mardi 3 juin 2008

SEPT CLAIRVOYANCES DU CŒUR

I.

La libellule embrasse la tige des boutons d’or,
La fleur incline sa face vers la terre
Où le soir amoureux
Dépose sa vaste tunique de soie violette !

Le livre câpre réséda de l’eau
Entre des mains transparentes,
Et cette odeur jeune,
Cette odeur joyeuse d’anis sous le parvis !

Rien d’autre, rien d’autre,
Absolument rien d’autre !

II.

Le poème, l’infinité des mots,
L’ombre des frênes sur le chant allègre du ruisseau
Où danse, insouciante du monde,
La compagnie joyeuse des petites perches argentées.

Tu as, comme Pétrarque, la ferveur délicate
Des fontaines !

Je suis au bord de vous aimer !

III.

Ose, ose, chante avec le vent
Vierge qui se joue
Dans les branches des chèvrefeuilles !

Que de chagrins muets dans chaque chose,
Que de papillons pavoisent de grains d’or
Les robes luxueuses des calices !

Le jour finissant recommence l’éternité !
Et moi, mêlant ma voix à la lumière !


IV.

Soudain tout devient si intense,
Les figures droites, les figures inclinées,
Les lignes verticales et les cercles pleins
De la pensée se confondent
Dans le délire du langage !

Pourquoi pleures-tu ?
Que sais-tu de la saveur des pleurs
Et de la source cachée où ils naissent ?

La joie qui est tout
Est la joie de tous les êtres
Depuis le commencement des jours
Jusqu’à cet instant pur et intime
Comme la chair du diamant !

Oui, je me tiens au milieu
De la forteresse divine de mon cœur,
Dans la salle d’honneur de mon âme !

V.

Les hautes passes des mots
Sous les brumes violettes du matin
Puisent leur joie
Dans les lacs mêmes de mon chant.

Joie de savoir que tout est tout,
Que rien n’est oublié
Dans la grande unicité des éléments !

Ô géométrie de la vie usuelle,
Algèbre de la quotidienneté ordinaire,
Calme et inquiétude
Dans le médaillon du matin
Suspendu à mon cou.

VI.

Un seul murmure de feuille
Restaure soudainement
La mémoire des êtres aimés !
Un seul murmure d’âme !

Et c’est la résurgence
Inattendue de l’essence de la vie,
De la langue qui exprime
Cette grâce inespérée d’un art
Qui se fait de plus en plus léger !

VII.

Et c’est la nuit,
La divine nuit de toujours !
Ô tendre joie d’entendre le bruissement
Chaleureux des insectes,
Joie de vivre
Sous la douce clarté des étoiles
Voguant vers l’infini !


Athanase Vantchev de Thracy

Paris, ce jeudi 17 mai, Fête de l’Ascension, Anno Domini MMVII.

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