premiers auteurs de son temps par la pureté de sa langue. Même si son premier (1596) et son dernier ouvrage (1623) sont en espagnol, il a servi son pays en composant entièrement en portugais ses églogues et ses pastorales.

Sycomore / Acer Pseudoplatanus (n.m.) : du grec sukon/ σûκον, « figue » et du latin morus, « mûre ». C’est le nom de différences espèces d’arbres. A l'origine, le terme « sycomore » se référait uniquement au Figuier sycomore (Ficus sycomorus). Par la suite, on a aussi appelé de ce nom une espèce d'érable en raison d'une légère ressemblance de ses feuilles avec le Figuier sycomore.

Kénose (n.f.) : du verbe grec kenoô / κενόω, « se vider ». La kénose est une notion de théologie chrétienne exprimée par un mot grec provenant de l'épître de Saint Paul aux Philippiens (Ph 2,7).

« Lui (Jésus), de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. Mais il s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave, et devenant semblable aux hommes. S'étant comporté comme un homme, il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix!

La kénose désigne le mouvement d'abaissement par lequel Jésus-Christ «se vida» de ses attributs divins pour rejoindre notre humanité jusqu'à vivre l'obéissance de la foi nue et la mort sur la croix.

Nazım Hikmet Ran (Salonique 1901 – Moscou 1963) : un des plus grands poètes turcs de tous les temps, puis citoyen polonais, longtemps exilé à l'étranger pour avoir été membre du Parti communiste turc. Son grand-père paternel, Nâzim Pacha, était le gouverneur de Salonique, libéral et poète. Son père, Hikmet, était diplômé du lycée de Galatasaray, qui s’appelait alors Mekteb-i Sultani. Sa mère, Célile Hanim, linguiste et pédagogue, était la fille d’Enver Pacha. Elle parlait français, jouait du piano et peignait.

Neumes (n.m.) : du grec neuma / νεύμα, « signe » ou altération du terme grec pneuma / πνεύμα, « souffle ». On appelle neumes les signes de la notation musicale qui furent en usage à partir du VIIIe siècle ap. J-C. et durant tout le Moyen Âge, jusqu’à la généralisation de la portée moderne à cinq lignes. La notation neumatique carrée sur les portées à quatre lignes reste utilisée dans les éditions modernes de plain-chant, c’est-à-dire essentiellement le chant grégorien.

Le neume transcrit une formule mélodique et rythmique appliquée à une syllabe (une même syllabe pouvant recevoir plusieurs neumes, dans le chant mélismatique). Contrairement à l'approche moderne, l'élément de base pour le chant grégorien, que ce soit pour son analyse ou son interprétation, n'est pas la note de musique, mais le neume. Mélismatique (adj.) : du grec melos / μέλος, « air, mélodie, chant ».

samedi 17 janvier 2009

REVERIES RIFAINES (en tamazight = berbère)

Mon ami et poète berbère du Maroc, M'hamed Alilouch, a eu la gentillesse de traduire mon poème "Rêveries rifaines" en tamazight. Qu'il en soit remercie.


Tisktayin n rrif


« akal inw iga yat tbrat »

Andich Chahid Idir

1) irzm yignna I weàban nnes I wamud n ildjign
Aflla n iskla ihlan n rrif
Tifrkit nnek tatéfut
Zund taksumt n tfiras n lexla
Da tssat, d tihli n ddunit kullutt
Llant g taqqatin tizgzawin n wal nnek.

2) udmawn ddegh n tutmin timazighin
Leggwaghnt uggar n tguriwin n tadéut tfssast
Ifassen nsent win yighr n sgelli
Ar sufunt,
Agensu n rsiyt n ifsti nsnt.

3) tawada d ysan n tàrrimin
N ighulidn yattuyn,
Adéu ddegh
Iskkiln usdidn n tfinagh
Tatséa nsnt idrusn.

4) Andich idda d d yité
S ujllabiy amllal ignan
S wurar n tizwa
Ittugzayn s iwri n rrif
Ul nnes ixatr , iséfa
Zund udem n ubda , tamazgha!

5) da ddegh , tihli tlla g id mummu
N ifddamn!
Tardrar d wussan nnes izuytn
Ssirdn tihli nsen isufun
Taghmiwin nsn isdidn ur irzzéan
Idmarn nsn n uzru amllal n rrif.

6) g tmazirt ddagh iàzzan
G wutéan n idrarn ness ixatarn
Iàbann da kttéun tasaft d nnànaà
Itgwmma rzment
Zound igldan n itbirn
Agnsu n ifsti ilggwaghn n yité

7) andder n igiwr g imi n Massin
Tassaàin, lggwaghnt zund lfakit
Ancucn nnes mi ur imid ussudm
Ad idel s lhnint nsen iàudéran
Tammurt ddegh bahra ittiri.

8) turart d udjan irudayn g tifawt
Atéu n watag d iwaliwn irwan
Taldjigt n lhya n tberdin n yigran
Bttéu izdghen afella n imasayn
G ggan wazzan
Yusad kigan zund asidd n tifawt

9) umugh(nnda) n swahéat s hézzéuti n imzdagh
Ighfawn nsn iqburn issktayn

mardi 13 janvier 2009

SNOW OUTSIDE (IL NEIGE DEHORS)

Le grand poète et ami anglais Norton Hodges a traduit en anglais mon poème "Il neige". Je lui suis profondément reconnaissant.

Snow Outside

for Norton Hodges

'Night came and with it snow,
and under the cloak of snow a mountain'

Pentti Holappa, The Torch

Snow, snow, it's snowing outside, my Friend,
and we are each in our separate rooms,
behind the windows watching us with their blue eyes
like the small tight circles
in the shining centreof our divine souls.

We're both far from each other,
both turned towards matters of eternity,
having abandoned the incessant stream of humanity
and the sweet peace of the diaphanous countryside.

For, My Friend, that's how
we're able to contemplate,
with serene and tearful eyes,
the spheres filled with light
and richness of soul
always changing, always the same.

And from our solitary hearts there rises
elegant and discreet,
like delicate pink smoke above the taciturn houses,
this invigorating prayer of our two beings:

'O my soul, don't stay here any longer,
rise up again towards the Essence of all,
and let me rise with you to see, to contemplate
the pure light of first things!

O my soul,
you who not only remember God,
but never cease to see Him!
You, my soul,
who've lived for ever!'

And, my Friend,
we know without having been taught,
that what has always been
is that single same thing,
that single same Love,
Absolute Love Eternal!

translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges
January 2009

lundi 12 janvier 2009

SUSPENSION

SUSPENSION

A Kevin

« Répondez-moi astres brillants de la voûte du ciel
car si vous brillez n’est-ce pas pour que quelque éveil
se fasse en notre âme… »

William Cliff


Les âmes de qualité, mon Prince bien-aimé,
Exaltent à l’unisson, comme les cordes d’une lyre,
L’intime éternité et l’infini empire
Des dieux bienheureux et leur vibrante beauté !

Touchés par la clarté des sons mélodieux,
Fleurissent dans les jardins iris et résédas,
Comme eux votre visage répand sa haute joie
Sur les feuillets vierges du temps silencieux !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 12 janvier, Anno Domini MMIX

Glose :

Suspension (n.f.) : en rhétorique, la suspension désigne une figure oratoire qui consiste à mettre le lecteur ou l’auditeur dans l’attente impatiente de ce qu’on a annoncé mais pas encore dit.

William Cliff, de son vrai nom André Imberechts (né le 27 décembre 1940) : poète belge de langue française. Quatrième d'une fratrie de neuf enfants, il fait des études de lettres et de philosophie. C'est de cette époque que date sa passion pour le poète catalan Gabriel Ferrater, qu'il rencontrera, traduira en français, et qu'il reconnaîtra comme son influence majeure.

Ses poèmes ont la chance d'être remarqués rapidement par Raymond Queneau, et il sera systématiquement édité par Gallimard jusqu’en 1986. Pour le reste, il demeure à Bruxelles, dans un logement de « poète sous les toits », d'où il s'échappe fréquemment pour voyager, d'abord en Europe, puis jusqu'en Asie et en Amérique. Ces voyages, qui feront la matière des recueils America et En Orient, donneront un nouveau souffle à son œuvre. Le style de William Cliff détonne dans la poésie francophone de son temps. On le retrouve chez Queneau ou dans les poèmes de Gorges Perros. Cliff se range aux côtés des grands anciens du Moyen Âge : il cite comme ses modèles Marguerite de Navarre, Charles d’Orléans, mais son existence est celle d’un François Villon.

Longtemps attaché à son vers régulier, souvent aux formes fixes traditionnelles, il publie depuis peu des romans.

Il a remporté en 2008 le prix Kowalski décerné par la ville de Lyon.

dimanche 11 janvier 2009

O DIEM PRAECLARUM

O DIEM PRAECLARUM

"Quis leget haec"?
("Qui lira ces mots?")

Perse

Âme, drape le châle
Sur tes épaules frileuses !

Ah, comme j'aime regarder
Le déploiement,
La poussée,
L'enchaînement délicat
Des mouvements harmonieux de tes bras!

Comme il m'est cher
Cet air flou, cet étrange air distrait
De ton visage transparent!
J'aime ce jour qui sent le doux serpolet,
Le tendre murmure du temps
Contre mon oreille attentive
Et la soie rose pâle de ce jour d’été
Sur ton corps.

Comme est claire en juillet
L'âme de la terre,
Cette âme pareille à celle des astres
Que les sages Anciens appelaient
Hestia ou Déméter!

Ce choeur des vagues bleues,
La mélodie des flûtes de la brise,
La voix des mésange
Dans les branches de l’acacia!

Ô Verbe multiple et varié
De la grande Poésie,
Verbe si simple, si pur!

Verbe qui exalte infatigablement
Notre vie unique, immuable, intemporelle!

Comme s'il savait, âme,
Que ce qui est dans le temps
A autant de valeur
Que le temps lui-même!

Athanase Vantchev de Thracy

Rueil-Malmaison, ce samedi 10 janvier, Anno Domini 2009

Glose:

Perse, en latin Aulus Persius Flaccus (34-62 ap. J.-C.) : poète latin. Perse grandit dans une famille appartenant à l’ordre équestre et apparentée à de hauts représentants de l'ordre sénatorial. Il fait ses études dans sa ville natale jusqu'à l'âge de 12 ans. Il gagne ensuite Rome pour y étudier la grammaire et la rhétorique. Il est alors l'élève du grammairien Remius Palaemon et de Virginius Flaccus. Il côtoie le philosophe stoïcien Cornutus, Lucain ou encore Sénèque le Jeune. C'est Cornutus qui lui inspira l'amour de la vertu et exerça sur lui la plus grande influence, presque égale à celle d'un père qu'il perdit très jeune. Perse mourut en 62, à l'âge de 28 ans, d'une maladie d'estomac.

Serpolet, Thymus serpyllum ou thym serpolet (n.m.) : plante aromatique basse, qui ne dépasse pas 10 cm de hauteur, mais s'étend sur 50 cm de largeur ; elle est tapissante, aux tiges radicantes aux nœuds, aux très petites feuilles opposées ovales ou lancéolées, aux courtes hampes florales dressées. De juin à septembre, son feuillage aromatique vert à reflets pourprés sous le soleil disparaît littéralement sous une nuée de petites fleurs bleues groupées en capitules terminaux, plus carminés dans la variété Coccineus. Après la floraison, de juin à octobre, viennent les fruits formés de quatre petits akènes. C'est une plante des zones de broussailles, des prés secs, des rochers, des dunes. Elle pousse jusqu'à 3000 m d'altitude.

Hestia : dans la mythologie grecque, Hestia (en grec ancien Ἑστία / Hestía) est la divinité du feu sacré et du foyer. Elle est la fille aînée de Cronos et de Rhéa, sœur de Zeus, Poséidon, Hadès, Héra et Déméter. Hestia appartient à la génération des douze grandes divinités de l'Olympe, quoique sa présence dans le panthéon olympien soit variable. Dans la mythologie romaine, elle correspond à Vesta.

Hestia incarne le foyer domestique, la flamme sacrée qui brûle sans cesse dans les demeures et dans les temples, et qui les purifie. Elle est vénérée comme la protectrice des familles, des villes et des colonies.

En effet, quand les Grecs voulaient fonder une colonie, ils emportaient de la métropole le feu d'Hestia destiné à allumer le foyer de la nouvelle patrie. Ainsi, Hestia symbolise aussi la pérennité de la civilisation et de la religion.

Chaque repas commençait et finissait par une offrande à Hestia.

Déméter : dans la mythologie grecque, Déméter (en grec ancien Δημήτηρ / Dêmếtêr qui dérive de Γῆ Μήτηρ / Gễ Mếtêr, « la Terre-Mère » ou de Δημομήτηρ / Dêmomếtêr, « la Mère de la Terre », de δῆμος / dễmos, « la terre, le pays ») est la déesse de l'agriculture et des moissons. Les Romains l'associèrent à Cérès. Elle est la mère de Perséphone.

Dans Les Travaux et les Jours, Hésiode revient fréquemment sur Déméter, et il y donne de nombreux détails sur les rites religieux entourant la fertilité et le travail de la terre. On reconnaît que cette déesse est l'une des divinités les plus favorables aux humains et qu'elle se réjouit dans la paix et le labeur. Plusieurs auteurs s'entendent pour dire qu'elle ne faisait pas partie des douze dieux de l'Olympe, puisqu'elle préfèrerait rester près de la terre et des champs.

Selon Pausanias dans sa Description de la Grèce, une grande quantité de temples et sanctuaires dédiés à Déméter parsemaient le pays, témoignant de l'importance de son culte.

Déméter fut honorée dans les mystères d’Eleusis, un culte célébrant le retour à la vie et le cycle des moissons. L'Hymne homérique à Déméter donne la meilleure description qui puisse nous documenter sur l'origine du culte.

Elle était également honorée aux mystères de Samothrace sous la forme de la déesse Axieros, la déesse principale des Grands Dieux.

O diem praeclarum: expression latine de Cicéron qui signifie "Ô magnifique journée".

vendredi 9 janvier 2009

QUELLE REPONSE DONNER

QUELLE REPONSE DONNER…


A Ahmed Arabi

« Was aber bleibet, stiften die Dichter »
(“Mais ce qui reste est l’oeuvre des poètes”)

Hölderlin

I.

Mon cher Ahmed, mon enfant kabyle,
Quelle réponse donner
A ta jeunesse affamée de pur savoir ?

Quelle est ta part de lumière divine
Dans la grande lumière des chapelets de vies sacrifiées ?

Comme toi, vieux frère des sentiers de nos montagnes,
J’avance entre l’obscurité de deux temps
Et rêve à la splendide vigueur des jeunes de nos villages,
A la pudique beauté de nos fillesEn pleine effloraison !

Comme le tien, mon cœur frémit
A la vue de nos antiques mureraies,
A l’odeur de l’ancestrale joie de nos vignes !

Comme toi j’essaie de traverser, sans m’y noyer,
Le fleuve boueux de notre modeste existence !

II.

Ah, que te dire ?

Oui, te dire
Que j’aime la vie simple et pure,
Le chant d’or des abeilles,
L’immortalité qui coule
Dans l’incessant bourgeonnement
Des nuits et des jours, des saisons et des années !

Que j’accueille, rayonnant d’espoir taciturne,
Blotti contre le tronc d’un vieux peuplier,
Le pas hésitant, léger et agile,
Le visage à peine sorti de la nuit
De l’innocent soleil du matin,
Le parfum connu de l’aube qui monte
Jusqu’à nos narines nacrées
Des racines occultes de tant de vies anciennes !

III.

Ah, que répondre ?

Répondre
Que j’invoque, dans le calme écoulement de l’hiver,
La divine clarté du printemps
Et cette beauté d’une force admirable
Des champs fertiles de notre pays !

Que
Je crois aux puissances magiques,
Aux attractions irrésistibles
De notre terre mille fois millénaire,

Que
Tout se meut, tout croît, tout mûrit
Suivant un ordre imperturbable,
D’après un ordonnancement fixé à l’avance !

QueLa bonté véritable
Illumine de toutes parts l’âme toute entière!

IV.

Oui, mon enfant kabyle,
Je crois et confesse
Que toutes les choses sublimes
Sont coordonnées
Dans l’invisible sourire des dieux universels !

Que le Verbe primordial,
Une fois envolé de leurs lèvres chantantes,
Frappe en premier lieu
La transparente oreille
Des poètes illuminés !

V.

Je crois, je veux croire, mon jeune ami,
Que tous nous sommes,
Comme l’affirme Platon, l’ami des âmes,
Au-delà de l’essence,
Έπέκεινα τής ουσιάς !
Epékeina tes ousiàs !

Que, comme les grands miniaturistes de Tabriz,
Je perds la vue à ciseler des poèmes
Pendant que la neige recouvre de sa molle blancheur
Les harmonieuses collines
De ma mémoire !

Que des mots d’amour non prononcés
Sont restés sur le bout de la langue
De nos morts !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 9 janvier 2009

Je dédie ce poème à mon ami, le poète kabyle Ahmed Arabi.

Glose :

Mureraie ou mûraie (n.f.) : du latin morum, mora, « mûre ». Plantation de mûriers. Mûre : 1. Fruit du mûrier. Mûre noire, blanche. Fruit noir comestible de la ronce des haies, qui ressemble au fruit du mûrier. Régional : mûron. Confiture, gelée de mûres. Vin de mûres.

IL NEIGE DEHORS

IL NEIGE DEHORS

A Norton Hodges

« La nuit vint, puis la neige aussi, Sous la cape de neige une montagne. »

Pentti Holappa, La torche
(in « Une ville illuminée dans la nuit arctique », 1985)

Il neige, il neige, il neige dehors, mon Ami,
Et nous restons chacun dans sa chambre,
Derrière le bleu regard de la fenêtre
Pareils des petits cercles bien ajustés
Au centre rayonnant
De nos âmes divines.

Nous, tous deux, loin,
Tournés vers les choses éternelles,
Départis du ruissellement incessant du monde,
De la douce tranquillité des paysages diaphanes.

De là vient, ô mon Ami, que
Nous pouvons contempler,
Avec des larmes sereines dans nos yeux,
Les sphères remplies de lumière
Et richement pourvue d’une âme
Au mouvement qui fluctue éternellement.

Et dans nos cœurs solitaires se lève,
Comme une légère fumée rose
Au-dessus des maisons taciturnes,
Elégante et discrète, la vivifiante prière de nos êtres :

« Ô mon âme, ne t’arrête pas dans ce lieu,
Remonte vers l’Essence du tout,
Et fais-moi remonter avec toi pour voir, pour contempler
La pure lumière des choses premières !

Ô mon âme, toi qui non seulement te souviens de Dieu,
Mais ne cesse de le voir ! Toi, mon âme,
Qui vis depuis toujours ! »

Et nous savons sans l’avoir appris, ô mon Ami,
Que ce qui est toujours
Est une seule et même chose,
Est un seul et même Amour,
Un Amour qui est absolument !

Paris, le 9 janvier, Anno Domini 2009

Glose :

Pennti Holappa (né le 11 août 1927) : un des plus grands poètes contemporains finlandais. Né à Ylikiiminki dans le nord de la Finlande, il exerça divers métiers jusqu’à être ministre de la culture. Autodidacte, il a publié une quinzaine de recueils de poèmes, six romans et quelques essais. Il est l’excellent traducteur en finnois de Charles Baudelaire, de Pierre Reverdy, de Jean-Marie Gustave Le Clézio. Holappa aborde le monde avec l’humilité des grandes âmes. C'est un poète de la modernité, de la vie quotidienne, de l'amour. Il a reçu le prix Finlandia 1998, l'équivalent du prix Goncourt pour la Finlande.

jeudi 8 janvier 2009

NUIT AMAZIGHE - en tamazight (langue des Berbères du Maeoc)

Mon ami, le grand poète amazighe, M'hamed Alilouch, a traduit en tamazight mon poème "La nuit amazighe". Je le remercie de tout coeur.
LA NUIT AMAZIGHE

« L’éternité nous est si native et profonde
Qu’il nous faut bien, de gré ou non, être éternel »

Angelus Silesius

La nuit amazighe, toute tissé de soupirs d’oranger,
Entre dans les maisons sans frapper à la porte.
Alentours, le calme est si aérien et si imprégné de parfums
Qu’il paraît vouloir dorer en profondeur le silence.

Les fleurs des jardins, flammes liquides et ondoyantes,
Raréfient l’air scintillant et rendent plus précise la tendresse.

Au loin, les sommets vierges de l’Atlas, endormis
Dans le lit duveteux des étoiles,
Semblent avoir renfermé dans leurs paupières neigeuses
Le livre prophétique de l’univers.

L’éclat pur d’une image lointaine
Vient, un bref instant,
Caresser la tête des enfants
Elégamment posée sur l’étoffe légère de la couche.

Les corps se métamorphosent en musique
Et toute leur respiration devient chant
De reconnaissance et d’amour !

Ô nuit, divine nuit amazighe,
Charge la barque de mon âme
De toute la splendeur des hommes du sud !

Rends parfaite et totale l’union de mes mains
Avec ce maintenant sans borne ni fin
Afin que je puisse répéter avec le poète allemand,
En défaillant d’émotion :

« La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu'elle fleurit,
N'a pour elle-même aucun soin, – ne demande pas : suis-je regardée ? »

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 10 novembre 2008

Glose :

Johannes Scheffler (1624-1677) : poète religieux allemand d’inspiration mystique plus connu sous le nom de Angelus Silesius, sous lequel il publia ses œuvres.
Johannes Scheffler naquit à Breslau, en Silésie. D'abord luthérien, il se convertit au catholicisme en 1652. Sa principale œuvre de polémique est la Conviction morale motivée ou démonstration selon laquelle l'on pourrait et devrait contraindre les hérétiques à la vraie foi (publié en 1673). Très influencé par les mystiques allemands et flamands du Moyen Âge, et notamment par Maître Eckhart, Henri Suso, Jean Tauler et Ruysbroeck, il a écrit de nombreux poèmes qui ont tous été compilés dans deux ouvrages, parus tous deux en 1657 :

1. Cherubinischer Wandersmann oder Geistreiche Sinn- und Schlussreime zur göttlichen Beschaulichkeit anleitende (édité une deuxième fois en 1675) qui est constitué de 1676 distiques et 10 sonnets.

2. Saintes délices de l'âme ou Eglogues spirituelles de Psyché amoureuse de son Jésus (recueil de Lieder).

Très lu par les poètes et philosophes de culture allemande dès le XIXe siècle, son influence posthume s'étendit sur la poésie de Rilke, sur la philosophie de Schopenhauer et Heidegger.
Atlas : massif montagneux du nord de l'Afrique. Il s'étend du sud-ouest au nord-est, en s'abaissant progressivement, sur les trois pays du Maghreb : Maroc, Algérie, Tunisie.

L’Atlas marocain : le Maroc est un pays de montagnes. Elles occupent, au-dessus de 1000m, près du 1/4 de son territoire et comprennent plus de 1/6 de sa population. Ces montagnes s'articulent autour du Haut Atlas avec ses deux plus grands massifs, Toubkal (4167m) et le M'Goun (4068m), qui constitue la pièce maîtresse de l'édifice montagneux du Maroc, et traverse tout le pays du sud-ouest, vers Agadir, au nord-est, vers Bouarfa.

Au nord, s'appuyant sur le Haut Atlas et sensiblement parallèle à lui, s’étend le Moyen Atlas. Au Sud, se dresse l'Anti Atlas (2530m), prolongé à l'est par le massif du Sarho (2712m). Enfin, le massif volcanique du Sirwa (3305m) constitue, à hauteur du massif du Toubkal, un véritable pont orographique entre le Haut Atlas et l’Anti Atlas. Orographique (adj.) : du mot grec oros / ’όρος, « montagne, colline, hauteur » et le verbe grapho : γράφω, « tracer des signes », « écrire ». Ce qui se rapporte au relief. Exemple : onde orographique ; celle-ci se produit lorsqu'une masse d’air est forcée en altitude par son déplacement au-dessus d'un relief montagneux. En gagnant de l'altitude, cette masse d'air prend de l'expansion et se refroidit par détente adiabatique (transformation thermodynamique). Ce refroidissement entraîne une augmentation de l’humidité relative et peut provoquer l'apparition de nuages ou de précipitations. Le sens orographique dans une vallée ou un vallon est le sens dans lequel coule l'eau. On définit ainsi la rive droite et la rive gauche.

De toutes les activités sportives qui se pratiquent au Maroc, la randonnée pédestre ou à ski l'hiver, est celle qui est la mieux adaptée au Haut Atlas et aux massifs avoisinants. Même les « 4000m » sont facilement accessibles au Maroc. Ceci est dû à un exceptionnel réseau de sentiers muletiers, un climat et un ensoleillement incomparables et à une absence de glacier. La population amazighe (berbère) qui habite ces contrées a su conserver ses traditions ancestrales, notamment dans les domaines de l'architecture, des costumes et des danses.

Son nom évoque le mythe grec du géant Atlas condamné par Zeus à supporter sur ses épaules la voûte céleste. Atlas / Ἄτλας, « le porteur », du verbe grec tláô / τλάω, « porter, supporter ») était un Titan. Il était le fils de Japet et de Thémis (ou de Clymène ou encore Asia) et le frère de Prométhée, Epiméthée et Ménoetios. Il engendra notamment les Pléiades (avec Pléioné), les Hyades (avec Ethra), les Hispérides (avec sa propre nièce Hespéris) et la nymphe et reine de l’île d’Ogygie, la presqu’île de Ceuta en face de Gibraltar, Calypso. Après la révolte des Titans contre les dieux de l’Olympe, il fut condamné par Zeus à soutenir les cieux jusqu'à la fin des temps.
Atlas est mêlé à plusieurs légendes, notamment celle des pommes d’or des Hespérides : Héraclès vint le voir pour qu'il aille cueillir les pommes pour lui ; Atlas accepta à condition qu'Héraclès soutienne le monde à sa place pendant ce temps. Il a donné son nom au massif de l’Atlas, où l'on place traditionnellement sa résidence (Hésiode l'avait situé aux confins occidentaux du monde), ainsi qu'aux atlas de géographie. Dans le corps humain, la première vertèbre cervicale, qui soutient l'ensemble du crâne, s'appelle également atlas. Certains récits de la mythologie, comme ceux de Diodore de Sicile, identifient le Titan Atlas au roi éponyme de l’Atlantide.

« La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu'elle fleurit,
N'a pour elle-même aucun soin, – ne demande pas : suis-je regardée ? » : vers d’Angelus Silesius devenus le centre de la pensée du plus grand philosophe du XXe siècle, Martin Heidegger.

Idé Amazigh

Idé amazigh,izétéa kollot s wadéu n llimun
Itkccem tigwmma mqqar ur isqubbi tiflut.

Blahwat, iga ifsti win yignna iswa s tujjut
Zun ira ad as gin orgh s kigan I iyfsti
Ildjign n wurtan, afa igan aman zund tilghmin
Isdrusn azgwu isufun isnàt s kigan lhnint
Seg uàraq, tikttéay yuran n udrar n latlas, gent
Afella n ughulidn ilggwaghn n yitran
Zund kkan xf ighfawn nsn tixdlin n waln iàmmern s utfl
Adlis arqqas n dduniyt.

Lhéalt iséfan n wudm nniàrqn
Idda d imik n tsurifin,
Isslf as I iyghf n leqqum
Issersan xf uàban alggwagh n udghar n tguni
Swahéat , bddelnt gant akw lgha
Gant akkw adéu nsant orar
N tussna d win ayri !

A yidé , win rbbi idé amazigh
Tkarn arrabau n yiman inu
S magat ccan n mdden n tsga n yizdar
Da issehélu ajmuà n ifassn inu
D didghik war afrag war akmmel
Afad ighiygh ad d rargh nek d umdyaz almani,
S yisy ihérran :

“ taldjigt tga bla magh, da tàlulu acku da tàlulu,
Or ghurs igi ighf nnes awdyan ujujy, wala tnna : is ttuzrigh?”

Traduit en Tamazight par M’hamed Alilouch
Nkob ass n 26/12/2008
www.alilouch.un.ma / www.alilouch.on.ma

TRESSAILLEMENT - en tamazight (langue des Berbères du Maroc)

Mon ami, le poète berbère M'hamed Alilouch a traduit en tamazight mon poème "Tressaillement". Qu'il en soit remercié.

TRESSAILLEMENT

A Chris

« Lumineux comme ton visage, aube aux mille feuilles »
Hans Magnus Enzenberger

Comme tout est bleu, mon Prince, le ciel, les fleurs, le vent
Le temps serein qui dort entre vos cils de lin,
Mes mains remplies d’azur sur le fluide satin
De votre âme limpide, de votre cœur tremblant !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, ce samedi 8 novembre 2008

Glose :

Hans Magnus Enenberger (né le 11 novembre 1929 à Kaufbeuren) : poète, écrivain, traducteur et journaliste allemand, également connu sous le pseudonyme de Andreas Thalmayr. Il vit actuellement à Munich-Schwabing.

MY TRANSLATION INTO ENGLISH :

QUIVER

To Chris

" Brilliant as your face, dawn in thousand leaves "

Hans Magnus Enzenberger

Everything is blue, my Prince, the sky, the flowers, the wind
The serene time which sleeps between your linen lashes,
My hands filled with azure on the fluid satin
Of your crystal clear soul, your trembling heart!

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, on Saturday, November 8th, 2008

Notes :

Hans Magnus Enenberger (born on November 11th, 1929 to Kaufbeuren): poet, writer, translator and German journalist, also known under Andreas Thalmayr's pen name. He lives at present to Munich-Schwabing (Germany).

TAMAZIGHT:

Adwuws

I Chris

“Issuda zund aqmu nnek, tifawt s igiman(ifdé) n ifrawn”

Hans Magnus Enzenberger

Kuci imllanji , agldun inw, ignna, ildjign, azgwu
Azmz irséan igenna ger wargaln nnun n ifilan
Ifassn inw àmmern g ignna xf iktéif alggwagh
N tgengimt nnun iséfan, n wul nnun ittergigin.

Traduit en Tamazight par M’hamed Alilouch
Nkob ass n 26/12/2008

Je vois, je sens - en tamazight (langue des Berbères du Maroc)

Mon ami, le poète amazigh (berbère du Maroc) M'hamed Alilouch a traduit en tamazight (langue des Berbères du Maroc) mon poème "Je vois, je sens". Je le remercie cordialement.

Da sksiwgh , Da takzegh…

I Lancelot d'Andigné

«Anyuddu n tfsut , seg da ,
ar tmattay s dinn g tesséa. »

Matsumoto Takashi

Da seksiwgh , da ttakzegh , da sflidgh i wull nnek da inttéw,
aghbalu inddern,
S igiman(ifdé) n igwusifn n umarg
Berra , imllaln
Ildjign ggufin ignna s wasid nsn

Yat tifrat (lehna) taxatart itergigin s tazgzut nnes.
Tiqba n iskwla imenza.

M'hamed Alilouch
Nkob ass n 13/11/08 – 30-10-2958.