jeudi 19 juin 2008

POURPIERS SOLEIL

A Eurielle

« Seul vêtement de ton corps le vent »

Costis Guimossoùlis


Le soir monte lentement,
Gracieusement
L’échelle fragile de l’âme
Tendue dans le grêle feuillage
Des acacias.

Une limpide fraîcheur
Ouvre ses bras joyeuxPour accueillir le tendre poème de la brise.

Dans l’air mauve, bleu, orange,
S’ébattent
Papillons jaunes,
Oiseau blancs et anges roses !

Maison ancienne, maison des miens,
Constellée de murmures séculaires !

Un livre de Leopardi
Laissé par une âme amoureuse
Sur la terrasse
Recouverte de pourpiers soleil !

Les échos de ses vers
Fiévreux,
Aux blessures éclatantes de beauté,
Aux syllabes devenues transparentes
A force de chagrin indéfini
Viennent épouser la chaude musique de la mer !

Odes divinement étrangéres
A toute théorie
A tout concepts !

Strophes séraphiques
Qui raréfient la bleu pesanteur de l’air !

Mots flamboyants
Qui permettent à l’âme
De conjuguer encore
Un verbe au futur !

Et ces douloureux scintillements de son cœur qui,
Plus lumineux,
M’auraient aveuglé !

Au loin,
Rendus sourds
Par les feuilles luxuriantes des lauriers,
Des éclats subits de la fête somptueuse
De Lughnasad!

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 19 juin 2008

Glose :

Pourpier (n.m.) : le pourpier (Portulaca oleracea) est une plante aux tiges rampantes, souvent considérée comme une mauvaise herbe. Fleurs : jaune, blanche, roses, rouges. Annuelle, elle est très commune des jardins. Le pourpier pousse dans les zones chaudes. On le trouve surtout dans le sud de la France.

Eurielle : prénom, de l’hébreu, sans doute une déformation d’« Uriel », nom d’un ange qui signifie « Lumière de Dieu ». Pas une fois la Bible ne fait mention d'un ange du nom d'Uriel. Pourtant au début du christianisme, on assiste à l'émergence d'un culte dédié à Uriel sans qu'on sache précisément d'où il vient. L'Eglise l'interdit rapidement. En effet, en absence de certitudes scripturales, trop grand était le risque de rendre un culte non pas à un ange, mais à un démon. Par contre, Uriel est mentionné à plusieurs reprises dans le "Livre d'Hénoch", ainsi que dans "L'Apocalypse d'Esdras", qui ne font pas partie des Écritures canoniques. Dans le livre d'Hénoch, il est dit d'Uriel: « Uriel est l'ange que le Seigneur de gloire a préposé à toutes les étoiles qui brillent dans le ciel et éclairent la Terre. ». On le trouve souvent confondu avec Azrael dans la littérature apocryphe, bien qu'il s'agisse de deux anges différents.

La sainte patronne des Eurielle est une sœur du roi breton Judicael (VIIe siècle ap. J.-C.), vénérée à l’abbaye de Saint-Méen (Ille et Vilaine).

Costis Guimossoùlis (né en 1960) : poète grec. Il s’affirme très jeune, dans la lignée post-post-surréaliste, via son aîné Kondos, dans un grand jaillissement d’images.

Lughnasad (n.f.) : une des quatre grandes fêtes druidiques, fêtée le 1er août. Elle aurait été instaurée par le dieu celte Lugh (Lumière) en l'honneur de sa mère Tailtiu. La fête de Lughnasad se situe au coeur de la période des récoltes et des moissons, des fruits mûrs et du foin. On commémore l'union de la Terre avec le Soleil. C'est le temps du partage et des réjouissances, de la chaleur des rencontres humaines, familiales et amicales. C'est le temps de l'accomplissement où les hommes peuvent jouir de leur travail, de leurs réalisations. Les autres trois fêtes des druides sont : Samain, Imbolc et Beltaine.

Aucun commentaire: