dimanche 29 mars 2009

DEUX CLARTES DE L'ÂME

DEUX CLARTES DE L’AME

« Et levant la tête je contemple la lune blonde,
Et courbant la tête je rêve à mon ancien foyer. »

Li Bai

I.
Cette suave rumeur du monde
Dans la main de l’air calme,
Le silence tangible de l’âme,
Les tendres feuilles de thé qui déploient leur parfum
Dans l’élégante théière en porcelaine blanche !

II.

Dans la profondeur sonore du soir,
Le cri serin d’une mésange
Et les battements mélodieux des branches du cerisier
Contre la soyeuse transparence de la fenêtre.

Athanase Vantchev de Thracy

Saint-Germain-en-Laye, ce dimanche 28 mars, Anno Graciae MMIX

Glose :

Li Bai, Li Bo ou encore son nom de plume - Li Taibo (701-762) : un des plus grands poètes chinois de la dynastie Tang (treizième dynastie chinoise, la plus puissante que la Chine ait connue : 618-907). Il passa la plus grande partie de sa vie à voyager à travers la Chine. Influencé par la pensée taoïste, il fut sensible aux aspects fantastiques de la nature sauvage. Son œuvre exprime sa personnalité, qui refusait les contraintes. Sa vie plus ou moins légendaire inspira pièces et récits.

Le lieu de naissance de Li Bai est incertain, mais on suppose que ce fut Suiye en Asie centrale (près de Tokmok au Kirghizistan). Sa famille avait initialement vécu dans le sud-est de ce qui est maintenant la province du Gansu, et s’était établie successivement à Suiye puis à Jiangyou, près de Chengdu dans la province du Sichuan, lorsqu’il avait cinq ans. Ses antécédents familiaux ne pouvaient lui ouvrir aucune porte dans l’aristocratie de la dynastie Tang. Bien qu’il exprimât le désir de devenir fonctionnaire, il ne se présenta jamais aux examens impériaux de rigueur. Il commença à voyager au travers de la Chine à l’âge de vingt cinq ans, appréciant le vin et menant une vie sans souci, très contraire à l’idée que l’on se faisait d’un confucéen. Sa personnalité fascinait tout autant les aristocrates que les gens du peuple. Il fut présenté à l’empereur Xuangzong vers 742.

On lui offrit un poste à l’académie Hanlin. Li Bai resta moins de deux ans au service de l’empereur comme poète avant d’être remercié pour indiscrétion. Ensuite, il erra dans l’ensemble de la Chine pour le restant de sa vie. Il rencontra l’autre grand poète Du Fu ou Tu Fu (712-770) au cours de l’automne 744, ainsi que l’année suivante. Ce furent les seules occasions qu’ils eurent de se rencontrer, mais leur amitié fut particulièrement importante (une dizaine de poèmes de Du Fu traitent de Li Bai alors qu’il n’en existe qu’un seul de Li Bai traitant de Du Fu). À la même époque qu’An Lushan entra en rébellion, il s’impliqua dans une révolte secondaire contre l’empereur. L’échec de cette révolte le condamna à l’exil une seconde fois. Il fut pardonné avant d’avoir atteint son lieu d’exil à Yelang.

Li Bai mourut au Dangtu, aujourd’hui province d’Anhui. La tradition veut qu’il se soit noyé en essayant d’embrasser l’image réfléchie de la lune dans une rivière. Certains chercheurs pensent que sa mort serait due à un empoisonnement au mercure par absorption de l’élixir de longévité taoïste alors que d’autres pensent qu’il serait tout simplement mort d'alcoolisme.

Li Bai est un nom chinois, coréen, khmer, vietnamien. Le nom de famille est Li, le prénom Bai. Le nom de famille chez les Chinois précède le prénom.

LE NIL (en chinois)

Cher Athanase,

J'ai fait tous les efforts possibles à l'interprétation de ce poème,

Mon jeune ami chinois, Liu Chang, poète parlant le français, a eu la gentillesse de traduire mon quatrain "Le Nil". Qu'il en soit vivement remercié!


J'ai fait tous mes efforts pour interpréter votre si beau poème.

Votre véritable

Liu Chang

《尼罗河》

" 马哈茂德 萨尔瓦多 哈基姆长官 你美妙的容貌现于天际 努力生活着 生命的创作者 《阿托恩的赞歌》

我喜欢我们的身躯恢复年轻 拥抱那清澈的河 感受神圣而敬爱的河神希斯用手撩动我们的头发 与哈皮在风中欢乐相吻

vendredi 27 mars 2009

Le NIL

LE NIL

A Sherif Mahmoud El Hakim

« Tu apparais dans la perfection de ta beauté
Dans l'horizon du ciel,
Disque vivant, Créateur de Vie… »

Grand Hymne à Aton

Nous aimions plonger nos corps d’adolescent
Dans la fraîcheur divine du Fleuve aimé des dieux,
Sentir la main d’Isis posée sur nos cheveux
Et rire avec Hâpy sous les baisers du vent !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 27 mars 2009

Je dédie ce poème au poète égyptien Sherif Mahmoud El Hakim.

Glose :

Nil : le mot Nil vient du grec Neilos / Νεϊλος, signifiant la « vallée de la rivière ». Les Égyptiens anciens l'appelaient iteru, ce qui signifie « la grande rivière ».

Le Nil, avec une longueur d'environ 6 650 km, est le plus long fleuve du monde, le second étant l'Amazone (6 400 km). Il est issu de la rencontre du Nil Blanc et du Nil Bleu. Le Nil blanc (Bahr-el-Abiad) prend sa source au lac Victoria (Ouganda, Kenya, Tanzanie) ; le Nil bleu (Bahr-el-Azrak) est issu du lac Tana (Éthiopie). Ses deux branches s'unissent à Khartoum, capitale du Soudan actuel. Le Nil se jette dans la Méditerranée en formant un delta au nord de l'Égypte. En comptant ses deux branches, le Nil traverse le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie, l'Ouganda, l'Éthiopie, le Soudan et l'Égypte. Il longe également le Kenya et la République démocratique du Congo (respectivement avec les lacs Victoria et Albert), et son bassin concerne aussi l'Érythrée grâce à son affluent le Tekeze.

Hâpy (Hapi): personnification de la crue du Nil. Ce dieu antique est responsable de la fertilité et de l’abondance de la terre et le garant de toute vie. Selon la mythologie, Hâpy vivait non loin de l’île Éléphantine dans une caverne d'où jaillissaient les eaux du Nil. Une autre « caverne de Hâpy », située au Nord de Memphis, alimentait les eaux du Delta.

Ne pas confondre avec le dieu Hâpi, représenté sur les canopes (vases) destinés à protéger les organes des morts. Sa représentation sur ces derniers est une tête de babouin. Lieu de culte : la ville de Bouto. Bouto est le nom de l'actuelle Tell el-Farâûn (La colline des Pharaons). Ouadjet (ou Ouadjyt) était la déesse tutélaire protectrice de Bouto et de sa région.

Les principales divinités d’Egypte sont : Amémet, Amon, Amset, Anubis, Anuket, Apis, Apophis, Aton, Atoum, Bastet, Bès, Douamoutef, Geb, Hâpi, Hâpy (dieu du Nil), Harsaphes, Hathor, Horus, Imhotep, Isis, Sérapis, Khnoum, Khonsou, Maât, Min, Montou ou Monthou, Mout, Neith ou Neit, Nekhbet ou Nekheb, Nephtys, Nout, Osiris, Ptah, Qebehsenouf ou Kébehsénouf, Rê ou Râ, Satet ou Satis, Sekhmet, Selket ou Selkis, Seth, Shou ou Chou, Sobek, Tefnout, Thôt, Thouéris.

La littérature de l’Egypte ancienne est composée essentiellement de texte religieux : hymnes, prières, dédicaces. Je me permets de citer ici le :

Petit Hymne à Aton

Salut à toi, Rê parfait qui irradie dès l'aube. Tes rayons sont dans les visages, mais on ne peut les percevoir. L'or fin, lui-même, ne peut être comparé à ta lumière. Constructeur, tu as forgé ton corps dans l'or. Tailleur qui t'es taillé toi-même, ô sculpteur qui n'a jamais été sculpté. Ô l'unique sans pareil qui traverse le temps éternel dominant les millions de chemins placés sous ta conduite.

Quand tu traverses le ciel chacun peut te voir, mais tu chemines aussi caché pour leurs regards. Dès l'aube de chaque jour tu te manifestes, et la navigation est prospère, conduite par Ta Majesté. En une courte journée, tu parcours un chemin long de dizaines de millions de lieues ; mais chaque jour pour toi dure le temps d'un instant. Lorsque tu te couches, tu achèves pareillement les heures de fa nuit. Tu poursuis cette course, sans apporter de trêve à tes efforts.
Tous les yeux voient grâce à toi, mais ne pensent plus le faire lorsque Ta Majesté est couchée. Tu fais se lever le monde lorsque l'aube étincelle. Mais, lorsque tu te couches dans l'horizon, le monde s'endort comme s'il était mort.

Salut à toi, Aton du jour, qui as créé les humains et qui les as fait vivre, grand faucon aux plumes bigarrées, qui est venu à l'existence en s'élevant lui-même, apparu seul sans avoir été mis au monde, Horus l'aîné, qui est au coeur de Nout la Céleste, à qui l'on prodigue les cris d'allégresse quand il se lève comme lorsqu'il se couche, forgeron des produits de la terre.

Amon des hommes, qui conquiert les Deux Terres du plus grand au plus petit, mère bienfaisante des dieux et des humains, artisan patient, qui connaît la fatigue tandis qu'il les façonne en nombre sans limites, berger vaillant, protégeant son troupeau, l'asile qui lui permet de vivre.
Courant, se hâtant, se pressant, tu es Khepri, à la naissance illustre, élevant ta beauté dans le corps de Nout la Céleste, Tu es celui qui, chaque jour, atteint l'extrémité des terres, tandis que le regardent ceux qui marchent sur elles, éclairant dans le ciel les devenirs du jour.

Tu composes les saisons avec les mois, tu tisses à ton gré la chaleur, à ton gré la fraîcheur. Tu permets que les corps se délassent, en les embrassant. La terre tout entière s'agite, joyeusement, pour ton lever quotidien et te vénère.

mardi 24 mars 2009

COLCHIDE

COLCHIDE

(φαντασία)

A Jérôme Verstraete

« И соловей весну встречая… »
(« Et un rossignol accueillant le printemps… »)

A. Maltchaninov

Nous vivions, mon Prince, dans la splendide Colchide,
Vous, beau comme le ciel quand l’aube éclaire sa face,
Moi, enfant abkhaze, heureux, léger, fugace,
Berger des étoiles, ami des sources limpides !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, ce mardi 24 mars, Anno Domini MMIX

Le vers que je cite en exergue fait partie d’une célèbre romance cosaque dont les paroles ont été écrites en 1838 par un officier de la marine russe A. Maltchaninov, lors des guerres caucasiennes, sur le navire amiral « Selistria ». A. Maltchaninov fut tué lors d’un débarquement en Abkhazie. La musique, écrite en 1840, est de Nicolaï Devitté.

Glose :

Φαντασία : mot grec - fantaisie, faculté imaginative.

Colchide : dans la géographie antique Colchis ou Kolchis (en grec ancien Κολχίς). Royaume qui se situait dans la côte orientale du Pont-Euxin (mer Noire) sur le territoire actuel de l’Iméréthie ou Imérétie. L'Iméréthie historique comprenait dans sa plus grande extension les régions actuelles suivantes: Iméréthie, Abkhazie, Gourie, Adjarie, Samegrelo-Zemo-Syanétie (Mingrélie et Haute Syanétie), Racha-Lechkumi et Kveno Svanétie. Le terme Colchique est utilisé pour désigner le territoire de l'ensemble des anciennes tribus qui vivaient dans ces contrées.

Selon la mythologie grecque, la Colchide était le royaume d’Aétès et de Médée et la destination des Argonautes, ou encore le pays des Amazones.

Abkhazie : Etat située entre les montagnes du Caucase et le bord de la mer Noire, frontalier de la Georgie et de la Russie. Le pays a déclaré son indépendance de la Géorgie en 1992[1]. L'Abkhazie a une superficie de 8 600 km2 et une population de 260 000 personnes. Parmi la communauté des États, seuls le Nicaragua et la Fédération de Russie ont reconnu l'indépendance de l'Abkhazie. La Géorgie continue de considérer l’Abkhazie comme une de ses provinces bien qu'elle n'y exerce plus aucun contrôle depuis 1992.

Exergue (n.m.) : du latin exergum, « espace hors d’œuvre », du grec ancien ex / ἔξ, « hors », et ergon / ἔργον, « œuvre ». Citation placée hors-texte, en début d'ouvrage.

dimanche 22 mars 2009

XOPOBE (LES CHOEURS) -en bulgare

Mon ami, le grand poète bulgare Radko Radkob m'a dédié ce magnifique poème:

XOPOBE

На Атанас Ванчев дьо Траси

Хорове се чуват от морето!
Белите звезди ли са запели,
или духове в одежди бели
се докосват леко, неусетно
до водата - и нощта запява,
катедрално чиста и висока?
По морето ходи среброока
някаква жена с лице познато.
Нощното небе я придружава
и вълната се превраща в злато
от струяща светлина в напева
на води, звезди и серафими.
Сушата приглася...

Майко Дево,
непорочна Майко, помогни ми
в тая звездна болка да долавям
звуците, родени от Безкрая!...
Като псалмопевеца се кая
над праха на чувства незарасли.
Но на този земен бряг оставам -
в мириса на сол и водоралсли -
с ангелските мечове в сърцето.
Хорове долитат от морето.

Radko Radkov

jeudi 19 mars 2009

ANGKOR VAT

ANGKOR WAT

A Darell

« Les âmes se rencontrent sur les lèvres des amants"

Percy Bysshe Shelley

Le haut silence des temples, le feu des lampadaires,
Et ce parfum de cire, l’éclat des nénuphars,
Nos âmes flottant dans l’or tangible du soir,
Touchées par la sublime clarté des dieux solaires !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 19 mars 2009

Glose :

Angkor : ce terme est la forme khmère du sanskrit nagara, « résidence royale ». Site monumental et archéologique du Cambodge au Nord-Ouest de Tonle Sap. S’étendant sur 300 km², le site a accueilli les capitales successives des rois khmers du IXe au XVe siècle. De ces villes aux habitations de bois ne subsistent que des temples en grès ou en latérite (roche rougeâtre des régions tropicales), les murailles et les portes d’Angkor Thom, des bassins gigantesques (baray) à fonction à la fois rituelle et économique (irrigation, transport), des douves (fossés d’eau), des chaussées. De plan rectangulaire, la capitale comportait toujours en son centre un « temple-montagne ». Les principaux temples d’Angkor sont le Phnom Bakhèng (vers 907) ; Pré Rup (961) ; Ta Keo ((début du XIe siècle) ; Angkor Wat (la « ville-temple »), le plus grand et le plus harmonieux, édifié par Sûryavarman II dans la première moitié du XIIe siècle en l’honneur de Vishnou (ce temple est considéré comme la huitième merveille du monde tant il est imposant et tant sa beauté est somptueuse); le Bayon (fin du XIIe siècle). Ce dernier est le temple central d’Angkor Thom (« la grande ville », 3 km de côté) bâti par Jayavarman VII. Abandonnée comme capitale après l’occupation siamoise, Angkor fut révélée au monde à partir de 1860 et rénovée par l’Ecole française d’Extrême Orient à partir de 1898. Laissée sans soins depuis 1972 et souvent pillée, elle nécessite d’important travaux, à peine commencés grâce aux aides étrangères.

Angkor Vat est le seul temple à être resté un important centre religieux depuis sa fondation, premièrement hindou et dédié à Vishnou, puis bouddhiste. Le temple est le symbole du style classique de l’architecture khmère. Il est devenu le symbole du Cambodge, figurant sur son drapeau national.

Angkor Vat combine deux bases de l'architecture khmère pour les temples : le côté temple- montagne et le côté temple à galeries. Il est conçu pour représenter le mont Meru, la maison des dieux dans la mythologie hindoue. À l'intérieur d'une douve et d'un mur externe de 3,6 km de longueur se trouvent trois galeries rectangulaires, chacune construite l'une au-dessus de l'autre. Au centre du temple se dressent des tours en quinconce. Contrairement à la plupart des temples d’Angkor, Angkor Vat est orientée vers l’ouest, probablement parce qu'il était consacré à Vishnou.
Le temple est admiré pour la grandeur et l'harmonie de son architecture et ses nombreux bas-reliefs sculptés qui ornent ses murs.

Percy Bysshe Shelley (1792-1822) : sans conteste l'un des plus grands poètes romantiques britanniques. Si les anthologies reprennent surtout Ozymandias, Ode to the West Wind, To a Skylark et The Masque of Anarchy, ses œuvres les plus importantes sont de longs poèmes visionnaires tels que Alastor, or The Spirit of Solitude, Adonaïs, Prometheus Unbound et son poème inachevé The Triumph of Life.

Sa vie, hors des conventions sociales, son idéalisme farouche et sa voix passionnée l’ont rendu à la fois célèbre et haï des ses contemporains qui voyaient en lui le diable. Mais les deux ou trois générations suivantes en firent leur idole, que ce soient les principaux poètes victoriens Robert Browning, Alfred Tennyson, Dante Gabriel Rossetti ou Algernon Charles Swinburne, ou plus tard William Butler Yeats et George Bernard Show.

Sa célébrité est aussi associée à celle de ses contemporains John Keats et Lord Byron qui, comme lui, moururent en pleine jeunesse, ainsi qu’à la femme qu’il épousa en secondes noces, la romancière Mary Shelley, auteur de Frankenstein, dont il préfaça l’édition de 1818.

LALIBELA (en anglais)

Mon ami, le grand poète anglais, Norton Hodges, a traduit mon poème "Lalibela". Merci, Norton!

Lalibela

for Kevin

'Adore what thou hast burned and burn what thou hast adored.'

Gregory of Tours

Imagine, my Prince, you and I,
in High Ethiopia,
in the Church of Saint George,
in the holy city of Lalibela,
kneeling before the icon of Christ,
praying eternity to unite in a poem
our hearts and our voices.

translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges

ECO DE LALIBELA POR LOS OJOS DE VANTCHEV

Le grand poète péruvien Feliciano Mejia a écrit ce poème en réponse mon poème "Lalibela". Qu'il en soit remercié!



ECO DE LALIBELA POR LOS OJOS DE VANTCHEV

Agónicas tijeras de gritos de irritados cormoranes
sajan el cielo añil sin una nube
salobre sobre el mar Pacífico.

Crispado de vigilia, por tu palabra azul,
toco la mica del aire enrarecido:
silba, tiroriro de vidrio, en las agujetas de las once iglesias
de roca en la roca de Lasta
donde nunca estaré.

Athanase, Athanase,
no puedes tú mirar mi sombra cribada,
aherrojada
en las callejas y templos vacíos de Chan-Chán
donde el barro enmudece en sus cenefas
con un temblor de fuego y de salitre.

Cerca, circuida de ébano, de ónix y ajorcas de oro,
duerme, milenaria, la Dama de Cao
tatuada de añil:
Desde el tímpano del tiempo dice que la vida sigue
en el rumiar de vainas de algarrobo de un anciano pollino,
en el rebote, mazorcas de maíz, de las risas
de los niños de piel de chancaca,
en la calamina del reverbero de la calor del desierto,
y en el mugir de los motores de los carros
que se van por la autopista de aceite
para nunca volver…


Feliciano Mejía
Lima, Perú, 18.III.09

mercredi 18 mars 2009

LALIBELA

LALIBELA

A Kevin

« Adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré. »

Saint Grégoire de Tours

La Haute Ethiopie, l’exquise Lalibela,
L’église Saint-Georges, mon Prince, nous deux, agenouillés
Devant l’icône du Christ, priant l’éternité
D’unir dans un poème nos cœurs et nos voix !

Athanase Vantchev de Thracy

Lalibela : cité monastique située à 2630 mètres d'altitude sur le flanc sud-ouest des monts de l'ancienne province du Lasta, dans l'actuelle région Amhara en Ethiopie. Ville sainte des chrétiens orthodoxe d'Éthiopie, elle reste célèbre pour ses onze églises monolithes médiévales taillées et creusées à même le roc, dont la plus célèbre, Saint-Georges, date de huit siècles.

La cité fut appelée d’abord Roha lors de sa fondation par la dynastie Zagoué qui avait choisi de faire de cette ville sa résidence et la capitale de l'Empire. Le nom de la ville vient du roi Gebra Maskal Lalibela (1172-1212), canonisé par l’Eglise éthiopienne, qui fit construire de nombreux couvents et églises, après s'être converti au christianisme.

La ville sainte de Lalibela est née d’un songe. C’est peut-être de là qu’elle tient cette grâce aérienne, ce supplément d’âme que l’on ne peut s’empêcher de ressentir en la contemplant. Le roi Lalibela, raconte la légende, était né à Roha, l’ancienne appellation du bourg de 10 000 habitants qui porte aujourd’hui son nom, à quelque 700 kilomètres au nord de la capitale actuelle, Addis Abeba. A sa naissance, les abeilles entourèrent son berceau. D’où son nom Lalibela, qui signifie « les abeilles savent qu’il sera grand ». Durant son enfance, le trône d’Ethiopie était occupé par son frère qui, de crainte que l’oracle ne se réalisât, tenta de l’empoisonner. Lalibela resta trois jours dans le coma. Dieu le fit monter au ciel et lui ordonna de construire des églises faites d’une seule pierre. C’est ainsi qu’au début du XIIIe siècle, alors que les chrétiens se désespéraient de voir Jérusalem tomber aux mains des musulmans, il monta sur le trône et fit excaver 11 églises monolithes dans le tuf rose.

Saint Grégoire de Tours (539-594) : Georgius Florentius Gregorius (Georges Florent Grégoire), naquit à Riom près de Clermont et mourut à Tours, ville dont il fut l’évêque. Il est l’un des plus grands historiens de l’Eglise, des Francs et de l’Auvergne.

Il est issu, par son père Florent (Florentius), d'une famille aristocratique arverne : son père et son grand-père Georgius avaient été sénateurs, et son oncle Gallus ou Gall, évêque de Clermont (auj. Clermont-Ferrand). Par sa mère il était apparenté aux évêques de Lyon Sacerdos et Nizier d’une part, et aux évêques de Langres Gregorius et Tetricus d’autre part.

Son père mourut jeune. Élevé par sa mère près de Cavaillon, puis successivement par son oncle Gallus (mort en 551) et par l'archidiacre Avit à Clermont, Grégoire acheva son éducation auprès de son oncle Nizier, à Lyon, où il fut envoyé en 563. Durant sa jeunesse, il fut sujet à divers maux : un pèlerinage sur le tombeau de saint Martin à Tours (en 562 ou 563) le guérit de l'un d'entre eux.

Peu après, il fut ordonné diacre et résida à la basilique Saint-Julien, à Brioude. Il y vécut jusqu'à son élection comme évêque de Tours, en 573, probablement à l'instigation de la reine Brunehilde et du roi d’Austrasie, Sigebert Ier.

Une Vie de Saint Grégoire a été rédigée au Xe siècle par l'abbé Odon de Cuny.

mardi 17 mars 2009

L'EGLISE SAINT-MINA

L’EGLISE SAINT-MINA

« Tu es la Pierre plus précieuse que l'or et l'argent, toi, le Combattant fort, Abba Mina »

Prière copte adressée à saint Mina

I.

Je reviens à toi, ma modeste, ma pauvre église,
Je reviens à toi après trois étés et sept soupirs !

Aujourd’hui, je veux célébrer dans tes murs mes morts,
Prier et perpétrer leur souvenir !

Je veux inscrire leurs noms aimés dans mon sang,
Je veux peindre dans l’oasis de mon cœur leur image,
Comme sur des minces planchettes de bois de figuier,
Les gens de Fayoum peignaient leurs défunts.

Ô mort qui pénètre dans le corps momifié
De bandelette en bandelette !

II.

La robe fine du jour flotte autour de toi
Comme les songes des amoureux au mois de mai,
Comme l’ensorcelant parfum d’un blanc bouquet de muguets.
Tu m’invites, ma pauvre église,
Tu me convies
A l’invisible, au splendide banquet
Des martyrs et des saints
Avec des mots liquides comme les larmes
D’un cœur innocent.

III.

Tu montres ton âme à mon âme
Avec cette indicible nostalgie
Que fait naître dans la poitrine d’un enfant
Le chant soudain d’un clocher solitaire
Oublié au milieu de la campagne.

Pudique, tu me souris, enfin,
Et voici que le temps entier devient
Splendeur,
Eclosion,
Fulgurance,
Déflagration !

Ô ma pauvre église, si chère à ma mémoire,
Ma jeunesse est déjà un pays trop lointain !

Ô mon église abandonnée,
Mon Didascalée adoré,
Mon culte liturgique,
Mon sculpteur d’espérance,
Ma dévotion profonde et intime !

Ô temps de ma parfaite déférence,
Île taciturne de mon urgence morale !

Athanase Vantchev de Thracy

Saint-Germain-en-Laye, ce lundi 16 mars, Anno Domini MMIX

Il y a, dans le minuscule hameau de Vassilissité, situé à quelque 70 km à l’Est de Sofia, en Bulgarie, une toute petite église blanche dédiée au saint thaumaturge Mina. Mes amis d’enfance, Yanko Yanev et son épouse Dora, ont leur modeste résidence d’été juste au-dessous de cette église. Je ne sais pas pourquoi ce modeste lieu de prière est devenu si cher à mon cœur.

Glose :

Saint Mina ou Minas, Ména ou Ménas (IIIe s. ap. J.-C.) : ascète et martyr copte. Son nom est plutôt Mina puisqu’en langue copte Mina signifie Amen.

Saint Mina est l’un des plus célèbres martyrs de l’Eglise orthodoxe. Depuis des siècles, il jouit d’une immense popularité. Du jour où les restes de cet enfant d'Egypte furent ramenés dans sa patrie, son culte prit des proportions extraordinaires. Mina était né dans la seconde moitié du IIIe siècle à Nikiou (aujourd'hui Menouf, en Basse-Egypte) de parents chrétiens. Il s'engagea de bonne heure dans la milice romaine et prit rang dans la Légion Rutilienne. Il conserva au milieu de ses compagnons d'armes toute la splendeur de sa foi et la volonté de sa vertu. Après quelques années de service en Egypte, il suivit à Cotyée, petite ville de la Phrygie (ancien royaume, aujourd’hui région de Turquie), le détachement auquel il appartenait.

Mina ne modifia en rien les pieuses pratiques de sa vie journalière, jusqu'au jour où l'édit des nouveaux maîtres du monde, Dioclétien et Maximien, persécuteurs des chrétiens, reçut lecture publique sur la place de la ville. Mina profita de cette occasion pour exécuter le projet caressé depuis longtemps de se retirer en ermite dans le désert. Après cinq années d'absence, le jeune homme, à l'inspiration de la grâce divine, se décida à frapper un grand coup. Il quitta sa retraite éloignée et entra à Cotyée un jour de grande fête. Alors que tout le peuple était assemblé dans l'amphithéâtre, il s'avança dans l'arène entre deux tournois et se mit à crier ce verset du prophète:

"J'ai été découvert par ceux qui ne me cherchaient pas, et j'ai été manifesté à ceux qui ne me réclamaient nullement ".

Le préfet Pirrus se fit amener l'inconnu et, après un long interrogatoire, mit à la torture le courageux confesseur de la foi. Finalement, il fut décapité. Son corps fut rapporté en Egypte lorsque la légion située à Cotyée reprit le chemin de la mère patrie pour gagner la Cyrénaïque (auj. en Libye) où elle avait été transférée.

Une des plus belles icônes coptes présente saint Mina à côté de Jésus. Le Christ enserre l’épaule du jeune homme de son bras et semble heureux d’avoir pour disciple une telle personne. De nombreux miracles survinrent sur la tombe du saint.

L'empereur de Constantinople vit là l’occasion d’édifier une église autour de laquelle se développa une ville. Le culte de Mina se répandit dans tout le Bassin méditerranéen aux Ve et VIe siècles : des églises lui furent dédiées à Rome, à Arles, à Cologne et dans plusieurs autres villes du monde chrétien. On venait d’Orient et d’Occident se recueillir sur sa tombe, et on emportait de l'eau ou de l'huile bénites dans de petites fioles de terre cuite appelées «ampoules ou eulogies de saint Mina». Au VIIe siècle, la conquête musulmane provoqua la ruine de ce haut lieu de pèlerinage. Ville et église disparurent. Dernièrement, sous l'impulsion du patriarche d'Alexandrie Cyrille VI (1902-1971), furent bâtis sur cet emplacement une nouvelle église et des bâtiments monastiques qui accueillent à nouveau de nombreux pèlerins venus du monde entier.

Ceux-ci aiment à réciter les louanges de Mina :

« Mina le Combattant, le Brave, le Fort, le Thaumaturge, le Béni, le Grand, le Martyr, leJuste, l'Ami de Dieu, le Chaste... »

Cette richesse de titres que déversent sur le saint les hymnes coptes reflète son rayonnement en Egypte et bien au-delà.

Une belle prière est dite par les pèlerins :

« Saint Ménas a entendu la voix divine,il a aussitôt abandonné le monde et ses gloires périssables,il s'est livré à la mort et son corps a été la proie des flammes ;il a accepté de terribles tortures à cause du Fils du Dieu vivant [...]Tu es la Pierre plus précieuse que l'or et l'argent, toi, le Combattant fort, Abba Mina [...]Nombreux sont les miracles que tu as accomplis en réponse à nos invocations.Tu es venu comme un médecin guérir nos maladies.Ton corps qui se trouve en Egypteest une source intarissable de prodiges et de merveilles. »

Coptes (n.m.pl.) : du grec aiguptos, « égyptien ». Chrétiens d’Egypte et d’Ethiopie. Monophysites, les coptes forment une église autonome depuis le concile de Calcédoine (451) et suivent le rite d’Alexandrie (liturgie bilingue arabe-copte). Leur patriarche réside au Caire. On compte aujourd’hui environ 7 millions de coptes égyptiens. Officiellement autonome (1959) par rapport à l’Eglise égyptienne, dont la conquête musulmane l’avait isolée des siècles durant, l’Eglise copte éthiopienne regroupe environ 14 millions de fidèles. On trouve également en Egypte 150 000 coptes catholiques, issus d’un mouvement de ralliement individuel à Rome entamé au XVIIIe siècle et couronné en 1895 par la création d’une hiérarchie. L’art copte, d’inspiration gréco-romaine et byzantine, se caractérise par des proportions originales et par la simplification des détails (églises et monastères ornés de bas-reliefs et de peinture murale, bronze, textile. Voir Fayoum.

Didascalée (n.m.) : célèbre école catéchistique chrétienne d’Alexandrie datant du IIe siècle. Cette école fut fondée par le philosophe stoïcien né en Sicile, saint Pantène. Son successeur et disciple fut saint Clément d’Alexandrie. L’école avait pour but de rendre compatible la philosophie grecque et l’Evangile. Elle forma un grand nombre de théologiens et de Pères de l’Eglise. L’école accueillit saint Grégoire le Thaumaturge, saint Grégoire de Naziance, Athénagore, saint Athanase d’Alexandrie, saint Cyrille d’Alexandrie, l’historien Rufin d’Aquilée, saint Jérôme, l’auteur de la Vulgate, saint Basile de Césarée, etc.

Déférence (n.f.) : respect, considération portée à quelqu’un, estime, égards.

dimanche 15 mars 2009

JAMES BOSCCO ANAMARIA (en anglais)

Merci, cher Norton, mon ami et immense poère, merci d'avoir traduit mon poème "Epigraphe sur la tombe du poète péruvien James Boscco Anamaria";


Inscription on the Tomb of the Peruvian Poet James Oscco Anamaría

'See how great is the mercy he has shown us'

Homily, Second Century

Traveller, this is the last resting place
of the just voice, the virtuous heart of Peru,
the magical songmaker
James Oscco Anamarìa.

Immortal now, he smiles at eternity
with eyes wide open,
his aquiline nose sculpted
by the mountain breezes,
his skin bronzed by the ocean swell.

Finally at peace,
today his soul can listen to
the Andean summer walking barefoot
in the meadows full of anemones!

He is alivein the air breathed by doves,
in the freedom that grows in secret on the lips
of the martyred peoples of the Americas!

Triumphant,
he is the pure poem
that divine Time will never cease to write
on the eyes of children!

And his love?
It endures in every tiny shiver of light
with which morning wraps the words
Freedom and Justice,
in every atom of the universe
that journeys to the heart of human dreams!

Arise, beloved Friend, come tonight
with your soul of snow,
your face covered in cyclamens
and soothe the feverish tenderness
of the immense breast of Peru!

Ah, my friend, a poet
speaks of light and air
and carries the weight of the earth!

I dedicate this poem to my brother, the brilliant poet, the man who loved the people of Peru to the point of death, the apostle of the poor savagely tortured and murdered by a bloodthirsty government! He left traces of his evangelical purity on the face of the times that pass with a firm step through the streets, the squares, the churches, the fields, the ports, the mines of a country he wanted to be innocent of all injustice.

Translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges
March 2009

vendredi 13 mars 2009

PLUS HAUT QUE LA HAUTEUR

PLUS HAUT QUE LA HAUTEUR

A Jocelyne

« Moi je t'ai vue ; mais cela suffit … »

Sœur Juana Inés de la Cruz


Ô mon amour,
Tu es la colline élancée,
La cime de la montagne rose,
Où fleurit la gracieuse églantine,
La source verdoyante
Où, souriante, l’aurore aux pieds de verveines
Pose l’aimable légèreté de son corps.

Ô mon amour,
Tu es la hauteur plus haute que la hauteur,
Le ciel au-dessus de tous les cieux!

Petite fée blanche,
Dryade duveteuse de neige bleue,
Sylphide de pins sauvage,
Naïade de jeunes perce-neige !

Ô, mon amour,
Tu es le blanc délire des bouleaux,
Le feu félin des maisons rouges
De la lande,
Le poème orange
Qui chante dans la gorge réséda
Des oiseaux.

Tu es, ô mon amour,
La perle rose d’un mot vif que l’on tait,
La note de soleil égarée dans les menthes du soir!

Petite fée blanche,
Dryade duveteuse de neige bleue,
Sylphide de pins sauvage,
Naïade de jeunes perce-neige !


Ô mon enfant,
Rêve doux, songe violent comme la vie,
Temps sonore qui s’enroule dans mes strophes,
Loi éternelle, lumière immuable
Des choses toujours simples et vraies !

Petite fée blanche,
Dryade duveteuse de neige bleue,
Sylphide de pins sauvage,
Naïade de jeunes perce-neige !


Tu es
La clarté immédiate,
Pleine et entière
De ce que je suis!

Toi, enchaînement irréfragable
De la pensée,
Promontoire de la langue
D’où voyelles et consonnes
Se jettent dans la mer
Du poème !

Tu es la vague qui embrasse le rocher,
La respiration haletante du printemps,
L’étroit sentier de l’oreille
Qui mène droit au livre du cœur !

Petite fée blanche,
Dryade duveteuse de neige bleue,
Sylphide de pins sauvage,
Naïade de jeunes perce-neige !


Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 12 mars 2009

Glose :

Jocelyne : prénom. Féminin du prénom Jocelyn. Du celtique Gos, « « Dieu » et ing, « fils ». Fils de Dieu.

Sœur Juana Inés de la Cruz (1651-1695) : l’une des poétesse les plus renommées de la langue castillane. Juana Inés María del Carmen Martínez de Zaragoza Gaxiola de Asbaje y Ramírez de Santillana Odonoju naquit dans une petite communauté rurale du Mexique, San Miguel Nepantla. Elle était la fille présumée d'un aventurier d'origine basque, Pedro de Asbaje, qui n'a jamais reconnu sa paternité, et d'Isabel Ramírez, propriétaire terrienne qui resta célibataire toute sa vie.

Jeune prodige, Juana Inés affirmera plus tard dans son autobiographie qu'elle aavait appris à lire dès l'âge de trois ans. Lorsque sa mère la prévint que les femmes n'avaient pas le droit d'étudier à l'université, elle fit part de son projet de se déguiser en homme pour accéder au plus haut degré de savoir. Enfant, elle dévorait tous les ouvrages qui tombaient sous sa main et se plaisait à écrire de la poésie. Elle rédigea sa première œuvre littéraire connue vers l'âge de sept ans. En 1660, elle quitta la campagne pour Mexico, où elle fut rapidement introduite dans les cercles des familles importantes de la colonie.

En 1662, Juana de Asbaje devint dame de compagnie de la vice-reine du Mexique, la Marquise de Mancera. Elle composa non seulement de la poésie, mais également des pièces de théâtre et des cantiques destinés à être chantés dans les églises. Juana était jolie, pourtant elle refusa le mariage. Elle espérait trouver dans la solitude d'un monastère le temps et le recul nécessaires pour mener une vie consacrée aux arts et aux sciences. Malgré son retrait du monde, elle continua de susciter l'admiration de ses contemporains. Deux de ses œuvres poétiques ont été traduits en français : Poèmes d'amour et de discrétion, La Délirante, 1987 ; Le Divin Narcisse, Gallimard, 1987.

mercredi 11 mars 2009

JAMES OSCCO ANAMARIA

Le grand poète péruvien Feliciano Mejia a eu la gentillesse de traduire mon poème "Epigraphe sur la tombe du poète péruvien James Oscco Anamarua" en espagnol. Je le remercie de tout mon coeur.



EPÍGRAFE SOBRE LA TUMBA DEL POETA PERUANO
JAMES OSCCO ANAMARÍA

« Eh aquí, qué grande misericordia hubo para nosotros »

Homilía del 2do. Siglo

Viajante,
acá reposa
la justa voz, el corazón enhiesto del Perú,
el chantre mágico
James Oscco Anamaría.

Inmortal, sonríe ahora en la eternidad,
abiertos sus ojos grandes,
esculpida su nariz aquilinapor las brisas de las montañas,
empalidecida su piel por las olas del océano.

Imperturbable:
su alma escucha en este momento
al verano andino caminar con los pies desnudos
en las praderas repletadas de anémonas !

Viviviente:
él es el aire que respiran las palomas,
es la libertad que nace en secreto en los labios
de los pueblos mártires de América!

Victorioso:
él es el poema puro
que los tiempos divinos no cesarán de escribir
en las pupilas de los niños !

¿Su amor ?:
Él está en cada tiritar de la luz de la madrugadaque
envuelve las palabras
Libertad y Justicia,
en cada átomo del universo
que viaja en el corazón de los sueños del Hombre !

Levánte, amado Amigo, ven este atardecer
y posa tu alma de nieve,
tu rostro recubierto de corolas púrpura
en la ternura afiebrada
del imenso pecho del Perú !

Oh, mi amigo,
cuán pesado es decirte
las cosas ligeras !

Traducción: Feliciano Mejía
Lima, 11 de marzo de 2009.

mardi 10 mars 2009

JAMES OSCCO ANAMARIA

ÉPIGRAPHE SUR LA TOMBE DU POÈTE PÉRUVIEN
JAMES OSCCO ANAMARÍA


« Voici quelle grande miséricorde il a eue envers nous »

Homélie du IIe siècle

Voyageur,
Ici repose
La voix juste, le cœur droit du Pérou,
Le chantre magique
James Oscco Anamaría.

Immortel, il sourit à présent à l’éternité,
Ses yeux grand ouverts,
Son nez aquilin sculpté
Par les brises des montagnes,
Sa peau hâlée par les houles de l’océan.

Apaisée,
Son âme écoute aujourd’hui
L’été andin marcher pieds nus
Dans les prairies pleines d’anémones !

Vivant,
Il est l’air que respirent les colombes,
La liberté qui pousse en secret sur les lèvres
Des peuples martyrs d’Amérique !

Victorieux,
Il est le poème pur
Que le temps divin ne cessera d’écrire
Sur les prunelles des enfants !

Son amour ?
Il est dans chaque petit frisson de lumière
Dont le matin enveloppe les mots
Liberté et Justice,
Dans chaque atome de l’univers
Qui voyage au cœur des rêves humains !

Lève-toi, Ami aimé, viens ce soir
Poser ton âme de neige,
Ta face recouvertes de cyclamens
Sur la fiévreuse tendresse
De l’immense poitrine du Pérou!

Ah, mon ami,
Si lourdes sont à dire
Les choses légères !

Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 10 mars 2009

Je dédie ce poème à mon frère, au brillant poète, à l’homme qui a aimé jusqu’à mourir le peuple fier du Pérou, à l’apôtre des pauvres sauvagement torturé et assassiné par un gouvernement sanguinaire! Il a laissé des traces de sa pureté évangélique sur le visage du temps qui passe d’un pas ferme dans les rues, les places, les églises, les champs, les ports, les mines d’un pays qu’il a voulu vierge de toute injustice.

Glose :

James Oscco Anamaría (1970 - 2005) : poète et universitaire péruvien né à Calcauso, district de Mollebamba, province d’Antebamba, département d’Apurímac. James fit de brillantes études de lettres à l’Université Technologiques des Andes. Arrêté, il fut assassiné après d’abominables tortures. Les autorités péruviennes essayèrent de présenter sa mort comme un suicide. La disparition de cette grande voix de la Justice fut pleurée par tout le peuple péruvien et par des milliers d’hommes justes du monde entier.

Homélie (nf.) : du latin ecclésiastique homilia, lui-même du grec ‘ομιλία, commentaire prononcé par le prêtre ou le diacre lors de la messe. L'homélie consiste, en suivant le développement de l'année liturgique, à expliquer à partir du texte sacré les mystères de la foi et les normes de la vie chrétienne. Elle est fortement recommandée comme faisant partie de la liturgie elle-même ; bien plus, aux messes célébrées avec le concours du peuple les dimanches et jours de fête, on ne l'omettra que pour un motif grave.

Anémone (n.f.) : du grec ’ανεμώνη. Plante herbacée (Renonculacées) à fleurs sans corolles de couleurs vives.

Cyclamen (n.m.) : du grec κυκλάινος. Plante de la famille des Primulacées à fleurs roses, pourpres, blanches ou mauves très décoratives.

jeudi 5 mars 2009

Trois petits poèmes d'amour

TROIS PETITS POEMES D’AMOUR

« Le monde est né de l'amour, il est soutenu par l'amour,
il va vers l'amour et il entre dans l'amour. »

Saint François de Sales

I.

OUVRE-MOI TA PORTE

- Ouvre-moi ta porte, mon amour,
Je te prie !

- Que veux-tu, étranger ?

- Rien, mon amour,
Je viens t’offrir, mon cœur,
Un poème,
Et des fleurs,
Des petites fleurs bleues
Des champs !


- Je ne comprends pas, étranger !

- C’est ce que nous ne comprenons pas,
Mon amour,
Qui est le plus beau !

- Comment ça, étranger ?

- Toutes ces choses qui bougent, vibrent
Et rient dans l’air,
Mon amour,
Et que nous ne voyons pas !

II.

Mon amour,
Les rêves de bonheur
Sont inaccessibles
A ceux qui,
Fuyant le doux fleuve de l’innocence,
Ont cessé d’être enfants !

Mon amour,
Toi qui vis toujours
Au bord de l’eau transparente,
Tu peux entendre la voix du matin
Et serrer contre ton cœur
Le visage naissant de l’aube !

III.

En toi, mon amour,
Et à travers toi,
J’aime le jour qui se lève
Et la tendresse qui déborde
De chaque corolle !

En toi, mon amour
Et à travers toi,
J’aime tout ce qui
Sur cette Terre
Vit et respire !

Athanase Vantchev de Thracy

Saint-Germain-en-Laye, le 5 mars 2009

Glose :

Saint François de Sales (1567-1622) : saint et docteur de l’Eglise catholique. Il naquit au château de Sales près de Thorens-Glières, ville du duché de Savoie, aujourd’hui commune du département de Haute-Savoie. Issu d’une famille aristocratique, il choisit le chemin de la foi et devint l'un des théologiens les plus considérés au sein du christianisme. Ce grand prêcheur accéda au siège d’évêque de Genève. Il fonda l’ordre religieux de la Visitation.

Il exerça une influence marquante au sein de la religion mais également sur les détenteurs du pouvoir temporel que furent, entre autres, le roi de France ou le duc de Savoie. Consacrant sa vie à Dieu, il renonça à tous ses titres de noblesse. Homme d’écriture, il laissa une somme importante d’ouvrages, témoignage de sa vision de la vie. Il est considéré par l’Église catholique comme étant le saint patron des journalistes et des écrivains, et cela en raison de son usage précoce du progrès que constituait l’avènement de l'imprimerie. Ses publications imprimées comptent parmi les tout premiers journaux catholiques au monde.

dimanche 1 mars 2009

What we need - Jo McDougall

J'ai traduit le charmant poème du poète américain Jo McDougall. J'ai le plaisir de le publier sur ce site.

I translated the beautiful poem of American poet Jo McDougall. I have the pleasure to publish it in this bolg.

What We Need

It is just as well we do not see,
in the shadows behind the hasty tent
of the Allen Brothers Greatest Show,
Lola the Lion Tamer and the Great Valdini
in Nikes and jeans
sharing a tired cigarette
before she girds her wrists with glistening amulets
and snaps the tigers into rage,
before he adjusts the glimmering cummerbund
and makes from air
the white and trembling doves, the pair.

Jo McDougall


CE DE QUOI NOUS AVONS BESOIN

C’est exactement comme si nous ne voyons pas
Dans l’ombre derrière la tente
Du Grand Spectacle d'Allen Brothers dressée à la hâte
Lola la dompteuse de lions et le grand Valdini
En baskets et jeans
Partageant une cigarette triturée
Avant qu’elle n’entoure ses poignets
D’amulettes scintillantes
Et ne mette les tigres en rage,
Avant que lui n’ajuste sa ceinture miroitante
Et ne fasse jaillir de l’air
Une paire de colombes toute blanches
Et toutes frémissantes !

Jo McDougall

Traduit en français par Athanase Vantchev de Thracy
Translated into French by Athanase Vantchev de Thracy

www.poetrypoem.com/athanase