vendredi 22 juin 2012

CONFITEOR TIBI DOMINE


CONFITEOR TIBI DOMINE

A Michel-Richard Delalande

I.

Ô mon Dieu, il n’y aura de paix
Qu’une fois dites les intimes prières pour les morts !
Un fois les invocations jaillies de mon âme, mon Dieu,
Entrées dans le cœur des fleurs
Et descendues jusqu’au secret de leurs chaudes racines,

Une fois, mon Dieu, que mes pleurs auront arrosé
Les nids des noms aimés bâtis sous les syllabes du vent,
Là où dans les intervalles qui les séparent
Poussent des arbres
D’une beauté fascinante !

Ô prières toutes
De rosée !

II.

Ô mon Dieu, il n’y aura de paix
Qu’une fois mon cœur prostré
Sur les dalles moussues de miens !

III.

Venez, ombres suaves,
Déshabillez l’eau fraîche,
Déposez les bouquets de mes nostalgies
Sur sa poitrine endormie.

Mon amour, fais-toi printemps
Pour que dans les traces de la vie des défunts
Jaillissent le satin blanc des perce-neige
Et la soie d’or des primevères.

Brise, fais que des calices des aubépines
Coule la suave rosée sur leur cheveux de capucines.

IV.

Puissent tes paroles, mon Dieu,
Moirer toute la vallée où dorment mes ancêtres !

Seigneur,
Je sais
Qu’un fil invisible unit toutes les vies,
Que les paroles, plus légères que les ailes des libellules,
Gravitent autour des colonnes silencieuses des âmes
Sous la douce pluie fruitière des années !

            Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 20 juin 2012

J’ai écrit ce poème en écoutant la merveilleuse musique de Delalane.

Glose :

Confiteor tibi Domine – Je confesse, Seigneur.

Michel-Richard Delalande (1657-1726) : violoniste, organiste, compositeur. Quinzième enfant d'un maître tailleur. De 1667 à 1672, il chante dans les chœurs de Saint-Germain-l'Auxerrois (Paris), dirigés par François Chaperon. À partir de 1672, il fait une courte carrière de violoniste. Il est ensuite actif comme organiste.  Vers la fin des années 1670 et le début des années 1680, il obtient des services dans quatre églises de Paris : Saint-Gervais (intérim entre Charles et François Couperin de 1671 à 1686), Petit-Saint-Antoine, Saint-Paul et, en 1682, à Saint-Jean-en-Grève. Il compose des intermèdes pour les tragédies du collège des jésuites de Paris.
En 1680, François Chaperon, qui a obtenu des fonctions à la Sainte-Chapelle, fait appel à lui pour participer aux Ténèbres de la Semaine Sainte. Il est professeur de clavecin de plusieurs princesses à la cour : les soeurs de Louis XIV, Madame de Montespan, Mademoiselle de Nantes, Mademoiselle de Blois.
Grâce à elles, il donne ses premières musiques profanes à la cour : 1682, La sérénade ; 1683, Les fontaines de Versailles et Le concert d’Esculape. La même année, il est sous-maître pour un quartier à la chapelle royale et obtient un second quartier en  1693, le troisième en 1704, enfin le quatrième en 1714. En 1684, il épouse Anne Rebel. En 1685, il compose l'Épithalame pour le mariage du duc de Bourbon et de Mademoiselle de Nantes. En 1686, son Ballet de la jeunesse remplace Armide de Lully pour les réjouissances du carnaval. De 1689 à 1719, il est surintendant de la musique de la chambre du roi, en 1690, compositeur de la chambre.
En 1722 son épouse décède. La même année le régent, Philippe d'Orléans, le gratifie de l'ordre de Saint-Michel.

 


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