samedi 13 novembre 2010

INTIMITE

INTIMITÉ

(ή συνουσία)

De très loin me vient cette voix close,
Cette mélodie entrecoupée d’espaces vides, toujours vivante,
Toujours pure de tout mélange rude et obscure,
Qui, errant entre les interstices des mondes,
A dû combattre l’irréelle résistance de la mort.

Elle ! Elle qui connaît le rapport imprévisible des mots,
Le mystère inattendu des lettres qui les composent,
Les silences salvateurs qui savent
Eriger en colonne de beauté sa grâce légère et discrète.

Est-elle souvenir ou présence pérenne,
Battement d’une âme réprimée, puis
Pardonnée ? Matière inconnue, vagabonde, insouciante,
Débris d’un temps jadis entier comme une étreinte ?

Comme moi, elle est née entre le chant des blés
Et les profondes ornières du chemin de terre battue
Qui va de moi à moi. Qui va..., esprit de lumière,
Parmi les ravines de ma pensée et les douces collines
Que sont les pages impatientes de mes livres !

Une lueur qui unit, dans un même sourire fugitif,
La mort astucieuse à la vie radicale,
Le soupir rapide à la permanence du tout !

Cette voix !

Et j’entends, penché sur la table féconde,
Forêt devenue présence ludique,
La matière faire et défaire la matière,
Dessinant, sans hâte ni lenteur, les espaces
Tantôt mornes, tantôt revêtus de clarté.

Ah, comme le monde sait s’absenter de la mémoire fluctuante,
Comme il a la prenante manière
De réunir les hautes résonances de l’amour
Et multiplier, en dehors de tout miroir, les contours,
Jamais les mêmes,
De visages, de mains, de paupières,
De lèvres aimés !

Cette voix !... Je l’écoute ! Je veux l’écouter
Pour, enfin, en buvant ses vibrations, tenir contre mon souffle,
L’art irréprochable de réconcilier
Possible et impossible,

Moi et moi !

Athanase Vantchev de Thracy

Sao Paulo, le 3 novembre 2010

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