Aux deux saintes aux roses, Germaine Cousin de Pibrac
et Roseline de Villeneuve.
« Au pauvre également fais des largesses,
pour que ta bénédiction soit parfaite,
Que ta générosité touche tous les vivants,
même aux morts ne refuse pas ta piété.
Ne te détourne pas de ceux qui pleurent,
afflige-toi avec les affligés. »
L’Ecclésiastique, VII, 32-34
Des fleurs, partout des fleurs, des fleurs de lumière,
Des fleurs dans l’air léger, des fleurs dans les prunelles,
Des roses immaculées portant la grâces des ailes
Vers le ciel ouvert aux lèvres en prière !
Sublime miséricorde du Christ Omniprésent
Qui change en souriant le livre des atomes
En tiges étoilées, en cathédrales, en dômes,
En odes vertigineuses les cicatrices du temps.
Seigneur, je te supplie, remplis ma langue saignante
De la clarté suprême, du savoir parfait
De ta bonté sans borne, de ton amour qui est
Le commencement du tout ! Et que, clairvoyante,
Ma poésie épouse ta tendre charité,
Les gémissements des saints, les cris des affligés !
Athanase Vantchev de Thracy
A Paris, ce mercredi 8 septembre, Anno Christi 2004. Jour de la Nativité de la Vierge, ma
Protectrice Céleste.
Glose :
Sainte Germaine (Germain Cousin ou Germaine de Pibrac – 1579-1601) : née à Pibrac, dans le diocèse de Toulouse. Fille de paysans pauvres, elle souffrait d’écrouelles et avait la
main droite déformée. Orpheline de mère dès l’âge de cinq ans, elle était négligée par son
père et maltraitée par sa belle-mère. Bergère, elle passa sa courte vie dans les champs, priant
Dieu et faisant la charité aux plus pauvres qu’elle-même. « Le prodige le plus éclatant lié à
son nom est celui du miracle des fleurs : la petite Germaine mettait du pain noir dans son
tablier pour le distribuer aux nécessiteux. Un matin, sa marâtre se précipite sur elle et lui
demande ce qu’elle cache. La jeune fille, craignant sa colère, lui répond : « des fleurs » et elle
ouvre son tablier d’où, ô miracle, jaillissent des fleurs multicolores, fraîchement cueillies,
dans une saison où la nature ne pouvait en offrir, puisqu’on était en hiver. Pour l’âme
populaire, ces fleurs sauvages sont devenues des roses sauvages, des églantines » (Alain
Santacreux). En 1644, on ouvrit sa tombe. On découvrit son corps intact et parfumé. Son cou
était marqué de cicatrices scrofuleuses et sa main droite restait déformée. Elle avait, sous sa
couronne de garofanos mêlés de seigle. Son visage était rose comme le visage d’une jeune
adolescente endormie. Le prénom en occitan de la sainte, Germaneta, signifie « petite
sœur ». Béatification : 1854. Canonisation : 1867.
Scrofules (n.f.) : du bas latin scrofulae, écrouelles. Lésion torpide (qui est dans un état de
torpeur) de la peau, des ganglions lymphatiques, des os ayant tendance de provoquer des
fistules.
Garofano (n.m.) : plante herbacée (caryophyllacées), annuelle ou vivace, cultivée pour ses
fleurs rouges, roses, blanches très odorantes. A la famille des caryophyllacées appartiennent
plusieurs variétés :
- œillet (n.m.), de œil, nom ancien ou dialectal de « fleurs ». Grenadin (n.m.) : variété
d’œillet rouge très odorant. Œillet mignardise – petit œillet vivace à fleurs très
odorantes que l’on met en bordures. Œillet de poète – à fleurs réunies en corymbes.
Œillet d’Inde – tagète.
- silène (n.m.), de Silène, nom mythologique, fleur des champs.
- lychnis (n.m.) ou lychnide (n.f.) : mot d’origine grecque. Il existe une grande variété
de lychnis. La nielle des blés est un lychnis. Oeillet des jansénistes : nom d’un lychnis.
Le nom populaire de lychnis est flox cocculi, « fleur du coucou ».
Roseline de Villeneuve (1263- 1329) : moniale chartreuse, née au château des Arcs, d’une illustre famille française (père : Arnaud de Villeneuve, mère : Sybille de Sabran). Roseline devint prieure de Celle Roubaud, en Provence. Elle fut favorisée de visions fréquentes et d’autres phénomènes mystiques. « Enfant, tandis qu’elle distribue des vivres aux indigents, elle est surprise par son père : elle ouvre alors son tablier rempli de pains qui instantanément se transforment en roses » (Alain Santacreu). Culte confirmé en 1851.
« Le symbolisme de la rose sauvage (l’églantine) – écrit Alain Santacreu dans la revue littéraire (Contrelittérature) qu’il dirige – doit être mis en relation avec celui de la pomme, l’une et l’autre se rapportant au thème de la Connaissance – de la Gnosis. En effet, de même que l’églantine n’a que cinq pétales en forme d’étoile à cinq branches ou de pentagramme, la pomme, elle aussi, contient en son milieu une étoile à cinq branches, formée par les alvéoles qui renferment les pépins. Selon l’herméneutique spirituelle, le confinement du pentagramme, symbole du Dieu-homme incarné, à l’intérieur de la « chair » de la pomme, marque la « chute » de l’esprit dans la matière, l’immolation sacrificielle du Fils dans le monde, tandis que la rose « inverse »… marque l’éclosion résurrectionnelle du « Nom nouveau ».
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