jeudi 4 octobre 2012

L'ÂME DE LA CHANSON


L’ÂME DE LA CHANSON

À Miras Iguibayev

« De limpeza e claridade
E a paisagem de fronte »

(« Limpide, tout de clarté,
Le paysage d’en face. »)

            Carlos Pena Filho

Ami, souviens-toi de moi cette nuit,
Prends dans tes mains aux splendides doigts effilés
L’image de ma face illunée
Jaillie du tréfonds de ton cœur !

Qu’un frisson lyrique parcoure ta peau de nacre
Et, qu’embrasée, dans tes veines ardentes,
Revienne l’âme de la chanson
Qu’un soir, à l’ombre des pins royaux,
Tu as jouée sur les cordes vivantes du dombra
Jusqu’à l’immersion de chaque chose
Dans la crépitante clarté du crépuscule.

Lève-toi, recouds avec les fils soyeux du vent pur
Les plaies incandescentes du passé !
Enchante avec les mots antiques de ta divine langue kazakhe
La tremblante lumière qui hante de sa beauté
Ton âme humide !

Je te vois toujours souriant aux oiseaux et aux roses,
Tout flamboyant dans l’éclat de tes cicatrices !

Tu élèves ta voix au parfum de steppe
Et la fraîcheur de l’aube se lève en elle,
Toi qui savais donner une parole solennelle
À chaque frisson de ma mémoire,
À chaque chose qui embellissait de sa grâce le jour.

Rappelle-toi le feu de mon silence,
La chaude immobilité de mes pensées
Et le poids de mon espoir
Au milieu de ces paysages calmement intimes,
Dignes des sublimes angoisses de Vélasquez !

Ami mien, ce soir je veux entendre vibrer
Dans l’air de diamant,
Les battements de ta tendresse,
L’âme de ta chanson !

            Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 1 octobre 2012

Glose :

Carlos Pena Filho (1929-1960) : un des plus grands poètes brésiliens.

Dombra (n.m.) : petit luth à long manche, à caisse piriforme sans évent, généralement doté de deux cordes et répandu en Asie Centrale, où il est l’apanage des bardes kazakhs, ouzbeks et tadjiks.

Illuné, e (adj.) : dans le langage soutenu ce mot signifie « illuminé par la lune ».

Diego Rodríguez de Silva y Velázquez (1599-1660) dit Diego Velázquez, ou Diego Vélasquez en français est un peintre baroque considéré comme l'un des principaux représentants de la peinture espagnole et l'un des maîtres de la peinture universelle.
Il passa ses premières années à Séville, où il développa un style naturaliste à base de clairs-obscurs. À 24 ans, il déménagea à Madrid, où il fut nommé peintre du roi Philippe IV et,  quatre ans après, il devint peintre de chambre, charge la plus importante parmi celles dévolues aux peintres de la cour. Comme artiste, de par son rang de peintre de cour, il réalisa essentiellement des portraits du roi, de sa famille et des grands d’Espagne ainsi que des toiles destinées à décorer les appartements royaux. Comme surintendant des travaux royaux, il acquit en Italie de nombreuses œuvres pour les collections royales, des sculptures antiques et des tableaux de maîtres, et organisa les déplacements du roi d’Espagne.
Sa présence à la cour lui permit d'étudier les collections de peintures royales. L'étude de ces collections, ajoutée à l'étude des peintres italiens lors de son premier voyage en Italie, eut une influence déterminante sur l'évolution de son style caractérisé par une grande luminosité et des coups de pinceau rapides. À partir de 1631, il atteignit sa maturité artistique et peignit de grandes œuvres comme La Reddition de Breda.
Pendant les dix dernières années de sa vie, son style se fit plus schématique, arrivant à une domination notable de la lumière. Cette période commença avec le Portrait du Pape Innocent X peint, lors de son second voyage en Italie, et vit la naissance de deux de ses œuvres maîtresses : Les Ménines et Les Fileuses.
Son catalogue contient de 120 à 125 œuvres peintes et dessinées. Célèbre bien après sa mort, la réputation de Vélasquez atteignit un sommet de 1880 à 1920, période qui coïncide avec les peintres impressionnistes français, pour qui il fut une référence. Manet fut émerveillé par sa peinture et il qualifia Vélasquez de « peintre des peintres » puis du « plus grand peintre qui ait jamais existé ».
La majeure partie de ses toiles, qui faisaient partie de la collection royale, est conservée au musée du Prado à Madrid.





Aucun commentaire: