lundi 9 juin 2008

CHOSE FRÊLES

A Pierre-Marie

"L'esprit doucement s'endort, il n'y a que le coeur qui se souvienne."

Louis-René des Forêts

Juin tardif, entre, mois
Du pur éclat de la lumière,
Dans la maison.

Viens, rieur, une rose
De Damas dans la main
Pour honorer de ta générosité avivée
Le vase resté si longtemps
Sans la grâce d’une fleur.

Tu n’as pas à me parler, juin des abeilles,
La lumière comme jaillie de tes mains
Me suffit pour penser
Que l’aube est toujours
De mon côté !

Que dans l’impermanence infatigable des secondes
Se cache, invisiblement présente,
La discrète éternité
Que l’on devine
Par un parfum délicat
Presque imperceptible !

Athanase Vantchev de Thracy

Rueil-Malmaison, ce lundi 9 juin, L’An de Frâce MMVIII

Glose :

Louis-René des Forêts (1918-2000) : auteur discret d’une œuvre peu abondante, mais chargée d’une rare beauté.

Après une scolarité secondaire à Bourges, il suit des études de droit et de sciences politiques et commence à faire paraître des chroniques musicales et littéraires. C'est à la fin des années trente qu'il fait la connaissance de Jean de Frotté, qui le met en relation avec Patrice de la Tour du Pin. Mobilisé en 1939, de retour chez lui (dans le Berry) en 1940, il s'engagera dans la Résistance. Ses débuts littéraires datent de l'Occupation : entre 1941 et 1943, il écrit Les Mendiants, publié par Gallimard, qui sera suivi en 1946 du Bavard, presque ignoré du public.

Après une année de travail avec le jeune éditeur Robert Laffont, il se retire en province. Il publie dans quelques revues : L'Arbalète, Les Lettres nouvelles, La Nouvelle Revue française. En 1953, il revient à Paris et participe chez Gallimard (dont il sera membre du comité de lecture de 1966 à 1983) à la conception de « L'Encyclopédie de la Pléiade », avec R. Queneau. Il se lie alors d'amitié avec Michel Gallimard, Robert Antelme, Georges Bataille et Maurice Blanchot.

Il fonde en 1954 le Comité contre la guerre d'Algérie, avec Dionys Mascolo, Edgar Morin et Robert Antelme.

En 1960, il publie La chambre des enfants, prix des Critiques.

En 1967, il fonde la revue L'Éphémère, avec Yves Bonnefoy, André du Bouchet, Paul Celan, Jacques Dupin, Michel Leiris et Gaétan Picon ; il fait également paraître au Mercure de France Les Mégères de la mer. Chez le même éditeur paraîtra en 1997 son dernier ouvrage, Ostinato, autobiographie fragmentée dont la rédaction avait été entreprise dès 1975 et dont la NRF, L'Ire des vents, Art Press, La Quinzaine littéraire et Le Cahier du refuge avaient donné successivement, entre 1984 et 1994, des extraits et ébauches. Plusieurs prix lui seront remis dans les années 1980 : prix Maeterlinck à Bruxelles (1988), grand prix national des lettres pour l'ensemble de son œuvre (1991).

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